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La dernière pépite du Conseil supérieur de la Magistrature

Le Conseil supérieur de la Magistrature publie son rapport annuel1. Selon cette institution, ce qui menace l’État de droit, ce n’est pas que des multidélinquants ne soient pas sanctionnés, c’est qu’on critique les juges…


Merci à Jean-Baptiste Roques, directeur adjoint de la rédaction, pour cette pépite ! Le Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), l’autorité disciplinaire des magistrats se prononçant notamment sur les nominations, s’inquiète pour l’État de droit. Pourquoi ? Parce que la justice est abondamment critiquée ! « L’autorité des décisions et même la légitimité des juridictions nationales et européennes est contestée », écrit-il. Et ces attaques répétées trouvent « un large écho dans l’opinion publique », s’inquiète-t-il.

L’État de droit en péril ?

Donc, ce qui met en péril l’État de droit, ce n’est pas que dans certains quartiers, le droit d’aller et venir n’existe pas, ni que des multidélinquants s’en sortent avec une tape sur les mains, ni que des gens sous OQTF se baladent en liberté dans le pays, ni que les forces de l’ordre soient quotidiennement agressées, ni les milliers de refus d’obtempérer. Et évidemment pas les prises de position délirantes du Syndicat de la Magistrature (dont je n’aimerais pas être jugée par un de ses adhérents) ! Non : le grand danger, c’est que certains citoyens s’aventurent à critiquer la justice…

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Mais si on dénie sa légitimité à la justice, il n’y a plus de contrat social, me dira-t-on. Oui, mais seule la légitimité des juridictions européennes est contestée en réalité, et à raison. Notamment celle de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Certes, cette dernière tient sa compétence de traités ratifiés par le parlement français. Mais, cette compétence a fait l’objet d’une évolution idéologique, et de l’extension permanente du droit des individus contre celui des États. On se souvient par exemple que la CEDH a sommé la France de reprendre un terroriste tchétchène dangereux – ce qu’elle n’a pas fait, d’ailleurs. Autre décision qui a fait moins de bruit, concernant MeToo, la CEDH estimait qu’on ne doit pas demander aux femmes de prouver leurs accusations. Et dès lors qu’il n’existe pas de peuple européen au nom duquel elle pourrait juger, je trouve légitime de contester sa légitimité. En revanche, la justice française rendue au nom du peuple français, personne ne conteste sa légitimité. On doit se soumettre à ses décisions, quoiqu’on en pense – mais on a le droit de penser !

Marges d’interprétation

Personne ne dit qu’on doit désobéir à la justice. Ça n’interdit nullement de la critiquer et d’observer qu’elle ne remplit pas sa mission de protection de la société. On dit que le juge est la bouche de la loi. Mais, les juges interprètent la loi. Ils décident ce qu’elle dit. Et beaucoup n’aiment pas sanctionner.
Pour le CSM, si j’ai bien compris, les juges devraient donc être la seule corporation qui ne souffre pas la critique (avec les journalistes, bien sûr !).
Pour cela, il invoque l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ». Sauf que, selon l’article 11 de la même Déclaration, « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ». Dans la Déclaration des droits de l’Homme, rappelons-le, la liberté d’expression a une dignité particulière. Autrement dit, critiquer les juges est un droit de l’homme. Et parfois un devoir.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

  1. https://www.causeur.fr/wp-content/uploads/2024/07/rapport-csm.pdf ↩︎

Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux

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Adrien Quatennens (LFI) proposait hier de marcher sur Matignon, mais pour la macronie et tout le petit monde politico-médiatique (hors RN), les Insoumis demeurent plus fréquentables que Marine Le Pen. Nos élites sont à la ramasse.


La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du système qui s’effondre. Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-il donc que cela ? 

À relire: Au RN : caramba encore raté

Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’État, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella. Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme Premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.

Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ». Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontrer Le Pen, c’est refuser la démocratie.

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La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.

Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc.

Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.

La défaite en aimant

La politique est cruelle. Et une élection est rarement une prime au mérite. Emmanuelle Ménard en a fait l’expérience. Elle a prouvé qu’un député pouvait servir, soutenir, écouter, travailler et être battu. Son époux lui rend hommage.


Je voudrais vous parler… de ma femme. Je sais, un journal n’est pas fait pour ça. Mais, avec tout ce que nous vivons en ce moment, tout est chamboulé. Alors pourquoi pas ? Mon amie Élisabeth Lévy n’a pas dit non. Vous pourrez toujours lui écrire si vous n’êtes pas contents.

Emmanuelle était députée. À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes dans l’entre-deux-tours et dimanche dernier, cela ne s’est pas passé comme nous l’espérions. Le candidat du Rassemblement national l’a nettement devancée. Nous ne nous y attendions pas. Et, bien sûr, nous sommes déçus. Rien d’étonnant. Rien d’original. C’est la règle du jeu, me direz-vous. Et vous aurez raison.

La politique est cruelle. Elle est injuste. Emmanuelle vient de l’apprendre à ses dépens. Face à la déferlante lepéniste, le travail accompli, la présence dans l’Hémicycle, l’écoute portée à chacun ont pesé des clopinettes. J’ai rencontré des électeurs qui m’ont demandé où se trouvait le bulletin « Bardella »… Vous pouvez toujours essayer de leur expliquer qu’on vote pour un homme ou une femme – ça s’appelle un député – qui, s’il est élu, votera à son tour des lois, des résolutions, des motions… Il va falloir faire plus court dans vos explications. À Béziers comme ailleurs, on veut Bardella, un point c’est tout. Le reste est accessoire. Que Macron dégage, on en rêve. Peut-être davantage encore qu’à la victoire des Bleus à l’Euro. C’est tout dire.

Vous l’avez compris, nous avons été soufflés par l’ouragan bardellien. Chez nous, 90 % des électeurs en ont ras le bol d’Emmanuel Macron. Et l’ont dit chacun à leur manière : en votant pour LFI, RN ou Emmanuelle. Et c’était à qui serait le plus radical, le plus extrémiste, le plus démago pour tout dire. L’extrême gauche a été incontestablement la meilleure dans ce concours Lépine. Battus, le RN et sa retraite à 62 ans (encore qu’on n’a pas très bien compris les explications de Jordan Bardella sur le jeune qui commence à bosser à 24 ans…) par les fans de Mélenchon. Pour eux, ce sera 60. Idem pour l’augmentation des salaires, la baisse des prix, etc. À ce jeu, Emmanuelle était battue d’avance. Elle a peu de goût pour le n’importe quoi. Ça n’a pas fait un pli. J’ai même vu une affiche placardée sur un espace de « libre expression » avec écrit « Ménard n’aime pas les pauvres ». Une énième saloperie sortie tout droit d’un cerveau Insoumis.

Nous nous sommes trompés. Emmanuelle comme moi. Réduits au rôle de fichu de paille dans la tempête. Le fond de l’air est rouge, disions-nous quand j’avais 20 ans et militais dans les rangs trotskistes (même s’il s’agissait d’un slogan mao, mais nous nous fichions pas mal du copyright). Aujourd’hui, l’horizon est à la colère. Plus personne ne trouve d’excuse à ceux qui ont occupé les premières loges depuis tant d’années. Macron est détesté. Mais il n’est pas le seul : les politiques, les juges, les journalistes sont détestés. Et ne parlons pas des partis « de gouvernement », de droite comme de gauche n’en déplaise à François Hollande plongé dans un bain de jouvence. Aux tables des cafés, on reparle de politique. On se met à rêver de « grand soir » façon nationaliste, réactionnaire, souverainiste (rayer la mention inutile).

Je comprends et partage cette envie de grand large. À condition de ne pas nous promettre une nouvelle Amérique où l’on travaillerait moins, gagnerait plus et partirait plus tôt à la retraite. C’est un mirage. Et je crains les lendemains qui déchantent. Le RN ne va pas mettre en danger la démocratie, la République et que sais-je encore. Il y a longtemps qu’il n’est plus un groupuscule d’extrême droite adepte des cagoules et des barres de fer. Les black blocs et les fous furieux de l’ultra-droite ont pris sa place. Aujourd’hui, dans les rangs lepénistes, on rêve d’être ministre, de présider un de ces hochets qui font le charme de la République, de places douillettes dans les grands organismes d’État. Bref, de se tailler une place sous les ors de la République. Et c’est bien légitime quand on a dû patienter si longtemps à la porte d’entrée. Comme un remake de mai 81. Les plus anciens s’en souviendront.

Emmanuelle a d’autres rêves. Rendre service, soutenir, écouter, aider. Des rêves de catho, sûrement. Des rêves qui font moins rêver certains qu’une Rima Hassan et son keffieh palestinien autour du cou. Moi, elle me fait cauchemarder celle-là. Comme égérie, je préfère encore la Rosa Luxembourg de ma jeunesse.

Ah oui, j’oubliais dans ce tableau – je le concède fort subjectif –, la basse vengeance de Marine Le Pen. Nous nous connaissons bien. Elle n’aime que les vassaux. Et ne nous a jamais pardonné nos critiques, même quand nous étions pourtant bien seuls à appeler à voter pour elle, malgré nos désaccords, lors des deux tours de la dernière présidentielle. Aujourd’hui, elle est courtisée. Nous ne devons pas avoir de talent pour les ronds de jambe. Et, comme son alter ego Mélenchon, elle a de la mémoire et la dent longue. Nous avons payé notre impertinence. Dire que je le regrette serait un mensonge. Ah tiens, je m’aperçois que nous avons un point commun avec Alexis Corbière, lui aussi pourchassé, mais par le menhir Insoumis. Nous sommes tous les trois des Biterrois ! Avec un putain de mauvais caractère. Des gênes cathares, peut-être…

Je suis en face d’Emmanuelle. Elle me bluffe. Ce lundi matin, elle était à nouveau devant la gare dès 6 heures. Avec nos fidèles militants – nous avons déjà une « longue marche » de dix ans à notre actif –, elle distribuait des tracts. Elle faisait semblant d’avoir oublié la défaite de la veille. À la maison, ses yeux se troublent. Elle me fait frissonner quand elle pleure. Oui, la politique est injuste. Nous le savions. C’est une autre paire de manches de le vivre.

Une dernière confidence : je l’aime.

Initiation aux interdits?

La vente du «Sniffy», cette poudre blanche énergisante à inhaler par le nez, indigne. Mais, d’autres produits équivoques sont commercialisés chez nos buralistes, et ne provoquent pas autant de commentaires. Après le tollé, l’industriel derrière «Sniffy» songe finalement à proposer une version à diluer dans un verre d’eau.


La vente en bureau de tabac de « Sniffy », poudre blanche « énergisante » à inhaler, véritable Canada Dry de la cocaïne, a suscité l’émoi de la presse et des autorités. Bien que composée de produits légaux (caféine, taurine, créatine, maltodextrine et d’autres substances en « ine »), c’est bien sûr son rituel de consommation qui alerte tout adulte responsable – l’aspiration nasale au moyen d’une paille aimablement fournie par Sniffy et tous ses amis – ça ne vous rappelle rien ? Lutter contre le tabagisme, mais consentir à cette initiation cocaïnomaniaque, à l’heure où la coke s’impose dans tous les milieux, est-ce tolérable ? À quand « Héroincola » avec un kit seringue et Coca Zéro ?

Ce n’est pourtant pas la cohérence qui étouffe l’administration française (étonnant, hein ?), car on trouve désormais chez nos buralistes des sachets d’herbe qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la « ganjah » des coffee-shops hollandais. Certes, le chanvre que recèlent ces paquets est dépourvu de THC, mais ne propose qu’aux fumeurs un ersatz riche uniquement de CBD. En termes de rituel de consommation, le cousinage avec le roulage de pétard n’en demeure pas moins évident. Alors, pourquoi pas Sniffy et sa paille ? Pour avoir une vision complète de la schizophrénie des autorités compétentes, on se souviendra de l’interdiction des… cigarettes en chocolat, dont le rituel (autant qu’il m’en souvienne) n’était guère comparable à celui de l’initiatique Gauloise sans filtre. À 10 ans, il ne me serait pas venu à l’esprit de mettre le feu au chocolat, ni de tenter de l’inhaler.

Derrière tous ces risibles errements se cache une question essentielle : la survie des bars-tabac-presse-PMU-Loto qui maillent – de moins en moins – le territoire. Tout ce qu’ils vendent se révèle mauvais pour la santé ou en voie de disparition. Jeux de hasard addictifs, alcool nocif, tabac prohibé jusque dans leur établissement, presse en chute libre. Sauver ces lieux populaires relève bien de l’intérêt général. Quitte à les transformer en dealers en chocolat, voire en banquier pour orphelins de la Poste ou interdits bancaires (« René, un demi et un RIB sans faux col »). Aux dernières nouvelles, les concepteurs de Sniffy feraient machine arrière pour éviter l’interdiction. La poudre ne serait plus à inhaler, mais à diluer dans un verre d’eau. Un peu comme le Ricard en somme. Alors, ça va.

Ah, le foot!

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Dans un moment où certaines de nos stars du ballon rond se révèlent meilleurs agents électoraux que marqueurs de buts, il n’est pas inintéressant d’établir un parallèle footballistique avec la situation politique que nous connaissons depuis le début de la semaine. On est en effet saisi de constater combien il est aisé – et surtout amusant – de débusquer des similitudes.

Le hors-jeu. Il y en eut peu lors de la demi-finale perdue contre les Espagnols. Il est vrai que, en la matière, on avait fait le plein dimanche soir au coup de sifflet final du second tour. Quelque dix millions de hors-jeux. Dix-millions d’électeurs RN et alliés, renvoyés sans ménagement dans les vestiaires, sans autre forme de procès. Dix millions à se voir immédiatement traités en hooligans pestiférés, interdits de voix au chapitre comme les autres – les vrais – le sont de stade. Hors-jeu, donc.

A lire aussi, Robert Ménard: La défaite en aimant

But contre son camp. L’équipe de France en a beaucoup bénéficié dans la première phase de cet Euro, de là à s’en faire une spécialité, on ne tranchera pas, la place étant déjà prise dans ce domaine par les joueurs petit bras du centre du terrain législatif qui, se mettant volontairement sur la touche, en ont été réduits, impuissants, bras ballants, à regarder scorer les porteurs de maillots rouges, très rouges, qu’on ne confondra pas, ceux-là, avec les tuniques rutilantes de la belle équipe d’outre Pyrénées. 

Arbitrage. Litigieux, comme toujours en fait. Y avait-il bien matière ou non à siffler avec tant d’empressement la dissolution ? Y avait-il urgence à convoquer les supporters dès à présent au jeu si risqué des urnes et à renvoyer sans plus de préparation les équipes dans le grand bain de la campagne ? Les supporters des diverses équipes n’ont pas fini d’en débattre. 

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Carton rouge. Aucun lors de cette même demi-finale de l’Euro. Mais là encore un plein tombereau dans l’entre-deux-tours. Pour trahison, pour antijeu, pour trucage de match, pour changement de maillot à la sauvette, pour compromission, pour passe décisive et délibérée à l’adversaire, pour tacle par l’arrière, etc, etc. On notera sur ce point une différence de première importance avec le football. Au foot, quand on prend un carton rouge, on se voit exclu du terrain. Dans notre affaire de politicaillerie, tout au contraire, les accumuler semble bien être le meilleur moyen de s’y maintenir. Comme quoi, tout à ses limites. Tout y compris les tentatives de rigoler de ce qui n’est pas drôle du tout.

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Shigeru Ban notre contemporain: un architecte inventeur de formes

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Un beau livre est publié consacré à l’architecte star japonais, dessinateur chez nous du Centre-Pompidou Metz (57)  et de La Seine Musicale (92)…


Si la valeur n’attend point le nombre des kilos, le poids du volume XXL lancé par la maison Taschen donne néanmoins la pleine mesure de l’architecte dont l’impressionnant table book intitulé Shigeru Ban, Complete Works 1985- Today vient à bon escient célébrer l’œuvre considérable. Trilingue, comme toujours, chez l’éditeur d’outre-Rhin, signé de l’émérite auteur-maison et grand spécialiste Philip Jodidio, l’épais album à couverture cartonnée, illustrée de superbes photos pleine page et de plans, agrémenté de données précises (superficie, emplacement, datation) et nourri d’opulentes notices, projet par projet, recense les réalisations du maître nippon, des États-Unis au Japon, de la Suisse à l’Inde ou à la Turquie : elles se comptent par centaines.  

Science-fiction

En France, Shiberu Ban est essentiellement connu aujourd’hui du public non spécialisé par le fameux Centre-Pompidou Metz, dont la construction entamée en 2004 s’est achevée en 2010, se signale à présent par cet « « étonnant toit tressé de forme hexagonale », emblème contemporain de la vieille cité lorraine. Grand admirateur du bâtiment construit par Piano et Rogers à Paris, l’architecte japonais avait même, on s’en souvient, pour mener à bien son projet, installé une agence éphémère au sommet du Centre Pompidou, « structure en tubes de carton à pièce d’assemblage en bois et câble d’acier » qui avait l’air de sortir d’un film de science-fiction. De l’extérieur, le public avait vue sur les équipes au travail dans cet espace à la beauté insolite. Une forte filiation relie d’ailleurs Shigeru Ban à cet édifice de « Beaubourg » dont on sait qu’il va fermer dès 2025, pour cinq années de transformation radicale : l’agence franco-japonaise de Nicolas Moreau et Hiroko Kusumoki qui vient de remporter à l’unanimité le concours pour cette métamorphose ont été formés, le premier chez Kengo Kuma, et le second, précisément chez Shigeru Ban.


L’autre bâtiment-phare du japonais dans l’Hexagone, c’est évidemment La Seine Musicale, édifiée sur l’île Seguin de Boulogne-Billancourt, en bordure de Paris, entre 2014 et 2017, sur l’ancien site des usines Renault, bâtiment imposant (près de 37 000 m2) inséré dans un plan directeur conçu par Jean Nouvel. Saisissant contraste entre la géométrie rectiligne des accès et la forme arrondie des salles de concert, enchâssées sous cette soucoupe de verre et d’acier aux chromatismes changeants, qui de loin s’aperçoit dans l’horizon urbain.

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On doit à Shigeru Ban quelques autres réalisations de moindre ampleur en France : le Centre d’Interprétation du Canal de Bourgogne, à Pouilly-en-Auxois (21) ; de l’habitat social à Mulhouse (68)… Mais deux arbres ne disent rien de la forêt ! Natif de Tokyo en 1957, Shigeru Ban avait voulu être charpentier, d’ailleurs.  Après avoir créé sa propre structure dans la capitale de l’archipel, il était parti étudier aux États-Unis. À distance du post-modernisme alors en vogue, il infléchit son travail à dater de la mise en scène d’une exposition Alvar Aalto, cet architecte de génie dont, à peine diplômé de la Cooper Union il venait de découvrir l’œuvre en Finlande.

Prix Pritzker 2014

Détenteur du Pritzker en 2014, le plus prestigieux des prix internationaux d’architecture, Shigeru Ban ne s’est jamais départi d’approches constructives tendant toujours à trouver des solutions essentiellement liées au contexte – d’où ses architectures de l’urgence dans lesquelles (toujours bénévolement)  il s’est impliqué à la suite de plusieurs catastrophes naturelles dans le monde :  par exemple les bâtiments scolaires, dans la province chinoise du Sichuan, imaginés à la suite du tremblement de terre du 12 mai 2008… Comme l’observe Jodidio : « son architecture n’est pas guidée par l’esthétique, mais par la résolution des problèmes. (…) Il le dit lui-même, il n’est pas un architecte qui crée des formes, mais un architecte qui trouve des formes ».

Une grande pureté de ligne ne s’en dégage pas moins, bien souvent. Il n’est que de voir cette étonnante cathédrale « provisoire » Christchurch, en Nouvelle-Zélande, faite tout simplement de tubes de carton ; ou encore l’extraordinaire Pavillon Hermès réalisé en collaboration avec Jean de Gastines, et monté en 2011 à Tokyo et à Milan ; ou le pavillon de l’IE University Business School de Madrid.

Ces architectures légères n’entrent nullement en contradiction, sur le plan visuel, avec des projets plus spectaculaires, tels le Club de golf de Skolkovo, à Moscou, avec sa façade de 72 mètres de long, en bois, qui domine le parcours ; ou cet autre « club-house » de golf implanté sur 20 000m2 à Gyeonggi, en Corée du Sud… Ou ce magnifique Musée d’art de la préfecture d’Oita, au Japon, qui abrite des collections d’art japonais et occidental : « J’ai créé une forme oblongue qui flotte sur le site et devient une extension du paysage urbain », commente l’architecte.

700 pages

Ce rapport de l’édifice à l’environnement extérieur, cette ambiguïté des limites entre le dedans et le dehors ne sont jamais mieux exploités que dans les remarquables (et parfois fort luxueuses) commandes privées : comme cette villa circulaire située dans un quartier résidentiel d’Hakatone, au Japon ; ou cet hôtel construit en longueur dans une région rizicole, au Japon, tout en légèreté, dans une alternance de bois clair, de béton et de verre…. Ou par exemple encore, deuxième projet résidentiel de Shigeru Ban à New-York (après la Metal Shutter House en 2008), cette Cast Iron House (Maison de fonte) qui, à Broadway, abrite 13 lofts en duplex implantés au sommet s’un superbe édifice classé, millésimé 1881 : appartements de grand style, dont la minéralité immaculée contraste avec le raffinement richement ornementé de l’immeuble qui en est le socle.

Ainsi que l’écrit avec justesse Philip Jodidio : « La force de Ban repose sur sa capacité à interpréter des idées, ou à rechercher l’essence de sa propre tradition culturelle, y compris dans celle qui a évolué autour de l’architecture moderne, par exemple ». À feuilleter les près de 700 pages grand format de cette monographie, recension in extenso de son travail, on découvre ce qu’est un authentique inventeur de formes – à l’infini.

Le siège de Swatch, à Bienne, en Suisse, une des plus grosses architectures en bois au monde © Tashen

Shigeru Ban, Complete Works, 1985/ Today. Par Shigeru Ban et Philip Jodidio, 696p. Format XXL, trilingue allemand, anglais, français.  

+ une Edition d’art numérotée de 1 à 2000 avec un tirage signé de l’architecte et une couverture en 3D en bois découpé au laser.

Dédicace ce 10 juillet de 18h30 à 19h30 : Boutique Tashen, 2 rue de Buci 75006 Paris.

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Dans le maelström

Les danseurs de l’Opéra de Paris survivent, vainqueurs, à la puissance superbe et chaotique du « Blaubart » de Pina Bausch. À voir jusqu’au 14 juillet.


C’était il y a deux ans : «Kontakthof», l’une des œuvres majeures de Pina Bausch, entrait au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris.

Conduite avec autant de savoir-faire que d’intelligence par l’une des danseuses emblématiques du Tanztheater de Wuppertal, Josephine Ann Endicott, cette passation avait débouché sur quelque chose d’époustouflant. Et à quoi on n’aurait peut-être jamais cru si on ne l’avait vu. On retrouvait chez les danseurs de l’Opéra, atténuées certes, la conviction, la théâtralité, la force intérieure qui avaient porté les artistes du Tanztheater à l’époque de la création de « Kontakthof ». Chez les femmes surtout, entrées dans l’univers de Pina Bausch avec une souplesse d’esprit et une sensibilité inimaginables, quelques lustres auparavant, au sein d’une compagnie de ballet classique.

On pourrait en dire autant de « Blaubart », quatrième ouvrage de la chorégraphe allemande à figurer désormais au répertoire du Ballet de l’Opéra après « Le Sacre du printemps », « Orphée » et « Kontakthof ». Mais ici, la pièce est moins puissante et, partant, l’engagement des danseurs en est peut-être moins spectaculaire.

Des scènes à couper le souffle

Parce que l’ouvrage offre des scènes d’une beauté à couper le souffle, « Blaubart » était resté dans les mémoires comme une pièce majeure de Pina Bausch. Sa reprise au Théâtre du Châtelet avec le Tanztheater de Wuppertal, il y a deux ans également, avait fait l’effet d’une douche froide. Ce qu’on avait vu naguère comme une œuvre puissante avait fort mal vieilli et on en découvrait les faiblesses quand les scènes les plus fascinantes n’avaient plus la force et la beauté de l’inédit. On redécouvrait aussi que les fragments du livret écrit pour Béla Bartók par le poète Béla Balàzs étaient chantés en allemand au détriment de la poésie de la langue hongroise, ce qui en affaiblissait le climat. En fait, aussi sacrilège que l’idée puisse paraître, « Blaubart » mériterait d’être abrégé. Une démarche tout à fait impensable aujourd’hui, et c’est d’ailleurs heureux, puisque la mort de Pina Bausch est encore trop récente pour qu’on se permette une telle transgression. On y viendra peut-être beaucoup plus tard : la pièce, trop étirée, inutilement répétitive, s’en trouverait sans doute renforcée. Cette audace un peu barbare signifierait que « Blaubart » serait définitivement entrée dans le répertoire chorégraphique universel et qu’on pourrait alors oser de tels ajustements sans avoir le sentiment de trahir.

L’impitoyable domination masculine

Si l’œuvre se révèle quelque peu décevante, malgré l’incisif propos de Pina Bausch qui souligne avec force, et non sans humour aussi, la pesante, l’impitoyable domination masculine exercée sur les femmes, son interprétation par les artistes de l’Opéra, les danseuses surtout, n’en est pas moins remarquable.  

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Là encore, c’est une interprète historique de Pina Bausch, Béatrice Libonati, qui a dirigé les répétitions de « Blaubart » et choisi en amont les danseurs. Avec la même intelligence et la même exigence que Josephine Ann Endicott pour «Kontakthof », elle a fait des miracles en sachant diriger les artistes de l’Opéra avec assez de doigté pour en obtenir le meilleur. Certes, les exécutants d’aujourd’hui sont fondamentalement différents de ceux de jadis et il serait aussi vain que stupide d’espérer qu’ils soient des répliques parfaites de ceux de Pina Bausch, ayant œuvré en d’autres temps et dans un tout autre contexte artistique, politique et social. Mais ils se sont engagés dans cette tâche aussi noble que redoutable avec une ardeur, une foi, un désir apparent de servir « Blaubart » qui disent bien l’intérêt qu’ils y portent. Et le résultat est remarquable. Dans les créations de la chorégraphe allemande, ce sont les femmes qui la plupart du temps sont les plus flamboyantes. C’est tout aussi évident avec les danseuses de l’Opéra. Elles sont dix, Ida Viikinkoska, Laure-Adélaïde Boucaud, Camille de Bellefon, Laurence Lévy, Adèle Belem, Lilian Di Piazza, Eugénie Drion, Marion Gautier de Charnacé, Alycia Hiddinga, Amélie Joannides, et toutes franchement dignes d’admiration, tant pour la puissance physique qu’elles déploient dans une chorégraphie tyrannique, épuisante et chaotique, que pour la beauté de leurs visages, devenus des masques de tragédiennes. Pour les danseurs, la partie est plus ingrate. Ils demeurent quelque peu en retrait. Cela n’empêche pas des Milo Avêque ou des Julien Guillemard d’imposer leur aura.

Un courage sans faille

Tout en s’engageant avec un courage sans faille dans le rôle si périlleux de Judith, Koharu Yamamoto est sans doute trop jeune pour l’incarner pleinement. Et son visage de poupée est fâcheusement inexpressif. Dans le personnage de Barbe-Bleue, Alexandre Boccara, quant à lui, paraît un peu transparent au début de l’ouvrage. Mais on comprend vite pourquoi ce très jeune homme, qui n’est encore que sujet au sein du Ballet, a été lui aussi élu pour assumer ce rôle magistral. Au fil de l’ouvrage, il dévoile une personnalité remarquable et l’on devine bientôt que le bel interprète qu’il est aujourd’hui a beaucoup pour être magnifique demain.


« Blaubart », chorégraphie de Pina Bausch exécutée sur un enregistrement du « Château de Barbe-Bleue » de Béla Bartók. Jusqu’au 14 juillet 2024. Opéra de Paris-Garnier : 08 92 89 90 90 ou operadeparis.fr

Tour: des jours avec et des « jours sans »

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Le Tour de France était de retour mardi 9 juillet, après une pause lundi.


Si, après une semaine éprouvante, les coureurs du Tour aspirent naturellement à une journée de pause, ils l’appréhendent aussi. Ils craignent surtout de connaître le lendemain « le jour sans », comme cela est arrivé à certains d’entre eux et pas des moindres. C’est « un jour sans », post journée de repos, en 1975, qui priva en effet le grand Eddy Merckx, d’une 6ᵉ victoire et mit fin à son règne. À 6 km de l’arrivée du Pra-Loup, alors qu’il était en tête et devait remporter l’étape et consacrer son insolente domination sur ces rivaux, il fut victime, lui, dit le Cannibale tant il était affamé de victoires, d’une foudroyante fringale qui le cloua sur place. Son rival Bernard Thévenet qui avait été lâché dans la 3ᵉ difficulté de l’étape, le col d’Allos, le rattrapa, lui prit deux minutes et le déposséda définitivement de son ultime maillot jaune. Il dut se résigner à se contenter de cinq victoires1.

Quand la journée de repos est fatale

En 2015, dans une étape qui se concluait aussi sur le Pra-Loup, l’Américain Tejay Van Garderen, connut une identique cruelle mésaventure « d’un jour sans ». Troisième au général, il avait toutes les chances de décrocher la place de second derrière l’intouchable Chris Froome, l’unique quadruple vainqueur du Tour. L’étape comptait cinq cols. Dans le 3ᵉ, un magistral coup de pompe s’abat sur lui. Il met pied à terre. Il ne peut pas repartir. Ses jambes l’ont trahi, ne lui laissant d’autre choix que celui d’abandonner.

À lire aussi : Tour: Girmay-les-Deux-Victoires ou la Flèche noire

En 2010, l’Australien Cadel Evans a connu le même déboire. La veille du repos, il s’était emparé du Jaune à Morzine-Avoriaz et pouvait envisager de l’emmener jusqu’à Paris. Mais à l’étape de reprise, il y avait le col de La Madeleine. Sur ses pentes, l’équipe Astana place une imparable accélération qui laisse Evans sur place. Ses « jambes étaient en laine »2. Le repos l’avait vidé de son jus. À l’arrivée, son retard est tel qu’il est éjecté du top 10.

En 2000, le patenté dopé et septuple vainqueur du Tour déchu, Lance Armstrong, dans le col de la Morzine, a, lui aussi, connu le fatidique « jour sans ». Il était sûrement chargé à bloc, avait comme de coutume « allumé la chaudière »2. Comme quoi « saler la soupe »2 avec des amphétamines ou de l’EPO, n’est pas l’antidote à « se retrouver dans la Pampa »2.

Gueule de bois et dopage au champ’

Le plus rocambolesque « jour sans » revient sans conteste à Jacques Anquetil, maître Jacques, le premier quintuple vainqueur de la grande boucle. C’était jour de repos, à Andorre. Le lendemain, le 6 juillet 1964, l’étape conduisait les coureurs à Toulouse par le col d’Envalira. Pour Anquetil, un jour de repos devait être un jour de relâche, foin du moindre entraînement. Radio-Andorre (aujourd’hui Sud Radio) organise un méchoui, très à la mode dans ces années-là, coutume importée par les Pieds-Noirs qui avait fui l’Algérie après son indépendance. Tous les coureurs y sont invités. Seul Anquetil honore l’invitation avec son directeur sportif Raphaël Geminiani, dit « Grand fusil », qui est décédé le 5 juillet dernier à 99 ans. Preuve que le vélo conserve son homme. Ses deux principaux rivaux, Raymond Poulidor et Federico Bahamontes, préfèrent rester dans leur chambre d’hôtel vu que l’étape qui les attend risque d’être cruciale.

Donc pendant ces agapes, Anquetil s’empiffre de mouton et écluse à discrétion les verres de sangria qu’il puisse dans une baignoire faisant office de bar. Quand il regagne son hôtel, le sybarite Anquetil est à la ramasse. Quand il s’aligne au départ le matin qui suit, il n’en peut mais… la rumeur avait couru: il avait une gueule de bois carabinée… Le départ donné, les attaques fusent tous azimuts. Anquetil résiste mais arrive le col fatidique, le juge de paix, et dès les premières pentes, il décroche. Au sommet, il accuse quatre minutes de retard. Alors qu’il est second au général, devancé par son rival de toujours, l’humble éternel second Raymond Poulidor, le flamboyant Maître Jacques peut déjà faire son deuil de la perspective d’une cinquième victoire. C’est alors que Geminiani lui passe un bidon de champagne. Anquetil en est très friand. Miracle, il fait la descente à tombeau ouvert, à l’aveugle, fendant un épais brouillard. Il revient sur ses rivaux qui n’en reviennent pas de son retour. Les exégètes de la pédale imputent cet exploit aux bulles du pétillant champenois. En vérité, on ne peut qu’être sceptique. Aux bulles avait été très certainement additionnée quelques substances dont la vertu première était de rendre intrépide celui qui en consommait. Le comble, c’est qu’une voyante peu clairvoyante lui avait prédit une chute mortelle dans cette descente. Et ce fut aussi un jour de poisse pour le sage Poupou. À quelques kilomètres de l’arrivée, il crève et personne n’a l’élégance de l’attendre. Et ainsi, lui, perdit le seul Tour qu’il était en fait en mesure de gagner et Anquetil gagna son cinquième alors qu’il s’annonçait fatalement perdu.

Fini de blaguer

C’est pour cela qu’aujourd’hui le jour de repos n’est pas un jour aussi de repos que ça. C’est une journée austère, pas question de se relâcher, pas la moindre facétie. Le matin les leaders sacrifient aux contraintes médiatiques, les équipiers se soignent, puis sortie à vélo afin de garder le tonus musculaire. Le vrai repos se résume à une sieste l’après-midi… et au réveil, le coureur a déjà la tête dans l’étape du lendemain avec l’appréhension d’avoir « le jour sans ».

À lire aussi : Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez les Bleus?

Aucun n’a connu mardi dans la morne étape qui a conduit le peloton d’Orléans à Saint-Amand-Montrond (187,3 km) cette amère déconvenue. Sauf peut-être Cavendish: à 10 km de la ligne, son équipe lui avait préparé un solide train. Il n’avait pas caché son intention de gagner et d’inscrire ainsi à son palmarès une 36ᵉ victoire d’étape. Mais à moins de 3 km de l’arrivée, il s’est éclipsé curieusement des avant-postes et ne s’est même pas classé dans le top 10… peut-être parce que c’était son « jour sans » à lui…  Dommage, car c’est à Saint-Amand-Montrond (18), alors qu’il était encore novice sur le Tour, qu’il avait remporté une de ses toutes premières 35 victoires d’étape, un record absolu qui est peu probable d’être battu un jour.

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  1. Ils sont quatre à avoir remporté cinq Tours : Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain ; un quatre : Froome ; trois à avoir gagné trois fois : Lemond, Bobet, Thys. ↩︎
  2. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  3. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  4. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  5. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎

Meurice me va comme un gland!

Je l’avoue, ça me faisait mal aux seins de payer le salaire de Guillaume Meurice. Mais demander des têtes, ce n’est décidément pas mon truc.


Je sais, ça énerve mes amis. Ils voudraient que j’applaudisse au licenciement de Guillaume Meurice. Je n’y arrive pas. J’ai les meutes en horreur, même quand je suis d’accord avec elles. Même quand elles ont raison.

Je déteste l’humour de Guillaume Meurice. Il m’est arrivé de rire en l’écoutant, je n’en suis pas fière. Comme le dit Philippe Val, ce rire est un rire grégaire, un rire de connivence, d’entre-soi. Il n’oblige pas à un pas de côté, il ne provoque pas une petite bagarre intérieure, il permet de jouer au résistant en crachant sur le nazi du moment – au choix, les adversaires de l’avortement, les électeurs de Zemmour, les riches, les ploucs qui roulent au diesel ou votre servante. Je n’ai jamais entendu Meurice prendre le risque de chatouiller son public en attaquant ses vaches sacrées. Féministes, djihadistes, militants LGBT, artistes engagés et wokes décérébrés, il y a pourtant l’embarras du choix, en plus, il suffit de les citer. Il a eu mille occasions de se fendre la poire sur Mélenchon. Il aurait pu se gondoler sur les salopards du 7 octobre et leur QI de singe (désolée, mais un type qui appelle ses parents pour hurler qu’il a tué dix juifs, a un QI de singe et je suis sympa). Mais non, Meurice préfère courageusement cogner sur les électeurs du RN, qui sont méchants et racistes, les journalistes de CNews, qui sont méchants et racistes, et Benyamin Nétanyahou, qui est aussi méchant et raciste puisque tout le monde le dit.

A lire aussi, Didier Desrimais: Du pluralisme dans les médias? Oui, mais pas n’importe comment…

Je ne sais pas si Meurice est antisémite et je m’en fous. J’ai tendance à croire que sa blague sur le « nazi sans prépuce » n’a fait marrer que ceux qui l’étaient déjà. Peu importe le prépuce, c’est la nazification des Israéliens, surtout au moment où ils viennent de subir un pogrome, qui est insupportable.

Puisque le crime est constitué, on se demandera pourquoi je n’approuve pas le châtiment. D’abord, l’indignation ne suffit pas. Aucune instance ne peut affirmer avec certitude que le crime est constitué. Certes, Meurice pourrait être condamné devant la dix-septième chambre – ce dont je doute. Veut-on vraiment que des juges décident si une plaisanterie est cachère ou pas ? Faudra-t-il créer une police de l’humour qui ira chercher les contrevenants au petit matin ? Je ne veux pas vivre dans un monde où les blagues limites (mes préférées) sont proscrites. Le mauvais goût est un droit de l’homme. Et puis, les juifs ont d’autres problèmes que des mauvaises blagues. On ne devient pas plus antisémite en écoutant Meurice que « facho » en regardant CNews. Enfin, je ne vois pas l’utilité de créer un martyr, même s’il s’est démené pour allumer le bûcher en adressant un grand bras d’honneur à sa direction – laquelle, exceptionnellement, a réagi avec fermeté. Pour tous les gogos qui le prennent pour Voltaire qu’on assassine, ce limogeage est la preuve que les juifs ont le bras long.

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Il est vrai que c’est (c’était) l’argent des contribuables. Je l’avoue, ça me faisait mal aux seins de payer son salaire. Mais demander des têtes, ce n’est décidément pas mon truc. Je n’ai pas non plus envie que Charline se retrouve au chômage. J’aurais préféré que France Inter, touchée par la grâce du pluralisme, adjoigne à Meurice un coloc vaguement dissident – et drôle tant qu’à faire. Pas un facho, ni même un vrai type de droite mais tiens, me disais-je, pourquoi pas Blanche Gardin. Une fille qui ose blasphémer MeToo, c’est qu’elle en a, non ? Eh bien, je ne sais pas ce qu’elle doit se faire pardonner, mais maintenant elle coche toutes les cases. Une vraie born-again. Participant à une soirée Voices for Gaza – so radical-chic ! –, elle a joué un sketch sur une réunion d’Antisémites Anonymes: – « Bonjour, je m’appelle Blanche et je suis antisémite. » « Ne t’inquiète pas, lui répond un comparse, ici tu es dans une “sale place”, personne ne te jugera car nous sommes tous antisémites. » Au second degré c’est marrant, au quatrième, c’est puant. La suite est un festival. Au comparse qui lui conseille de remonter sur scène, elle répond : « Ce serait trop de pression, il faudrait que j’aille chercher un Molière et je ne peux pas, il faudrait que je sois islamophobe, comme Sophia Aram. Mais je peux pas être islamophobe, parce que je suis antisémite. L’un exclut l’autre en fait. Si tu es islamophobe, ça te protège contre l’antisémitisme, c’est comme l’herpès. Si tu l’as à la bouche, tu peux pas l’avoir au cul. » Vous voulez le sous-texte ? Primo : pour réussir dans le showbiz, il faut être bien avec les juifs, donc islamophobe. Deuxio : l’antisémitisme est une invention destinée à faire oublier l’islamophobie et les crimes israéliens. Grosse fatigue.

Finalement, Gardin ne fera pas l’affaire. Je ne me vois pas défendre son droit de dire des saloperies. J’ai mes limites. Et mes doutes. Certains jours, je me dis que cette obstination à défendre la liberté d’expression de ceux qui ne pensent pas comme moi (et parfois ne pensent pas du tout) est absurde. Aujourd’hui, par exemple. Après le sketch de Gardin, je ne suis pas d’humeur voltairienne. Pour me calmer, je vais aller manifester en soutien à Sophia Aram. Je suis sûre que je retrouverai Guillaume Meurice et toute la bande de Charline. Et en attendant, chère Sophia, bienvenue chez les méchants. Tu verras, on y rigole beaucoup plus que chez les dames patronnesses de France Inter.

PS. Notre cher Jonathan Siksou vient de recevoir un très mérité Grand prix de l’Académie française pour Vivre en ville (Le Cerf, 2023). Bravo à lui ! Si vous l’avez raté à sa sortie, c’est l’occasion de vous jeter sur ce délicieux texte.

Vivre en ville

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Causeur: En première ligne dans la guerre des idées, Notre jeunesse

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Découvrez le sommaire de notre numéro d’été


Notre une raconte l’histoire d’un casse médiatique, celui d’une nouvelle génération de journalistes – jeunes, intellos, drôles et courageux – qui n’hésite pas à monter au front pour défendre la liberté́ de pensée. Présentés par Elisabeth Lévy, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas, Alexandre Devecchio, Gauthier Le Bret, Geoffroy Lejeune et Arthur de Watrigant représentent toutes les nuances de la droite culturelle. Et donnent un sacré coup de vieux à Plenel, Aphatie et autres curés francintériens. Les six personnages qui figurent sur notre une ne sont pas une bande de copains, même s’il y a parmi eux des paires d’amis, mais plutôt des compagnons de route devenus frères d’armes dans les combats partagés. À la tête du Figaro Vox, Alexandre Devecchio anime les pages Idées les plus pluralistes et les plus lues de la presse française. Avec une telle franchise – et un tel pouvoir–, pas étonnant qu’il soit respecté à droite comme à gauche. Se confiant à notre directrice de la rédaction, cet homme de convictions sans fausse pudeur donne la clé de son approche : « Je me bats pour des idées, pas pour un parti. L’important, c’est le pluralisme ».

Notre numéro de l’été est disponible aujourd’hui dans le kiosque numérique et demain chez votre marchand de journaux !

Face aux victoires électorales à répétition du RN, les élites parisiennes ont mis en place un « quoi qu’il en coûte » politique doublé d’un confinement des doléances françaises. Tout sauf Bardella ! Nous venons de voir que, à coups d’âneries antifascistes et de chantage aux heures les plus sombres, l’alliance improbable du camp du Bien (la gauche) et du Cercle de la raison (la Macronie) a réussi. Les grands perdants de cette croisade « antifasciste », ce sont les Français qui habitent en dehors des grandes métropoles, autrement dit la France de CNews. Notre dossier de l’été part à l’exploration de ces territoires. Première grande étape, Orléans, où Gil Mihaely et Jean-Baptiste Roques ont mené l’enquête. Conjuguant avec un certain bonheur la foi dans l’économie, le respect de l’autorité et le sens de l’action sociale, cette ville voit monter le vote RN inexorablement. Malgré la politique du maire, aux effets positifs incontestables, le sentiment de dépossession gagne de plus en plus la population. Ensuite, Cachan, et les abords de la RN20, dans le Val-de-Marne, qui pour Driss Ghali préfigurent la France de demain : un pays cloisonné en communautés inintégrées où, face à la « diversité », les Blancs vivent retranchés. Sur les décombres de l’assimilation ne prospère qu’un seul modèle, la société de consommation. Pierre Vermeren analyse notre nouvelle géographie électorale. Face à des zones urbaines hors-sol de plus en plus rouges et de rares bastions bourgeois où l’on vote encore comme il y a vingt ans, le RN est désormais ancré dans 93% des communes françaises.

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Céline Pina a recueilli les propos de Philippe Guibert. Pour l’ex-directeur du Service d’information du gouvernement sous François Hollande, le PS commet une erreur gravissime en se laissant dominer par LFI. Construire une gauche « de gouvernement » à l’ombre de Jean-Luc Mélenchon, un tel projet ne relève-t-il pas de l’utopie ? C’est la conclusion de Céline Pina pour qui trop de divergences séparent LFI des classiques socialistes et communistes. Qu’en est-il de l’économie ? Selon l’analyse de Stéphane Germain, les trois blocs qui se partagent la vie politique partagent aussi une vision folle de l’économie : l’argent public ne coûte rien ! Au-delà̀ de leurs nuances, tous veulent continuer de biberonner les Français à la dépense publique. La cure d’austérité́ qui vient s’annonce douloureuse. Qui devra s’y coller ? Et le travail dans tout cela ? La valeur-travail était un concept central chez Marx, nous rappelle Frédéric Magellan. Mais elle a quasiment disparu du logiciel du Nouveau Front Populaire qui lui préfère les allocs et la hausse du SMIC. N’oublions jamais le côté humain des choses. Robert Ménard nous rappelle que la politique est très souvent cruelle et injuste. Et une élection est rarement une prime au mérite. Emmanuelle Ménard en a fait la triste expérience en s’étant représentée à Béziers. Elle qui a prouvé qu’un député pouvait servir, soutenir et écouter. Son époux témoigne de sa douleur et de son admiration. Enfin, puisque pour les puristes de l’extrême-gauche, nous autres sommes tous des fascistes, Il vaut mieux savoir à quel courant on appartient. Le test de Céline Pina, « Quel fasciste êtes-vous ? », vous permettra enfin de le savoir.

Dans son édito de l’été, Elisabeth Lévy se trouve, de manière peut-être contre-intuitive, à défendre Guillaume Meurice, licencié pour la désormais célèbre blague sur le prépuce. Bien que détestant l’humour francintérien qui ne prend jamais le risque d’attaquer ses propres vaches sacrées, notre directrice de la rédaction n’approuve pas l’idée de punir les satiristes. « Veut-on vraiment que des juges décident si une plaisanterie est cachère ou pas ? Faudra-t-il créer une police de l’humour qui ira chercher les contrevenants au petit matin ? Je ne veux pas vivre dans un monde où les blagues limites (mes préférées) sont proscrites ».

Côté MeToo, la parole des hommes se libère – enfin ! Le réalisateur Yohan Manca était en pleine ascension. Une dispute violente avec sa compagne Judith Chemla a déclenché la terreur MeToo et brisé sa carrière. Depuis, alors qu’il a purgé sa peine, l’actrice multiplie les accusations les plus folles avec la bénédiction des médias. Face à cet acharnement, il sort de son silence, en se confiant à Causeur. La cuvée 2024 du Bac est aussi navrante que les précédentes, nous annonce Corinne Berger. Et les copies des épreuves de français confirment une situation alarmante : les jeunes Français ne maîtrisent pas notre langue. Une ignorance couverte par le ministère de l’Éducation qui pipeaute les moyennes générales.

Nos pages culture s’ouvrent au doux rythme de la mer. Sauf que ce n’est pas toujours très doux. La culpabilisation a débarqué́ sur nos côtes, nous apprend Georgia Ray. La mer est désormais considérée comme une victime et l’homme lui doit réparation. Condamnés à l’éco-rédemption, nous sommes « tous éboueurs » et « tous migrants ». Opposons à cette propagande les profondeurs de l’art et les finesses de la littérature. Souvenez-vous : la statue de Voltaire avait été enlevée de son socle du square Honoré-Champion. Jonathan Siksou (qui vient de recevoir un très mérité Grand prix de l’Académie française pour son livre, Vivre en ville, Le Cerf, 2023) nous annonce son retour après deux ans de bataille.

Yannis Ezziadi nous raconte une autre disparition mais qui s’est moins bien terminée. Cette année, l’affiche de la féria de Béziers a créé la polémique avec un dessin signé Jean Moulin. Le héros de la Résistance était un aficionado ! Cela a fait hurler les anticorrida… Julien San Frax se penche sur le cas de Leni Riefenstahl, qui a mis son talent au service du nazisme, ce qui a occulté son génie aux yeux de la postérité. Emmanuel Domont a rencontré Patrick Eudeline, cet esthète d’un autre temps qui cultive comme personne la réac n’roll attitude. Dans notre série « La boîte du bouquiniste », Paul Rafin nous fait découvrir Cléopâtre de la romancière Jean Bertheroy, une évocation flaubertienne de l’antiquité sortie en 1891. Dominique Labarrière a lu le dernier roman de Jean-Paul Brighelli, Soleil noir, un vrairoman de cape et d’épée qui offre une vision impitoyable de la France de Louis XIV.

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Les carnets d’Ivan Rioufol évoquent le drame que nous vivons actuellement en France. Seul un insensé peut jouer à la roulette belge (toutes les balles dans le barillet) en croyant pouvoir gagner. Un chef d’État si peu perméable à l’assaut du réel et aux attentes de son peuple est un homme clos qui ne se fie qu’à lui-même et à ses cireurs de bottes. Emmanuel Macron est ce narcisse esseulé. Enfin, Gilles-William Goldnadel nous livre son petit lexique du wokisme, de « Antisémitisme » à « Transports publics ».

Comme chaque été, les films nouveaux et de qualité se font plutôt rares dans les salles. Jean Chauvet nous conseille de nous tourner vers le patrimoine qui est là… bien vivant ! Emmanuel Tresmontant nous présente un breuvage millénaire qui a trouvé́ en France une terre d’élection. Blonde, blanche, brune, ambrée… la bière se décline à l’envi et séduit de plus en plus d’amateurs, des campings aux restos étoilés. Quelques conseils avisés pour siroter, cet été, une pinte à votre goût. Entre les Jeux olympiques et les soubresauts politiques, nous pourrons y trouver une des meilleures formes de consolation.

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La dernière pépite du Conseil supérieur de la Magistrature

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Estimant que leur pouvoir est sans cesse contesté, les juges interpellent les politiques dans le rapport annuel du Conseil supérieur de la Magistrature... DR.

Le Conseil supérieur de la Magistrature publie son rapport annuel1. Selon cette institution, ce qui menace l’État de droit, ce n’est pas que des multidélinquants ne soient pas sanctionnés, c’est qu’on critique les juges…


Merci à Jean-Baptiste Roques, directeur adjoint de la rédaction, pour cette pépite ! Le Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), l’autorité disciplinaire des magistrats se prononçant notamment sur les nominations, s’inquiète pour l’État de droit. Pourquoi ? Parce que la justice est abondamment critiquée ! « L’autorité des décisions et même la légitimité des juridictions nationales et européennes est contestée », écrit-il. Et ces attaques répétées trouvent « un large écho dans l’opinion publique », s’inquiète-t-il.

L’État de droit en péril ?

Donc, ce qui met en péril l’État de droit, ce n’est pas que dans certains quartiers, le droit d’aller et venir n’existe pas, ni que des multidélinquants s’en sortent avec une tape sur les mains, ni que des gens sous OQTF se baladent en liberté dans le pays, ni que les forces de l’ordre soient quotidiennement agressées, ni les milliers de refus d’obtempérer. Et évidemment pas les prises de position délirantes du Syndicat de la Magistrature (dont je n’aimerais pas être jugée par un de ses adhérents) ! Non : le grand danger, c’est que certains citoyens s’aventurent à critiquer la justice…

A lire aussi, du même auteur: Meurice me va comme un gland!

Mais si on dénie sa légitimité à la justice, il n’y a plus de contrat social, me dira-t-on. Oui, mais seule la légitimité des juridictions européennes est contestée en réalité, et à raison. Notamment celle de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Certes, cette dernière tient sa compétence de traités ratifiés par le parlement français. Mais, cette compétence a fait l’objet d’une évolution idéologique, et de l’extension permanente du droit des individus contre celui des États. On se souvient par exemple que la CEDH a sommé la France de reprendre un terroriste tchétchène dangereux – ce qu’elle n’a pas fait, d’ailleurs. Autre décision qui a fait moins de bruit, concernant MeToo, la CEDH estimait qu’on ne doit pas demander aux femmes de prouver leurs accusations. Et dès lors qu’il n’existe pas de peuple européen au nom duquel elle pourrait juger, je trouve légitime de contester sa légitimité. En revanche, la justice française rendue au nom du peuple français, personne ne conteste sa légitimité. On doit se soumettre à ses décisions, quoiqu’on en pense – mais on a le droit de penser !

Marges d’interprétation

Personne ne dit qu’on doit désobéir à la justice. Ça n’interdit nullement de la critiquer et d’observer qu’elle ne remplit pas sa mission de protection de la société. On dit que le juge est la bouche de la loi. Mais, les juges interprètent la loi. Ils décident ce qu’elle dit. Et beaucoup n’aiment pas sanctionner.
Pour le CSM, si j’ai bien compris, les juges devraient donc être la seule corporation qui ne souffre pas la critique (avec les journalistes, bien sûr !).
Pour cela, il invoque l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ». Sauf que, selon l’article 11 de la même Déclaration, « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ». Dans la Déclaration des droits de l’Homme, rappelons-le, la liberté d’expression a une dignité particulière. Autrement dit, critiquer les juges est un droit de l’homme. Et parfois un devoir.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

  1. https://www.causeur.fr/wp-content/uploads/2024/07/rapport-csm.pdf ↩︎

Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux

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Les députés d'extrême gauche Sophia Chikirou et Adrien Quatennens, Assemblée nationale, 14 mars 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Adrien Quatennens (LFI) proposait hier de marcher sur Matignon, mais pour la macronie et tout le petit monde politico-médiatique (hors RN), les Insoumis demeurent plus fréquentables que Marine Le Pen. Nos élites sont à la ramasse.


La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du système qui s’effondre. Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-il donc que cela ? 

À relire: Au RN : caramba encore raté

Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’État, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella. Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme Premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.

Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ». Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontrer Le Pen, c’est refuser la démocratie.

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La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.

Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc.

Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.

La défaite en aimant

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Emmanuelle Ménard, députée sortante de l’Hérault, en campagne pour les élections législatives, à Béziers, 12 juin 2024 © Alain ROBERT/SIPA

La politique est cruelle. Et une élection est rarement une prime au mérite. Emmanuelle Ménard en a fait l’expérience. Elle a prouvé qu’un député pouvait servir, soutenir, écouter, travailler et être battu. Son époux lui rend hommage.


Je voudrais vous parler… de ma femme. Je sais, un journal n’est pas fait pour ça. Mais, avec tout ce que nous vivons en ce moment, tout est chamboulé. Alors pourquoi pas ? Mon amie Élisabeth Lévy n’a pas dit non. Vous pourrez toujours lui écrire si vous n’êtes pas contents.

Emmanuelle était députée. À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes dans l’entre-deux-tours et dimanche dernier, cela ne s’est pas passé comme nous l’espérions. Le candidat du Rassemblement national l’a nettement devancée. Nous ne nous y attendions pas. Et, bien sûr, nous sommes déçus. Rien d’étonnant. Rien d’original. C’est la règle du jeu, me direz-vous. Et vous aurez raison.

La politique est cruelle. Elle est injuste. Emmanuelle vient de l’apprendre à ses dépens. Face à la déferlante lepéniste, le travail accompli, la présence dans l’Hémicycle, l’écoute portée à chacun ont pesé des clopinettes. J’ai rencontré des électeurs qui m’ont demandé où se trouvait le bulletin « Bardella »… Vous pouvez toujours essayer de leur expliquer qu’on vote pour un homme ou une femme – ça s’appelle un député – qui, s’il est élu, votera à son tour des lois, des résolutions, des motions… Il va falloir faire plus court dans vos explications. À Béziers comme ailleurs, on veut Bardella, un point c’est tout. Le reste est accessoire. Que Macron dégage, on en rêve. Peut-être davantage encore qu’à la victoire des Bleus à l’Euro. C’est tout dire.

Vous l’avez compris, nous avons été soufflés par l’ouragan bardellien. Chez nous, 90 % des électeurs en ont ras le bol d’Emmanuel Macron. Et l’ont dit chacun à leur manière : en votant pour LFI, RN ou Emmanuelle. Et c’était à qui serait le plus radical, le plus extrémiste, le plus démago pour tout dire. L’extrême gauche a été incontestablement la meilleure dans ce concours Lépine. Battus, le RN et sa retraite à 62 ans (encore qu’on n’a pas très bien compris les explications de Jordan Bardella sur le jeune qui commence à bosser à 24 ans…) par les fans de Mélenchon. Pour eux, ce sera 60. Idem pour l’augmentation des salaires, la baisse des prix, etc. À ce jeu, Emmanuelle était battue d’avance. Elle a peu de goût pour le n’importe quoi. Ça n’a pas fait un pli. J’ai même vu une affiche placardée sur un espace de « libre expression » avec écrit « Ménard n’aime pas les pauvres ». Une énième saloperie sortie tout droit d’un cerveau Insoumis.

Nous nous sommes trompés. Emmanuelle comme moi. Réduits au rôle de fichu de paille dans la tempête. Le fond de l’air est rouge, disions-nous quand j’avais 20 ans et militais dans les rangs trotskistes (même s’il s’agissait d’un slogan mao, mais nous nous fichions pas mal du copyright). Aujourd’hui, l’horizon est à la colère. Plus personne ne trouve d’excuse à ceux qui ont occupé les premières loges depuis tant d’années. Macron est détesté. Mais il n’est pas le seul : les politiques, les juges, les journalistes sont détestés. Et ne parlons pas des partis « de gouvernement », de droite comme de gauche n’en déplaise à François Hollande plongé dans un bain de jouvence. Aux tables des cafés, on reparle de politique. On se met à rêver de « grand soir » façon nationaliste, réactionnaire, souverainiste (rayer la mention inutile).

Je comprends et partage cette envie de grand large. À condition de ne pas nous promettre une nouvelle Amérique où l’on travaillerait moins, gagnerait plus et partirait plus tôt à la retraite. C’est un mirage. Et je crains les lendemains qui déchantent. Le RN ne va pas mettre en danger la démocratie, la République et que sais-je encore. Il y a longtemps qu’il n’est plus un groupuscule d’extrême droite adepte des cagoules et des barres de fer. Les black blocs et les fous furieux de l’ultra-droite ont pris sa place. Aujourd’hui, dans les rangs lepénistes, on rêve d’être ministre, de présider un de ces hochets qui font le charme de la République, de places douillettes dans les grands organismes d’État. Bref, de se tailler une place sous les ors de la République. Et c’est bien légitime quand on a dû patienter si longtemps à la porte d’entrée. Comme un remake de mai 81. Les plus anciens s’en souviendront.

Emmanuelle a d’autres rêves. Rendre service, soutenir, écouter, aider. Des rêves de catho, sûrement. Des rêves qui font moins rêver certains qu’une Rima Hassan et son keffieh palestinien autour du cou. Moi, elle me fait cauchemarder celle-là. Comme égérie, je préfère encore la Rosa Luxembourg de ma jeunesse.

Ah oui, j’oubliais dans ce tableau – je le concède fort subjectif –, la basse vengeance de Marine Le Pen. Nous nous connaissons bien. Elle n’aime que les vassaux. Et ne nous a jamais pardonné nos critiques, même quand nous étions pourtant bien seuls à appeler à voter pour elle, malgré nos désaccords, lors des deux tours de la dernière présidentielle. Aujourd’hui, elle est courtisée. Nous ne devons pas avoir de talent pour les ronds de jambe. Et, comme son alter ego Mélenchon, elle a de la mémoire et la dent longue. Nous avons payé notre impertinence. Dire que je le regrette serait un mensonge. Ah tiens, je m’aperçois que nous avons un point commun avec Alexis Corbière, lui aussi pourchassé, mais par le menhir Insoumis. Nous sommes tous les trois des Biterrois ! Avec un putain de mauvais caractère. Des gênes cathares, peut-être…

Je suis en face d’Emmanuelle. Elle me bluffe. Ce lundi matin, elle était à nouveau devant la gare dès 6 heures. Avec nos fidèles militants – nous avons déjà une « longue marche » de dix ans à notre actif –, elle distribuait des tracts. Elle faisait semblant d’avoir oublié la défaite de la veille. À la maison, ses yeux se troublent. Elle me fait frissonner quand elle pleure. Oui, la politique est injuste. Nous le savions. C’est une autre paire de manches de le vivre.

Une dernière confidence : je l’aime.

Initiation aux interdits?

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DR.

La vente du «Sniffy», cette poudre blanche énergisante à inhaler par le nez, indigne. Mais, d’autres produits équivoques sont commercialisés chez nos buralistes, et ne provoquent pas autant de commentaires. Après le tollé, l’industriel derrière «Sniffy» songe finalement à proposer une version à diluer dans un verre d’eau.


La vente en bureau de tabac de « Sniffy », poudre blanche « énergisante » à inhaler, véritable Canada Dry de la cocaïne, a suscité l’émoi de la presse et des autorités. Bien que composée de produits légaux (caféine, taurine, créatine, maltodextrine et d’autres substances en « ine »), c’est bien sûr son rituel de consommation qui alerte tout adulte responsable – l’aspiration nasale au moyen d’une paille aimablement fournie par Sniffy et tous ses amis – ça ne vous rappelle rien ? Lutter contre le tabagisme, mais consentir à cette initiation cocaïnomaniaque, à l’heure où la coke s’impose dans tous les milieux, est-ce tolérable ? À quand « Héroincola » avec un kit seringue et Coca Zéro ?

Ce n’est pourtant pas la cohérence qui étouffe l’administration française (étonnant, hein ?), car on trouve désormais chez nos buralistes des sachets d’herbe qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la « ganjah » des coffee-shops hollandais. Certes, le chanvre que recèlent ces paquets est dépourvu de THC, mais ne propose qu’aux fumeurs un ersatz riche uniquement de CBD. En termes de rituel de consommation, le cousinage avec le roulage de pétard n’en demeure pas moins évident. Alors, pourquoi pas Sniffy et sa paille ? Pour avoir une vision complète de la schizophrénie des autorités compétentes, on se souviendra de l’interdiction des… cigarettes en chocolat, dont le rituel (autant qu’il m’en souvienne) n’était guère comparable à celui de l’initiatique Gauloise sans filtre. À 10 ans, il ne me serait pas venu à l’esprit de mettre le feu au chocolat, ni de tenter de l’inhaler.

Derrière tous ces risibles errements se cache une question essentielle : la survie des bars-tabac-presse-PMU-Loto qui maillent – de moins en moins – le territoire. Tout ce qu’ils vendent se révèle mauvais pour la santé ou en voie de disparition. Jeux de hasard addictifs, alcool nocif, tabac prohibé jusque dans leur établissement, presse en chute libre. Sauver ces lieux populaires relève bien de l’intérêt général. Quitte à les transformer en dealers en chocolat, voire en banquier pour orphelins de la Poste ou interdits bancaires (« René, un demi et un RIB sans faux col »). Aux dernières nouvelles, les concepteurs de Sniffy feraient machine arrière pour éviter l’interdiction. La poudre ne serait plus à inhaler, mais à diluer dans un verre d’eau. Un peu comme le Ricard en somme. Alors, ça va.

Ah, le foot!

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François Hollande, Match de football amical Politiques-Variétés, Stade Charléty, Paris, 20 mai 2008 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Dans un moment où certaines de nos stars du ballon rond se révèlent meilleurs agents électoraux que marqueurs de buts, il n’est pas inintéressant d’établir un parallèle footballistique avec la situation politique que nous connaissons depuis le début de la semaine. On est en effet saisi de constater combien il est aisé – et surtout amusant – de débusquer des similitudes.

Le hors-jeu. Il y en eut peu lors de la demi-finale perdue contre les Espagnols. Il est vrai que, en la matière, on avait fait le plein dimanche soir au coup de sifflet final du second tour. Quelque dix millions de hors-jeux. Dix-millions d’électeurs RN et alliés, renvoyés sans ménagement dans les vestiaires, sans autre forme de procès. Dix millions à se voir immédiatement traités en hooligans pestiférés, interdits de voix au chapitre comme les autres – les vrais – le sont de stade. Hors-jeu, donc.

A lire aussi, Robert Ménard: La défaite en aimant

But contre son camp. L’équipe de France en a beaucoup bénéficié dans la première phase de cet Euro, de là à s’en faire une spécialité, on ne tranchera pas, la place étant déjà prise dans ce domaine par les joueurs petit bras du centre du terrain législatif qui, se mettant volontairement sur la touche, en ont été réduits, impuissants, bras ballants, à regarder scorer les porteurs de maillots rouges, très rouges, qu’on ne confondra pas, ceux-là, avec les tuniques rutilantes de la belle équipe d’outre Pyrénées. 

Arbitrage. Litigieux, comme toujours en fait. Y avait-il bien matière ou non à siffler avec tant d’empressement la dissolution ? Y avait-il urgence à convoquer les supporters dès à présent au jeu si risqué des urnes et à renvoyer sans plus de préparation les équipes dans le grand bain de la campagne ? Les supporters des diverses équipes n’ont pas fini d’en débattre. 

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Carton rouge. Aucun lors de cette même demi-finale de l’Euro. Mais là encore un plein tombereau dans l’entre-deux-tours. Pour trahison, pour antijeu, pour trucage de match, pour changement de maillot à la sauvette, pour compromission, pour passe décisive et délibérée à l’adversaire, pour tacle par l’arrière, etc, etc. On notera sur ce point une différence de première importance avec le football. Au foot, quand on prend un carton rouge, on se voit exclu du terrain. Dans notre affaire de politicaillerie, tout au contraire, les accumuler semble bien être le meilleur moyen de s’y maintenir. Comme quoi, tout à ses limites. Tout y compris les tentatives de rigoler de ce qui n’est pas drôle du tout.

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Shigeru Ban notre contemporain: un architecte inventeur de formes

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New-York © Tashen

Un beau livre est publié consacré à l’architecte star japonais, dessinateur chez nous du Centre-Pompidou Metz (57)  et de La Seine Musicale (92)…


Si la valeur n’attend point le nombre des kilos, le poids du volume XXL lancé par la maison Taschen donne néanmoins la pleine mesure de l’architecte dont l’impressionnant table book intitulé Shigeru Ban, Complete Works 1985- Today vient à bon escient célébrer l’œuvre considérable. Trilingue, comme toujours, chez l’éditeur d’outre-Rhin, signé de l’émérite auteur-maison et grand spécialiste Philip Jodidio, l’épais album à couverture cartonnée, illustrée de superbes photos pleine page et de plans, agrémenté de données précises (superficie, emplacement, datation) et nourri d’opulentes notices, projet par projet, recense les réalisations du maître nippon, des États-Unis au Japon, de la Suisse à l’Inde ou à la Turquie : elles se comptent par centaines.  

Science-fiction

En France, Shiberu Ban est essentiellement connu aujourd’hui du public non spécialisé par le fameux Centre-Pompidou Metz, dont la construction entamée en 2004 s’est achevée en 2010, se signale à présent par cet « « étonnant toit tressé de forme hexagonale », emblème contemporain de la vieille cité lorraine. Grand admirateur du bâtiment construit par Piano et Rogers à Paris, l’architecte japonais avait même, on s’en souvient, pour mener à bien son projet, installé une agence éphémère au sommet du Centre Pompidou, « structure en tubes de carton à pièce d’assemblage en bois et câble d’acier » qui avait l’air de sortir d’un film de science-fiction. De l’extérieur, le public avait vue sur les équipes au travail dans cet espace à la beauté insolite. Une forte filiation relie d’ailleurs Shigeru Ban à cet édifice de « Beaubourg » dont on sait qu’il va fermer dès 2025, pour cinq années de transformation radicale : l’agence franco-japonaise de Nicolas Moreau et Hiroko Kusumoki qui vient de remporter à l’unanimité le concours pour cette métamorphose ont été formés, le premier chez Kengo Kuma, et le second, précisément chez Shigeru Ban.


L’autre bâtiment-phare du japonais dans l’Hexagone, c’est évidemment La Seine Musicale, édifiée sur l’île Seguin de Boulogne-Billancourt, en bordure de Paris, entre 2014 et 2017, sur l’ancien site des usines Renault, bâtiment imposant (près de 37 000 m2) inséré dans un plan directeur conçu par Jean Nouvel. Saisissant contraste entre la géométrie rectiligne des accès et la forme arrondie des salles de concert, enchâssées sous cette soucoupe de verre et d’acier aux chromatismes changeants, qui de loin s’aperçoit dans l’horizon urbain.

À lire aussi, du même auteur: Nicolae Ceausescu, architecte comique

On doit à Shigeru Ban quelques autres réalisations de moindre ampleur en France : le Centre d’Interprétation du Canal de Bourgogne, à Pouilly-en-Auxois (21) ; de l’habitat social à Mulhouse (68)… Mais deux arbres ne disent rien de la forêt ! Natif de Tokyo en 1957, Shigeru Ban avait voulu être charpentier, d’ailleurs.  Après avoir créé sa propre structure dans la capitale de l’archipel, il était parti étudier aux États-Unis. À distance du post-modernisme alors en vogue, il infléchit son travail à dater de la mise en scène d’une exposition Alvar Aalto, cet architecte de génie dont, à peine diplômé de la Cooper Union il venait de découvrir l’œuvre en Finlande.

Prix Pritzker 2014

Détenteur du Pritzker en 2014, le plus prestigieux des prix internationaux d’architecture, Shigeru Ban ne s’est jamais départi d’approches constructives tendant toujours à trouver des solutions essentiellement liées au contexte – d’où ses architectures de l’urgence dans lesquelles (toujours bénévolement)  il s’est impliqué à la suite de plusieurs catastrophes naturelles dans le monde :  par exemple les bâtiments scolaires, dans la province chinoise du Sichuan, imaginés à la suite du tremblement de terre du 12 mai 2008… Comme l’observe Jodidio : « son architecture n’est pas guidée par l’esthétique, mais par la résolution des problèmes. (…) Il le dit lui-même, il n’est pas un architecte qui crée des formes, mais un architecte qui trouve des formes ».

Une grande pureté de ligne ne s’en dégage pas moins, bien souvent. Il n’est que de voir cette étonnante cathédrale « provisoire » Christchurch, en Nouvelle-Zélande, faite tout simplement de tubes de carton ; ou encore l’extraordinaire Pavillon Hermès réalisé en collaboration avec Jean de Gastines, et monté en 2011 à Tokyo et à Milan ; ou le pavillon de l’IE University Business School de Madrid.

Ces architectures légères n’entrent nullement en contradiction, sur le plan visuel, avec des projets plus spectaculaires, tels le Club de golf de Skolkovo, à Moscou, avec sa façade de 72 mètres de long, en bois, qui domine le parcours ; ou cet autre « club-house » de golf implanté sur 20 000m2 à Gyeonggi, en Corée du Sud… Ou ce magnifique Musée d’art de la préfecture d’Oita, au Japon, qui abrite des collections d’art japonais et occidental : « J’ai créé une forme oblongue qui flotte sur le site et devient une extension du paysage urbain », commente l’architecte.

700 pages

Ce rapport de l’édifice à l’environnement extérieur, cette ambiguïté des limites entre le dedans et le dehors ne sont jamais mieux exploités que dans les remarquables (et parfois fort luxueuses) commandes privées : comme cette villa circulaire située dans un quartier résidentiel d’Hakatone, au Japon ; ou cet hôtel construit en longueur dans une région rizicole, au Japon, tout en légèreté, dans une alternance de bois clair, de béton et de verre…. Ou par exemple encore, deuxième projet résidentiel de Shigeru Ban à New-York (après la Metal Shutter House en 2008), cette Cast Iron House (Maison de fonte) qui, à Broadway, abrite 13 lofts en duplex implantés au sommet s’un superbe édifice classé, millésimé 1881 : appartements de grand style, dont la minéralité immaculée contraste avec le raffinement richement ornementé de l’immeuble qui en est le socle.

Ainsi que l’écrit avec justesse Philip Jodidio : « La force de Ban repose sur sa capacité à interpréter des idées, ou à rechercher l’essence de sa propre tradition culturelle, y compris dans celle qui a évolué autour de l’architecture moderne, par exemple ». À feuilleter les près de 700 pages grand format de cette monographie, recension in extenso de son travail, on découvre ce qu’est un authentique inventeur de formes – à l’infini.

Le siège de Swatch, à Bienne, en Suisse, une des plus grosses architectures en bois au monde © Tashen

Shigeru Ban, Complete Works, 1985/ Today. Par Shigeru Ban et Philip Jodidio, 696p. Format XXL, trilingue allemand, anglais, français.  

+ une Edition d’art numérotée de 1 à 2000 avec un tirage signé de l’architecte et une couverture en 3D en bois découpé au laser.

Dédicace ce 10 juillet de 18h30 à 19h30 : Boutique Tashen, 2 rue de Buci 75006 Paris.

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Dans le maelström

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"Barbe Bleue" de Pina Bausch, A Hiddinga, E Hasboun, E Drion, A Belem, LA Boucaud © Agathe Poupeney / Opéra national de Paris

Les danseurs de l’Opéra de Paris survivent, vainqueurs, à la puissance superbe et chaotique du « Blaubart » de Pina Bausch. À voir jusqu’au 14 juillet.


C’était il y a deux ans : «Kontakthof», l’une des œuvres majeures de Pina Bausch, entrait au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris.

Conduite avec autant de savoir-faire que d’intelligence par l’une des danseuses emblématiques du Tanztheater de Wuppertal, Josephine Ann Endicott, cette passation avait débouché sur quelque chose d’époustouflant. Et à quoi on n’aurait peut-être jamais cru si on ne l’avait vu. On retrouvait chez les danseurs de l’Opéra, atténuées certes, la conviction, la théâtralité, la force intérieure qui avaient porté les artistes du Tanztheater à l’époque de la création de « Kontakthof ». Chez les femmes surtout, entrées dans l’univers de Pina Bausch avec une souplesse d’esprit et une sensibilité inimaginables, quelques lustres auparavant, au sein d’une compagnie de ballet classique.

On pourrait en dire autant de « Blaubart », quatrième ouvrage de la chorégraphe allemande à figurer désormais au répertoire du Ballet de l’Opéra après « Le Sacre du printemps », « Orphée » et « Kontakthof ». Mais ici, la pièce est moins puissante et, partant, l’engagement des danseurs en est peut-être moins spectaculaire.

Des scènes à couper le souffle

Parce que l’ouvrage offre des scènes d’une beauté à couper le souffle, « Blaubart » était resté dans les mémoires comme une pièce majeure de Pina Bausch. Sa reprise au Théâtre du Châtelet avec le Tanztheater de Wuppertal, il y a deux ans également, avait fait l’effet d’une douche froide. Ce qu’on avait vu naguère comme une œuvre puissante avait fort mal vieilli et on en découvrait les faiblesses quand les scènes les plus fascinantes n’avaient plus la force et la beauté de l’inédit. On redécouvrait aussi que les fragments du livret écrit pour Béla Bartók par le poète Béla Balàzs étaient chantés en allemand au détriment de la poésie de la langue hongroise, ce qui en affaiblissait le climat. En fait, aussi sacrilège que l’idée puisse paraître, « Blaubart » mériterait d’être abrégé. Une démarche tout à fait impensable aujourd’hui, et c’est d’ailleurs heureux, puisque la mort de Pina Bausch est encore trop récente pour qu’on se permette une telle transgression. On y viendra peut-être beaucoup plus tard : la pièce, trop étirée, inutilement répétitive, s’en trouverait sans doute renforcée. Cette audace un peu barbare signifierait que « Blaubart » serait définitivement entrée dans le répertoire chorégraphique universel et qu’on pourrait alors oser de tels ajustements sans avoir le sentiment de trahir.

L’impitoyable domination masculine

Si l’œuvre se révèle quelque peu décevante, malgré l’incisif propos de Pina Bausch qui souligne avec force, et non sans humour aussi, la pesante, l’impitoyable domination masculine exercée sur les femmes, son interprétation par les artistes de l’Opéra, les danseuses surtout, n’en est pas moins remarquable.  

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Là encore, c’est une interprète historique de Pina Bausch, Béatrice Libonati, qui a dirigé les répétitions de « Blaubart » et choisi en amont les danseurs. Avec la même intelligence et la même exigence que Josephine Ann Endicott pour «Kontakthof », elle a fait des miracles en sachant diriger les artistes de l’Opéra avec assez de doigté pour en obtenir le meilleur. Certes, les exécutants d’aujourd’hui sont fondamentalement différents de ceux de jadis et il serait aussi vain que stupide d’espérer qu’ils soient des répliques parfaites de ceux de Pina Bausch, ayant œuvré en d’autres temps et dans un tout autre contexte artistique, politique et social. Mais ils se sont engagés dans cette tâche aussi noble que redoutable avec une ardeur, une foi, un désir apparent de servir « Blaubart » qui disent bien l’intérêt qu’ils y portent. Et le résultat est remarquable. Dans les créations de la chorégraphe allemande, ce sont les femmes qui la plupart du temps sont les plus flamboyantes. C’est tout aussi évident avec les danseuses de l’Opéra. Elles sont dix, Ida Viikinkoska, Laure-Adélaïde Boucaud, Camille de Bellefon, Laurence Lévy, Adèle Belem, Lilian Di Piazza, Eugénie Drion, Marion Gautier de Charnacé, Alycia Hiddinga, Amélie Joannides, et toutes franchement dignes d’admiration, tant pour la puissance physique qu’elles déploient dans une chorégraphie tyrannique, épuisante et chaotique, que pour la beauté de leurs visages, devenus des masques de tragédiennes. Pour les danseurs, la partie est plus ingrate. Ils demeurent quelque peu en retrait. Cela n’empêche pas des Milo Avêque ou des Julien Guillemard d’imposer leur aura.

Un courage sans faille

Tout en s’engageant avec un courage sans faille dans le rôle si périlleux de Judith, Koharu Yamamoto est sans doute trop jeune pour l’incarner pleinement. Et son visage de poupée est fâcheusement inexpressif. Dans le personnage de Barbe-Bleue, Alexandre Boccara, quant à lui, paraît un peu transparent au début de l’ouvrage. Mais on comprend vite pourquoi ce très jeune homme, qui n’est encore que sujet au sein du Ballet, a été lui aussi élu pour assumer ce rôle magistral. Au fil de l’ouvrage, il dévoile une personnalité remarquable et l’on devine bientôt que le bel interprète qu’il est aujourd’hui a beaucoup pour être magnifique demain.


« Blaubart », chorégraphie de Pina Bausch exécutée sur un enregistrement du « Château de Barbe-Bleue » de Béla Bartók. Jusqu’au 14 juillet 2024. Opéra de Paris-Garnier : 08 92 89 90 90 ou operadeparis.fr

Tour: des jours avec et des « jours sans »

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10e étape du Tour de France, le mardi 9 juillet 2024 © Goding Images/Shutterstock/SIPA

Le Tour de France était de retour mardi 9 juillet, après une pause lundi.


Si, après une semaine éprouvante, les coureurs du Tour aspirent naturellement à une journée de pause, ils l’appréhendent aussi. Ils craignent surtout de connaître le lendemain « le jour sans », comme cela est arrivé à certains d’entre eux et pas des moindres. C’est « un jour sans », post journée de repos, en 1975, qui priva en effet le grand Eddy Merckx, d’une 6ᵉ victoire et mit fin à son règne. À 6 km de l’arrivée du Pra-Loup, alors qu’il était en tête et devait remporter l’étape et consacrer son insolente domination sur ces rivaux, il fut victime, lui, dit le Cannibale tant il était affamé de victoires, d’une foudroyante fringale qui le cloua sur place. Son rival Bernard Thévenet qui avait été lâché dans la 3ᵉ difficulté de l’étape, le col d’Allos, le rattrapa, lui prit deux minutes et le déposséda définitivement de son ultime maillot jaune. Il dut se résigner à se contenter de cinq victoires1.

Quand la journée de repos est fatale

En 2015, dans une étape qui se concluait aussi sur le Pra-Loup, l’Américain Tejay Van Garderen, connut une identique cruelle mésaventure « d’un jour sans ». Troisième au général, il avait toutes les chances de décrocher la place de second derrière l’intouchable Chris Froome, l’unique quadruple vainqueur du Tour. L’étape comptait cinq cols. Dans le 3ᵉ, un magistral coup de pompe s’abat sur lui. Il met pied à terre. Il ne peut pas repartir. Ses jambes l’ont trahi, ne lui laissant d’autre choix que celui d’abandonner.

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En 2010, l’Australien Cadel Evans a connu le même déboire. La veille du repos, il s’était emparé du Jaune à Morzine-Avoriaz et pouvait envisager de l’emmener jusqu’à Paris. Mais à l’étape de reprise, il y avait le col de La Madeleine. Sur ses pentes, l’équipe Astana place une imparable accélération qui laisse Evans sur place. Ses « jambes étaient en laine »2. Le repos l’avait vidé de son jus. À l’arrivée, son retard est tel qu’il est éjecté du top 10.

En 2000, le patenté dopé et septuple vainqueur du Tour déchu, Lance Armstrong, dans le col de la Morzine, a, lui aussi, connu le fatidique « jour sans ». Il était sûrement chargé à bloc, avait comme de coutume « allumé la chaudière »2. Comme quoi « saler la soupe »2 avec des amphétamines ou de l’EPO, n’est pas l’antidote à « se retrouver dans la Pampa »2.

Gueule de bois et dopage au champ’

Le plus rocambolesque « jour sans » revient sans conteste à Jacques Anquetil, maître Jacques, le premier quintuple vainqueur de la grande boucle. C’était jour de repos, à Andorre. Le lendemain, le 6 juillet 1964, l’étape conduisait les coureurs à Toulouse par le col d’Envalira. Pour Anquetil, un jour de repos devait être un jour de relâche, foin du moindre entraînement. Radio-Andorre (aujourd’hui Sud Radio) organise un méchoui, très à la mode dans ces années-là, coutume importée par les Pieds-Noirs qui avait fui l’Algérie après son indépendance. Tous les coureurs y sont invités. Seul Anquetil honore l’invitation avec son directeur sportif Raphaël Geminiani, dit « Grand fusil », qui est décédé le 5 juillet dernier à 99 ans. Preuve que le vélo conserve son homme. Ses deux principaux rivaux, Raymond Poulidor et Federico Bahamontes, préfèrent rester dans leur chambre d’hôtel vu que l’étape qui les attend risque d’être cruciale.

Donc pendant ces agapes, Anquetil s’empiffre de mouton et écluse à discrétion les verres de sangria qu’il puisse dans une baignoire faisant office de bar. Quand il regagne son hôtel, le sybarite Anquetil est à la ramasse. Quand il s’aligne au départ le matin qui suit, il n’en peut mais… la rumeur avait couru: il avait une gueule de bois carabinée… Le départ donné, les attaques fusent tous azimuts. Anquetil résiste mais arrive le col fatidique, le juge de paix, et dès les premières pentes, il décroche. Au sommet, il accuse quatre minutes de retard. Alors qu’il est second au général, devancé par son rival de toujours, l’humble éternel second Raymond Poulidor, le flamboyant Maître Jacques peut déjà faire son deuil de la perspective d’une cinquième victoire. C’est alors que Geminiani lui passe un bidon de champagne. Anquetil en est très friand. Miracle, il fait la descente à tombeau ouvert, à l’aveugle, fendant un épais brouillard. Il revient sur ses rivaux qui n’en reviennent pas de son retour. Les exégètes de la pédale imputent cet exploit aux bulles du pétillant champenois. En vérité, on ne peut qu’être sceptique. Aux bulles avait été très certainement additionnée quelques substances dont la vertu première était de rendre intrépide celui qui en consommait. Le comble, c’est qu’une voyante peu clairvoyante lui avait prédit une chute mortelle dans cette descente. Et ce fut aussi un jour de poisse pour le sage Poupou. À quelques kilomètres de l’arrivée, il crève et personne n’a l’élégance de l’attendre. Et ainsi, lui, perdit le seul Tour qu’il était en fait en mesure de gagner et Anquetil gagna son cinquième alors qu’il s’annonçait fatalement perdu.

Fini de blaguer

C’est pour cela qu’aujourd’hui le jour de repos n’est pas un jour aussi de repos que ça. C’est une journée austère, pas question de se relâcher, pas la moindre facétie. Le matin les leaders sacrifient aux contraintes médiatiques, les équipiers se soignent, puis sortie à vélo afin de garder le tonus musculaire. Le vrai repos se résume à une sieste l’après-midi… et au réveil, le coureur a déjà la tête dans l’étape du lendemain avec l’appréhension d’avoir « le jour sans ».

À lire aussi : Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez les Bleus?

Aucun n’a connu mardi dans la morne étape qui a conduit le peloton d’Orléans à Saint-Amand-Montrond (187,3 km) cette amère déconvenue. Sauf peut-être Cavendish: à 10 km de la ligne, son équipe lui avait préparé un solide train. Il n’avait pas caché son intention de gagner et d’inscrire ainsi à son palmarès une 36ᵉ victoire d’étape. Mais à moins de 3 km de l’arrivée, il s’est éclipsé curieusement des avant-postes et ne s’est même pas classé dans le top 10… peut-être parce que c’était son « jour sans » à lui…  Dommage, car c’est à Saint-Amand-Montrond (18), alors qu’il était encore novice sur le Tour, qu’il avait remporté une de ses toutes premières 35 victoires d’étape, un record absolu qui est peu probable d’être battu un jour.

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  1. Ils sont quatre à avoir remporté cinq Tours : Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain ; un quatre : Froome ; trois à avoir gagné trois fois : Lemond, Bobet, Thys. ↩︎
  2. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  3. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  4. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎
  5. Jargon cycliste (en voie d’obsolescence). Voir le savoureux dico des expressions du cyclisme : Allumer la chaudière, de Jean-Damien Lesay, Editions de la Martinière (2013) ↩︎

Meurice me va comme un gland!

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L'humoriste Guillaume Meurice à Paris, février 2024 © LAURENT BENHAMOU/SIPA

Je l’avoue, ça me faisait mal aux seins de payer le salaire de Guillaume Meurice. Mais demander des têtes, ce n’est décidément pas mon truc.


Je sais, ça énerve mes amis. Ils voudraient que j’applaudisse au licenciement de Guillaume Meurice. Je n’y arrive pas. J’ai les meutes en horreur, même quand je suis d’accord avec elles. Même quand elles ont raison.

Je déteste l’humour de Guillaume Meurice. Il m’est arrivé de rire en l’écoutant, je n’en suis pas fière. Comme le dit Philippe Val, ce rire est un rire grégaire, un rire de connivence, d’entre-soi. Il n’oblige pas à un pas de côté, il ne provoque pas une petite bagarre intérieure, il permet de jouer au résistant en crachant sur le nazi du moment – au choix, les adversaires de l’avortement, les électeurs de Zemmour, les riches, les ploucs qui roulent au diesel ou votre servante. Je n’ai jamais entendu Meurice prendre le risque de chatouiller son public en attaquant ses vaches sacrées. Féministes, djihadistes, militants LGBT, artistes engagés et wokes décérébrés, il y a pourtant l’embarras du choix, en plus, il suffit de les citer. Il a eu mille occasions de se fendre la poire sur Mélenchon. Il aurait pu se gondoler sur les salopards du 7 octobre et leur QI de singe (désolée, mais un type qui appelle ses parents pour hurler qu’il a tué dix juifs, a un QI de singe et je suis sympa). Mais non, Meurice préfère courageusement cogner sur les électeurs du RN, qui sont méchants et racistes, les journalistes de CNews, qui sont méchants et racistes, et Benyamin Nétanyahou, qui est aussi méchant et raciste puisque tout le monde le dit.

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Je ne sais pas si Meurice est antisémite et je m’en fous. J’ai tendance à croire que sa blague sur le « nazi sans prépuce » n’a fait marrer que ceux qui l’étaient déjà. Peu importe le prépuce, c’est la nazification des Israéliens, surtout au moment où ils viennent de subir un pogrome, qui est insupportable.

Puisque le crime est constitué, on se demandera pourquoi je n’approuve pas le châtiment. D’abord, l’indignation ne suffit pas. Aucune instance ne peut affirmer avec certitude que le crime est constitué. Certes, Meurice pourrait être condamné devant la dix-septième chambre – ce dont je doute. Veut-on vraiment que des juges décident si une plaisanterie est cachère ou pas ? Faudra-t-il créer une police de l’humour qui ira chercher les contrevenants au petit matin ? Je ne veux pas vivre dans un monde où les blagues limites (mes préférées) sont proscrites. Le mauvais goût est un droit de l’homme. Et puis, les juifs ont d’autres problèmes que des mauvaises blagues. On ne devient pas plus antisémite en écoutant Meurice que « facho » en regardant CNews. Enfin, je ne vois pas l’utilité de créer un martyr, même s’il s’est démené pour allumer le bûcher en adressant un grand bras d’honneur à sa direction – laquelle, exceptionnellement, a réagi avec fermeté. Pour tous les gogos qui le prennent pour Voltaire qu’on assassine, ce limogeage est la preuve que les juifs ont le bras long.

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Il est vrai que c’est (c’était) l’argent des contribuables. Je l’avoue, ça me faisait mal aux seins de payer son salaire. Mais demander des têtes, ce n’est décidément pas mon truc. Je n’ai pas non plus envie que Charline se retrouve au chômage. J’aurais préféré que France Inter, touchée par la grâce du pluralisme, adjoigne à Meurice un coloc vaguement dissident – et drôle tant qu’à faire. Pas un facho, ni même un vrai type de droite mais tiens, me disais-je, pourquoi pas Blanche Gardin. Une fille qui ose blasphémer MeToo, c’est qu’elle en a, non ? Eh bien, je ne sais pas ce qu’elle doit se faire pardonner, mais maintenant elle coche toutes les cases. Une vraie born-again. Participant à une soirée Voices for Gaza – so radical-chic ! –, elle a joué un sketch sur une réunion d’Antisémites Anonymes: – « Bonjour, je m’appelle Blanche et je suis antisémite. » « Ne t’inquiète pas, lui répond un comparse, ici tu es dans une “sale place”, personne ne te jugera car nous sommes tous antisémites. » Au second degré c’est marrant, au quatrième, c’est puant. La suite est un festival. Au comparse qui lui conseille de remonter sur scène, elle répond : « Ce serait trop de pression, il faudrait que j’aille chercher un Molière et je ne peux pas, il faudrait que je sois islamophobe, comme Sophia Aram. Mais je peux pas être islamophobe, parce que je suis antisémite. L’un exclut l’autre en fait. Si tu es islamophobe, ça te protège contre l’antisémitisme, c’est comme l’herpès. Si tu l’as à la bouche, tu peux pas l’avoir au cul. » Vous voulez le sous-texte ? Primo : pour réussir dans le showbiz, il faut être bien avec les juifs, donc islamophobe. Deuxio : l’antisémitisme est une invention destinée à faire oublier l’islamophobie et les crimes israéliens. Grosse fatigue.

Finalement, Gardin ne fera pas l’affaire. Je ne me vois pas défendre son droit de dire des saloperies. J’ai mes limites. Et mes doutes. Certains jours, je me dis que cette obstination à défendre la liberté d’expression de ceux qui ne pensent pas comme moi (et parfois ne pensent pas du tout) est absurde. Aujourd’hui, par exemple. Après le sketch de Gardin, je ne suis pas d’humeur voltairienne. Pour me calmer, je vais aller manifester en soutien à Sophia Aram. Je suis sûre que je retrouverai Guillaume Meurice et toute la bande de Charline. Et en attendant, chère Sophia, bienvenue chez les méchants. Tu verras, on y rigole beaucoup plus que chez les dames patronnesses de France Inter.

PS. Notre cher Jonathan Siksou vient de recevoir un très mérité Grand prix de l’Académie française pour Vivre en ville (Le Cerf, 2023). Bravo à lui ! Si vous l’avez raté à sa sortie, c’est l’occasion de vous jeter sur ce délicieux texte.

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Causeur: En première ligne dans la guerre des idées, Notre jeunesse

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© Causeur

Découvrez le sommaire de notre numéro d’été


Notre une raconte l’histoire d’un casse médiatique, celui d’une nouvelle génération de journalistes – jeunes, intellos, drôles et courageux – qui n’hésite pas à monter au front pour défendre la liberté́ de pensée. Présentés par Elisabeth Lévy, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas, Alexandre Devecchio, Gauthier Le Bret, Geoffroy Lejeune et Arthur de Watrigant représentent toutes les nuances de la droite culturelle. Et donnent un sacré coup de vieux à Plenel, Aphatie et autres curés francintériens. Les six personnages qui figurent sur notre une ne sont pas une bande de copains, même s’il y a parmi eux des paires d’amis, mais plutôt des compagnons de route devenus frères d’armes dans les combats partagés. À la tête du Figaro Vox, Alexandre Devecchio anime les pages Idées les plus pluralistes et les plus lues de la presse française. Avec une telle franchise – et un tel pouvoir–, pas étonnant qu’il soit respecté à droite comme à gauche. Se confiant à notre directrice de la rédaction, cet homme de convictions sans fausse pudeur donne la clé de son approche : « Je me bats pour des idées, pas pour un parti. L’important, c’est le pluralisme ».

Notre numéro de l’été est disponible aujourd’hui dans le kiosque numérique et demain chez votre marchand de journaux !

Face aux victoires électorales à répétition du RN, les élites parisiennes ont mis en place un « quoi qu’il en coûte » politique doublé d’un confinement des doléances françaises. Tout sauf Bardella ! Nous venons de voir que, à coups d’âneries antifascistes et de chantage aux heures les plus sombres, l’alliance improbable du camp du Bien (la gauche) et du Cercle de la raison (la Macronie) a réussi. Les grands perdants de cette croisade « antifasciste », ce sont les Français qui habitent en dehors des grandes métropoles, autrement dit la France de CNews. Notre dossier de l’été part à l’exploration de ces territoires. Première grande étape, Orléans, où Gil Mihaely et Jean-Baptiste Roques ont mené l’enquête. Conjuguant avec un certain bonheur la foi dans l’économie, le respect de l’autorité et le sens de l’action sociale, cette ville voit monter le vote RN inexorablement. Malgré la politique du maire, aux effets positifs incontestables, le sentiment de dépossession gagne de plus en plus la population. Ensuite, Cachan, et les abords de la RN20, dans le Val-de-Marne, qui pour Driss Ghali préfigurent la France de demain : un pays cloisonné en communautés inintégrées où, face à la « diversité », les Blancs vivent retranchés. Sur les décombres de l’assimilation ne prospère qu’un seul modèle, la société de consommation. Pierre Vermeren analyse notre nouvelle géographie électorale. Face à des zones urbaines hors-sol de plus en plus rouges et de rares bastions bourgeois où l’on vote encore comme il y a vingt ans, le RN est désormais ancré dans 93% des communes françaises.

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Céline Pina a recueilli les propos de Philippe Guibert. Pour l’ex-directeur du Service d’information du gouvernement sous François Hollande, le PS commet une erreur gravissime en se laissant dominer par LFI. Construire une gauche « de gouvernement » à l’ombre de Jean-Luc Mélenchon, un tel projet ne relève-t-il pas de l’utopie ? C’est la conclusion de Céline Pina pour qui trop de divergences séparent LFI des classiques socialistes et communistes. Qu’en est-il de l’économie ? Selon l’analyse de Stéphane Germain, les trois blocs qui se partagent la vie politique partagent aussi une vision folle de l’économie : l’argent public ne coûte rien ! Au-delà̀ de leurs nuances, tous veulent continuer de biberonner les Français à la dépense publique. La cure d’austérité́ qui vient s’annonce douloureuse. Qui devra s’y coller ? Et le travail dans tout cela ? La valeur-travail était un concept central chez Marx, nous rappelle Frédéric Magellan. Mais elle a quasiment disparu du logiciel du Nouveau Front Populaire qui lui préfère les allocs et la hausse du SMIC. N’oublions jamais le côté humain des choses. Robert Ménard nous rappelle que la politique est très souvent cruelle et injuste. Et une élection est rarement une prime au mérite. Emmanuelle Ménard en a fait la triste expérience en s’étant représentée à Béziers. Elle qui a prouvé qu’un député pouvait servir, soutenir et écouter. Son époux témoigne de sa douleur et de son admiration. Enfin, puisque pour les puristes de l’extrême-gauche, nous autres sommes tous des fascistes, Il vaut mieux savoir à quel courant on appartient. Le test de Céline Pina, « Quel fasciste êtes-vous ? », vous permettra enfin de le savoir.

Dans son édito de l’été, Elisabeth Lévy se trouve, de manière peut-être contre-intuitive, à défendre Guillaume Meurice, licencié pour la désormais célèbre blague sur le prépuce. Bien que détestant l’humour francintérien qui ne prend jamais le risque d’attaquer ses propres vaches sacrées, notre directrice de la rédaction n’approuve pas l’idée de punir les satiristes. « Veut-on vraiment que des juges décident si une plaisanterie est cachère ou pas ? Faudra-t-il créer une police de l’humour qui ira chercher les contrevenants au petit matin ? Je ne veux pas vivre dans un monde où les blagues limites (mes préférées) sont proscrites ».

Côté MeToo, la parole des hommes se libère – enfin ! Le réalisateur Yohan Manca était en pleine ascension. Une dispute violente avec sa compagne Judith Chemla a déclenché la terreur MeToo et brisé sa carrière. Depuis, alors qu’il a purgé sa peine, l’actrice multiplie les accusations les plus folles avec la bénédiction des médias. Face à cet acharnement, il sort de son silence, en se confiant à Causeur. La cuvée 2024 du Bac est aussi navrante que les précédentes, nous annonce Corinne Berger. Et les copies des épreuves de français confirment une situation alarmante : les jeunes Français ne maîtrisent pas notre langue. Une ignorance couverte par le ministère de l’Éducation qui pipeaute les moyennes générales.

Nos pages culture s’ouvrent au doux rythme de la mer. Sauf que ce n’est pas toujours très doux. La culpabilisation a débarqué́ sur nos côtes, nous apprend Georgia Ray. La mer est désormais considérée comme une victime et l’homme lui doit réparation. Condamnés à l’éco-rédemption, nous sommes « tous éboueurs » et « tous migrants ». Opposons à cette propagande les profondeurs de l’art et les finesses de la littérature. Souvenez-vous : la statue de Voltaire avait été enlevée de son socle du square Honoré-Champion. Jonathan Siksou (qui vient de recevoir un très mérité Grand prix de l’Académie française pour son livre, Vivre en ville, Le Cerf, 2023) nous annonce son retour après deux ans de bataille.

Yannis Ezziadi nous raconte une autre disparition mais qui s’est moins bien terminée. Cette année, l’affiche de la féria de Béziers a créé la polémique avec un dessin signé Jean Moulin. Le héros de la Résistance était un aficionado ! Cela a fait hurler les anticorrida… Julien San Frax se penche sur le cas de Leni Riefenstahl, qui a mis son talent au service du nazisme, ce qui a occulté son génie aux yeux de la postérité. Emmanuel Domont a rencontré Patrick Eudeline, cet esthète d’un autre temps qui cultive comme personne la réac n’roll attitude. Dans notre série « La boîte du bouquiniste », Paul Rafin nous fait découvrir Cléopâtre de la romancière Jean Bertheroy, une évocation flaubertienne de l’antiquité sortie en 1891. Dominique Labarrière a lu le dernier roman de Jean-Paul Brighelli, Soleil noir, un vrairoman de cape et d’épée qui offre une vision impitoyable de la France de Louis XIV.

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Les carnets d’Ivan Rioufol évoquent le drame que nous vivons actuellement en France. Seul un insensé peut jouer à la roulette belge (toutes les balles dans le barillet) en croyant pouvoir gagner. Un chef d’État si peu perméable à l’assaut du réel et aux attentes de son peuple est un homme clos qui ne se fie qu’à lui-même et à ses cireurs de bottes. Emmanuel Macron est ce narcisse esseulé. Enfin, Gilles-William Goldnadel nous livre son petit lexique du wokisme, de « Antisémitisme » à « Transports publics ».

Comme chaque été, les films nouveaux et de qualité se font plutôt rares dans les salles. Jean Chauvet nous conseille de nous tourner vers le patrimoine qui est là… bien vivant ! Emmanuel Tresmontant nous présente un breuvage millénaire qui a trouvé́ en France une terre d’élection. Blonde, blanche, brune, ambrée… la bière se décline à l’envi et séduit de plus en plus d’amateurs, des campings aux restos étoilés. Quelques conseils avisés pour siroter, cet été, une pinte à votre goût. Entre les Jeux olympiques et les soubresauts politiques, nous pourrons y trouver une des meilleures formes de consolation.

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