Parrainer n’est pas soutenir !
Le Pen, Mélenchon, Zemmour : trois grands candidats tangents
Après Eric Zemmour et Nicolas Bay pour son compte, Marine Le Pen a lancé un appel aux maires dans une vidéo lundi. Tous parlent d’une situation indigne. Au-delà des intéressés, le problème inquiète une grande partie de la classe politique qui est consciente que l’absence de candidats représentant des millions d’électeurs entacherait la légitimité de l’élection.
David Lisnard, le maire LR de Cannes, a donné son parrainage à Mélenchon par souci démocratique. François Bayrou a créé un site web pour inciter les maires à donner leur précieuse signature. « Autrefois, on disait : ils bluffent mais ils ne bluffent pas » affirme l’éphémère ministre de la Justice de Macron. « Que serait la situation de la démocratie française et de l’élection présidentielle si des candidats majeurs ne pouvaient pas se présenter à cette élection ? » s’interroge le maire de Pau.
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Gaspard Koenig, le candidat libéral, estime qu’une telle situation ouvrirait la voie à une crise constitutionnelle, voire à une crise de régime. Même Stanislas Guerrini, le patron de La République En Marche déclare qu’ « il faut évidemment faire cet appel aux maires à pouvoir parrainer tous les candidats, même ceux dont ils ne partagent pas les idées ». Bref, tous rappellent à juste titre la différence entre soutien et parrainage.
Au-delà de leurs désaccords, les politiques partagent donc une même idée de la démocratie ?
On aimerait le croire. Sauf que ce souci démocratique est surtout exprimé par des élus de droite et du centre. Cela n’empêche pas la gauche de dormir. Anne Hidalgo, malgré ses petits 3% dans les sondages (et nous sommes généreux), a déclaré avec arrogance il y a quelques semaines au micro d’Europe 1 : » Tant pis pour eux [s’ils n’ont pas leurs parrainages] S’ils ne les ont pas, c’est qu’ils ne méritent pas [de] participer ! »
Fabien Roussel, le candidat communiste, n’était pas loin de se féliciter que l’extrême droite n’ait pas ses parrainages : « c’est qu’ils ont un problème ». Et Nathalie Arthaud ne s’est pas franchement émue lundi, au micro de Sud Radio, convaincue que le « système » se débrouillera.
Il y deux explications : La gauche, dans les choux électoraux, ne détesterait pas être débarrassée de rivaux. Et c’est surtout révélateur d’une différence idéologique, d’une différence identitaire: c’est le sectarisme d’un côté contre le pluralisme de l’autre. Si la droite n’est jamais très sûre d’elle-même, la gauche est convaincue d’être le camp du bien, d’être détentrice d’une légitimité morale. Simone de Beauvoir disait: « La vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. » Ce propos délirant a été repris fièrement repris par le sociologue Geoffroy de Lagasnerie, qui expliquait sur France Inter qu’on devrait carrément censurer les discours de droite.
C’est ainsi que le camp qui se définit par l’amour de l’autre, la générosité, a érigé l’intolérance en principe. Et voilà pourquoi votre gauche est muette !
Cette chronique a été initialement diffusée sur Sud Radio
Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 sur Sud Radio.
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