Le ministre de l’Éducation du gouvernement Borne inquiète. Pap Ndiaye saura-t-il s’éloigner de l’idéologie délétère des campus américains dont il avait épousé certaines des thèses ?
Emmanuel Macron, prototype de l’homme politique post-moderne, a une clientèle à laquelle il cherche à plaire, quitte à faire tout autre chose après son élection, en fonction des pressions qui s’exercent sur lui et qui n’ont pas toujours un rapport avec ce que veut son électorat.
Macron adresse un signe à l’électorat de gauche attiré par Mélenchon
Dans la période troublée par la situation intérieure et internationale qui est la nôtre, il doit élargir son électorat, en allant chercher des voix dans d’autres segments de la population. C’est ce qu’il fait en gardant les ministres qui conviennent à son bloc élitaire solide mais en y ajoutant une pincée antiraciste et décoloniale, afin d’attirer une partie des électeurs de Mélenchon qui d’après les sondages semble être son concurrent le plus dangereux.
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Les attaques nombreuses contre Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Éducation nationale promu par Emmanuel Macron, ne font pas état de sa couleur de peau, contrairement à ce que certains veulent faire croire, mais à son parcours universitaire, marqué par des intérêts idéologiques qui paraissent suspects aux partisans d’une laïcité universaliste.
D’un autre côté, je lis ici et là chez les défenseurs de Pap Ndiaye que celui-ci est un homme intelligent qui saura faire la part des choses entre ses écrits et ses engagements du passé, à la suite de son séjour prolongé aux Etats-Unis au contact des idéologies en vogue dans les universités américaines et la lourde tâche qui lui incombera désormais au ministère de l’Education nationale. Son intelligence serait prouvée par un parcours universitaire brillant.
Savoir et pouvoir
Or, selon moi, il n’y a pas de véritable relation entre l’instruction universitaire et l’intelligence destinée à agir dans le monde. Par contre, il existe un lien véritable entre les idéologies professées et l’histoire personnelle et sociale de chacun, quel que soit le niveau d’études. Etre élevé « dans l’amour des livres » par une mère blanche professeur et abandonné dès la petite enfance par un père noir au parcours prestigieux, n’avoir eu que peu de contact avec les réalités vécues dans les milieux populaires, de toutes origines et de toutes couleurs, n’incline pas automatiquement au réalisme, à l’objectivité et à l’ouverture d’esprit nécessaires à un ministre de l’Education nationale qui doit reconstruire une école en état de décomposition avancée et agitée de mouvements séparatistes.
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La survie de la cohésion nationale, qui passe par la clarté de la mission civilisatrice et assimilatrice de l’école, n’est pas forcément garantie par la « méritocratie républicaine » dont le ministre a bénéficié, mais bien plutôt par un retrait de l’idéologie au profit d’une hauteur de vues et d’un courage dans l’action que je veux bien espérer, sans trop y croire, de la part du nouveau ministre.