Il y a peut-être des raisons très légitimes d’être un fervent partisan des Jeux à Paris. Ce qui rend le climat étouffant, c’est qu’il soit interdit d’y être opposé. Les JO-sceptiques ne manquent pourtant pas d’arguments.
Pour un peu, on aurait pu croire que la France fêtait la fin d’un long et douloureux conflit. D’abord, il y avait ces images qui défilaient sur nos écrans où l’on voyait le président et la maire de Paris (qui ne s’aiment guère comme chacun sait) arborer un sourire niais et entrecroiser leurs doigts (par Tony Estanguet interposé) pour faire le « v » de la victoire (renseignement pris, il s’agissait de mimer le logo de la tour Eiffel). Mais, surtout, ce 13 septembre, alors qu’à Lima une imposante délégation française fêtait à prix d’or une victoire annoncée – et remportée contre personne –, il flottait dans l’air l’unanimité de plomb caractéristique des guerres, quand toute divergence est soupçonnée de trahison, que l’adhésion est un devoir patriotique et l’esprit critique une atteinte au moral des populations.
Paris 2024: allez jouer ailleurs! Causeur est en kiosques… et disponible ici !
Certes, quelques mauvais coucheurs (dont votre servante) étaient invités à jouer le rôle du salaud dans les émissions où l’on se targue de débattre. Dans le meilleur des cas, ils suscitaient, chez des animateurs ayant perdu toute prétention à l’impartialité, une incompréhension navrée et sincère : vous dites ça pour faire la maligne, mais vous ne pouvez pas être contre.
Une offre qu’on ne peut pas refuser
Tout est dit. Il y a peut-être des raisons très légitimes d’être un fervent partisan des olympiades parisiennes. Mais on peut aimer le sport, y compris à la télévision, sans avoir besoin de partager son plaisir avec des dizaines de milliers d’inconnus rendus irascibles par l’attente et les encombrements. Et on doit même avoir le droit de ne pas aimer le sport du tout. Or, ce qui rend le climat étouffant, c’est qu’il soit interdit de ne pas partager la liesse générale. « Paris 2024 » fait partie de la longue liste des propositions qu’on ne peut pas refuser. La preuve, nous dit-on en vertu d’une logique absurde, c’est que tout le monde est content. Et peu importe que ce contentement, mesuré par des sondages prudemment réalisés à l’échelle nationale plutôt que parisienne, soit largement produit par l’autoréférentialité : à force d’entendre leurs gouvernants et la quasi-totalité des faiseurs d’opinion répéter sur le ton de l’évidence que le pays entier est derrière la candidature parisienne et que ces Jeux sont le grand projet mobilisateur que nous attendions tous, beaucoup
