(Avec AFP) – Un exécutif qui espère avoir les coudées plus franches pour la fin du quinquennat, Jean-Christophe Cambadélis assuré d’être élu premier secrétaire : tels étaient vendredi les deux enseignements du vote des militants socialistes consultés jeudi soir pour la première étape du congrès de Poitiers.
La motion A de Jean-Christophe Cambadélis pour le congrès du Parti socialiste a obtenu 60% des voix, et la motion B des frondeurs et de l’aile gauche 29%, a déclaré vendredi à la presse le responsable PS des élections Christophe Borgel.
La motion C de Florence Augier a récolté 1,5% des voix et la motion D de la députée Karine Berger 9,5%, a-t-il ajouté au siège du parti rue de Solférino, précisant que ces chiffres portaient sur 92% du corps électoral dépouillé, et qu’il y avait « peu de chances que les résultats définitifs », qui seront proclamés au congrès de Poitiers (du 5 au 7 juin), « s’éloignent de ces résultats-là ».
La participation a été « de l’ordre de 54,5% », soit sensiblement le même que lors du dernier congrès de Toulouse en 2012 (59%, ndlr), a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que le parti avait perdu 40 000 adhérents en trois ans.
Le nombre de militants appelés à voter jeudi soir sur les quatre motions était de 131 000 (170 000 pour Toulouse).
M. Borgel, qui fait partie de la motion A, également soutenue par le gouvernement, s’exprimait devant un responsable de chaque autre motion.
Pascal Cherki (motion B, dont le premier signataire Christian Paul s’était ému de « quelques irrégularités ») a reconnu que les résultats donnés étaient « indiscutables et incontestés ».
« Il y a une majorité, il y aura une majorité absolue au Bureau national, au Conseil national et maintenant c’est la stabilité pour le Parti socialiste, c’est très important », a estimé M. Cambadélis sur RMC et BFMTV, estimant aussi que « c’est un vote de sortie de crise ».
Même analyse du côté de l’exécutif, qui y voit un blanc-seing pour continuer sa politique : « C’est un score net. On aurait pu avoir un feu rouge ou orange des militants, là il est vert », a-t-on commenté dans l’entourage de François Hollande. « Les militants ont voulu donner un signe de cohérence et de stabilité dans l’action nationale ».
Christian Paul, à la tête de la motion B, affichait la satisfaction d’avoir selon lui « réveillé le Parti socialiste », qui « était en hibernation depuis trois ans », avec des idées qui ont selon lui infusé dans toutes les motions, y compris la motion A, a-t-il dit, citant l’exemple de la réforme fiscale.
D’autres signataires de la motion B regrettent au contraire qu’elle n’ait donc pas eu d’argument propre pour cliver davantage. « Il y a un vote légitimiste, loyaliste », a ainsi reconnu sur RFI le député frondeur Laurent Baumel, qui invoque « une peur de la division (…) quand on est au pouvoir ».
La motion A, signée par Manuel Valls et la quasi-totalité du gouvernement, mais aussi Martine Aubry, prévoit en effet plusieurs inflexions souhaitées par la motion B, comme une réforme fiscale ou une meilleure utilisation des milliards non utilisés du Pacte de responsabilité.
Selon M. Paul, il « faut » désormais « tourner la page de ce que les médias ont appelé la fronde parlementaire », et placer le combat dans le parti : il a prévenu qu’il vérifierait que le PS – et donc l’orientation politique de la motion A – soit bien respecté par le gouvernement.
Il a rejeté l’idée d’un blanc-seing pour l’exécutif : « Je ne vois pas dans ce congrès un plébiscite des idées du Premier ministre », a-t-il dit sur iTELE. « Si le Premier ministre avait déposé, avec ceux qui pensent comme lui, une motion au congrès du PS, elle serait loin d’être majoritaire ».
Karine Berger, dont la motion est arrivée en troisième position (autour de 10%), se dit avec ses cosignataires « absolument ravis d’être la troisième force du parti socialiste », et de pouvoir être « présents un peu partout dans les fédérations ».
Les responsables de la motion A se félicitaient de la participation (autour de 55%, sur un corps électoral de 131 000 militants « actifs »), « dans la situation qui est celle du PS à savoir un parti convalescent », selon les termes de M. Borgel.
« 75 000 votants (…), ce n’est jamais satisfaisant », a répondu Jérôme Guedj (motion B) sur Sud Radio. « La moitié des militants qui viennent voter, ce n’est pas normal », a estimé M. Paul.
Autre enseignement du vote de jeudi : Jean-Christophe Cambadélis, qui affrontera lors d’un nouveau vote jeudi prochain Christian Paul pour le poste de premier secrétaire – tous deux ont confirmé leur candidature –, est assuré de rester à la tête du parti.
« Il est assuré d’être élu », affirme M. Borgel. « La question est de savoir à quel niveau », mais « il est considérablement renforcé » par le niveau obtenu par sa motion, selon lui.
D’ores et déjà, M. Cambadélis s’est assigné trois objectifs : « la réussite du gouvernement », « le renouveau des têtes et dans les têtes », et le « rassemblement des gauches et des écologistes ». Il entend aussi « dépasser le cadre du PS » et aller vers un parti de 500 000 adhérents… Avec le seul soutien d’environ 45 000 militants, il lui reste donc un sacré bout de chemin à parcourir.
*Infographie : © AFP L.Saubadu/A.Bommenel/V.Lefai, abm/vl
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