L’Échappée, jeune maison de tradition parigote, exhume quelques trésors populistes de sa cave. Thomas Morales partage avec nous ses découvertes.
À L’Échappée, on sait accueillir le lecteur réfractaire, épuisé par une littérature égotisto-narcissique qui se pavane dans les lieux communs et prône la génuflexion permanente.
Dans cette maison qui a du pif et du palais, le bon sens du zinc et la mémoire ouvrière en héritage, on préfère le roman à hauteur d’homme, direct, franc du collier, naturaliste sans mièvrerie, populo avec ce style persifleur qui résonne dans la tête, toute cette belle amertume en bouche dont les gens de peu tirent leur lait quotidien.
On ne fait pas misérabiliste pour plaire au plus grand nombre, pour faire genre dans les salons, on se retourne sur un « Paris jadis » du côté de Montmartre ou des Halles, de ses rapins faméliques, rogues apaches et poètes bêlants, bohémiens et filles des rues, arpettes en goguette et chroniqueurs meurtris par la Grande Guerre, de tous ces chômeurs traînant leur musette sur les boulevards à la recherche d’une place précaire ou du « café du pauvre ». À L’Échappée, on n’a pas peur de se salir les mains, descendre
