On allait voir ce qu’on allait voir : le service public, celui qu’on paye avec nos sous pour qu’il soit au service du public allait casser la baraque à l’occasion des Jeux Paralympiques : Solidarité nationale blabla, Onesttouspareil gnagnagna.
Résultat des courses ? Il y aura zéro heure, zéro minute de retransmission en direct des compétitions, seulement un résumé quotidien à pas d’heure sur France 3. Gérard Masson, président de la Fédération Française Handisport ne décolère pas, il l’a dit à nos confrères du Monde. « À Pékin, France Télévisions avait probablement consacré trois heures aux Paralympiques. Et surtout, c’était vraiment la rubrique des chiens écrasés. Il faut arrêter de sortir les violons et de nous parler du « courage exceptionnel » des athlètes. Il faut filmer de la performance. Les athlètes sont de haut niveau et réalisent des exploits sportifs ».
Même révolte chez les athlètes, comme l’a expliqué sur France-Inter le double médaillé Damien Seguin, porte-drapeau de la délégation: « Je ne comprends pas pourquoi les épreuves ne sont pas diffusées en direct sur France Télévision, (…) quand on voit la différence de traitement entre la médiatisation des Olympiques et paralympiques on peut quand même se poser des questions ».
On s’en doute à France Télévisions, on joue les grand offusqués. Voilà donc ce qu’a répondu à ces ingrats d’handicapés Daniel Bilalian, le patron des Sports du groupe, hier sur Europe1: « Je ne veux pas entendre que France Télévisions ne diffuse pas en direct, on nous parle toujours du réseau numérique comme étant la télévision de l’avenir, l’ensemble des épreuves seront diffusées dès demain« . Une petite précision, pour ceusses qui n’auraient pas compris la langue de bois bilalianesque, quand il parle de réseaux numériques, le directeur des sports veut dire que les Jeux Paralympiques seront diffusés en direct… sur internet !
Comme si cela ne suffisait pas, la direction de France Télévisions n’a même pas jugé indispensable de retransmettre en direct la cérémonie d’ouverture de ces Jeux, sur une de ses trois chaînes historiques. Et ce à une heure où pourtant, cette diffusion, et la supposée perte d’audience qu’elle pouvait entraîner, ne risquait pas d’affecter les recettes publicitaires : passé 20 heures, il n’y a pas plus de réclames sur France 2 que sur France 3 ou France 5. On n’ose croire que Rémy Pfimlin, qui sait que les annonceurs – et les politiques – mesurent aussi l’audimat en moyenne annuelle, n’a pas souhaiter écorner son bilan présidentiel de quelques millièmes de points d’audimat.
Le pire, c’est que la télé d’Etat, plutôt que d’afficher sa veulerie au grand jour, a déployé des trésors d’hypocrisie pour nous faire croire qu’elle n’avait pas piétiné son cahier des charges : elle a diffusé la cérémonie, certes, mais sur la plus petite de ses chaînes, à savoir France Ô, normalement dévolue aux DOM-TOM. De là à dire que pour France Télévisions, les ultramarins sont des handicapés comme les autres…
*Photo : samsungtomorrow
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !