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Paris-Match : de la politique entre les orteils


L’hebdomadaire Paris-Match avait jadis pour slogan : « Le poids des mots, le choc des photos ». C’était réjouissant car cela ouvrait la porte à toutes les railleries imaginables autour de la prose pachydermique de certains articles et de l’aspect parfois racoleur des images publiées. Le nouveau slogan, lui, fait songer par sa niaise fadeur au titre d’un mauvais film de Claude Lelouch : « La vie est une histoire vraie ». On trouve de tout dans Paris-Match : des actrices sur le retour, des acteurs sur le départ, des faits divers abominables, de la romance à quatre sous, de l’actu showbiz à deux balles, une pincée d’art de vivre, une grosse dose de pub et de la politique. Même beaucoup de politique. Paris-Match a d’ailleurs été un des premiers magazines français à traiter la politique comme une actualité people à part entière. On a vu défiler Ségolène Royal à la maternité avec son bébé, Ségolène Royal sur un quai de gare avec son « compagnon », Nicolas Sarkozy dans à peu près toutes les postures possibles (« À pied à cheval en voiture et en bateau à voiles » comme chantait Prévert), et tant d’autres…
Cette semaine, c’est un feu d’artifice. Au cœur de l’été, alors que les lecteurs se prélassent sur les plages océanes ou urbaines, ou bien pantouflent en congés payés, le magazine en papier glaçant propose non pas un, non pas deux, non pas trois, mais pas moins de quatre sujets politiques. Tout d’abord l’indispensable Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris dont la dernière pitrerie en date est l’idée de créer un adjoint au maire en charge de la nuit, nous raconte son arrivée en France dans les années 60 puis sa naturalisation, photos noir et blanc à l’appui. La belle de Cadix omet de parler de son projet de rendre les voies sur berges aux « usagers » de la nuit. Dommage.
En page 22, Stéphane Le Foll – ministre de l’agriculture (le ministre le moins cité après Sylvia Pinel) – nous reçoit en sandales, son « golden retriever » au pied. Il se prétend dans les « starting-blocks ». En sandales. Passons.
Sous le titre « Le feu et la glace », Paris Match propose aussi un portrait de Marine Le Pen et de son compagnon de route Louis Aliot. Ils regardent dans la même direction depuis 2009. «  Fatiguée depuis qu’elle s’est fracturée le sacrum, lors du week-end de l’Ascension, en tombant dans une piscine vide, Marine Le Pen compte bien se reposer au mois d’août ». On imagine qu’elle va s’assoir…
À la Une du magazine, la « sirène » italienne Carla exhibe son sourire absolu. « Depuis juillet, les vacances avaient pourtant mal commencé avec le refus du Conseil constitutionnel de valider ses comptes de campagne. Il avait alors rompu avec ses vœux de discrétion, appelant ses sympathisants à l’aide. L’affluence des dons a transformé l’épreuve en démonstration de soutien. L’amour de Carla et les sourire d’une petite fille font le reste ». Et la France est fébrile… « L’ex première dame n’a pas pu résister à l’envie d’emmener son mari écouter Julien Clerc. (…) Lorsque Carla et son Raymond comme elle l’appelle dans une de ses chansons, sont arrivés au théâtre de verdure les applaudissements ont fusé ». Et puis soudain Paris Match s’emballe, et ose l’humour… « Depuis le temps, les apparitions de Nicolas Sarkozy sont, avec le Corso fleuri et la grande roue, l’attraction numéro un du Lavandou. »
Plus loin on voit l’ex-locataire de l’Élysée en train de se promener avec un exemplaire de L’Équipe. « Nicolas Sarkozy se promène en lisant L’Équipe, commande des pizzas et déguste ses beignets de courgette chez Ginette, soutien indéfectible »…
Nicolas Sarkozy c’est bien, mais Manuel Valls c’est mieux. On apprend – après une photo de bisou anthologique – qu’Anne Gravoin « refuse d’habiter Place Beauvau ». La concubine ajoute à l’oreille de son amant : « Tu me vois travailler mon violon sous les lambris ? » Le ministre de l’Intérieur est venu écouter sa femme en concert à Menton. L’hymne à l’amour des Beatles – All you need is love – l’aurait inspiré. On attend de voir.
Tout cela fleure bon 2017, et les élections présidentielles du même métal. Les newsmag sont en pilote automatique. Attention au crash.



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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