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#PasToucheÀMonHijab: le hashtag mondial qui s’attaque aux sénateurs français

La tweetosphère s'embale sur la question du port du voile


#PasToucheÀMonHijab: le hashtag mondial qui s’attaque aux sénateurs français
Ilhan Omar à une conférence de presse à Minneapolis, Minnesota, le 31 mars 2021 © Nikolas Liepins/Shutterstock/SIPA Numéro de reportage : Shutterstock40838226_000031

Le 12 avril 2021, le Sénat a adopté en première lecture, avec modifications, le projet de loi confortant les principes républicains par 208 voix, contre 109 voix et 27 abstentions.


Les sénateurs ont clairement voulu se démarquer des députés en intégrant plusieurs amendements – dont certains ont été rejetés par la majorité de l’Assemblée (LREM) en première lecture du projet de loi – relatifs au port des signes religieux dans les mondes du sport et scolaire ainsi que dans l’espace public (pour les mineurs).

À l’initiative du sénateur de l’Isère Michel Savin (LR), a été voté un amendement visant à « interdire le port de signes religieux ostensibles pour la participation aux événements sportifs et aux compétitions sportives organisés par les fédérations ». L’hémicycle a adopté un amendement de ce même sénateur visant à faire reculer le port du burkini. L’article prévoit que « Le règlement d’utilisation d’une piscine ou baignade artificielle publique à usage collectif garantit le respect des principes de neutralité des services publics et de laïcité ».

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Les sénateurs ont également étendu l’interdiction du port des « signes ou tenues par lesquels (les élèves) manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » imposée depuis 2004 aux « personnes qui participent, y compris lors des sorties scolaires, aux activités liées à l’enseignement dans ou en dehors des établissements, organisées par ces écoles et établissements publics locaux d’enseignement ».

L’hémicycle ajoutera dans la nuit du 30 au 31 mars un article interdisant le port de signes religieux ostensibles par les mineurs dans l’espace public. Cet amendement, déposé par la sénatrice de Gironde, Nathalie Delattre (RDSE), interdit par la même occasion « le port par les mineurs de tout habit ou vêtement qui signifierait l’infériorisation de la femme sur l’homme » et dont le voile islamique (hijab) fait évidemment partie.

Le bicamérisme de la Ve République n’étant pas totalement égalitaire, le vote de ces amendements inédits n’a pas fait l’objet de polémiques sur les plateaux et n’a pas vraiment fait couler l’encre des éditorialistes de gauche comme de droite. En effet, aux termes de l’article 45, alinéa 1, de la Constitution, l’adoption définitive du projet de loi « confortant les principes républicains » implique son vote dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et par le Sénat. Cet accord ne se réalisera probablement pas compte tenu de la prééminence de l’Assemblée nationale qui dispose de la possibilité de statuer en dernier ressort et qui est largement acquise à LREM quand le Sénat est à majorité de droite. En résumé, tout le monde sait pertinemment que ces amendements « ne passeront pas ».

#PasToucheÀMonHijab 

Mais il faut croire que les « jeunes » ne comprennent pas encore comment fonctionne la législation en France et qu’ils n’ont aucune idée de ce que signifie une « navette parlementaire ».

C’est la seule explication au déchainement en cours depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Tout a commencé il y a deux semaines sur Instagram où des centaines de jeunes femmes à très grande majorité voilées ont repris à leur compte le hashtag #HandsOffMyHijab (#PasToucheÀMonHijab) né en juillet 2019 au Canada pour protester contre la Loi 21 de la laïcité de l’état du Québec. Elle affichent ce hashtag en français sur la paume de leur main afin de « visibiliser leur condition de femmes discriminées par l’état français et victimes d’islamophobie d’État ».

Le hashtag est devenu viral il y a seulement six jours lorsque la démocrate Ilhan Omar, élue à la chambre américaine des représentants, très populaire sur les réseaux sociaux et elle-même voilée, leur a apporté son soutien sur Tiktok. L’élue américaine a ainsi publié depuis sa voiture une vidéo avec le message: « À toutes mes soeurs (musulmanes, ndlr) en France, continuez à être les reines que vous êtes ! ». En commentaire, elle prévient en anglais : « France, le monde te regarde.#PasToucheÀMonHijab #ArrêtezDêtreObsédésParMonHijab ».

Les influenceurs s’y mettent 

Depuis, plusieurs influenceuses anglo-saxonnes voilées ont pris part à cette campagne pour défendre les « choix, droit et liberté » de porter le hijab quand bien même ces amendements visent tous les signes religieux. Certains de ces influenceurs anglo-saxons en profitent d’ailleurs pour accompagner leurs publications du hashtag #BoycottFrance qui avait largement circulé après l’hommage rendu à Samuel Paty par le président Emmanuel Macron à La Sorbonne. Ils ne se privent pas non plus de diffuser de fausses informations portant sur une interdiction imminente de l’abattage rituel en France.

Parodies sur Tiktok cumulant plusieurs millions de vues, reportages sur Youtube, photos sur Instagram et témoignages sur Twitter dénonçant le baratin habituel en plus d’une « atteinte grave à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme » ont fini par payer ce 16 avril. Des médias propagandistes du Qatar comme AJ+ et AlJazeera mais aussi anglo-saxons très à gauche comme Now This ont mordu.

Le hashtag #HandsOffMyHijab a finalement réussi à « percer » sur Twitter atteignant son objectif de départ, à savoir les « TT » (Twitter trends : Tendances Twitter), les nouvelles dépêches de la presse. Il sera donc et sans aucun doute évoqué par les médias mainstream, remettra une pièce dans le jukebox des lamentations victimaires, nourrira le syndrome de persécution qui étouffe le marché des idées français et accordera plus de parts de marché médiatiques à la visibilité du symbole universellement sexiste qu’est le voile islamique.

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Connivence entre les mouvements islamistes et woke

Cette campagne, qui devrait d’ailleurs indigner les élus et militants écolos tant elle est devenue virale et donc polluante – pour dénoncer des amendements qui, doit-on le rappeler, ne passeront pas en seconde lecture à l’Assemblée,- n’est en fait intéressante que parce qu’elle dévoile les mécaniques internes entre les mouvements islamistes et woke sur les réseaux sociaux, depuis la France vers l’étranger et inversement.

Quand la version française du hashtag #PasToucheÀMonHijab n’a pas vraiment reçu l’engouement espéré alors qu’elle était utilisée depuis la fin du mois de mars sur les réseaux sociaux, c’est la version anglaise qui la fera accéder à la lumière grâce à la mobilisation des anglo-saxons élus, journalistes et médias islamistes, youtubeurs et influenceurs salafistes et/ou woke, militantes féministes intersectionnelles et des associations et organisations européennes prétendument anti-racistes et féministes.

C’est d’ailleurs le hashtag anglais qui est repris désormais par les twittos français, ravis de pouvoir se saisir d’une nouvelle cause « humaniste » entre deux séries Netflix pour flatter leurs petits égos de militants du dimanche en engrangeant plus de « likes et de followers » sur leurs comptes personnels. Peu importe si les victimes qu’ils défendent ne sont rien d’autre que des militants islamistes qui jugent que l’on entrave leur droit à couvrir des mineurs de la tête aux pieds d’un habit sexiste, pour leur apprendre à ne pas devenir « une tentation pour les hommes », les préparant ainsi dès leur plus jeune âge à se soumettre à la charia islamique, ses certificats de virginité, sa polygamie, son viol conjugal et son projet de destruction de la laïcité à la française au profit du modèle, voué à l’échec, du multiculturalisme anglo-saxon.

Les élus de l’Assemblée nationale devraient prendre en compte cette campagne pour la seconde lecture du projet de loi. Au vu de la nature des profils des indignés, il y a de grandes chances qu’avec ces amendements le Sénat ait tapé dans le mille.

Le regard libre d’Elisabeth Lévy

Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy dans la matinale de Sud Radio le matin à 8h15



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