Je connais mal l’histoire du Bas-Empire romain, en dépit de la lecture, l’été dernier, du passionnant ouvrage que lui a consacré Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique. J’en ai pourtant retenu que la pratique du pouvoir politique était celle du despotisme absolu tempéré par l’assassinat, mais que l’activité intellectuelle, économique et scientifique de ce Bas-Empire romain n’avait rien à envier à celle de la période glorieuse des douze Césars.
Bernadette Chirac aurait surnommé « Néron » un Galouzeau de Villepin écrivant des vers sublimes (selon lui) alors que Rome brûlait, métaphore de la catastrophe politique pour Jacques Chirac provoquée par l’idée non moins sublime de Villepin de dissoudre l’Assemblée en 1997.
[access capability= »lire_inedits »]En face de lui, pour continuer dans la veine antique, on aurait un Caligula, celui qui avait nommé son cheval consul, ce qui se traduit dans notre modernité politique par la tentative de propulser Caligula fils, bac+2, à la tête d’un important établissement public francilien.
Le spectacle étalé de la haine que se portent Néron et Caligula, pourtant réputés appartenir à la même famille politique, fut un temps divertissant. C’était un péplum de bonne facture, comme ceux ou jouaient naguère Charlton Heston (le bon) ou Peter Ustinov (le mauvais). Il avait ses expressions imagées : « cabinet noir« , « croc de boucher« , « du sang sur les murs » et autres grand-guignolades.
Il devient maintenant lassant, et l’on a envie de crier « Crochet !« , comme dans ces concours de chant où, jadis, le public impitoyable exigeait que l’on fasse quitter la scène au candidat à l’aide d’un bâton recourbé.
Mais il n’y a pas qu’à Rome que l’on s’étripe : des provinces de l’Empire nous parvient l’écho de furieuses querelles fratricides.
Les échanges d’insultes entre le proconsul de Septimanie et l’exarque de Basse-Normandie, sous le regard courroucé de Mme le Tribun de la plèbe (la féminisation de cette dénomination est problématique…) nous ramène, non pas à la querelle byzantine sur le sexe des anges, mais à une interrogation théologique majeure : qu’est-ce qu’une tronche catholique ?
[/access]
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !