Les tabous scolaires de Palestine, l’heure inversée de Bolivie…


Les tabous scolaires de Palestine, l’heure inversée de Bolivie…

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Peut-on libérer la Palestine de ses tabous?

 Peut-on parler de la Shoah dans les établissements scolaires palestiniens ? La mésaventure du professeur Mohammed Dajani, patron du département « Études américaines » de l’université d’Al-Qods, récemment contraint à la démission, permet d’en douter. Au printemps 2011, cet intellectuel pacifiste avait bravé un tenace tabou local en publiant dans le Herald Tribune un texte intitulé : « Pourquoi les Palestiniens devraient étudier l’Holocauste ». En mars, il a aggravé son cas en proposant d’organiser –, hors temps scolaire et sans financement public – une visite d’étudiants palestiniens à Auschwitz.[access capability= »lire_inedits »]

Surprise, de très nombreux élèves se sont portés volontaires. Avant de subir toutes sortes de pressions. Résultat : beaucoup changent d’avis, 27 persistant à vouloir en savoir un peu plus sur ce trou noir de leurs programmes scolaires.

Sans surprise cette fois, le retour est plutôt mouvementé pour le professeur Dajani qui, quelques semaines après, annonce au site wasatia.info qu’il a dû présenter sa démission : « Il ne m’est plus possible d’assurer ma mission d’enseignant et d’exercer mes fonctions académiques dans des conditions sereines.» En termes moins feutrés, comprenez qu’il était dénoncé comme « traître » et « collabo » par les syndicats enseignants, et en prime contraint d’être sous protection rapprochée permanente, y compris pendant ses cours.

Cette démission, l’université aurait pu la refuser, ce qui selon Dajani aurait constitué un « message clair et fort » démontrant qu’elle « soutient la liberté académique ». Il n’en a rien été. Parler de l’Holocauste demeurera donc une activité déviante.

La question est donc posée aux Palestiniens, et à leurs autorités : libérer la Palestine, n’est-ce pas aussi, la libérer de des tabous, de la censure et de l’histoire officielle ? Quant aux Européens, il serait temps qu’ils se demandent s’il est bien raisonnable de subventionner par millions d’euros un négationnisme officiel.

Nicolas Routier

 

En Bolivie, l’heure du changement, c’est maintenant !

La Bolivie est un pays d’Amérique du Sud connu pour ses lamas, ses coups d’État, ses vizcachas (lapins à longue queue) et ses musiciens en poncho qui terrorisent nos zones piétonnes avec leurs flûtes de pan. C’est aussi le pays d’Evo Morales, chef charismatique de l’État bolivien, qui présente la particularité d’avoir été proche d’Hugo Chavez, footballeur et syndicaliste − c’est dire s’il a dû entendre des conneries dans sa vie…

Désormais, on connaîtra aussi la Bolivie pour son heure révolutionnaire. Chez nous, le changement d’heure est principalement source de contrariétés bisannuelles (grimper sur des escabeaux, retrouver le mode d’emploi du radio-réveil taïwanais, supporter les interviews télévisées de parents écolos qui imputent à l’heure d’été la cancritude de leurs marmots…) C’est très enquiquinant, mais on a fini par s’y habituer.

Du côté des Andes, les choses sont autrement plus sérieuses : changer d’heure veut dire changer d’ère : on a décidé d’y inverser le sens de rotation des aiguilles ! Désormais, sur la façade du Parlement, en plein cœur de La Paz, les badauds épatés peuvent admirer une horloge à numérotation inversée dont les aiguilles tournent vers la gauche. Une mesure pleine de bon sens, expliquent les autorités : dans l’hémisphère Sud, le soleil  tourne vers la gauche, les horloges doivent donc faire itou.

Si vous trouvez ça seulement absurde ou rigolo, c’est sans doute que vous n’êtes pas un follower de Marcelo Elio, président evomoraliste de la Chambre des députés : « L’horloge inversée, explique-t-il sur son compte Twitter,  signifie que pour nous, le Nord est le Sud. » Et pour les indécrottables mal-comprenants, il a précisé sa pensée dans un autre tweet : le but du jeu est bel et bien de « mettre fin aux injustices au Nord par un nouvel ordre mondial qui naîtrait au Sud ».

En résumé, la gauche est la droite, la vérité est le mensonge, le Nord est le Sud. Une philosophie trop géniale que devrait méditer notre gauche indigène, dont on dit trop souvent qu’elle est déboussolée.[/access]

François-Xavier Ajavon

*Photo: Juan Karita/AP/SIPA.AP21588497_000002



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