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Pas en notre nom…


Pas en notre nom…
Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Le tour de France des décisions judiciaires laxistes


Cet été 2020 risque d’être meurtrier pour Emmanuel Macron tant les dramatiques faits divers ultraviolents se multiplient jour après jour, de Bayonne aux Champs-Elysées en passant par Grenoble, le Lot-et-Garonne, Lyon ou Sarcelles. Un bis repetita de l’échec de Lionel Jospin qui lui fut fatal au premier tour de la présidentielle il y a 20 ans ? Au moins le socialiste avait-il un bon bilan économique en termes de baisse du chômage, contrairement à ce que sera probablement le bilan d’Emmanuel Macron dans ce domaine. Il s’était vu recaler par les électeurs en 2002 pour cause de bilan calamiteux sur l’insécurité. L’insécurité devient de plus en plus insupportable aux yeux des Français comme le prouvent les réactions sur les réseaux sociaux.

Pourtant, une question se pose, qui se pose depuis des années mais plus encore aujourd’hui : quelle est la réponse de la justice, et d’ailleurs y a-t-il une réponse pénale ? Et dans ce domaine, on ne peut pas dire que la justice française s’honore par ces décisions, en particulier cet été.

Des décisions incompréhensibles

Après le tour de France des violences, entamons le tour de France des décisions judiciaires qui peuvent paraître pour le moins laxistes.

À Montpellier, deux majeurs sont arrêtés après au moins 14 cambriolages : ils ressortent libres.

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Dans le Doubs, des voyous frappent à coups de marteau de chantier le crane d’un père qui leur demandait de faire la queue dans une base de loisirs : ils ressortent libres après leur garde à vue, sans poursuites judiciaires pour le moment.

Dans le Lot, après cinq mois d’enquête, les gendarmes arrêtent trois individus qui s’étaient introduits chez un agriculteur pour le menacer pendant le confinement. Ce dernier ayant réussi à prendre la fuite, les malfrats avaient tiré sur son véhicule. Simplement placés sous contrôle judiciaire, les individus sont dans l’attente du jugement qui interviendra le 24 septembre.

Enfin à Toulouse, un voyou qui circulait sans casque à scooter et avait délibérément fauché deux policiers qui ont été blessés a été condamné à dix mois de prison… avec sursis.

Une décision qui apparait rétrospectivement comme un véritable permis de tuer, puisqu’à Nancy un policier a été traîné sur près d’un kilomètre par une voiture occupée par quatre voyous, dont trois mineurs, ayant essayé de payer des commerçants avec des faux billets. Étant mineurs pour trois d’entre eux, contrairement à leur confrère de Toulouse, on peut craindre que la justice fasse preuve d’une grande mansuétude à leur égard.

N’oublions pas non plus les simples « rappels à la loi » pour des faits aussi graves que le tabassage d’un maire dans la Manche, celui d’un adolescent dans le Gard (tabassage filmé) ou encore pour de multiples vols de portables à Rennes. Dans cette affaire bretonne, les rappels à la loi sont si dissuasifs qu’après les portables, les mineurs isolés mis en cause s’en sont ensuite pris à une pharmacie…

Open bar

Bref, on comprend mieux le coupe-gorge qu’est devenu notre beau pays en voyant l’absence totale de réponse à des crimes et des délits qui restent donc totalement impunis. Comment en effet ceux qui les commettent peuvent-ils réagir ? D’une seule manière : en se disant qu’ils peuvent tout faire, que pour eux c’est « open bar ». Et quand c’est « open bar », pourquoi se gêner pour aller toujours plus loin ?

D’autant que les politiques font toujours preuve d’autant de lâcheté en refusant de construire des prisons, ou d’abroger l’ordonnance de 45 qui assure une impunité totale aux mineurs pour qui c’est bien « open bar » et « happy hour » 24 heures sur 24, et que certains magistrats jugent sous leur prisme idéologique, prisme résumé par la « harangue du juge Baudot » qui déclarait il y a près de 50 ans : «Soyez partiaux (…) Examinez toujours où sont le fort et le faible qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice.»

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Malheureusement, toutes ces décisions ont été rendues en notre nom puisque la justice est rendue au nom du peuple français. Au moment de la guerre d’Irak, les opposants anglo-saxons manifestaient sous le slogan « not in my name », pas en mon nom. On a envie de descendre dans la rue et de briser le mur des cons pour qu’enfin on arrête de rendre de telles décisions en notre nom. Not in our name. Pas en notre nom.



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est journaliste et auteur de "Virons Dieu du débat politique !" (Ed. Fauves). On l'entend sur Sud Radio.

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