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Paris, Lyon, Besançon: qui profitera de l’échec de LREM aux municipales?


Paris, Lyon, Besançon: qui profitera de l’échec de LREM aux municipales?
Rachida Dati, maire du 7eme et candidate LR pour Paris, arpente le marché de Charonne avec Nelly Garnier, candidate LR du 11eme arrondissement, février 2020 © Olivier Coret/SIPA Numéro de reportage: 00946638_000002

Paris, Lyon et Besançon constituent le « triangle des Bermudes » des municipales pour la Macronie. Alors que la vie politique française n’est plus régie par l’opposition gauche / droite de l’ancien monde, il est difficile de savoir qui remportera la mise. David Desgouilles dévoile les coulisses de ces trois scrutins.


Nous vous avions laissés il y a quatre mois, sur la situation de ce « triangle des Bermudes » municipales d’Emmanuel Macron : Paris-Lyon-Besançon. Nous vous avions promis d’y revenir. Depuis novembre, de l’eau a coulé sous les ponts. De la Seine, du Rhône et de la Saône, et du Doubs enfin.

Le vote utile anti-Hidalgo n’est plus celui qu’on croyait

A Paris, nul ne l’ignore plus, Benjamin Griveaux a dû laisser la place à Agnès Buzyn. L’ancien porte-parole du gouvernement, avant qu’il ne décide de jeter l’éponge, n’était guère en bonne position dans les sondages. Non seulement, il ne parvenait pas à distancer le dissident Cédric Villani, mais il était carrément dépassé par Rachida Dati. Pendant que la candidate LR se tenait à une stratégie claire mise en œuvre par sa directrice de campagne Nelly Garnier, dont nous avions fait la recension de la note sur le vote de droite dans les métropoles, Benjamin Griveaux croyait bien faire en martelant l’idée que le bulletin qui porterait son nom constituait le seul vote utile pour battre Anne Hidalgo, et pratiquait du débauchage d’élus à droite et à gauche. L’inconvénient de cette idée de vote utile, c’est qu’elle ne fait véritablement effet qu’au moment du vote. Et que nul ne sait qui sera le bénéficiaire du fameux vote utile. Griveaux aurait dû savoir que c’est seulement dans les derniers jours, alors que les derniers sondages sont connus qu’il faut user de cette méthode. Maintenant que le message a infusé, l’idée de vote utile ne profite plus qu’à Rachida Dati, laquelle n’a même pas besoin de l’invoquer elle-même. Dommage LREM !

La droite parisienne semble rentrer dans le rang, Villani perd son capital sympathie

Notons avec un léger sourire que les pontes de LR, Sarkozy et Baroin en tête, viennent aujourd’hui au secours des excellents sondages de Rachida… Elle ne bénéficiait pas d’autant d’égards en novembre, quand le très sarkozyste Frédéric Péchenard, par exemple, ne faisait allégeance qu’à son maire d’arrondissement, évitant de citer la candidate. D’autres maires d’arrondissement, dans le 6e ou le 17e, n’excluaient pas non plus de négocier avec Griveaux.

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Aujourd’hui, certaines études placent Dati devant Anne Hidalgo, laquelle plafonne et ne semble devoir son salut qu’à un éventuel ralliement des écologistes entre les deux tours. Quant à Agnès Buzyn, si elle n’arrive pas à freiner la progression de Dati, elle a repris quelques points à Cédric Villani qui s’effondre. La valeur ajoutée « sympa » du mathématicien a disparu avec le renoncement de Griveaux.

La métropole lyonnaise promise à Collomb, pour la municipalité c’est moins sûr

Dans la capitale des Gaules, on aura deux bulletins. L’un pour la Ville, l’autre pour la Métropole. Rappelons-le, Gérard Collomb ne voulait que la seconde et c’est d’ailleurs ce qui a déclenché la dissidence de David Kimelfeld, lassé de passer pour une annexe de Manpower. Pour le vote direct à la Métropole, l’ancien ministre de l’Intérieur fait encore figure de favori.

A relire: Si seulement Gérard Collomb avait été ministre de l’Intérieur…

En revanche, le jeu paraît bien plus ouvert pour la conduite de la municipalité lyonnaise. Yann Cucherat semble avoir été choisi par Gérard Collomb en raison du peu d’ombre qu’il pourrait lui faire. Et comme dans d’autre grandes villes, tout cela profite à une gauche ayant porté à sa tête de liste un représentant d’EELV. Grégory Doucet fait donc pour l’instant la course en tête.

Le candidat LR Etienne Blanc semble en moins bonne posture que Rachida Dati à Paris. Comme on voit mal ce proche de Laurent Wauquiez fusionner ou appeler à voter LREM pour faire barrage à la gauche, son maintien au 2e tour rend le résultat final plus qu’incertain. Aussi, la perspective d’assister à une cohabitation entre Collomb à la Métropole et un écologiste à la ville-centre semble aujourd’hui très probable. De quoi alimenter les gazettes entre Rhône et Saône pendant six ans, et maudire celui qui a eu l’idée de ce double-vote…

À Besançon aussi, EELV séduit. Mais attendons que les électeurs découvrent les idées farfelues de sa candidate

À Besançon, la protégée du maire sortant LREM Jean-Louis Fousseret a finalement lancé sa liste en décembre. Alexandra Cordier n’apprécie certes pas qu’on rappelle qu’elle a brigué l’investiture du parti macroniste dont elle a été la référente depuis sa création dans le Doubs. Mais aujourd’hui exclue par LREM, elle mène une campagne « sans étiquette », faisant comme si elle n’avait jamais été membre de ce parti.

Le dernier sondage, publié fin janvier, ne la situait qu’à 6%, mais elle continue d’afficher un optimisme à toute épreuve.

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Le candidat macroniste officiel, Eric Alauzet, semble porter sur ses épaules le lourd fardeau d’une investiture qu’il a pourtant obtenue de haute lutte. Comme à Paris et à Lyon, représenter le parti du président de la République n’a rien d’une sinécure ces temps-ci. Sa chance est sans doute d’avoir des concurrents dotés d’un charisme encore inférieur au sien, ce qui n’était pas couru d’avance. Celle qui caracole en tête du sondage de janvier est Anne Vignot, candidate EELV de la gauche unie. De la tendance Julien Bayou dans le parti écologiste, c’est-à-dire de la frange au « gauchisme culturel » le plus marqué, elle fait diablement penser à Eva Joly en 2012 sur le mode: « En général, on ne comprend rien à ce qu’elle dit mais quand on comprend, c’est encore pire » ! Sa première proposition médiatisée avait été de créer une pièce d’identité municipale permettant aux transgenres de se prévaloir de droits que la carte d’identité nationale ne permet pas. Gageons que si elle est élue, et qu’un grand moustachu souhaite s’inscrire au club féminin de basket-ball en se prévalant de ladite pièce d’identité locale, la vie bisontine risque d’être animée, ainsi que le prétoire du tribunal administratif de la ville.

Mais c’est finalement Yannick Jadot qui nous a donné des motifs d’être rassuré. Cité par la page 2 du Canard Enchaîné, il aurait expliqué que le vote écolo était surestimé en attendant que les électeurs fassent vraiment connaissance avec les candidats EELV. Peu aimable avec ses amis, mais lucide ?

À Besançon, on a l’étiquette LR honteuse

Enfin, le candidat LR Ludovic Fagaut a fait le choix de mettre son drapeau dans sa poche, contrairement à Rachida Dati et à Etienne Blanc. Il a même débauché une élue ex-PS qui, une semaine avant, était photographiée tout sourire dans la permanence… d’Alexandra Cordier.

Malgré des projets intéressants, comme Port-Citadelle ou la constitution à moindre coût d’autoroutes cyclables, il a souhaité faire campagne au centre, pourtant déjà embouteillé par Alauzet et Cordier.

Le RN bisontin se frotte les mains…

Tout cela pourrait bien profiter au candidat RN Jacques Ricciardetti qui capitalise sur le feuilleton policier du quartier de Planoise. Plusieurs blessés par balle ont déjà alimenté la chronique et rappellent furieusement les règlements de compte des quartiers Nord de Marseille. Dans une telle ambiance, le RN n’a même pas besoin de faire campagne pour espérer participer au second tour.

Arrivé à la fin de cette chronique sur ce fameux « triangle des bermudes LREM » Paris, Lyon, Besançon, force est de constater que dans ces trois villes, aucun favori ne se dégage clairement. Une étude parue récemment chez nos confrères du Monde indiquait que 49% des électeurs n’avaient pas encore pris leur décision. Le même sondage montrait aussi que ce sont les listes de gauche qui étaient les plus fragilisées par ces incertitudes de vote, au contraire du RN, de LR et de LREM (plus de 60% de sûreté).

Reste enfin une dernière incertitude qui pourrait bouleverser le scrutin partout : celui du coronavirus. Où en sera l’épidémie dans dix jours ? Poussera-t-elle l’électorat âgé, d’habitude le plus assidu aux urnes, à rester à la maison ? Il nous faudra sans doute y revenir. Dans les colonnes de Causeur, dès le lendemain du premier tour, si vous en êtes d’accord.

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