L’indignation internationale quant au triste sort des Palestiniens est sélective, selon les agresseurs.
On veut nous faire croire que ceux qui manifestent pour Gaza – que ce soit la « rue arabe » ou les militants occidentaux – auraient pour souci primordial la préservation de vies palestiniennes. Que faisaient-ils, ces mêmes manifestants, pendant que la ville de Yarmouk en Syrie subissait les pires agressions et les pires privations entre 2012 et 2018 ?
Fondée en 1957 à huit kilomètres du centre de Damas comme camp de réfugiés pour des exilés palestiniens, Yarmouk s’est transformée en une véritable ville avec la construction, à l’initiative de l’ONU, de nombreux hôpitaux et écoles. À la veille de la guerre civile syrienne, elle comptait 160 000 habitants. Fin 2012, elle devient la scène de combats acharnés entre l’Armée syrienne libre, en révolte contre Bachar el-Assad, et les forces du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), soutenues par l’armée du gouvernement syrien. La ville est assiégée par l’armée syrienne qui n’hésite pas à utiliser raids aériens, bombes barils et armes à sous-munitions. Un rapport d’Amnesty International en 2014 fait état de crimes de guerre et de crimes contre humanité commis sur des civils palestiniens et syriens. En 2015, Yarmouk est infestée par les forces de l’État islamique qui commettent des sévices terribles. Quand, en 2018, les forces de Bachar, avec leurs alliés, les miliciens palestiniens, reprennent Yarmouk, la population n’est plus que de 1 000 à 3 000 habitants.
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Pulvérisée, privée d’eau courante, d’électricité, de nourriture et de médicaments, la ville a été transformée, selon l’ONU, en « un camp de la mort ».
La majorité des résidents ont apparemment fui, mais combien sont morts dans la ville ou sur les routes, victimes de malnutrition, de typhoïde et de violences commises par d’autres Arabes ou même des Palestiniens ?
Qu’ont fait nos manifestants propalestiniens ? Rien.
En revanche, en 2016, Israël a lancé « Opération bon voisinage » pour ravitailler les réfugiés en Syrie et leur fournir des soins médicaux : plus de 4 000 ont été traités en Israël, dont certains de Yarmouk. Comme toujours, l’indignation est à géométrie variable.