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Pas de Nobel pour Betancourt !


Pas de Nobel pour Betancourt !

Ainsi l’inénarrable présidente chilienne, Michèle Bachelet a-t-elle jugé indispensable que l’on attribuât le prochain Prix Nobel de la Paix à Ingrid Betancourt. Pourquoi pas ? Après tout, c’est moins ridicule que de proposer, par exemple, qu’on lui réserve à l’avance une place au Panthéon. On l’applaudira donc poliment des deux mains, puisque c’est quand même un peu obligatoire, non sans se demander in petto quelle aura été la contribution réelle de la récipiendaire putative « au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », critères explicitement énoncés par le testament d’Alfred Nobel.

A la décharge des partisans de cette récompense, on a pu se poser les mêmes questions à propos de la plupart des lauréats – dont le CV n’avait souvent qu’un rapport assez vague avec les dernières volontés de l’inventeur de la dynamite. Certes, le jury du Prix a parfois touché juste quand il distinguait d’ex-belligérants plus ou moins réconciliés (Sadate-Begin, Perès-Rabin-Arafat, Le Duc Tho-Kissinger Mandela-De Klerk).

Hélas, le plus souvent, il a mis les dix millions de couronnes suédoises à côté de la plaque : soit en récompensant des militants non pas de la paix mondiale, mais des droits de l’Homme (Albert Schweitzer, Martin Luther King, Mère Teresa, Aung San Suu Kyi…) ; ou pire encore, comme cela semble être la mode ces dernières années, en primant d’improbables responsables associatifs comme le controversial documentariste Al Gore, l’écologiste kenyanne Wangari Muta Maathai ou la féministe iranienne Chirine Ebadi.

On pourra m’objecter que, justement, compte tenu de cette dérive récente, pourquoi pas Ingrid ? Eh bien, parce qu’Ingrid doit uniquement sa notoriété mondiale à son statut de victime. C’est un peu comme si l’on remettait la médaille du Mérite au rescapé de la noyade plutôt qu’au sauveteur. Le jury Nobel a lui aussi le droit d’être dans l’air du temps.

NB : En me documentant, j’ai découvert quelqu’un qui avait réellement mérité son Prix Nobel de la Paix : Andreï Sakharov. Mais peut-être pas, pour les raisons exposées par les jurés en 1975. Si Sakharov est à mes yeux le lauréat idéal, c’est pour avoir, dans les années 1950, doté l’URSS de la bombe H, et donc rétabli l’équilibre de la terreur avec les USA : la Paix mondiale lui doit beaucoup.



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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