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Harcèlement scolaire: ce que Gabriel Attal peut faire…

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Le prédécesseur de Michel Barnier avait défrayé la chronique en mettant en place des cours d’empathie à l’Education nationale. Il vient de fonder l’association « Faire face au harcèlement ».


7 novembre : Journée officielle de la lutte contre le harcèlement scolaire. Sujet on ne peut plus grave, avec son cortège de souffrances et de morts, d’autant qu’un million de jeunes sont touchés par le phénomène en France. Autrement dit, un jeune sur 10. En France, le harcèlement scolaire est responsable de deux enfants morts par mois en France. N’allons pas croire pour autant que l’école ait été jadis un sanctuaire : la méchanceté des enfants n’a pas attendu le XXIème siècle pour sévir au cœur des établissements. Pour autant, on ne peut qu’être révolté par le fait que notre Education nationale, trop souvent, « laisse faire », en présence du harcèlement comme de la phobie scolaire, de la radicalisation islamiste ou des comportements d’autodestruction en tous genres…

Un sujet qui dérange

Quelle réponse au drame du harcèlement scolaire notre Etat protecteur apporte-t-il ? La mise en place d’une journée nationale de lutte contre ce fléau, aux côtés de dizaines d’autres thématiques : sécurité routière, toxicomanies, mathématiques… A chaque fois, c’est le même cycle de l’émotion sur commande, des promesses solennelles puis de l’insupportable abandon … Les adultes sous-estiment la violence du harcèlement scolaire aujourd’hui en France. Et cette minoration du phénomène n’épargne pas nos responsables politiques. On notera que le harcèlement scolaire n’a jamais été érigé par un Premier ministre en grande cause nationale. L’association HUGO ! pointe du doigt le laxisme face à un fléau de société qui tue, et invite à une mobilisation transcendant les clivages politiques.

Comment prétendre que notre école publique fait vivre les idéaux républicains de tolérance et de fraternité lorsqu’elle devient un lieu de persécution ? Pourquoi de plus en plus de garçons et de filles se muent-ils en tortionnaires de leurs congénères ?

Le sujet dérange. On a les plus grandes peines du monde à trouver des chiffres récents et précis sur les suicides de mineurs et leur contexte, alors que la remontée systématique des informations sur la mort par suicide est pourtant instituée depuis 2018.

Non seulement l’école est le cadre privilégié du harcèlement (qui se poursuit et s’amplifie généralement sur les réseaux sociaux) mais, en plus, elle ne brille pas par sa capacité de réaction dès lors qu’un cas de harcèlement lui est signalé. Dans la majorité des cas, c’est la victime qui est culpabilisée et conduite par son entourage comme par l’institution à se poser en première responsable de sa persécution. Ce qui la conduit à se replier sur elle-même, et à ne plus demander d’aide, jusqu’à se laisser écraser par ses persécuteurs. Combien d’élèves harcelés accèdent-ils en temps et en heure à un accompagnement thérapeutique adapté ? Il s’agit d’une proportion d’enfants marginale, tant les dispositifs sont coûteux et inaccessibles à la plupart des familles.

Quant aux cours d’empathie, on peut douter de leur utilité. Ils font partie d’un environnement culturel nordique pétri de respect de l’autre, quand cette valeur est franchement inexistante en France. Cette panne du cœur glace le sang. Souvenons-nous de la manière dont Lindsay, qui s’est suicidée à 13 ans en mai 2023, a été moquée sur les réseaux sociaux au-delà même de sa mort : « T’as bien fait de te suicider », «  Lindsay enfin morte ! », avec des vidéos de l’enfant défunte…

Que faire, pour ne plus « laisser faire » et « faire face » ?

Dans le cas de Lindsay, le harcèlement avait été dénoncé clairement et à plusieurs reprises à l’établissement scolaire comme aux autorités. Des menaces de mort étaient proférées contre la jeune fille qui a fini par mettre fin à ses jours. Et ce n’est pas l’activation par le directeur du collège, du protocole prévu pour les situations de harcèlement qui a apporté la solution.

A lire ensuite: Nous exprimons notre stupéfaction et notre inquiétude face à la décision de Sciences-po Strasbourg

Face à la barbarie des cœurs, aucune réponse technocratique ne peut suffire. Et l’on est frappé du silence de l’administration une fois que le suicide est commis. Du directeur d’école au ministre, on ne les entend parler que pour s’exempter de toute responsabilité. Il faut que des personnes de chair et d’os s’engagent personnellement et se mouillent. Un harceleur avait été exclu… mais quatre ont ensuite été mis en examen dans le cas de Lindsay. Quel chef d’établissement osera exclure quatre élèves dans notre système actuel, où il ou elle est jugé avant tout sur sa capacité à endiguer les vagues dans les limites de l’établissement ?

Le proviseur a-t-il démissionné ? Et le directeur académique ? Le recteur ? Le ministre ?

On se souvient de la camarade de promotion d’Emmanuel Macron, la rectrice de Versailles, Charline Avenel, dont les services avaient adressé une lettre de réprimande aux parents de Nicolas, garçon harcelé de 15 ans qui a fini par commettre l’irréparable. Cette dernière avait en effet refusé d’endosser la responsabilité des actes de ses services, et s’était même indignée d’avoir fait l’objet d’une procédure disciplinaire à l’initiative du ministre Gabriel Attal.

Consacrer un jour officiel au harcèlement, l’Etat sait le faire. Mais assumer ses responsabilités, prévenir, accompagner et, quand le drame advient malgré tout, essayer de réparer ? L’Etat ne le fait pas aujourd’hui. Tous les proches des victimes de harcèlement scolaire décrivent le lâchage de l’institution, avant, pendant, après.

Ces harcèlements scolaires parasitent le narratif officiel d’une école rrépublicaine accueillant tout le monde sans discrimination. Nul n’est besoin d’être handicapé, de religion ou de mœurs minoritaires, pas habillé à la mode, gros ou petit, pour se faire harceler en 2024. Cela peut être votre fille, votre fils, sans motif. Et gare à ceux qui sont doux et gentils ou qui sont forts en thème, trop bien peignés ou trop intégrés. Ce sont les victimes toutes trouvées de la nouvelle génération de harceleurs.

Il est urgent de nous investir pleinement dans la compréhension et la lutte contre le harcèlement scolaire. Compréhension qui implique de tenir compte du fait que certains auteurs de harcèlement sont d’anciennes victimes de ce même fléau, l’opprimé d’hier se transformant comme souvent en l’oppresseur de demain. La création officialisée hier par Gabriel Attal de la Fondation « Faire face » pour lutter contre ce fléau aux côtés d’Elian Patier, président de l’association Urgence harcèlement, est encourageante. A suivre.

Face à ce drame d’une Education nationale qui est le cadre impuissant du harcèlement, des lieux de refuge existent cependant hic et nunc, parmi lesquels les écoles privées et indépendantes. Qu’on les aime ou non, il se trouve qu’elles accueillent un nombre toujours plus important d’enfants qui cherchent à échapper au harcèlement scolaire qu’ils ont subi au sein de l’Education nationale, voire dans l’enseignement privé sous contrat. C’est en particulier vrai depuis la crise du Covid. Ces écoles sont loin d’avoir réponse à tout et, parfois, les phénomènes de harcèlement tendent à se reproduire en leur sein, mais elles présentent des avantages incontestables : elles sont à taille humaine et les responsabilités y sont bien identifiées. Les petits locaux permettent une meilleure observation des comportements, donc une meilleure détection de la détresse. De plus, nombre d’écoles indépendantes cherchent à développer les capacités humaines des enfants et futurs adultes que sont leurs élèves, au moins autant que leurs compétences académiques et, sans doute plus que dans l’Education Nationale. C’est en particulier le cas dans des écoles plutôt libertaires alternatives, qui donnent une place essentielle au règlement des conflits entre enfants et à l’apprentissage voire à la co-construction des règles de vie en société. Les écoles démocratiques représentent la pointe avancée de cette tendance. A l’autre bout du spectre se trouvent les écoles catholiques ou très classiques, façon hussards noirs de la République, qui mettent le respect de l’autre, la politesse et la déconnection numérique au cœur de leurs pratiques pédagogiques. Il est indubitable que moins les élèves donnent d’importance à leur téléphone dans leur vie, moins ils sont exposés au harcèlement numérique et au regard des autres en général et plus ils échappent aux comportements de meute.

Dans l’attente que des solutions efficaces au harcèlement se répandent, l’urgence est sans doute d’informer les parents d’enfants harcelés du droit qu’ils ont de les exfiltrer vers des écoles libres et indépendantes. C’est évidemment choquant que l’Education nationale soit impuissante à protéger ses élèves et que ce soit les victimes qui doivent céder la place aux bourreaux, mais c’est toujours mieux que de rester dans une école jusqu’à en perdre le goût d’étudier et de vivre. Si les écoles publiques se décidaient à adopter des tailles moins inhumaines, une gestion moins technocratique, un suivi plus personnalisé des élèves, à encourager la responsabilisation de ses personnels et des enseignants plus face à ce qui n’est pas strictement académique, des programmes exaltant le vrai, le bien et le beau plutôt que de les faire passer pour des niaiseries désuètes, alors sans doute n’aurions-nous pas besoin aujourd’hui des écoles indépendantes pour protéger les enfants harcelés. Mais ce n’est pas encore le cas. Alors, pour une fois, laissons de côté les réticences idéologiques. Lorsque la maison brûle, on ne demande pas la nationalité du pompier. Peu importe le caractère public ou privé de l’école, ce qui importe est de sauver les enfants. Trop de parents n’imaginent même pas confier leur enfant à une école libre, même lorsque leur enfant est en danger manifeste. Faisons-leur savoir que c’est possible et tout à fait légitime ; mettons en place des bourses pour lever les barrières financières et des accompagnants pour faciliter leur intégration. Voilà une mesure d’urgence que la toute nouvelle fondation de Gabriel Attal pourrait déjà mettre en œuvre.

Toussaint rouge: un anniversaire sous le sceau de la haine

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Le 1er novembre est le jour de la Toussaint. Comme son nom l’indique, la fête est consacrée aux saints. Non seulement ceux dont l’identité et la vie furent connues de tous, mais aussi les saints « inconnus », foule d’anonymes qui un jour ont accompli des miracles pour les autres. Ce 1er novembre 2024 était aussi la date du soixante-dixième anniversaire de la « Toussaint rouge », jour où le Front de libération nationale (FLN) s’est fait connaitre pour la première fois en commettant soixante-dix attentats sur le sol algérien. Cette journée de sang est célébrée en Algérie. Elle l’est aussi… en France ou par des gens exerçant d’importantes fonctions dans l’hexagone. Ce fut ainsi le cas pour Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris depuis le 11 janvier 2020 et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Il a posté sur le réseau social X / Twitter un message explicite depuis l’Algérie où il séjournait pour les vacances : « Le 1er novembre 2024, à minuit la célébration du déclenchement de la guerre d’Algérie commence. Quelle émotion ! »

A ne pas manquer, notre nouveau magazine: Coupons le cordon! Pour l’indépendance de l’Algérie

Un peu de décence !

Les lecteurs de Causeur l’ignorent mais je suis moi-même fils d’un pupille de la nation. Mon grand-père paternel est décédé en Algérie à l’âge de 27 ans en 1959. Ingénieur agronome de profession, il était appelé du contingent et élève officier à l’école d’infanterie militaire de Cherchell. Il était d’ailleurs issu de la promotion baptisée « Sous-lieutenant Yves Allaire », la même que celle de François d’Orléans qui a aussi perdu la vie dans le conflit. J’ai donc, en conséquence, répondu au « recteur » sur Twitter, l’invitant à faire preuve de décence en évitant le registre de la joie pour « fêter » le début d’une guerre qui a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens, de Français dits « pieds-noirs », de Français de métropole appelés pour se battre loin de chez eux, de Harkis, mais aussi à des enfants et des femmes qui n’avaient absolument rien à voir avec ces horreurs.

Je croyais, sûrement naïvement, qu’un message aussi équilibré n’appellerait aucun commentaire particulier, et peut-être même des excuses de la part du « recteur » de la principale mosquée de l’hexagone, la plus ancienne aussi. Le contraire s’est produit. Vu plus de cinq-cents mille fois, ma très courte apostrophe m’a valu… des centaines de messages d’une haine et d’une violence à peine racontables, de la part d’Algériens mais aussi de personnes de nationalité française et d’origine algérienne. Le plus marquant fut celui d’un homme qui m’a rétorqué à propos de mon grand-père qu’il souhaitait que celui-ci reposa « en pièces ».

Enthousiasme macabre révoltant

À l’évocation d’attentats postérieurs, comme celui du Milk Bar, qui coûta la vie à des enfants Français d’Algérie, des messages réjouis et ironiques ont fleuri. Ils témoignent d’un inconscient meurtrier et génocidaire profondément ancré dans certains esprits. Comment peut-on côtoyer sur notre sol des gens qui s’enthousiasment à l’évocation de massacres ? Comment pourrait-on un jour vivre en paix sans une reconnaissance commune des horreurs du conflit ? Je ne reviens pas sur les faits historiques qui ont présidé au pourrissement de ce conflit. La France y a évidemment sa part de torts, mais le FLN a mis en place une guérilla terroriste et insurrectionnelle qui a explicitement ciblé les civils. C’est une réalité historique qui est occultée. De la même manière, les quelques 27 000 appelés tombés pour la France n’ont jamais eu droit à l’hommage qu’ils méritaient parce que les binationaux Franco-Algériens l’empêchent en prenant en otage l’histoire pour opérer un racket sur le pays qui les accueille aujourd’hui.

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Le plus terrifiant dans ce chantage mémoriel permanent est qu’il se double d’une haine sans commune mesure. Le mythe de la Guerre d’Algérie sert de ciment à un régime politique dont les méthodes rappellent celles de l’ex-URSS. Il s’agit d’un dérivatif. Afin d’éviter de faire le bilan des politiques à destination d’une jeunesse frappée par la pauvreté, l’Algérie désigne à la foule des boucs-émissaires et honore le souvenir des « martyrs ». La France, le Maroc ou les juifs sont ainsi alternativement brandis comme autant d’ennemis de l’ombre qui empêcheraient l’Algérie « non alignée » de pouvoir opérer sa transition vers une économie moderne. Et que dire d’un homme censé représenter les musulmans vivant en France et utilisant sa position pour défendre les intérêts d’un régime ? Célébrant le déclenchement d’une guerre qui arracha à l’existence des dizaines de milliers de Français dans des massacres d’une violence inouïe ? Il est temps de solder cette dette.

Je passe d’ailleurs sur le révisionnisme historique constant de nos contradicteurs qui osent affirmer que la France a commis un génocide en Algérie quand sa population autochtone a été multipliée par quatre entre notre arrivée et notre départ… Il n’est pas non plus inutile de rappeler que la défaite de la France ne fut pas militaire mais politique. La France a décidé d’arrêter le massacre. Les pieds-noirs ne pouvaient plus vivre dans un état de terrorisme permanent non plus. Tout cela a d’ailleurs fini par la signature des accords d’Evian qui offrent des facilités d’installation… aux Algériens désireux de vivre en France. Un système anachronique qu’il convient d’urgemment réviser.

https://twitter.com/Max_dz11/status/1852312309823091094

Un fantasme pro-Kamala révélateur: le vote caché des femmes républicaines

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Surprise: des électrices américaines ont estimé que certains sujets étaient plus importants que l’avortement


Les chaînes d’information françaises en ont fait leurs choux gras pendant les deux derniers jours de la campagne présidentielle aux Etats-Unis. Sauf une, je vous laisse deviner laquelle. Il existerait un vote caché des femmes républicaines, et ce vote pourrait très bien donner la victoire à la candidate démocrate.

Les femmes républicaines considérées comme décérébrées

Les femmes républicaines entrent dans le bureau de vote au bras de leur époux, forcément un patriarche grincheux et autoritaire, et une fois dans l’isoloir, je t’embrouille et j’exprime ma liberté de femme et ma volonté de protéger le droit à l’avortement, je noircis la case correspondant au vote pour Kamala ! Un clip a mis en images ce scénario de rêve, la républicaine enfin libérée de la tutelle masculine adressait dans la dernière image un clin d’œil joyeusement complice au spectateur. Donc il y aurait un vote caché, donc les sondages se trompent, donc la Démocrate a encore toutes ses chances de l’emporter. Et les présentatrices et encore plus les présentateurs, de s’esbaudir dans la joie d’une communion dans le Bien, un Bien pro-féministe, pro-Kamala, anti-Mussolini, anti-Hitler, anti-tous les méchants.

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Personne n’osa dire que l’hypothèse inverse d’un vote caché des hommes démocrates en faveur de Donald Trump était tout aussi vraisemblable. Le dépouillement du scrutin a d’ailleurs montré que chez les Noirs et les Latinos les hommes n’avaient plus du tout envie d’être assignés au vote démocrate. Et vu le triomphe du Républicain, je me demande si les Barbie n’ont pas elles aussi voté pour lui. Personne n’osa dire que ce clip était insultant pour les femmes républicaines, a priori considérées comme des décérébrées incapables de choisir par elles-mêmes.


Individualisme contre intérêt général

Cette affaire de vote caché est apparemment anecdotique, mais l’anecdotique peut se montrer extrêmement révélateur, ainsi que l’a prouvé le voyage de notre président au Maroc. Ce clip suppose que l’électeur, une fois entré dans l’isoloir, ne vote qu’en fonction de son intérêt personnel, qu’il est incapable de choisir d’après ce qu’il pense être l’intérêt de sa société tout entière et du pays où il vit, incapable d’être – oh, je vais dire un gros mot – patriote. Il me semble que tout électeur raisonnable fait dans sa tête une liste hiérarchisée des problèmes de son pays et choisit un bulletin en fonction des réponses à ces problèmes que propose tel ou tel candidat. Un exemple que je n’irai pas chercher loin, ma modeste personne. Il m’est arrivé de voter pour une candidate dont je réprouvai totalement les idées antilibérales en économie, mais dont j’approuvai totalement les idées antimigratoires. Je pensais en effet qu’elle avait plus de chances que d’autres d’arriver au pouvoir et de mettre ses idées en pratique.

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Voter en fonction de ses intérêts personnels ou en fonction des intérêts de son pays ?  On saute à pieds joints dans l’opposition anthropologique essentielle à notre époque : progressistes versus conservateurs, pour parler à l’américaine. L’individualisme ravageur des Démocrates américains comme des progressistes de tous pays pose en principe que la dame républicaine dans son isoloir est incapable de penser que les problèmes de l’immigration à la frontière mexicaine, la saine peur que pourrait inspirer à Poutine l’imprévisibilité de Trump, la fermeté de l’aide à Israël, sont plus importants pour elle que le soutien qu’elle pourrait accorder à l’interruption de grossesse aux Etats-Unis.

Le progressisme est ici pris la main dans le sac ; il préfère systématiquement les droits de l’individu à ceux de la société. “ Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles”, disait ce progressiste de Valéry. Qu’importe que la France meure, “que voulez-vous que ça me fasse que la France s’islamise”, pourvu que les droits individuels des migrants et ceux des djihadistes incarcérés soient respectés ? Qu’importe que les Italiens disparaissent d’Italie, que les gènes venus de Michel-Ange, de Palladio ou de Garibaldi finissent dans des préservatifs, pourvu que les migrants n’aillent pas dans le pourtant coquet centre de rétention construit en Albanie, pourvu que l’insatiable pouvoir des juges triomphe de la démocratie ?

La passion délétère du mea culpa

Les critiques concernant la délégation pléthorique des invités de son voyage officiel au Maroc ne suffisaient pas. Dans la foulée, le président de la République a estimé nécessaire de montrer une nouvelle preuve de repentance envers l’Algérie, qui voyait ce fameux déplacement d’un mauvais œil.


Pour son voyage tapis rouge au Maroc, nous avons eu sa petite cour privée de repris de justice. Un condamné pour abus de faiblesse sur une personne de grand âge et d’encore plus grande fortune, un triste sire ex-député bas de plafond coupable, lui, d’avoir tabassé à coup de casque de moto un de ses semblables, et surtout le troisième de ces individus de notable mérite, le très influent et très prisé Yassine Bellatar, convaincu quant lui de divers faits de délinquance dont de très affables menaces de mort.

Salut la compagnie !

Yassine Bellatar dont il se dit qu’il aurait eu assez d’influence auprès du président pour l’avoir convaincu de ne pas s’associer l’an passé à la marche contre l’antisémitisme organisée conjointement par la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat. Yassine Bellatar qui, lorsqu’il était propriétaire d’un café PMU à Sevran veillait tout particulièrement à ce que l’accès en soit interdit aux femmes, ce que montra fort bien à l’époque un reportage de France 2. Sur ce point, je me demande comment la Première Dame, dont on nous vante si complaisamment la fibre féministe, a pu s’accommoder d’une telle compagnie au sein de la cohorte officielle. Il est vrai que dans la déliquescence morale actuelle de ce petit monde-là, on n’en est plus à une compromission près.
La présence de ces gens déshonorés dans une délégation officielle ne pouvait que nous déshonorer nous-mêmes. Comment aurions-nous pu être fiers de l’image frelatée que cette représentation de la France nous imposait et imposait à nos hôtes marocains ?
Il y avait eu aussi, quelques jours plus tôt, dans la bouche du chef de l’État, les inepties historiques et les mots désagréables crachés à l’encontre d’Israël et de son peuple, stupidités sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici[1].

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Enfin, il y a à présent, non plus des humiliations mais ce qui relève en réalité de l’insulte. Une insulte à nous autres Français, une insulte à la France notre patrie, une insulte à la mémoire de ceux qui se sont battus en Algérie pour le drapeau et qui, nombreux, trop nombreux, y ont perdu la vie.

Bombe mémorielle

Le 1er novembre, jour de commémoration de l’insurrection en Algérie qui a mis le feu aux poudres, le président Macron y est allé, quant à lui, de sa bombe mémorielle. Le dirigeant Larbi Ben M’hidi, « un des six dirigeants du FLN a été assassiné en mars 1957 par des militaires français placés sont le commandement du général Aussaresses », voilà ce qu’écrit le communiqué élyséen[2]. Vous avez bien lu. Le choix des mots est de première importance. M. Macron n’écrit pas que l’individu en question a été éliminé, par exemple. Non, son choix s’est porté sur le terme assassiné, celui qu’on emploie pour désigner, en droit, les meurtres avec préméditation. Cela revient à ravaler au rang d’acte criminel perpétré par de vulgaires assassins de droit commun ce qui est – et reste – pour violent qu’il soit, un fait de guerre. Là est effectivement l’insulte. Là se faufile la preuve indiscutable de l’intention délibérée de piétiner la mémoire nationale.
Ces faits m’incitent à considérer que, désormais, M. Macron pourrait légitimement revendiquer une place de choix dans les défilés et manifestations de M. Mélenchon. Celui-ci brandirait avec fierté sa pancarte « La police tue » et le Jupiter dégringolé de l’Olympe une autre banderole avec ces mots en lettres de sang : « L’Armée assassine ». Est-il besoin de rappeler en passant que le président de la République n’est autre que le chef des Armées ! Sans commentaire. Tout aussi inutile d’évoquer, je pense, l’utilisation que le pouvoir algérien fera de cette énième auto-flagellation.
Quant à moi, je suis convaincu que rien de cela n’est le fait du hasard. Pas plus la honteuse présence de ces types plus que douteux dans le voyage officiel que ce communiqué cinglant, le moment choisi et le vocabulaire employé. En narcissique caractérisé, M. Macron, déçu, blessé de l’image de lui-même que lui renvoie désormais le miroir qu’est l’opinion du peuple de France, s’en prend à ce miroir. Il cherche à le briser, ou tout au moins à le salir, à le souiller. Et c’est bien ce à quoi il s’emploie en nous imposant, d’une part l’humiliation d’infréquentables mis à l’honneur dans un voyage officiel, et d’autre part, cette déclaration insultante sur notre passé militaire.
Les jours de la Toussaint sont souvent assez tristes, assez sombres. Ils le sont dans la sphère familiale, dans l’intime. M. Macron aura au moins réussi à hausser cette affliction au niveau de la nation entière. Espérons que cette formidable réussite suffira à cautériser quelque peu les égratignures de son ego démesuré.

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[1] Mi-octobre, la presse rapportait que le président de la République aurait déclaré, lors du Conseil des ministres : « M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. Par conséquent il ne devrait pas s’affranchir des décisions de l’ONU ». NDLR.

[2] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/11/01/commemoration-du-1er-novembre-2024-70eme-anniversaire-du-declenchement-de-linsurrection-du-1er-novembre-1954

Nicolas Baverez et l’improbable «Sursaut»

L’essayiste Nicolas Baverez est persuadé que les Français, prêts à sauver leur pays du déclassement, peuvent accepter une purge libérale. C’est oublier les intérêts particuliers de nos millions de fonctionnaires, leurs puissants syndicats, notre goût prononcé pour le corporatisme. Et tous ces nouveaux citoyens qui détestent leur pays…


Nicolas Baverez vient de publier Sursaut, un essai qui prolonge son travail de vigie du déclin français, entamé avec La France qui tombe en 2003. Soupçonné par les ricaneurs d’avoir inventé la « déclinologie », qui serait à l’économie ce que l’astrologie serait à l’astronomie, il semblerait pourtant qu’il ait eu à peu près raison sur tout. Déficits, éducation, insécurité, innovation, immigration : le modèle social gaulois à crédit comate en phase terminale. Le village Potemkine de la radiotélévision publique a beau nous vanter l’attractivité de la France, la start-up nation se bat désormais, non pour conserver un quelconque savoir-faire dans le numérique, mais pour que la production du Doliprane reste en France. Si l’on ajoute à cela le fait que nous sommes devenus l’un des plus gros exportateurs mondiaux de pommes de terre, cela donne une idée de nos ambitions. France Inter ne nous alerte cependant pas sur la chute du PIB par tête – nous sommes désormais talonnés… par la République tchèque ! Ceux qui se souviennent de l’image de dénuement de la Tchécoslovaquie avant la chute du mur de Berlin expliqueront aux ravis de la crèche l’effarement que cela devrait susciter. Baverez tente de rejouer le match Aron-Sartre, avec à ma droite, lui-même, et à ma gauche, tous les tenants de la sacro-sainte « dépense publique » (soit du NFP au RN en passant par les LR !). Pour faire admettre aux Français la purge libérale qu’ils méritent depuis une trentaine d’années, l’essayiste en appelle au sursaut des Français, au nom de l’intérêt général. Hélas, ce concept paraît aussi mort que feu Raymond. La France archipellisée décrite par Jérôme Fourquet n’a que des intérêts particuliers à défendre, à commencer par les deux millions de fonctionnaires surnuméraires, défendus par de puissants syndicats. Ces corporations considèrent désormais le déclin comme un avantage acquis et s’y accrocheront quoi qu’il en coûte (aux autres). Il ne faudra pas trop compter non plus sur cette nouvelle catégorie de Français qui détestent leur pays. C’est l’angle mort de ce brillant décliniste.

Éditions de l’Observatoire, octobre 2024. 192 pages.

Sursaut

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Sur France Culture, le journaliste Sylvain Bourmeau dénonce… la domination blanche

La radio publique plus woke que jamais.


Sylvain Bourmeau est journaliste. Son parcours professionnel exemplaire – journaliste à Libé, directeur-adjoint des Inrocks, bref passage à Mediapart au moment de son lancement, retour à Libé en tant que directeur-adjoint, producteur et animateur de l’émission “La Suite dans les idées” sur France Culture – lui a permis d’afficher à maintes occasions des engagements qu’il qualifie lui-même d’humanistes.

Mur du son progressiste

Mitterrandien, bourdieusien, plenelien, bourmalien (car il s’estime beaucoup), ses thèmes de prédilection sont, c’est original, le fascisme et le racisme. Ses bêtes noires s’appellent Renaud Camus, Jean-Claude Michéa, Richard Millet, Alain Finkielkraut et Pierre Jourde. En 2013, ce dernier raillait « le camarade Bourmov, commissaire politique aux affaires culturelles de Libé », pour sa conception simpliste du monde : il y aurait d’un côté les progressistes, de l’autre les réacs. Depuis, le camarade Bourmov a affiné sa pensée. Il considère aujourd’hui que le monde est composé de deux catégories d’individus distinctes : les gentils progressistes et les méchants fascistes.

Progressistes, les émissions hebdomadaires de M. Bourmeau sur France Culture le sont indéniablement. On y prend régulièrement la défense des « minorités ». On y promeut l’éco-féminisme, les thèses décolonialistes ou celles du GIEC sur le climat. On y aborde la question de l’immigration avec un discours qui ne laisse aucun doute sur ce qu’il faut en penser : « Si, pour le climat, les travaux du GIEC ont joué un rôle fondamental dans la marginalisation du climatoscepticisme (sic), il n’en va hélas pas de même à propos du GIEM (Groupe international d’experts sur les migrations) et des migrations, et ce, en dépit d’un large consensus scientifique (resic). Il n’est qu’à regarder l’inanité du débat autour de l’ignominieuse énième loi adoptée en fin d’année au parlement français pour s’en rendre compte (et sic de der). » Plusieurs épisodes, consacrés au Rassemblement national, ont donné la parole aux plus éminents castors universitaires ou médiatiques. Tous sont d’accord pour dire que « le racisme se trouve au fondement du vote des électeurs lepénistes » et que ces derniers sont des « fachos ».

Le jeudi 24 octobre, M. Bourmeau a passé le mur du son progressiste pour atteindre la stratosphère wokiste et se positionner sur l’orbite racialiste – Dieu seul sait quand il aura fini de tourner. Ce jour-là, le journaliste a en effet reçu dans son émission une docteure en sociologie du CNRS (1) et une sociologue de l’Université de Lausanne pour leur essai intitulé… La domination blanche (2) et une question lui brûle les lèvres : « Comment comprendre qu’en France, en 2024, les Blancs sont mieux traités que les Noirs ? » L’introduction qui suit relève du délire ; si des enseignants l’ont écoutée, leur sang a dû bouillir : « En France, en 2024, un élève dont la peau est noire ne fait pas de l’école la même expérience qu’un camarade dont la peau est blanche », affirme M. Bourmeau avant d’affabuler en racontant l’histoire d’un « élève à la peau noire » qui « peut s’entendre dire par un enseignant lorsqu’il a oublié son manuel qu’il est en quelque sorte un sans-papier – allez, c’est une boutade, un clin d’œil à la leçon sur l’immigration au programme ce jour-là… – ; et, un autre jour, il peut s’entendre dire, parce qu’il ne travaille pas assez, qu’il aurait besoin d’être fouetté ». Le journaliste a oublié les menaces de marquage au fer rouge ou de déportation dans les lointaines colonies. Plaisanterie mise à part, voilà le genre d’insanités qu’est capable d’inventer ce commissaire politique de la radio publique pour illustrer ce que lui et ses acolytes appellent le « racisme systémique ». Espérons que, parmi les enseignants ayant entendu cette infamie, nombreux sont ceux qui auront envoyé un message à la présidente de Radio France pour réclamer des explications et les excuses du journaliste qui les a diffamés.

France Culture, le privilège woke

Le reste de l’émission sera sans surprise. Résumé : il existe un racisme systémique en France et « on ne peut pas nier que les Blancs ont des privilèges » ; le racisme de la police a éclaté au grand jour lors de l’affaire Adama Traoré ; Virginie Despentes a magnifiquement mis en évidence les privilèges des Blanches pendant le confinement dans une lettre lue par Augustin Trapenard sur France Inter ; malheureusement, en France, la dénégation de la domination blanche est grande ; etc. Déterminées, semble-t-il, à rejoindre leur hôte sur orbite, les deux sociologues pensent par ailleurs qu’il y a des privilèges qui devraient « être complètement abolis, par exemple plus personne ne devrait prendre un jet privé pour faire un trajet Paris-Bordeaux ». Où il est confirmé que l’écolo-wokisme existe et qu’il est un totalitarisme.

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Sylvain Bourmeau ne rate jamais une occasion d’accabler les intellectuels ou les écrivains « d’extrême droite » qui réfutent les bienfaits d’une immigration illimitée. Tous les moyens, même les plus grossiers et mensongers, sont bons. « Cette domination blanche peut prendre des formes extraordinairement violentes qui conduisent à des attentats qui ont eu lieu en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, aux États-Unis. […] On a trouvé parmi les livres que lisaient les auteurs de ces attentats, des textes de théoriciens français », explique-t-il sournoisement en tendant le micro à la « chercheuse » du CNRS qui embraie : « Oui, en effet, on trouve régulièrement des références à Renaud Camus, cet auteur d’extrême droite qui théorise le premier la thèse du Grand remplacement […] thèse qui postule qu’il y aurait une espèce de forme de complot général où des populations non-blanches vont émigrer par vagues extrêmement importantes et submerger les populations occidentales. » Évidemment, le camarade Bourmov et ses invitées n’ont pas lu une seule ligne des écrits de Renaud Camus et se contentent de répéter les assertions très orientées de l’encyclopédie Wikipédia ou de Mediapart à son sujet.   

Passons rapidement sur l’accusation ridicule d’incitation à la violence concernant un homme qui, confronté, comme nous tous, à la réalité de la nocence – les nuisances sous toutes leurs formes, de la délinquance au terrorisme, du bruit des voisins aux tirs à la Kalachnikov, des éoliennes à la plastification des océans, des rodéos urbains au crime organisé en passant par toutes les “incivilités” quotidiennes – ne lui oppose pour toute arme que l’in-nocence, c’est-à-dire l’essence même de la civilisation.  « La civilisation n’est pas la source de tous les maux mais, au contraire, la suite désespérée et tâtonnante, parfois victorieuse un moment mais perpétuellement remise en cause, des efforts des sociétés diverses pour endiguer et tenir sous contrôle la nocence, que celle-ci s’exerce contre les hommes, contre les femmes, contre les enfants, contre la nature, contre les biens, contre les races, contre les espèces, contre la biodiversité, contre l’air, contre l’eau, contre l’humanité de l’homme et la beauté du monde », écrit-il sur son compte Facebook (9 février 2020) avant de conclure : « La nocence est une réalité irrévocable du monde. Il ne s’agit pas de la nier mais de la combattre et de la circonscrire, et cela d’abord en soi, pour chacun de nous. »

Renaud Camus contre la matière humaine indifférenciée

Renaud Camus n’évoque jamais l’idée d’un « complot général » quand il analyse le grand remplacement, qu’il définit comme la substitution visible d’un peuple par un autre historiquement, culturellement et religieusement radicalement différent, avec les conséquences qu’on sait sur la vie des autochtones. Par ailleurs, ce grand remplacement, qui n’est pas une théorie mais un fait observable, n’est plus, selon lui, qu’une petite part d’une nouvelle forme de totalitarisme qu’il nomme le « remplacisme global ». La dépossession (de la langue, des sexes, des races, de l’histoire singulière des pays et des civilisations), la déculturation (l’effondrement de la transmission, l’enseignement de l’oubli, la cancel culture) et la production industrielle de l’homme remplaçable aboutissent inéluctablement à la transformation de l’humanité en ce qu’il appelle la MHI (Matière Humaine Indifférenciée), un agrégat d’êtres déracinés, anhistoriques, interchangeables, utilisables, déplaçables au gré des besoins et des intérêts d’une oligarchie mondialisée, davosienne et globale, dans un monde effrayant combinant les visions prédictives d’Orwell et de Huxley.

Tout va bien se passer …

Curieusement, M. Bourmeau et ses invitées ont oublié de citer quelques autres personnalités soutenant les « thèses conspirationnistes » de Renaud Camus et adhérant allègrement à l’idée d’un grand remplacement des peuples français et européens. Sur Al-Jazeera, le 13 mai 2017, Rokhaya Diallo affirme que les Français doivent s’habituer au fait que « la France n’est plus un pays chrétien et blanc ». Quelque temps auparavant, sur le plateau de Ce soir ou jamais, la romancière franco-camerounaise Léonora Miano prophétisait déjà la « disparition du monde connu » et prêchait la bonne parole remplaciste : « N’ayez pas peur d’être minoritaire culturellement. N’ayez pas peur de quelque chose qui va se passer. Parce que ça va se passer. Ça s’appelle une mutation. L’Europe va muter. […] Ils [les Subsahariens] vont venir, et ils vont venir avec leur bagage identitaire. […] C’est ça qui va se passer, et c’est déjà en train de se passer. N’ayez pas peur. » Pour son dernier livre, L’opposé de la blancheur, réflexions sur le problème blanc (sic), Mme Miano a été conviée sur France Culture où elle a pu déblatérer pendant plus d’une demi-heure sur une supposée « blanchité dominante et toxique » sans rencontrer de résistance, devant deux journalistes wokisés jusqu’aux oreilles exprimant leurs propres difficultés à se « déconstruire » en tant que « personnes blanches » (Les Midis de Culture, 5 octobre 2023). Le 3 mai 2016, toujours sur France Culture, un homme décrivait très exactement ce qui était en cours et ce qui allait advenir. Après que la journaliste Amélie Perrier eut décrit « des migrations qui deviennent énormes et incontournables », cet homme entérina l’idée d’un phénomène irrépressible : « Oui, disons qu’on assiste à un processus de longue durée, un processus de repeuplement du monde qui va s’intensifier dans les années qui viennent. […] Les pays du Nord vont continuer d’accuser une tendance au vieillissement. Dans 50 ans à peu près, une grande partie des habitants de la planète viendra de l’Afrique et de l’Asie. Tout cela va provoquer des recompositions majeures avec lesquelles il faudra vivre. » Cet homme, qui évoquait un « processus de repeuplement du monde » présentant de fortes similitudes avec les remplacements de populations décrits par Renaud Camus, n’était pas Renaud Camus mais… l’historien camerounais préféré des décolonialistes et des mélenchonistes, Achille Mbembe (3). Jean-Luc Mélenchon, dans un tweet du 21 septembre 2021, implorera les Français d’accepter joyeusement ce bouleversement incontestable et, pour certains, désirable : « Vous ne vous baladez pas dans la rue ? Vous ne voyez pas ce qu’est le peuple français ? Le peuple français a commencé une créolisation. Il ne faut pas en avoir peur. Il faut s’en réjouir. » Depuis, le mouvement mélenchoniste a clarifié ses objectifs en accueillant en son sein Rima Hassan : il n’est plus seulement question d’offrir l’hospitalité à de nouveaux arrivants dans le but de « métisser » ou de « créoliser » la population mais bien de modifier en profondeur les mœurs de la société française en lui imposant celles d’une imposante immigration musulmane n’ayant nullement l’intention d’abandonner ou d’adoucir les préceptes coraniques les plus rétrogrades, la charia en premier.  

Sylvain Bourmeau, confit dans les certitudes gauchisantes et wokes d’une petite mais très influente caste politico-médiatico-universitaire, est dévoré comme elle par la haine de soi et une répugnance pour son propre pays, son histoire et son peuple. Le voici prêt à discuter de sa couleur de peau, pour la renier, au prétexte qu’elle serait la marque du démon. Depuis plus de quarante ans, cette belle âme se ripoline la conscience à grands coups de pinceaux antiracistes. Il ne pouvait pas ne pas prendre en marche le train des thèses racialistes. Présenté comme une « théorie critique de la race », un nouvel antiracisme a vu le jour, un antiracisme raciste encourageant le ressentiment, la haine, les relations conflictuelles. Dans un pays comme la France où le racisme était devenu résiduel, le racialisme, après avoir ravivé d’anciennes rancœurs, en a créé de nouvelles et tente de tuer tout espoir d’apaisement. Une société multiethnique, communautariste, « racialisée » et victimaire est vouée à la violence. Mais M. Bourmeau n’en a cure. M. Bourmeau arbore virtuellement et à tout jamais une petite main jaune sur le revers de son veston. Il se croit encore en 1984, date de la création de SOS Racisme. Date des débuts de M. Bourmeau sur la scène du petit théâtre de l’antiracisme. Second rôle médiatique au jeu très limité, il n’en sortira plus. La mise en scène est immuable ; le texte s’est vu gratifié au fil des ans d’ajouts racialistes et décolonialistes ; la voix aigre-douce du comédien s’est acidifiée. Mais, au fond, rien n’a changé. M. Bourmeau, alias la Castafiore de l’antiracisme, entonne toujours le même air – « Ah ! Je ris de me voir si vertueux en ce miroir » – et n’imagine pas un seul instant qu’il est en vérité le chantre du désastre…   


(1) Judith Waintraub consacre, dans Le Figaro du 26 octobre, un article à cette institution, ce « paradis des sciences “molles” [qui nous] coûte cher, très cher ». « En sociologie, le militantisme a vite fait de remplacer la rigueur scientifique, surtout quand la répartition des postes, l’évaluation et les circuits de financement des projets sont régis selon un système volontairement opaque où règne l’entre-soi », écrit-elle avant de rapporter les propos édifiants de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler : « Le champ de la recherche dans ce domaine est dominé par le courant décolonialiste. Quand on ne s’en réclame pas, on n’avance pas en matière de carrière, trouver des financements est très difficile. » Et on n’est pas invité dans l’émission du camarade Bourmov.

(2) Solène Brun et Claire Cosquer, La domination blanche, 2024, Éditions Textuel. Dispensable, au même titre que les ouvrages de Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Miano Léonora et autres Robin Di Angelo.

(3) André Perrin rappelle cet entretien dans son excellent Journal d’un indigné (Éditions de L’Artilleur). Il note ironiquement que « personne [n’ayant] dénoncé le caractère “nauséabond” des propos d’Amélie Perrier et d’Achille Mbembe, on peut donc en conclure qu’ils n’ont rien à voir avec la sinistre théorie du “Grand Remplacement” ».

P.S : Bruno Lafourcade brosse de Sylvain Bourmeau un portrait réjouissant et saisissant de vérité dans Les nouveaux vertueux, éditions Jean-Dézert. Nous en conseillons très vivement la lecture.

Vol à l’étalage: double peine pour les commerces!

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Ras le vol, clament de nombreux commerçants, qui ne prennent parfois même plus la peine d’aller porter plainte! Un député propose d’autoriser en France la pratique du « name and shame » pour éloigner les voleurs des boutiques. 


Quand il est question de « vol à l’étalage », la plupart d’entre nous pensent « chapardage ». S’impose alors la vision de petits voleurs, davantage opportunistes que réels délinquants. Parfois même aurons-nous, consciemment ou non, une vision misérabiliste et victimaire du voleur, poussé à l’acte par la faim ou le besoin. Un vol, certes, mais pas très grave, bien loin du vol avec violence ou du braquage. Pour un peu, on entendrait la voix, fort heureusement lointaine, de Sandrine Rousseau déclarer, comme lors des émeutes de juillet 2022 : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? ».

Tu as volé l’orange du marchand…

C’est malheureusement à cause de biais de ce genre que les commerçants français vivent actuellement un véritable enfer, entre laxisme des institutions et indifférence voire mépris de l’opinion publique. La réalité est bien différente : le vol à l’étalage en France est majoritairement pratiqué par des professionnels de ce délit, souvent en bande, selon des schémas bien rodés, les amenant à changer régulièrement de villes. Le butin de ces vols, qui s’apparentent parfois à de véritables razzias, alimentent des réseaux de vente parallèles en France ou à l’étranger. Nous sommes bien loin de l’image d’Épinal du petit voleur de pommes. Ce fléau concerne l’ensemble des commerces, de la plus grande enseigne au petit commerce indépendant de quartier.

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Mi-octobre, une vidéo montrant des tablettes de chocolat sous blister antivol dans un Monoprix de Marseille a fait le buzz, mais si beaucoup ont souligné le cocasse de la situation, peu de gens se sont émus de la justification de l’enseigne qui a alors indiqué se faire actuellement voler pour plus de 500€ par mois dans ce seul rayon ! Les derniers chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur remontent à 2022 et montrent une augmentation des vols à l’étalage de 14 % cette seule année, un chiffre identique dans les grandes villes et les zones plus rurales. Hélas, le Ministère de l’Intérieur n’a, pour le moment, pas divulgué de statistiques plus récentes malgré les demandes récurrentes de M. Jérôme Jean, ancien commerçant et président du collectif « Ras Le Vol », association qui œuvre depuis début 2023 pour défendre les intérêts des commerçants victimes de vols. Ce dernier relativise cependant la représentativité de ces chiffres qui seraient vraisemblablement très en dessous de la réalité puisque beaucoup de commerçants, dépités,  ne prennent même plus la peine de porter plainte. 

Sentiment d’humiliation et d’impuissance

Pourquoi un tel découragement face à des actes qui, par leur ampleur ou leur récurrence, peuvent  pourtant mettre en péril une entreprise et le projet d’une vie ? Selon Jérôme Jean, « on a d’un côté une police qui manque de moyens, et, de l’autre, une justice qui ne condamne pas, ou si peu. » En effet, les commerçants se sentent réellement abandonnés par les pouvoirs publics. Les rares passages au tribunal se soldent souvent par de simples « rappels à la loi ». Au-delà du préjudice financier, ces vols à l’étalage et l’impunité de leurs auteurs ont un réel impact sur le fonctionnement de l’entreprise (tensions dans les équipes de vente, difficultés d’organisation) ainsi que sur la santé mentale des commerçants qui affirment ressentir au quotidien un fort sentiment d’insécurité, d’humiliation et d’impuissance.

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En janvier 2024, le député de l’Ain Romain Daubié a déposé une proposition de loi relative à la sécurité des commerçants dans l’exercice de leurs activités. Il demande une modification de l’article L.226-1 du Code pénal pour que « le consentement des personnes pénétrant dans des commerces […] ayant recours à la vidéo protection soit présumé ». En effet, de nombreux commerces sont désormais équipés de matériel de vidéosurveillance mais cela se retourne parfois contre eux lorsqu’ils sont tentés de diffuser sur les réseaux sociaux ou d’afficher à l’entrée de leur magasin les images des voleurs. Cette pratique, surnommée le « name and shame » dans les pays anglo-saxons, est déjà légale dans beaucoup de pays et semble porter ses fruits, notamment en Angleterre, mais force est de constater qu’en France le droit à l’image semble primer sur celui de la propriété. Jérôme Jean se souvient notamment de cette commerçante récemment condamnée à verser à ses voleurs plus de 1000€ de dommages et intérêts alors que ceux-ci n’avaient écopé pour leur délit que d’un simple rappel à la loi. Une autre commerçante, dans l’Allier, a eu, quant à elle, la mauvaise surprise de recevoir un courrier d’avocat défendant le droit à l’image de ses deux voleuses et exigeant le retrait des images qu’elle avait publiées sur les réseaux sociaux. Ces cas sont loin d’être anecdotiques et isolés. Il semblerait bien que nous assistions en France à une aberrante inversion des valeurs. La proposition de loi n’a pas encore été débattue mais nul doute que certains députés feront leur cheval de bataille de défendre le sacro-saint droit à l’image, défendront et plaindront les voleurs. Il ne faudrait quand même pas que ces petits anges ressentent une quelconque honte ou gêne, suite à la diffusion des accablantes images ! Cela risquerait de leur donner envie de revenir dans le droit chemin !

Des solutions de lutte contre le vol à l’étalage sont pourtant bel et bien présentes dans la loi. Depuis un an et demi, les policiers ont le droit, devant un flagrant délit de vol pour un préjudice inférieur à 300€, d’appliquer immédiatement une AFD (Amende Forfaitaire Délictuelle) d’un montant de 300€ sans poursuites judiciaires. L’usage de l’AFD permet de désengorger les tribunaux, de faciliter le travail des policiers mais également de sanctionner immédiatement les auteurs et limiter ainsi le risque de récidive. À part dans quelques villes telles que Lille, les AFD semblent malheureusement peu utilisées. Preuve là encore que la France ne manque pas d’outils judiciaires mais d’une réelle volonté politique de les appliquer. En 2024, les voleurs ne sont plus des chapardeurs de pommes. Ils agissent en toute impunité et s’offrent les services des meilleurs avocats. À ce rythme-là, ils se payeront bientôt le culot, après leur passage, de mettre des mauvais avis sur Google. Commerçants, n’oubliez pas de sourire !

Une soirée avec les partisans français de Donald Trump

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L’association Republican Overseas se réunissait hier soir à Paris, dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle américaine.


Une internationale trumpiste. Qui l’eut cru ? Mardi d’élection, à l’étage d’un restaurant italien du quartier de Saint-Germain-des-Près, ils sont quelques dizaines réunis par l’association Republican Overseas qui regroupe les citoyens américains membres du parti républicain expatriés. Le président de la section française, Randy M. Yaloz, nous accueille avec le sourire des grands jours. Il est 22h. Les premiers résultats arriveront vers 1h du matin. Est-il confiant ? « Je n’aurais pas organisé cette fête, si ce n’était pas le cas. Beaucoup m’ont demandé d’organiser un évènement. En 2020, nous étions plus pessimistes. La situation post-Covid était chaotique et plusieurs erreurs avaient été commises pendant notre campagne… »  


Pas de place au pessimisme

« Nous les Américains, on a une tendance pro-active : on agit d’abord, on réfléchit ensuite. Alors non, aucun pessimisme ! » assume David, rédacteur franco-américain. Les expatriés américains sont-ils un cœur de cible pour le parti républicain ? Profitant de la mondialisation, beaucoup résident en métropole et occupent des emplois qualifiés dans les services dans la capitale française…

Mais, on pourrait aussi voir en eux des électeurs type du… parti démocrate. « Beaucoup étaient encore hésitants en 2016 et 2020, mais ils viennent maintenant vers nous » assure Randy Yaloz. Comment l’expliquer ? « On subit la double taxation : l’impôt sur la citoyenneté américaine et l’impôt du pays résident ! Trump a promis de changer cela pour que nous ne soyons pas obligés de payer deux fois. Et son message a été entendu par beaucoup d’Américains vivant à l’étranger »

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Nostalgique Amérique

Cet enthousiasme, on le retrouve chez d’autres convives de la soirée. Des Américaines enjouées arborant les casquettes MAGA affichent ainsi toute leur confiance. Aimée, chef d’entreprise vivant en France depuis 1985, voit en « Donald », un des premiers politiques « qui ne fait pas carrière pour l’argent, mais par amour du peuple américain ». On entend souvent que la politique américaine fracture la société, oppose des voisins, brise même les familles. Qu’en est-il réellement ? « Je viens d’une grande famille. Ma sœur est républicaine comme moi, mais le reste est démocrate pur et dur… Mais, on s’aime quand même. » Camala (avec un C, précision importante ce soir) est violoniste, et voit en Trump « le protecteur du peuple américain ». Elle dit venir d’une famille conservatrice… « Religieuse ? » demande-t-on naïvement. « Je suis choquée que l’on puisse considérer la pratique religieuse comme un marqueur politique… Autrefois, tout le monde allait à l’église ! Démocrates comme républicains ». Lors de cette petite sauterie parisienne, la présence de nombreuses femmes quinquagénaires contredit le fameux « gender gap » dont parlaient les médias et que semblaient mesurer les sondages annonçant une mobilisation féminine exceptionnelle en faveur des démocrates… Du côté des bi-nationaux, on trouve Lorenzo, consultant dans le tertiaire: « Encore techniquement inscrit au parti démocrate », il nous dit être «  en phase de transition ». L’homme a vécu à New-York, « avec une espèce d’interdit autour de la politique… il fallait être du bon côté. Cette omerta était pesante et m’a fait finalement évoluer. Je ne sais pas si je suis parfaitement républicain aujourd’hui, peut-être libertarien… Il y a en tout cas un terreau de valeurs communes entre nous, des conservateurs modérés jusqu’à certains démocrates libéraux classiques, même ». Un peu comme dans un roman de Philip Roth, les Américains présents ici sont avant tout des nostalgiques. Ils regrettent cette vieille pastorale américaine qui rassemblait les enfants d’Uncle Sam par-delà leurs différences politiques. Cette Amérique que décrivait Tocqueville organisée autour de la sainte trinité du dollar, de la Bible et de la Constitution – et dont les wokes déboulonnent les statues et brûlent les symboles. Le président des Republicans Overseas France s’autorise à formuler un message assez tendre pour ses compatriotes démocrates expatriés : « C’est une chose tout à fait nouvelle de considérer les chrétiens comme conservateurs. Cela n’a rien d’automatique. Auparavant, la plupart des Américains allaient à l’église, peu importe leurs idées politiques ». Nos trumpistes parisiens sont finalement assez loin du cliché de l’Américain haineux, armé, impatient d’en découdre avec l’adversaire démocrate dans une nouvelle guerre de sécession.

La famille d’Aimée est très démocrate, mais elle maintient ses positions trumpistes. 

En France comme aux Etats-Unis, ces expatriés doivent aussi assumer la diabolisation : « Je suis d’une famille juive : il y a comme un conditionnement à voter à gauche quand on est juif new-yorkais… mais les actes anti-israéliens et antisémites des campus ont changé les choses. Voir Anne Sinclair, que je respecte par ailleurs, traiter l’élection américaine de manière aussi caricaturale à la télévision est désolant… »  raconte Lorenzo.

Ces Français qui admirent Donald Trump

À l’étage, on trouve aussi les admirateurs français de Donald Trump. Des assistants parlementaires, quelques journalistes et aussi des gens ordinaires. Jenny, une Française quinqua,  qui « travaille dans le wokistan » – entendez par-là « le monde de la culture et des médias » – soutient Trump car « elle en a marre » de devoir suivre dans un cadre professionnel « des ateliers sur la journée des pronoms où l’on se concerte pour savoir s’il faut mettre he ou him pour créer des safe space ».


Vers 23h30, ce sont des invités plus inattendus qui arrivent. Le leader souverainiste Nicolas Dupont-Aignan vient saluer les convives : « Le soutien de Robert F. Kennedy Jr (le fils de robert Kennedy et éphémère candidat indépendant à l’élection, NDLR) à Donald Trump a beaucoup compté. J’ai admiré son courage pendant la pandémie Covid ». Comment pourrait évoluer la relation franco-américaine, en cas de victoire de Trump ? « Je reste gaulliste… Les Français devront de toute façon défendre leurs intérêts ». L’ancien député de l’Essonne aurait pu croiser son alter ego souverainiste et opposant au passe sanitaire, Florian Philippot, qui est passé un peu plus tard. « Je reste tout à fait anti-américain », nous rassure le chef des « Patriotes » derrière une bannière Trump 2024. Son soutien est toutefois enthousiaste : « Je soutiens Trump. Il incarne la paix, la liberté d’expression, la rupture franche avec le système qu’incarne Kamala Harris et la domination impériale ». Et il se trouve des convergences politiques avec l’Américain : « Une élection de Trump permettrait d’assouplir la domination américaine. Il n’est pas attaché à l’OTAN ou l’UE. Cela tombe bien ; je veux sortir et de l’OTAN et de l’UE! »

Des expatriés, des indépendants, des anciens démocrates, des gaullistes, des bi-nationaux, des Français du quotidien : les effectifs sont encore modestes, mais cette internationale trumpiste pourrait étonner…

La sombre nuit du wokisme

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Aux États-Unis d’Amérique, Donald Trump revendique sa victoire. Emmanuel Macron le félicite, et écrit « être prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité. » Cet événement planétaire est un camouflet terrible pour le progressisme. Et le wokisme, son appendice débile.


La victoire de Trump est avant tout la défaite, la déroute du wokisme, ce fatras de fausse science, de moraline frelatée, de haine de soi, de mépris du vrai. Le populisme s’est exprimé. Ce populisme qui n’est autre, en vérité, que l’affirmation de la voix et de la raison du peuple. Tout l’opposé de la caricature que nos intelligentsias sacralisées veulent en dessiner et nous imposer.

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Pas un caprice des urnes

Cette victoire dépasse de beaucoup la victoire électorale d’un homme. Elle est bien davantage encore la marque magistrale du réveil des légions du bon sens et de la culture du réel. Cette élection, devrait marquer pour l’Occident dans son entier, ici et là, chez nous et à Bruxelles, l’an Un de ce qui pourrait être une reconquête. Ou en tout cas l’émergence d’un souffle nouveau. Elle sonne, pour paraphraser qui vous savez, « le crépuscule des idoles ». Les idoles artificiellement fabriquées contre ce même bon sens, contre, surtout, les populations. Contre l’immense masse des gens de la vraie vie. Aussi, le président élu Donald Trump dit vrai – ô combien – lorsqu’il clame « Nous avons écrit l’histoire ». Il y a bien de cela, en effet. Et personne ne pourra faire comme s’il ne s’agissait que d’une « regrettable » péripétie électorale, un caprice des urnes, un coup du diable, un malentendu déplorable. C’est bien sûr ce que, sans vergogne, tenteront de nous faire avaler les beaux esprits d’ici.

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La gueule de bois du mondialisme, encore béat hier

Or, la question pour nous, aujourd’hui, le nez devant le résultat hors norme, est de savoir ce que nous allons en faire. Quelle lecture nos médias, le pouvoir, nos cabinets ministériels, les instances européennes confinées en mondialisme béat vont en proposer ? On attend les repentirs. On attend les analyses refondatrices. On guette avec gourmandise les réactions universitaires. On espère une salutaire humilité intellectuelle à travers le pays, chez nos chers sachants notamment, cette humilité tellement nécessaire, particulièrement dans les médias distingués qui nous ont bombardé ces dernières semaines de ce que le résultat du jour relègue, qu’ils le veuillent ou non, dans le registre des fake news. C’est ainsi. 

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On peut et doit espérer un jour nouveau chez nous, de ce côté-là au moins. Ne serait-ce qu’en raison de la claque phénoménale qui vient d’être administrée au pitoyable barrage dit républicain du second tour des élections législatives de ce printemps. Barrage hors sol, manipulation indigne, en fait, contre les attentes véritables du peuple. La démonstration par la voix de l’Oncle Sam vient de nous en être administrée. Cette aube du 6 novembre, le jour, pour nous, s’est levé à l’Ouest.

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Elon Musk, Deus ex machina

Déjà engagé dans la conquête spatiale, le développement des voitures électriques et l’IA, Elon Musk relève un nouveau défi : recaser à la Maison Blanche son super-héros Donald Trump. Comme dans les affaires, le militant le plus riche du monde bouscule tous les codes.


Le 5 octobre, Donald Trump tient meeting à Butler, en Pennsylvanie, là où en juillet il avait été blessé dans une tentative d’assassinat. Soudainement, un homme habillé comme un geek typique, la casquette de base-ball vissée sur la tête, saute sur scène, fait quelques bonds disgracieux avec les bras en l’air en signe de victoire, et vient se positionner devant le micro que Trump lui cède. C’est Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, qui vient apporter son soutien total à la candidature de l’ancien président. Il lance à la foule les paroles de défi scandées par Trump en juillet : « Fight, fight, fight! » (« Luttez, luttez, luttez ! ») avant d’annoncer, alarmiste, que cette élection pourrait être la dernière : « Le président Trump doit gagner pour préserver la Constitution, pour préserver la démocratie en Amérique. » À la différence d’autres milliardaires, Musk ne s’est pas contenté de donner plus de 118 millions de dollars à Donald Trump, il a personnellement fait campagne pour lui en organisant ses propres meetings dans l’État pivot de Pennsylvanie. Il a même inventé une astuce originale pour influencer les électeurs, en lançant une pétition pour soutenir les deux premiers amendements de la Constitution – sur la liberté d’expression et le droit de porter des armes – qui, selon Musk, sont menacés par le Parti démocrate. Chaque jour jusqu’au vote du 5 novembre, une loterie a été organisée parmi les citoyens signataires résidant dans un État pivot, le gagnant empochant un chèque d’un million de dollars. Le département de la Justice a écrit à Musk pour l’avertir que ce procédé pourrait être contraire à la loi électorale, mais plus rien ne semble arrêter le milliardaire que ses critiques accusent de se croire au-dessus des lois.

Dark MAGA

À Butler, Musk, pointant sa casquette frappée du slogan « Make America Great Again », qui n’était pas rouge mais noire, a proclamé : « Je ne suis pas seulement MAGA, je suis Dark MAGA ». « Dark MAGA » est un mème partagé depuis 2022 par des internautes ultra-trumpistes souhaitant le retour au pouvoir d’un Donald plus fort que jamais. Certains commentateurs n’ont pas manqué de flairer des relents d’extrême droite dans son esthétique visuelle – tirée des films Terminator. Mais Musk ne craint pas de flirter avec le complotisme, et « Dark Maga » marque surtout la force de son engagement pour Trump. Il représente aussi le côté sombre de son personnage, le double énigmatique qui, même aux pays des utopies capitalistes, sort de tous les cadres conventionnels.

Tout, chez Musk, est surdimensionné. Cinq jours après son intervention à Butler, il présentait les dernières inventions de Tesla : un taxi autonome, sans conducteur, et un robot polyvalent destiné à servir dans la maison, presque un sosie du C-3PO de la Guerre des étoiles, qui – à en croire le milliardaire – pourrait être commercialisé fin 2025 à un prix d’environ 20 000 dollars. Trois jours après, Musk a bluffé le monde entier quand la nouvelle fusée de SpaceX, Starship, est redescendue sur son pas de tir pour être attrapée par deux bras mécaniques – une étape importante dans le développement de son projet martien. Bien que né en Afrique du Sud en 1971, cet homme-orchestre de la technologie et des affaires est devenu un héros américain que Trump compare à Thomas Edison. Il a commencé sa carrière d’homme d’affaires, comme tant d’autres, dans la Silicon Valley, mais il a rapidement dépassé ce milieu par la diversité et l’ambition de ses projets. S’établissant aux États-Unis en 1992 (il devient citoyen américain en 2002), il abandonne un doctorat en physique à Stanford pour cofonder avec son frère une société qui développe des logiciels de guide touristique. L’entreprise est rachetée en 1999, lui permettant de créer une banque en ligne, X.com, qui fusionne avec une autre pour créer PayPal. Quand cette dernière est rachetée en 2002, Musk investit ses gains dans la création de SpaceX dont le but ultime est de coloniser Mars. L’entreprise se met à fabriquer des fusées partiellement réutilisables – la série des Falcon –, qui aujourd’hui ont permis de diviser par dix les coûts de l’accès à l’espace. À partir de 2006, SpaceX décroche des contrats avec la NASA pour desservir la station spatiale internationale et préparer de futures missions lunaires. Accomplissant ce dont l’État est incapable, écrasant la concurrence, SpaceX commence en 2019 à développer le fameux Starship, un lanceur entièrement réutilisable, capable de porter huit fois plus de poids que les Falcon et destiné à révolutionner encore les voyages spatiaux. Musk compte envoyer cinq vaisseaux sans équipage sur Mars en 2026 et des humains quatre ans plus tard. Pour l’instant, la vraie profitabilité de SpaceX vient de Starlink, l’immense réseau de satellites que ses fusées ont mis en orbite pour fournir un accès internet à des endroits isolés.

SpaceX teste son lanceur Starship depuis le site de lancement de Boca Chica au Texas, 7 juin 2024. Une nouvelle étape a été franchie le 13 octobre avec la capture inédite du booster par les bras mécaniques de la tour. SpaceX/UPI Photo via Newscom/SIPA

Tesla concurrencée par la concurrence chinoise de BYD

Son autre entreprise phare, Tesla, a été créée en 2003 pour produire des voitures électriques. L’année suivante, Musk, qui prend au sérieux le changement climatique, y investit et en devient l’actionnaire principal, avant de prendre la tête de la société en 2008. En 2021, la capitalisation boursière de Tesla atteint 1 000 milliards de dollars. Lancé en 2020, le crossover Model Y est devenu le véhicule électrique le plus vendu dans le monde. Néanmoins, Tesla est concurrencée par la marque chinoise BYD. Pour faire face, elle parie sur sa capacité à produire des véhicules autonomes moins chers, comme son cybertaxi. Les investisseurs restent confiants : en octobre, les actions Tesla ont augmenté de 22 %. Mais les ambitions de Musk ne s’arrêtent pas là. En 2016, il crée la Boring Company pour creuser des tunnels destinés à de nouveaux moyens de transports collectifs. Bien qu’il décrive le développement d’une intelligence artificielle superpuissante comme « la plus grande menace existentielle pour l’humanité » en 2014, il investit dans l’IA. En 2015, il cofonde OpenAI qui commercialise aujourd’hui des programmes comme ChatGPT. Il quitte le conseil d’administration en 2018, mais crée sa propre société xAI en 2023 pour concurrencer OpenAI et Google. Entretemps, il a lancé Neuralink en 2016 dont l’objectif est de développer des interfaces entre le cerveau humain et des ordinateurs grâce à des implants cérébraux. Il s’agit dans un premier temps de combattre des maladies neurodégénératives comme celle d’Alzheimer, mais dans un deuxième d’augmenter les capacités mentales de l’homme. Pourquoi cet intérêt pour l’IA dont il dit redouter le développement ? D’abord, ses voitures – surtout les autonomes – et ses fusées dépendent de systèmes IA. Ensuite il y a la FOMO (fear of missing out) – la peur de rater un coche technologique et commercial. Il croit aussi que, grâce à Neuralink, un être humain augmenté sera capable de tenir tête à une super-IA. Musk n’est pas un transhumaniste, comme l’affirment la plupart des médias français : il ne partage pas cette croyance répandue dans la Silicon Valley que le destin de l’homme est de devenir immortel en téléchargeant son esprit dans une machine. Du cerveau à l’espace, cet entrepreneur en série sous stéroïdes incarne plutôt un retour à l’imaginaire futuriste des années 1960, fondé sur l’ingénierie lourde plutôt que l’informatique. Pour devenir enfin une réalité, cet imaginaire avait besoin de la révolution numérique, mais aujourd’hui cette réalité la transcende.

Pourquoi un tel futuriste a-t-il jeté son dévolu sur Trump qui n’est pas un grand technophile et émet des doutes sur l’utilité des véhicules électriques ? Dans le passé, Musk s’est montré plutôt centriste. Il dit avoir voté pour Hillary Clinton en 2016 et Biden en 2020. Ses relations avec Trump ont connu des hauts et des bas, et les deux hommes ont parfois eu des prises de bec acrimonieuses. Après l’élection de Trump, Musk a participé à deux organes conseillant le président, mais en a démissionné en 2017 quand ce dernier a quitté l’accord de Paris sur le climat. Ce n’est qu’après la tentative d’assassinat en juillet dernier qu’il s’est pleinement engagé pour Trump.

La grande mue de Musk commence à l’époque du Covid, quand les autorités démocrates en Californie lui ordonnent de fermer les usines Tesla. Cette ingérence de l’État dans ses affaires le révolte. Musk n’est pas antivax, mais dénonce les confinements. En 2022, il annonce laisser tomber les démocrates qui sont le parti « de la division et de la haine », et soutiennent trop les syndicats. Comme l’indique cette dernière référence, Musk a des raisons économiques d’être trumpiste. Il accuse les syndicats de brider l’efficacité de ses entreprises. Ces dernières dépendent en partie de l’État qui leur a accordé des milliards de contrats et octroyé des crédits d’impôt au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, Musk rechigne contre tout ce qu’il considère comme une réglementation excessive. Actuellement, ses sociétés font l’objet de plus de vingt enquêtes de la part de régulateurs gouvernementaux. Si Tesla mise sur ses véhicules autonomes moins chers, leurs systèmes de contrôle risquent d’avoir du mal à obtenir l’agrément du régulateur pour des questions de sécurité routière. Il serait donc très utile pour Musk d’avoir un ami ultralibéral à la Maison-Blanche. Trump et lui ont même parlé de sa nomination possible à la tête d’une commission sur l’efficacité gouvernementale. Les deux hommes partagent le même enthousiasme pour les cryptomonnaies qui, en contournant les banques centrales, représentent l’outil antiétatique par excellence.

Musk a aussi des raisons personnelles d’être pro-Trump. En 2022, il rachète Twitter, sa sixième entreprise, qu’il fusionne avec une nouvelle société pour créer X. Il l’a payée 44 milliards et elle n’en vaut aujourd’hui que 19, à la grande joie de ses ennemis de gauche. Mais cette acquisition est plus une manœuvre politique qu’un investissement économique. En effet, Musk se déclare le champion de la liberté d’expression et accuse la plateforme dans son avatar précédent d’avoir censuré les opinions et les internautes de droite. Il condamne comme « une faute morale » la décision de bannir Trump de Twitter en 2021 et il lève l’interdit. Il livre à des journalistes les « Twitter Papers », une sélection de documents censés prouver les tropismes politiques de l’ancienne direction. Le réseau, qui compte 202 millions d’abonnés, sert aujourd’hui de mégaphone personnel à Musk qui l’a rebaptisé de sa marque fétiche, « X ». Pour prouver que sa liberté d’expression passe avant tout, il envoie balader tous ceux qui voudraient le faire chanter en lui refusant des contrats de publicité : « Allez vous faire foutre ! » Il utilise X pour interpeller directement des politiques. Il a croisé le fer avec Thierry Breton cet été, quand ce dernier était encore commissaire au Marché intérieur de l’UE, et plus récemment avec Véra Jourovà, une vice-présidente sortante. Elle l’a qualifié de « promoteur du mal » et il l’a accusée d’incarner « le mal banal, bureaucratique ». Il s’est attaqué cet été au Premier ministre britannique Keir Starmer et à l’ancien leader écossais Humza Yousaf, qu’il accuse de racisme anti-Blancs. Il dénonce aussi l’immigration aux États-Unis qui, selon lui, est instrumentalisée par les démocrates, soucieux de se garantir de futurs électeurs. Sans surprise, la gauche traite Musk de raciste et l’accuse même de manier des tropes antisémites dans ses dénonciations de Justin Trudeau et George Soros. En réponse, il s’est dit « plutôt philosémite » et en novembre 2023, il a banni de X les termes « décolonisation » et « de la rivière à la mer ». Il est surtout contre le wokisme sous toutes ses formes, en partie pour des raisons très personnelles. En effet, un de ses fils, Xavier, né en 2004, a décidé en 2020 de devenir une femme transgenre. Elle est allée jusqu’à adopter officiellement le nom de sa mère, devenant Vivian Jenna Wilson en 2022, pour mettre le plus de distance entre elle et son père, qu’elle accuse d’avoir été absent et d’être un « fornicateur en série ». Musk prétend que s’il a autorisé le changement de genre, c’est qu’il avait été piégé par le « virus mental woke » et considère désormais comme « mort » ce fils qui « pense que tous les riches sont malfaisants ».

En devenant Dark Maga, Musk semble assumer d’être associé au Mal, peut-être parce qu’il affectionne les films de super-héros qu’il affectionne – il a même fait une apparition-éclair dans Iron Man 2 en 2010. Comme un super-vilain qui travaillerait pour le bien, il ne cherche rien de moins qu’à recréer l’État, le monde et l’humanité à sa propre image.

Harcèlement scolaire: ce que Gabriel Attal peut faire…

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Lancement de l'association "Faire face au harcelement scolaire", avec Gabriel Attal, Paris, 5 novembre 2024 © ISA HARSIN/SIPA

Le prédécesseur de Michel Barnier avait défrayé la chronique en mettant en place des cours d’empathie à l’Education nationale. Il vient de fonder l’association « Faire face au harcèlement ».


7 novembre : Journée officielle de la lutte contre le harcèlement scolaire. Sujet on ne peut plus grave, avec son cortège de souffrances et de morts, d’autant qu’un million de jeunes sont touchés par le phénomène en France. Autrement dit, un jeune sur 10. En France, le harcèlement scolaire est responsable de deux enfants morts par mois en France. N’allons pas croire pour autant que l’école ait été jadis un sanctuaire : la méchanceté des enfants n’a pas attendu le XXIème siècle pour sévir au cœur des établissements. Pour autant, on ne peut qu’être révolté par le fait que notre Education nationale, trop souvent, « laisse faire », en présence du harcèlement comme de la phobie scolaire, de la radicalisation islamiste ou des comportements d’autodestruction en tous genres…

Un sujet qui dérange

Quelle réponse au drame du harcèlement scolaire notre Etat protecteur apporte-t-il ? La mise en place d’une journée nationale de lutte contre ce fléau, aux côtés de dizaines d’autres thématiques : sécurité routière, toxicomanies, mathématiques… A chaque fois, c’est le même cycle de l’émotion sur commande, des promesses solennelles puis de l’insupportable abandon … Les adultes sous-estiment la violence du harcèlement scolaire aujourd’hui en France. Et cette minoration du phénomène n’épargne pas nos responsables politiques. On notera que le harcèlement scolaire n’a jamais été érigé par un Premier ministre en grande cause nationale. L’association HUGO ! pointe du doigt le laxisme face à un fléau de société qui tue, et invite à une mobilisation transcendant les clivages politiques.

Comment prétendre que notre école publique fait vivre les idéaux républicains de tolérance et de fraternité lorsqu’elle devient un lieu de persécution ? Pourquoi de plus en plus de garçons et de filles se muent-ils en tortionnaires de leurs congénères ?

Le sujet dérange. On a les plus grandes peines du monde à trouver des chiffres récents et précis sur les suicides de mineurs et leur contexte, alors que la remontée systématique des informations sur la mort par suicide est pourtant instituée depuis 2018.

Non seulement l’école est le cadre privilégié du harcèlement (qui se poursuit et s’amplifie généralement sur les réseaux sociaux) mais, en plus, elle ne brille pas par sa capacité de réaction dès lors qu’un cas de harcèlement lui est signalé. Dans la majorité des cas, c’est la victime qui est culpabilisée et conduite par son entourage comme par l’institution à se poser en première responsable de sa persécution. Ce qui la conduit à se replier sur elle-même, et à ne plus demander d’aide, jusqu’à se laisser écraser par ses persécuteurs. Combien d’élèves harcelés accèdent-ils en temps et en heure à un accompagnement thérapeutique adapté ? Il s’agit d’une proportion d’enfants marginale, tant les dispositifs sont coûteux et inaccessibles à la plupart des familles.

Quant aux cours d’empathie, on peut douter de leur utilité. Ils font partie d’un environnement culturel nordique pétri de respect de l’autre, quand cette valeur est franchement inexistante en France. Cette panne du cœur glace le sang. Souvenons-nous de la manière dont Lindsay, qui s’est suicidée à 13 ans en mai 2023, a été moquée sur les réseaux sociaux au-delà même de sa mort : « T’as bien fait de te suicider », «  Lindsay enfin morte ! », avec des vidéos de l’enfant défunte…

Que faire, pour ne plus « laisser faire » et « faire face » ?

Dans le cas de Lindsay, le harcèlement avait été dénoncé clairement et à plusieurs reprises à l’établissement scolaire comme aux autorités. Des menaces de mort étaient proférées contre la jeune fille qui a fini par mettre fin à ses jours. Et ce n’est pas l’activation par le directeur du collège, du protocole prévu pour les situations de harcèlement qui a apporté la solution.

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Face à la barbarie des cœurs, aucune réponse technocratique ne peut suffire. Et l’on est frappé du silence de l’administration une fois que le suicide est commis. Du directeur d’école au ministre, on ne les entend parler que pour s’exempter de toute responsabilité. Il faut que des personnes de chair et d’os s’engagent personnellement et se mouillent. Un harceleur avait été exclu… mais quatre ont ensuite été mis en examen dans le cas de Lindsay. Quel chef d’établissement osera exclure quatre élèves dans notre système actuel, où il ou elle est jugé avant tout sur sa capacité à endiguer les vagues dans les limites de l’établissement ?

Le proviseur a-t-il démissionné ? Et le directeur académique ? Le recteur ? Le ministre ?

On se souvient de la camarade de promotion d’Emmanuel Macron, la rectrice de Versailles, Charline Avenel, dont les services avaient adressé une lettre de réprimande aux parents de Nicolas, garçon harcelé de 15 ans qui a fini par commettre l’irréparable. Cette dernière avait en effet refusé d’endosser la responsabilité des actes de ses services, et s’était même indignée d’avoir fait l’objet d’une procédure disciplinaire à l’initiative du ministre Gabriel Attal.

Consacrer un jour officiel au harcèlement, l’Etat sait le faire. Mais assumer ses responsabilités, prévenir, accompagner et, quand le drame advient malgré tout, essayer de réparer ? L’Etat ne le fait pas aujourd’hui. Tous les proches des victimes de harcèlement scolaire décrivent le lâchage de l’institution, avant, pendant, après.

Ces harcèlements scolaires parasitent le narratif officiel d’une école rrépublicaine accueillant tout le monde sans discrimination. Nul n’est besoin d’être handicapé, de religion ou de mœurs minoritaires, pas habillé à la mode, gros ou petit, pour se faire harceler en 2024. Cela peut être votre fille, votre fils, sans motif. Et gare à ceux qui sont doux et gentils ou qui sont forts en thème, trop bien peignés ou trop intégrés. Ce sont les victimes toutes trouvées de la nouvelle génération de harceleurs.

Il est urgent de nous investir pleinement dans la compréhension et la lutte contre le harcèlement scolaire. Compréhension qui implique de tenir compte du fait que certains auteurs de harcèlement sont d’anciennes victimes de ce même fléau, l’opprimé d’hier se transformant comme souvent en l’oppresseur de demain. La création officialisée hier par Gabriel Attal de la Fondation « Faire face » pour lutter contre ce fléau aux côtés d’Elian Patier, président de l’association Urgence harcèlement, est encourageante. A suivre.

Face à ce drame d’une Education nationale qui est le cadre impuissant du harcèlement, des lieux de refuge existent cependant hic et nunc, parmi lesquels les écoles privées et indépendantes. Qu’on les aime ou non, il se trouve qu’elles accueillent un nombre toujours plus important d’enfants qui cherchent à échapper au harcèlement scolaire qu’ils ont subi au sein de l’Education nationale, voire dans l’enseignement privé sous contrat. C’est en particulier vrai depuis la crise du Covid. Ces écoles sont loin d’avoir réponse à tout et, parfois, les phénomènes de harcèlement tendent à se reproduire en leur sein, mais elles présentent des avantages incontestables : elles sont à taille humaine et les responsabilités y sont bien identifiées. Les petits locaux permettent une meilleure observation des comportements, donc une meilleure détection de la détresse. De plus, nombre d’écoles indépendantes cherchent à développer les capacités humaines des enfants et futurs adultes que sont leurs élèves, au moins autant que leurs compétences académiques et, sans doute plus que dans l’Education Nationale. C’est en particulier le cas dans des écoles plutôt libertaires alternatives, qui donnent une place essentielle au règlement des conflits entre enfants et à l’apprentissage voire à la co-construction des règles de vie en société. Les écoles démocratiques représentent la pointe avancée de cette tendance. A l’autre bout du spectre se trouvent les écoles catholiques ou très classiques, façon hussards noirs de la République, qui mettent le respect de l’autre, la politesse et la déconnection numérique au cœur de leurs pratiques pédagogiques. Il est indubitable que moins les élèves donnent d’importance à leur téléphone dans leur vie, moins ils sont exposés au harcèlement numérique et au regard des autres en général et plus ils échappent aux comportements de meute.

Dans l’attente que des solutions efficaces au harcèlement se répandent, l’urgence est sans doute d’informer les parents d’enfants harcelés du droit qu’ils ont de les exfiltrer vers des écoles libres et indépendantes. C’est évidemment choquant que l’Education nationale soit impuissante à protéger ses élèves et que ce soit les victimes qui doivent céder la place aux bourreaux, mais c’est toujours mieux que de rester dans une école jusqu’à en perdre le goût d’étudier et de vivre. Si les écoles publiques se décidaient à adopter des tailles moins inhumaines, une gestion moins technocratique, un suivi plus personnalisé des élèves, à encourager la responsabilisation de ses personnels et des enseignants plus face à ce qui n’est pas strictement académique, des programmes exaltant le vrai, le bien et le beau plutôt que de les faire passer pour des niaiseries désuètes, alors sans doute n’aurions-nous pas besoin aujourd’hui des écoles indépendantes pour protéger les enfants harcelés. Mais ce n’est pas encore le cas. Alors, pour une fois, laissons de côté les réticences idéologiques. Lorsque la maison brûle, on ne demande pas la nationalité du pompier. Peu importe le caractère public ou privé de l’école, ce qui importe est de sauver les enfants. Trop de parents n’imaginent même pas confier leur enfant à une école libre, même lorsque leur enfant est en danger manifeste. Faisons-leur savoir que c’est possible et tout à fait légitime ; mettons en place des bourses pour lever les barrières financières et des accompagnants pour faciliter leur intégration. Voilà une mesure d’urgence que la toute nouvelle fondation de Gabriel Attal pourrait déjà mettre en œuvre.

Toussaint rouge: un anniversaire sous le sceau de la haine

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Drapeau de l'Algérie. DR.

Le 1er novembre est le jour de la Toussaint. Comme son nom l’indique, la fête est consacrée aux saints. Non seulement ceux dont l’identité et la vie furent connues de tous, mais aussi les saints « inconnus », foule d’anonymes qui un jour ont accompli des miracles pour les autres. Ce 1er novembre 2024 était aussi la date du soixante-dixième anniversaire de la « Toussaint rouge », jour où le Front de libération nationale (FLN) s’est fait connaitre pour la première fois en commettant soixante-dix attentats sur le sol algérien. Cette journée de sang est célébrée en Algérie. Elle l’est aussi… en France ou par des gens exerçant d’importantes fonctions dans l’hexagone. Ce fut ainsi le cas pour Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris depuis le 11 janvier 2020 et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Il a posté sur le réseau social X / Twitter un message explicite depuis l’Algérie où il séjournait pour les vacances : « Le 1er novembre 2024, à minuit la célébration du déclenchement de la guerre d’Algérie commence. Quelle émotion ! »

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Un peu de décence !

Les lecteurs de Causeur l’ignorent mais je suis moi-même fils d’un pupille de la nation. Mon grand-père paternel est décédé en Algérie à l’âge de 27 ans en 1959. Ingénieur agronome de profession, il était appelé du contingent et élève officier à l’école d’infanterie militaire de Cherchell. Il était d’ailleurs issu de la promotion baptisée « Sous-lieutenant Yves Allaire », la même que celle de François d’Orléans qui a aussi perdu la vie dans le conflit. J’ai donc, en conséquence, répondu au « recteur » sur Twitter, l’invitant à faire preuve de décence en évitant le registre de la joie pour « fêter » le début d’une guerre qui a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens, de Français dits « pieds-noirs », de Français de métropole appelés pour se battre loin de chez eux, de Harkis, mais aussi à des enfants et des femmes qui n’avaient absolument rien à voir avec ces horreurs.

Je croyais, sûrement naïvement, qu’un message aussi équilibré n’appellerait aucun commentaire particulier, et peut-être même des excuses de la part du « recteur » de la principale mosquée de l’hexagone, la plus ancienne aussi. Le contraire s’est produit. Vu plus de cinq-cents mille fois, ma très courte apostrophe m’a valu… des centaines de messages d’une haine et d’une violence à peine racontables, de la part d’Algériens mais aussi de personnes de nationalité française et d’origine algérienne. Le plus marquant fut celui d’un homme qui m’a rétorqué à propos de mon grand-père qu’il souhaitait que celui-ci reposa « en pièces ».

Enthousiasme macabre révoltant

À l’évocation d’attentats postérieurs, comme celui du Milk Bar, qui coûta la vie à des enfants Français d’Algérie, des messages réjouis et ironiques ont fleuri. Ils témoignent d’un inconscient meurtrier et génocidaire profondément ancré dans certains esprits. Comment peut-on côtoyer sur notre sol des gens qui s’enthousiasment à l’évocation de massacres ? Comment pourrait-on un jour vivre en paix sans une reconnaissance commune des horreurs du conflit ? Je ne reviens pas sur les faits historiques qui ont présidé au pourrissement de ce conflit. La France y a évidemment sa part de torts, mais le FLN a mis en place une guérilla terroriste et insurrectionnelle qui a explicitement ciblé les civils. C’est une réalité historique qui est occultée. De la même manière, les quelques 27 000 appelés tombés pour la France n’ont jamais eu droit à l’hommage qu’ils méritaient parce que les binationaux Franco-Algériens l’empêchent en prenant en otage l’histoire pour opérer un racket sur le pays qui les accueille aujourd’hui.

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Le plus terrifiant dans ce chantage mémoriel permanent est qu’il se double d’une haine sans commune mesure. Le mythe de la Guerre d’Algérie sert de ciment à un régime politique dont les méthodes rappellent celles de l’ex-URSS. Il s’agit d’un dérivatif. Afin d’éviter de faire le bilan des politiques à destination d’une jeunesse frappée par la pauvreté, l’Algérie désigne à la foule des boucs-émissaires et honore le souvenir des « martyrs ». La France, le Maroc ou les juifs sont ainsi alternativement brandis comme autant d’ennemis de l’ombre qui empêcheraient l’Algérie « non alignée » de pouvoir opérer sa transition vers une économie moderne. Et que dire d’un homme censé représenter les musulmans vivant en France et utilisant sa position pour défendre les intérêts d’un régime ? Célébrant le déclenchement d’une guerre qui arracha à l’existence des dizaines de milliers de Français dans des massacres d’une violence inouïe ? Il est temps de solder cette dette.

Je passe d’ailleurs sur le révisionnisme historique constant de nos contradicteurs qui osent affirmer que la France a commis un génocide en Algérie quand sa population autochtone a été multipliée par quatre entre notre arrivée et notre départ… Il n’est pas non plus inutile de rappeler que la défaite de la France ne fut pas militaire mais politique. La France a décidé d’arrêter le massacre. Les pieds-noirs ne pouvaient plus vivre dans un état de terrorisme permanent non plus. Tout cela a d’ailleurs fini par la signature des accords d’Evian qui offrent des facilités d’installation… aux Algériens désireux de vivre en France. Un système anachronique qu’il convient d’urgemment réviser.

https://twitter.com/Max_dz11/status/1852312309823091094

Un fantasme pro-Kamala révélateur: le vote caché des femmes républicaines

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DR.

Surprise: des électrices américaines ont estimé que certains sujets étaient plus importants que l’avortement


Les chaînes d’information françaises en ont fait leurs choux gras pendant les deux derniers jours de la campagne présidentielle aux Etats-Unis. Sauf une, je vous laisse deviner laquelle. Il existerait un vote caché des femmes républicaines, et ce vote pourrait très bien donner la victoire à la candidate démocrate.

Les femmes républicaines considérées comme décérébrées

Les femmes républicaines entrent dans le bureau de vote au bras de leur époux, forcément un patriarche grincheux et autoritaire, et une fois dans l’isoloir, je t’embrouille et j’exprime ma liberté de femme et ma volonté de protéger le droit à l’avortement, je noircis la case correspondant au vote pour Kamala ! Un clip a mis en images ce scénario de rêve, la républicaine enfin libérée de la tutelle masculine adressait dans la dernière image un clin d’œil joyeusement complice au spectateur. Donc il y aurait un vote caché, donc les sondages se trompent, donc la Démocrate a encore toutes ses chances de l’emporter. Et les présentatrices et encore plus les présentateurs, de s’esbaudir dans la joie d’une communion dans le Bien, un Bien pro-féministe, pro-Kamala, anti-Mussolini, anti-Hitler, anti-tous les méchants.

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Personne n’osa dire que l’hypothèse inverse d’un vote caché des hommes démocrates en faveur de Donald Trump était tout aussi vraisemblable. Le dépouillement du scrutin a d’ailleurs montré que chez les Noirs et les Latinos les hommes n’avaient plus du tout envie d’être assignés au vote démocrate. Et vu le triomphe du Républicain, je me demande si les Barbie n’ont pas elles aussi voté pour lui. Personne n’osa dire que ce clip était insultant pour les femmes républicaines, a priori considérées comme des décérébrées incapables de choisir par elles-mêmes.


Individualisme contre intérêt général

Cette affaire de vote caché est apparemment anecdotique, mais l’anecdotique peut se montrer extrêmement révélateur, ainsi que l’a prouvé le voyage de notre président au Maroc. Ce clip suppose que l’électeur, une fois entré dans l’isoloir, ne vote qu’en fonction de son intérêt personnel, qu’il est incapable de choisir d’après ce qu’il pense être l’intérêt de sa société tout entière et du pays où il vit, incapable d’être – oh, je vais dire un gros mot – patriote. Il me semble que tout électeur raisonnable fait dans sa tête une liste hiérarchisée des problèmes de son pays et choisit un bulletin en fonction des réponses à ces problèmes que propose tel ou tel candidat. Un exemple que je n’irai pas chercher loin, ma modeste personne. Il m’est arrivé de voter pour une candidate dont je réprouvai totalement les idées antilibérales en économie, mais dont j’approuvai totalement les idées antimigratoires. Je pensais en effet qu’elle avait plus de chances que d’autres d’arriver au pouvoir et de mettre ses idées en pratique.

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Voter en fonction de ses intérêts personnels ou en fonction des intérêts de son pays ?  On saute à pieds joints dans l’opposition anthropologique essentielle à notre époque : progressistes versus conservateurs, pour parler à l’américaine. L’individualisme ravageur des Démocrates américains comme des progressistes de tous pays pose en principe que la dame républicaine dans son isoloir est incapable de penser que les problèmes de l’immigration à la frontière mexicaine, la saine peur que pourrait inspirer à Poutine l’imprévisibilité de Trump, la fermeté de l’aide à Israël, sont plus importants pour elle que le soutien qu’elle pourrait accorder à l’interruption de grossesse aux Etats-Unis.

Le progressisme est ici pris la main dans le sac ; il préfère systématiquement les droits de l’individu à ceux de la société. “ Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles”, disait ce progressiste de Valéry. Qu’importe que la France meure, “que voulez-vous que ça me fasse que la France s’islamise”, pourvu que les droits individuels des migrants et ceux des djihadistes incarcérés soient respectés ? Qu’importe que les Italiens disparaissent d’Italie, que les gènes venus de Michel-Ange, de Palladio ou de Garibaldi finissent dans des préservatifs, pourvu que les migrants n’aillent pas dans le pourtant coquet centre de rétention construit en Albanie, pourvu que l’insatiable pouvoir des juges triomphe de la démocratie ?

La passion délétère du mea culpa

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Emmanuel Macron à Rabat, Maroc, 28 octobre 2024 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Les critiques concernant la délégation pléthorique des invités de son voyage officiel au Maroc ne suffisaient pas. Dans la foulée, le président de la République a estimé nécessaire de montrer une nouvelle preuve de repentance envers l’Algérie, qui voyait ce fameux déplacement d’un mauvais œil.


Pour son voyage tapis rouge au Maroc, nous avons eu sa petite cour privée de repris de justice. Un condamné pour abus de faiblesse sur une personne de grand âge et d’encore plus grande fortune, un triste sire ex-député bas de plafond coupable, lui, d’avoir tabassé à coup de casque de moto un de ses semblables, et surtout le troisième de ces individus de notable mérite, le très influent et très prisé Yassine Bellatar, convaincu quant lui de divers faits de délinquance dont de très affables menaces de mort.

Salut la compagnie !

Yassine Bellatar dont il se dit qu’il aurait eu assez d’influence auprès du président pour l’avoir convaincu de ne pas s’associer l’an passé à la marche contre l’antisémitisme organisée conjointement par la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat. Yassine Bellatar qui, lorsqu’il était propriétaire d’un café PMU à Sevran veillait tout particulièrement à ce que l’accès en soit interdit aux femmes, ce que montra fort bien à l’époque un reportage de France 2. Sur ce point, je me demande comment la Première Dame, dont on nous vante si complaisamment la fibre féministe, a pu s’accommoder d’une telle compagnie au sein de la cohorte officielle. Il est vrai que dans la déliquescence morale actuelle de ce petit monde-là, on n’en est plus à une compromission près.
La présence de ces gens déshonorés dans une délégation officielle ne pouvait que nous déshonorer nous-mêmes. Comment aurions-nous pu être fiers de l’image frelatée que cette représentation de la France nous imposait et imposait à nos hôtes marocains ?
Il y avait eu aussi, quelques jours plus tôt, dans la bouche du chef de l’État, les inepties historiques et les mots désagréables crachés à l’encontre d’Israël et de son peuple, stupidités sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici[1].

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Enfin, il y a à présent, non plus des humiliations mais ce qui relève en réalité de l’insulte. Une insulte à nous autres Français, une insulte à la France notre patrie, une insulte à la mémoire de ceux qui se sont battus en Algérie pour le drapeau et qui, nombreux, trop nombreux, y ont perdu la vie.

Bombe mémorielle

Le 1er novembre, jour de commémoration de l’insurrection en Algérie qui a mis le feu aux poudres, le président Macron y est allé, quant à lui, de sa bombe mémorielle. Le dirigeant Larbi Ben M’hidi, « un des six dirigeants du FLN a été assassiné en mars 1957 par des militaires français placés sont le commandement du général Aussaresses », voilà ce qu’écrit le communiqué élyséen[2]. Vous avez bien lu. Le choix des mots est de première importance. M. Macron n’écrit pas que l’individu en question a été éliminé, par exemple. Non, son choix s’est porté sur le terme assassiné, celui qu’on emploie pour désigner, en droit, les meurtres avec préméditation. Cela revient à ravaler au rang d’acte criminel perpétré par de vulgaires assassins de droit commun ce qui est – et reste – pour violent qu’il soit, un fait de guerre. Là est effectivement l’insulte. Là se faufile la preuve indiscutable de l’intention délibérée de piétiner la mémoire nationale.
Ces faits m’incitent à considérer que, désormais, M. Macron pourrait légitimement revendiquer une place de choix dans les défilés et manifestations de M. Mélenchon. Celui-ci brandirait avec fierté sa pancarte « La police tue » et le Jupiter dégringolé de l’Olympe une autre banderole avec ces mots en lettres de sang : « L’Armée assassine ». Est-il besoin de rappeler en passant que le président de la République n’est autre que le chef des Armées ! Sans commentaire. Tout aussi inutile d’évoquer, je pense, l’utilisation que le pouvoir algérien fera de cette énième auto-flagellation.
Quant à moi, je suis convaincu que rien de cela n’est le fait du hasard. Pas plus la honteuse présence de ces types plus que douteux dans le voyage officiel que ce communiqué cinglant, le moment choisi et le vocabulaire employé. En narcissique caractérisé, M. Macron, déçu, blessé de l’image de lui-même que lui renvoie désormais le miroir qu’est l’opinion du peuple de France, s’en prend à ce miroir. Il cherche à le briser, ou tout au moins à le salir, à le souiller. Et c’est bien ce à quoi il s’emploie en nous imposant, d’une part l’humiliation d’infréquentables mis à l’honneur dans un voyage officiel, et d’autre part, cette déclaration insultante sur notre passé militaire.
Les jours de la Toussaint sont souvent assez tristes, assez sombres. Ils le sont dans la sphère familiale, dans l’intime. M. Macron aura au moins réussi à hausser cette affliction au niveau de la nation entière. Espérons que cette formidable réussite suffira à cautériser quelque peu les égratignures de son ego démesuré.

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[1] Mi-octobre, la presse rapportait que le président de la République aurait déclaré, lors du Conseil des ministres : « M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. Par conséquent il ne devrait pas s’affranchir des décisions de l’ONU ». NDLR.

[2] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/11/01/commemoration-du-1er-novembre-2024-70eme-anniversaire-du-declenchement-de-linsurrection-du-1er-novembre-1954

Nicolas Baverez et l’improbable «Sursaut»

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DR.

L’essayiste Nicolas Baverez est persuadé que les Français, prêts à sauver leur pays du déclassement, peuvent accepter une purge libérale. C’est oublier les intérêts particuliers de nos millions de fonctionnaires, leurs puissants syndicats, notre goût prononcé pour le corporatisme. Et tous ces nouveaux citoyens qui détestent leur pays…


Nicolas Baverez vient de publier Sursaut, un essai qui prolonge son travail de vigie du déclin français, entamé avec La France qui tombe en 2003. Soupçonné par les ricaneurs d’avoir inventé la « déclinologie », qui serait à l’économie ce que l’astrologie serait à l’astronomie, il semblerait pourtant qu’il ait eu à peu près raison sur tout. Déficits, éducation, insécurité, innovation, immigration : le modèle social gaulois à crédit comate en phase terminale. Le village Potemkine de la radiotélévision publique a beau nous vanter l’attractivité de la France, la start-up nation se bat désormais, non pour conserver un quelconque savoir-faire dans le numérique, mais pour que la production du Doliprane reste en France. Si l’on ajoute à cela le fait que nous sommes devenus l’un des plus gros exportateurs mondiaux de pommes de terre, cela donne une idée de nos ambitions. France Inter ne nous alerte cependant pas sur la chute du PIB par tête – nous sommes désormais talonnés… par la République tchèque ! Ceux qui se souviennent de l’image de dénuement de la Tchécoslovaquie avant la chute du mur de Berlin expliqueront aux ravis de la crèche l’effarement que cela devrait susciter. Baverez tente de rejouer le match Aron-Sartre, avec à ma droite, lui-même, et à ma gauche, tous les tenants de la sacro-sainte « dépense publique » (soit du NFP au RN en passant par les LR !). Pour faire admettre aux Français la purge libérale qu’ils méritent depuis une trentaine d’années, l’essayiste en appelle au sursaut des Français, au nom de l’intérêt général. Hélas, ce concept paraît aussi mort que feu Raymond. La France archipellisée décrite par Jérôme Fourquet n’a que des intérêts particuliers à défendre, à commencer par les deux millions de fonctionnaires surnuméraires, défendus par de puissants syndicats. Ces corporations considèrent désormais le déclin comme un avantage acquis et s’y accrocheront quoi qu’il en coûte (aux autres). Il ne faudra pas trop compter non plus sur cette nouvelle catégorie de Français qui détestent leur pays. C’est l’angle mort de ce brillant décliniste.

Éditions de l’Observatoire, octobre 2024. 192 pages.

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Sur France Culture, le journaliste Sylvain Bourmeau dénonce… la domination blanche

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L'intellectuel Sylvain Bourmeau photographié en 2006 © BALTEL/SIPA

La radio publique plus woke que jamais.


Sylvain Bourmeau est journaliste. Son parcours professionnel exemplaire – journaliste à Libé, directeur-adjoint des Inrocks, bref passage à Mediapart au moment de son lancement, retour à Libé en tant que directeur-adjoint, producteur et animateur de l’émission “La Suite dans les idées” sur France Culture – lui a permis d’afficher à maintes occasions des engagements qu’il qualifie lui-même d’humanistes.

Mur du son progressiste

Mitterrandien, bourdieusien, plenelien, bourmalien (car il s’estime beaucoup), ses thèmes de prédilection sont, c’est original, le fascisme et le racisme. Ses bêtes noires s’appellent Renaud Camus, Jean-Claude Michéa, Richard Millet, Alain Finkielkraut et Pierre Jourde. En 2013, ce dernier raillait « le camarade Bourmov, commissaire politique aux affaires culturelles de Libé », pour sa conception simpliste du monde : il y aurait d’un côté les progressistes, de l’autre les réacs. Depuis, le camarade Bourmov a affiné sa pensée. Il considère aujourd’hui que le monde est composé de deux catégories d’individus distinctes : les gentils progressistes et les méchants fascistes.

Progressistes, les émissions hebdomadaires de M. Bourmeau sur France Culture le sont indéniablement. On y prend régulièrement la défense des « minorités ». On y promeut l’éco-féminisme, les thèses décolonialistes ou celles du GIEC sur le climat. On y aborde la question de l’immigration avec un discours qui ne laisse aucun doute sur ce qu’il faut en penser : « Si, pour le climat, les travaux du GIEC ont joué un rôle fondamental dans la marginalisation du climatoscepticisme (sic), il n’en va hélas pas de même à propos du GIEM (Groupe international d’experts sur les migrations) et des migrations, et ce, en dépit d’un large consensus scientifique (resic). Il n’est qu’à regarder l’inanité du débat autour de l’ignominieuse énième loi adoptée en fin d’année au parlement français pour s’en rendre compte (et sic de der). » Plusieurs épisodes, consacrés au Rassemblement national, ont donné la parole aux plus éminents castors universitaires ou médiatiques. Tous sont d’accord pour dire que « le racisme se trouve au fondement du vote des électeurs lepénistes » et que ces derniers sont des « fachos ».

Le jeudi 24 octobre, M. Bourmeau a passé le mur du son progressiste pour atteindre la stratosphère wokiste et se positionner sur l’orbite racialiste – Dieu seul sait quand il aura fini de tourner. Ce jour-là, le journaliste a en effet reçu dans son émission une docteure en sociologie du CNRS (1) et une sociologue de l’Université de Lausanne pour leur essai intitulé… La domination blanche (2) et une question lui brûle les lèvres : « Comment comprendre qu’en France, en 2024, les Blancs sont mieux traités que les Noirs ? » L’introduction qui suit relève du délire ; si des enseignants l’ont écoutée, leur sang a dû bouillir : « En France, en 2024, un élève dont la peau est noire ne fait pas de l’école la même expérience qu’un camarade dont la peau est blanche », affirme M. Bourmeau avant d’affabuler en racontant l’histoire d’un « élève à la peau noire » qui « peut s’entendre dire par un enseignant lorsqu’il a oublié son manuel qu’il est en quelque sorte un sans-papier – allez, c’est une boutade, un clin d’œil à la leçon sur l’immigration au programme ce jour-là… – ; et, un autre jour, il peut s’entendre dire, parce qu’il ne travaille pas assez, qu’il aurait besoin d’être fouetté ». Le journaliste a oublié les menaces de marquage au fer rouge ou de déportation dans les lointaines colonies. Plaisanterie mise à part, voilà le genre d’insanités qu’est capable d’inventer ce commissaire politique de la radio publique pour illustrer ce que lui et ses acolytes appellent le « racisme systémique ». Espérons que, parmi les enseignants ayant entendu cette infamie, nombreux sont ceux qui auront envoyé un message à la présidente de Radio France pour réclamer des explications et les excuses du journaliste qui les a diffamés.

France Culture, le privilège woke

Le reste de l’émission sera sans surprise. Résumé : il existe un racisme systémique en France et « on ne peut pas nier que les Blancs ont des privilèges » ; le racisme de la police a éclaté au grand jour lors de l’affaire Adama Traoré ; Virginie Despentes a magnifiquement mis en évidence les privilèges des Blanches pendant le confinement dans une lettre lue par Augustin Trapenard sur France Inter ; malheureusement, en France, la dénégation de la domination blanche est grande ; etc. Déterminées, semble-t-il, à rejoindre leur hôte sur orbite, les deux sociologues pensent par ailleurs qu’il y a des privilèges qui devraient « être complètement abolis, par exemple plus personne ne devrait prendre un jet privé pour faire un trajet Paris-Bordeaux ». Où il est confirmé que l’écolo-wokisme existe et qu’il est un totalitarisme.

A lire aussi, Renaud Camus: « Une vérité n’est plus tout à fait une vérité s’il est interdit de la contester »

Sylvain Bourmeau ne rate jamais une occasion d’accabler les intellectuels ou les écrivains « d’extrême droite » qui réfutent les bienfaits d’une immigration illimitée. Tous les moyens, même les plus grossiers et mensongers, sont bons. « Cette domination blanche peut prendre des formes extraordinairement violentes qui conduisent à des attentats qui ont eu lieu en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, aux États-Unis. […] On a trouvé parmi les livres que lisaient les auteurs de ces attentats, des textes de théoriciens français », explique-t-il sournoisement en tendant le micro à la « chercheuse » du CNRS qui embraie : « Oui, en effet, on trouve régulièrement des références à Renaud Camus, cet auteur d’extrême droite qui théorise le premier la thèse du Grand remplacement […] thèse qui postule qu’il y aurait une espèce de forme de complot général où des populations non-blanches vont émigrer par vagues extrêmement importantes et submerger les populations occidentales. » Évidemment, le camarade Bourmov et ses invitées n’ont pas lu une seule ligne des écrits de Renaud Camus et se contentent de répéter les assertions très orientées de l’encyclopédie Wikipédia ou de Mediapart à son sujet.   

Passons rapidement sur l’accusation ridicule d’incitation à la violence concernant un homme qui, confronté, comme nous tous, à la réalité de la nocence – les nuisances sous toutes leurs formes, de la délinquance au terrorisme, du bruit des voisins aux tirs à la Kalachnikov, des éoliennes à la plastification des océans, des rodéos urbains au crime organisé en passant par toutes les “incivilités” quotidiennes – ne lui oppose pour toute arme que l’in-nocence, c’est-à-dire l’essence même de la civilisation.  « La civilisation n’est pas la source de tous les maux mais, au contraire, la suite désespérée et tâtonnante, parfois victorieuse un moment mais perpétuellement remise en cause, des efforts des sociétés diverses pour endiguer et tenir sous contrôle la nocence, que celle-ci s’exerce contre les hommes, contre les femmes, contre les enfants, contre la nature, contre les biens, contre les races, contre les espèces, contre la biodiversité, contre l’air, contre l’eau, contre l’humanité de l’homme et la beauté du monde », écrit-il sur son compte Facebook (9 février 2020) avant de conclure : « La nocence est une réalité irrévocable du monde. Il ne s’agit pas de la nier mais de la combattre et de la circonscrire, et cela d’abord en soi, pour chacun de nous. »

Renaud Camus contre la matière humaine indifférenciée

Renaud Camus n’évoque jamais l’idée d’un « complot général » quand il analyse le grand remplacement, qu’il définit comme la substitution visible d’un peuple par un autre historiquement, culturellement et religieusement radicalement différent, avec les conséquences qu’on sait sur la vie des autochtones. Par ailleurs, ce grand remplacement, qui n’est pas une théorie mais un fait observable, n’est plus, selon lui, qu’une petite part d’une nouvelle forme de totalitarisme qu’il nomme le « remplacisme global ». La dépossession (de la langue, des sexes, des races, de l’histoire singulière des pays et des civilisations), la déculturation (l’effondrement de la transmission, l’enseignement de l’oubli, la cancel culture) et la production industrielle de l’homme remplaçable aboutissent inéluctablement à la transformation de l’humanité en ce qu’il appelle la MHI (Matière Humaine Indifférenciée), un agrégat d’êtres déracinés, anhistoriques, interchangeables, utilisables, déplaçables au gré des besoins et des intérêts d’une oligarchie mondialisée, davosienne et globale, dans un monde effrayant combinant les visions prédictives d’Orwell et de Huxley.

Tout va bien se passer …

Curieusement, M. Bourmeau et ses invitées ont oublié de citer quelques autres personnalités soutenant les « thèses conspirationnistes » de Renaud Camus et adhérant allègrement à l’idée d’un grand remplacement des peuples français et européens. Sur Al-Jazeera, le 13 mai 2017, Rokhaya Diallo affirme que les Français doivent s’habituer au fait que « la France n’est plus un pays chrétien et blanc ». Quelque temps auparavant, sur le plateau de Ce soir ou jamais, la romancière franco-camerounaise Léonora Miano prophétisait déjà la « disparition du monde connu » et prêchait la bonne parole remplaciste : « N’ayez pas peur d’être minoritaire culturellement. N’ayez pas peur de quelque chose qui va se passer. Parce que ça va se passer. Ça s’appelle une mutation. L’Europe va muter. […] Ils [les Subsahariens] vont venir, et ils vont venir avec leur bagage identitaire. […] C’est ça qui va se passer, et c’est déjà en train de se passer. N’ayez pas peur. » Pour son dernier livre, L’opposé de la blancheur, réflexions sur le problème blanc (sic), Mme Miano a été conviée sur France Culture où elle a pu déblatérer pendant plus d’une demi-heure sur une supposée « blanchité dominante et toxique » sans rencontrer de résistance, devant deux journalistes wokisés jusqu’aux oreilles exprimant leurs propres difficultés à se « déconstruire » en tant que « personnes blanches » (Les Midis de Culture, 5 octobre 2023). Le 3 mai 2016, toujours sur France Culture, un homme décrivait très exactement ce qui était en cours et ce qui allait advenir. Après que la journaliste Amélie Perrier eut décrit « des migrations qui deviennent énormes et incontournables », cet homme entérina l’idée d’un phénomène irrépressible : « Oui, disons qu’on assiste à un processus de longue durée, un processus de repeuplement du monde qui va s’intensifier dans les années qui viennent. […] Les pays du Nord vont continuer d’accuser une tendance au vieillissement. Dans 50 ans à peu près, une grande partie des habitants de la planète viendra de l’Afrique et de l’Asie. Tout cela va provoquer des recompositions majeures avec lesquelles il faudra vivre. » Cet homme, qui évoquait un « processus de repeuplement du monde » présentant de fortes similitudes avec les remplacements de populations décrits par Renaud Camus, n’était pas Renaud Camus mais… l’historien camerounais préféré des décolonialistes et des mélenchonistes, Achille Mbembe (3). Jean-Luc Mélenchon, dans un tweet du 21 septembre 2021, implorera les Français d’accepter joyeusement ce bouleversement incontestable et, pour certains, désirable : « Vous ne vous baladez pas dans la rue ? Vous ne voyez pas ce qu’est le peuple français ? Le peuple français a commencé une créolisation. Il ne faut pas en avoir peur. Il faut s’en réjouir. » Depuis, le mouvement mélenchoniste a clarifié ses objectifs en accueillant en son sein Rima Hassan : il n’est plus seulement question d’offrir l’hospitalité à de nouveaux arrivants dans le but de « métisser » ou de « créoliser » la population mais bien de modifier en profondeur les mœurs de la société française en lui imposant celles d’une imposante immigration musulmane n’ayant nullement l’intention d’abandonner ou d’adoucir les préceptes coraniques les plus rétrogrades, la charia en premier.  

Sylvain Bourmeau, confit dans les certitudes gauchisantes et wokes d’une petite mais très influente caste politico-médiatico-universitaire, est dévoré comme elle par la haine de soi et une répugnance pour son propre pays, son histoire et son peuple. Le voici prêt à discuter de sa couleur de peau, pour la renier, au prétexte qu’elle serait la marque du démon. Depuis plus de quarante ans, cette belle âme se ripoline la conscience à grands coups de pinceaux antiracistes. Il ne pouvait pas ne pas prendre en marche le train des thèses racialistes. Présenté comme une « théorie critique de la race », un nouvel antiracisme a vu le jour, un antiracisme raciste encourageant le ressentiment, la haine, les relations conflictuelles. Dans un pays comme la France où le racisme était devenu résiduel, le racialisme, après avoir ravivé d’anciennes rancœurs, en a créé de nouvelles et tente de tuer tout espoir d’apaisement. Une société multiethnique, communautariste, « racialisée » et victimaire est vouée à la violence. Mais M. Bourmeau n’en a cure. M. Bourmeau arbore virtuellement et à tout jamais une petite main jaune sur le revers de son veston. Il se croit encore en 1984, date de la création de SOS Racisme. Date des débuts de M. Bourmeau sur la scène du petit théâtre de l’antiracisme. Second rôle médiatique au jeu très limité, il n’en sortira plus. La mise en scène est immuable ; le texte s’est vu gratifié au fil des ans d’ajouts racialistes et décolonialistes ; la voix aigre-douce du comédien s’est acidifiée. Mais, au fond, rien n’a changé. M. Bourmeau, alias la Castafiore de l’antiracisme, entonne toujours le même air – « Ah ! Je ris de me voir si vertueux en ce miroir » – et n’imagine pas un seul instant qu’il est en vérité le chantre du désastre…   


(1) Judith Waintraub consacre, dans Le Figaro du 26 octobre, un article à cette institution, ce « paradis des sciences “molles” [qui nous] coûte cher, très cher ». « En sociologie, le militantisme a vite fait de remplacer la rigueur scientifique, surtout quand la répartition des postes, l’évaluation et les circuits de financement des projets sont régis selon un système volontairement opaque où règne l’entre-soi », écrit-elle avant de rapporter les propos édifiants de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler : « Le champ de la recherche dans ce domaine est dominé par le courant décolonialiste. Quand on ne s’en réclame pas, on n’avance pas en matière de carrière, trouver des financements est très difficile. » Et on n’est pas invité dans l’émission du camarade Bourmov.

(2) Solène Brun et Claire Cosquer, La domination blanche, 2024, Éditions Textuel. Dispensable, au même titre que les ouvrages de Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Miano Léonora et autres Robin Di Angelo.

(3) André Perrin rappelle cet entretien dans son excellent Journal d’un indigné (Éditions de L’Artilleur). Il note ironiquement que « personne [n’ayant] dénoncé le caractère “nauséabond” des propos d’Amélie Perrier et d’Achille Mbembe, on peut donc en conclure qu’ils n’ont rien à voir avec la sinistre théorie du “Grand Remplacement” ».

P.S : Bruno Lafourcade brosse de Sylvain Bourmeau un portrait réjouissant et saisissant de vérité dans Les nouveaux vertueux, éditions Jean-Dézert. Nous en conseillons très vivement la lecture.

Vol à l’étalage: double peine pour les commerces!

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© Dinendra Haria/LNP/Shutterstock/SIPA

Ras le vol, clament de nombreux commerçants, qui ne prennent parfois même plus la peine d’aller porter plainte! Un député propose d’autoriser en France la pratique du « name and shame » pour éloigner les voleurs des boutiques. 


Quand il est question de « vol à l’étalage », la plupart d’entre nous pensent « chapardage ». S’impose alors la vision de petits voleurs, davantage opportunistes que réels délinquants. Parfois même aurons-nous, consciemment ou non, une vision misérabiliste et victimaire du voleur, poussé à l’acte par la faim ou le besoin. Un vol, certes, mais pas très grave, bien loin du vol avec violence ou du braquage. Pour un peu, on entendrait la voix, fort heureusement lointaine, de Sandrine Rousseau déclarer, comme lors des émeutes de juillet 2022 : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? ».

Tu as volé l’orange du marchand…

C’est malheureusement à cause de biais de ce genre que les commerçants français vivent actuellement un véritable enfer, entre laxisme des institutions et indifférence voire mépris de l’opinion publique. La réalité est bien différente : le vol à l’étalage en France est majoritairement pratiqué par des professionnels de ce délit, souvent en bande, selon des schémas bien rodés, les amenant à changer régulièrement de villes. Le butin de ces vols, qui s’apparentent parfois à de véritables razzias, alimentent des réseaux de vente parallèles en France ou à l’étranger. Nous sommes bien loin de l’image d’Épinal du petit voleur de pommes. Ce fléau concerne l’ensemble des commerces, de la plus grande enseigne au petit commerce indépendant de quartier.

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Mi-octobre, une vidéo montrant des tablettes de chocolat sous blister antivol dans un Monoprix de Marseille a fait le buzz, mais si beaucoup ont souligné le cocasse de la situation, peu de gens se sont émus de la justification de l’enseigne qui a alors indiqué se faire actuellement voler pour plus de 500€ par mois dans ce seul rayon ! Les derniers chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur remontent à 2022 et montrent une augmentation des vols à l’étalage de 14 % cette seule année, un chiffre identique dans les grandes villes et les zones plus rurales. Hélas, le Ministère de l’Intérieur n’a, pour le moment, pas divulgué de statistiques plus récentes malgré les demandes récurrentes de M. Jérôme Jean, ancien commerçant et président du collectif « Ras Le Vol », association qui œuvre depuis début 2023 pour défendre les intérêts des commerçants victimes de vols. Ce dernier relativise cependant la représentativité de ces chiffres qui seraient vraisemblablement très en dessous de la réalité puisque beaucoup de commerçants, dépités,  ne prennent même plus la peine de porter plainte. 

Sentiment d’humiliation et d’impuissance

Pourquoi un tel découragement face à des actes qui, par leur ampleur ou leur récurrence, peuvent  pourtant mettre en péril une entreprise et le projet d’une vie ? Selon Jérôme Jean, « on a d’un côté une police qui manque de moyens, et, de l’autre, une justice qui ne condamne pas, ou si peu. » En effet, les commerçants se sentent réellement abandonnés par les pouvoirs publics. Les rares passages au tribunal se soldent souvent par de simples « rappels à la loi ». Au-delà du préjudice financier, ces vols à l’étalage et l’impunité de leurs auteurs ont un réel impact sur le fonctionnement de l’entreprise (tensions dans les équipes de vente, difficultés d’organisation) ainsi que sur la santé mentale des commerçants qui affirment ressentir au quotidien un fort sentiment d’insécurité, d’humiliation et d’impuissance.

A ne pas manquer, Causeur #128: Coupons le cordon! Pour l’indépendance de l’Algérie

En janvier 2024, le député de l’Ain Romain Daubié a déposé une proposition de loi relative à la sécurité des commerçants dans l’exercice de leurs activités. Il demande une modification de l’article L.226-1 du Code pénal pour que « le consentement des personnes pénétrant dans des commerces […] ayant recours à la vidéo protection soit présumé ». En effet, de nombreux commerces sont désormais équipés de matériel de vidéosurveillance mais cela se retourne parfois contre eux lorsqu’ils sont tentés de diffuser sur les réseaux sociaux ou d’afficher à l’entrée de leur magasin les images des voleurs. Cette pratique, surnommée le « name and shame » dans les pays anglo-saxons, est déjà légale dans beaucoup de pays et semble porter ses fruits, notamment en Angleterre, mais force est de constater qu’en France le droit à l’image semble primer sur celui de la propriété. Jérôme Jean se souvient notamment de cette commerçante récemment condamnée à verser à ses voleurs plus de 1000€ de dommages et intérêts alors que ceux-ci n’avaient écopé pour leur délit que d’un simple rappel à la loi. Une autre commerçante, dans l’Allier, a eu, quant à elle, la mauvaise surprise de recevoir un courrier d’avocat défendant le droit à l’image de ses deux voleuses et exigeant le retrait des images qu’elle avait publiées sur les réseaux sociaux. Ces cas sont loin d’être anecdotiques et isolés. Il semblerait bien que nous assistions en France à une aberrante inversion des valeurs. La proposition de loi n’a pas encore été débattue mais nul doute que certains députés feront leur cheval de bataille de défendre le sacro-saint droit à l’image, défendront et plaindront les voleurs. Il ne faudrait quand même pas que ces petits anges ressentent une quelconque honte ou gêne, suite à la diffusion des accablantes images ! Cela risquerait de leur donner envie de revenir dans le droit chemin !

Des solutions de lutte contre le vol à l’étalage sont pourtant bel et bien présentes dans la loi. Depuis un an et demi, les policiers ont le droit, devant un flagrant délit de vol pour un préjudice inférieur à 300€, d’appliquer immédiatement une AFD (Amende Forfaitaire Délictuelle) d’un montant de 300€ sans poursuites judiciaires. L’usage de l’AFD permet de désengorger les tribunaux, de faciliter le travail des policiers mais également de sanctionner immédiatement les auteurs et limiter ainsi le risque de récidive. À part dans quelques villes telles que Lille, les AFD semblent malheureusement peu utilisées. Preuve là encore que la France ne manque pas d’outils judiciaires mais d’une réelle volonté politique de les appliquer. En 2024, les voleurs ne sont plus des chapardeurs de pommes. Ils agissent en toute impunité et s’offrent les services des meilleurs avocats. À ce rythme-là, ils se payeront bientôt le culot, après leur passage, de mettre des mauvais avis sur Google. Commerçants, n’oubliez pas de sourire !

Une soirée avec les partisans français de Donald Trump

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© Sue Dorfman/ZUMA Press Wire/Shut/SIPA

L’association Republican Overseas se réunissait hier soir à Paris, dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle américaine.


Une internationale trumpiste. Qui l’eut cru ? Mardi d’élection, à l’étage d’un restaurant italien du quartier de Saint-Germain-des-Près, ils sont quelques dizaines réunis par l’association Republican Overseas qui regroupe les citoyens américains membres du parti républicain expatriés. Le président de la section française, Randy M. Yaloz, nous accueille avec le sourire des grands jours. Il est 22h. Les premiers résultats arriveront vers 1h du matin. Est-il confiant ? « Je n’aurais pas organisé cette fête, si ce n’était pas le cas. Beaucoup m’ont demandé d’organiser un évènement. En 2020, nous étions plus pessimistes. La situation post-Covid était chaotique et plusieurs erreurs avaient été commises pendant notre campagne… »  


Pas de place au pessimisme

« Nous les Américains, on a une tendance pro-active : on agit d’abord, on réfléchit ensuite. Alors non, aucun pessimisme ! » assume David, rédacteur franco-américain. Les expatriés américains sont-ils un cœur de cible pour le parti républicain ? Profitant de la mondialisation, beaucoup résident en métropole et occupent des emplois qualifiés dans les services dans la capitale française…

Mais, on pourrait aussi voir en eux des électeurs type du… parti démocrate. « Beaucoup étaient encore hésitants en 2016 et 2020, mais ils viennent maintenant vers nous » assure Randy Yaloz. Comment l’expliquer ? « On subit la double taxation : l’impôt sur la citoyenneté américaine et l’impôt du pays résident ! Trump a promis de changer cela pour que nous ne soyons pas obligés de payer deux fois. Et son message a été entendu par beaucoup d’Américains vivant à l’étranger »

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Nostalgique Amérique

Cet enthousiasme, on le retrouve chez d’autres convives de la soirée. Des Américaines enjouées arborant les casquettes MAGA affichent ainsi toute leur confiance. Aimée, chef d’entreprise vivant en France depuis 1985, voit en « Donald », un des premiers politiques « qui ne fait pas carrière pour l’argent, mais par amour du peuple américain ». On entend souvent que la politique américaine fracture la société, oppose des voisins, brise même les familles. Qu’en est-il réellement ? « Je viens d’une grande famille. Ma sœur est républicaine comme moi, mais le reste est démocrate pur et dur… Mais, on s’aime quand même. » Camala (avec un C, précision importante ce soir) est violoniste, et voit en Trump « le protecteur du peuple américain ». Elle dit venir d’une famille conservatrice… « Religieuse ? » demande-t-on naïvement. « Je suis choquée que l’on puisse considérer la pratique religieuse comme un marqueur politique… Autrefois, tout le monde allait à l’église ! Démocrates comme républicains ». Lors de cette petite sauterie parisienne, la présence de nombreuses femmes quinquagénaires contredit le fameux « gender gap » dont parlaient les médias et que semblaient mesurer les sondages annonçant une mobilisation féminine exceptionnelle en faveur des démocrates… Du côté des bi-nationaux, on trouve Lorenzo, consultant dans le tertiaire: « Encore techniquement inscrit au parti démocrate », il nous dit être «  en phase de transition ». L’homme a vécu à New-York, « avec une espèce d’interdit autour de la politique… il fallait être du bon côté. Cette omerta était pesante et m’a fait finalement évoluer. Je ne sais pas si je suis parfaitement républicain aujourd’hui, peut-être libertarien… Il y a en tout cas un terreau de valeurs communes entre nous, des conservateurs modérés jusqu’à certains démocrates libéraux classiques, même ». Un peu comme dans un roman de Philip Roth, les Américains présents ici sont avant tout des nostalgiques. Ils regrettent cette vieille pastorale américaine qui rassemblait les enfants d’Uncle Sam par-delà leurs différences politiques. Cette Amérique que décrivait Tocqueville organisée autour de la sainte trinité du dollar, de la Bible et de la Constitution – et dont les wokes déboulonnent les statues et brûlent les symboles. Le président des Republicans Overseas France s’autorise à formuler un message assez tendre pour ses compatriotes démocrates expatriés : « C’est une chose tout à fait nouvelle de considérer les chrétiens comme conservateurs. Cela n’a rien d’automatique. Auparavant, la plupart des Américains allaient à l’église, peu importe leurs idées politiques ». Nos trumpistes parisiens sont finalement assez loin du cliché de l’Américain haineux, armé, impatient d’en découdre avec l’adversaire démocrate dans une nouvelle guerre de sécession.

La famille d’Aimée est très démocrate, mais elle maintient ses positions trumpistes. 

En France comme aux Etats-Unis, ces expatriés doivent aussi assumer la diabolisation : « Je suis d’une famille juive : il y a comme un conditionnement à voter à gauche quand on est juif new-yorkais… mais les actes anti-israéliens et antisémites des campus ont changé les choses. Voir Anne Sinclair, que je respecte par ailleurs, traiter l’élection américaine de manière aussi caricaturale à la télévision est désolant… »  raconte Lorenzo.

Ces Français qui admirent Donald Trump

À l’étage, on trouve aussi les admirateurs français de Donald Trump. Des assistants parlementaires, quelques journalistes et aussi des gens ordinaires. Jenny, une Française quinqua,  qui « travaille dans le wokistan » – entendez par-là « le monde de la culture et des médias » – soutient Trump car « elle en a marre » de devoir suivre dans un cadre professionnel « des ateliers sur la journée des pronoms où l’on se concerte pour savoir s’il faut mettre he ou him pour créer des safe space ».


Vers 23h30, ce sont des invités plus inattendus qui arrivent. Le leader souverainiste Nicolas Dupont-Aignan vient saluer les convives : « Le soutien de Robert F. Kennedy Jr (le fils de robert Kennedy et éphémère candidat indépendant à l’élection, NDLR) à Donald Trump a beaucoup compté. J’ai admiré son courage pendant la pandémie Covid ». Comment pourrait évoluer la relation franco-américaine, en cas de victoire de Trump ? « Je reste gaulliste… Les Français devront de toute façon défendre leurs intérêts ». L’ancien député de l’Essonne aurait pu croiser son alter ego souverainiste et opposant au passe sanitaire, Florian Philippot, qui est passé un peu plus tard. « Je reste tout à fait anti-américain », nous rassure le chef des « Patriotes » derrière une bannière Trump 2024. Son soutien est toutefois enthousiaste : « Je soutiens Trump. Il incarne la paix, la liberté d’expression, la rupture franche avec le système qu’incarne Kamala Harris et la domination impériale ». Et il se trouve des convergences politiques avec l’Américain : « Une élection de Trump permettrait d’assouplir la domination américaine. Il n’est pas attaché à l’OTAN ou l’UE. Cela tombe bien ; je veux sortir et de l’OTAN et de l’UE! »

Des expatriés, des indépendants, des anciens démocrates, des gaullistes, des bi-nationaux, des Français du quotidien : les effectifs sont encore modestes, mais cette internationale trumpiste pourrait étonner…

La sombre nuit du wokisme

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A Palm Beach, Donald Trump célèbre sa victoire aux élections présidentielles américaines, Floride, 6 novembre 2024. A ses côtés, sa femme Melania et son fils Barron © Julia Demaree Nikhinson/AP/SIPA

Aux États-Unis d’Amérique, Donald Trump revendique sa victoire. Emmanuel Macron le félicite, et écrit « être prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité. » Cet événement planétaire est un camouflet terrible pour le progressisme. Et le wokisme, son appendice débile.


La victoire de Trump est avant tout la défaite, la déroute du wokisme, ce fatras de fausse science, de moraline frelatée, de haine de soi, de mépris du vrai. Le populisme s’est exprimé. Ce populisme qui n’est autre, en vérité, que l’affirmation de la voix et de la raison du peuple. Tout l’opposé de la caricature que nos intelligentsias sacralisées veulent en dessiner et nous imposer.

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Pas un caprice des urnes

Cette victoire dépasse de beaucoup la victoire électorale d’un homme. Elle est bien davantage encore la marque magistrale du réveil des légions du bon sens et de la culture du réel. Cette élection, devrait marquer pour l’Occident dans son entier, ici et là, chez nous et à Bruxelles, l’an Un de ce qui pourrait être une reconquête. Ou en tout cas l’émergence d’un souffle nouveau. Elle sonne, pour paraphraser qui vous savez, « le crépuscule des idoles ». Les idoles artificiellement fabriquées contre ce même bon sens, contre, surtout, les populations. Contre l’immense masse des gens de la vraie vie. Aussi, le président élu Donald Trump dit vrai – ô combien – lorsqu’il clame « Nous avons écrit l’histoire ». Il y a bien de cela, en effet. Et personne ne pourra faire comme s’il ne s’agissait que d’une « regrettable » péripétie électorale, un caprice des urnes, un coup du diable, un malentendu déplorable. C’est bien sûr ce que, sans vergogne, tenteront de nous faire avaler les beaux esprits d’ici.

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La gueule de bois du mondialisme, encore béat hier

Or, la question pour nous, aujourd’hui, le nez devant le résultat hors norme, est de savoir ce que nous allons en faire. Quelle lecture nos médias, le pouvoir, nos cabinets ministériels, les instances européennes confinées en mondialisme béat vont en proposer ? On attend les repentirs. On attend les analyses refondatrices. On guette avec gourmandise les réactions universitaires. On espère une salutaire humilité intellectuelle à travers le pays, chez nos chers sachants notamment, cette humilité tellement nécessaire, particulièrement dans les médias distingués qui nous ont bombardé ces dernières semaines de ce que le résultat du jour relègue, qu’ils le veuillent ou non, dans le registre des fake news. C’est ainsi. 

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On peut et doit espérer un jour nouveau chez nous, de ce côté-là au moins. Ne serait-ce qu’en raison de la claque phénoménale qui vient d’être administrée au pitoyable barrage dit républicain du second tour des élections législatives de ce printemps. Barrage hors sol, manipulation indigne, en fait, contre les attentes véritables du peuple. La démonstration par la voix de l’Oncle Sam vient de nous en être administrée. Cette aube du 6 novembre, le jour, pour nous, s’est levé à l’Ouest.

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Elon Musk, Deus ex machina

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Elon Musk au meeting de campagne de Donald Trump à Butler, Pennsylvanie, 5 octobre 2024 © Jasper Colt-USA TODAY NETWORK/Sipa USA

Déjà engagé dans la conquête spatiale, le développement des voitures électriques et l’IA, Elon Musk relève un nouveau défi : recaser à la Maison Blanche son super-héros Donald Trump. Comme dans les affaires, le militant le plus riche du monde bouscule tous les codes.


Le 5 octobre, Donald Trump tient meeting à Butler, en Pennsylvanie, là où en juillet il avait été blessé dans une tentative d’assassinat. Soudainement, un homme habillé comme un geek typique, la casquette de base-ball vissée sur la tête, saute sur scène, fait quelques bonds disgracieux avec les bras en l’air en signe de victoire, et vient se positionner devant le micro que Trump lui cède. C’est Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, qui vient apporter son soutien total à la candidature de l’ancien président. Il lance à la foule les paroles de défi scandées par Trump en juillet : « Fight, fight, fight! » (« Luttez, luttez, luttez ! ») avant d’annoncer, alarmiste, que cette élection pourrait être la dernière : « Le président Trump doit gagner pour préserver la Constitution, pour préserver la démocratie en Amérique. » À la différence d’autres milliardaires, Musk ne s’est pas contenté de donner plus de 118 millions de dollars à Donald Trump, il a personnellement fait campagne pour lui en organisant ses propres meetings dans l’État pivot de Pennsylvanie. Il a même inventé une astuce originale pour influencer les électeurs, en lançant une pétition pour soutenir les deux premiers amendements de la Constitution – sur la liberté d’expression et le droit de porter des armes – qui, selon Musk, sont menacés par le Parti démocrate. Chaque jour jusqu’au vote du 5 novembre, une loterie a été organisée parmi les citoyens signataires résidant dans un État pivot, le gagnant empochant un chèque d’un million de dollars. Le département de la Justice a écrit à Musk pour l’avertir que ce procédé pourrait être contraire à la loi électorale, mais plus rien ne semble arrêter le milliardaire que ses critiques accusent de se croire au-dessus des lois.

Dark MAGA

À Butler, Musk, pointant sa casquette frappée du slogan « Make America Great Again », qui n’était pas rouge mais noire, a proclamé : « Je ne suis pas seulement MAGA, je suis Dark MAGA ». « Dark MAGA » est un mème partagé depuis 2022 par des internautes ultra-trumpistes souhaitant le retour au pouvoir d’un Donald plus fort que jamais. Certains commentateurs n’ont pas manqué de flairer des relents d’extrême droite dans son esthétique visuelle – tirée des films Terminator. Mais Musk ne craint pas de flirter avec le complotisme, et « Dark Maga » marque surtout la force de son engagement pour Trump. Il représente aussi le côté sombre de son personnage, le double énigmatique qui, même aux pays des utopies capitalistes, sort de tous les cadres conventionnels.

Tout, chez Musk, est surdimensionné. Cinq jours après son intervention à Butler, il présentait les dernières inventions de Tesla : un taxi autonome, sans conducteur, et un robot polyvalent destiné à servir dans la maison, presque un sosie du C-3PO de la Guerre des étoiles, qui – à en croire le milliardaire – pourrait être commercialisé fin 2025 à un prix d’environ 20 000 dollars. Trois jours après, Musk a bluffé le monde entier quand la nouvelle fusée de SpaceX, Starship, est redescendue sur son pas de tir pour être attrapée par deux bras mécaniques – une étape importante dans le développement de son projet martien. Bien que né en Afrique du Sud en 1971, cet homme-orchestre de la technologie et des affaires est devenu un héros américain que Trump compare à Thomas Edison. Il a commencé sa carrière d’homme d’affaires, comme tant d’autres, dans la Silicon Valley, mais il a rapidement dépassé ce milieu par la diversité et l’ambition de ses projets. S’établissant aux États-Unis en 1992 (il devient citoyen américain en 2002), il abandonne un doctorat en physique à Stanford pour cofonder avec son frère une société qui développe des logiciels de guide touristique. L’entreprise est rachetée en 1999, lui permettant de créer une banque en ligne, X.com, qui fusionne avec une autre pour créer PayPal. Quand cette dernière est rachetée en 2002, Musk investit ses gains dans la création de SpaceX dont le but ultime est de coloniser Mars. L’entreprise se met à fabriquer des fusées partiellement réutilisables – la série des Falcon –, qui aujourd’hui ont permis de diviser par dix les coûts de l’accès à l’espace. À partir de 2006, SpaceX décroche des contrats avec la NASA pour desservir la station spatiale internationale et préparer de futures missions lunaires. Accomplissant ce dont l’État est incapable, écrasant la concurrence, SpaceX commence en 2019 à développer le fameux Starship, un lanceur entièrement réutilisable, capable de porter huit fois plus de poids que les Falcon et destiné à révolutionner encore les voyages spatiaux. Musk compte envoyer cinq vaisseaux sans équipage sur Mars en 2026 et des humains quatre ans plus tard. Pour l’instant, la vraie profitabilité de SpaceX vient de Starlink, l’immense réseau de satellites que ses fusées ont mis en orbite pour fournir un accès internet à des endroits isolés.

SpaceX teste son lanceur Starship depuis le site de lancement de Boca Chica au Texas, 7 juin 2024. Une nouvelle étape a été franchie le 13 octobre avec la capture inédite du booster par les bras mécaniques de la tour. SpaceX/UPI Photo via Newscom/SIPA

Tesla concurrencée par la concurrence chinoise de BYD

Son autre entreprise phare, Tesla, a été créée en 2003 pour produire des voitures électriques. L’année suivante, Musk, qui prend au sérieux le changement climatique, y investit et en devient l’actionnaire principal, avant de prendre la tête de la société en 2008. En 2021, la capitalisation boursière de Tesla atteint 1 000 milliards de dollars. Lancé en 2020, le crossover Model Y est devenu le véhicule électrique le plus vendu dans le monde. Néanmoins, Tesla est concurrencée par la marque chinoise BYD. Pour faire face, elle parie sur sa capacité à produire des véhicules autonomes moins chers, comme son cybertaxi. Les investisseurs restent confiants : en octobre, les actions Tesla ont augmenté de 22 %. Mais les ambitions de Musk ne s’arrêtent pas là. En 2016, il crée la Boring Company pour creuser des tunnels destinés à de nouveaux moyens de transports collectifs. Bien qu’il décrive le développement d’une intelligence artificielle superpuissante comme « la plus grande menace existentielle pour l’humanité » en 2014, il investit dans l’IA. En 2015, il cofonde OpenAI qui commercialise aujourd’hui des programmes comme ChatGPT. Il quitte le conseil d’administration en 2018, mais crée sa propre société xAI en 2023 pour concurrencer OpenAI et Google. Entretemps, il a lancé Neuralink en 2016 dont l’objectif est de développer des interfaces entre le cerveau humain et des ordinateurs grâce à des implants cérébraux. Il s’agit dans un premier temps de combattre des maladies neurodégénératives comme celle d’Alzheimer, mais dans un deuxième d’augmenter les capacités mentales de l’homme. Pourquoi cet intérêt pour l’IA dont il dit redouter le développement ? D’abord, ses voitures – surtout les autonomes – et ses fusées dépendent de systèmes IA. Ensuite il y a la FOMO (fear of missing out) – la peur de rater un coche technologique et commercial. Il croit aussi que, grâce à Neuralink, un être humain augmenté sera capable de tenir tête à une super-IA. Musk n’est pas un transhumaniste, comme l’affirment la plupart des médias français : il ne partage pas cette croyance répandue dans la Silicon Valley que le destin de l’homme est de devenir immortel en téléchargeant son esprit dans une machine. Du cerveau à l’espace, cet entrepreneur en série sous stéroïdes incarne plutôt un retour à l’imaginaire futuriste des années 1960, fondé sur l’ingénierie lourde plutôt que l’informatique. Pour devenir enfin une réalité, cet imaginaire avait besoin de la révolution numérique, mais aujourd’hui cette réalité la transcende.

Pourquoi un tel futuriste a-t-il jeté son dévolu sur Trump qui n’est pas un grand technophile et émet des doutes sur l’utilité des véhicules électriques ? Dans le passé, Musk s’est montré plutôt centriste. Il dit avoir voté pour Hillary Clinton en 2016 et Biden en 2020. Ses relations avec Trump ont connu des hauts et des bas, et les deux hommes ont parfois eu des prises de bec acrimonieuses. Après l’élection de Trump, Musk a participé à deux organes conseillant le président, mais en a démissionné en 2017 quand ce dernier a quitté l’accord de Paris sur le climat. Ce n’est qu’après la tentative d’assassinat en juillet dernier qu’il s’est pleinement engagé pour Trump.

La grande mue de Musk commence à l’époque du Covid, quand les autorités démocrates en Californie lui ordonnent de fermer les usines Tesla. Cette ingérence de l’État dans ses affaires le révolte. Musk n’est pas antivax, mais dénonce les confinements. En 2022, il annonce laisser tomber les démocrates qui sont le parti « de la division et de la haine », et soutiennent trop les syndicats. Comme l’indique cette dernière référence, Musk a des raisons économiques d’être trumpiste. Il accuse les syndicats de brider l’efficacité de ses entreprises. Ces dernières dépendent en partie de l’État qui leur a accordé des milliards de contrats et octroyé des crédits d’impôt au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, Musk rechigne contre tout ce qu’il considère comme une réglementation excessive. Actuellement, ses sociétés font l’objet de plus de vingt enquêtes de la part de régulateurs gouvernementaux. Si Tesla mise sur ses véhicules autonomes moins chers, leurs systèmes de contrôle risquent d’avoir du mal à obtenir l’agrément du régulateur pour des questions de sécurité routière. Il serait donc très utile pour Musk d’avoir un ami ultralibéral à la Maison-Blanche. Trump et lui ont même parlé de sa nomination possible à la tête d’une commission sur l’efficacité gouvernementale. Les deux hommes partagent le même enthousiasme pour les cryptomonnaies qui, en contournant les banques centrales, représentent l’outil antiétatique par excellence.

Musk a aussi des raisons personnelles d’être pro-Trump. En 2022, il rachète Twitter, sa sixième entreprise, qu’il fusionne avec une nouvelle société pour créer X. Il l’a payée 44 milliards et elle n’en vaut aujourd’hui que 19, à la grande joie de ses ennemis de gauche. Mais cette acquisition est plus une manœuvre politique qu’un investissement économique. En effet, Musk se déclare le champion de la liberté d’expression et accuse la plateforme dans son avatar précédent d’avoir censuré les opinions et les internautes de droite. Il condamne comme « une faute morale » la décision de bannir Trump de Twitter en 2021 et il lève l’interdit. Il livre à des journalistes les « Twitter Papers », une sélection de documents censés prouver les tropismes politiques de l’ancienne direction. Le réseau, qui compte 202 millions d’abonnés, sert aujourd’hui de mégaphone personnel à Musk qui l’a rebaptisé de sa marque fétiche, « X ». Pour prouver que sa liberté d’expression passe avant tout, il envoie balader tous ceux qui voudraient le faire chanter en lui refusant des contrats de publicité : « Allez vous faire foutre ! » Il utilise X pour interpeller directement des politiques. Il a croisé le fer avec Thierry Breton cet été, quand ce dernier était encore commissaire au Marché intérieur de l’UE, et plus récemment avec Véra Jourovà, une vice-présidente sortante. Elle l’a qualifié de « promoteur du mal » et il l’a accusée d’incarner « le mal banal, bureaucratique ». Il s’est attaqué cet été au Premier ministre britannique Keir Starmer et à l’ancien leader écossais Humza Yousaf, qu’il accuse de racisme anti-Blancs. Il dénonce aussi l’immigration aux États-Unis qui, selon lui, est instrumentalisée par les démocrates, soucieux de se garantir de futurs électeurs. Sans surprise, la gauche traite Musk de raciste et l’accuse même de manier des tropes antisémites dans ses dénonciations de Justin Trudeau et George Soros. En réponse, il s’est dit « plutôt philosémite » et en novembre 2023, il a banni de X les termes « décolonisation » et « de la rivière à la mer ». Il est surtout contre le wokisme sous toutes ses formes, en partie pour des raisons très personnelles. En effet, un de ses fils, Xavier, né en 2004, a décidé en 2020 de devenir une femme transgenre. Elle est allée jusqu’à adopter officiellement le nom de sa mère, devenant Vivian Jenna Wilson en 2022, pour mettre le plus de distance entre elle et son père, qu’elle accuse d’avoir été absent et d’être un « fornicateur en série ». Musk prétend que s’il a autorisé le changement de genre, c’est qu’il avait été piégé par le « virus mental woke » et considère désormais comme « mort » ce fils qui « pense que tous les riches sont malfaisants ».

En devenant Dark Maga, Musk semble assumer d’être associé au Mal, peut-être parce qu’il affectionne les films de super-héros qu’il affectionne – il a même fait une apparition-éclair dans Iron Man 2 en 2010. Comme un super-vilain qui travaillerait pour le bien, il ne cherche rien de moins qu’à recréer l’État, le monde et l’humanité à sa propre image.