Si Jean-Pierre Pernaut défendait une France d’Épinal, Praud est le porte-voix des sans-voix, d’où l’étiquette de populiste dont on le gratifie. Dans un paysage journalistique des plus mous, son style flamboyant détonne.
Tout au long de l’histoire, on a connu des personnages qui incarnaient un principe ou un mouvement, concentrant en eux-mêmes l’ensemble de ses caractères distinctifs et lui donnant ainsi un visage reconnaissable. C’est ainsi que Louis XIV incarne la monarchie absolue, Voltaire l’esprit des Lumières, Jaurès le socialisme, De Gaulle une certaine idée de la France, et Denoix de Saint-Marc, une certaine vision de l’honneur. Toutes choses égales par ailleurs, on pourrait dire de Pascal Praud qu’il incarne le populisme à la française.
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Un populisme qui ne se ramène évidemment pas, comme le rappelle le sociologue allemand Jan-Werner Müller (1), à « une offre politique sursimplifiée » ou à « une affaire de ploucs paranoïaques et antimodernes », ainsi que le prétendent ceux qui emploient ce terme pour disqualifier leurs adversaires de droite ou de gauche ; un populisme qui, envisagé avec une distance suffisante, pourrait se résumer à l’affirmation de la supériorité intrinsèque du peuple et de son droit à en tirer toutes les conséquences. En particulier, son droit à l’existence, celui qu’évoquait Philippe de Villiers en octobre 2018 (mais sur BFM-TV…), lorsqu’il définissait le populisme comme « le cri des peuples qui ne veulent pas mourir ».
Si Pascal Praud incarne effectivement cette idée populiste – comme le pensent aussi bien ceux qui s’y reconnaissent et l’applaudissent, que ceux qui la détestent, et lui avec –, c’est parce que l’animateur vedette de CNews montre chaque soir aux spectateurs de « L’heure des pros » qu’il en adopte à la fois la manière d’être et la façon de penser : le style et les convictions.
Le style, c’est le peuple
Le style de Pascal Praud a été, non pas simplement marqué, mais littéralement forgé par le football, pour lequel le Nantais, né en 1964, se passionne dès l’enfance et dont il fera sa profession au sortir de l’école de journalisme en intégrant en 1988 l’équipe de « Téléfoot » aux côtés du tonitruant Thierry Roland. Or, si le foot, sport populaire par excellence, ne saurait être considéré en soi comme populiste, le fait est qu’il
