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Paradis perdu

"Un été afghan", un film dont James Ivory est le narrateur, l’acteur et le mémorialiste...


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© Carlotta

James Ivory a 94 ans. Bon moment pour tourner un film-testament. Mais cette fois, le cinéaste de l’amour interdit et de la nostalgie aristocratique –  cf. Chambre avec vue (1985), Maurice (1987), Retour à Howards End (1992), Les vestiges du jour (1993)…  – a choisi d’arpenter les sentes de la mémoire plutôt que d’investir à nouveau les paysages de la fiction.


Co-réalisé avec le monteur et documentariste britannique Giles Gardner, Un été afghan est un film en abyme : Ivory en est tout à la fois le narrateur, l’acteur et le mémorialiste. Fils de bonne famille (son père est propriétaire d’une prospère usine de bois qui fournit Hollywood pour ses décors), en 1960 le jeune homme épris de culture et de voyages part tourner son premier film, dans un Afghanistan arriéré, monarchie alors en pleine mutation : déserté par l’empire britannique, en guerre larvée avec le Pakistan voisin, mais pas encore passé sous emprise soviétique – les talibans n’ont pas encore accompli le dernier acte de la tragédie – le pays vit comme il y a mille ans : exotisme garanti.

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Dans sa vaste demeure où en 2022 s’accumulent les archives, le vieux cinéaste a remis la main sur ces anciennes bobines : film dans le film, ce documentaire jamais produit se voit exhumé à présent, commenté par lui en voix off, les Mémoires de Babu, empereur mongol du XVIème siècle s’offrant en contrepoint à l’image, tandis que le natif de l’Oregon, replongé dans ses années de jeunesse, cite les lettres qu’il écrivait à sa mère depuis Kaboul… Ivory, il y a soixante ans, a pu filmer les fameux bouddhas monumentaux de Bâmiyân rageusement dynamités par la barbarie islamiste. Rien que pour cette seule séquence, Un été afghan mérite amplement le détour. James Ivory y vante le climat idéalement tempéré de Kaboul : titre original, A Cooler Climate.

Un été afghan. Documentaire de James Ivory et Giles Gardner. France, 2022, noir et blanc & couleur. Durée : 1h12. En salles le 24 janvier 2024.



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