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Pics de pollution: la littérature avait senti le coup


Pics de pollution: la littérature avait senti le coup
Pic de pollution à Paris (Sipa : 00708272_000009)
Pic de pollution Paris Anne Hidalgo Valérie Pécresse Charles Dickens Brunner
Pic de pollution à Paris (Sipa : 00708272_000009)

« Paris connaît le plus long et intense pic de pollution hivernal depuis dix ans », titrait Le Monde au mois de décembre, tandis que Valérie Pécresse et Anne Hidalgo s’affrontaient de manière très politique, la première accusant la seconde d’avoir aggravé le phénomène en fermant les voies sur berges, tandis que la seconde renvoyait la première à ses domaines de compétences en l’accusant de ne pas assez s’occuper de la régularité des métros et des RER. Ce spectacle d’élus discutant du sexe des anges pendant que la population suffoque évoque la SF des années 1970 avec, par exemple, Le Troupeau aveugle de John Brunner, où le personnage d’Austin Train tente de mobiliser les consciences sur une planète en état de mort clinique autour du slogan « Arrêtez, vous me faites mourir ! »

Mais il nous semble plus intéressant, en l’occurrence, de regarder vers un romancier qui, à défaut de jouer au prophète, eut le mérite de comprendre en direct, si l’on peut dire, les liens entre la pollution et un certain type de civilisation. Charles Dickens n’était pas particulièrement écologiste, mais[access capability= »lire_inedits »] dans Temps difficiles (1854), alors que la révolution industrielle se déroule sous ses yeux, il décrit les mutations sociales et aussi environnementales dans une ville inspirée de Manchester, Coketown, dont la description est des plus parlantes : « Les palais féeriques s’illuminèrent brusquement avant que le pâle matin dévoilât les serpents de fumée qui se traînaient au-dessus de Coketown », tandis que le soleil donne l’impression d’être « perpétuellement en éclipse à travers du verre fumé ».

Cette modification de la nature, à la fois belle et mortifère, ne nous est plus racontée par Dickens, désormais, mais par les journalistes: « Ciel orangé et voilé, le visage de la pollution à Paris ce matin » indiquait ainsi le site de BFM TV, à l’aube du 7 décembre 2016.

Il y aura au moins eu un effet collatéral heureux à la transformation de Paris en Coketown : la météorologie est devenue, malgré elle, un genre poétique.[/access]

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