On ne présente plus le célèbre Puy du Fou, parc à thème internationalement reconnu et favori des Français. Mais derrière les reconstitutions historiques grandioses qu’il propose, se cache aussi depuis 2023 une maison d’édition, qui s’est lancée en avril dans une nouvelle aventure : un mensuel pour enfants ! Nous avons rencontré la rédactrice en chef, passionnée d’histoires et d’Histoire, la romancière Gwenaële Barussaud.

Causeur. Petits lecteurs, grandes histoires… Votre mensuel Le Panache appartient au groupe éditorial « Le Puy du Fou ». Quelles sont ses ambitions et quelle est la ligne éditoriale de ce nouveau magazine ?
Gwenaële Barussaud. Depuis sa création, le Puy du Fou a toujours raconté des histoires pour faire connaître et aimer l’Histoire de la France. L’édition est donc apparue comme un canal supplémentaire idéal pour prolonger cette ambition et offrir à cette transmission culturelle le support le plus pérenne : celui du livre. La ligne éditoriale de Puy du Fou Éditions s’inscrit dans la lignée de celle des spectacles offerts par le parc : il s’agit de raconter la France dans toutes ses dimensions, culturelles, géographiques, historiques, pour faire découvrir aux lecteurs les richesses du patrimoine français, avec une exigence narrative et esthétique.
Vous-même êtes dans cette aventure depuis le début ?
Presque ! Je suis arrivée au Puy du Fou via son école, Puy du Fou Académie, en 2023. J’y ai enseigné avant de rejoindre le projet Panache, qui a rencontré à la fois mon goût pour la création, les histoires, mon besoin de transmission et l’intérêt que je porte à la jeunesse depuis toujours.
Comment est apparue l’idée de créer un mensuel pour enfants ?
C’est une idée qui émane d’une réflexion commune à l’école et à l’édition : offrir à la jeunesse un support pour nourrir son imagination, assouvir son besoin d’émerveillement et développer le goût de la lecture. Par mon expérience de lectrice et de romancière, je sais à quel point les histoires jouent un rôle fondamental dans la formation de la personnalité : quelle lecture « adulte » peut se targuer de laisser une empreinte aussi profonde qu’une lecture jeunesse, qui a l’avantage des premières fois ? Par ailleurs, un magazine offre deux avantages : par sa variété, il s’adapte à tous les profils de lecteurs ; par sa périodicité, il propose un rendez-vous régulier et crée un lien durable. C’est donc le format idéal pour accompagner la jeunesse dans ces années charnières !
Pourquoi l’Histoire de France ?
D’abord parce qu’elle est un terreau inépuisable. J’ai écrit une cinquantaine de romans historiques et je m’étonne de trouver encore tant de sujets à développer ! Quand on promène son imagination devant une chronologie de l’Histoire de France, on constate qu’elle s’embrase à chaque époque. On ne peut pas priver les enfants d’un tel vivier d’histoires ! Ensuite parce qu’elle nous rappelle que nous ne sommes pas des électrons libres, mais que nous nous inscrivons dans la chaîne multiséculaire d’une histoire grandiose et tragique. Chaque lecteur du Panache peut éprouver par sa lecture le legs immense dont il est le dépositaire, pour le perpétuer et, plus tard, le transmettre à son tour.
Vous développez des thèmes spécifiques, comme les voyages de La Pérouse ou le chemin de fer. Comment les choisissez-vous?
Chaque thème du Panache raconte un aspect de la France : sa géographie (le littoral, les forêts françaises, Paris…), ses personnages (La Pérouse, les reines), ses inventions (le cinéma) et son histoire, évidemment ! Nous aimons aussi mettre en avant des passions typiquement françaises : le train, la gastronomie, les cafés… Nous essayons de nous adapter au calendrier annuel (Noël et la montagne l’hiver, les voyages et les plages l’été) et de varier les époques abordées.
Pensez-vous que l’Histoire de France soit mal connue des enfants ?
La question n’est pas tant la connaissance que l’adhésion affective. Nous contribuons, à notre échelle, à la diffusion de cette connaissance. Mais nous souhaitons surtout faire aimer cette histoire en en soulignant son caractère éminemment singulier et romanesque. Moi-même, j’ai aimé passionnément l’Histoire non en lisant des documentaires, mais des romans de Victor Hugo ou Alexandre Dumas. Ce furent mes meilleurs professeurs. Je suis toujours étonnée de voir à quel point certains destins, certaines époques de l’Histoire de France semblent avoir été écrits par un romancier particulièrement inspiré. Quel roman que ma vie ! constatait Napoléon à Sainte-Hélène. Connaissant l’appétence naturelle des enfants pour les histoires, Le Panache se propose de leur raconter celles qui ont façonné la France pour les émerveiller et les émouvoir.
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Quel type de lectorat visez-vous ?
Le Panache s’adresse à tous les enfants de 8 à 13 ans, sans aucune restriction. Et bien sûr à tous les adultes qui ont gardé une âme d’enfant.
Y a-t-il une spécificité au Panache que l’on ne retrouve pas dans les autres publications destinées à la jeunesse ?
Sa ligne éditoriale – raconter la France – lui est spécifique. Par ailleurs, il n’existe pas pour cette tranche d’âge de revue proposant ce que nous voulons transmettre : le goût de l’Histoire, de l’aventure, l’héroïsme. Enfin, nous sommes fiers d’offrir une création 100 % française avec une haute exigence esthétique.
Comment recrutez-vous vos auteurs ?
C’est une question importante car, au-delà du souci des lecteurs qui nous anime en premier lieu, nous avons à cœur d’encourager la création française en mettant en valeur des auteurs et dessinateurs de talent, parfois inconnus, parfois confirmés. Les canaux de recrutement sont divers. Mon travail dans l’édition depuis quinze ans m’a permis de développer un réseau d’auteurs que j’admire ; certains sont devenus des amis que je contacte lorsque je devine que tel thème les inspirera. Par ailleurs, des auteurs m’ont envoyé spontanément une proposition de collaboration à la naissance du Panache. Enfin, je travaille aussi avec des élèves du lycée Puy du Fou Académie dans le cadre d’ateliers d’écriture. Une nouvelle rédigée par une élève sera publiée pour la première fois dans Le Panache de novembre, c’est une joie et une fierté !
Est-ce que Monsieur de Villiers intervient dans le processus rédactionnel ?
Philippe de Villiers n’intervient pas dans la rédaction du Panache, mais il soutient le projet depuis sa genèse. Je sais qu’il le lit, mais j’ignore s’il résout toutes les énigmes policières !
Quels sont les retours de vos jeunes lecteurs ?
Ils sont à la fois nombreux et enthousiastes ! Nous recevons une centaine de lettres chaque mois et ces retours, par leur spontanéité et leur authenticité, s’avèrent être le meilleur des moteurs. Je suis particulièrement touchée de voir à quel point les enfants se sont attachés aux mascottes du Panache et aux personnages de la bande dessinée Jacques, Vic et Otto. On devine que ces héros sont devenus, peut-être pas des modèles, mais sans doute des exemples et sûrement des amis. Par ailleurs, nous recevons aussi des lettres vraiment touchantes de parents et grands-parents qui nous disent le vif intérêt qu’ils prennent eux aussi en lisant le magazine.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Nous espérons que Le Panache va poursuivre son rayonnement auprès de tous les enfants de France ! Le 5 novembre prochain sera une grande date, car nous publierons la bande dessinée Les Aventures de Jacques, Vic et Otto, premier ouvrage de Puy du Fou Éditions disponible dans toutes les librairies. Et puis nous espérons pouvoir ensuite créer des magazines pour les autres tranches d’âge afin de suivre nos abonnés dans leur croissance !
Comment est composé Le Panache ?
L’avantage d’un magazine, c’est qu’il offre une grande variété de formats de lecture. Chacun doit pouvoir y trouver une porte d’entrée, selon son niveau et ses goûts ! Le Panache propose ainsi une Grande Histoire illustrée en lien avec le thème mensuel, des rubriques documentaires (arts, géographie, gastronomie…), et huit planches de BD inédites, qui racontent par épisodes le périple de deux enfants dans la France de la Libération. On y trouve aussi une énigme, des tests, des recettes… bref, tous les ingrédients d’un rendez-vous mensuel vivant pour « instruire et plaire » dans l’esprit de la tradition pédagogique à la française !
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