D’où vient donc ce fichu SARS-CoV-2?
En épidémiologie comme en amour, mieux vaut être seul que mal accompagné. C’est ce que doivent se répéter les responsables de l’institut d’épidémiologie Marie-Bashir, de l’université de Sydney, après avoir publié une étude prétendant élucider le mécanisme de la transmission du Covid-19 de l’animal à l’être humain. L’étude, dirigée par le virologue australien Edward Holmes, s’intitule « Identifying SARS-CoV-2 related coronaviruses in Malayan pangolins ». Achevée en février, elle a été publiée dans le magazine Nature le 26 mars et s’appuie sur le séquençage génétique du virus pour comprendre les causes naturelles de l’épidémie.
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Seul problème, de taille, révélé dans un article du Daily Telegraph australien, le « séquençage du virus » dont l’étude australienne publie fièrement les résultats a été effectué dans un laboratoire militaire chinois, sous la conduite d’un certain professeur Wu-Chun Cao, qui est aussi colonel et membre du conseil d’administration de l’Institut de virologie de Wuhan, dont dépend le fameux laboratoire P4 sur lequel se focalise toute l’attention mondiale. La révélation a quelque peu remis en question le sérieux et l’indépendance de l’étude.
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Bien embêté, son commanditaire, le professeur Edward Holmes, s’est fendu d’un communiqué très officiel sur le site internet de l’université de Sydney, répétant qu’il n’y a « aucune preuve que le SARS-CoV-2, le virus à l’origine du Covid-19 chez les humains, provienne du laboratoire de Wuhan ». Certes. On comprend sa prudence. Il serait regrettable d’avoir voulu démontrer l’origine animale du virus, réclamé la fermeture des marchés couverts d’animaux et calomnié les pangolins pour s’apercevoir que le laboratoire chinois ayant produit les résultats sur lesquels s’appuie votre étude est le véritable point de départ de l’épidémie. On ne peut décidément faire confiance à personne. Après la distanciation sociale, les chercheurs australiens devront apprendre la distanciation scientifique.