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Canal plus, comme un air de campagne…

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Monsieur Nostalgie se souvient du lancement de Canal Plus, il y a, jour pour jour, 40 ans. À l’origine, le canal 4 n’était pas cette chaîne critiquée comme trop « parisienne » par la suite, révèle-t-il.


Le logo de la chaine de 1984 à 1995.

Les historiens s’écharpent sur le point de bascule. À partir de quand, « l’esprit Canal » insufflé par Alain De Greef, tête chercheuse du PAF, est retombé comme un soufflé au fromage. Un jour, il n’a plus fait rire. Il a même commencé à sacrément agacer par son impunité médiatique et son insolence moralisatrice. Il s’est mué en un arbitre du bon goût et en baromètre d’une liberté d’expression à sens unique. De la maison de toutes les audaces au grand gloubi-boulga globalisé. Tout ça semble si loin, aujourd’hui, l’irrévérence et le ricanement ont fait leur temps, et n’amusent plus que quelques passéistes à bandes molletières.

Un 4 novembre 1984…

Notre pays a traversé une crise d’identité et une perte totale de ses repères en quarante ans. La France a tourné le dos au second degré. L’humour segmenté est devenu un nouveau casernement de la pensée. Il est communautaire et parcellaire. On ne rit plus ensemble mais contre quelqu’un. Si « l’esprit Canal » s’est dilué dans une mondialisation faussement émancipatrice, nous n’oublierons pas ses débuts, en novembre 1984. Nous avions dix ans au lancement de la première chaîne payante qui inventait le décodeur et le porno à domicile, le foot par abonnement et les nouveautés cinéma dans son canapé. Dans les campagnes, un réseau parallèle de décodeurs bricolés au fer à souder dans les garages florissait et le film interdit au moins de 18 ans du samedi soir motivait l’ingéniosité des adolescents en rut. De la passoire aux spasmes cathodiques, la pamoison ne tenait qu’à un fil d’antenne. Pour la première fois, nous avions accès au basket américain et aux matchs de boxe en direct. Et les programmes en clair auront été le meilleur produit d’appel pour débourser 120 francs par mois. Ne croyez pas que Canal était parisienne et élitiste ; au contraire, à son origine, elle était provinciale et populaire. Après quelques ajustements marketing, les responsables commerciaux ont compris que le salut de la chaîne passerait par les départements et les sous-préfectures, et non les CSP ++ comme on les apprenait au lycée en cours de sciences économiques. Ce sont les classes moyennes qui l’ont adoptée et ont adhéré à son projet potache.

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Secrets d’histoire

Je vous révèle aujourd’hui une vérité longtemps cachée par les salisseurs de mémoire. Canal Plus a été créée par des berrichons. Sans le Berry, point de Mademoiselle Agnès, de Didier L’embrouille, de gadgets foireux de Bonaldi ou de la Maxi-Tête de Sophie Favier. Aux manettes de ce canal historique, on retrouve la fine fleur des hommes du Centre de la France, du Cher et de l’Indre, Michel Denisot en monsieur loyal castelroussin, pas encore patron de la « Berrichonne » accompagné par un Gérard Depardieu parrain de l’événement qui, pour l’occasion, était venu faire la promotion de Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti le 31 octobre, soit quelques jours avant la mise en orbite de la 4ème chaîne. Sans oublier, la présence tutélaire de Philippe Gildas qui ne vient pas de nulle part. Le journaliste s’est toujours senti breton mais a passé toute son enfance à Bourges, à l’ombre la cathédrale Saint-Etienne. Et que dire enfin d’André Rousselet, le grand manitou de Canal Plus, taximan de Mitterrand, qui avait des attaches anciennes avec l’Indre, ne fut-il pas sous-préfet à Issoudun en 1953 ? Simone Veil, dont le mari était en stage à la préfecture de Châteauroux, a raconté leur escapade chez les antiquaires de la région quand les hauts fonctionnaires n’étaient pas accablés par une charge de travail excessive et des émeutes urbaines éruptives. Nos confrères de La Nouvelle République rapportaient les propos de Simone, en 2016 qui s’amusait de cette douce léthargie : « Drôle d’époque où les hauts fonctionnaires de la République bénéficiaient de temps libre ! ».

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Alors, même si on est parfois sévère avec les dérives modeuses et affranchies d’une chaîne qui s’est voulue prescriptrice et guide spirituelle de toute une génération, la première décennie de son existence nous ramène au temps des doudounes Chevignon et des jeans Liberto, du Top 50 à 18h45 et de Jean-Claude Bouttier nous initiant au noble art. Une époque où Marc Toesca annonçait à la France médusée que Peter et Sloane et Cookie Dingler étaient devant Scorpions et Stevie Wonder au classement des 45 tours n’est pas totalement mauvaise, et cette parenthèse enchantée où Sardou chantait les deux écoles et Isabelle se noyait dans son pull marine nous ramène dans les limbes. En ce jour anniversaire, je veux avoir une pensée et verser une larme pour Martine Mauléon disparue en 2003 qui nous parlait déjà de la crise de l’emploi et tentait de « réindustrialiser » nos campagnes.

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Poitiers, Rennes, Marseille… la France orange mécanique!

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Mexicanisation? Narco-Etat? La France est-elle en train de basculer ? Face aux innombrables fusillades liées au trafic de drogue (impliquant souvent des mineurs), de belles âmes s’emploient à minimiser l’effroi ressenti par les Français. Elles dénoncent avec gourmandise des inexactitudes dans les propos du ministre de l’Intérieur quant aux échauffourées survenues à Poitiers, ou comparent le nombre de victimes avec celui des morts liées au narcotrafic au Mexique. L’analyse de Céline Pina.


Dimanche, à minuit 59, la page d’accueil du Monde avait des airs d’Ici Paris : les quatre premières informations portaient toutes sur des faits divers sanglants ou des violences urbaines. L’un n’excluant pas l’autre. A Rennes, c’est le décès d’un homme de 20 ans tué à coups de couteaux qui faisait l’actualité pendant que l’on annonçait à Poitiers la mort d’un adolescent lors d’une fusillade. Laquelle faisait écho à une autre fusillade, à Valence cette fois-ci, ayant entrainé également la mort d’un homme. Le journal annonçait aussi que neuf interpellations après des violences urbaines avaient eu lieu dans la banlieue de Lyon.

Douce France

Bienvenue dans la douce France et ses belles provinces, elle tend à se transformer en « vous rentrez à OK Corral à vos risques et périls ». Cette accumulation de faits divers constitue un fait de société car ils marquent une évolution tragique : une explosion de la violence dont les politiques déplorent les effets sans jamais s’attaquer aux causes. Pourquoi ? Parce que les causes sont en train d’échapper à tout contrôle faute d’avoir accepté de regarder en face la situation. Parce que le trafic s’appuie sur des maux bien connus et n’est pas sans lien avec les questions du communautarisme, d’immigration incontrôlée, d’absence de contrôle des frontières. Et ce qui est merveilleux, c’est que le déni ne faiblit pas à gauche, laquelle concentre ses flèches sur le seul homme qui paraisse regarder en face la situation, Bruno Retailleau.

Quand Bruno Retailleau parle de mexicanisation, il ne fait pourtant que reprendre le discours et un certain nombre d’alarmes qu’avaient tiré depuis longtemps les spécialistes de ces questions. L’Europe est une cible essentielle pour le marché de la drogue : les contrôles y sont quasiment absents et il existe toute une piétaille (jeunes des cités, mineurs isolés, clandestins) qui sont la chair à canon du trafic. Ils sont interchangeables, n’ont aucune importance aux yeux de leurs employeurs et surtout sont exploitables à merci car les juges rechignent à les punir, achevant ici leur abandon par la société. Ce trafic s’ancre dans des territoires précis et est d’autant plus difficile à combattre qu’il crée un écosystème, une contre-société dans les mêmes lieux qui sont déjà des territoires perdus de la République. Barbus et trafiquants s’entendent en effet très bien. Les principaux producteurs de drogue ayant des liens avec l’islam radical, ou émanent des narco-états comme l’Iran par exemple. Les deux œuvrant chacun dans leur genre à la déstabilisation politique.

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L’explosion du trafic de drogue et des violences qui lui sont liées, le fait que cette gangrène se répande à une vitesse folle dans le périurbain est le résultat de politiques à la Gribouille dont tout le monde pouvait prévoir l’échec. Avoir réparti les migrants sur le territoire et envoyé un certain nombre de population ni intégrées ni intégrables en province a eu des conséquences dramatiques : les différents gouvernements Macron ont répandu dans la France entière des personnes en total décalage culturel et ne bénéficiant d’aucune prise en charge efficace, parce que trop nombreux et pesant sur des territoires dans lesquels le service public a disparu ou est exsangue. Ce phénomène a entrainé la mise à disposition pour des mafias en plein développement, d’un personnel taillable et corvéable à merci. Cela a ouvert de nouveaux marchés au trafic. Les violences constatées n’ont donc rien d’étonnant.

Les habitants des zones périurbaines supportaient l’abandon par l’Etat et la médiocrité des services publics, mais y restaient au nom de la tranquillité qu’ils trouvaient. Au moins échappaient-ils à l’OK Corral permanent que leur semblait devenir la région parisienne… Ils n’ont même plus cela, alors qu’aucun espoir de redressement des services publics n’est en vue.

Petites mains

Second point à relever : le trafic de drogue repose en partie sur l’exploitation des mineurs. Utiles pour surveiller les points de deal, faire le guet, ou jouer les nervis voire les tueurs à gage pour les plus abîmés. En refusant de lever l’excuse de minorité et de dispenser des sanctions fortes, la Justice cautionne les raisonnements des trafiquants : utiliser le plus possible de mineurs pour leur faire prendre un maximum de risques en leur expliquant qu’ils ne craignent rien ou très peu par rapport aux adultes. L’excuse de minorité devient alors une malédiction et non une protection : enfants et adolescents sont ciblés par les trafiquants pour servir de petites mains. En refusant d’ouvrir les yeux sur les conséquences dramatiques d’une mansuétude coupable, une partie de la Justice participe par son laxisme au développement du trafic et aux effets délétères d’un recrutement qui cible les plus fragiles. Qui veut faire l’ange fait la bête se vérifie une fois de plus. Mais, apparemment, se laver les mains de sa responsabilité à l’égard d’enfants, pour se glorifier de ne pas les traiter comme des adultes quand cela signifie en réalité les abandonner à leur sort, doit être vu comme une preuve de vertu chez les juges…

Autre difficulté pour lutter contre la violence des narcotrafiquants : le déni de la classe politique, la gauche et notamment LFI en tête. Première étape : comparer la situation actuelle du Mexique et celle de la France pour expliquer que, franchement, on en est encore loin donc qu’il est urgent de ne pas agir et de ne rien faire. Sauf que chez les spécialistes de la question, on parle aujourd’hui de tsunami blanc pour évoquer l’explosion de violence que génère le trafic de drogue. On le mesure en voyant l’importance des saisies. A Anvers, un des points principaux d’arrivée de la drogue sur notre continent, sur les 238 millions de tonnes de marchandises déchargées en 2020, seul 1% des containers est contrôlé. Et c’est la même histoire dans la plupart des ports européens. Notamment au Havre. Des aubaines pour inonder l’Europe d’autant plus grandes que sur cet aspect des contrôles à l’entrée, aucune annonce n’apparait bien convaincante ; on parle de scanner à l’entrée, de redéployer 23 douaniers au Havre, mais derrière ces annonces assez faibles, il n’y a aucun objectif. Et il est clair que passer de 1% de containers contrôlés à 2 ou 3% ne changera guère la donne.

Déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille, 19 mars 2024 © Christophe Ena/AP/SIPA

On a eu une nouvelle preuve du déni qui frappe beaucoup de monde avec la polémique stérile lancée par Manuel Bompard à la suite les dramatiques évènements de Poitiers. Le député lfiste accuse Bruno Retailleau de mensonge. Il n’y aurait pas eu de rixe impliquant des centaines de personnes, juste une expédition punitive rassemblant une soixantaine de jeunes. Outre que le déroulé de cette soirée sordide n’est pas complètement connu, le député montre ici sa totale déconnection du terrain. Pour les habitants des villes petites et moyennes, ce point-là n’est qu’un détail. Ce qu’ils ont en revanche bien compris, c’est que ceux qui ont fait du 93 un département repoussoir sont en train de s’installer chez eux et reprennent les mêmes fonctionnements qui ont fait de la Seine-Saint-Denis un département où on ne vit pas par choix dans de nombreuses villes.

2024 : la France bascule ?

C’est ce refus obstiné d’ouvrir les yeux sur une bascule, selon certains déjà réalisée, qui ici alerte. Cela explique surtout pourquoi, en l’absence de doctrine partagée, les pouvoirs publics n’agissent pas efficacement : toute intervention et utilisation de la force déclenche des polémiques sans fins alors que des enquêtes sont toujours menées pour en vérifier le bon usage.

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A l’autre bout de la chaine, là où les décisions pourraient donner des résultats rapides, pas grand-chose n’est fait non plus. On l’a vu, l’excuse de minorité est devenue le moyen d’étoffer rapidement un CV d’homme de main, une activité que l’on peut commencer dès 10 ans. On peut même multiplier les expériences et améliorer ses qualifications sans jamais avoir fait un tour en prison. Grâce à la procédure d’effacement des condamnations, on peut même blanchir son casier judiciaire ensuite. Sans compter qu’en France une peine prononcée est rarement effectuée. Souvent le détenu est libéré quand il n’en a fait que la moitié. De la même façon, notre pays est d’une naïveté confondante. Savez-vous que chez nous, pour que les biens d’un trafiquant soit saisi, il faut que l’Etat apporte la preuve de l’origine frauduleuse des fonds ? Comme seul l’argent compte pour ces gens, qu’ils soient hommes de main, petits ou gros trafiquants, c’est au portefeuille qu’il faut frapper. En Italie, si la personne ne peut apporter la preuve de la traçabilité de son argent, tous ses biens peuvent être saisis.

Dernier point : supprimer les aides sociales et l’accès au logement social aux familles de trafiquants permettrait d’envoyer un message fort à tous ceux qui sont tentés de basculer dans cette activité, en plus d’assainir le territoire. Les conséquences du basculement dans la délinquance ne seraient plus hypothétiques et lointaines mais rapides, et elles couperaient les dealers de leur environnement.

Enfin, rien ne changera tant que les pouvoirs publics se comporteront en mater dolorosa et non en figure paternelle posant des limites. On le voit dans la polémique stérile à propos des jeunes victimes. Sont-ils des innocentes victimes, des dégâts collatéraux, ou ont-ils été ciblés car ils prenaient part aux trafics ? Que leurs mères clament leur innocence est normal, et une enquête doit être menée, mais que la question des liens entre victimes de fusillades et trafic puisse se poser est légitime au regard de nos connaissances sur le sujet – et n’est pas une preuve de racisme ou de mépris social.

Ce qui vient de se passer à Poitiers et la polémique stérile que tente de lancer LFI nous indique une chose : les choses ne sont pas prêtes de changer et pour de basses raisons politiciennes, une partie de la gauche est en train de regarder des territoires tomber, sans même un geste ou une pensée pour des habitants relégués aux confins des préoccupations parisiennes. Elle est même prête à tout pour faire échouer l’un des rares ministres qui prend le problème à bras-le-corps. Son idéologie vaut tellement plus que la vie de vos enfants.

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Dans la guerre contre le narcotrafic, il nous faut un Etat de droit moins chichiteux

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Alors que les règlements de compte sanglants se multiplient sur le territoire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sonne la mobilisation générale contre la mexicanisation de la France. La guerre contre la drogue aura-t-elle enfin lieu ?


Il faut faire attention à l’usure des mots. On déclare des guerres tous les quatre matins ­– contre le séparatisme islamiste, contre la drogue, contre les violences faites aux femmes, par exemple. La seule guerre qu’on ait vraiment gagné dernièrement, c’est quand l’ennemi s’est éteint tout seul (je parle du Covid)…

Le bad trip français

Cependant, saluons déjà une chose : la prise de conscience semble réelle, même si comme pour l’islamisme il est sans doute trop tard. M. Retailleau parle de narco-racailles, chacun se rue sur le rapport du Sénat qui évoquait le risque de narco-étatisation. Dans Le Figaro, David Lisnard pointe le lien entre l’ultra-violence et une immigration hors de contrôle, et dénonce nos lâchetés et tous nos renoncements.

Il faut dire que le problème ne touche plus seulement Marseille ou la banlieue parisienne. Poitiers, Rennes, Valence, Grenoble ou Nîmes sont des villes sans cesse à la une des journaux pour les règlements de comptes, les fusillades ou les véritables batailles rangées (comme à Poitiers) qui s’y produisent. Il devient impossible d’y échapper. Les villes de gauche, avec leurs maires angéliques comme Eric Piolle (Grenoble) et leurs polices désarmées sont très touchées : dire que c’est la faute à CNews devient donc un peu court comme explication…

Peut-on gagner cette guerre ?

Le pire, c’est la politique du verbe. La Cour des comptes nous a ainsi révélé le scandale de « Marseille en grand ». En 2021, roulement de tambours et baguette magique : l’exécutif nous annonçait 5 milliards d’investissements. Résultat : 1,3% dépensés seulement à ce jour. L’ancienne minsitre Sabrina Agresti-Roubache, responsable du projet, se défend en disant que c’est l’État de droit, qu’il y a des appels d’offre, des procédures etc. Pour les Jeux Olympiques, on a pourtant bien réussi à les accélérer, ces procédures… Nicolas Baverez dénonce de son côté un amateurisme politique. Il n’y a eu aucune étude préalable, pas de liste d’objectifs mais juste une parole thaumaturgique du président de la République. Résultat : nada.

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Certains pensent que la solution-miracle consiste à frapper le consommateur (pas de demande/pas d’offre). Oui, mais on ne peut pas enfermer tous les fumeurs de joint. La prohibition comme seule politique ne marche jamais. Cela dit, la légalisation n’est pas non plus une panacée. En réalité, il faut hiérarchiser les combats, et arrêter de dire qu’on peut gagner cette guerre en une semaine.

La France en shoot libre

Faut-il recourir à l’armée ? Techniquement, elle peut sans doute aider à la sécurisation de certains endroits. Mais son rôle est-il d’exercer la violence contre un ennemi intérieur ?

Peut-on gagner? Au sens de la reddition et de l’armistice, évidemment non. Il s’agit d’une guerre sans fin contre un ennemi à mille têtes. Mais on peut remporter des victoires.

Aujourd’hui, face à des trafiquants surarmés et ultra-violents, l’Etat, avec ses règles ultra-contraignantes, sa disette budgétaire et son entêtement à comprendre les pauvres petits délinquants, ne fait pas le poids. Il faut des compétences pointues, des juges spécialisés, protégés éventuellement, et une volonté de fer. Donc, un Etat de droit moins chichiteux sur les droits des voyous et implacable pour défendre celui des honnêtes citoyens de rentrer chez eux sans prendre une balle perdue.

Nous exprimons notre stupéfaction et notre inquiétude face à la décision de Sciences-po Strasbourg

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L’école a suspendu son partenariat avec une université israélienne


Ce mardi 29 octobre, la direction de Sciences Po Strasbourg a entériné la fin de son partenariat avec l’université Reichman d’Herzliya, Israël, à la suite d’une motion présentée par des étudiants au conseil d’administration de juin dernier. La direction, bien que s’affichant aujourd’hui opposée à ce texte, n’a pas su empêcher son exécution et a tenté de cacher cette décision votée le 25 juin, à une très courte majorité et avec un tiers des administrateurs n’ayant pas pris part au vote.

Nous exprimons notre incompréhension, notre stupéfaction et notre inquiétude face à cette décision inédite.

C’est la première fois qu’une université française suspend un partenariat avec une université israélienne, et ce alors que la France connait une vague d’antisémitisme sans précédent, les actes antisémites ayant crû de 300% en un an, et ce alors qu’Israël a subi, il y a un an, le plus grand pogrom depuis la Shoah avec 1 200 morts et 251 civils et soldats pris en otage. Aujourd’hui, 97 otages sont toujours entre les mains des terroristes islamistes du Hamas, des citoyens français sont harcelés, agressés et violés sous prétexte de défense de la cause palestinienne. C’est intolérable.

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Le déchainement antisémite n’a pas épargné nos universités, Sciences Po Strasbourg ne fait pas exception à la règle, des blocages conséquents ayant touché l’IEP en avril dernier et ce avec l’aval de représentants politiques. Durant ces blocages, nombre de manifestants ont diffusé l’idée d’un arrêt de tous les partenariats de l’université avec les établissements d’enseignement israéliens. Nous craignons que cette décision néfaste ne fasse que conforter l’impunité d’étudiants se livrant à la propagation de la haine antisémite sous couvert de solidarité avec les peuples palestiniens. Nous regrettons que cette décision se fasse au détriment des étudiants israéliens et français qui ne pourront plus accéder à ces échanges et découvrir les cultures israéliennes et françaises pour renforcer l’amitié entre nos deux peuples.

Nous, étudiants, enseignants, élus et citoyens engagés contre l’antisémitisme, demandons à la direction de Sciences Po Strasbourg :

  • De revenir sur la décision d’arrêt du partenariat avec l’université Reichman par le biais de la renégociation d’un accord et sa présentation au prochain Conseil d’Administration.
  • De s’engager à ce que les autres partenariats avec les universités israéliennes soient maintenus.
  • De prendre des sanctions fermes et rapides contre tous les étudiants et personnels tenant des propos antisémites.

Signataires :

Aurélien Gillet, Membre du Conseil d’Administration de Sciences Po Strasbourg (2021-2023)

Nathalie Beizermann, Vice-présidente nationale du Crif

Ariel Goldmann, avocat et président du FSJU et de la Fondation du Judaïsme français

Philippe Meyer, Président du B’nai B’rith France

Nathalie Riu-Guez, présidente Wizo France

Maxime Loth, Responsable Printemps Républicain Sciences Po Paris

Arlette Zilberg, porte-parole du réseau féministe universaliste Les CitadElles

Nadine Herrati, adjointe au maire écologiste de Gentilly

Frédérique Calandra, citoyenne

Ari Sebag, secrétaire général de la LICRA

Céline Pina, journaliste

Florence Bergeaud-Blacker, CNRS

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Patrick Karam, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France

Pierre-Christophe Baguet, Maire de Boulogne-Billancourt

Ariel Weil, maire de Paris Centre

Karen Taieb

Aline Bessis, Maire-adjointe du XVIIème arrondissement de Paris, Conseillère métropolitaine

Aurélie Assouline, Adjointe au Maire Paris 17e & Présidente du collectif 7 octobre

Raphaël Farhi

Samuel Athlan, entrepreneur formateur et auteur

Marie Robineaud, étudiante à Sciences Po en première année sur le campus de Paris

Lydia Zeroug, militante LICRA et Printemps Républicain

Ruben Moos, étudiant à l’université de Strasbourg

Arié Amzallag, étudiant, UEJF

Tsiporah Fried, Ministère des armées, ancienne de Sciences Po Strasbourg

Christophe De Voogd, professeur affilié, Sciences Po Paris

Nadine Sonsino

Floriane Gouget, Printemps Républicain

Yaël Teissier Leivant

Samuel Nahon

David Hania, Docteur en énergétique

Muriel Rojas Zamudio, psychanalyste

Delphine Dobin, professeure d’anglais

Valérie Rosen Sarfati

Murielle Devillers, retraitée

Yves Braka

Danielle Saffar

Philipp Huth

Juan Gabriel Mercado

Joëlle Da Rocha

Melvin Moine, étudiant

Delphine Lancel, DG Groupe RH&M

Muriel Chochois

Yves Trauger, Photographe et élu local

Joël Meyer

Sabrina Ktorza

Nathalie Melamed

Y. A.

Judith Lazarovich, professeur retraitée, Toronto (Canada)

Jean-François Verdiere, retraité, ex-enseignant en architecture

Boubacar Barry

Dominique Piot

Yves Silber, Docteur en médecine

Elisabeth Maassen, citoyenne

Bernard Melloul, professeur agrégé

Olivier Boisson

Romane Toledano, Université Paris I Panthéon Sorbonne

Cyrille Roze

Valérie Kalifa

Karina Guenanff, enseignante

Christine Domanchin

Etienne Carillon

Jocelyne Urrea-Mechali

Michel Brachet

Danièle Nousse, institutrice retraitée

Gabrielle Muckenhirn

Jacques Dewaele, citoyen universaliste et laïque

Catherine Robert, guerrière de la paix

Véronique Dauvergne

Sophie Brian

Caroline Jaeger, simple citoyenne refusant toute forme de discrimination

Lydie Burillo, membre de l’association TOUS 7 OCTOBRE en charge des réseaux sociaux

Valérie Assayag, TOUS 7 OCTOBRE

Melinda Cohen

Jérôme Rigaudias

Violette Levy

Sandra Vic

Corinne Dromer

Hagay Sobol, Professeur des universités, AMU

Elizabeth de Pemille

Sandra Korber, rédactrice

Marie Cheul, retraitée

Myriam Iglicki, podologue

Avi Uzan, médecin

Michel Louis Lévy, démographe, administrateur INSEE, Diplômé Sciences Po Paris 1962, conférencier à Strasbourg 2 dans les années 1980/90

Nadine Zagury

Jessica Choukroun, Enseignant-chercheur, Nice

Sandra Freidman

Norbert Amsellem, sociologue, INSERM

Hélène Bouniol

Ronit Goldstein

Daphné Chancelier, Unité laïque

Thierry Fritih

Joséphine Kazan

Jean O.

Olivier Burel

Déborah Rochette, parent citoyen

Olivia Fdida, citoyenne

Jean-François Brin, gérant

Christine Jean

Annick De La Rue

Matthieu Nogues, citoyen

Georgiana Khoi

Claude Zerbib, assistante manager

Sandrine Malem, psychanalyste

Sybille Pierru, Les CitadElles

Ariane Schuman Dreyfus, avocate

Anne Camus, citoyenne française

Gaëtan Louche 

Shapira Tamar, Gordon Academic College, Haifa, Israël

Claire Michaud, enseignante

Salomé Floriant, étudiante en 3A à Sciences Po Strasbourg

Ludovic Oriola, fonctionnaire

Bruno Jofa, architecte

Guy Fabre, citoyen français

Alain Fuchs

Antoine Durivault

Paul Monier, psychiatre

Anne Mariotti, membre du réseau jeunes de la LICRA

Sophie Papillon

Nathalie Bonhoure

Christophe Nagyos, membre du bureau du CRIF Alsace

Alexandra Blanchard de la Brosse, professeur

C. R.

Frédéric Pain

Serge Pitter, directeur de centre de profits, Fribourg, Suisse

Benjamin Bruno, président d’honneur du Crif Marseille Provence

Allais Lorédane, citoyenne solidaire d’Israël

Bernard Musicant

Perez Elbaz

Joshua Elbez, étudiant, Neoma Business School

Damian Saura

Salomé Gullula

Lauryn Abikhzer, Présidente de l’association Alliance Côte d’Azur

Jacques Attal, ancien président du CCJBB

Benjamin Meimoun, Alliance

Ethan Spiero

Roger Fajnzylberg, ancien membre du bureau national de l’UNEF, CD FSJU

David Botton

Kevin Revah

Guy Allouche

Stéphanie Mirwasser, chargée de mission DG FSJU

Muriel Devillers, retraitée

Andie Karcenty, Présidente d’Alliance Panthéon-Sorbonne

Benjamin Teszner

Claude Czechowski, universitaire

Dorothy Benichou Katz, Vice-présidente de la Grande Synagogue de la Victoire de Paris

Gérard Garçon

Marie-Laure Cohen, membre du comité directeur du FSJU

Carine Elgrably

Francis Bloch

Audrey Cohen

Philippe Coriat, associé, Deloitte

Corinne Lafitte, directrice groupe scolaire RamBam Maimonide

Jean-Stéphane Gourévitch

Stéphane Hassoun

Mendy Mottal, directeur Cteen France

Jean-Charles Attal

Chloé Freoa

Elie Ebidia, chef d’établissement Lucien de Hirsch

Elie-Emmanuel Levinas, FSJU

Jessica Habib

Corinne Elberg, Présidente Centre culturel juif de Grenoble

Jean Rozenberg

Michel Benhamou, expert-comptable

Alexandra Barouch, FSJU

Lionel Sebban, élu national du FSJU

Shirel Aouizerat, présidente de l’UEJF Paris 1

Jacques Jacubert, Président d’honneur du B’nai B’rith France

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

David Elkrieff, étudiant

Jérôme Rubinstein

Rebecca Taieb

Mazal Benarous

Sandra Ifrah, FSJU

Pierre-Samuel Guedj, conseiller en Droits humains

Lucas Balthazard, étudiant

Gad Amar, Rabbin et enseignant

Serge Vatine

Caroline Heymann

Sophie Attali, avocate

Daniel Dubreuil, Directeur général du groupe scolaire Yavné Marseille

Linda Zoubir

Patricia Hauzi, juriste

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Jacques Silderberg

Laurent Mamou

Philippe Peres, chef d’entreprise

Olivier Hoffman

Sophie Achesse

Annie Cohen, avocate, vice-présidente All With Us – Tous avec nous

Jocelyne Arditti

Marianne Coen, psychiatre

Ethan

Olivier Ladregarde, avocat

Jean-Luc Scemama, Président ECAI

Lionel Stora, président régional du FSJU

Hélène Serfaty

Pierre Bellaloum

Patricia Ederhy, coordinatrice d’évènements

Louise Cohen 

Laurence Besserat

Pr. Micheline Misrahi, faculté de médecine Paris Saclay

Daniel Yaghil

Jean-Jacques Zenou, président Radio JM

Regis Folbaum

Alberto Gabai, Membre du CD, Crif

David Aharfi, coordinateur accueil de loisirs

Olivier Safar

JM Fitoussi, Directeur Groupe Progress

Patrice Deidda

Paulette Benhaim

Géraldine Le Bris

Jocelyne Allouche, Présidente coopération féminine Marseille

Elsa de Boissieu

Yael Yermia

Dr. Fernand Zerbib, Président du FARBAND-Union des Sociétés Juives de France

Jo Murciano

Philippe Goetzmann, Président BCP Conseil & Investissement, ancien élève de Sciences Po Strasbourg, section Ecofi

Michele Sitbon, membre du conseil national du FSJU

Laurence Danand, Responsable Ressources Humaines, Paris

Serge Coen, universitaire retraité, UAPV

Gisèle Taubert, BBF

Dr. Sylvie Sebahoun, B’nai B’rith

Liliane Nadjar, retraitée de l’éducation nationale

Alain Hirschler de père, René HIRSCHLER, et mère, Simone, tous deux Résistants, morts en déportation et déclarés, à titre posthume, Morts pour la France

Martine Boccara

Soly Lévy, FSJU

Daniel Elalouf, Président du bureau exécutif, FSJU

Ari Hodara, ingénieur commercial

Michel Sarfati

Marc Maidenberg, chirurgien

Jérémie Lasry, ingénieur, père de 2 enfants

Yaïche Esther Mynra, prothésiste ongulaire

Eva Dieudonné

Alix Danand

Barbara Van Eeckhout

Nicole Gauche

Marie-Anne Layani

Gilles Nacache, Vice-Président Crif Toulouse-Occitanie

Laurence Ouaknine

Richard Toper

Rosy Brakha, enseignante

Gilbert Meroudi, expert-comptable Think Tank CAP

Clémentine Sloma, B’nai B’rith Kinereth

Hugues Le Mener

Elisabeth Sabbagh

Reynald Astier, Vice-Président FSJU Lyon et président du CASIL

Andrée Elkaïm, B’nai B’rith

Claire Rubinstein, docteur en histoire, président de la commission nationale culture du B’nai B’rith

Elodie Saiag, FSJU

Robert Levy

Martine Plainchamp

Anne Broches, diplômée 1983

Serge Dahan, Vice Président du Crif

Gérard Panczer, PR Université de Lyon

Pierre Attia

William Zerbib

Michel Danon

Sidney Perez

Pauline Brun

Guy Sapriel, Psychiatre, psychanalyste

Valérie Hélène Toutain

Simon Levy

Line Levy

Paule Charbit Dahan, médecin

Jacques Dahan, DGA
Nicole Cohen-Addad, ancienne cheffe de service, unité néonatale de soins intensifs, The Brooklyn Hospital, Brooklyn, NY, USA

Eric Lovisolo, CFO Groupe Printems  CCFI

Marianne Rode

Gérard Fitoussi, médecin

Sophie Bensaid

Pierre Sonigo

Martine Cohen

Lisette Hazan, VPR B’nai B’rith

Sylvie Séror

Sophie Samama, chirurgien-dentiste

Michelle Saada

Marc Attar, professeur

Gabrielle Bloch

Audrey Beaumont

Estelle Tzinmann, ICJW

José Marin, CFDT

Katia Kanter, orthophoniste

Karine Sabah

William Ouaki, B’nai B’rith France

Corinne Benyayer, B’nai B’rith France

Isabelle Habib, présidente de la loge Michel de Montaigne B’nai B’rit Bordeaux

Jean-Jacques Rosenkrantz

Bertrand Asseo, gérant de sociétés, Bordeaux

Florence Fitoussi, responsable d’association

Laurence Bar

Alain Fournioux, B’nai B’rith Marseille

Betty Bouchoucha

Frida Zeitouni, présidente de la loge Bialik du BBF

Sophie Chomand

Thierry Touboul

Beky Twining

Sylviane Urvicz, retraitée

Georges Urvicz, Ingénieur civil Mines ParisTech

Marjorie Yerushalmi

Pascal Bécache, dirigeant TPE
Valérie Szwarcbart

Pierre Lasry, chef d’entreprise, fondateur dirigeant de l’Agence LSP

Josiane Arnal, retraitée

Mercedes Barchilon

Jeanne Bensoussan

David Revcolevschi, avocat au barreau de Paris

Francesca Tramontini, professeur

J. Israël

Maïté Coppey, Elerite Inserm

Laetitia Levy Blondeau, Formatrice et Consultante

Patrick Ittah, consultant

Bianva Enos

Claudine Dorfmann

Emmanuelle Choukroun

Raphaël Israël

Vanessa Benhamou

Laurence Temime, Chef de Choeur

Karine Israël, consultante orientation professionnelle et scolaire

Yael Kabla

Paula Lalou, expert-comptable

Frédéric Le Jehan

Gisele Elfassy

Pierre Patrick MKDE

Marc Szulewicz

Gabrielle Bloch

Martine Kahn, professeur

Yvette Fride

Francis Gutmann

Bernard Jung

Valerie Alalouf Kornreich

Laurence Spritzer, enseignante

Laetitia Lévy

Deborah Allouche, conseillère en orientation et cadre dans une grande entreprise française

Aksil Yafelman

Olivia Journeaux, citoyenne

Jean Kespi

Yves Silber, médecin

Julie Danlos, contrôleur aérien

Evelyne Lellouche, retraitée

Valérie Machting

Eliane Clifit, Wizo

Serge Vatine, avocat

Maurice Halioua

Tally Gozlan

Laura Janszen

Bernard Zaoui, conseiller municipal de Combs-la-Ville délégué au renforcement de la citoyenneté à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et au développement des relations internationales

Caroline Bozou, enseignant chercheur Paris 1

Ouriel Ohayon, HEC 1996

Jean Alvarez, enseignant

Martial Attalli, juriste

Frédérique Odasso, journaliste

Eli Uzan

Nicole Agou  professeur histoire-géographie, Présidente de ARES association pour la Recherche et l’enseignement de la shoah

Meryll Edery

Michèle Levy-Amar

Ariane Zenker

Joël Meyer, particulier

Bernard Carayon, ancien député, avocat

Pascal Markowicz

Bernard Gahnassia

Géraldine Bunan

Sandra Bourguignon

Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif, Président d’honneur de la communauté juive de Boulogne-Billancourt

Albert Karl, professeur INSA Lyon

Caroline Berdugo

Joy Jaoui, Women United for Peace

Samantha Taieb

Cécile Hazab

Gisèle Hivert-Messeca

Colette Busidan, auteur, conférencière

Madeleine Ghertman, retraitée

Claudette Eleini, avocate

Constance Grodner, entrepreneur

Michele Hoch

Eden Yaïche, étudiante à l’université Reichman et présidente d’honneur de l’UEJF Marseille

Katty Rotjam

Johanna Sellam

Myriam Szerman

Véronique Levy

Fabrice Durandy, citoyen de la République française

Caroline Corchia, Women United for peace

Mathis Puyo, étudiant à Sciences Po Strasbourg

Michele Benzeno

Nicolas Topiol

Dorothée Mani

Marie-Pierre Benitah

Fabienne Amson

Liz Maruani

Nicole Verger

Caroline Ayache

Laurette Royer

Emmanuelle Karo, Vice Présidente AURA du B’nai B’rith France

Théo Muller, ancien étudiant de l’IEP de Strasbourg

Valerie Kensey

Aurélien Bernheim, Co-fondateur du MEJF

Eli Levy, Co-fondateur du MEJF

Elsa Sebag

Alain Steinberger

Jean Chikly, dirigeant de société, Paris

Esther Bagdassarian, enseignante

Isabelle Richard

Jessica Trink-ohayon, co-fondatrice Women united for peace

Alexandra Fitoussi, co-fondatrice Women united for peace

Karine Lazimi-Chouraqui, militante Women united for peace

« Cramés », de Philippe Pujol: ceux que vous appelez racailles

Habitant Marseille, la ville qui est au cœur du narco-trafic que dénoncent les belles âmes sur le mode « y a qu’à », notre chroniqueur a trouvé dans Cramés, le dernier ouvrage de Philippe Pujol, journaliste d’investigation de gauche, si le mot signifie encore quelque chose, une description honnête des paumés des Quartiers Nord : tout un petit peuple de miséreux exploités par les caïds et qui n’ont d’autre choix que la délinquance minable, la prostitution et la prison. Des gosses que les vrais narcos exploitent, torturent à l’occasion et livrent sans états d’âme aux flics, puisqu’ils sont pour la plupart mineurs. Un addendum aux Misérables et à L’Assommoir.


J’avais jadis rendu compte de La Fabrique du monstre, le premier livre que Pujol a consacré aux laissés pour compte de Marseille. L’auteur, journaliste à La Marseillaise (le petit frère marseillais de l’Huma), y décrivait le monde des « charbonneurs », ces gosses reconnaissables à leurs doigts teintés de brun, qui dans des caves ou des squats fabriquent des joints douteux avec la came arrivée du Rif. Trop flingués déjà à quinze ans pour avoir l’idée de consommer le shit encore pur qu’ils reçoivent par Go Fast, par camions ou par containers — Marseille n’est pas un port pour rien. Non, ils préfèrent consommer la merde qu’ils fabriquent, avec addition de produits vétérinaires et autres excitants susceptibles de renforcer l’effet de la résine de cannabis. Ou qui aujourd’hui tenteront de se mettre à leur compte en diffusant de la MDMA, de la 3-MMC et autres excitants de synthèse fabriqués sur place.

2000 esclaves

Bref, ceux que Bruno Retailleau, qui n’y est pas allé voir, voudrait faire passer pour des narcos mexicanisés, sous prétexte qu’un ou deux gangs font parler d’eux dans la presse. D’ici à être la résurrection de Pablo Escobar, il y a loin. Comme dit Pujol : « Croire que la lutte contre les trafics passe par un combat du bien contre le mal est d’une naïveté presque touchante : les Bisounours aux manettes, sur l’arc-en-ciel de la morale, tous contre les méchants, contre le Professeur-Cœur-de-pierre et le sorcier Sans-Cœur… »

A lire aussi: Aymeric Caron: au diable l’écologie?

Pujol brosse les portraits croisés de quelques-uns de ces pauvres gosses prématurément cramés, flingués avant leurs vingt ans — et comme jadis Paul Nizan, Pujol ne laissera personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Pas pour Samir, ni pour Amal, ni pour Bouchra, dont le mari a été rafalé pour le compte, ni pour Cassandra, qui se console au protoxyde d’azote dont on trouve partout dans la ville des bobonnes grandes ou petites : « À la longue, note justement Pujol, le ballon, ça crame les neurones. » Ni pour celles qui ne font que de l’anal, afin d’arriver vierges au mariage — mais pourries de MST diverses. En tout, affirme Pujol, « il y a un minimum de deux milles esclaves du trafic de drogue à Marseille ». Ce ne sont pas ceux qu’il faut traquer, parc qu’ils sont interchangeables, et que la misère, la vraie, pas celle des films de Ladj Ly, les fabrique plus vite qu’on ne les tue ou qu’on ne les emprisonne.

Le trafic pas du tout incompatible avec l’islamisme

Quant aux affirmations hâtives selon lesquelles le narco-trafic protège de la radicalisation islamiste… Le lecteur sait-il que la cocaïne (et le blanchiment du trafic) est, après les subventions directes de l’Iran, la deuxième source de revenus du Hezbollah ? Ils ont bonne mine, les bêlants des droits de l’homme, qui défendent ces crapules… Grand merci aux israéliens qui en éliminent quelques centaines tous les quatre matins.

Au total, un livre saisissant, écrit avec les tripes par un homme qui ne se résigne pas, et qui témoigne de ce qu’il sait, de ce qu’il voit, et de ce qui le tue.


Philippe Pujol, Cramés, Les enfants du monstre, Julliard, septembre 2024, 219 p.

Cramés: Les enfants du Monstre

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Aznavour ou l’esprit français

1924-2024. Charles Aznavour aurait eu 100 ans cette année. Cet anniversaire est l’occasion de la sortie d’un film retraçant sa vie et permet aussi de se pencher sur la qualité de ses chansons. De véritables poèmes qui font de lui l’héritier de Ronsard, Du Bellay et Rimbaud.


La sortie au cinéma de Monsieur Aznavour d’Idir et Grand Corps Malade, avec Tahar Rahim dans le rôle-titre, m’inspire ces quelques réflexions sur les textes du chanteur. Il faut dire aussi que la poésie aznavourienne mérite la plus grande attention ; c’est plus qu’un auteur, c’est un poète qui nous a livré, pendant plus de soixante-dix ans, les trésors de sa plume admirable ; un auteur à l’encre tantôt grise et tantôt verdoyante, amoureux passionné de notre langue, dont l’esprit se voulait français par-dessus tout. Charles Aznavour a été le successeur de nos plus grands poètes et de nos plus grands romanciers.

Quel héritage

Mais qu’est-ce donc, que l’esprit français ? Un attachement candide à la terre plutôt qu’une aspiration au ciel, une philosophie centrée sur la recherche du plaisir, plutôt libérale, et méfiante envers les règles qui brident les désirs naturels de l’homme ; mais aussi le corollaire moins heureux de ces deux principes : le réalisme matérialiste un peu médiocre, un peu bas, l’avarice du bourgeois et l’avidité du paysan ; puis les regrets, poignants, de la jeunesse qui passe trop vite et se perd avec les plaisirs…

On aura reconnu là Villon, Ronsard et Du Bellay, Rabelais, Molière, Balzac et Rimbaud… et Aznavour ! Comment ne pas voir en effet dans les textes du chanteur l’héritage de ses prédécesseurs ? Tel Ronsard qui se désespérait de la rose qui ne dure « que du matin jusques au soir », Charles Aznavour, dans Sa jeunesse, dans Hier encore, chante « le temps perdu », ses « amours mortes avant que d’exister », pleure la richesse des heures qui nous sont comptées ; quand il gémit sur ses jours « qui fuyaient dans le temps », ses vingt ans, son passé, l’on croirait encore entendre l’auteur des Amours : « Bien fol est qui se fie en sa folle jeunesse / Qui si tôt se dérobe, et si tôt nous délaisse » ; enfin tous deux, à quatre siècles d’intervalles, trouvent des délices dans les blessures du cœur : c’est « Amour me tue », c’est Mourir d’aimer.

Vague à l’âme

Ronsard est inséparable de Du Bellay ; on retrouvera chez Aznavour le caractère mordant et désabusé de l’Angevin ; l’un comme l’autre ont été les chantres des regrets, les persifleurs des grands. Ainsi quand le poète de la Pléiade, « pour désaigrir l’ennui qui [l]e tourmente », raille « ces vieux singes de cour » (dans un sonnet digne de La Bruyère), le chanteur s’amuse avec humeur de ses « relations », très haut « placées », très « décorées », très « influentes », très « bedonnantes ». De Rome, Du Bellay ne peut taire sa déception ; « que c’est triste Venise », répète Aznavour en écho (et en alexandrins !), « le soir sur la lagune, quand on cherche une main que l’on ne vous tend pas » ; peut-être que le premier gémit moins sur ses amours que sur ses ambitions ; il n’empêche : Aznavour, comme Du Bellay, souffre de vague à l’âme, de mélancolie au cœur, — d’amertume —, soupire et se désole ! L’un se désespère d’avoir quitté l’Anjou : « Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure et le point / […] Quand pour venir ici j’abandonnai la France : / La France, et mon Anjou, dont le désir me point » ; l’autre que sa vie accable, aux docks « où le poids et l’ennui » lui « courbent le dos », et qui n’a « connu toute [s]a vie que le ciel du nord », rêve de ces navires arrivant du « bout du monde », du « pays des merveilles », des « pays inconnus » aux « éternels étés où l’on vit presque nu ». Qu’il se console ! s’il fût parti, nul doute qu’il eût cruellement regretté son beau voyage !…

Illusions perdues

Je parlais de Balzac ; c’est qu’il y a évidemment quelque chose des Illusions perdues dans Je m’voyais déjà, la chanson la plus célèbre d’Aznavour ; Lucien de Rubempré, ce jeune ambitieux plein d’espoirs montant à Paris pour avoir du succès, et se retrouvant comme broyé par la réalité qui le rattrape au col, aurait pu la chanter. « À dix-huit ans, j’ai quitté ma province… J’étais certain de conquérir Paris… Je m’voyais déjà en haut de l’affiche… Tout a raté pour moi… On ne m’a jamais accordé ma chance… ». Au moment qu’Aznavour dit, les trémolos dans la voix : « D’autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d’argent, moi, j’étais trop pur ou trop en avance », il se fait le magnifique porte-parole de plusieurs générations d’écrivains, romanciers du dix-neuvième siècle, Balzac, Flaubert, Dickens (Les Grandes espérances), mais aussi moralistes du Grand Siècle, et vieux bardes du dépit — Aznavour, paraît-il, aimait citer François Villon.

Je passe sur Désormais, Les deux guitares, La Mamma et tant d’autres encore… Aznavour n’eût pas été génial s’il n’avait été que désenchanté ; mais il sut aussi s’inscrire dans la lignée des Rabelais, des Molière et des Rimbaud célébrant les plaisirs simples (« viens voir les comédiens… »), exaltant le naturel au mépris des morales (« comme ils disent… »), prêchant l’amour bête, le désir spontané (« toi, tes eyes, ton nose, tes lips adorables… »), et, sur un ton plus sérieux peut-être que Rimbaud (« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées »), évoquant cette mystérieuse insouciance d’un passé dont il se remémore les joies, et qui n’existe plus… « Fallait-il que l’on s’aime et qu’on aime la vie… ».

La fin de règne des incapables a sonné

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Comment osent-ils encore la ramener ? Ceux qui ont précipité la France dans le grand effondrement, civilisationnel et économique, devraient rendre des comptes pour incompétence et trahison. Au lieu de quoi, les saccageurs sont toujours là, à faire obstacle aux reconstructeurs. Cela fait cinquante ans qu’ils pavanent : de pères en fils, les dirigeants exhibent leur progressisme pour effacer les traces du passé. Ils ressemblent à la prophétie de Jérémie : « Ils détruiront tout. Ce qu’ils ne connaissent pas, ils le briseront ; ce qu’ils connaissent, ils le saliront ». Les démolitions ont été si rondement menées que se revendiquer conservateur devient une curiosité : préserver qui, quoi, où ? La déculturation a fait son œuvre : les riches ne sont plus que des pauvres avec de l’argent, comme l’avait prédit Nicolas Gomez d’Avila. La gauche béate erre parmi les ruines, yeux clos. Les plus lucides des « antiracistes » déplorent l’islam judéophobe et sexiste. Mais ces tartuffes hurlent à la xénophobie contre ceux qui mettent en garde contre l’immigration colonisatrice. Non contents de subir une libanisation accélérée de leur pays, les Français vont devoir de surcroit éponger financièrement l’irresponsabilité des flambeurs qui ont endetté la nation pour acheter la paix sociale. La fin de règne des incapables a sonné.

Les faillis doivent partir. Et avec eux les idéologues universalistes de la post-nation. La crise politique, dont Michel Barnier est l’expression transitoire, est le résultat d’une réaction nostalgique. La « sottise des gens intelligents » (Jacques Julliard) est devenue insupportable. Leur légèreté a fait de la nation une proie à saisir. C’est dans le vide culturel et spirituel, aggravé par les casseurs de frontières, que prospère la civilisation conquérante d’Allah. Elle a pris opportunément Marx comme allié, avec la collaboration de l’extrême gauche déboussolée. La puissance de l’envahisseur se mesure à l’insécurité qui entoure à nouveau, après la première Occupation nazie, la présence juive en France. Israël, sous le feu djihadiste, est considérée comme plus sûre pour les Juifs qui partent la rejoindre. « Des héritiers sans testament sont des brandons de destruction », prévient Bérénice Levet (1) en dénonçant les trous de mémoire des déconstructeurs. Levet cite Anna Arendt : « C’est précisément pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice ». Mais rien n’est à attendre des fossoyeurs qui haïssent la France enracinée et son ancienne Ecole hypermnésique. La question est de savoir si les Français, qui a 64% « aimeraient que leur pays redevienne comme autrefois », peuvent être à la hauteur de la brutale résistance qui, seule, arrêtera le désastre. 82% ont une mauvaise opinion des partis. Une rupture avec le vieux monde politique est à mener à son terme. Une minorité peut suffire.

Le sursaut reste à portée de main. Il se lit dans ce que les censeurs appellent la « lepénisation des esprits ». L’effondrement des mondialistes donne raison à ceux qui avaient prédit leur échec. Les infréquentables prennent des allures de visionnaires. La politique anti-immigration de l’italienne Giorgia Meloni, honnie par la bien-pensance, sert de modèle à la France et à l’UE. La Hongrie de Viktor Orban, qualifié d’antisémite par la gauche, a été choisie par Israël pour accueillir en sécurité, le 10 octobre, le match de football Israël-France. L’Etat hébreu et ses citoyens-soldats s’affirment, aux yeux des peuples vulnérables, comme exemplaires dans leur défense de la nation, de son identité, de sa religion, de ses frontières : tout ce que rejette, en France, une partie de l’intelligentsia. Celle-ci bannit le RN, qui défend les mêmes valeurs qu’Israël. Si Benyamin Netanyahou gagne sa guerre contre l’islamisme apocalyptique des mollahs, les démocraties pourront lui dire merci, et Macron pourra s’excuser de sa lâcheté. Tout ira plus vite encore si, le 5 novembre, Donald Trump l’emporte. La possible victoire du « fasciste », selon Kamala Harris, serait un séisme tant les « élites » n’envisagent pas de voir le paria revenir à la Maison Blanche. A quelques jours du scrutin, Kamala Harris talonnait son adversaire dans sept Etats pivots, sans enclencher l’enthousiasme.

La révolte des autochtones est un puissant appui pour ces résistants, bêtes noires du conformisme…

La suite est à lire dans le magazine Causeur de novembre, en vente mercredi 6 novembre chez votre marchand de journaux et dès mardi sur le site.

(1) Penser ce qui nous arrive avec Hanna Arendt, L’Observatoire

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Le Brésil, l’autre pays de la nostalgie

Monsieur Nostalgie nous emmène ce dimanche au Brésil, au pays de la Samba triste, à la découverte du documentaire Saravah réalisé en 1969 par Pierre Barouh et de la réédition des poèmes de Vinícius de Moraes chez Seghers.


Nonchalance mélancolique, rythmique complexe qui puise sa veine populaire dans la musique africaine mâtinée de sonorités européennes, art de la mélodie italo-française et jazz new-yorkais de sous-cave, fausse lenteur syncopée qui roule sur la partition comme un chat se prélasse dans un plaid, la Samba brésilienne est au carrefour de plusieurs cultures musicales, une hybridation soyeuse que les Hommes de cœur ont adoptée, les soirs de détresse, en pleine guerre froide pour ne pas se perdre, pour ne pas s’entretuer, pour se réunir autour d’une guitare, pour préserver ce lien fragile que l’on nomme humanité douce. De la Samba métallique et festive, cuivrée et dansante, des écoles et des talons hauts, sur l’éclat des carnavals va naître, à la fin des années 1950, une bossa-nova qui s’infiltre dans tous les pores de la peau, une poétique du clair de lune, de la fin de l’été, des amours éphémères et existentielles. La vague bossa nous porte vers cette terre promise où une spiritualité charnelle comblerait tous nos vides intérieurs. La bossa est religion et élévation, rêverie et héritage, déracinement et bonté, utopie et détachement, elle se nourrit des temps diaboliques pour accoucher d’une soul sucrée et chaloupée, qui crie son désespoir avec la retenue d’un chevalier errant. La bossa ne pouvait éclore que dans un pays-continent, tourmenté, immense, pauvre et coloré, elle est un chemin de résilience, une tentative d’évasion élégante qui n’oublierait pas ses cultes antérieurs ; elle a été initiée par de jeunes musiciens, autant attirés par le cinéma français que par les rites du candomblé.

A lire aussi: École: ce n’est plus le Moyen Âge!

Cette onde nostalgique, nouvelle vague venue des plages chaudes et des jungles asphyxiantes, a déferlé sur l’Occident quand celui-ci avait perdu sa boussole. Elle lui a ouvert une échappatoire, un espace de liberté où l’esprit pourrait vagabonder sans concepts et garde-fous. La bossa est créatrice de souvenirs, elle est le point de convergence de tous les déshérités de la Terre. Les chanteurs à la voix de velours et à la candeur infernale ont aimé instantanément cette bossa. Elle mettait des notes sur leurs impressions fugaces, elle encapsulait les méandres de leur esprit par son envoûtement céleste. Sinatra invita un jour Jobim à la télé américaine et en fit une star internationale. En France, Moustaki, Nougaro, et tant d’autres ont puisé leur inspiration dans cette source lointaine et si proche finalement. Ils ont trouvé des fragments de communion dans ce Brésil, l’autre pays de la nostalgie avec notre hexagone fissuré. Sans l’entremise de Pierre Barouh, chasseur de trésors sonores, promeneur musical, curieux des accords et arrangements novateurs, la Samba n’aurait pas connu le même succès. En adaptant en langue française, la « Samba de Bênção » de Baden Powell et Vinícius de Moraes, Barouh fit de « Samba Saravah », la pièce maîtresse de la bande-originale du film « Un homme et une femme » de Claude Lelouch en 1966. Le musicien, producteur vénéré des Japonais, acteur, un temps marié à Anouk Aimée, fut notre initiateur ; les cinéphiles ont encore en mémoire cette entrée en matière : « Faire une samba sans tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle. Ce sont les propres paroles de Vinicius de Moraes, poète et diplomate, auteur de cette chanson et comme il le dit lui-même, le Blanc le plus noir du Brésil… ». Ces mots agissent comme des sésames. Barouh, le plus Brésilien des Français ira même tourner un documentaire en 1969 sur place qui vient d’être restauré récemment (Saravah disponible en DVD, VOD, etc.). Une immersion dans la musique populaire brésilienne à la confluence des rites et des riffs. Un voyage initiatique dont le guide inspiré est le guitariste Baden Powell. Ce documentaire artisanal et fécond donne envie d’aller plus loin dans cette contrée, notamment de rencontrer Vinícius (1913-1980), l’homme qui inventa la bossa et se maria à neuf reprises, éternel adolescent d’une bossa ensorceleuse et auteur d’Orfeu Negro. Il fut également le parolier de 400 chansons dont le standard « Garota de Ipanema » rendu célèbre par Stan Getz et Astrud Gilberto sous le titre « The Girl from Ipanema » mais aussi des classiques tels que « Chega de Saudade » ou « Agua de beber ». Pour approcher ce phénome, il faut lire Je te demande pardon pour t’aimer coup à coup aux éditions Seghers traduit du portugais par Jean-Georges Rueff. Dans ce recueil, on peut lire les poèmes de Vinícius et s’imprégner de son mysticisme sentimental : « Oh, la femme aimée est l’onde solitaire courant loin des plages ».

Je te demande pardon pour t’aimer tout à coup – Vinícius de Moraes – Éditions Seghers

Je te demande pardon pour t'aimer tout à coup: (édition bilingue)

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Saravah – documentaire – Pierre Barouh – Arizona Distribution

Saravah [Blu-Ray]

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Le voyeur

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Dans son dernier roman, Yves Ravey nous embarque dans une nouvelle aventure un peu glauque, et confirme tout son savoir-faire pour distiller au gré des pages des atmosphères pesantes dans ses récits.


Yves Ravey, au fil de ses romans, décrit des personnages ballotés par l’existence, lâches, écrasés par la condition humaine. L’intrigue, le plus souvent, se déploie dans un cadre spatio-temporel difficilement identifiable. Sa nouvelle histoire, la 19e, ne chamboule pas les règles romanesques suivies par l’auteur. Elle se déroule aux États-Unis, non loin de la frontière mexicaine, dans un lotissement composé de maisons et cabanes en bois couvertes de plaques de tôles, entourées de pelouses synthétiques. Il y a notamment la maison de Sally et Miko, puis celle de Samantha et Steve. Il y a également le Dusty’s bar pour boire quelques verres à la tombée des ombres, ainsi que la Blue Spoon River pour pêcher à la mouche – Yves Ravey est très précis sur le sujet. Le personnage principal, qui est aussi le narrateur, habite dans cette zone d’habitations sans âme.

Sexe utile

Il se nomme Barnett Trapp ; sa femme, Josefa, l’a quitté pour un professeur d’histoire, Spencer. Il a un fils, David, qu’il ne voit plus. Ses affaires ne sont guère florissantes : son entreprise d’ambulances ayant fait faillite, il vend des produits d’entretien à bas prix stockés dans l’entrepôt jouxtant sa maison. Cet ancien militaire enrôlé dans les forces spéciales en Irak, picole et ne parvient pas à s’extraire du marasme. Alors il épie ses voisins avec ses puissantes jumelles de montagne, en particulier Sally, qui passe ses journées au bord de sa piscine aux reflets bleutés. Le narrateur : « Ce qui me permettait de détailler, vu la qualité des lentilles et des objectifs, le grain de sa peau à hauteur, disons, du haut de son maillot de bain. » Il est le témoin du manège de grosses cylindrées escortant des camionnettes, la nuit, derrière la villa de Miko, mari de Sally, propriétaire d’une chaîne de blanchisseries. Il subodore un trafic qui rapporte davantage que le nettoyage de linge. Prudent, il se tait. Sa devise : « Voir sans être vu ».

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Un jour, Miko propose à Barnett de prendre un verre chez lui. « Ma femme sera ravie de vous accueillir », dit-il. Le piège se referme alors. Barnett et Sally finissent par devenir amants. Ce n’est pas le coup de foudre, plutôt le sexe utile. Sally propose à Barnett de braquer son mari. Elle lui révèle que son coffre-fort contient un demi-million de dollars. Leur plan va subir de nombreuses modifications mais tous les personnages du roman, de près ou de loin, vont être impliqués. Ce qui plaît à Sally, c’est surtout de tromper l’ennui et de fuir au Mexique. Ce qui motive Barnett, c’est de fuir avec le fric. L’atmosphère devient de plus en plus angoissante, le savoir-faire de l’écrivain agit et distille un doute dévastateur.

Manipulations

Avec Que du vent, Yves Ravey confirme sa technique narrative exigeante et efficace, avec notamment le discours direct enchâssé dans le récit, permettant ainsi d’introduire des informations et indices qui complètent le puzzle, et mènent à la résolution finale, souvent inattendue. Il convient, cependant, de ne pas se laisser manipuler par le narrateur.

Ne pas oublier, non plus, que nous sommes en présence d’êtres humains cupides et pusillanimes – la fin le prouve –, incapables de modifier leur destin de médiocres. Ils restent au seuil de la tragédie.

Yves Ravey, Que du vent, les Éditions de Minuit. 128 pages

Que du vent

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Metoo: il y en aura pour (vraiment) tout le monde !

La vedette de la chanson Slimane est à son tour accusée de harcèlement sexuel. Il y a un an, au Zénith de Saint-Etienne (42), il aurait plaqué contre un mur un technicien employé sur un de ses concerts du « Cupidon tour ». Ce dernier lui aurait alors dit qu’il ne mangeait pas de ce pain-là, puis a attendu presque un an avant de porter plainte contre le représentant français de l’année à l’Eurovision. Jusqu’à quand nos tribunaux se laisseront-ils encombrer par ces affaires un peu ridicules ?


Nous connaissions Cupidon, le dieu de l’amour, représenté par un ange muni d’un arc et dont les flèches déclenchent la passion amoureuse chez ceux qu’elles touchent au cœur. Nous connaissons désormais Slimane, le chanteur surnommé « le   Cupidon » qui enflamme les foules avec ses chansons d’amour pleines de bons sentiments et très populaires lors des mariages. Seulement, depuis quelques jours, nous découvrons que Slimane n’est peut-être pas toujours un chérubin et que ses flèches visent un peu trop bas… L’artiste est accusé de harcèlement sexuel envers un de ses anciens techniciens. Toujours à l’affût d’affaires scabreuses, la presse fait des gorges chaudes de ce fait divers dont nous ne devrions même pas être au courant. Mais, il faut vendre, et pour cela, rien de plus efficace que d’assouvir le voyeurisme des amateurs de presse à scandales.

Metoo : une justice à fiel ouvert

La même question se pose toujours dans ce genre de cas : avant même que la justice innocente ou condamne l’accusé, celui-ci subit déjà la pire des sanctions : celle de la mort sociale. Une personnalité médiatique mérite-t-elle un traitement d’exception dans les affaires judiciaires ? En bien comme en mal, certainement pas. En l’occurrence, Slimane, artiste populaire, se verra probablement refuser des participations à des concerts, à des concours, et à toutes sortes de grands événements artistiques. Et qu’importe si l’instruction de l’affaire dure des mois, voire des années… pour terminer par un non-lieu. Le mal est fait.

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Vous imaginez ce que peut représenter pour un chanteur de voir anéantis tous ses espoirs d’être sélectionné aux NRJ Music Awards ? Il y a une originalité : le plaignant étant un homme, les féministes ne pourront pas invoquer la faiblesse féminine face à l’homme prédateur. Outre le fait que la judiciarisation des rapports est excessive, la violation de la vie privée devient monnaie courante.

Je te croa

J’y vois, une fois de plus, l’américanisation de nos mœurs, pour le moins bon et pour le pire ! Si l’on s’en tient aux dires de l’avocat du plaignant, le harcèlement sexuel consistait en une étreinte non consentie à la fin d’une soirée arrosée après un concert de l’artiste, et en des textos à caractère pornographique. Le technicien ayant un contrat de travail, le Conseil des prud’hommes eût été plus indiqué afin de soulager les instances judiciaires déjà si encombrées. Coupable ou non coupable, la peine la plus sévère commence maintenant pour Slimane : subir l’opprobre. Pauvre Cupidon ! Il serait temps que Thémis et Athéna intervinssent pour raisonner la progéniture de Vénus et de Mars. Mais depuis quand la raison rime-t-elle avec la passion ?


Dernière publication : Au bal des facétieux (Une autre voix, 2024)

Canal plus, comme un air de campagne…

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Antoine de Caunes alias "Didier l'embrouille", sur le plateau de l'émission de Philippe Gildas. DR.

Monsieur Nostalgie se souvient du lancement de Canal Plus, il y a, jour pour jour, 40 ans. À l’origine, le canal 4 n’était pas cette chaîne critiquée comme trop « parisienne » par la suite, révèle-t-il.


Le logo de la chaine de 1984 à 1995.

Les historiens s’écharpent sur le point de bascule. À partir de quand, « l’esprit Canal » insufflé par Alain De Greef, tête chercheuse du PAF, est retombé comme un soufflé au fromage. Un jour, il n’a plus fait rire. Il a même commencé à sacrément agacer par son impunité médiatique et son insolence moralisatrice. Il s’est mué en un arbitre du bon goût et en baromètre d’une liberté d’expression à sens unique. De la maison de toutes les audaces au grand gloubi-boulga globalisé. Tout ça semble si loin, aujourd’hui, l’irrévérence et le ricanement ont fait leur temps, et n’amusent plus que quelques passéistes à bandes molletières.

Un 4 novembre 1984…

Notre pays a traversé une crise d’identité et une perte totale de ses repères en quarante ans. La France a tourné le dos au second degré. L’humour segmenté est devenu un nouveau casernement de la pensée. Il est communautaire et parcellaire. On ne rit plus ensemble mais contre quelqu’un. Si « l’esprit Canal » s’est dilué dans une mondialisation faussement émancipatrice, nous n’oublierons pas ses débuts, en novembre 1984. Nous avions dix ans au lancement de la première chaîne payante qui inventait le décodeur et le porno à domicile, le foot par abonnement et les nouveautés cinéma dans son canapé. Dans les campagnes, un réseau parallèle de décodeurs bricolés au fer à souder dans les garages florissait et le film interdit au moins de 18 ans du samedi soir motivait l’ingéniosité des adolescents en rut. De la passoire aux spasmes cathodiques, la pamoison ne tenait qu’à un fil d’antenne. Pour la première fois, nous avions accès au basket américain et aux matchs de boxe en direct. Et les programmes en clair auront été le meilleur produit d’appel pour débourser 120 francs par mois. Ne croyez pas que Canal était parisienne et élitiste ; au contraire, à son origine, elle était provinciale et populaire. Après quelques ajustements marketing, les responsables commerciaux ont compris que le salut de la chaîne passerait par les départements et les sous-préfectures, et non les CSP ++ comme on les apprenait au lycée en cours de sciences économiques. Ce sont les classes moyennes qui l’ont adoptée et ont adhéré à son projet potache.

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Secrets d’histoire

Je vous révèle aujourd’hui une vérité longtemps cachée par les salisseurs de mémoire. Canal Plus a été créée par des berrichons. Sans le Berry, point de Mademoiselle Agnès, de Didier L’embrouille, de gadgets foireux de Bonaldi ou de la Maxi-Tête de Sophie Favier. Aux manettes de ce canal historique, on retrouve la fine fleur des hommes du Centre de la France, du Cher et de l’Indre, Michel Denisot en monsieur loyal castelroussin, pas encore patron de la « Berrichonne » accompagné par un Gérard Depardieu parrain de l’événement qui, pour l’occasion, était venu faire la promotion de Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti le 31 octobre, soit quelques jours avant la mise en orbite de la 4ème chaîne. Sans oublier, la présence tutélaire de Philippe Gildas qui ne vient pas de nulle part. Le journaliste s’est toujours senti breton mais a passé toute son enfance à Bourges, à l’ombre la cathédrale Saint-Etienne. Et que dire enfin d’André Rousselet, le grand manitou de Canal Plus, taximan de Mitterrand, qui avait des attaches anciennes avec l’Indre, ne fut-il pas sous-préfet à Issoudun en 1953 ? Simone Veil, dont le mari était en stage à la préfecture de Châteauroux, a raconté leur escapade chez les antiquaires de la région quand les hauts fonctionnaires n’étaient pas accablés par une charge de travail excessive et des émeutes urbaines éruptives. Nos confrères de La Nouvelle République rapportaient les propos de Simone, en 2016 qui s’amusait de cette douce léthargie : « Drôle d’époque où les hauts fonctionnaires de la République bénéficiaient de temps libre ! ».

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Alors, même si on est parfois sévère avec les dérives modeuses et affranchies d’une chaîne qui s’est voulue prescriptrice et guide spirituelle de toute une génération, la première décennie de son existence nous ramène au temps des doudounes Chevignon et des jeans Liberto, du Top 50 à 18h45 et de Jean-Claude Bouttier nous initiant au noble art. Une époque où Marc Toesca annonçait à la France médusée que Peter et Sloane et Cookie Dingler étaient devant Scorpions et Stevie Wonder au classement des 45 tours n’est pas totalement mauvaise, et cette parenthèse enchantée où Sardou chantait les deux écoles et Isabelle se noyait dans son pull marine nous ramène dans les limbes. En ce jour anniversaire, je veux avoir une pensée et verser une larme pour Martine Mauléon disparue en 2003 qui nous parlait déjà de la crise de l’emploi et tentait de « réindustrialiser » nos campagnes.

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Poitiers, Rennes, Marseille… la France orange mécanique!

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Quartiers nord de Marseille, 2020 © Lionel Urman/IPA/SIPA

Mexicanisation? Narco-Etat? La France est-elle en train de basculer ? Face aux innombrables fusillades liées au trafic de drogue (impliquant souvent des mineurs), de belles âmes s’emploient à minimiser l’effroi ressenti par les Français. Elles dénoncent avec gourmandise des inexactitudes dans les propos du ministre de l’Intérieur quant aux échauffourées survenues à Poitiers, ou comparent le nombre de victimes avec celui des morts liées au narcotrafic au Mexique. L’analyse de Céline Pina.


Dimanche, à minuit 59, la page d’accueil du Monde avait des airs d’Ici Paris : les quatre premières informations portaient toutes sur des faits divers sanglants ou des violences urbaines. L’un n’excluant pas l’autre. A Rennes, c’est le décès d’un homme de 20 ans tué à coups de couteaux qui faisait l’actualité pendant que l’on annonçait à Poitiers la mort d’un adolescent lors d’une fusillade. Laquelle faisait écho à une autre fusillade, à Valence cette fois-ci, ayant entrainé également la mort d’un homme. Le journal annonçait aussi que neuf interpellations après des violences urbaines avaient eu lieu dans la banlieue de Lyon.

Douce France

Bienvenue dans la douce France et ses belles provinces, elle tend à se transformer en « vous rentrez à OK Corral à vos risques et périls ». Cette accumulation de faits divers constitue un fait de société car ils marquent une évolution tragique : une explosion de la violence dont les politiques déplorent les effets sans jamais s’attaquer aux causes. Pourquoi ? Parce que les causes sont en train d’échapper à tout contrôle faute d’avoir accepté de regarder en face la situation. Parce que le trafic s’appuie sur des maux bien connus et n’est pas sans lien avec les questions du communautarisme, d’immigration incontrôlée, d’absence de contrôle des frontières. Et ce qui est merveilleux, c’est que le déni ne faiblit pas à gauche, laquelle concentre ses flèches sur le seul homme qui paraisse regarder en face la situation, Bruno Retailleau.

Quand Bruno Retailleau parle de mexicanisation, il ne fait pourtant que reprendre le discours et un certain nombre d’alarmes qu’avaient tiré depuis longtemps les spécialistes de ces questions. L’Europe est une cible essentielle pour le marché de la drogue : les contrôles y sont quasiment absents et il existe toute une piétaille (jeunes des cités, mineurs isolés, clandestins) qui sont la chair à canon du trafic. Ils sont interchangeables, n’ont aucune importance aux yeux de leurs employeurs et surtout sont exploitables à merci car les juges rechignent à les punir, achevant ici leur abandon par la société. Ce trafic s’ancre dans des territoires précis et est d’autant plus difficile à combattre qu’il crée un écosystème, une contre-société dans les mêmes lieux qui sont déjà des territoires perdus de la République. Barbus et trafiquants s’entendent en effet très bien. Les principaux producteurs de drogue ayant des liens avec l’islam radical, ou émanent des narco-états comme l’Iran par exemple. Les deux œuvrant chacun dans leur genre à la déstabilisation politique.

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L’explosion du trafic de drogue et des violences qui lui sont liées, le fait que cette gangrène se répande à une vitesse folle dans le périurbain est le résultat de politiques à la Gribouille dont tout le monde pouvait prévoir l’échec. Avoir réparti les migrants sur le territoire et envoyé un certain nombre de population ni intégrées ni intégrables en province a eu des conséquences dramatiques : les différents gouvernements Macron ont répandu dans la France entière des personnes en total décalage culturel et ne bénéficiant d’aucune prise en charge efficace, parce que trop nombreux et pesant sur des territoires dans lesquels le service public a disparu ou est exsangue. Ce phénomène a entrainé la mise à disposition pour des mafias en plein développement, d’un personnel taillable et corvéable à merci. Cela a ouvert de nouveaux marchés au trafic. Les violences constatées n’ont donc rien d’étonnant.

Les habitants des zones périurbaines supportaient l’abandon par l’Etat et la médiocrité des services publics, mais y restaient au nom de la tranquillité qu’ils trouvaient. Au moins échappaient-ils à l’OK Corral permanent que leur semblait devenir la région parisienne… Ils n’ont même plus cela, alors qu’aucun espoir de redressement des services publics n’est en vue.

Petites mains

Second point à relever : le trafic de drogue repose en partie sur l’exploitation des mineurs. Utiles pour surveiller les points de deal, faire le guet, ou jouer les nervis voire les tueurs à gage pour les plus abîmés. En refusant de lever l’excuse de minorité et de dispenser des sanctions fortes, la Justice cautionne les raisonnements des trafiquants : utiliser le plus possible de mineurs pour leur faire prendre un maximum de risques en leur expliquant qu’ils ne craignent rien ou très peu par rapport aux adultes. L’excuse de minorité devient alors une malédiction et non une protection : enfants et adolescents sont ciblés par les trafiquants pour servir de petites mains. En refusant d’ouvrir les yeux sur les conséquences dramatiques d’une mansuétude coupable, une partie de la Justice participe par son laxisme au développement du trafic et aux effets délétères d’un recrutement qui cible les plus fragiles. Qui veut faire l’ange fait la bête se vérifie une fois de plus. Mais, apparemment, se laver les mains de sa responsabilité à l’égard d’enfants, pour se glorifier de ne pas les traiter comme des adultes quand cela signifie en réalité les abandonner à leur sort, doit être vu comme une preuve de vertu chez les juges…

Autre difficulté pour lutter contre la violence des narcotrafiquants : le déni de la classe politique, la gauche et notamment LFI en tête. Première étape : comparer la situation actuelle du Mexique et celle de la France pour expliquer que, franchement, on en est encore loin donc qu’il est urgent de ne pas agir et de ne rien faire. Sauf que chez les spécialistes de la question, on parle aujourd’hui de tsunami blanc pour évoquer l’explosion de violence que génère le trafic de drogue. On le mesure en voyant l’importance des saisies. A Anvers, un des points principaux d’arrivée de la drogue sur notre continent, sur les 238 millions de tonnes de marchandises déchargées en 2020, seul 1% des containers est contrôlé. Et c’est la même histoire dans la plupart des ports européens. Notamment au Havre. Des aubaines pour inonder l’Europe d’autant plus grandes que sur cet aspect des contrôles à l’entrée, aucune annonce n’apparait bien convaincante ; on parle de scanner à l’entrée, de redéployer 23 douaniers au Havre, mais derrière ces annonces assez faibles, il n’y a aucun objectif. Et il est clair que passer de 1% de containers contrôlés à 2 ou 3% ne changera guère la donne.

Déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille, 19 mars 2024 © Christophe Ena/AP/SIPA

On a eu une nouvelle preuve du déni qui frappe beaucoup de monde avec la polémique stérile lancée par Manuel Bompard à la suite les dramatiques évènements de Poitiers. Le député lfiste accuse Bruno Retailleau de mensonge. Il n’y aurait pas eu de rixe impliquant des centaines de personnes, juste une expédition punitive rassemblant une soixantaine de jeunes. Outre que le déroulé de cette soirée sordide n’est pas complètement connu, le député montre ici sa totale déconnection du terrain. Pour les habitants des villes petites et moyennes, ce point-là n’est qu’un détail. Ce qu’ils ont en revanche bien compris, c’est que ceux qui ont fait du 93 un département repoussoir sont en train de s’installer chez eux et reprennent les mêmes fonctionnements qui ont fait de la Seine-Saint-Denis un département où on ne vit pas par choix dans de nombreuses villes.

2024 : la France bascule ?

C’est ce refus obstiné d’ouvrir les yeux sur une bascule, selon certains déjà réalisée, qui ici alerte. Cela explique surtout pourquoi, en l’absence de doctrine partagée, les pouvoirs publics n’agissent pas efficacement : toute intervention et utilisation de la force déclenche des polémiques sans fins alors que des enquêtes sont toujours menées pour en vérifier le bon usage.

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A l’autre bout de la chaine, là où les décisions pourraient donner des résultats rapides, pas grand-chose n’est fait non plus. On l’a vu, l’excuse de minorité est devenue le moyen d’étoffer rapidement un CV d’homme de main, une activité que l’on peut commencer dès 10 ans. On peut même multiplier les expériences et améliorer ses qualifications sans jamais avoir fait un tour en prison. Grâce à la procédure d’effacement des condamnations, on peut même blanchir son casier judiciaire ensuite. Sans compter qu’en France une peine prononcée est rarement effectuée. Souvent le détenu est libéré quand il n’en a fait que la moitié. De la même façon, notre pays est d’une naïveté confondante. Savez-vous que chez nous, pour que les biens d’un trafiquant soit saisi, il faut que l’Etat apporte la preuve de l’origine frauduleuse des fonds ? Comme seul l’argent compte pour ces gens, qu’ils soient hommes de main, petits ou gros trafiquants, c’est au portefeuille qu’il faut frapper. En Italie, si la personne ne peut apporter la preuve de la traçabilité de son argent, tous ses biens peuvent être saisis.

Dernier point : supprimer les aides sociales et l’accès au logement social aux familles de trafiquants permettrait d’envoyer un message fort à tous ceux qui sont tentés de basculer dans cette activité, en plus d’assainir le territoire. Les conséquences du basculement dans la délinquance ne seraient plus hypothétiques et lointaines mais rapides, et elles couperaient les dealers de leur environnement.

Enfin, rien ne changera tant que les pouvoirs publics se comporteront en mater dolorosa et non en figure paternelle posant des limites. On le voit dans la polémique stérile à propos des jeunes victimes. Sont-ils des innocentes victimes, des dégâts collatéraux, ou ont-ils été ciblés car ils prenaient part aux trafics ? Que leurs mères clament leur innocence est normal, et une enquête doit être menée, mais que la question des liens entre victimes de fusillades et trafic puisse se poser est légitime au regard de nos connaissances sur le sujet – et n’est pas une preuve de racisme ou de mépris social.

Ce qui vient de se passer à Poitiers et la polémique stérile que tente de lancer LFI nous indique une chose : les choses ne sont pas prêtes de changer et pour de basses raisons politiciennes, une partie de la gauche est en train de regarder des territoires tomber, sans même un geste ou une pensée pour des habitants relégués aux confins des préoccupations parisiennes. Elle est même prête à tout pour faire échouer l’un des rares ministres qui prend le problème à bras-le-corps. Son idéologie vaut tellement plus que la vie de vos enfants.

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Dans la guerre contre le narcotrafic, il nous faut un Etat de droit moins chichiteux

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En déplacement à Rennes, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis de gagner le combat contre la drogue © SYSPEO/SIPA

Alors que les règlements de compte sanglants se multiplient sur le territoire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sonne la mobilisation générale contre la mexicanisation de la France. La guerre contre la drogue aura-t-elle enfin lieu ?


Il faut faire attention à l’usure des mots. On déclare des guerres tous les quatre matins ­– contre le séparatisme islamiste, contre la drogue, contre les violences faites aux femmes, par exemple. La seule guerre qu’on ait vraiment gagné dernièrement, c’est quand l’ennemi s’est éteint tout seul (je parle du Covid)…

Le bad trip français

Cependant, saluons déjà une chose : la prise de conscience semble réelle, même si comme pour l’islamisme il est sans doute trop tard. M. Retailleau parle de narco-racailles, chacun se rue sur le rapport du Sénat qui évoquait le risque de narco-étatisation. Dans Le Figaro, David Lisnard pointe le lien entre l’ultra-violence et une immigration hors de contrôle, et dénonce nos lâchetés et tous nos renoncements.

Il faut dire que le problème ne touche plus seulement Marseille ou la banlieue parisienne. Poitiers, Rennes, Valence, Grenoble ou Nîmes sont des villes sans cesse à la une des journaux pour les règlements de comptes, les fusillades ou les véritables batailles rangées (comme à Poitiers) qui s’y produisent. Il devient impossible d’y échapper. Les villes de gauche, avec leurs maires angéliques comme Eric Piolle (Grenoble) et leurs polices désarmées sont très touchées : dire que c’est la faute à CNews devient donc un peu court comme explication…

Peut-on gagner cette guerre ?

Le pire, c’est la politique du verbe. La Cour des comptes nous a ainsi révélé le scandale de « Marseille en grand ». En 2021, roulement de tambours et baguette magique : l’exécutif nous annonçait 5 milliards d’investissements. Résultat : 1,3% dépensés seulement à ce jour. L’ancienne minsitre Sabrina Agresti-Roubache, responsable du projet, se défend en disant que c’est l’État de droit, qu’il y a des appels d’offre, des procédures etc. Pour les Jeux Olympiques, on a pourtant bien réussi à les accélérer, ces procédures… Nicolas Baverez dénonce de son côté un amateurisme politique. Il n’y a eu aucune étude préalable, pas de liste d’objectifs mais juste une parole thaumaturgique du président de la République. Résultat : nada.

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Certains pensent que la solution-miracle consiste à frapper le consommateur (pas de demande/pas d’offre). Oui, mais on ne peut pas enfermer tous les fumeurs de joint. La prohibition comme seule politique ne marche jamais. Cela dit, la légalisation n’est pas non plus une panacée. En réalité, il faut hiérarchiser les combats, et arrêter de dire qu’on peut gagner cette guerre en une semaine.

La France en shoot libre

Faut-il recourir à l’armée ? Techniquement, elle peut sans doute aider à la sécurisation de certains endroits. Mais son rôle est-il d’exercer la violence contre un ennemi intérieur ?

Peut-on gagner? Au sens de la reddition et de l’armistice, évidemment non. Il s’agit d’une guerre sans fin contre un ennemi à mille têtes. Mais on peut remporter des victoires.

Aujourd’hui, face à des trafiquants surarmés et ultra-violents, l’Etat, avec ses règles ultra-contraignantes, sa disette budgétaire et son entêtement à comprendre les pauvres petits délinquants, ne fait pas le poids. Il faut des compétences pointues, des juges spécialisés, protégés éventuellement, et une volonté de fer. Donc, un Etat de droit moins chichiteux sur les droits des voyous et implacable pour défendre celui des honnêtes citoyens de rentrer chez eux sans prendre une balle perdue.

Nous exprimons notre stupéfaction et notre inquiétude face à la décision de Sciences-po Strasbourg

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Paris, mai 2024 © sevgi/SIPA

L’école a suspendu son partenariat avec une université israélienne


Ce mardi 29 octobre, la direction de Sciences Po Strasbourg a entériné la fin de son partenariat avec l’université Reichman d’Herzliya, Israël, à la suite d’une motion présentée par des étudiants au conseil d’administration de juin dernier. La direction, bien que s’affichant aujourd’hui opposée à ce texte, n’a pas su empêcher son exécution et a tenté de cacher cette décision votée le 25 juin, à une très courte majorité et avec un tiers des administrateurs n’ayant pas pris part au vote.

Nous exprimons notre incompréhension, notre stupéfaction et notre inquiétude face à cette décision inédite.

C’est la première fois qu’une université française suspend un partenariat avec une université israélienne, et ce alors que la France connait une vague d’antisémitisme sans précédent, les actes antisémites ayant crû de 300% en un an, et ce alors qu’Israël a subi, il y a un an, le plus grand pogrom depuis la Shoah avec 1 200 morts et 251 civils et soldats pris en otage. Aujourd’hui, 97 otages sont toujours entre les mains des terroristes islamistes du Hamas, des citoyens français sont harcelés, agressés et violés sous prétexte de défense de la cause palestinienne. C’est intolérable.

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Le déchainement antisémite n’a pas épargné nos universités, Sciences Po Strasbourg ne fait pas exception à la règle, des blocages conséquents ayant touché l’IEP en avril dernier et ce avec l’aval de représentants politiques. Durant ces blocages, nombre de manifestants ont diffusé l’idée d’un arrêt de tous les partenariats de l’université avec les établissements d’enseignement israéliens. Nous craignons que cette décision néfaste ne fasse que conforter l’impunité d’étudiants se livrant à la propagation de la haine antisémite sous couvert de solidarité avec les peuples palestiniens. Nous regrettons que cette décision se fasse au détriment des étudiants israéliens et français qui ne pourront plus accéder à ces échanges et découvrir les cultures israéliennes et françaises pour renforcer l’amitié entre nos deux peuples.

Nous, étudiants, enseignants, élus et citoyens engagés contre l’antisémitisme, demandons à la direction de Sciences Po Strasbourg :

  • De revenir sur la décision d’arrêt du partenariat avec l’université Reichman par le biais de la renégociation d’un accord et sa présentation au prochain Conseil d’Administration.
  • De s’engager à ce que les autres partenariats avec les universités israéliennes soient maintenus.
  • De prendre des sanctions fermes et rapides contre tous les étudiants et personnels tenant des propos antisémites.

Signataires :

Aurélien Gillet, Membre du Conseil d’Administration de Sciences Po Strasbourg (2021-2023)

Nathalie Beizermann, Vice-présidente nationale du Crif

Ariel Goldmann, avocat et président du FSJU et de la Fondation du Judaïsme français

Philippe Meyer, Président du B’nai B’rith France

Nathalie Riu-Guez, présidente Wizo France

Maxime Loth, Responsable Printemps Républicain Sciences Po Paris

Arlette Zilberg, porte-parole du réseau féministe universaliste Les CitadElles

Nadine Herrati, adjointe au maire écologiste de Gentilly

Frédérique Calandra, citoyenne

Ari Sebag, secrétaire général de la LICRA

Céline Pina, journaliste

Florence Bergeaud-Blacker, CNRS

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Patrick Karam, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France

Pierre-Christophe Baguet, Maire de Boulogne-Billancourt

Ariel Weil, maire de Paris Centre

Karen Taieb

Aline Bessis, Maire-adjointe du XVIIème arrondissement de Paris, Conseillère métropolitaine

Aurélie Assouline, Adjointe au Maire Paris 17e & Présidente du collectif 7 octobre

Raphaël Farhi

Samuel Athlan, entrepreneur formateur et auteur

Marie Robineaud, étudiante à Sciences Po en première année sur le campus de Paris

Lydia Zeroug, militante LICRA et Printemps Républicain

Ruben Moos, étudiant à l’université de Strasbourg

Arié Amzallag, étudiant, UEJF

Tsiporah Fried, Ministère des armées, ancienne de Sciences Po Strasbourg

Christophe De Voogd, professeur affilié, Sciences Po Paris

Nadine Sonsino

Floriane Gouget, Printemps Républicain

Yaël Teissier Leivant

Samuel Nahon

David Hania, Docteur en énergétique

Muriel Rojas Zamudio, psychanalyste

Delphine Dobin, professeure d’anglais

Valérie Rosen Sarfati

Murielle Devillers, retraitée

Yves Braka

Danielle Saffar

Philipp Huth

Juan Gabriel Mercado

Joëlle Da Rocha

Melvin Moine, étudiant

Delphine Lancel, DG Groupe RH&M

Muriel Chochois

Yves Trauger, Photographe et élu local

Joël Meyer

Sabrina Ktorza

Nathalie Melamed

Y. A.

Judith Lazarovich, professeur retraitée, Toronto (Canada)

Jean-François Verdiere, retraité, ex-enseignant en architecture

Boubacar Barry

Dominique Piot

Yves Silber, Docteur en médecine

Elisabeth Maassen, citoyenne

Bernard Melloul, professeur agrégé

Olivier Boisson

Romane Toledano, Université Paris I Panthéon Sorbonne

Cyrille Roze

Valérie Kalifa

Karina Guenanff, enseignante

Christine Domanchin

Etienne Carillon

Jocelyne Urrea-Mechali

Michel Brachet

Danièle Nousse, institutrice retraitée

Gabrielle Muckenhirn

Jacques Dewaele, citoyen universaliste et laïque

Catherine Robert, guerrière de la paix

Véronique Dauvergne

Sophie Brian

Caroline Jaeger, simple citoyenne refusant toute forme de discrimination

Lydie Burillo, membre de l’association TOUS 7 OCTOBRE en charge des réseaux sociaux

Valérie Assayag, TOUS 7 OCTOBRE

Melinda Cohen

Jérôme Rigaudias

Violette Levy

Sandra Vic

Corinne Dromer

Hagay Sobol, Professeur des universités, AMU

Elizabeth de Pemille

Sandra Korber, rédactrice

Marie Cheul, retraitée

Myriam Iglicki, podologue

Avi Uzan, médecin

Michel Louis Lévy, démographe, administrateur INSEE, Diplômé Sciences Po Paris 1962, conférencier à Strasbourg 2 dans les années 1980/90

Nadine Zagury

Jessica Choukroun, Enseignant-chercheur, Nice

Sandra Freidman

Norbert Amsellem, sociologue, INSERM

Hélène Bouniol

Ronit Goldstein

Daphné Chancelier, Unité laïque

Thierry Fritih

Joséphine Kazan

Jean O.

Olivier Burel

Déborah Rochette, parent citoyen

Olivia Fdida, citoyenne

Jean-François Brin, gérant

Christine Jean

Annick De La Rue

Matthieu Nogues, citoyen

Georgiana Khoi

Claude Zerbib, assistante manager

Sandrine Malem, psychanalyste

Sybille Pierru, Les CitadElles

Ariane Schuman Dreyfus, avocate

Anne Camus, citoyenne française

Gaëtan Louche 

Shapira Tamar, Gordon Academic College, Haifa, Israël

Claire Michaud, enseignante

Salomé Floriant, étudiante en 3A à Sciences Po Strasbourg

Ludovic Oriola, fonctionnaire

Bruno Jofa, architecte

Guy Fabre, citoyen français

Alain Fuchs

Antoine Durivault

Paul Monier, psychiatre

Anne Mariotti, membre du réseau jeunes de la LICRA

Sophie Papillon

Nathalie Bonhoure

Christophe Nagyos, membre du bureau du CRIF Alsace

Alexandra Blanchard de la Brosse, professeur

C. R.

Frédéric Pain

Serge Pitter, directeur de centre de profits, Fribourg, Suisse

Benjamin Bruno, président d’honneur du Crif Marseille Provence

Allais Lorédane, citoyenne solidaire d’Israël

Bernard Musicant

Perez Elbaz

Joshua Elbez, étudiant, Neoma Business School

Damian Saura

Salomé Gullula

Lauryn Abikhzer, Présidente de l’association Alliance Côte d’Azur

Jacques Attal, ancien président du CCJBB

Benjamin Meimoun, Alliance

Ethan Spiero

Roger Fajnzylberg, ancien membre du bureau national de l’UNEF, CD FSJU

David Botton

Kevin Revah

Guy Allouche

Stéphanie Mirwasser, chargée de mission DG FSJU

Muriel Devillers, retraitée

Andie Karcenty, Présidente d’Alliance Panthéon-Sorbonne

Benjamin Teszner

Claude Czechowski, universitaire

Dorothy Benichou Katz, Vice-présidente de la Grande Synagogue de la Victoire de Paris

Gérard Garçon

Marie-Laure Cohen, membre du comité directeur du FSJU

Carine Elgrably

Francis Bloch

Audrey Cohen

Philippe Coriat, associé, Deloitte

Corinne Lafitte, directrice groupe scolaire RamBam Maimonide

Jean-Stéphane Gourévitch

Stéphane Hassoun

Mendy Mottal, directeur Cteen France

Jean-Charles Attal

Chloé Freoa

Elie Ebidia, chef d’établissement Lucien de Hirsch

Elie-Emmanuel Levinas, FSJU

Jessica Habib

Corinne Elberg, Présidente Centre culturel juif de Grenoble

Jean Rozenberg

Michel Benhamou, expert-comptable

Alexandra Barouch, FSJU

Lionel Sebban, élu national du FSJU

Shirel Aouizerat, présidente de l’UEJF Paris 1

Jacques Jacubert, Président d’honneur du B’nai B’rith France

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

David Elkrieff, étudiant

Jérôme Rubinstein

Rebecca Taieb

Mazal Benarous

Sandra Ifrah, FSJU

Pierre-Samuel Guedj, conseiller en Droits humains

Lucas Balthazard, étudiant

Gad Amar, Rabbin et enseignant

Serge Vatine

Caroline Heymann

Sophie Attali, avocate

Daniel Dubreuil, Directeur général du groupe scolaire Yavné Marseille

Linda Zoubir

Patricia Hauzi, juriste

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Jacques Silderberg

Laurent Mamou

Philippe Peres, chef d’entreprise

Olivier Hoffman

Sophie Achesse

Annie Cohen, avocate, vice-présidente All With Us – Tous avec nous

Jocelyne Arditti

Marianne Coen, psychiatre

Ethan

Olivier Ladregarde, avocat

Jean-Luc Scemama, Président ECAI

Lionel Stora, président régional du FSJU

Hélène Serfaty

Pierre Bellaloum

Patricia Ederhy, coordinatrice d’évènements

Louise Cohen 

Laurence Besserat

Pr. Micheline Misrahi, faculté de médecine Paris Saclay

Daniel Yaghil

Jean-Jacques Zenou, président Radio JM

Regis Folbaum

Alberto Gabai, Membre du CD, Crif

David Aharfi, coordinateur accueil de loisirs

Olivier Safar

JM Fitoussi, Directeur Groupe Progress

Patrice Deidda

Paulette Benhaim

Géraldine Le Bris

Jocelyne Allouche, Présidente coopération féminine Marseille

Elsa de Boissieu

Yael Yermia

Dr. Fernand Zerbib, Président du FARBAND-Union des Sociétés Juives de France

Jo Murciano

Philippe Goetzmann, Président BCP Conseil & Investissement, ancien élève de Sciences Po Strasbourg, section Ecofi

Michele Sitbon, membre du conseil national du FSJU

Laurence Danand, Responsable Ressources Humaines, Paris

Serge Coen, universitaire retraité, UAPV

Gisèle Taubert, BBF

Dr. Sylvie Sebahoun, B’nai B’rith

Liliane Nadjar, retraitée de l’éducation nationale

Alain Hirschler de père, René HIRSCHLER, et mère, Simone, tous deux Résistants, morts en déportation et déclarés, à titre posthume, Morts pour la France

Martine Boccara

Soly Lévy, FSJU

Daniel Elalouf, Président du bureau exécutif, FSJU

Ari Hodara, ingénieur commercial

Michel Sarfati

Marc Maidenberg, chirurgien

Jérémie Lasry, ingénieur, père de 2 enfants

Yaïche Esther Mynra, prothésiste ongulaire

Eva Dieudonné

Alix Danand

Barbara Van Eeckhout

Nicole Gauche

Marie-Anne Layani

Gilles Nacache, Vice-Président Crif Toulouse-Occitanie

Laurence Ouaknine

Richard Toper

Rosy Brakha, enseignante

Gilbert Meroudi, expert-comptable Think Tank CAP

Clémentine Sloma, B’nai B’rith Kinereth

Hugues Le Mener

Elisabeth Sabbagh

Reynald Astier, Vice-Président FSJU Lyon et président du CASIL

Andrée Elkaïm, B’nai B’rith

Claire Rubinstein, docteur en histoire, président de la commission nationale culture du B’nai B’rith

Elodie Saiag, FSJU

Robert Levy

Martine Plainchamp

Anne Broches, diplômée 1983

Serge Dahan, Vice Président du Crif

Gérard Panczer, PR Université de Lyon

Pierre Attia

William Zerbib

Michel Danon

Sidney Perez

Pauline Brun

Guy Sapriel, Psychiatre, psychanalyste

Valérie Hélène Toutain

Simon Levy

Line Levy

Paule Charbit Dahan, médecin

Jacques Dahan, DGA
Nicole Cohen-Addad, ancienne cheffe de service, unité néonatale de soins intensifs, The Brooklyn Hospital, Brooklyn, NY, USA

Eric Lovisolo, CFO Groupe Printems  CCFI

Marianne Rode

Gérard Fitoussi, médecin

Sophie Bensaid

Pierre Sonigo

Martine Cohen

Lisette Hazan, VPR B’nai B’rith

Sylvie Séror

Sophie Samama, chirurgien-dentiste

Michelle Saada

Marc Attar, professeur

Gabrielle Bloch

Audrey Beaumont

Estelle Tzinmann, ICJW

José Marin, CFDT

Katia Kanter, orthophoniste

Karine Sabah

William Ouaki, B’nai B’rith France

Corinne Benyayer, B’nai B’rith France

Isabelle Habib, présidente de la loge Michel de Montaigne B’nai B’rit Bordeaux

Jean-Jacques Rosenkrantz

Bertrand Asseo, gérant de sociétés, Bordeaux

Florence Fitoussi, responsable d’association

Laurence Bar

Alain Fournioux, B’nai B’rith Marseille

Betty Bouchoucha

Frida Zeitouni, présidente de la loge Bialik du BBF

Sophie Chomand

Thierry Touboul

Beky Twining

Sylviane Urvicz, retraitée

Georges Urvicz, Ingénieur civil Mines ParisTech

Marjorie Yerushalmi

Pascal Bécache, dirigeant TPE
Valérie Szwarcbart

Pierre Lasry, chef d’entreprise, fondateur dirigeant de l’Agence LSP

Josiane Arnal, retraitée

Mercedes Barchilon

Jeanne Bensoussan

David Revcolevschi, avocat au barreau de Paris

Francesca Tramontini, professeur

J. Israël

Maïté Coppey, Elerite Inserm

Laetitia Levy Blondeau, Formatrice et Consultante

Patrick Ittah, consultant

Bianva Enos

Claudine Dorfmann

Emmanuelle Choukroun

Raphaël Israël

Vanessa Benhamou

Laurence Temime, Chef de Choeur

Karine Israël, consultante orientation professionnelle et scolaire

Yael Kabla

Paula Lalou, expert-comptable

Frédéric Le Jehan

Gisele Elfassy

Pierre Patrick MKDE

Marc Szulewicz

Gabrielle Bloch

Martine Kahn, professeur

Yvette Fride

Francis Gutmann

Bernard Jung

Valerie Alalouf Kornreich

Laurence Spritzer, enseignante

Laetitia Lévy

Deborah Allouche, conseillère en orientation et cadre dans une grande entreprise française

Aksil Yafelman

Olivia Journeaux, citoyenne

Jean Kespi

Yves Silber, médecin

Julie Danlos, contrôleur aérien

Evelyne Lellouche, retraitée

Valérie Machting

Eliane Clifit, Wizo

Serge Vatine, avocat

Maurice Halioua

Tally Gozlan

Laura Janszen

Bernard Zaoui, conseiller municipal de Combs-la-Ville délégué au renforcement de la citoyenneté à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et au développement des relations internationales

Caroline Bozou, enseignant chercheur Paris 1

Ouriel Ohayon, HEC 1996

Jean Alvarez, enseignant

Martial Attalli, juriste

Frédérique Odasso, journaliste

Eli Uzan

Nicole Agou  professeur histoire-géographie, Présidente de ARES association pour la Recherche et l’enseignement de la shoah

Meryll Edery

Michèle Levy-Amar

Ariane Zenker

Joël Meyer, particulier

Bernard Carayon, ancien député, avocat

Pascal Markowicz

Bernard Gahnassia

Géraldine Bunan

Sandra Bourguignon

Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif, Président d’honneur de la communauté juive de Boulogne-Billancourt

Albert Karl, professeur INSA Lyon

Caroline Berdugo

Joy Jaoui, Women United for Peace

Samantha Taieb

Cécile Hazab

Gisèle Hivert-Messeca

Colette Busidan, auteur, conférencière

Madeleine Ghertman, retraitée

Claudette Eleini, avocate

Constance Grodner, entrepreneur

Michele Hoch

Eden Yaïche, étudiante à l’université Reichman et présidente d’honneur de l’UEJF Marseille

Katty Rotjam

Johanna Sellam

Myriam Szerman

Véronique Levy

Fabrice Durandy, citoyen de la République française

Caroline Corchia, Women United for peace

Mathis Puyo, étudiant à Sciences Po Strasbourg

Michele Benzeno

Nicolas Topiol

Dorothée Mani

Marie-Pierre Benitah

Fabienne Amson

Liz Maruani

Nicole Verger

Caroline Ayache

Laurette Royer

Emmanuelle Karo, Vice Présidente AURA du B’nai B’rith France

Théo Muller, ancien étudiant de l’IEP de Strasbourg

Valerie Kensey

Aurélien Bernheim, Co-fondateur du MEJF

Eli Levy, Co-fondateur du MEJF

Elsa Sebag

Alain Steinberger

Jean Chikly, dirigeant de société, Paris

Esther Bagdassarian, enseignante

Isabelle Richard

Jessica Trink-ohayon, co-fondatrice Women united for peace

Alexandra Fitoussi, co-fondatrice Women united for peace

Karine Lazimi-Chouraqui, militante Women united for peace

« Cramés », de Philippe Pujol: ceux que vous appelez racailles

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Marseille, octobre 2017 © Adlan Mansri/SIPA

Habitant Marseille, la ville qui est au cœur du narco-trafic que dénoncent les belles âmes sur le mode « y a qu’à », notre chroniqueur a trouvé dans Cramés, le dernier ouvrage de Philippe Pujol, journaliste d’investigation de gauche, si le mot signifie encore quelque chose, une description honnête des paumés des Quartiers Nord : tout un petit peuple de miséreux exploités par les caïds et qui n’ont d’autre choix que la délinquance minable, la prostitution et la prison. Des gosses que les vrais narcos exploitent, torturent à l’occasion et livrent sans états d’âme aux flics, puisqu’ils sont pour la plupart mineurs. Un addendum aux Misérables et à L’Assommoir.


J’avais jadis rendu compte de La Fabrique du monstre, le premier livre que Pujol a consacré aux laissés pour compte de Marseille. L’auteur, journaliste à La Marseillaise (le petit frère marseillais de l’Huma), y décrivait le monde des « charbonneurs », ces gosses reconnaissables à leurs doigts teintés de brun, qui dans des caves ou des squats fabriquent des joints douteux avec la came arrivée du Rif. Trop flingués déjà à quinze ans pour avoir l’idée de consommer le shit encore pur qu’ils reçoivent par Go Fast, par camions ou par containers — Marseille n’est pas un port pour rien. Non, ils préfèrent consommer la merde qu’ils fabriquent, avec addition de produits vétérinaires et autres excitants susceptibles de renforcer l’effet de la résine de cannabis. Ou qui aujourd’hui tenteront de se mettre à leur compte en diffusant de la MDMA, de la 3-MMC et autres excitants de synthèse fabriqués sur place.

2000 esclaves

Bref, ceux que Bruno Retailleau, qui n’y est pas allé voir, voudrait faire passer pour des narcos mexicanisés, sous prétexte qu’un ou deux gangs font parler d’eux dans la presse. D’ici à être la résurrection de Pablo Escobar, il y a loin. Comme dit Pujol : « Croire que la lutte contre les trafics passe par un combat du bien contre le mal est d’une naïveté presque touchante : les Bisounours aux manettes, sur l’arc-en-ciel de la morale, tous contre les méchants, contre le Professeur-Cœur-de-pierre et le sorcier Sans-Cœur… »

A lire aussi: Aymeric Caron: au diable l’écologie?

Pujol brosse les portraits croisés de quelques-uns de ces pauvres gosses prématurément cramés, flingués avant leurs vingt ans — et comme jadis Paul Nizan, Pujol ne laissera personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Pas pour Samir, ni pour Amal, ni pour Bouchra, dont le mari a été rafalé pour le compte, ni pour Cassandra, qui se console au protoxyde d’azote dont on trouve partout dans la ville des bobonnes grandes ou petites : « À la longue, note justement Pujol, le ballon, ça crame les neurones. » Ni pour celles qui ne font que de l’anal, afin d’arriver vierges au mariage — mais pourries de MST diverses. En tout, affirme Pujol, « il y a un minimum de deux milles esclaves du trafic de drogue à Marseille ». Ce ne sont pas ceux qu’il faut traquer, parc qu’ils sont interchangeables, et que la misère, la vraie, pas celle des films de Ladj Ly, les fabrique plus vite qu’on ne les tue ou qu’on ne les emprisonne.

Le trafic pas du tout incompatible avec l’islamisme

Quant aux affirmations hâtives selon lesquelles le narco-trafic protège de la radicalisation islamiste… Le lecteur sait-il que la cocaïne (et le blanchiment du trafic) est, après les subventions directes de l’Iran, la deuxième source de revenus du Hezbollah ? Ils ont bonne mine, les bêlants des droits de l’homme, qui défendent ces crapules… Grand merci aux israéliens qui en éliminent quelques centaines tous les quatre matins.

Au total, un livre saisissant, écrit avec les tripes par un homme qui ne se résigne pas, et qui témoigne de ce qu’il sait, de ce qu’il voit, et de ce qui le tue.


Philippe Pujol, Cramés, Les enfants du monstre, Julliard, septembre 2024, 219 p.

Cramés: Les enfants du Monstre

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Aznavour ou l’esprit français

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Tahar Rahim interprète Charlez Aznavour au cinéma © Antoine Agoudjian / Pathé.

1924-2024. Charles Aznavour aurait eu 100 ans cette année. Cet anniversaire est l’occasion de la sortie d’un film retraçant sa vie et permet aussi de se pencher sur la qualité de ses chansons. De véritables poèmes qui font de lui l’héritier de Ronsard, Du Bellay et Rimbaud.


La sortie au cinéma de Monsieur Aznavour d’Idir et Grand Corps Malade, avec Tahar Rahim dans le rôle-titre, m’inspire ces quelques réflexions sur les textes du chanteur. Il faut dire aussi que la poésie aznavourienne mérite la plus grande attention ; c’est plus qu’un auteur, c’est un poète qui nous a livré, pendant plus de soixante-dix ans, les trésors de sa plume admirable ; un auteur à l’encre tantôt grise et tantôt verdoyante, amoureux passionné de notre langue, dont l’esprit se voulait français par-dessus tout. Charles Aznavour a été le successeur de nos plus grands poètes et de nos plus grands romanciers.

Quel héritage

Mais qu’est-ce donc, que l’esprit français ? Un attachement candide à la terre plutôt qu’une aspiration au ciel, une philosophie centrée sur la recherche du plaisir, plutôt libérale, et méfiante envers les règles qui brident les désirs naturels de l’homme ; mais aussi le corollaire moins heureux de ces deux principes : le réalisme matérialiste un peu médiocre, un peu bas, l’avarice du bourgeois et l’avidité du paysan ; puis les regrets, poignants, de la jeunesse qui passe trop vite et se perd avec les plaisirs…

On aura reconnu là Villon, Ronsard et Du Bellay, Rabelais, Molière, Balzac et Rimbaud… et Aznavour ! Comment ne pas voir en effet dans les textes du chanteur l’héritage de ses prédécesseurs ? Tel Ronsard qui se désespérait de la rose qui ne dure « que du matin jusques au soir », Charles Aznavour, dans Sa jeunesse, dans Hier encore, chante « le temps perdu », ses « amours mortes avant que d’exister », pleure la richesse des heures qui nous sont comptées ; quand il gémit sur ses jours « qui fuyaient dans le temps », ses vingt ans, son passé, l’on croirait encore entendre l’auteur des Amours : « Bien fol est qui se fie en sa folle jeunesse / Qui si tôt se dérobe, et si tôt nous délaisse » ; enfin tous deux, à quatre siècles d’intervalles, trouvent des délices dans les blessures du cœur : c’est « Amour me tue », c’est Mourir d’aimer.

Vague à l’âme

Ronsard est inséparable de Du Bellay ; on retrouvera chez Aznavour le caractère mordant et désabusé de l’Angevin ; l’un comme l’autre ont été les chantres des regrets, les persifleurs des grands. Ainsi quand le poète de la Pléiade, « pour désaigrir l’ennui qui [l]e tourmente », raille « ces vieux singes de cour » (dans un sonnet digne de La Bruyère), le chanteur s’amuse avec humeur de ses « relations », très haut « placées », très « décorées », très « influentes », très « bedonnantes ». De Rome, Du Bellay ne peut taire sa déception ; « que c’est triste Venise », répète Aznavour en écho (et en alexandrins !), « le soir sur la lagune, quand on cherche une main que l’on ne vous tend pas » ; peut-être que le premier gémit moins sur ses amours que sur ses ambitions ; il n’empêche : Aznavour, comme Du Bellay, souffre de vague à l’âme, de mélancolie au cœur, — d’amertume —, soupire et se désole ! L’un se désespère d’avoir quitté l’Anjou : « Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure et le point / […] Quand pour venir ici j’abandonnai la France : / La France, et mon Anjou, dont le désir me point » ; l’autre que sa vie accable, aux docks « où le poids et l’ennui » lui « courbent le dos », et qui n’a « connu toute [s]a vie que le ciel du nord », rêve de ces navires arrivant du « bout du monde », du « pays des merveilles », des « pays inconnus » aux « éternels étés où l’on vit presque nu ». Qu’il se console ! s’il fût parti, nul doute qu’il eût cruellement regretté son beau voyage !…

Illusions perdues

Je parlais de Balzac ; c’est qu’il y a évidemment quelque chose des Illusions perdues dans Je m’voyais déjà, la chanson la plus célèbre d’Aznavour ; Lucien de Rubempré, ce jeune ambitieux plein d’espoirs montant à Paris pour avoir du succès, et se retrouvant comme broyé par la réalité qui le rattrape au col, aurait pu la chanter. « À dix-huit ans, j’ai quitté ma province… J’étais certain de conquérir Paris… Je m’voyais déjà en haut de l’affiche… Tout a raté pour moi… On ne m’a jamais accordé ma chance… ». Au moment qu’Aznavour dit, les trémolos dans la voix : « D’autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d’argent, moi, j’étais trop pur ou trop en avance », il se fait le magnifique porte-parole de plusieurs générations d’écrivains, romanciers du dix-neuvième siècle, Balzac, Flaubert, Dickens (Les Grandes espérances), mais aussi moralistes du Grand Siècle, et vieux bardes du dépit — Aznavour, paraît-il, aimait citer François Villon.

Je passe sur Désormais, Les deux guitares, La Mamma et tant d’autres encore… Aznavour n’eût pas été génial s’il n’avait été que désenchanté ; mais il sut aussi s’inscrire dans la lignée des Rabelais, des Molière et des Rimbaud célébrant les plaisirs simples (« viens voir les comédiens… »), exaltant le naturel au mépris des morales (« comme ils disent… »), prêchant l’amour bête, le désir spontané (« toi, tes eyes, ton nose, tes lips adorables… »), et, sur un ton plus sérieux peut-être que Rimbaud (« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées »), évoquant cette mystérieuse insouciance d’un passé dont il se remémore les joies, et qui n’existe plus… « Fallait-il que l’on s’aime et qu’on aime la vie… ».

La fin de règne des incapables a sonné

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Ivan Rioufol. © Hannah Assouline

Comment osent-ils encore la ramener ? Ceux qui ont précipité la France dans le grand effondrement, civilisationnel et économique, devraient rendre des comptes pour incompétence et trahison. Au lieu de quoi, les saccageurs sont toujours là, à faire obstacle aux reconstructeurs. Cela fait cinquante ans qu’ils pavanent : de pères en fils, les dirigeants exhibent leur progressisme pour effacer les traces du passé. Ils ressemblent à la prophétie de Jérémie : « Ils détruiront tout. Ce qu’ils ne connaissent pas, ils le briseront ; ce qu’ils connaissent, ils le saliront ». Les démolitions ont été si rondement menées que se revendiquer conservateur devient une curiosité : préserver qui, quoi, où ? La déculturation a fait son œuvre : les riches ne sont plus que des pauvres avec de l’argent, comme l’avait prédit Nicolas Gomez d’Avila. La gauche béate erre parmi les ruines, yeux clos. Les plus lucides des « antiracistes » déplorent l’islam judéophobe et sexiste. Mais ces tartuffes hurlent à la xénophobie contre ceux qui mettent en garde contre l’immigration colonisatrice. Non contents de subir une libanisation accélérée de leur pays, les Français vont devoir de surcroit éponger financièrement l’irresponsabilité des flambeurs qui ont endetté la nation pour acheter la paix sociale. La fin de règne des incapables a sonné.

Les faillis doivent partir. Et avec eux les idéologues universalistes de la post-nation. La crise politique, dont Michel Barnier est l’expression transitoire, est le résultat d’une réaction nostalgique. La « sottise des gens intelligents » (Jacques Julliard) est devenue insupportable. Leur légèreté a fait de la nation une proie à saisir. C’est dans le vide culturel et spirituel, aggravé par les casseurs de frontières, que prospère la civilisation conquérante d’Allah. Elle a pris opportunément Marx comme allié, avec la collaboration de l’extrême gauche déboussolée. La puissance de l’envahisseur se mesure à l’insécurité qui entoure à nouveau, après la première Occupation nazie, la présence juive en France. Israël, sous le feu djihadiste, est considérée comme plus sûre pour les Juifs qui partent la rejoindre. « Des héritiers sans testament sont des brandons de destruction », prévient Bérénice Levet (1) en dénonçant les trous de mémoire des déconstructeurs. Levet cite Anna Arendt : « C’est précisément pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice ». Mais rien n’est à attendre des fossoyeurs qui haïssent la France enracinée et son ancienne Ecole hypermnésique. La question est de savoir si les Français, qui a 64% « aimeraient que leur pays redevienne comme autrefois », peuvent être à la hauteur de la brutale résistance qui, seule, arrêtera le désastre. 82% ont une mauvaise opinion des partis. Une rupture avec le vieux monde politique est à mener à son terme. Une minorité peut suffire.

Le sursaut reste à portée de main. Il se lit dans ce que les censeurs appellent la « lepénisation des esprits ». L’effondrement des mondialistes donne raison à ceux qui avaient prédit leur échec. Les infréquentables prennent des allures de visionnaires. La politique anti-immigration de l’italienne Giorgia Meloni, honnie par la bien-pensance, sert de modèle à la France et à l’UE. La Hongrie de Viktor Orban, qualifié d’antisémite par la gauche, a été choisie par Israël pour accueillir en sécurité, le 10 octobre, le match de football Israël-France. L’Etat hébreu et ses citoyens-soldats s’affirment, aux yeux des peuples vulnérables, comme exemplaires dans leur défense de la nation, de son identité, de sa religion, de ses frontières : tout ce que rejette, en France, une partie de l’intelligentsia. Celle-ci bannit le RN, qui défend les mêmes valeurs qu’Israël. Si Benyamin Netanyahou gagne sa guerre contre l’islamisme apocalyptique des mollahs, les démocraties pourront lui dire merci, et Macron pourra s’excuser de sa lâcheté. Tout ira plus vite encore si, le 5 novembre, Donald Trump l’emporte. La possible victoire du « fasciste », selon Kamala Harris, serait un séisme tant les « élites » n’envisagent pas de voir le paria revenir à la Maison Blanche. A quelques jours du scrutin, Kamala Harris talonnait son adversaire dans sept Etats pivots, sans enclencher l’enthousiasme.

La révolte des autochtones est un puissant appui pour ces résistants, bêtes noires du conformisme…

La suite est à lire dans le magazine Causeur de novembre, en vente mercredi 6 novembre chez votre marchand de journaux et dès mardi sur le site.

(1) Penser ce qui nous arrive avec Hanna Arendt, L’Observatoire

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Le Brésil, l’autre pays de la nostalgie

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"Saravah" de Pierre Barouh © Arizona Distrib.

Monsieur Nostalgie nous emmène ce dimanche au Brésil, au pays de la Samba triste, à la découverte du documentaire Saravah réalisé en 1969 par Pierre Barouh et de la réédition des poèmes de Vinícius de Moraes chez Seghers.


Nonchalance mélancolique, rythmique complexe qui puise sa veine populaire dans la musique africaine mâtinée de sonorités européennes, art de la mélodie italo-française et jazz new-yorkais de sous-cave, fausse lenteur syncopée qui roule sur la partition comme un chat se prélasse dans un plaid, la Samba brésilienne est au carrefour de plusieurs cultures musicales, une hybridation soyeuse que les Hommes de cœur ont adoptée, les soirs de détresse, en pleine guerre froide pour ne pas se perdre, pour ne pas s’entretuer, pour se réunir autour d’une guitare, pour préserver ce lien fragile que l’on nomme humanité douce. De la Samba métallique et festive, cuivrée et dansante, des écoles et des talons hauts, sur l’éclat des carnavals va naître, à la fin des années 1950, une bossa-nova qui s’infiltre dans tous les pores de la peau, une poétique du clair de lune, de la fin de l’été, des amours éphémères et existentielles. La vague bossa nous porte vers cette terre promise où une spiritualité charnelle comblerait tous nos vides intérieurs. La bossa est religion et élévation, rêverie et héritage, déracinement et bonté, utopie et détachement, elle se nourrit des temps diaboliques pour accoucher d’une soul sucrée et chaloupée, qui crie son désespoir avec la retenue d’un chevalier errant. La bossa ne pouvait éclore que dans un pays-continent, tourmenté, immense, pauvre et coloré, elle est un chemin de résilience, une tentative d’évasion élégante qui n’oublierait pas ses cultes antérieurs ; elle a été initiée par de jeunes musiciens, autant attirés par le cinéma français que par les rites du candomblé.

A lire aussi: École: ce n’est plus le Moyen Âge!

Cette onde nostalgique, nouvelle vague venue des plages chaudes et des jungles asphyxiantes, a déferlé sur l’Occident quand celui-ci avait perdu sa boussole. Elle lui a ouvert une échappatoire, un espace de liberté où l’esprit pourrait vagabonder sans concepts et garde-fous. La bossa est créatrice de souvenirs, elle est le point de convergence de tous les déshérités de la Terre. Les chanteurs à la voix de velours et à la candeur infernale ont aimé instantanément cette bossa. Elle mettait des notes sur leurs impressions fugaces, elle encapsulait les méandres de leur esprit par son envoûtement céleste. Sinatra invita un jour Jobim à la télé américaine et en fit une star internationale. En France, Moustaki, Nougaro, et tant d’autres ont puisé leur inspiration dans cette source lointaine et si proche finalement. Ils ont trouvé des fragments de communion dans ce Brésil, l’autre pays de la nostalgie avec notre hexagone fissuré. Sans l’entremise de Pierre Barouh, chasseur de trésors sonores, promeneur musical, curieux des accords et arrangements novateurs, la Samba n’aurait pas connu le même succès. En adaptant en langue française, la « Samba de Bênção » de Baden Powell et Vinícius de Moraes, Barouh fit de « Samba Saravah », la pièce maîtresse de la bande-originale du film « Un homme et une femme » de Claude Lelouch en 1966. Le musicien, producteur vénéré des Japonais, acteur, un temps marié à Anouk Aimée, fut notre initiateur ; les cinéphiles ont encore en mémoire cette entrée en matière : « Faire une samba sans tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle. Ce sont les propres paroles de Vinicius de Moraes, poète et diplomate, auteur de cette chanson et comme il le dit lui-même, le Blanc le plus noir du Brésil… ». Ces mots agissent comme des sésames. Barouh, le plus Brésilien des Français ira même tourner un documentaire en 1969 sur place qui vient d’être restauré récemment (Saravah disponible en DVD, VOD, etc.). Une immersion dans la musique populaire brésilienne à la confluence des rites et des riffs. Un voyage initiatique dont le guide inspiré est le guitariste Baden Powell. Ce documentaire artisanal et fécond donne envie d’aller plus loin dans cette contrée, notamment de rencontrer Vinícius (1913-1980), l’homme qui inventa la bossa et se maria à neuf reprises, éternel adolescent d’une bossa ensorceleuse et auteur d’Orfeu Negro. Il fut également le parolier de 400 chansons dont le standard « Garota de Ipanema » rendu célèbre par Stan Getz et Astrud Gilberto sous le titre « The Girl from Ipanema » mais aussi des classiques tels que « Chega de Saudade » ou « Agua de beber ». Pour approcher ce phénome, il faut lire Je te demande pardon pour t’aimer coup à coup aux éditions Seghers traduit du portugais par Jean-Georges Rueff. Dans ce recueil, on peut lire les poèmes de Vinícius et s’imprégner de son mysticisme sentimental : « Oh, la femme aimée est l’onde solitaire courant loin des plages ».

Je te demande pardon pour t’aimer tout à coup – Vinícius de Moraes – Éditions Seghers

Je te demande pardon pour t'aimer tout à coup: (édition bilingue)

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Saravah – documentaire – Pierre Barouh – Arizona Distribution

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Le voyeur

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L'écrivain français Yves Ravey © Mathieu Zazzo.

Dans son dernier roman, Yves Ravey nous embarque dans une nouvelle aventure un peu glauque, et confirme tout son savoir-faire pour distiller au gré des pages des atmosphères pesantes dans ses récits.


Yves Ravey, au fil de ses romans, décrit des personnages ballotés par l’existence, lâches, écrasés par la condition humaine. L’intrigue, le plus souvent, se déploie dans un cadre spatio-temporel difficilement identifiable. Sa nouvelle histoire, la 19e, ne chamboule pas les règles romanesques suivies par l’auteur. Elle se déroule aux États-Unis, non loin de la frontière mexicaine, dans un lotissement composé de maisons et cabanes en bois couvertes de plaques de tôles, entourées de pelouses synthétiques. Il y a notamment la maison de Sally et Miko, puis celle de Samantha et Steve. Il y a également le Dusty’s bar pour boire quelques verres à la tombée des ombres, ainsi que la Blue Spoon River pour pêcher à la mouche – Yves Ravey est très précis sur le sujet. Le personnage principal, qui est aussi le narrateur, habite dans cette zone d’habitations sans âme.

Sexe utile

Il se nomme Barnett Trapp ; sa femme, Josefa, l’a quitté pour un professeur d’histoire, Spencer. Il a un fils, David, qu’il ne voit plus. Ses affaires ne sont guère florissantes : son entreprise d’ambulances ayant fait faillite, il vend des produits d’entretien à bas prix stockés dans l’entrepôt jouxtant sa maison. Cet ancien militaire enrôlé dans les forces spéciales en Irak, picole et ne parvient pas à s’extraire du marasme. Alors il épie ses voisins avec ses puissantes jumelles de montagne, en particulier Sally, qui passe ses journées au bord de sa piscine aux reflets bleutés. Le narrateur : « Ce qui me permettait de détailler, vu la qualité des lentilles et des objectifs, le grain de sa peau à hauteur, disons, du haut de son maillot de bain. » Il est le témoin du manège de grosses cylindrées escortant des camionnettes, la nuit, derrière la villa de Miko, mari de Sally, propriétaire d’une chaîne de blanchisseries. Il subodore un trafic qui rapporte davantage que le nettoyage de linge. Prudent, il se tait. Sa devise : « Voir sans être vu ».

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Un jour, Miko propose à Barnett de prendre un verre chez lui. « Ma femme sera ravie de vous accueillir », dit-il. Le piège se referme alors. Barnett et Sally finissent par devenir amants. Ce n’est pas le coup de foudre, plutôt le sexe utile. Sally propose à Barnett de braquer son mari. Elle lui révèle que son coffre-fort contient un demi-million de dollars. Leur plan va subir de nombreuses modifications mais tous les personnages du roman, de près ou de loin, vont être impliqués. Ce qui plaît à Sally, c’est surtout de tromper l’ennui et de fuir au Mexique. Ce qui motive Barnett, c’est de fuir avec le fric. L’atmosphère devient de plus en plus angoissante, le savoir-faire de l’écrivain agit et distille un doute dévastateur.

Manipulations

Avec Que du vent, Yves Ravey confirme sa technique narrative exigeante et efficace, avec notamment le discours direct enchâssé dans le récit, permettant ainsi d’introduire des informations et indices qui complètent le puzzle, et mènent à la résolution finale, souvent inattendue. Il convient, cependant, de ne pas se laisser manipuler par le narrateur.

Ne pas oublier, non plus, que nous sommes en présence d’êtres humains cupides et pusillanimes – la fin le prouve –, incapables de modifier leur destin de médiocres. Ils restent au seuil de la tragédie.

Yves Ravey, Que du vent, les Éditions de Minuit. 128 pages

Que du vent

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Metoo: il y en aura pour (vraiment) tout le monde !

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Accusé de harcèlement sexuel par un homme, le chanteur Slimane reçoit un prix lors de la cérémonie des "NRJ Music Awards", Cannes, 1 novembre 2024 © SYSPEO/SIPA

La vedette de la chanson Slimane est à son tour accusée de harcèlement sexuel. Il y a un an, au Zénith de Saint-Etienne (42), il aurait plaqué contre un mur un technicien employé sur un de ses concerts du « Cupidon tour ». Ce dernier lui aurait alors dit qu’il ne mangeait pas de ce pain-là, puis a attendu presque un an avant de porter plainte contre le représentant français de l’année à l’Eurovision. Jusqu’à quand nos tribunaux se laisseront-ils encombrer par ces affaires un peu ridicules ?


Nous connaissions Cupidon, le dieu de l’amour, représenté par un ange muni d’un arc et dont les flèches déclenchent la passion amoureuse chez ceux qu’elles touchent au cœur. Nous connaissons désormais Slimane, le chanteur surnommé « le   Cupidon » qui enflamme les foules avec ses chansons d’amour pleines de bons sentiments et très populaires lors des mariages. Seulement, depuis quelques jours, nous découvrons que Slimane n’est peut-être pas toujours un chérubin et que ses flèches visent un peu trop bas… L’artiste est accusé de harcèlement sexuel envers un de ses anciens techniciens. Toujours à l’affût d’affaires scabreuses, la presse fait des gorges chaudes de ce fait divers dont nous ne devrions même pas être au courant. Mais, il faut vendre, et pour cela, rien de plus efficace que d’assouvir le voyeurisme des amateurs de presse à scandales.

Metoo : une justice à fiel ouvert

La même question se pose toujours dans ce genre de cas : avant même que la justice innocente ou condamne l’accusé, celui-ci subit déjà la pire des sanctions : celle de la mort sociale. Une personnalité médiatique mérite-t-elle un traitement d’exception dans les affaires judiciaires ? En bien comme en mal, certainement pas. En l’occurrence, Slimane, artiste populaire, se verra probablement refuser des participations à des concerts, à des concours, et à toutes sortes de grands événements artistiques. Et qu’importe si l’instruction de l’affaire dure des mois, voire des années… pour terminer par un non-lieu. Le mal est fait.

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Vous imaginez ce que peut représenter pour un chanteur de voir anéantis tous ses espoirs d’être sélectionné aux NRJ Music Awards ? Il y a une originalité : le plaignant étant un homme, les féministes ne pourront pas invoquer la faiblesse féminine face à l’homme prédateur. Outre le fait que la judiciarisation des rapports est excessive, la violation de la vie privée devient monnaie courante.

Je te croa

J’y vois, une fois de plus, l’américanisation de nos mœurs, pour le moins bon et pour le pire ! Si l’on s’en tient aux dires de l’avocat du plaignant, le harcèlement sexuel consistait en une étreinte non consentie à la fin d’une soirée arrosée après un concert de l’artiste, et en des textos à caractère pornographique. Le technicien ayant un contrat de travail, le Conseil des prud’hommes eût été plus indiqué afin de soulager les instances judiciaires déjà si encombrées. Coupable ou non coupable, la peine la plus sévère commence maintenant pour Slimane : subir l’opprobre. Pauvre Cupidon ! Il serait temps que Thémis et Athéna intervinssent pour raisonner la progéniture de Vénus et de Mars. Mais depuis quand la raison rime-t-elle avec la passion ?


Dernière publication : Au bal des facétieux (Une autre voix, 2024)