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Voter Zemmour et se faire plaquer, c’est possible

Ne peut-on pas en même temps reconquérir la France et conquérir les cœurs ? Un sondage semble indiquer que non.


« Coucheriez-vous avec un électeur de Zemmour ? » c’est le sur-titre d’un sondage IFOP, commandé par le site de rencontres adultérines Gleeden [1] sur l’influence du vote pour tel ou tel candidat dans les relations de couple et sexuelles des Français.

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Étant donné la diabolisation du « candidat de l’extrême-droite », orchestrée matin, midi et soir par le camp du Bien, la réponse est sans surprise. C’est niet pour 61% des Français(es) qui refuseraient d’avoir une relation sexuelle sans lendemain avec un électeur d’Eric Zemmour. Ce rejet est massif comparé à celui essuyé par les électeurs des autres candidats. L’électeur de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen garde de son côté, en effet, une chance sur deux de voir aboutir ses avances. Quant aux électeurs écologistes, macronistes et pécressistes, leur capacité de séduction est nettement plus forte puisque ce sont eux qui suscitent le moins d’aversion. Les célibataires militants du parti de Yannick Jadot ont donc plus de chance de conclure que les célibataires zemmouristes, qui, tels les apprentis Titus de la politique devront affronter un dilemme racinien et choisir entre reconquérir la France ou conquérir les cœurs !

À en croire ce sondage, voilà qu’à présent Eric Zemmour, au-delà de « semer la haine », et de « diviser les Français », casse les plans d’un soir de ses électeurs qui doivent se résoudre à ne pas faire du Zemmour pour draguer. Et ce n’est pas fini.

À croire que l’amour ne rend pas si aveugle que ça !

Voter pour le candidat de Reconquête ne fait pas seulement office de repoussoir pour une partie de jambes en l’air sans importance, mais aussi pour trouver chaussure à son pied et se caser définitivement. 64% des Français prendraient leurs jambes à leur cou en apprenant que la personne avec qui ils envisagent de se mettre en couple met dans l’urne un bulletin Eric Zemmour.

Graphique étude IFOP pour Gleeden

Et qu’en est-il du côté des couples installés ? Eh bien voter pour le leader de Reconquête reviendrait plus ou moins à faire voler en éclat son couple ! Pas moins de 42% des Français(es) quitteraient leur conjoint/partenaire s’il avait l’intention de voter pour l’ancien journaliste du Figaro. Et la proportion monte même à 57% chez les femmes de moins de 25 ans. Dans les raisons de divorcer, Zemmour détrônera-t-il donc le cocufiage ?

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Très curieusement, les électeurs faisant preuve de la plus grande tolérance sont justement ceux qui suscitent la plus grande intolérance. Ainsi, seuls 37% des électeurs d’Eric Zemmour refuseraient d’être en couple avec quelqu’un ayant des opinions politiques radicalement opposées aux leurs, contre 60% chez les électeurs de la France Insoumise et 69% chez ceux de Yannick Jadot. Pour ces derniers, pas question non plus de céder à l’appel du sexe : ils sont 36% à déclarer ne pas pouvoir coucher avec un partenaire aux convictions politiques opposées aux leurs, et même s’il leur plait physiquement par ailleurs. À croire que l’amour ne rend pas si aveugle que ça !

Sous couvert de lutte pour la reconnaissance des différences, cette partie de la population ne supporte pas, en réalité, la pluralité des convictions et préfère vivre entre soi dans un safe space idéologique plutôt que, comme dirait Montaigne, d’accepter de se frotter cervelle contre cervelle – et sexe contre sexe. Alors qu’ils ne sont que 15% dans l’électorat d’Eric Zemmour à pratiquer cette abstinence très puritaine sur fond d’intransigeance idéologique.

En réalité, les zemmouriens sont tout amour !


[1] Étude Ifop pour Gleeden réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 17 mars 2022 auprès d’un échantillon de 2 002 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.

La force d’Éric Zemmour: une vision, des convictions et une méthode pour la survie de la France

Une tribune libre de Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur et porte-parole de la campagne d’Eric Zemmour


Avec Éric Zemmour, les Français ont pour la première fois depuis 40 ans un candidat qui leur parle avec franchise et honnêteté, qui a le courage de regarder l’état de la France sans faux semblants, et qui porte aussi un message d’espérance et de justice en proposant une vision, des idées, et une méthode pour que la France reste la France.

Nous vivons les derniers jours de la campagne électorale précédant le premier tour. C’est en quelque sorte l’heure d’un premier bilan à même d’éclairer le véritable enjeu de cette élection, la survie de la France. Force est de constater que, malgré la multiplicité des candidatures, seules deux visions se sont réellement affrontées. 

C’est l’heure du vote vital, celui de la réconciliation des droites

La première est celle promue par tous les candidats, à l’exception d’Éric Zemmour. C’est la vision d’une France à la carte, portée par les mêmes politiciens de carrière qui, depuis plusieurs décennies ou quelques mois, se sont rendus coupables de tous les accommodements, de tous les revirements et de tous les reniements. Ils s’adressent à la France conçue comme une juxtaposition d’intérêts catégoriels à satisfaire. Leurs campagnes sont le reflet de cet état d’esprit : ils cherchent à parler à des électorats et font ainsi de la politique comme d’autres font de la sociologie. Cette vision de la politique a fait d’eux des gestionnaires de la cité. De droite comme de gauche, ils ont légitimé les revendications de groupes de pression et de lobbies souvent minoritaires mais bien organisés, importé ou supporté en France la violence des sociétés multiculturelles, promu ou accepté la déconstruction transhumaniste, et cédé, par pur opportunisme électoral, sur des enjeux sociétaux qui ont ébranlé les fondements de notre civilisation.

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La seconde vision, celle d’Eric Zemmour, n’a peur ni de la réalité, ni des mots pour la décrire, ni des solutions puissantes à mettre en œuvre pour proposer une vraie politique d’enracinement dans notre civilisation, d’attachement à la nation et de transmission de notre identité. Dans cette perspective, l’action politique ne se conçoit que dans le cadre historique, anthropologique et civilisationnel qui est le nôtre depuis 2000 ans. Eric Zemmour nous rappelle que la nation, loin d’être un carcan liberticide dont il faudrait s’extraire, est au contraire ce qui nous protège, qu’il s’agisse d’une protection économique, militaire, sécuritaire ou civilisationnelle. 

Eric Zemmour présente ses vœux aux journalistes, Paris, 10 janvier 2022. De gauche à droite : Jacline Moureau, Guillaume Peltier, Eric Zemmour, Laurence Trochu et Philippe de Villiers © ISA HARSIN/SIPA

Cette élection présidentielle n’a finalement qu’un seul enjeu : voulons-nous que la France disparaisse, ou voulons-nous que la France demeure ? Si aujourd’hui un avenir est possible, c’est parce qu’un homme s’est levé et s’élève contre les liquidateurs de la France et leurs acolytes : ceux qui n’ont jamais rien fait et ne feront rien d’efficace contre l’immigration massive, l’islamisation, et le terrorisme; ceux qui ont détruit la famille, fondement de notre société ; ceux qui ont perdu tout sens du patriotisme économique au profit d’un libre marché mondialisé et violent ; ceux qui sont prêts à sacrifier notre environnement et nos paysages sur l’autel d’une écologie dogmatique; ceux qui ont réduit nos libertés individuelles au nom du sanitairement correct et notre liberté d’expression au nom du politiquement correct. Loin du présent perpétuel dans lequel ils nous enferment, Éric Zemmour nous rappelle que la France n’est pas qu’un concept fluide, mais qu’elle répond à un certain nombre de principes, de mœurs, d’us et coutumes dont nous sommes les héritiers et qui nous définissent en tant que peuple français. 

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Parce que les politiciens ne côtoient plus les idées, ils n’ont plus de vision, ils n’ont que des catalogues. Des catalogues et un slogan : le rassemblement. Un rassemblement sur la base du consensus le plus large, pour ne pas cliver, pour ne pas froisser, pour ne pas “stigmatiser”. Affadie, Marine Le Pen savoure sa respectabilité médiatique acquise au prix des renoncements qui rendent inaccessibles les objectifs qu’elle continue d’afficher. La posture plaît, les sondages acquiescent, la France en meurt. Mais les Français ne veulent pas être dupés, ni par ceux qui les ont déjà déçus, ni par celle qui les décevra. Ce n’est plus l’heure du vote utile, c’est l’heure du vote vital, celui de la réconciliation des droites autour d’Eric Zemmour, le seul candidat à même de la réaliser en brisant le cordon sanitaire qui parquait dans deux camps opposés les amoureux de la France.

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Quand la cause animale s’accommode de l’abattage sans étourdissement

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Quasiment tous les acteurs de la cause animale condamnent l’abattage sans étourdissement pratiqué pour le halal et dans une moindre mesure quantitative le casher. Cette pratique cause de graves souffrances aux animaux comme l’a confirmé la Fédération des vétérinaires d’Europe [1], entre autres instances scientifiques. Et pour cause, elle consiste à les égorger à vif !

Il ne s’agit pas d’interdire l’abattage rituel, mais d’imposer l’étourdissement des animaux. Cette mesure est proposée tant à gauche avec Yannick Jadot [2] qu’à droite avec Marine Le Pen [3]. On constate ainsi un certain consensus politique sur cette question en France comme dans d’autres pays d’Europe où l’abattage sans étourdissement est d’ores et déjà interdit [4]. Cette interdiction a récemment été confirmée par la Cour de justice de l’Union européenne : « Afin de promouvoir le bien-être animal dans le cadre de l’abattage rituel, les États membres peuvent, sans méconnaître les droits fondamentaux consacrés par la Charte, imposer un procédé d’étourdissement réversible [5] et insusceptible d’entraîner la mort de l’animal [6]. »

Pourtant, on voit déjà s’élever contre cette mesure certaines voix au sein même de la cause animale. C’est l’occasion de voir ressurgir un vieil argument, généralement inspiré par la crainte d’être taxé d’« islamophobe » et qu’on peut par conséquent qualifier d’islamogauchiste au sens large du terme, celui d’une complaisance malsaine vis-à-vis de nos concitoyens musulmans. Malsaine, car elle relève à l’évidence d’une forme de paternalisme. Les musulmans et les juifs sont des citoyens comme les autres, ce qui est une autre façon de dire qu’ils ont des droits et des devoirs comme les autres. Il n’y a donc pas lieu de les traiter comme des sous-citoyens qui n’auraient pas à assumer les mêmes devoirs ou essuyer les mêmes critiques que le reste de la population.

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C’est toujours au nom de ce paternalisme qu’on en vient à considérer les musulmans comme s’opposant d’un bloc à l’étourdissement. Or, c’est parfaitement faux. Beaucoup n’y voient rien d’attentatoire à leur religion. Le théologien musulman Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri juge que l’étourdissement est conforme à la lettre même de l’islam qu’il décrit comme une religion compatissante envers les animaux. En 1989, dans son livre Animals in Islam (trad. fran. Les Animaux en Islam), il écrit : « il ne fait aucun doute dans son esprit que l’étourdissement avant l’abattage est assurément la façon la plus humaine connue à ce jour de rendre l’animal inconscient avant de lui trancher la gorge (…) si l’étourdissement avait été inventé à l’époque du Saint Prophète Mohamed (s), ce dernier aurait fait l’éloge de l’inventeur et déclaré leur [les moyens d’étourdissement] utilisation obligatoire » [7]. Nombre de responsables musulmans en France et à l’étranger sont d’accord avec l’idée d’un étourdissement réversible.

Mais venons-en à l’argument islamogauchiste dont je parlais plus haut. Il ne faut pas s’attaquer à l’abattage sans étourdissement, nous disent de grands esprits, parce que le problème c’est la consommation de viande en général, pas le mode d’abattage. En bref : go vegan ou rien ! A ces gens-là, posez simplement cette question : est-ce que vous refusez aussi qu’on mette un terme au gavage, à la castration à vif, au débecquage, au broyage des poussins, à l’élevage intensif et ainsi de suite ? Si votre interlocuteur vous répond par la positive, il est cohérent. Cohérence folle, criminelle, méprisante à l’égard des animaux qu’on prive d’un adoucissement de leur condition pour je ne sais quelle posture idéologique, mais cohérence tout de même.

S’il vous répond non, vous avez un bel exemple d’islamogauchisme et du deux poids deux mesures inhérent à ce travers-là. A ce militant vous pourrez répondre : en refusant d’interdire l’abattage sans étourdissement pour satisfaire au politiquement correct, en refusant d’imposer l’étourdissement réversible, vous perdez tout droit d’exiger l’abolition de pratiques d’élevage particulièrement cruelles comme celles énumérées ci-dessus, sans parler de la chasse à courre et autres joyeusetés. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, fût-il vegan.

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[1] Federation of Veterinarians of Europe, « Slaughter without stunning causes unnecessary suffering », déclaration de principe, 8 février 2019.

[2] Faire face avec Yannick Jadot. Programme des écologistes, élection présidentielle des 10 & 24 avril 2022, p. 32.

[3] M La France : 22 mesures pour 2022. Projet pour la France de Marine Le Pen, p. 5.

[4] Par exemple en Norvège, en Slovénie, en Islande, au Danemark ou en Belgique dans les régions wallonne et flamande. Voir Pascal Durand et Christophe Marie, L’Europe des animaux, Alma éditeur, 2019, p. 135.

[5] L’étourdissement est réversible en ce que l’animal pourrait reprendre conscience s’il n’était finalement pas tué. Voir Pascal Durand et Christophe Marie, L’Europe des animaux, p. 134.

[6] Cour de justice de l’Union européenne, communiqué de presse 163/20, 17 décembre 2020, p. 1.

[7] Les Animaux en Islam, trad. Sébastien Sarméjeanne, Droits des animaux, 2015, p. 251.

Dansons!

Le grand aspirateur-préempteur de films qu’est le Festival de Cannes semble déjà à l’œuvre. Résultat en salles: un salon des refusés sans intérêt. Quoi de neuf alors? Renoir évidemment!


La ressortie en salles de La Règle du jeu de Jean Renoir est toujours un événement, et ce d’autant plus qu’il s’agit, comme c’est le cas ici, d’une version restaurée.

C’est en 1938 que Renoir décide d’adapter Les Caprices de Marianne avec parmi les premiers titres envisagés pour le futur film, Les femmes sont comme ça. Mais étrangement, bien des années plus tard, en 1966, le cinéaste déclarait : « Ce qui est intéressant peut-être à propos de ce film, c’est le moment où je l’ai tourné entre Munich et la guerre et je l’ai tourné absolument impressionné, absolument troublé par l’état d’esprit d’une partie de la société française, d’une partie de la société anglaise, d’une partie de la société mondiale. Et il m’a semblé qu’une façon d’interpréter cet état d’esprit du monde à ce moment était précisément de ne pas parler de la situation et de raconter une histoire légère, et j’ai été chercher mon inspiration dans Beaumarchais, dans Marivaux, dans les auteurs classiques, dans la comédie. ».

Musset, dans la bouche de Renoir, a donc disparu au profit de Marivaux et de Beaumarchais. Mais l’intention demeure : « Rien de grave dans les aigus », aurait dit le regretté Michel Legrand. Autrement dit, si La Règle du jeu demeure l’un des plus beaux films français depuis 1895 et l’invention des Lumière, c’est précisément parce qu’il combine le dramatique et la comédie, le trivial et le sublime, le peuple et l’élite, le sérieux et l’insouciant. Le pire serait de réduire le film à l’un ou à l’autre de ces éléments antagonistes. Le génie de Renoir c’est précisément de tenir les deux bouts de la corde dans un exercice d’équilibriste qui tient du prodige.

Il y aura donc à parité La Chesnaye, le châtelain parvenu et Marceau le braconnier, le catholique et le juif, mais aussi le mari, la femme et l’amant à l’étage noble comme dans les cuisines, les maîtres et les valets. On passe sans cesse des uns aux autres sans l’ombre d’un temps mort, dans une sorte de frénésie amoureuse et vitale. Tout le monde ici semble danser sur un volcan sans jamais s’en rendre compte. La passion amoureuse est une bombe à fragmentations multiples qui fait partout des victimes. Les vraies bombes de la guerre éclateront plus tard, mais elles se préparent déjà. Comme le laisse entrevoir cette fabuleuse scène où le cuisinier parle du maître des lieux, en commençant sa phrase par : « Tout métèque qu’il est… » Il donne ensuite la recette de la salade de pommes de terre, preuve irréfutable selon lui du bon goût de son patron, « tout métèque qu’il est », donc. Pas certain que cette expression passerait à notre époque, du moins serait-elle immédiatement contrecarrée par bien autre chose qu’un bon goût culinaire. Alors même, soit dit en passant, que la recette de la salade de pommes de terre est un marqueur d’intégration aussi solide que bien d’autres. Et celle qui est donnée dans le film est absolument parfaite : il faut se brûler les doigts pour la réussir !

Ainsi va La Règle du jeu, film-gigogne dont chaque nouvelle vision permet de découvrir ou de redécouvrir une nouvelle facette, un nouvel attrait. Comme cette merveilleuse réplique empruntée à Chamfort : « L’amour dans la société, c’est l’échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes. » Rappelons en conclusion que pour François Truffaut, ce fut le « film le plus haï à sa sortie ». Ni la critique ni les spectateurs de l’époque ne voulurent accepter le miroir pourtant si pertinent que leur tendait alors Renoir. Ils avaient, comme souvent, besoin de certitudes lourdes et faciles. À rebours de ce que dit La Chesnaye : « Mais bien sûr que tout le monde a ses raisons ! Mais moi je suis pour que chacun les expose librement. Je suis contre les barrières, contre les murs. » Si le mot n’était pas abominable, on parlerait bien ici de la modernité de Renoir. En mêlant peinture sociale et confessions intimes, le cinéaste désarçonne, bouscule, rudoie même son spectateur, et c’est tant mieux. Il faudrait, nous disent les beaux esprits, encore aujourd’hui, choisir entre le rire et l’émotion. Foutaise ! Si La Règle du jeu nous est à ce point nécessaire, c’est précisément parce que rien n’y est figé, définitif, bloqué. C’est la vie même qui l’irradie.

Et si ce n’était pas lui?

À la veille de la présidentielle, retrouvez un dossier de 25 pages consacré à Emmanuel Macron dans le nouveau magazine Causeur. Avec notamment: notre grand entretien avec Marion Maréchal, les analyses de Michel Onfray, Gil Mihaely, Jeremy Stubbs, Jean-Luc Gréau ou Philippe Murer, et les révélations d’Erwan Seznec sur les derniers ralliements enregistrés par le président sortant… Pour notre directrice de la rédaction, une réélection d’Emmanuel Macron serait un choix par défaut. Il n’a pas eu à répondre de son bilan. Analyse.


On savait déjà qu’Emmanuel Macron multipliait les petits pains – dans le nouvel Évangile, on appelle ça le « quoi qu’il en coûte ». On ne l’a pas encore vu changer l’eau en vin. Mais il n’y a pas de doute : il marche sur l’eau. Quoi qu’il fasse et quoi qu’il se passe, rien ne semble pouvoir entraver la marche du président sortant vers un deuxième mandat (sauf débâcle des sondeurs).

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Certes, on peut créditer le président sortant d’une intelligence et d’une capacité de séduction hors du commun. Sur la scène internationale, il fait preuve d’une grande prestance à défaut d’obtenir de grands résultats – et pour qui aime le genre Top Gun, quand il cause à Poutine mal rasé et en bras de chemise, il est irrésistible.

© Soazig de la Moissonnière / Présidence de la République

Reste que la France ne va pas mieux qu’en 2017. Et on ne peut pas tout imputer au Covid ou à la guerre en Ukraine, déjà usés comme jokers. Sur le front régalien – sécurité, immigration, islam radical –, c’est même de pire en pire. Chaque jour, l’actualité fournit une nouvelle preuve de l’ensauvagement du pays sans que la fameuse réponse pénale dont on nous parle à longueur de discours ait bougé d’un iota. La lutte contre le séparatisme se résume à la fermeture de quelques mosquées et à l’expulsion de quelques imams – en supposant qu’elles aient été effectives. Cela n’empêche pas les grands moralistes du Printemps républicain et la troupe des « Francs-Tireurs » emmenée par Caroline Fourest de trouver mille vertus au président-candidat– on n’ose imaginer qu’ils aient troqué leurs principes contre quelques postes.

À peine incommodé par la malencontreuse affaire McKinsey

La société est plus divisée que jamais, les classes moyennes se paupérisent, les pauvres se clochardisent. Quant à la fin des archaïsmes français, annoncée en grande pompe il y a cinq ans, on aimerait bien en voir le début alors que ce quinquennat a vu se déployer l’omniprésence de notre administration.

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Or, non seulement Emmanuel Macron n’a pas eu à répondre de son bilan, mais il s’est quasiment dispensé de faire campagne, évitant ainsi d’expliquer à quoi ressemblerait Macron II (ah oui, il gouvernera avec les gens, la bonne blague). Vaguement interrogé par des journalistes dont les questions avaient été soigneusement sélectionnées, il a semblé à peine incommodé par la malencontreuse affaire McKinsey. Qu’un cabinet américain dont nombre de cadres sont des amis du président ait bénéficié de juteux contrats du gouvernement français est peut-être légal (si l’on en croit Le Canard enchaîné, la carambouille fiscale qui lui a permis d’échapper à l’impôt était parfaitement connue des services de Bercy). C’est politiquement fâcheux. Et cela aurait pu faire tiquer les spécialistes du soupçon qu’on a vu monter sur leurs ergots pour moins que ça. Bizarrement, on n’a pas entendu Mediapart sur ce dossier. Nos fins limiers, généralement intraitables sur la morale publique, devaient avoir piscine.

Il est possible que nombre d’électeurs choisissent Emmanuel Macron par défaut, parce qu’ils considèrent que ses concurrents ne valent pas mieux. Après tout, si Le Pen, Mélenchon, Pécresse et Zemmour ne convainquent pas (que lmes autres candidats me pardonnent), ce n’est pas de la faute de Macron. Les commentateurs qui semblent également avoir enjambé le scrutin annoncent déjà un quinquennat mouvementé. Désolée, mais les électeurs ne peuvent pas se conduire comme des enfants qui jettent leur jouet cinq minutes après l’avoir choisi (d’ailleurs, même pour des enfants ce n’est pas bien). S’ils décident de reconduire Macron, il sera leur président légitime pendant les cinq prochaines années. Quelle que soit la couleur de leur gilet.

Macron, c’est Bel-Ami – en moins séduisant

Hélas, son quinquennat n’est pas un roman…


Je méditais sur le règne de notre jeune monarque qui peut-être s’achève. Et je gardais en tête que les Gaulois, connus pour être réfractaires, sont bien capables de faire mentir les sondages dont on leur rebat les oreilles. Alors, je me suis remémoré tout particulièrement deux images de ses triomphaux débuts.

Au soir de la victoire, il y eut la déambulation nocturne, la lévitation, dirais-je plutôt, sur l’esplanade du Louvre, au son de l’Hymne à la joie. J’ai songé ensuite au portrait officiel du prince qui nous a dévoilé l’intimité littéraire de cet amoureux du verbe : sur son bureau trônaient en effet Mémoires de guerre du général de Gaulle, Les Nourritures terrestres d’André Gide et Le Rouge et le Noir de Stendhal. Il y avait là de quoi toucher, en même temps, nombreuses sensibilités et non pas uniquement quelques happy few : le bougre est connu, on a pu le vérifier, pour ratisser large. 

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C’est alors que, poursuivant plus avant ma rêvasserie, forte des cinq ans écoulés depuis le couronnement, je me suis fait la réflexion qu’aurait pu, sur ce royal bureau, figurer également un exemplaire du Bel -Ami de Maupassant. Si notre roitelet partage, en effet, avec Julien Sorel le désir de tutoyer les cimes, il me semble plus proche de Georges Duroy, le héros du roman de Maupassant. À la détermination sans état d’âme de Sorel, prêt à tout pour advenir, Emmanuel Macron associe la morgue, le cynisme, la roublardise et surtout le narcissisme qui sont l’apanage du très moderne Duroy. 

Prêt à tout?

Notre jeune prince, en apesanteur sur l’esplanade du Louvre, en fait, c’est Duroy devenu du Roy de Cantel. Jugez-en plutôt par la description que Maupassant nous en fait, à la fin de son roman lors du mariage de son héros avec la riche héritière, Suzanne Walter : « Et il sentait derrière son dos, une foule, une foule illustre, venue pour lui. Il semblait qu’une force le poussait, le soulevait. Il devenait un des maîtres de la Terre, lui, lui, le fils des deux pauvres paysans de Canteleu. » Narcisse, triomphant des flots, s’était bel et bien mis à marcher sur l’eau.

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Au moment d’aller voter, il me semble donc opportun de rappeler aux électeurs qu’Emmanuel Macron n’a cessé de se comporter avec eux comme Bel-Ami le fit avec les femmes qu’il cajolait tout en les trompant pour arriver à ses fins, faisant feu de tout bois. Du reste, ça n’est pas pour rien que ses adversaires, avec lesquels il refuse de débattre, l’accusent de piller leurs idées. Lui s’en défend, bien sûr, avec sa désinvolture habituelle : « Si à ce point, ils ne savent pas se différencier du projet que je porte, que sont-ils allés faire dans cette galère ? Moi, c’est pas mon problème, c’est leur problème à eux ! », a -t-il déclaré lors d’une conférence de presse aux Docks de Paris alors qu’il présentait son programme. 

La France, sa promise

Le ton de notre royal président n’est pas ici sans rappeler celui pris par Duroy face à l’une de ses maîtresses alors qu’elle apprend le prochain mariage du coquin avec Suzanne Walter. A l’exclamation de celle-ci, en réaction à la nouvelle : « Quel gredin tu es ! », il répond : « pourquoi ça ? j’avais une femme qui me trompait. Je l’ai surprise ; j’ai obtenu le divorce et j’en épouse une autre. Quoi de plus simple ? » 

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Si nous ne voulons, donc, pas revivre une nouvelle apothéose du jeune homme qui croit vaincre sans péril pour triompher sans gloire, changeons la fin du roman de Maupassant. 

Refusons le spectacle de la parade nuptiale d’Emmanuel Macron, au bras de sa promise, la France : « Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de légers frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui. »  Que Suzanne, en qui nous voyons une France aux yeux décillés, lasse des compromis, des compromissions et du en même temps tourne les talons et refuse de renouveler ses vœux !

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Eric Zemmour ne doit pas prendre d’engagement contre la PMA et la GPA… pour des raisons zemmouriennes!

La dénatalité de la population française est due essentiellement au travail des femmes. Personne n’empêchera l’épouse de mon charpentier de reprendre ses études d’infirmière et c’est très bien. Travailler est une promesse d’épanouissement et de liberté dont personne ne doit être privé. Alors que faire pour que subsiste en Europe une certaine diversité biologique et que coexistent paisiblement dans nos pays les remplacés et les remplaçants?


Mon charpentier confirme pleinement ce que dit Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage Où en sont-elles ? (Seuil) à propos de la natalité. “La perte de pouvoir masculin est ici totale (…), en dernière instance, c’est désormais la femme qui décide d’avoir un enfant ou non”. Il y a deux ans, il me bâtissait un préau et, à l’apéritif, me confiait avec le sourire qu’il souhaitait un quatrième enfant. Je le félicitais, la règle dans mon coin de France profonde très vieillissant c’est l’enfant unique, aller jusqu’à deux relève de l’aventurisme le plus échevelé. Ce jeune homme dynamique me construit ces jours-ci un garde-corps et à l’apéro, ah non, madame veut reprendre ses études d’infirmières, pas question d’agrandir la famille. On ne ramènera pas les femmes à leur cuisine et tant mieux. La cause est entendue, du moins chez tous ceux qui vivent selon les normes occidentales.

La natalité occidentale en berne

Parmi ses grandes qualités intellectuelles, Éric Zemmour a celle de savoir hiérarchiser les problèmes, de distinguer du premier coup d’œil l’essentiel du secondaire. L’essentiel est pour lui la survie de la France telle qu’on la connaît, je voterai pour lui sans l’ombre d’une hésitation le 10 avril. Il sait aussi renvoyer poliment dans les cordes ceux qui lui demandent de s’engager sur des sujets  secondaires. Je demande à Éric Zemmour de ne prendre aucun engagement contre la PMA et GPA, et je le lui demande au nom de raisons très zemmouriennes que je vais exposer.

L’effondrement de la natalité française va s’aggraver, du moins chez les non-musulmans. Le féminisme actuel, qu’Emmanuel Todd appelle à juste raison un féminisme de ressentiment, répand l’idée que la maternité constitue une charge mentale insupportable et que les femmes doivent refuser cette “injonction de la société patriarcale”. L’excellent article de Didier Desrimais sur Causeur.fr “Renée Greusard victime du régime de l’hétérosexualité” critique avec raison cette exigence d’un consentement à la maternité. Le très modéré Figaro multiplie les articles sur “le regret d’être parent” et le Figaro Madame parlait le 08 octobre du succès international du livre d’Orna Donath traduit en français en 2019 sous le titre Le regret d’être mère. Le néoféminisme est passé subrepticement de “un enfant quand je veux si je veux” à “pas d’enfant du tout, c’est mauvais pour mon développement personnel”. On voudrait justifier la sinistre prédiction selon laquelle la femme sera le tombeau de l’Occident qu’on ne s’y prendrait pas mieux.

L’expression « grand remplacement » suscite la panique

L’immigration actuelle amène en France des populations dont les hommes font des enfants à leurs femmes sans s’inquiéter de “leur consentement à la maternité”. Dynamisme démographique qui se constate dans toute la France et pas seulement en région parisienne. Le grand remplacement devient si évident à des yeux jusque-là fermement myopes que la simple énonciation de ces deux mots entraîne des paniques morales. Des gens raisonnables veulent lui substituer l’expression “bascule démographique”, et j’ai été stupéfait d’entendre la courageuse Michèle Tribalat dire lors d’une interview sur CNews qu’il fallait préférer le terme de “substitution”. Le comble du pataquès a été atteint par Valérie Pécresse,  dans son discours du Zénith : “Avec moi, il n’y aura pas de grand remplacement”. On croyait qu’elle voulait lutter contre cette réalité, mais devant les hurlements de la gauche, elle a  prétendu vouloir lutter contre cette expression ! C’était parfait pour mettre en valeur la clarté des idées de Zemmour qui ne confond jamais les mots et les choses. Et il répète depuis Le suicide français que celui-ci est avant tout démographique.

La dénatalité de la population française est due essentiellement au travail des femmes. Personne n’empêchera l’épouse de mon charpentier de reprendre ses études d’infirmière et c’est très bien. Travailler est une promesse d’épanouissement et de liberté dont personne ne doit être privé. Alors que faire pour que subsiste en Europe une certaine diversité biologique et que coexistent paisiblement dans nos pays les remplacés et les remplaçants ? Que faire pour que subsistent en France les gènes des bâtisseurs de cathédrales et des soldats de la Révolution et de l’Empire ? Car il existe un aspect génétique à la continuité nationale, soit dit sans refuser un instant l’apport génétique d’un peuple aussi artiste que les Dogons ou aussi intelligent que les Berbères juifs. Il existe bien une solution pour garder un minimum de gènes européens en Europe, mais elle est tellement diabolisée  aujourd’hui qu’il faudra du temps avant que sa nécessité s’impose. Cette solution qui semble relever du progressisme le plus agressif est en réalité conservatrice, et j’ose dire  zemmourienne. La même aventure est arrivée à l’écologie : la pauvre petite s’est fait kidnapper par l’extrême gauche, alors qu’elle est conservatrice, pour les abeilles comme pour le paysage.

“Je préfère un enfant sans père à pas d’enfant du tout” JMLP

Une pétition de principe : je trouve le progressisme intégral aussi niais que le conservatisme intégral.  A problèmes différents, solutions différentes. Je suis partisan de Zemmour et je pense qu’il ne doit pas prendre d’engagement contre la PMA. Celle-ci est en train d’être admise par l’opinion, elle fait naître des bébés qui ne seraient pas venus au monde (“le nombre, le nombre, le nombre !”) et, s’il s’agit d’enfants de lesbiennes, ils grandiront aussi bien que ceux des innombrables veuves de 14-18. “Je préfère un enfant sans père à pas d’enfant du tout” a déclaré Jean-Marie Le Pen, preuve qu’il est loin de ne dire que des bêtises. Ce mode de naissance se banalisera et deviendra statistiquement important (“le nombre, le nombre, le nombre !”).

Le 9 février, France 2 a présenté un téléfilm sur la GPA  inspiré du livre de Marc-Olivier Fogiel Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?. Lors du débat, la députée Genevrard, très remontée contre la GPA, a proclamé le grand tabou d’une morale qu’elle croit au-dessus de toute remise en cause : le corps humain doit échapper à toute transaction financière. Donc interdiction de la prostitution ? La police aura du travail. Blaise Pascal pourrait lui objecter  la relativité de la morale selon les pays : “Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà”. Dans ce cas, “Vérité en-deçà de la Manche, erreur au-delà”. A Calais, la GPA est ignoble, à Douvres elle est admise. Trente kilomètres, et voilà la loi et la morale cul par-dessus tête. Les lois sur les mœurs sont variables et risibles selon Pascal, plus risibles encore sont les lois sur les rapports du sexe et de l’argent. Paul Veyne nous en apprend une bien bonne sur les dames romaines libres : leurs amoureux pouvaient sans affront leur proposer de l’argent pour coucher avec elles, et elles pouvaient accepter sans scandale !

Toute transaction financière sur un corps humain est ignoble et doit être proscrite ? Ah bon ? L’Etat français a donc commis une faute impardonnable en rachetant Sophie Pétronin aux islamistes du Mali ? Les congrégations religieuses qui autrefois rachetaient les captifs chrétiens en Afrique du Nord (ainsi fut libéré Cervantès prisonnier à Alger) commettaient un affreux péché ? Ah non, me direz-vous, le rachat des otages n’a rien à voir, c’est l’intention qui compte ! Eh bien si l’intention compte, la pire des GPA non-éthique, celle où l’on achète le bébé, ne vise que son bien, l’intention est pure. Un couple qui dépense une fortune et brave l’hostilité de son entourage ne va pas élever son enfant pour le maltraiter. Le plus grave risque que courent les filles de Marc-Olivier Fogiel est d’être noyées sous les cadeaux et l’amour paternel.

Pendant ce temps, l’IVG rallongée à 14 semaines

L’argument de la mise en esclavage des mères porteuses est absurde. Ce mot “esclavage”, lourd d’affectif, sert aujourd’hui à brouiller n’importe quel débat. Une séquence du téléfilm montrait une jeune Ukrainienne enceinte jusqu’aux yeux qui résidait dans un studio d’aspect cossu où on l’avait installée  pour protéger la fin de sa grossesse. “Scandaleux esclavage !” s’exclamèrent les participants, les pour comme les contre. De quoi révolter les mânes des esclaves empilés dans les cales des navires négriers, qui ne jouissaient certes pas du confort d’un coquet studio ! La GPA, éthique ou non, consiste à acheter la force vitale de la mère porteuse comme un patron achète la sueur et l’énergie de ses ouvriers.

Et si on parlait un peu d’avortement ? La comparaison s’impose entre ces manœuvres qui consistent l’une à tuer un bébé aux portes de la vie et l’autre à le faire naître. L’Assemblée nationale dont fait partie Mme Genevrard a-t-elle fait preuve de sublimité morale le 23 février en autorisant l’IVG à quatorze semaines, qui oblige le gynécologue à écraser avec une pince la tête déjà ossifiée du fœtus ? Il s’est déclenché récemment une grande offensive éditoriale féministe contre la GPA, des livres ont paru pour dire combien il était inhumain d’arracher un bébé au couple dont il a entendu les voix pendant la gestation, GPA le grand bluff  de Céline Revel-Dumas aux éditions du Cerf et  Les marchés de la maternité, œuvre d’un collectif  chez Odile Jacob. Ces excellentes personnes s’apitoient sur la douleur des bébés qui n’entendent plus les mêmes voix après leur naissance, une terrible souffrance ! Par contre elles ne se soucient pas des IVG tardives, et on a presqu’envie de leur demander : “Si vous étiez un fœtus, préfèreriez-vous avoir le crâne écrasé avec une pince ou changer de maman à la naissance ?” Je ne milite pas un instant pour l’interdiction de l’IVG en temps voulu, mais je rappelle que, dans certaines circonstances sociales difficiles pour la mère, il est légal en France d’écraser le crâne juste avant la sortie de l’enfant à la grande lumière de la vie. De plus cruels que moi diraient que le développement personnel de la mère exige la mort de l’enfant à naitre et que la société applaudit à deux mains.

En voulant gagner sur tous les tableaux, les féministes d’aujourd’hui créent un grave déséquilibre anthropologique. Alain Finkielkraut l’a souligné récemment, le patriarcat n’existe plus puisqu’une femme peut avorter sans le consentement de son mari. Mais voici que le triomphe total des féministes sur la natalité ou plutôt leur lutte acharnée en faveur de la dénatalité est menacée ! Au secours, mes sœurs, des Ukrainiennes, des Américaines, des Canadiennes attaquent notre monopole sur les naissances (ou plutôt les non-naissances), les surrogate mothers nous font des enfants dans le dos ! Les couples d’hommes veulent des enfants, c’est l’exclusion totale du pouvoir féminin sur la reproduction ! Vite des insultes, des condamnations, des barrières protectionnistes, des manifestations de catholiques naïfs qui n’ont pas compris que la PMA et la GPA étaient des chances historiques pour compenser l’effondrement de la natalité française !

Les droites françaises, la classique et les nationales, ne voient pas le rôle salvateur que peuvent avoir  les nouvelles natalités.

Les femmes continueront de faire carrière, mais elles congèleront leurs ovocytes et en feront des bébés elles-mêmes plus tard ou avec l’aide de mères porteuses. Passer sa cinquantaine ou sa soixantaine à pouponner, avec une confortable retraite et une santé garantie par les sidérants progrès de la médecine, quelle merveilleuse occupation ! Pour l’instant, l’apport de la GPA à la démographie est dérisoire, il en sera autrement quand elle sera décriminalisée, acceptée et démocratisée. La science nous sauvera de l’extinction démographique de l’Occident comme du grand réchauffement. Les esprits bougent sur cette question, mais avec une lenteur géologique. Zemmour a un esprit à la rapidité fulgurante, il comprendra immédiatement ces enjeux et refusera de se lier les mains en promettant quoi que ce soit sur les nouvelles natalités.

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«Au tableau»: à quels enfants allons-nous laisser le monde?

En interrogeant les candidats via une salle de classe, l’émission de télévision « Au tableau » se targue de pousser les politiques dans leurs derniers retranchements, et de nous les présenter sous un nouveau jour… Car, c’est bien connu, la vérité sort de la bouche des enfants! Et, on nous l’assure, ce n’est pas du tout la production bobo qui souffle les questions à ces petits galopins. Si les enfants deviennent les nouveaux arbitres du débat politique, on leur donnera demain le droit de vote. Une dérive.


Vous avez aimé frissonner devant certains films d’horreur avec des enfants comme personnages principaux (« Le village des damnés » ou « Sa Majesté des Mouches », par exemple) mais n’avez pas le temps de les revoir ? Soyez rassurés, j’ai dégoté pour vous une nouvelle série composée d’épisodes d’une trentaine de minutes qui glace le sang. Ça s’appelle « Au tableau », ça passe sur C8. Le principe : chaque candidat à la présidentielle se présente devant une quinzaine d’élèves âgés de huit à 12 ans et répond à leurs questions, subit des interros surprises, fait des exercices notés par les élèves et se prend des coups de règle sur les doigts. Trente minutes de terreur et d’horreur absolues.

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Le casting est parfait. Les élèves se prénomment Eïleen, Antonin, Ayden, Imad ou Victoire, connaissent les points principaux des programmes de chaque candidat et ont, semble-t-il, un QI très largement au-dessus de la moyenne. En réalité, ces futurs petits Gardes rouges ont été adroitement conseillés et coachés par des professeurs, des producteurs et des parents qui, toute honte bue, ont transformé ces enfants en monstres de foire télévisuelle.

Un tableau effrayant

Les poses et les mimiques d’adultes que prennent ces enfants lorsqu’ils corrigent Yannick Jadot mis sur le grill – en l’occurrence devant une carte sur laquelle le candidat écolo peine à placer les capitales des pays de l’UE – font un tableau assez effrayant. Avec Zemmour, c’est pire encore, les visages des petits monstres se crispent et les sourires se figent. Des questions fusent des bouches de ces marionnettes manipulées par un ventriloque invisible : « Pourquoi êtes-vous contre la société multiculturelle ? » Brr ! « Si vous êtes élu président, est-ce qu’il y a des styles de musique qu’on n’aura plus le droit d’écouter ? » Brr Brr ! « Êtes-vous le Trump français ? » Brr Brr Brr ! À la fin de l’émission, une des élèves est apparemment étonnée que Zemmour n’ait pas bouffé l’un d’entre eux : « Il a été assez gentil mais… il s’est retenu parce qu’on est des enfants. »

Refusant de participer à cette mascarade, Marine Le Pen a déclaré : « On ne doit pas se servir des enfants pour sa campagne, ni les mêler à la politique. Une salle de classe est un sanctuaire. » On ne saurait mieux dire. Un enfant n’est pas un adulte mais un « nouveau venu dans un monde qui lui est étranger » (Arendt), c’est-à-dire un être humain en cours d’évolution et de formation. Les adultes devraient offrir aux enfants une éducation reposant sur l’autorité bienveillante mais ferme de parents responsables et celle, libérée du pédagogisme nuisible, de professeurs transmettant des savoirs. L’émission de télévision « Au tableau » est l’exact inverse de cette éducation et ressemble finalement à ce qui se passe de plus en plus dans les classes de nos écoles et dans les familles. Les enseignants ne sont plus là pour enseigner une discipline mais pour participer à un projet social, tolérant, ouvert à l’autre, inclusif. Les enfants sont dressés à rééduquer leurs parents à ce nouveau dogme. Ce type d’éducation relève de la pure propagande idéologique et ne peut conduire qu’à un désastre, celui qui accompagne toutes les révolutions culturelles.

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Jamais les désirs rebellocrates des jeunes générations n’auront été aussi façonnés, préparés à servir toutes les manipulations idéologiques, qu’aujourd’hui. Le relativisme ambiant met sur le même plan la pensée d’un enfant et celle d’un adulte d’un demi-siècle son aîné et ne fait pas de différence entre la parole d’un homme expérimenté et celle d’un élève du primaire  transformé en singe savant. Au sein d’une société qui ne cesse de louanger outrancièrement sa jeunesse, nos enfants deviennent les prescripteurs des idéologies les plus mortifères et des articles de consommation les plus inutiles et coûteux – mais il arrive toujours un moment où l’un d’entre eux montre son vrai visage, celui de l’ignorant hargneux, du garde-chiourme convulsif, du Père Fouettard maladif et colérique, celui de Greta Thunberg. Les plus à blâmer ne sont assurément pas les enfants. Les adultes qui se servent d’eux et ceux qui laissent faire devraient être condamnés, les premiers pour maltraitance et les seconds pour abandon de poste.

Greta Thunberg à la Marche pour le climat, Paris, 22 février 2019. © Denis Meyer/ Hans Lucas/ AFP

L’école et la télé, oui, c’était mieux avant !

Beaucoup de parents ne remplissent plus leur rôle. Ils ont abandonné. Certains craignent, s’il leur venait l’idée de se conduire en l’adulte responsable qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, de passer pour des fachos, des arriérés ou des ploucs. Hébétés, lobotomisés par l’intelligentsia gauchisto-wokiste qui règne sur l’audiovisuel public et les universités, sur la culture subventionnée et l’école, sur les réseaux sociaux et les séries télévisées, ils n’éduquent plus leurs enfants ; c’est l’inverse qui se passe : influencés sévèrement par leurs rejetons incultes transformés en donneurs d’ordres ou en prêtres wokistes, ils deviennent soudainement écolos, féministes, vegans, adeptes de la solidarité sororitaire, de la méditation “en pleine conscience”, de la fluidité sexuelle et de l’écriture inclusive, de crainte de passer pour des vieux cons ou des boomers. C’est à peine s’ils osent dire que, quand même, certaines choses étaient mieux avant.

Dans ce monde inversé où les adultes ont décidé que les enfants ne devaient pas avoir d’enfance, les très jeunes élèves de l’émission « Au tableau » parlent comme des vieillards. L’individu ne s’échappe que difficilement de cette enfance racornie, et un nouveau mot décrit la mutation en cours : adulescent. Cet êtreprématurément vieilli ne sort paradoxalement de son adolescence consumériste et ignorante que tardivement, s’il en sort jamais. L’adulescent est en gestation chez ces très jeunes gens qui admonestent des représentants politiques et dont le destin sera rapidement de se répandre narcissiquement sur les réseaux sociaux tout en se gavant de séries télévisées, de jeux vidéo et de pizzas exotiques livrées par un cycliste exotique lui aussi.

D.R.

L’inexplicable participation d’Éric Zemmour

Comment est-il possible que ces candidats à la présidentielle n’aient pas compris qu’ils n’avaient rien à faire dans cette classe, devant de si jeunes élèves transformés en bêtes de foire médiatique ? Comment Éric Zemmour a-t-il pu ne pas concevoir qu’il participait ainsi à ce qu’il dénonce par ailleurs, à savoir le déclin de notre école devenue lieu de propagande, la fabrication des crétins, la déshumanisation, l’abrutissement de tous ? Que diable est-il allé faire dans cette galère ?

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En voyant les visages sérieux et butés de ces enfants, en entendant les diatribes délirantes de Greta Thunberg, en me remémorant les images de certaines manifestations de collégiens et de lycéens ou les propos vindicatifs d’étudiants censurant tel conférencier ou empêchant telle représentation théâtrale, en constatant simplement l’emprise de plus en plus grande d’enfants idéologisés sur des parents craintifs, je pense à Jaime Semprun. Ce dernier, épouvanté par « la barbarie [qui] jaillit comme de source de cette vie simplifiée, mécanisée, sans esprit », interrogeait : plutôt que de nous demander quel monde nous allons laisser à nos enfants, ne ferions-nous pas mieux de nous poser « cette autre question, réellement inquiétante : “À quels enfants allons-nous laisser le monde ?” » [1]

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[1] L’abîme se repeuple, Jaime Semprun, Éditions de l’encyclopédie des nuisances.

Daddy, président!

Il est frappant que des sujets capitaux comme la bioéthique et les bouleversements anthropologiques récents opérés dans la filiation soient absents des débats de l’élection présidentielle.


Et les lois de bioéthique dans la campagne ? Mardi, à la télévision, dans le cadre de l’émission « Elysée 22 », Madame Pécresse était interrogée sur son programme par Léa Salamé. On était prié de répondre par oui ou non. A la question : « Reviendrez-vous sur la PMA? », la candidate LR répondit, en proie à l’inspiration : «  Non, je ne reviendrai pas sur la PMA sans père à condition que l’enfant ait accès à ses origines ». Origines ? Origines ? aurait dit Arletty. Des données non identifiantes, à 18 ans, sans droit d’héritage, pour quoi faire ?

Satisfecit macronien

Eric Zemmour, lui, reviendrait— c’est dans son programme— sur la loi de la PMA pour toutes. Toujours radical, le candidat de « la droite extrême » ! Pas comme Marine Le Pen qui n’a donné son avis sur aucun sujet sociétal brûlant et n’a donc pas péché par excès. Ce qui lui fut compté comme vertu politique. Aussi sa campagne fut-elle jugée réussie, consensuelle et rassembleuse. Une « bonne » campagne.

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« Daddy président ! » avait-on entendu crier, samedi, au meeting de l’Arena. Les supporters en barboteuses n’étaient aucunement les petits-enfants du candidat mais ceux de la femme du candidat. Nuance ! aurait toujours dit Arletty. Peu importe, la salle s’enthousiasma quand Daddy énuméra ses hauts faits passés et à venir en matière de bioéthique. En écoutant le satisfecit macronien, on se demandait comment un président pouvait se vanter d’avoir rétabli le privilège (loi privée) de la naissance et comment, dans les préoccupations des Français, « le pouvoir d’achat » passait avant l’intérêt commun de l’égalité. Comme s’en étonnait Guillaume Roquette dans un édito récent de Figaro Magazine, aucun candidat ne parlait de bioéthique ni des problèmes de société, comme si ceux-ci n’avaient pas d’importance. La PMA avait été votée qui n’était rien d’autre que la loi juteuse du marché de l’or blanc. Demain, ce serait la GPA, à condition qu’elle soit « éthique », au nom de la sacro-sainte égalité entre hommes et femmes. L’Eglise dirait ses appréhensions. Il y aurait une navette parlementaire. La loi serait votée. Les cathos penseraient que certaines défaites sont plus belles que des victoires.

D’autres priorités

Avant la Révolution, les registres de baptême tenaient lieu d’état civil : à présent, ce sont les laboratoires. C’est ce que le président Macron appelle « le progrès ». Dans ces conditions, mieux vaut, s’attarder sur les misères du monde auxquelles on ne peut rien.

Et disserter sans fin sur les démocraties illibérales, le climat et la menace atomique.


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Marion Maréchal: «Ne vous faites pas voler l’élection»

Soutien d’Éric Zemmour, l’ancienne députée RN veut en finir avec la gouvernance d’Emmanuel Macron dont elle pointe le manque de vision, de cohérence et de stratégie. Pour elle, le candidat de Reconquête ! est le seul capable d’unir les droites et d’appliquer un programme à la fois civilisationnel, sécuritaire et économique. Grand entretien.


Causeur. Le premier tour est dans quatre jours. Qu’avez-vous à dire aux électeurs pour les convaincre de voter Zemmour ? Peut-il encore, selon vous, être président ?

Marion Maréchal. Ne vous faites pas voler l’élection ! Cette campagne aura été si particulière. Le refus permanent du débat, la crise sanitaire comme une chape de plomb puis la guerre en Ukraine… Alors, oui, je crois sincèrement que tout est encore possible.

Éric Zemmour bénéficie d’une dynamique populaire inédite – les 120 000 adhésions recueillies par Reconquête ! en à peine quatre mois, la mobilisation exceptionnelle dans les réunions publiques, les audiences télé ou le succès sur internet et les réseaux sociaux. En cumulé, ce sont 7 millions de personnes qui ont regardé le rassemblement du Trocadéro qui fut le plus gros meeting de la campagne ! Je suis convaincue que cette énergie aura une traduction dans les urnes.

Ensuite, il est le seul à bénéficier d’une vraie capacité de rassemblement et d’union. Ce rassemblement s’est exprimé à travers son équipe avec la venue d’élus et de cadres du RN comme de LR, de DLF, du PCD ou sans étiquette, mais aussi dans son électorat, puisque l’on sait que les Français s’apprêtant à voter Zemmour viennent aussi bien du RN que de LR. Il remobilise même des abstentionnistes de longue date. Il a fait tomber les digues artificielles qui séparent des Français patriotes depuis trop longtemps.

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Il a par ailleurs une vraie capacité à créer la surprise au second tour en ayant brisé le fameux « cordon sanitaire » puisque des personnalités LR telles que François-Xavier Bellamy ou Éric Ciotti ont déjà annoncé voter pour Éric Zemmour dans le cas d’un duel face à Emmanuel Macron.

Enfin, l’actualité est venue nous rappeler – par exemple avec les très violentes émeutes de Sevran – que l’insécurité ne s’est pas arrêtée dans notre pays parce qu’il y a une guerre à l’extérieur… Éric Zemmour a été le seul à ne pas mettre de côté le sujet civilisationnel et sécuritaire et à le faire revenir en permanence dans la campagne à côté de celui de l’économie et du pouvoir d’achat.

Mais compte tenu des sondages, beaucoup de gens se reconnaissant dans la droite nationale pensent que Marine Le Pen est le vote utile…

« Compte tenu des sondages », Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été au second tour en 2002 et Thierry Mariani, candidat RN, aurait été élu président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en juin. Les sondages sont une photographie de l’opinion, plus ou moins juste, mais ils ne doivent pas façonner l’opinion et encore moins l’élection. Ils sont à regarder parmi d’autres éléments, et notamment cette dynamique et cette capacité de rassemblement dont je vous parlais.

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S’agissant de Marine Le Pen, je suis désolée de dire qu’on connaît la fin du film, pour l’avoir déjà vu en 2017. Et quoi qu’en disent ses soutiens, et puisque c’est manifestement leur seul argument, je dois rappeler qu’il n’y a pas un seul sondage qui la donne victorieuse… Vous savez, j’ai déjà eu l’occasion de réaliser 45 % des voix, aux élections régionales de 2015. C’est un « beau score », comme on dit dans ces moments-là, mais cela reste une défaite. La situation est trop grave pour se contenter d’être une force de premier tour.

Eric Zemmour et Marion Maréchal lors d’un meeting à Toulon, 6 mars 2022 © CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Vous avez été députée pour le RN, aujourd’hui vous êtes l’une des têtes d’affiche de Reconquête ! En dehors des idées, du positionnement, les deux partis sont-ils très différents dans leur fonctionnement ?

Il y a une vraie différence dans la manière de travailler et l’état d’esprit. Avant de le rejoindre, j’ai fait savoir à Éric que je tenais à conserver ma liberté de pensée et de parole, et je l’ai tout de suite trouvé disposé à accepter cela. J’ai vu quelqu’un qui voyait dans cette diversité d’opinions une richesse et une force. En cela, je le crois beaucoup plus apte à construire un parti de gouvernement, à organiser une coalition, à mettre en musique des alliances. C’est aussi ma vision et je dois le dire : c’est particulièrement agréable de retrouver une atmosphère politique où on peut échanger, débattre et exprimer son opinion.

À l’inverse, lorsque j’étais députée du RN, et de très nombreux élus du parti avec lesquels vous en parlerez en privé vous diront la même chose, j’étais en permanence scrutée, observée à la loupe, pour savoir si je ne déviais pas d’un millimètre de la « ligne ». Une ligne souvent changeante, fixée par un tout petit nombre, toujours en dehors des instances de gouvernance régulières du mouvement. J’ai connu un RN (FN à l’époque) où le fait d’avoir trop retweeté Marion Maréchal ou Nicolas Bay, ou d’être considéré comme « trop » catholique, valait une mention sur les fiches avant les commissions d’investiture… Mention conduisant souvent à être écarté ! Une espèce de terreur sourde s’exerce ainsi, avec des pressions qui sont bien souvent intériorisées pour ne pas déplaire à la direction. Dans ce système, la servilité devient plus payante que la compétence. C’est en partie ce qui m’a poussé à quitter le parti et me mettre en retrait de la politique électorale en 2017.

Vous avez réuni 50 000 personnes au Trocadéro, mais les médias ont surtout retenu les « Macron assassin ! » scandés par une partie de la foule. Vos partisans sont-ils vraiment cette foule haineuse et raciste que l’on dit ?

Certains médias ont fait preuve d’une malhonnêteté absolue. Plutôt que d’analyser les ressorts de ce succès ayant mobilisé près de 100 000 personnes ou le contenu des trois heures de discours, ils ont préféré fabriquer une polémique artificielle autour d’un slogan lancé pendant dix secondes par une partie de la foule. La seule obsession fut ensuite d’obtenir la contrition ou la « condamnation » d’Éric et des cadres de Reconquête ! alors qu’ils n’y étaient pour rien. Certains journalistes ont manifestement raté leur vocation de curé ou de procureur. Je n’ai pas souvenir d’un tel émoi médiatique face aux multiples agressions, physiques elles, de militants Reconquête ! ou RN à coups de couteau et de matraque ces dernières semaines.

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Alors oui, beaucoup sont en colère, car l’État ne les protège plus, et ils l’ont exprimé avec leurs mots, alors qu’Éric évoquait dans son discours les victimes de la racaille, du terrorisme, après qu’on a vu en vidéo des témoignages terribles, notamment celui de cette mère dont le fils a reçu 22 coups de couteau d’un migrant soudanais clandestin au cri d’« Allah akbar ». Le vrai sujet aurait été plutôt de chercher à comprendre la colère exprimée par ces Français.

D’accord, les médias ne lui ont pas fait de cadeau, c’est un euphémisme. Mais n’a-t-il pas commis d’erreur ? Beaucoup de gens qui partagent son constat redoutent sa brutalité. Par exemple, fallait-il parler de « ministère de la Remigration » au risque de laisser croire que vous voulez renvoyer des Français ?

Je le répète, il a subi une entreprise de diabolisation inégalée. Même Marine Le Pen reprend des critiques de la gauche qu’elle a subies elle-même pendant des années : le « candidat de la guerre civile », la « brutalité », l’« extrême droite »… jusqu’aux prétendus nazis qui peupleraient son équipe ! Zemmour a un parcours atypique ; ayant été journaliste, polémiste et intellectuel pendant des décennies, il n’a pas peur de la confrontation, de la provocation et des débats animés. D’une certaine manière, cette force peut parfois le rendre vulnérable, dans un champ politique totalement aseptisé, où plus personne ne dit ce qu’il croit, ce qu’il pense, mais réfléchit avant tout à ce qu’on va penser de ce qu’il pense… On en vient à déguiser en habileté tactique tous les renoncements idéologiques, en se soumettant en permanence au magistère de la gauche morale. L’exemple de la remigration est très parlant. Que constate-t-on à travers différents sondages ? Les Français sont favorables non seulement aux mesures derrière le terme (dans tous les électorats, à l’exception de LFI) mais aussi, majoritairement, à la création d’un « ministère de la Remigration ». Rappelons que ce ministère a pour objectif de renvoyer sur le quinquennat 1 million d’étrangers qui n’ont rien à faire sur le territoire, parmi lesquels les 80 000 condamnés étrangers chaque année, les 25 % de détenus étrangers dans nos prisons, les 900 000 clandestins ou encore les milliers de fichés S étrangers pour radicalisation islamiste.

Sur l’islam, Zemmour semble admettre qu’il a pu sembler trop dur en s’en prenant aux croyants. En tout cas, il a rectifié le tir au Trocadéro. Pour la première fois, il a parlé au cœur des musulmans.

Éric Zemmour a longuement développé sa vision de l’assimilation lors de son discours au Trocadéro. Une vision généreuse, mais exigeante. Il a tendu la main aux musulmans en expliquant qu’il n’était pas question d’interdire à quiconque de pratiquer sa religion tant qu’elle respectait le cadre de la loi, mais qu’il était exclu de demander à la France de faire des accommodements raisonnables avec l’Islam au lieu de demander aux musulmans de faire des accommodements raisonnables avec la France. Il a ajouté qu’il considérait comme du mépris et non de la tolérance de dire que l’on ne pouvait exiger des musulmans l’effort qui fut demandé aux juifs, Libanais, Arméniens ou Italiens.

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Zemmour a la conscience aiguë d’une course contre la montre démographique. Demain (certaines projections, dont celle de Michèle Tribalat, parlent de 2060), le peuple français historique pourrait être minoritaire sur son sol. Or les peuples ne sont pas interchangeables. Aussi respectables soient les cultures africaines, elles n’ont pas le même rapport au monde, les mêmes goûts, les mêmes sensibilités, les mêmes croyances, le même art de vivre que la nôtre. Quand on change de peuple, on change de pays. Si demain l’islam est majoritaire en France – et indépendamment de la menace islamiste –, le visage de la France changera complètement. Partout où l’islam est majoritaire, la charia s’applique à des degrés divers. Zemmour a hérité de ses parents assimilés une compréhension profonde de cette question anthropologique. Il faut plus de courage pour faire de la politique à partir de ce constat inquiétant que pour faire de la démagogie diversitaire à court terme.

Zemmour n’a jamais été connu pour sa capacité à écouter les conseils… Quand il était polémiste, c’était plutôt quelqu’un de très individualiste. Avait-on une fausse image de lui ?

Ce que je constate, c’est qu’il a des certitudes sur le plan des idées, mais une véritable humilité sur le plan politique. C’est un univers qu’il découvre et il le sait. Il a admis qu’il avait fait des erreurs et il a appris de ses erreurs, ce qui est notable. Dans cette mue à l’œuvre depuis des mois, il est très ouvert à la critique constructive et aux conseils.

Cette campagne l’a-t-elle changé ?

Je l’ai constaté directement. On l’a vu dans des exercices nouveaux, notamment dans le contact avec les Français où il fait preuve d’une capacité d’écoute, d’empathie, de proximité qu’on ne lui devinait pas puisqu’il était, jusque-là, davantage dans un exercice abstrait, intellectuel. Il a une grosse capacité de travail et à la différence de beaucoup de politiques aujourd’hui, il élabore ses positions sans que des communicants lui disent quoi penser. Il est capable de donner un cap intellectuel tout en étant ouvert sur la méthode.

Sait-il parler aux classes populaires sans lesquelles on ne gagne pas une élection ?

Pour lui, un des enjeux de la campagne était de se faire connaître en très peu de temps des Français plus éloignés de la politique, un public qui ne l’a pas connu non plus à travers les pages du Figaro ou l’antenne de CNews. Il a développé un discours clair sur la question du pouvoir d’achat, mais il refuse, avec raison, de choisir entre l’angoisse de la fin de mois et l’angoisse de la fin de la France. Par ailleurs les deux sont liées : les Français modestes sont les premières victimes des conséquences de l’immigration massive. On ne peut pas rendre du pouvoir d’achat aux Français et de la compétitivité aux entreprises si on ne réalise pas en parallèle des économies sur l’immigration dont le coût annuel s’élève à 40 milliards, un tiers du déficit public !

La stratégie de l’union des droites est-elle la bonne ?

L’union des droites est un moyen et non une fin. On a vu émerger ces dernières années un clivage politique qui se fonde moins sur les idées que sur les conditions matérielles. Le clivage entre LREM et RN est devenu une opposition entre gagnants et perdants de la mondialisation, périphérie et métropole, « élite contre peuple ». On cristallise une néo-lutte des classes, or la nation est par essence une synthèse. Ses défenseurs ne doivent jamais l’oublier. En France, il y a déjà des fractures territoriales, ethniques, religieuses, sociales : doit-on alimenter ces fractures en faisant de la politique catégorielle, par des propositions qui ne s’adressent plus qu’aux uns ou aux autres ou faut-il les dépasser en revenant à un clivage d’idées qui fonctionnait à l’époque du PS et RPR ? Il y avait dans ces partis une mixité sociologique qui les obligeait à développer un projet de société intégrant tous les Français, d’où qu’ils viennent. Zemmour permet de sortir de cette mécanique toxique car son électorat est hétérogène, multiple, et en cela il ressemble à la société française. On vient au vote Zemmour non pas mû par des intérêts, mais par une vision du bien commun.

>> La deuxième partie de l’interview de Marion Maréchal est à lire ici <<

Voter Zemmour et se faire plaquer, c’est possible

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Image d'illustration Unsplash

Ne peut-on pas en même temps reconquérir la France et conquérir les cœurs ? Un sondage semble indiquer que non.


« Coucheriez-vous avec un électeur de Zemmour ? » c’est le sur-titre d’un sondage IFOP, commandé par le site de rencontres adultérines Gleeden [1] sur l’influence du vote pour tel ou tel candidat dans les relations de couple et sexuelles des Français.

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Étant donné la diabolisation du « candidat de l’extrême-droite », orchestrée matin, midi et soir par le camp du Bien, la réponse est sans surprise. C’est niet pour 61% des Français(es) qui refuseraient d’avoir une relation sexuelle sans lendemain avec un électeur d’Eric Zemmour. Ce rejet est massif comparé à celui essuyé par les électeurs des autres candidats. L’électeur de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen garde de son côté, en effet, une chance sur deux de voir aboutir ses avances. Quant aux électeurs écologistes, macronistes et pécressistes, leur capacité de séduction est nettement plus forte puisque ce sont eux qui suscitent le moins d’aversion. Les célibataires militants du parti de Yannick Jadot ont donc plus de chance de conclure que les célibataires zemmouristes, qui, tels les apprentis Titus de la politique devront affronter un dilemme racinien et choisir entre reconquérir la France ou conquérir les cœurs !

À en croire ce sondage, voilà qu’à présent Eric Zemmour, au-delà de « semer la haine », et de « diviser les Français », casse les plans d’un soir de ses électeurs qui doivent se résoudre à ne pas faire du Zemmour pour draguer. Et ce n’est pas fini.

À croire que l’amour ne rend pas si aveugle que ça !

Voter pour le candidat de Reconquête ne fait pas seulement office de repoussoir pour une partie de jambes en l’air sans importance, mais aussi pour trouver chaussure à son pied et se caser définitivement. 64% des Français prendraient leurs jambes à leur cou en apprenant que la personne avec qui ils envisagent de se mettre en couple met dans l’urne un bulletin Eric Zemmour.

Graphique étude IFOP pour Gleeden

Et qu’en est-il du côté des couples installés ? Eh bien voter pour le leader de Reconquête reviendrait plus ou moins à faire voler en éclat son couple ! Pas moins de 42% des Français(es) quitteraient leur conjoint/partenaire s’il avait l’intention de voter pour l’ancien journaliste du Figaro. Et la proportion monte même à 57% chez les femmes de moins de 25 ans. Dans les raisons de divorcer, Zemmour détrônera-t-il donc le cocufiage ?

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Très curieusement, les électeurs faisant preuve de la plus grande tolérance sont justement ceux qui suscitent la plus grande intolérance. Ainsi, seuls 37% des électeurs d’Eric Zemmour refuseraient d’être en couple avec quelqu’un ayant des opinions politiques radicalement opposées aux leurs, contre 60% chez les électeurs de la France Insoumise et 69% chez ceux de Yannick Jadot. Pour ces derniers, pas question non plus de céder à l’appel du sexe : ils sont 36% à déclarer ne pas pouvoir coucher avec un partenaire aux convictions politiques opposées aux leurs, et même s’il leur plait physiquement par ailleurs. À croire que l’amour ne rend pas si aveugle que ça !

Sous couvert de lutte pour la reconnaissance des différences, cette partie de la population ne supporte pas, en réalité, la pluralité des convictions et préfère vivre entre soi dans un safe space idéologique plutôt que, comme dirait Montaigne, d’accepter de se frotter cervelle contre cervelle – et sexe contre sexe. Alors qu’ils ne sont que 15% dans l’électorat d’Eric Zemmour à pratiquer cette abstinence très puritaine sur fond d’intransigeance idéologique.

En réalité, les zemmouriens sont tout amour !


[1] Étude Ifop pour Gleeden réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 17 mars 2022 auprès d’un échantillon de 2 002 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.

La force d’Éric Zemmour: une vision, des convictions et une méthode pour la survie de la France

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Laurence Trochu au meeting du Trocadéro à Paris, 27 mars 2022 © Chang Martin/SIPA

Une tribune libre de Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur et porte-parole de la campagne d’Eric Zemmour


Avec Éric Zemmour, les Français ont pour la première fois depuis 40 ans un candidat qui leur parle avec franchise et honnêteté, qui a le courage de regarder l’état de la France sans faux semblants, et qui porte aussi un message d’espérance et de justice en proposant une vision, des idées, et une méthode pour que la France reste la France.

Nous vivons les derniers jours de la campagne électorale précédant le premier tour. C’est en quelque sorte l’heure d’un premier bilan à même d’éclairer le véritable enjeu de cette élection, la survie de la France. Force est de constater que, malgré la multiplicité des candidatures, seules deux visions se sont réellement affrontées. 

C’est l’heure du vote vital, celui de la réconciliation des droites

La première est celle promue par tous les candidats, à l’exception d’Éric Zemmour. C’est la vision d’une France à la carte, portée par les mêmes politiciens de carrière qui, depuis plusieurs décennies ou quelques mois, se sont rendus coupables de tous les accommodements, de tous les revirements et de tous les reniements. Ils s’adressent à la France conçue comme une juxtaposition d’intérêts catégoriels à satisfaire. Leurs campagnes sont le reflet de cet état d’esprit : ils cherchent à parler à des électorats et font ainsi de la politique comme d’autres font de la sociologie. Cette vision de la politique a fait d’eux des gestionnaires de la cité. De droite comme de gauche, ils ont légitimé les revendications de groupes de pression et de lobbies souvent minoritaires mais bien organisés, importé ou supporté en France la violence des sociétés multiculturelles, promu ou accepté la déconstruction transhumaniste, et cédé, par pur opportunisme électoral, sur des enjeux sociétaux qui ont ébranlé les fondements de notre civilisation.

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La seconde vision, celle d’Eric Zemmour, n’a peur ni de la réalité, ni des mots pour la décrire, ni des solutions puissantes à mettre en œuvre pour proposer une vraie politique d’enracinement dans notre civilisation, d’attachement à la nation et de transmission de notre identité. Dans cette perspective, l’action politique ne se conçoit que dans le cadre historique, anthropologique et civilisationnel qui est le nôtre depuis 2000 ans. Eric Zemmour nous rappelle que la nation, loin d’être un carcan liberticide dont il faudrait s’extraire, est au contraire ce qui nous protège, qu’il s’agisse d’une protection économique, militaire, sécuritaire ou civilisationnelle. 

Eric Zemmour présente ses vœux aux journalistes, Paris, 10 janvier 2022. De gauche à droite : Jacline Moureau, Guillaume Peltier, Eric Zemmour, Laurence Trochu et Philippe de Villiers © ISA HARSIN/SIPA

Cette élection présidentielle n’a finalement qu’un seul enjeu : voulons-nous que la France disparaisse, ou voulons-nous que la France demeure ? Si aujourd’hui un avenir est possible, c’est parce qu’un homme s’est levé et s’élève contre les liquidateurs de la France et leurs acolytes : ceux qui n’ont jamais rien fait et ne feront rien d’efficace contre l’immigration massive, l’islamisation, et le terrorisme; ceux qui ont détruit la famille, fondement de notre société ; ceux qui ont perdu tout sens du patriotisme économique au profit d’un libre marché mondialisé et violent ; ceux qui sont prêts à sacrifier notre environnement et nos paysages sur l’autel d’une écologie dogmatique; ceux qui ont réduit nos libertés individuelles au nom du sanitairement correct et notre liberté d’expression au nom du politiquement correct. Loin du présent perpétuel dans lequel ils nous enferment, Éric Zemmour nous rappelle que la France n’est pas qu’un concept fluide, mais qu’elle répond à un certain nombre de principes, de mœurs, d’us et coutumes dont nous sommes les héritiers et qui nous définissent en tant que peuple français. 

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Parce que les politiciens ne côtoient plus les idées, ils n’ont plus de vision, ils n’ont que des catalogues. Des catalogues et un slogan : le rassemblement. Un rassemblement sur la base du consensus le plus large, pour ne pas cliver, pour ne pas froisser, pour ne pas “stigmatiser”. Affadie, Marine Le Pen savoure sa respectabilité médiatique acquise au prix des renoncements qui rendent inaccessibles les objectifs qu’elle continue d’afficher. La posture plaît, les sondages acquiescent, la France en meurt. Mais les Français ne veulent pas être dupés, ni par ceux qui les ont déjà déçus, ni par celle qui les décevra. Ce n’est plus l’heure du vote utile, c’est l’heure du vote vital, celui de la réconciliation des droites autour d’Eric Zemmour, le seul candidat à même de la réaliser en brisant le cordon sanitaire qui parquait dans deux camps opposés les amoureux de la France.

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Quand la cause animale s’accommode de l’abattage sans étourdissement

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Quasiment tous les acteurs de la cause animale condamnent l’abattage sans étourdissement pratiqué pour le halal et dans une moindre mesure quantitative le casher. Cette pratique cause de graves souffrances aux animaux comme l’a confirmé la Fédération des vétérinaires d’Europe [1], entre autres instances scientifiques. Et pour cause, elle consiste à les égorger à vif !

Il ne s’agit pas d’interdire l’abattage rituel, mais d’imposer l’étourdissement des animaux. Cette mesure est proposée tant à gauche avec Yannick Jadot [2] qu’à droite avec Marine Le Pen [3]. On constate ainsi un certain consensus politique sur cette question en France comme dans d’autres pays d’Europe où l’abattage sans étourdissement est d’ores et déjà interdit [4]. Cette interdiction a récemment été confirmée par la Cour de justice de l’Union européenne : « Afin de promouvoir le bien-être animal dans le cadre de l’abattage rituel, les États membres peuvent, sans méconnaître les droits fondamentaux consacrés par la Charte, imposer un procédé d’étourdissement réversible [5] et insusceptible d’entraîner la mort de l’animal [6]. »

Pourtant, on voit déjà s’élever contre cette mesure certaines voix au sein même de la cause animale. C’est l’occasion de voir ressurgir un vieil argument, généralement inspiré par la crainte d’être taxé d’« islamophobe » et qu’on peut par conséquent qualifier d’islamogauchiste au sens large du terme, celui d’une complaisance malsaine vis-à-vis de nos concitoyens musulmans. Malsaine, car elle relève à l’évidence d’une forme de paternalisme. Les musulmans et les juifs sont des citoyens comme les autres, ce qui est une autre façon de dire qu’ils ont des droits et des devoirs comme les autres. Il n’y a donc pas lieu de les traiter comme des sous-citoyens qui n’auraient pas à assumer les mêmes devoirs ou essuyer les mêmes critiques que le reste de la population.

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C’est toujours au nom de ce paternalisme qu’on en vient à considérer les musulmans comme s’opposant d’un bloc à l’étourdissement. Or, c’est parfaitement faux. Beaucoup n’y voient rien d’attentatoire à leur religion. Le théologien musulman Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri juge que l’étourdissement est conforme à la lettre même de l’islam qu’il décrit comme une religion compatissante envers les animaux. En 1989, dans son livre Animals in Islam (trad. fran. Les Animaux en Islam), il écrit : « il ne fait aucun doute dans son esprit que l’étourdissement avant l’abattage est assurément la façon la plus humaine connue à ce jour de rendre l’animal inconscient avant de lui trancher la gorge (…) si l’étourdissement avait été inventé à l’époque du Saint Prophète Mohamed (s), ce dernier aurait fait l’éloge de l’inventeur et déclaré leur [les moyens d’étourdissement] utilisation obligatoire » [7]. Nombre de responsables musulmans en France et à l’étranger sont d’accord avec l’idée d’un étourdissement réversible.

Mais venons-en à l’argument islamogauchiste dont je parlais plus haut. Il ne faut pas s’attaquer à l’abattage sans étourdissement, nous disent de grands esprits, parce que le problème c’est la consommation de viande en général, pas le mode d’abattage. En bref : go vegan ou rien ! A ces gens-là, posez simplement cette question : est-ce que vous refusez aussi qu’on mette un terme au gavage, à la castration à vif, au débecquage, au broyage des poussins, à l’élevage intensif et ainsi de suite ? Si votre interlocuteur vous répond par la positive, il est cohérent. Cohérence folle, criminelle, méprisante à l’égard des animaux qu’on prive d’un adoucissement de leur condition pour je ne sais quelle posture idéologique, mais cohérence tout de même.

S’il vous répond non, vous avez un bel exemple d’islamogauchisme et du deux poids deux mesures inhérent à ce travers-là. A ce militant vous pourrez répondre : en refusant d’interdire l’abattage sans étourdissement pour satisfaire au politiquement correct, en refusant d’imposer l’étourdissement réversible, vous perdez tout droit d’exiger l’abolition de pratiques d’élevage particulièrement cruelles comme celles énumérées ci-dessus, sans parler de la chasse à courre et autres joyeusetés. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, fût-il vegan.

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[1] Federation of Veterinarians of Europe, « Slaughter without stunning causes unnecessary suffering », déclaration de principe, 8 février 2019.

[2] Faire face avec Yannick Jadot. Programme des écologistes, élection présidentielle des 10 & 24 avril 2022, p. 32.

[3] M La France : 22 mesures pour 2022. Projet pour la France de Marine Le Pen, p. 5.

[4] Par exemple en Norvège, en Slovénie, en Islande, au Danemark ou en Belgique dans les régions wallonne et flamande. Voir Pascal Durand et Christophe Marie, L’Europe des animaux, Alma éditeur, 2019, p. 135.

[5] L’étourdissement est réversible en ce que l’animal pourrait reprendre conscience s’il n’était finalement pas tué. Voir Pascal Durand et Christophe Marie, L’Europe des animaux, p. 134.

[6] Cour de justice de l’Union européenne, communiqué de presse 163/20, 17 décembre 2020, p. 1.

[7] Les Animaux en Islam, trad. Sébastien Sarméjeanne, Droits des animaux, 2015, p. 251.

Dansons!

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ESC EDITIONS

Le grand aspirateur-préempteur de films qu’est le Festival de Cannes semble déjà à l’œuvre. Résultat en salles: un salon des refusés sans intérêt. Quoi de neuf alors? Renoir évidemment!


La ressortie en salles de La Règle du jeu de Jean Renoir est toujours un événement, et ce d’autant plus qu’il s’agit, comme c’est le cas ici, d’une version restaurée.

C’est en 1938 que Renoir décide d’adapter Les Caprices de Marianne avec parmi les premiers titres envisagés pour le futur film, Les femmes sont comme ça. Mais étrangement, bien des années plus tard, en 1966, le cinéaste déclarait : « Ce qui est intéressant peut-être à propos de ce film, c’est le moment où je l’ai tourné entre Munich et la guerre et je l’ai tourné absolument impressionné, absolument troublé par l’état d’esprit d’une partie de la société française, d’une partie de la société anglaise, d’une partie de la société mondiale. Et il m’a semblé qu’une façon d’interpréter cet état d’esprit du monde à ce moment était précisément de ne pas parler de la situation et de raconter une histoire légère, et j’ai été chercher mon inspiration dans Beaumarchais, dans Marivaux, dans les auteurs classiques, dans la comédie. ».

Musset, dans la bouche de Renoir, a donc disparu au profit de Marivaux et de Beaumarchais. Mais l’intention demeure : « Rien de grave dans les aigus », aurait dit le regretté Michel Legrand. Autrement dit, si La Règle du jeu demeure l’un des plus beaux films français depuis 1895 et l’invention des Lumière, c’est précisément parce qu’il combine le dramatique et la comédie, le trivial et le sublime, le peuple et l’élite, le sérieux et l’insouciant. Le pire serait de réduire le film à l’un ou à l’autre de ces éléments antagonistes. Le génie de Renoir c’est précisément de tenir les deux bouts de la corde dans un exercice d’équilibriste qui tient du prodige.

Il y aura donc à parité La Chesnaye, le châtelain parvenu et Marceau le braconnier, le catholique et le juif, mais aussi le mari, la femme et l’amant à l’étage noble comme dans les cuisines, les maîtres et les valets. On passe sans cesse des uns aux autres sans l’ombre d’un temps mort, dans une sorte de frénésie amoureuse et vitale. Tout le monde ici semble danser sur un volcan sans jamais s’en rendre compte. La passion amoureuse est une bombe à fragmentations multiples qui fait partout des victimes. Les vraies bombes de la guerre éclateront plus tard, mais elles se préparent déjà. Comme le laisse entrevoir cette fabuleuse scène où le cuisinier parle du maître des lieux, en commençant sa phrase par : « Tout métèque qu’il est… » Il donne ensuite la recette de la salade de pommes de terre, preuve irréfutable selon lui du bon goût de son patron, « tout métèque qu’il est », donc. Pas certain que cette expression passerait à notre époque, du moins serait-elle immédiatement contrecarrée par bien autre chose qu’un bon goût culinaire. Alors même, soit dit en passant, que la recette de la salade de pommes de terre est un marqueur d’intégration aussi solide que bien d’autres. Et celle qui est donnée dans le film est absolument parfaite : il faut se brûler les doigts pour la réussir !

Ainsi va La Règle du jeu, film-gigogne dont chaque nouvelle vision permet de découvrir ou de redécouvrir une nouvelle facette, un nouvel attrait. Comme cette merveilleuse réplique empruntée à Chamfort : « L’amour dans la société, c’est l’échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes. » Rappelons en conclusion que pour François Truffaut, ce fut le « film le plus haï à sa sortie ». Ni la critique ni les spectateurs de l’époque ne voulurent accepter le miroir pourtant si pertinent que leur tendait alors Renoir. Ils avaient, comme souvent, besoin de certitudes lourdes et faciles. À rebours de ce que dit La Chesnaye : « Mais bien sûr que tout le monde a ses raisons ! Mais moi je suis pour que chacun les expose librement. Je suis contre les barrières, contre les murs. » Si le mot n’était pas abominable, on parlerait bien ici de la modernité de Renoir. En mêlant peinture sociale et confessions intimes, le cinéaste désarçonne, bouscule, rudoie même son spectateur, et c’est tant mieux. Il faudrait, nous disent les beaux esprits, encore aujourd’hui, choisir entre le rire et l’émotion. Foutaise ! Si La Règle du jeu nous est à ce point nécessaire, c’est précisément parce que rien n’y est figé, définitif, bloqué. C’est la vie même qui l’irradie.

Et si ce n’était pas lui?

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© SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP

À la veille de la présidentielle, retrouvez un dossier de 25 pages consacré à Emmanuel Macron dans le nouveau magazine Causeur. Avec notamment: notre grand entretien avec Marion Maréchal, les analyses de Michel Onfray, Gil Mihaely, Jeremy Stubbs, Jean-Luc Gréau ou Philippe Murer, et les révélations d’Erwan Seznec sur les derniers ralliements enregistrés par le président sortant… Pour notre directrice de la rédaction, une réélection d’Emmanuel Macron serait un choix par défaut. Il n’a pas eu à répondre de son bilan. Analyse.


On savait déjà qu’Emmanuel Macron multipliait les petits pains – dans le nouvel Évangile, on appelle ça le « quoi qu’il en coûte ». On ne l’a pas encore vu changer l’eau en vin. Mais il n’y a pas de doute : il marche sur l’eau. Quoi qu’il fasse et quoi qu’il se passe, rien ne semble pouvoir entraver la marche du président sortant vers un deuxième mandat (sauf débâcle des sondeurs).

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Certes, on peut créditer le président sortant d’une intelligence et d’une capacité de séduction hors du commun. Sur la scène internationale, il fait preuve d’une grande prestance à défaut d’obtenir de grands résultats – et pour qui aime le genre Top Gun, quand il cause à Poutine mal rasé et en bras de chemise, il est irrésistible.

© Soazig de la Moissonnière / Présidence de la République

Reste que la France ne va pas mieux qu’en 2017. Et on ne peut pas tout imputer au Covid ou à la guerre en Ukraine, déjà usés comme jokers. Sur le front régalien – sécurité, immigration, islam radical –, c’est même de pire en pire. Chaque jour, l’actualité fournit une nouvelle preuve de l’ensauvagement du pays sans que la fameuse réponse pénale dont on nous parle à longueur de discours ait bougé d’un iota. La lutte contre le séparatisme se résume à la fermeture de quelques mosquées et à l’expulsion de quelques imams – en supposant qu’elles aient été effectives. Cela n’empêche pas les grands moralistes du Printemps républicain et la troupe des « Francs-Tireurs » emmenée par Caroline Fourest de trouver mille vertus au président-candidat– on n’ose imaginer qu’ils aient troqué leurs principes contre quelques postes.

À peine incommodé par la malencontreuse affaire McKinsey

La société est plus divisée que jamais, les classes moyennes se paupérisent, les pauvres se clochardisent. Quant à la fin des archaïsmes français, annoncée en grande pompe il y a cinq ans, on aimerait bien en voir le début alors que ce quinquennat a vu se déployer l’omniprésence de notre administration.

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Or, non seulement Emmanuel Macron n’a pas eu à répondre de son bilan, mais il s’est quasiment dispensé de faire campagne, évitant ainsi d’expliquer à quoi ressemblerait Macron II (ah oui, il gouvernera avec les gens, la bonne blague). Vaguement interrogé par des journalistes dont les questions avaient été soigneusement sélectionnées, il a semblé à peine incommodé par la malencontreuse affaire McKinsey. Qu’un cabinet américain dont nombre de cadres sont des amis du président ait bénéficié de juteux contrats du gouvernement français est peut-être légal (si l’on en croit Le Canard enchaîné, la carambouille fiscale qui lui a permis d’échapper à l’impôt était parfaitement connue des services de Bercy). C’est politiquement fâcheux. Et cela aurait pu faire tiquer les spécialistes du soupçon qu’on a vu monter sur leurs ergots pour moins que ça. Bizarrement, on n’a pas entendu Mediapart sur ce dossier. Nos fins limiers, généralement intraitables sur la morale publique, devaient avoir piscine.

Il est possible que nombre d’électeurs choisissent Emmanuel Macron par défaut, parce qu’ils considèrent que ses concurrents ne valent pas mieux. Après tout, si Le Pen, Mélenchon, Pécresse et Zemmour ne convainquent pas (que lmes autres candidats me pardonnent), ce n’est pas de la faute de Macron. Les commentateurs qui semblent également avoir enjambé le scrutin annoncent déjà un quinquennat mouvementé. Désolée, mais les électeurs ne peuvent pas se conduire comme des enfants qui jettent leur jouet cinq minutes après l’avoir choisi (d’ailleurs, même pour des enfants ce n’est pas bien). S’ils décident de reconduire Macron, il sera leur président légitime pendant les cinq prochaines années. Quelle que soit la couleur de leur gilet.

Macron, c’est Bel-Ami – en moins séduisant

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La foule écoute l'intervention d'Emmanuel Macron sur l'écran géant de la cour du Louvre, 7 mai 2017.

Hélas, son quinquennat n’est pas un roman…


Je méditais sur le règne de notre jeune monarque qui peut-être s’achève. Et je gardais en tête que les Gaulois, connus pour être réfractaires, sont bien capables de faire mentir les sondages dont on leur rebat les oreilles. Alors, je me suis remémoré tout particulièrement deux images de ses triomphaux débuts.

Au soir de la victoire, il y eut la déambulation nocturne, la lévitation, dirais-je plutôt, sur l’esplanade du Louvre, au son de l’Hymne à la joie. J’ai songé ensuite au portrait officiel du prince qui nous a dévoilé l’intimité littéraire de cet amoureux du verbe : sur son bureau trônaient en effet Mémoires de guerre du général de Gaulle, Les Nourritures terrestres d’André Gide et Le Rouge et le Noir de Stendhal. Il y avait là de quoi toucher, en même temps, nombreuses sensibilités et non pas uniquement quelques happy few : le bougre est connu, on a pu le vérifier, pour ratisser large. 

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C’est alors que, poursuivant plus avant ma rêvasserie, forte des cinq ans écoulés depuis le couronnement, je me suis fait la réflexion qu’aurait pu, sur ce royal bureau, figurer également un exemplaire du Bel -Ami de Maupassant. Si notre roitelet partage, en effet, avec Julien Sorel le désir de tutoyer les cimes, il me semble plus proche de Georges Duroy, le héros du roman de Maupassant. À la détermination sans état d’âme de Sorel, prêt à tout pour advenir, Emmanuel Macron associe la morgue, le cynisme, la roublardise et surtout le narcissisme qui sont l’apanage du très moderne Duroy. 

Prêt à tout?

Notre jeune prince, en apesanteur sur l’esplanade du Louvre, en fait, c’est Duroy devenu du Roy de Cantel. Jugez-en plutôt par la description que Maupassant nous en fait, à la fin de son roman lors du mariage de son héros avec la riche héritière, Suzanne Walter : « Et il sentait derrière son dos, une foule, une foule illustre, venue pour lui. Il semblait qu’une force le poussait, le soulevait. Il devenait un des maîtres de la Terre, lui, lui, le fils des deux pauvres paysans de Canteleu. » Narcisse, triomphant des flots, s’était bel et bien mis à marcher sur l’eau.

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Au moment d’aller voter, il me semble donc opportun de rappeler aux électeurs qu’Emmanuel Macron n’a cessé de se comporter avec eux comme Bel-Ami le fit avec les femmes qu’il cajolait tout en les trompant pour arriver à ses fins, faisant feu de tout bois. Du reste, ça n’est pas pour rien que ses adversaires, avec lesquels il refuse de débattre, l’accusent de piller leurs idées. Lui s’en défend, bien sûr, avec sa désinvolture habituelle : « Si à ce point, ils ne savent pas se différencier du projet que je porte, que sont-ils allés faire dans cette galère ? Moi, c’est pas mon problème, c’est leur problème à eux ! », a -t-il déclaré lors d’une conférence de presse aux Docks de Paris alors qu’il présentait son programme. 

La France, sa promise

Le ton de notre royal président n’est pas ici sans rappeler celui pris par Duroy face à l’une de ses maîtresses alors qu’elle apprend le prochain mariage du coquin avec Suzanne Walter. A l’exclamation de celle-ci, en réaction à la nouvelle : « Quel gredin tu es ! », il répond : « pourquoi ça ? j’avais une femme qui me trompait. Je l’ai surprise ; j’ai obtenu le divorce et j’en épouse une autre. Quoi de plus simple ? » 

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Si nous ne voulons, donc, pas revivre une nouvelle apothéose du jeune homme qui croit vaincre sans péril pour triompher sans gloire, changeons la fin du roman de Maupassant. 

Refusons le spectacle de la parade nuptiale d’Emmanuel Macron, au bras de sa promise, la France : « Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de légers frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui. »  Que Suzanne, en qui nous voyons une France aux yeux décillés, lasse des compromis, des compromissions et du en même temps tourne les talons et refuse de renouveler ses vœux !

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Eric Zemmour ne doit pas prendre d’engagement contre la PMA et la GPA… pour des raisons zemmouriennes!

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Paillettes de conservation de sperme et d'embryons, dans un laboratoire de procréation médicale assistée à Bordeaux. ©Hans Lucas / Elko Hirsch / AFP

La dénatalité de la population française est due essentiellement au travail des femmes. Personne n’empêchera l’épouse de mon charpentier de reprendre ses études d’infirmière et c’est très bien. Travailler est une promesse d’épanouissement et de liberté dont personne ne doit être privé. Alors que faire pour que subsiste en Europe une certaine diversité biologique et que coexistent paisiblement dans nos pays les remplacés et les remplaçants?


Mon charpentier confirme pleinement ce que dit Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage Où en sont-elles ? (Seuil) à propos de la natalité. “La perte de pouvoir masculin est ici totale (…), en dernière instance, c’est désormais la femme qui décide d’avoir un enfant ou non”. Il y a deux ans, il me bâtissait un préau et, à l’apéritif, me confiait avec le sourire qu’il souhaitait un quatrième enfant. Je le félicitais, la règle dans mon coin de France profonde très vieillissant c’est l’enfant unique, aller jusqu’à deux relève de l’aventurisme le plus échevelé. Ce jeune homme dynamique me construit ces jours-ci un garde-corps et à l’apéro, ah non, madame veut reprendre ses études d’infirmières, pas question d’agrandir la famille. On ne ramènera pas les femmes à leur cuisine et tant mieux. La cause est entendue, du moins chez tous ceux qui vivent selon les normes occidentales.

La natalité occidentale en berne

Parmi ses grandes qualités intellectuelles, Éric Zemmour a celle de savoir hiérarchiser les problèmes, de distinguer du premier coup d’œil l’essentiel du secondaire. L’essentiel est pour lui la survie de la France telle qu’on la connaît, je voterai pour lui sans l’ombre d’une hésitation le 10 avril. Il sait aussi renvoyer poliment dans les cordes ceux qui lui demandent de s’engager sur des sujets  secondaires. Je demande à Éric Zemmour de ne prendre aucun engagement contre la PMA et GPA, et je le lui demande au nom de raisons très zemmouriennes que je vais exposer.

L’effondrement de la natalité française va s’aggraver, du moins chez les non-musulmans. Le féminisme actuel, qu’Emmanuel Todd appelle à juste raison un féminisme de ressentiment, répand l’idée que la maternité constitue une charge mentale insupportable et que les femmes doivent refuser cette “injonction de la société patriarcale”. L’excellent article de Didier Desrimais sur Causeur.fr “Renée Greusard victime du régime de l’hétérosexualité” critique avec raison cette exigence d’un consentement à la maternité. Le très modéré Figaro multiplie les articles sur “le regret d’être parent” et le Figaro Madame parlait le 08 octobre du succès international du livre d’Orna Donath traduit en français en 2019 sous le titre Le regret d’être mère. Le néoféminisme est passé subrepticement de “un enfant quand je veux si je veux” à “pas d’enfant du tout, c’est mauvais pour mon développement personnel”. On voudrait justifier la sinistre prédiction selon laquelle la femme sera le tombeau de l’Occident qu’on ne s’y prendrait pas mieux.

L’expression « grand remplacement » suscite la panique

L’immigration actuelle amène en France des populations dont les hommes font des enfants à leurs femmes sans s’inquiéter de “leur consentement à la maternité”. Dynamisme démographique qui se constate dans toute la France et pas seulement en région parisienne. Le grand remplacement devient si évident à des yeux jusque-là fermement myopes que la simple énonciation de ces deux mots entraîne des paniques morales. Des gens raisonnables veulent lui substituer l’expression “bascule démographique”, et j’ai été stupéfait d’entendre la courageuse Michèle Tribalat dire lors d’une interview sur CNews qu’il fallait préférer le terme de “substitution”. Le comble du pataquès a été atteint par Valérie Pécresse,  dans son discours du Zénith : “Avec moi, il n’y aura pas de grand remplacement”. On croyait qu’elle voulait lutter contre cette réalité, mais devant les hurlements de la gauche, elle a  prétendu vouloir lutter contre cette expression ! C’était parfait pour mettre en valeur la clarté des idées de Zemmour qui ne confond jamais les mots et les choses. Et il répète depuis Le suicide français que celui-ci est avant tout démographique.

La dénatalité de la population française est due essentiellement au travail des femmes. Personne n’empêchera l’épouse de mon charpentier de reprendre ses études d’infirmière et c’est très bien. Travailler est une promesse d’épanouissement et de liberté dont personne ne doit être privé. Alors que faire pour que subsiste en Europe une certaine diversité biologique et que coexistent paisiblement dans nos pays les remplacés et les remplaçants ? Que faire pour que subsistent en France les gènes des bâtisseurs de cathédrales et des soldats de la Révolution et de l’Empire ? Car il existe un aspect génétique à la continuité nationale, soit dit sans refuser un instant l’apport génétique d’un peuple aussi artiste que les Dogons ou aussi intelligent que les Berbères juifs. Il existe bien une solution pour garder un minimum de gènes européens en Europe, mais elle est tellement diabolisée  aujourd’hui qu’il faudra du temps avant que sa nécessité s’impose. Cette solution qui semble relever du progressisme le plus agressif est en réalité conservatrice, et j’ose dire  zemmourienne. La même aventure est arrivée à l’écologie : la pauvre petite s’est fait kidnapper par l’extrême gauche, alors qu’elle est conservatrice, pour les abeilles comme pour le paysage.

“Je préfère un enfant sans père à pas d’enfant du tout” JMLP

Une pétition de principe : je trouve le progressisme intégral aussi niais que le conservatisme intégral.  A problèmes différents, solutions différentes. Je suis partisan de Zemmour et je pense qu’il ne doit pas prendre d’engagement contre la PMA. Celle-ci est en train d’être admise par l’opinion, elle fait naître des bébés qui ne seraient pas venus au monde (“le nombre, le nombre, le nombre !”) et, s’il s’agit d’enfants de lesbiennes, ils grandiront aussi bien que ceux des innombrables veuves de 14-18. “Je préfère un enfant sans père à pas d’enfant du tout” a déclaré Jean-Marie Le Pen, preuve qu’il est loin de ne dire que des bêtises. Ce mode de naissance se banalisera et deviendra statistiquement important (“le nombre, le nombre, le nombre !”).

Le 9 février, France 2 a présenté un téléfilm sur la GPA  inspiré du livre de Marc-Olivier Fogiel Qu’est-ce qu’elle a ma famille ?. Lors du débat, la députée Genevrard, très remontée contre la GPA, a proclamé le grand tabou d’une morale qu’elle croit au-dessus de toute remise en cause : le corps humain doit échapper à toute transaction financière. Donc interdiction de la prostitution ? La police aura du travail. Blaise Pascal pourrait lui objecter  la relativité de la morale selon les pays : “Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà”. Dans ce cas, “Vérité en-deçà de la Manche, erreur au-delà”. A Calais, la GPA est ignoble, à Douvres elle est admise. Trente kilomètres, et voilà la loi et la morale cul par-dessus tête. Les lois sur les mœurs sont variables et risibles selon Pascal, plus risibles encore sont les lois sur les rapports du sexe et de l’argent. Paul Veyne nous en apprend une bien bonne sur les dames romaines libres : leurs amoureux pouvaient sans affront leur proposer de l’argent pour coucher avec elles, et elles pouvaient accepter sans scandale !

Toute transaction financière sur un corps humain est ignoble et doit être proscrite ? Ah bon ? L’Etat français a donc commis une faute impardonnable en rachetant Sophie Pétronin aux islamistes du Mali ? Les congrégations religieuses qui autrefois rachetaient les captifs chrétiens en Afrique du Nord (ainsi fut libéré Cervantès prisonnier à Alger) commettaient un affreux péché ? Ah non, me direz-vous, le rachat des otages n’a rien à voir, c’est l’intention qui compte ! Eh bien si l’intention compte, la pire des GPA non-éthique, celle où l’on achète le bébé, ne vise que son bien, l’intention est pure. Un couple qui dépense une fortune et brave l’hostilité de son entourage ne va pas élever son enfant pour le maltraiter. Le plus grave risque que courent les filles de Marc-Olivier Fogiel est d’être noyées sous les cadeaux et l’amour paternel.

Pendant ce temps, l’IVG rallongée à 14 semaines

L’argument de la mise en esclavage des mères porteuses est absurde. Ce mot “esclavage”, lourd d’affectif, sert aujourd’hui à brouiller n’importe quel débat. Une séquence du téléfilm montrait une jeune Ukrainienne enceinte jusqu’aux yeux qui résidait dans un studio d’aspect cossu où on l’avait installée  pour protéger la fin de sa grossesse. “Scandaleux esclavage !” s’exclamèrent les participants, les pour comme les contre. De quoi révolter les mânes des esclaves empilés dans les cales des navires négriers, qui ne jouissaient certes pas du confort d’un coquet studio ! La GPA, éthique ou non, consiste à acheter la force vitale de la mère porteuse comme un patron achète la sueur et l’énergie de ses ouvriers.

Et si on parlait un peu d’avortement ? La comparaison s’impose entre ces manœuvres qui consistent l’une à tuer un bébé aux portes de la vie et l’autre à le faire naître. L’Assemblée nationale dont fait partie Mme Genevrard a-t-elle fait preuve de sublimité morale le 23 février en autorisant l’IVG à quatorze semaines, qui oblige le gynécologue à écraser avec une pince la tête déjà ossifiée du fœtus ? Il s’est déclenché récemment une grande offensive éditoriale féministe contre la GPA, des livres ont paru pour dire combien il était inhumain d’arracher un bébé au couple dont il a entendu les voix pendant la gestation, GPA le grand bluff  de Céline Revel-Dumas aux éditions du Cerf et  Les marchés de la maternité, œuvre d’un collectif  chez Odile Jacob. Ces excellentes personnes s’apitoient sur la douleur des bébés qui n’entendent plus les mêmes voix après leur naissance, une terrible souffrance ! Par contre elles ne se soucient pas des IVG tardives, et on a presqu’envie de leur demander : “Si vous étiez un fœtus, préfèreriez-vous avoir le crâne écrasé avec une pince ou changer de maman à la naissance ?” Je ne milite pas un instant pour l’interdiction de l’IVG en temps voulu, mais je rappelle que, dans certaines circonstances sociales difficiles pour la mère, il est légal en France d’écraser le crâne juste avant la sortie de l’enfant à la grande lumière de la vie. De plus cruels que moi diraient que le développement personnel de la mère exige la mort de l’enfant à naitre et que la société applaudit à deux mains.

En voulant gagner sur tous les tableaux, les féministes d’aujourd’hui créent un grave déséquilibre anthropologique. Alain Finkielkraut l’a souligné récemment, le patriarcat n’existe plus puisqu’une femme peut avorter sans le consentement de son mari. Mais voici que le triomphe total des féministes sur la natalité ou plutôt leur lutte acharnée en faveur de la dénatalité est menacée ! Au secours, mes sœurs, des Ukrainiennes, des Américaines, des Canadiennes attaquent notre monopole sur les naissances (ou plutôt les non-naissances), les surrogate mothers nous font des enfants dans le dos ! Les couples d’hommes veulent des enfants, c’est l’exclusion totale du pouvoir féminin sur la reproduction ! Vite des insultes, des condamnations, des barrières protectionnistes, des manifestations de catholiques naïfs qui n’ont pas compris que la PMA et la GPA étaient des chances historiques pour compenser l’effondrement de la natalité française !

Les droites françaises, la classique et les nationales, ne voient pas le rôle salvateur que peuvent avoir  les nouvelles natalités.

Les femmes continueront de faire carrière, mais elles congèleront leurs ovocytes et en feront des bébés elles-mêmes plus tard ou avec l’aide de mères porteuses. Passer sa cinquantaine ou sa soixantaine à pouponner, avec une confortable retraite et une santé garantie par les sidérants progrès de la médecine, quelle merveilleuse occupation ! Pour l’instant, l’apport de la GPA à la démographie est dérisoire, il en sera autrement quand elle sera décriminalisée, acceptée et démocratisée. La science nous sauvera de l’extinction démographique de l’Occident comme du grand réchauffement. Les esprits bougent sur cette question, mais avec une lenteur géologique. Zemmour a un esprit à la rapidité fulgurante, il comprendra immédiatement ces enjeux et refusera de se lier les mains en promettant quoi que ce soit sur les nouvelles natalités.

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«Au tableau»: à quels enfants allons-nous laisser le monde?

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Yannick Jadot. Capture Youtube / C8

En interrogeant les candidats via une salle de classe, l’émission de télévision « Au tableau » se targue de pousser les politiques dans leurs derniers retranchements, et de nous les présenter sous un nouveau jour… Car, c’est bien connu, la vérité sort de la bouche des enfants! Et, on nous l’assure, ce n’est pas du tout la production bobo qui souffle les questions à ces petits galopins. Si les enfants deviennent les nouveaux arbitres du débat politique, on leur donnera demain le droit de vote. Une dérive.


Vous avez aimé frissonner devant certains films d’horreur avec des enfants comme personnages principaux (« Le village des damnés » ou « Sa Majesté des Mouches », par exemple) mais n’avez pas le temps de les revoir ? Soyez rassurés, j’ai dégoté pour vous une nouvelle série composée d’épisodes d’une trentaine de minutes qui glace le sang. Ça s’appelle « Au tableau », ça passe sur C8. Le principe : chaque candidat à la présidentielle se présente devant une quinzaine d’élèves âgés de huit à 12 ans et répond à leurs questions, subit des interros surprises, fait des exercices notés par les élèves et se prend des coups de règle sur les doigts. Trente minutes de terreur et d’horreur absolues.

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Le casting est parfait. Les élèves se prénomment Eïleen, Antonin, Ayden, Imad ou Victoire, connaissent les points principaux des programmes de chaque candidat et ont, semble-t-il, un QI très largement au-dessus de la moyenne. En réalité, ces futurs petits Gardes rouges ont été adroitement conseillés et coachés par des professeurs, des producteurs et des parents qui, toute honte bue, ont transformé ces enfants en monstres de foire télévisuelle.

Un tableau effrayant

Les poses et les mimiques d’adultes que prennent ces enfants lorsqu’ils corrigent Yannick Jadot mis sur le grill – en l’occurrence devant une carte sur laquelle le candidat écolo peine à placer les capitales des pays de l’UE – font un tableau assez effrayant. Avec Zemmour, c’est pire encore, les visages des petits monstres se crispent et les sourires se figent. Des questions fusent des bouches de ces marionnettes manipulées par un ventriloque invisible : « Pourquoi êtes-vous contre la société multiculturelle ? » Brr ! « Si vous êtes élu président, est-ce qu’il y a des styles de musique qu’on n’aura plus le droit d’écouter ? » Brr Brr ! « Êtes-vous le Trump français ? » Brr Brr Brr ! À la fin de l’émission, une des élèves est apparemment étonnée que Zemmour n’ait pas bouffé l’un d’entre eux : « Il a été assez gentil mais… il s’est retenu parce qu’on est des enfants. »

Refusant de participer à cette mascarade, Marine Le Pen a déclaré : « On ne doit pas se servir des enfants pour sa campagne, ni les mêler à la politique. Une salle de classe est un sanctuaire. » On ne saurait mieux dire. Un enfant n’est pas un adulte mais un « nouveau venu dans un monde qui lui est étranger » (Arendt), c’est-à-dire un être humain en cours d’évolution et de formation. Les adultes devraient offrir aux enfants une éducation reposant sur l’autorité bienveillante mais ferme de parents responsables et celle, libérée du pédagogisme nuisible, de professeurs transmettant des savoirs. L’émission de télévision « Au tableau » est l’exact inverse de cette éducation et ressemble finalement à ce qui se passe de plus en plus dans les classes de nos écoles et dans les familles. Les enseignants ne sont plus là pour enseigner une discipline mais pour participer à un projet social, tolérant, ouvert à l’autre, inclusif. Les enfants sont dressés à rééduquer leurs parents à ce nouveau dogme. Ce type d’éducation relève de la pure propagande idéologique et ne peut conduire qu’à un désastre, celui qui accompagne toutes les révolutions culturelles.

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Jamais les désirs rebellocrates des jeunes générations n’auront été aussi façonnés, préparés à servir toutes les manipulations idéologiques, qu’aujourd’hui. Le relativisme ambiant met sur le même plan la pensée d’un enfant et celle d’un adulte d’un demi-siècle son aîné et ne fait pas de différence entre la parole d’un homme expérimenté et celle d’un élève du primaire  transformé en singe savant. Au sein d’une société qui ne cesse de louanger outrancièrement sa jeunesse, nos enfants deviennent les prescripteurs des idéologies les plus mortifères et des articles de consommation les plus inutiles et coûteux – mais il arrive toujours un moment où l’un d’entre eux montre son vrai visage, celui de l’ignorant hargneux, du garde-chiourme convulsif, du Père Fouettard maladif et colérique, celui de Greta Thunberg. Les plus à blâmer ne sont assurément pas les enfants. Les adultes qui se servent d’eux et ceux qui laissent faire devraient être condamnés, les premiers pour maltraitance et les seconds pour abandon de poste.

Greta Thunberg à la Marche pour le climat, Paris, 22 février 2019. © Denis Meyer/ Hans Lucas/ AFP

L’école et la télé, oui, c’était mieux avant !

Beaucoup de parents ne remplissent plus leur rôle. Ils ont abandonné. Certains craignent, s’il leur venait l’idée de se conduire en l’adulte responsable qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, de passer pour des fachos, des arriérés ou des ploucs. Hébétés, lobotomisés par l’intelligentsia gauchisto-wokiste qui règne sur l’audiovisuel public et les universités, sur la culture subventionnée et l’école, sur les réseaux sociaux et les séries télévisées, ils n’éduquent plus leurs enfants ; c’est l’inverse qui se passe : influencés sévèrement par leurs rejetons incultes transformés en donneurs d’ordres ou en prêtres wokistes, ils deviennent soudainement écolos, féministes, vegans, adeptes de la solidarité sororitaire, de la méditation “en pleine conscience”, de la fluidité sexuelle et de l’écriture inclusive, de crainte de passer pour des vieux cons ou des boomers. C’est à peine s’ils osent dire que, quand même, certaines choses étaient mieux avant.

Dans ce monde inversé où les adultes ont décidé que les enfants ne devaient pas avoir d’enfance, les très jeunes élèves de l’émission « Au tableau » parlent comme des vieillards. L’individu ne s’échappe que difficilement de cette enfance racornie, et un nouveau mot décrit la mutation en cours : adulescent. Cet êtreprématurément vieilli ne sort paradoxalement de son adolescence consumériste et ignorante que tardivement, s’il en sort jamais. L’adulescent est en gestation chez ces très jeunes gens qui admonestent des représentants politiques et dont le destin sera rapidement de se répandre narcissiquement sur les réseaux sociaux tout en se gavant de séries télévisées, de jeux vidéo et de pizzas exotiques livrées par un cycliste exotique lui aussi.

D.R.

L’inexplicable participation d’Éric Zemmour

Comment est-il possible que ces candidats à la présidentielle n’aient pas compris qu’ils n’avaient rien à faire dans cette classe, devant de si jeunes élèves transformés en bêtes de foire médiatique ? Comment Éric Zemmour a-t-il pu ne pas concevoir qu’il participait ainsi à ce qu’il dénonce par ailleurs, à savoir le déclin de notre école devenue lieu de propagande, la fabrication des crétins, la déshumanisation, l’abrutissement de tous ? Que diable est-il allé faire dans cette galère ?

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En voyant les visages sérieux et butés de ces enfants, en entendant les diatribes délirantes de Greta Thunberg, en me remémorant les images de certaines manifestations de collégiens et de lycéens ou les propos vindicatifs d’étudiants censurant tel conférencier ou empêchant telle représentation théâtrale, en constatant simplement l’emprise de plus en plus grande d’enfants idéologisés sur des parents craintifs, je pense à Jaime Semprun. Ce dernier, épouvanté par « la barbarie [qui] jaillit comme de source de cette vie simplifiée, mécanisée, sans esprit », interrogeait : plutôt que de nous demander quel monde nous allons laisser à nos enfants, ne ferions-nous pas mieux de nous poser « cette autre question, réellement inquiétante : “À quels enfants allons-nous laisser le monde ?” » [1]

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[1] L’abîme se repeuple, Jaime Semprun, Éditions de l’encyclopédie des nuisances.

Daddy, président!

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Les petits-enfants de l'épouse du président Macron, Brigitte, tiennent des pancartes lors du meeting de la Défense Arena, 2 avril 2022 Image: capture d'écran.

Il est frappant que des sujets capitaux comme la bioéthique et les bouleversements anthropologiques récents opérés dans la filiation soient absents des débats de l’élection présidentielle.


Et les lois de bioéthique dans la campagne ? Mardi, à la télévision, dans le cadre de l’émission « Elysée 22 », Madame Pécresse était interrogée sur son programme par Léa Salamé. On était prié de répondre par oui ou non. A la question : « Reviendrez-vous sur la PMA? », la candidate LR répondit, en proie à l’inspiration : «  Non, je ne reviendrai pas sur la PMA sans père à condition que l’enfant ait accès à ses origines ». Origines ? Origines ? aurait dit Arletty. Des données non identifiantes, à 18 ans, sans droit d’héritage, pour quoi faire ?

Satisfecit macronien

Eric Zemmour, lui, reviendrait— c’est dans son programme— sur la loi de la PMA pour toutes. Toujours radical, le candidat de « la droite extrême » ! Pas comme Marine Le Pen qui n’a donné son avis sur aucun sujet sociétal brûlant et n’a donc pas péché par excès. Ce qui lui fut compté comme vertu politique. Aussi sa campagne fut-elle jugée réussie, consensuelle et rassembleuse. Une « bonne » campagne.

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« Daddy président ! » avait-on entendu crier, samedi, au meeting de l’Arena. Les supporters en barboteuses n’étaient aucunement les petits-enfants du candidat mais ceux de la femme du candidat. Nuance ! aurait toujours dit Arletty. Peu importe, la salle s’enthousiasma quand Daddy énuméra ses hauts faits passés et à venir en matière de bioéthique. En écoutant le satisfecit macronien, on se demandait comment un président pouvait se vanter d’avoir rétabli le privilège (loi privée) de la naissance et comment, dans les préoccupations des Français, « le pouvoir d’achat » passait avant l’intérêt commun de l’égalité. Comme s’en étonnait Guillaume Roquette dans un édito récent de Figaro Magazine, aucun candidat ne parlait de bioéthique ni des problèmes de société, comme si ceux-ci n’avaient pas d’importance. La PMA avait été votée qui n’était rien d’autre que la loi juteuse du marché de l’or blanc. Demain, ce serait la GPA, à condition qu’elle soit « éthique », au nom de la sacro-sainte égalité entre hommes et femmes. L’Eglise dirait ses appréhensions. Il y aurait une navette parlementaire. La loi serait votée. Les cathos penseraient que certaines défaites sont plus belles que des victoires.

D’autres priorités

Avant la Révolution, les registres de baptême tenaient lieu d’état civil : à présent, ce sont les laboratoires. C’est ce que le président Macron appelle « le progrès ». Dans ces conditions, mieux vaut, s’attarder sur les misères du monde auxquelles on ne peut rien.

Et disserter sans fin sur les démocraties illibérales, le climat et la menace atomique.


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Marion Maréchal: «Ne vous faites pas voler l’élection»

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Soutien d’Éric Zemmour, l’ancienne députée RN veut en finir avec la gouvernance d’Emmanuel Macron dont elle pointe le manque de vision, de cohérence et de stratégie. Pour elle, le candidat de Reconquête ! est le seul capable d’unir les droites et d’appliquer un programme à la fois civilisationnel, sécuritaire et économique. Grand entretien.


Causeur. Le premier tour est dans quatre jours. Qu’avez-vous à dire aux électeurs pour les convaincre de voter Zemmour ? Peut-il encore, selon vous, être président ?

Marion Maréchal. Ne vous faites pas voler l’élection ! Cette campagne aura été si particulière. Le refus permanent du débat, la crise sanitaire comme une chape de plomb puis la guerre en Ukraine… Alors, oui, je crois sincèrement que tout est encore possible.

Éric Zemmour bénéficie d’une dynamique populaire inédite – les 120 000 adhésions recueillies par Reconquête ! en à peine quatre mois, la mobilisation exceptionnelle dans les réunions publiques, les audiences télé ou le succès sur internet et les réseaux sociaux. En cumulé, ce sont 7 millions de personnes qui ont regardé le rassemblement du Trocadéro qui fut le plus gros meeting de la campagne ! Je suis convaincue que cette énergie aura une traduction dans les urnes.

Ensuite, il est le seul à bénéficier d’une vraie capacité de rassemblement et d’union. Ce rassemblement s’est exprimé à travers son équipe avec la venue d’élus et de cadres du RN comme de LR, de DLF, du PCD ou sans étiquette, mais aussi dans son électorat, puisque l’on sait que les Français s’apprêtant à voter Zemmour viennent aussi bien du RN que de LR. Il remobilise même des abstentionnistes de longue date. Il a fait tomber les digues artificielles qui séparent des Français patriotes depuis trop longtemps.

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Il a par ailleurs une vraie capacité à créer la surprise au second tour en ayant brisé le fameux « cordon sanitaire » puisque des personnalités LR telles que François-Xavier Bellamy ou Éric Ciotti ont déjà annoncé voter pour Éric Zemmour dans le cas d’un duel face à Emmanuel Macron.

Enfin, l’actualité est venue nous rappeler – par exemple avec les très violentes émeutes de Sevran – que l’insécurité ne s’est pas arrêtée dans notre pays parce qu’il y a une guerre à l’extérieur… Éric Zemmour a été le seul à ne pas mettre de côté le sujet civilisationnel et sécuritaire et à le faire revenir en permanence dans la campagne à côté de celui de l’économie et du pouvoir d’achat.

Mais compte tenu des sondages, beaucoup de gens se reconnaissant dans la droite nationale pensent que Marine Le Pen est le vote utile…

« Compte tenu des sondages », Jean-Marie Le Pen n’aurait pas été au second tour en 2002 et Thierry Mariani, candidat RN, aurait été élu président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en juin. Les sondages sont une photographie de l’opinion, plus ou moins juste, mais ils ne doivent pas façonner l’opinion et encore moins l’élection. Ils sont à regarder parmi d’autres éléments, et notamment cette dynamique et cette capacité de rassemblement dont je vous parlais.

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S’agissant de Marine Le Pen, je suis désolée de dire qu’on connaît la fin du film, pour l’avoir déjà vu en 2017. Et quoi qu’en disent ses soutiens, et puisque c’est manifestement leur seul argument, je dois rappeler qu’il n’y a pas un seul sondage qui la donne victorieuse… Vous savez, j’ai déjà eu l’occasion de réaliser 45 % des voix, aux élections régionales de 2015. C’est un « beau score », comme on dit dans ces moments-là, mais cela reste une défaite. La situation est trop grave pour se contenter d’être une force de premier tour.

Eric Zemmour et Marion Maréchal lors d’un meeting à Toulon, 6 mars 2022 © CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Vous avez été députée pour le RN, aujourd’hui vous êtes l’une des têtes d’affiche de Reconquête ! En dehors des idées, du positionnement, les deux partis sont-ils très différents dans leur fonctionnement ?

Il y a une vraie différence dans la manière de travailler et l’état d’esprit. Avant de le rejoindre, j’ai fait savoir à Éric que je tenais à conserver ma liberté de pensée et de parole, et je l’ai tout de suite trouvé disposé à accepter cela. J’ai vu quelqu’un qui voyait dans cette diversité d’opinions une richesse et une force. En cela, je le crois beaucoup plus apte à construire un parti de gouvernement, à organiser une coalition, à mettre en musique des alliances. C’est aussi ma vision et je dois le dire : c’est particulièrement agréable de retrouver une atmosphère politique où on peut échanger, débattre et exprimer son opinion.

À l’inverse, lorsque j’étais députée du RN, et de très nombreux élus du parti avec lesquels vous en parlerez en privé vous diront la même chose, j’étais en permanence scrutée, observée à la loupe, pour savoir si je ne déviais pas d’un millimètre de la « ligne ». Une ligne souvent changeante, fixée par un tout petit nombre, toujours en dehors des instances de gouvernance régulières du mouvement. J’ai connu un RN (FN à l’époque) où le fait d’avoir trop retweeté Marion Maréchal ou Nicolas Bay, ou d’être considéré comme « trop » catholique, valait une mention sur les fiches avant les commissions d’investiture… Mention conduisant souvent à être écarté ! Une espèce de terreur sourde s’exerce ainsi, avec des pressions qui sont bien souvent intériorisées pour ne pas déplaire à la direction. Dans ce système, la servilité devient plus payante que la compétence. C’est en partie ce qui m’a poussé à quitter le parti et me mettre en retrait de la politique électorale en 2017.

Vous avez réuni 50 000 personnes au Trocadéro, mais les médias ont surtout retenu les « Macron assassin ! » scandés par une partie de la foule. Vos partisans sont-ils vraiment cette foule haineuse et raciste que l’on dit ?

Certains médias ont fait preuve d’une malhonnêteté absolue. Plutôt que d’analyser les ressorts de ce succès ayant mobilisé près de 100 000 personnes ou le contenu des trois heures de discours, ils ont préféré fabriquer une polémique artificielle autour d’un slogan lancé pendant dix secondes par une partie de la foule. La seule obsession fut ensuite d’obtenir la contrition ou la « condamnation » d’Éric et des cadres de Reconquête ! alors qu’ils n’y étaient pour rien. Certains journalistes ont manifestement raté leur vocation de curé ou de procureur. Je n’ai pas souvenir d’un tel émoi médiatique face aux multiples agressions, physiques elles, de militants Reconquête ! ou RN à coups de couteau et de matraque ces dernières semaines.

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Alors oui, beaucoup sont en colère, car l’État ne les protège plus, et ils l’ont exprimé avec leurs mots, alors qu’Éric évoquait dans son discours les victimes de la racaille, du terrorisme, après qu’on a vu en vidéo des témoignages terribles, notamment celui de cette mère dont le fils a reçu 22 coups de couteau d’un migrant soudanais clandestin au cri d’« Allah akbar ». Le vrai sujet aurait été plutôt de chercher à comprendre la colère exprimée par ces Français.

D’accord, les médias ne lui ont pas fait de cadeau, c’est un euphémisme. Mais n’a-t-il pas commis d’erreur ? Beaucoup de gens qui partagent son constat redoutent sa brutalité. Par exemple, fallait-il parler de « ministère de la Remigration » au risque de laisser croire que vous voulez renvoyer des Français ?

Je le répète, il a subi une entreprise de diabolisation inégalée. Même Marine Le Pen reprend des critiques de la gauche qu’elle a subies elle-même pendant des années : le « candidat de la guerre civile », la « brutalité », l’« extrême droite »… jusqu’aux prétendus nazis qui peupleraient son équipe ! Zemmour a un parcours atypique ; ayant été journaliste, polémiste et intellectuel pendant des décennies, il n’a pas peur de la confrontation, de la provocation et des débats animés. D’une certaine manière, cette force peut parfois le rendre vulnérable, dans un champ politique totalement aseptisé, où plus personne ne dit ce qu’il croit, ce qu’il pense, mais réfléchit avant tout à ce qu’on va penser de ce qu’il pense… On en vient à déguiser en habileté tactique tous les renoncements idéologiques, en se soumettant en permanence au magistère de la gauche morale. L’exemple de la remigration est très parlant. Que constate-t-on à travers différents sondages ? Les Français sont favorables non seulement aux mesures derrière le terme (dans tous les électorats, à l’exception de LFI) mais aussi, majoritairement, à la création d’un « ministère de la Remigration ». Rappelons que ce ministère a pour objectif de renvoyer sur le quinquennat 1 million d’étrangers qui n’ont rien à faire sur le territoire, parmi lesquels les 80 000 condamnés étrangers chaque année, les 25 % de détenus étrangers dans nos prisons, les 900 000 clandestins ou encore les milliers de fichés S étrangers pour radicalisation islamiste.

Sur l’islam, Zemmour semble admettre qu’il a pu sembler trop dur en s’en prenant aux croyants. En tout cas, il a rectifié le tir au Trocadéro. Pour la première fois, il a parlé au cœur des musulmans.

Éric Zemmour a longuement développé sa vision de l’assimilation lors de son discours au Trocadéro. Une vision généreuse, mais exigeante. Il a tendu la main aux musulmans en expliquant qu’il n’était pas question d’interdire à quiconque de pratiquer sa religion tant qu’elle respectait le cadre de la loi, mais qu’il était exclu de demander à la France de faire des accommodements raisonnables avec l’Islam au lieu de demander aux musulmans de faire des accommodements raisonnables avec la France. Il a ajouté qu’il considérait comme du mépris et non de la tolérance de dire que l’on ne pouvait exiger des musulmans l’effort qui fut demandé aux juifs, Libanais, Arméniens ou Italiens.

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Zemmour a la conscience aiguë d’une course contre la montre démographique. Demain (certaines projections, dont celle de Michèle Tribalat, parlent de 2060), le peuple français historique pourrait être minoritaire sur son sol. Or les peuples ne sont pas interchangeables. Aussi respectables soient les cultures africaines, elles n’ont pas le même rapport au monde, les mêmes goûts, les mêmes sensibilités, les mêmes croyances, le même art de vivre que la nôtre. Quand on change de peuple, on change de pays. Si demain l’islam est majoritaire en France – et indépendamment de la menace islamiste –, le visage de la France changera complètement. Partout où l’islam est majoritaire, la charia s’applique à des degrés divers. Zemmour a hérité de ses parents assimilés une compréhension profonde de cette question anthropologique. Il faut plus de courage pour faire de la politique à partir de ce constat inquiétant que pour faire de la démagogie diversitaire à court terme.

Zemmour n’a jamais été connu pour sa capacité à écouter les conseils… Quand il était polémiste, c’était plutôt quelqu’un de très individualiste. Avait-on une fausse image de lui ?

Ce que je constate, c’est qu’il a des certitudes sur le plan des idées, mais une véritable humilité sur le plan politique. C’est un univers qu’il découvre et il le sait. Il a admis qu’il avait fait des erreurs et il a appris de ses erreurs, ce qui est notable. Dans cette mue à l’œuvre depuis des mois, il est très ouvert à la critique constructive et aux conseils.

Cette campagne l’a-t-elle changé ?

Je l’ai constaté directement. On l’a vu dans des exercices nouveaux, notamment dans le contact avec les Français où il fait preuve d’une capacité d’écoute, d’empathie, de proximité qu’on ne lui devinait pas puisqu’il était, jusque-là, davantage dans un exercice abstrait, intellectuel. Il a une grosse capacité de travail et à la différence de beaucoup de politiques aujourd’hui, il élabore ses positions sans que des communicants lui disent quoi penser. Il est capable de donner un cap intellectuel tout en étant ouvert sur la méthode.

Sait-il parler aux classes populaires sans lesquelles on ne gagne pas une élection ?

Pour lui, un des enjeux de la campagne était de se faire connaître en très peu de temps des Français plus éloignés de la politique, un public qui ne l’a pas connu non plus à travers les pages du Figaro ou l’antenne de CNews. Il a développé un discours clair sur la question du pouvoir d’achat, mais il refuse, avec raison, de choisir entre l’angoisse de la fin de mois et l’angoisse de la fin de la France. Par ailleurs les deux sont liées : les Français modestes sont les premières victimes des conséquences de l’immigration massive. On ne peut pas rendre du pouvoir d’achat aux Français et de la compétitivité aux entreprises si on ne réalise pas en parallèle des économies sur l’immigration dont le coût annuel s’élève à 40 milliards, un tiers du déficit public !

La stratégie de l’union des droites est-elle la bonne ?

L’union des droites est un moyen et non une fin. On a vu émerger ces dernières années un clivage politique qui se fonde moins sur les idées que sur les conditions matérielles. Le clivage entre LREM et RN est devenu une opposition entre gagnants et perdants de la mondialisation, périphérie et métropole, « élite contre peuple ». On cristallise une néo-lutte des classes, or la nation est par essence une synthèse. Ses défenseurs ne doivent jamais l’oublier. En France, il y a déjà des fractures territoriales, ethniques, religieuses, sociales : doit-on alimenter ces fractures en faisant de la politique catégorielle, par des propositions qui ne s’adressent plus qu’aux uns ou aux autres ou faut-il les dépasser en revenant à un clivage d’idées qui fonctionnait à l’époque du PS et RPR ? Il y avait dans ces partis une mixité sociologique qui les obligeait à développer un projet de société intégrant tous les Français, d’où qu’ils viennent. Zemmour permet de sortir de cette mécanique toxique car son électorat est hétérogène, multiple, et en cela il ressemble à la société française. On vient au vote Zemmour non pas mû par des intérêts, mais par une vision du bien commun.

>> La deuxième partie de l’interview de Marion Maréchal est à lire ici <<