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La députée Panot ou la misère intellectuelle

La récupération partisane malvenue de la rafle du Vel d'hiv'


La députée Panot ou la misère intellectuelle
La députée France Insoumise Mathilde Panot © WITT/SIPA

Ils devraient tous avoir honte. Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire LFI, a tweeté : « Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vél d’Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN ». Je pense que presque tous les députés ont eu conscience de l’absurdité et de l’indignité de cette relation entre la rafle du Vél d’Hiv, Emmanuel Macron (et son « honneur » prétendu à Pétain) et les 89 députés RN. Ils savent en effet que le président de la République a rappelé que Philippe Pétain n’avait pas été seulement le personnage honteux du régime de Vichy mais aussi « le grand soldat » de Verdun, ce qui est une évidence. On a encore le droit de ne pas mettre l’ensemble d’une destinée historique dans le même sac !

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Je ne doute pas que derrière les affrontements de façade, le consensus existe sur la perversion historique, politique et intellectuelle de ce tweet que Mathilde Panot s’est entêtée tristement à justifier. Alors pourquoi s’est-elle laissée aller, en un jour de recueillement et de mémoire, à cette outrance choquante ? Parce que LFI aurait pour dessein de pousser au paroxysme le climat démocratique et d’organiser délibérément une frénésie parlementaire ? C’est le point de vue qui a été développé, notamment par François Kalfon et Jean-Loup Bonnamy, dans L’heure des pros, animée par Eliot Deval le 18 juillet sur CNews.

Solidarité gênante

Au risque d’apparaître naïf, j’ai émis une contradiction et me suis davantage attaché à l’inexpérience et à la personnalité de Mathilde Panot. Sans une once de mépris, je relève qu’on lui a confié une charge parlementaire très importante et qu’à l’évidence elle ne semble pas à la hauteur de cette mission. On ne peut pas considérer que l’extrémisme du verbe et le manichéisme délétère de la pensée constituent une force dans le rôle qui lui a été attribué. Je n’ai pas envie de supposer que d’une certaine manière, alors que tant d’autres auraient été plus adaptés à cette responsabilité, on l’a abandonnée en rase campagne parlementaire. On est assuré certes, et Jean-Luc Mélenchon le premier, que Mathilde Panot ne fera d’ombre à personne. Malgré son énergie indiscutable et le soutien que LFI et, avec quelques exceptions, la Nupes lui ont apporté, je crains qu’à l’avenir se coagulent la partialité partisane et sa maladresse personnelle.

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Pourquoi ai-je écrit que tous devaient avoir honte ? Était-il fatal que des personnalités reconnues de LFI, par exemple Alexis Corbière qui a été professeur d’Histoire pourtant, Manuel Bompard et Clémence Guetté, connaissant la vérité historique, se placent mécaniquement derrière Mathilde Panot et n’aient pas l’objectivité nécessaire pour dénier ce que leur présidente de groupe avait osé affirmer ? Est-il normal qu’une Clémentine Autain que j’ai appréciée en dehors du contexte politique se soit tue et n’ait pas rectifié ? Faut-il que la solidarité aille jusqu’à assumer l’inacceptable ? Était-il inévitable qu’Olivier Faure, à nouveau – comme pour le « la police tue » de Jean-Luc Mélenchon – murmure une si faible contradiction ? Il a seulement regretté que les mots de Mathilde Panot aient été prononcés ce jour-là… tout en pourfendant vigoureusement la macronie !

Lâcheté collective

Si on continue sur ce registre dégradant d’une sorte de guerre civile instillant son poison sectaire et approximatif dans l’espace démocratique, l’urbanité républicaine, qui n’interdisait pas l’affrontement vigoureux sur le fond mais concentrait l’attention sur lui, ne sera plus qu’une nostalgie. Je sais bien que cette lâcheté collective qui conduit chacun dans son camp à valider le pire, résulte de l’étau dans lequel un Olivier Faure par exemple s’est placé lui-même : soutenir l’insoutenable pour ménager son futur politique.

Je devine qu’on va m’opposer que les choses étant ce qu’elles sont, il faut arrêter de rêver et être réaliste. Pourtant, je déteste profondément cette posture qui consiste, sans réfléchir, à dénoncer par principe ou à applaudir par réflexe. LFI, cela signifierait-il « la France inconditionnelle » pour Eric Coquerel comme pour Mathilde Panot ?

En tout cas, cette dernière ne devrait pas être la seule à être stigmatisée. Les autres, complices par soutien malvenu, aussi !



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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