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Parrainages: un système plus censitaire que démocratique?

Entretien avec Frédéric Rouvillois


Parrainages: un système plus censitaire que démocratique?
Marine Le Pen a indiqué hier avoir obtenu 503 parrainages © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

J- 3! Juste avant la date limite du dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont Aignan ont finalement obtenu les 500 parrainages requis. Enfin ! Mais ce n’est toujours pas gagné pour Christiane Taubira, qui n’en a collecté que 128 et risque donc de ne pas pouvoir se présenter. Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin, tous deux professeurs de droit public, viennent de co signer un essai corrosif (Les parrainages: Ou comment les peuples se donnent des maîtres, La Nouvelle Librairie) sur ce système des parrainages dont on ne cesse de dire qu’il dysfonctionne sans jamais le changer. Entretien.


Rouvillois et Boutin remontent à l’origine du système, créé par le Général de Gaulle, afin de mieux révéler ses failles et blocages. Ils apportent ainsi à la polémique actuelle une épaisseur historique. Passer de 100 parrains anonymes à 500 parrains connus de tous revient pour nos auteurs à glisser lentement mais surement d’un suffrage universel vers un suffrage restreint, d’une démocratie populaire… vers une république censitaire.  

Causeur. Depuis des années, à chaque élection présidentielle, on assiste au même scénario. Les candidats hors système peinent à récolter les 500 signatures d’élus nécessaires pour être reconnus officiellement candidats par le Conseil constitutionnel. Pourquoi ne pas réformer ce système au lieu de subir ces polémiques tous les cinq ans ? Comment expliquer ce statu quo ?

Frédéric Rouvillois. À chaque élection présidentielle depuis 1981, le système des parrainages suscite toujours le même malaise avec cette sempiternelle « chasse aux parrains » qui paraît interminable et à deux doigts d’échouer. Mais peu importe l’ampleur du malaise, force est de constater qu’il ne perturbe pas vraiment le jeu des grands partis traditionnels qui dominent le système. Au contraire, il conforte leur domination, et c’est d’ailleurs pour eux et par eux que ce système a été créé. 

Avec le passage à 500 parrains, la loi organique de 1976 a en effet accru le rôle des notables. Et avec la suppression de l’anonymat en 2016, le système


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