Qu’on trouve vite une autre salle à Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à Lille ! L’antisionisme et la rhétorique islamo-gauchiste se nourrissent des interdictions et de la pseudo « censure ». Mais un tel évènement dans le cadre universitaire était tout à fait discutable, alors que la direction de la fac se victimise. Le regard de Céline Pina.
Un meeting de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan qui devait se tenir demain à l’Université de Lille vient d’être annulé. En cause, à la fois l’accumulation de dérapages passés de la part de ces deux personnalités, et surtout le logo de l’association invitante, qui montre une Palestine d’où l’Etat hébreu a été éliminé – vieux fantasme islamiste. C’est la Palestine selon la charte du Hamas, autrement dit sans Juif, qui est ici mise en avant. Six mois après qu’un pogrome atroce ait eu lieu, il fallait oser !
Or, cela était passé crème : dans un lieu voué à l’érudition, peu de professeurs se sont insurgés publiquement contre de telles manipulations. Au point que sans une mobilisation d’intellectuels et de politiques, ce meeting qui avait vocation à rendre la haine d’Israël acceptable et assumable, aurait eu lieu avec le soutien de l’Université.
Victimisation
On aurait aimé que l’annulation par l’université de Lille d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan témoigne d’une prise de conscience par sa direction de la dimension problématique de la manifestation.
On aurait aimé qu’auprès de professeurs d’universités, de chercheurs et d’étudiants, la promotion de l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme soit dénoncée.
On aurait aimé qu’il y ait ne serait-ce qu’un juste pour dire qu’il y a une différence entre critiquer un pays et vouloir son éradication. Car l’antisionisme, c’est refuser l’existence d’Israël, pas critiquer la politique de Netanyahou.
On aurait aimé que l’université de Lille soit à la hauteur de sa mission et de ses prétentions académiques.
Mais si elle annule cette manifestation, ce n’est hélas pas pour lutter contre l’antisémitisme véhiculé par l’affiche mais par pure lâcheté. Et sa direction l’écrit même dans un communiqué pour que personne n’ait de doutes sur sa réelle motivation (voir plus bas) : il ne s’agit pas ici de faire œuvre de responsabilité et d’autorité, mais de se rouler par terre en hurlant à la mise au pas politique et à l’atteinte aux libertés pédagogiques. Pour le Conseil d’Administration, que l’Université soit investie par une association diffusant une propagande antisémite qui nie l’existence d’Israël et en fait son logo pour que nul ne l’ignore, n’est apparemment pas un problème. Ce qui la dérange c’est de devoir rendre des comptes. La direction de l’Université de Lille tente bien sûr le coup du « nous sommes victimes de la méchante extrême-droite » dans cette histoire, ce qui équivaut à classer à l’extrême-droite tous ceux, qui voyant revenir la même haine contre les Juifs qui fut à l’origine de la Shoah, tirent la sonnette d’alarme. Ce n’est pas crédible, et on se demande bien comment, des professeurs d’université censés avoir pour viatique et honneur et la quête des faits et la connaissance et la vérité, peuvent accepter de se voir diriger par des personnes sans réelle colonne vertébrale ni exigences intellectuelles.
Ce ne sont pas les soutiens d’Israël qui créent des désordres dans nos facs
En effet, pour l’Université de Lille, non seulement « les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats », mais surtout : « on ne peut que regretter, dans ce contexte, la pression exercée sur l’autonomie pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur ». Ainsi par la grâce d’un communiqué d’universitaires, l’antisémitisme devient un facteur d’autonomie pédagogique ? Rayer un pays de la carte du monde par militantisme est devenu dans le même mouvement un geste scientifique ?
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En attendant, il y a de quoi s’interroger sur l’attitude de la présidence de l’Université. Parce que si cette conférence fait partie de l’enseignement dispensé par l’Université de Lille et est un marqueur d’ « autonomie pédagogique », alors l’Université aurait dû défendre les libertés académiques – puisque, selon elle, cette propagande LFI relève de la science. Elle a donc failli par couardise et faiblesse. Quant à la pression exercée, de quoi parle-t-on ? Les personnes menacées de mort en France comme celles qui ont fait l’objet de crimes politiques ou d’attentats ont été victimes d’une seule idéologie : l’islamisme. Quant à ceux qui exercent une chasse aux sorcières et bâillonnent leurs collègues comme les étudiants qui ont le malheur de mal penser à leurs yeux, ils appartiennent souvent à la mouvance islamo-gauchiste – dont LFI est le principal représentant politique. Ce parti joue un rôle dans l’explosion de la violence antisémite en France et l’affiche de ce meeting en annonçait clairement la couleur. Les autorités universitaires souhaitent-elles vraiment cautionner cela ?
Jean-Luc Mélenchon indiquait cet après-midi sur Twitter sa « tristesse de voir à Lille une université se dire victime de pressions et y céder en interdisant une conférence à quelques heures de sa tenue », précisant qu’« il aura suffi que le PS Jérôme Guedj dénonce le logo de l’association étudiante et qu’une députée macroniste appelle à créer des désordres pour anéantir la liberté universitaire et ses garants se coucher sans résistance ». Avant de conclure : « Nous tiendrons la conférence demain à Lille ».
Grand bien lui fasse, on ne retire pas à un obsessionnel sa haine ni son droit d’éructer sa rage dans quelque établissement de bas étage ou de haute couvée, mais l’Université n’est pas le lieu pour cela. Un espace consacré à l’étude et à l’érudition ne peut se faire le relais de la haine des Juifs, alors que nous avons connu et étudié la Shoah et que nous assistons au retour des mécanismes qui l’ont provoquée.