Le Pape François a réagi au terrible naufrage de Crotone. Les ONG sont en quelque sorte des passeurs «bénévoles»
Après la noyade de 70 personnes au large de la Calabre, le Pape François a demandé dimanche l’arrestation des trafiquants d’êtres humains lors de l’Angélus.
Le Pape revenait sur le terrible naufrage d’un bateau surchargé de migrants, provenant du port turc d’Izmir. Sur 200 passagers au moins, venus d’Irak, d’Iran, de Syrie et d’Afghanistan, on déplore 70 morts dont 15 enfants. « Que ces voyages d’espoir ne se transforment plus jamais en voyages de la mort », a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Que les trafiquants d’êtres humains soient arrêtés, qu’ils ne continuent pas à disposer de la vie de tant d’innocents ! »
On sait le Pape François très sensible au sort des migrants. Ce n’est pas la première fois qu’il dénonce les passeurs, mais c’est la première fois qu’il les désigne comme les premiers responsables des noyades et qu’il demande leur arrestation. Ceci est d’autant plus remarquable qu’en Italie, le ministre des Transports, Matteo Salvini, est sur la sellette pour l’arrivée tardive des secours.
L’Europe n’a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité ?
C’est la position traditionnelle du Pape, celle qu’il rappelle habituellement. D’ordinaire, il fustige l’égoïsme des Européens et prône un accueil inconditionnel. Or, cette position est devenue intenable. L’Europe ne peut tout simplement pas accueillir toute la misère du monde, et elle en prend déjà sa large part.
Hasard du calendrier: la justice des hommes semble rejoindre la justice divine, si j’ose dire. Saisie par un contribuable parisien, vendredi 3 mars, la Cour administrative d’appel a annulé une subvention de 100 000 euros accordée par la mairie de Paris à « SOS-Méditerranée » en 2019. Selon la Cour, l’activité de l’ONG n’est pas d’intérêt local (il n’y a donc aucune raison de la faire financer par le contribuable parisien), et surtout, cette subvention représentait une immixtion de la municipalité dans la politique étrangère, une prérogative du gouvernement. Toujours selon la Cour administrative d’appel, dans sa délibération lors de l’octroi de la subvention, la municipalité reprenait à son compte les critiques de l’ONG contre la politique migratoire européenne (laquelle nous accuse bien sûr, comme le Pape, d’être d’affreux égoïstes), d’une certaine façon.
Si cette décision est confirmée par le Conseil d’Etat, cela risque d’être très problématique pour toutes ces associations « no border » très dépendantes des subventions.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Cette décision montre que les ONG ne se contentent pas de secourir, mais qu’elles agissent comme des convoyeurs. En quelque sorte, elles sont des passeurs « bénévoles », donc les complices objectifs des passeurs dénoncés par le Pape – même si ce n’est pas la même chose, car elles elles ne le font pas pour de l’argent.
Inciter les gens à partir, à prendre des risques, leur garantir qu’ils seront secourus et leur faire croire qu’ils trouveront ici une vie meilleure alors que la plupart des sociétés européennes sont bien au-delà de leurs capacités d’accueil et d’intégration, c’est irresponsable.
Le Pape et le tribunal administratif nous rappellent ainsi opportunément que les bons sentiments peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale, juste après le journal de 8 heures.
Alors que les syndicalistes reprochent au chef de la Nupes de récupérer politiquement le mouvement de protestation contre la réforme des retraites, et déplorent le spectacle «indigne» et «honteux» donné par les députés d’extrême gauche à l’Assemblée (Laurent Berger, CFDT), Mélenchon se tourne vers les lycéens et les étudiants. Avec Louis Boyard, il les invite à bloquer, «tout ce que vous pouvez».
S’adressant aux lycéens et aux étudiants, Jean-Luc Mélenchon sait que les gros et bruyants sabots qu’il va chausser, en déclamant sans vergogne les plus plats slogans de la rhétorique gauchiste, ne seront pas remarqués par ce public dont la jeunesse est la seule excuse à la candeur. Pour leurs chastes oreilles, son discours pétille peut-être comme un enivrant champagne, alors qu’il n’est qu’une piquette éventée depuis longtemps. Notre Trotski de la Canebière, imprécateur, avait déjà tenté de se faire remarquer, en s’adressant à Macron lors de la manifestation du 21 janvier: « Soyez maudit ! »
Tribun ou prophète?
Lycéen de province en mai 68, il est certainement passé à côté de l’effervescence sorbonnarde dont il essaie parfois de retrouver les accents. Malheureusement pour lui, ses efforts pour singer les orateurs de mai sont assez pathétiques. Mélange de rhétorique hégelienne (c’est la contradiction qui fait la vie… la dialectique), d’économie marxiste (vous travaillez 10 heures, vous êtes payé trois… la plus-value sur le travail), et d’appel au peuple dans toutes ses composantes (ouvriers, paysans, jeunes, retraités…), rien ne manquera au plat éternellement réchauffé.
Son jeune acolyte, le député LFI Louis Boyard, avait déjà bien chauffé la salle: « Une fois que vous êtes dans la rue, ne vous arrêtez pas là…Si vous bloquez tous les lycées et toutes les universités, vous allez gagner le 7 mars. C’est le début de votre victoire. La perspective d’avenir heureuse est à portée de main, à portée de blocage… » On note la vieille antienne de l’avenir heureux. Les fameux « lendemains qui chantent », c’est un truc qui marche toujours. Et comme ça ne veut rien dire, ça n’engage à rien…
Jean-Luc Mélenchon bien sûr élargit la perspective: « Si nous gagnons, nous allons marquer un point qui fera écho dans le monde entier ! … Il ne s’agit pas seulement de la réforme, mais d’un monde qu’il s’agit de faire tomber. » Notre tribun voit loin et large, c’est le monde qui l’intéresse. Le monde qu’il s’agit d’abattre (ce qu’en mai 68 on appelait « le vieux monde »). Et l’humanité toute entière à entraîner, dont Mélenchon assure qu’elle observe ce qui se passe en France en ce moment. Comment ne pas songer ici au grand rêve trotskyste de la révolution internationale ? On sent bien que, derrière le prétexte de la retraite, c’est toujours la perspective révolutionnaire qui intéresse le patron de la Nupes, qui motive son action, qui est son unique passion.
Derrière l’appel à une sorte de généralisation des « AG » de salariés et de citoyens, c’est bien la vieille utopie des « Conseils » qui bégaie encore
Nous avons droit bien sûr à ce qui constitue l’alpha et l’oméga d’un bon bolchevik, l’appel à la réunion d’Assemblées Générales de salariés, mais aussi de citoyens. Derrière le concept anodin de l’AG, on sent bien qu’il faudrait plutôt entendre ce que l’on appelait autrefois des Soviets, puis de façon moins connotée des Conseils (traduction française de soviet). Conseils, ou soviets, qui devaient constituer la cellule de base de la démocratie léniniste et qui furent très vite abandonnés, voire carrément exterminés comme celui des marins de Cronstadt en 1921 par l’armée rouge sur ordre de Trotsky. Il faut dire que ces infâmes contre-révolutionnaires osaient réclamer: « Tout le pouvoir aux soviets et non aux partis ».
Puis, l’obsession révolutionnaire ose enfin se verbaliser, dans le cours du discours, discrètement, mais avec une sorte de gourmandise: « Nous sommes dans un état d’insurrection citoyenne pacifique, mais ça se rapproche plus de ça que d’une journée de grève générale ». « Insurrection pacifique »… Un bon révolutionnaire doit savoir manier les oxymores ! Derrière l’appel à une sorte de généralisation des « AG » de salariés et de citoyens, c’est bien la vieille utopie des « Conseils » qui bégaie encore. Quant à ce qu’il en est des « Assemblées Générales », tous ceux qui les ont fréquentées un jour savent qu’elles sont le contraire même de la démocratie. Parole à qui parle le plus fort, démagogie de tribune, et surtout vote à main levée dont on sait que, dans ce genre de contexte, ce n’est qu’une honteuse mascarade.
Nos jeunes Insoumis croient sans doute que la « pensée Mélenchon », comme on le disait de « la pensée Mao Tsé Toung », peut résoudre tous les problèmes. Ils déchanteront avant que les lendemains aient chanté.
Ceux qui en 2017 se réjouissaient d’avoir un jeune président de 40 ans à la tête de l’Etat en sont aujourd’hui pour leurs frais. Celui qui allait dépoussiérer cette vieille République percluse d’arthrose est un vieux radoteur, les yeux rivés sur le rétroviseur, un taxi-boy de la politique à papi.
Il est mince, il est beau le légionnaire, hélas il cause… Sa pénitence n’en finit plus, maintenant voilà qu’il exhume la Françafrique de sa boite à excuses. Putain six ans. Six longues années à arpenter le Maghreb et l’Afrique Noire pour plaider coupable au nom d’un pays criminel, donc raciste. Il n’est pas né, nous n’étions pas nés, ils n’étaient pas nés quand Foccart tisse la toile de ses réseaux africains. Accueilli par une brousse de drapeaux russes, chinois et de France Go Home notre impudent répond par un « je vous ai compris. Avec ce que nous vous avons fait subir votre haine est légitime ». Alors que les gamins qui lui font face sont animés par les dernières guerres où, de Sarko à Macron en passant par le petit gros, la France s’est ensablée avec l’uniforme de gendarme du monde… Attention, avec Macron, même en pleine séance d’auto-flagellation, l’arrogance peut à tout moment revenir au galop. Il n’a pu s’empêcher de donner des leçons de gouvernance à certains chefs d’Etat. Un peu comme à Beyrouth avec les brillants résultats que l’on sait.
Il boit pas, il fume pas,mais il ose… Ses roulements de mécaniques et son goût de la transgression ont bouleversé toutes les règles du monde feutré et policé de la diplomatie. A ses dépens. Les mauvaises manières d’un Bolsonaro étant hors concours, certains chefs d’État se relaient pour entarter Macron de tous les noms d’oiseaux, et pas par la bande mais par les canaux officiels. L’humiliation infligée le week-end dernier par le Maroc en est le dernier exemple. Le communiqué de Rabat est d’une crudité inédite en temps de paix. Si le président pratique le en même temps à l’interne, il joue un double jeu et la valse à 1000 temps à l’extérieur. Autant de mauvaises manières autour de l’échiquier ont eu raison de la patience et de l’élégance qui ont les faveurs de cet univers en cristal de Bohême. Tous ses jene te lâche pas la poignée de mains, et je te tâte l’épaule comme l’ostéo de gardedu dimanche, et je te prends pour un con mais souris aux photographes ont contribué à la perte de crédit dont jouissait la France sur le plan diplomatique. Y compris à Bruxelles, le dernier terrain où la voix de la France pesait encore auprès de ses alliés. Il n’a fait que consolider les liens “d’amitiés” et commerciaux initiés par Sarko avec les Émirats. Pour le pire…
… oui mais ça craint. Quand le président joue les cracheurs de feu en Afrique et au Maghreb je ne peux m’empêcher de voir des bombes humaines en retour de flamme. Quand il caresse l’échine d’un Emir je ne peux m’empêcher d’imaginer un réseau dormant, que d’un œil, tapi au fond d’un F3 en centre-ville. Quand il joue au con avec Poutine j’ai tendance à scruter le ciel avec inquiétude. Je suis sûrement parano, mais si dans ce monde devenu fou, le président pouvait faire un jeûne diplomatique ou une retraite monastique avant de parler je serais moins nerveux. A moins que…
…Voilà c’est fini. Mardi le peuple va présenter à Macron son projet de loi sur la réforme des retraites. Un projet qu’il peaufine depuis plus de cinq ans dans la rue… Le départ pour la retraite à 45 ans ! Le président coche toutes les cases, il a tous ses trimestres et toutes ses dents. Alors ciao gringo, have a nice trip.
Samuel Labarthe dans les traces de Nicolas Bouvier au Théâtre de Poche-Montparnasse explore «L’Usage du monde»
Samuel Labarthe m’a réconcilié avec l’œuvre de Nicolas Bouvier (1929-1998). J’étais en froid avec cet écrivain-voyageur suisse aux allures de khâgneux mi-sérieux, mi-méditatif, en proie aux déferlements des éléments sournois et dont l’avancée cahoteuse fut longtemps rythmée par le bourdonnement de sa Fiat Topolino découvrable. À vrai dire, je maudissais Bouvier d’avoir, sans le vouloir ou le désirer, engendré une descendance d’auteurs bavards et sentencieux qui allait nous raconter leurs péripéties dans des contrées d’apparence inhospitalière avec force d’adjectifs miroitants et de noms mystérieux, se gargarisant d’un savoir récemment acquis. Et nous imposer le goût de l’ailleurs et de l’étrangeté, le miracle des peuples rencontrés avec la béatitude des fraîchement convertis, ça me rappelait trop les conférences de mon enfance, où le didactisme allié à la pédanterie de l’animateur me mettait dans une rage folle. Tout le monde a dû également supporter ces interminables soirées diapositives des années 1970/1980 où des professeurs agrégés et des cadres du nucléaire s’emballaient pour l’Iran et le Maroc, pour Thessalonique ou Carthage, dans le flou d’images mal cadrées et l’approximation d’ethnologues abonnés à Géo, j’en fais encore des cauchemars. Mes écrivains de cœur voyagent entre le Pont de Suresnes et Mouffetard, ils s’égarent rarement plus loin que le Bourbonnais.
La bougeotte et l’ennui en héritage
Tout ça, c’était avant que je n’entende au théâtre de Poche, Samuel Labarthe s’emparer de quelques extraits savamment choisis de L’Usage du monde, ce voyage entrepris en 1953 des Balkans vers l’Inde, qui devint un livre de référence pour tous les étudiants ayant la bougeotte et l’ennui en héritage. Nous fêtons cette année les 60 ans de la première édition à compte d’auteur publiée à la Librairie Droz à Genève qui fut ensuite reprise par René Julliard en 1964 et dont le succès ne se dément pas depuis.
Pourquoi les mots de Bouvier, leur écho sec et vibrant, leur silence qui étire le temps, leur fausse indolence et cette sincérité âpre qui rappe la canopée ne m’avaient pas auparavant saisi ? J’étais sourd à ce ressac intérieur. Il a donc fallu que j’atteigne la cinquantaine, 48 ans exactement, pour que ce fils de bonne famille diplômé et curieux, 50 kilos et la barbe drue, me touche. Je dois ce miracle à la mise en scène sobre et onirique signée Catherine Schaub, dans cette salle intimiste et sans froideur, au bout d’une voie sans issue du XIVème arrondissement. Et puis au caractère presque enfantin de Samuel Labarthe qui arrive avec son pull à col rond et ses souliers vernis, son jeu rond et doux s’accorde avec les dessins de Thierry Vernet (1927-1993), le compagnon de route de Bouvier. Des illustrations sont projetées à l’arrière-scène, parfois une musique sonne sans tapage et la voix de l’acteur nous aide à traverser des paysages et des décors dont nos yeux habitués au fracas des actualités lointaines avaient oublié jusqu’à l’intensité modeste.
D.R.
Bouvier, un styliste à redécouvrir
Il faut tout le talent de Labarthe pour se soumettre au texte, s’en faire le serviteur volontaire, ne pas lui donner une intonation excessive ou un relief particulier, il le restitue dans sa pureté originelle, avec cependant une forme de gourmandise non feinte. Je ne me souvenais plus que Bouvier pouvait être si drôle, si ironique, tantôt désabusé, tantôt essoufflé, jamais dupe de ses errements et cependant toujours perméable aux autres, avec le souci permanent de décrire la réalité qui défile sans la contraindre ou l’enjoliver…
L’élégance de Labarthe réside dans son œil rieur qui s’amuse des loufoqueries inhérentes au voyage et puis quand l’heure est à l’introspection, il se fait plus pensif face au destin qui divague, dans ces distorsions-là, légères et presque naturelles, l’acteur excelle. Il s’y love avec une vérité désarmante. J’exagère quand j’affirme que Bouvier me laissait de marbre, j’avais aimé son texte sur son compatriote genevois Charles-Albert Cingria intitulé le flâneur ensorcelé et surtout ses réflexions sur l’espace et l’écriture. Alors, quand le spectacle fut terminé, j’ai retrouvé sans peine mon vieux Quarto Gallimard acheté chez Gibert, et j’ai goûté au styliste qu’était Bouvier en méditant sur cette phrase : « Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations ».
Du mardi au samedi 19H – Dimanche 17H30. Théâtre de Poche: infos ici.
Un film qui déconstruit les clichés racistes et qui promeut l’amitié entre juifs et musulmans, on aimerait en voir plus souvent. Je blague, bien sûr! À cause du mauvais goût du public, et de la curiosité suscitée par son casting, le film woke You People est bien classé sur Netflix. Mais c’est pour sa scène de baiser final qu’il est intéressant d’en parler…
Envie de voir un film qui déconstruit les clichés racistes et promeut l’amitié entre juifs et musulmans ? Mise en ligne le 28 janvier, la comédie romantique woke You People s’est vite retrouvée parmi les premières places de Netflix, à cause de la curiosité suscitée par son casting : Eddie Murphy (Le Flic de Beverly Hills), David Duchovny (de X-Files), Julia Louis-Dreyfus (vue dans Seinfeld) ou Jonah Hill et Lauren London dans les rôles principaux. À Los Angeles, Ezra, un trentenaire juif et pataud, se voit proposer des rendez-vous galants, mais ne trouve jamais chaussure à son pied parmi les femmes de sa communauté. Un jour, il monte à l’arrière d’une voiture conduite par Amira, qu’il prend pour un Uber. La jeune femme noire, n’étant pas taxi, se pense agressée : délicieux quiproquo. Ezra se confond en excuses. « Non, ne me dites pas que vous êtes désolé, c’est faux. Vous avez vu une femme noire dans une voiture pourrie, et vous avez pensé en tant qu’homme blanc que cela vous donnait le droit de monter à bord et de balancer une adresse ! » C’est parti pour deux heures de grosse rigolade. Les deux personnages tombent évidemment amoureux, et évidemment, leurs familles respectives, juive et musulmane, auront bien du mal à s’entendre. Eddie Murphy arbore un kufi (couvre-chef porté par les hommes musulmans, particulièrement en Afrique) offert par Louis Farrakhan, le leader de Nation of Islam. La maman juive, qui veut bien faire, en fait des tonnes sur les violences policières ou s’excuse de la réussite financière de son foyer, pendant que les tourtereaux ironisent sur la grand-mère rescapée de la Shoah. « Oh, mais vous n’oseriez pas comparer l’Holocauste et l’esclavage ? » s’indigne le père de la Noire. Mais il n’y a pas que l’humour qui sonne faux ici. On sait qu’il existe des coordinateurs d’intimité à Hollywood, ou que des geeks peuvent faire figurer leurs ex dans des films de « revenge porn » grâce à la technologie du « deep fake ». You People innove : le baiser final a carrément été réalisé en images de synthèse, a cafté un second rôle du film. Entre les acteurs, les bons sentiments interraciaux s’arrêtaient apparemment en même temps que les caméras.
Céline Pina s’est farci le dernier bouquin islamo-gauchiste d’Houria Bouteldja…
On entre dans Beaufs et Barbares par une référence à l’apocalypse. Une référence qui tourne au lapsus involontaire, car Houria Bouteldja, après son brûlot raciste Les Blancs, les Juifs et Nous, nous offre son coming-out totalitaire. Dans son nouvel ouvrage, la race est le moteur de l’histoire et la domination blanche le principe d’oppression unique et absolu ! « S’il y a bien une unité qui s’affirme dont le triomphe est annoncé, c’est celle de la suprématie blanche ».
Partant de cette représentation, Houria Bouteldja construit une inquiétante stratégie de prise du pouvoir: « Nous avons l’Idée, le mythe mobilisateur. Nous connaissons l’Ennemi. Il nous faut maintenant une volonté collective et une stratégie globale pour détruire ceux qui détruisent la terre ». La seule chose dont elle ne parle jamais, c’est de la société qui devrait sortir de cette table rase fantasmée, comme si la destruction était l’acmé de la réalisation.
Il y a un dicton qui dit qu’il vaut mieux chercher des solutions que désigner des coupables. Dans le premier cas on fait appel à ce que l’humanité a de plus grand : sa capacité de création et d’action. Dans le second, on nourrit la bête humaine et on lui offre du sang faute d’être capable de construire un chemin. Et pour que verser le sang soit légitime, autant ne pas s’embarrasser de subtilité : « Ce monde est capitaliste. Ce monde c’est la destruction du vivant. Ce monde, c’est la guerre. Il faut y mettre fin. Maintenant ». Le diagnostic est simpliste, le remède l’est plus encore. Mais comme à toute fin, il faut un début, Houria Bouteldja propose de commencer par la destruction de l’incarnation du mal absolu, l’Occident, et de ce qui permet sa domination mondiale et sa puissance historique, le rapport de race.
Elle revient sur le fait que Mélenchon et Martinez sont des butins de guerre, mais l’alliance restera limitée: « Avec les Blancs, petits ou grands, au travers de leurs organisations ou de leurs représentations diverses, il faut toujours rester aux aguets »…
Là encore, le constat est basique : « Le rapport de race, c’est le vol, l’accaparement des terres et des ressources, le viol, la mise à mort des « peuples de couleur » ». Et c’est la faute unique des Blancs et de l’Etat-Nation. Tout le livre est une pesante démonstration de cette thèse et cela passe par le raccourci historique douteux et la victimisation véhémente. Le but : justifier la violence nécessaire pour détruire le système. Le livre instruit donc une histoire du monde depuis Christophe Colomb se résumant à la violence des Blancs. Le monde se réduit à l’Occident, l’histoire à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. Pas de grandes découvertes, de progrès scientifique, de développement culturel et philosophique, pas d’existence réelle des Lumières, pas de travail accompli sur la dignité de l’être humain, la reconnaissance de l’égalité, le fait de fonder la société sur ces idéaux… Tout cela n’existe pas pour Houria Bouteldja, ou alors si, mais comme un moyen pour la bourgeoisie blanche de rallier le prolétaire blanc en lui faisant croire qu’il est un acteur politique et pas un exploité consentant. Elle réussit à résumer 500 ans d’histoire européenne sous le seul prisme de son obsession, une longue marche d’oppression contre les « peuples de couleur ». Le Grand Siècle se voit ainsi réduit au seul code noir, par exemple. Mais il faut bien tordre l’histoire pour pouvoir justifier ce type d’outrance : « On ne s’étonnera pas que le sort réservé aux natifs puis aux Africains soit devenu un modèle parfaitement assumé par Hitler et Mussolini ».
Beaufs et Barbares, une alliance de circonstance pour détruire le système
Mais si Houria Bouteldja écrit un nouveau livre, c’est certes pour mettre en accusation les Blancs et la « blanchité », mais aussi pour accoucher d’une stratégie de prise du pouvoir révolutionnaire. Cette stratégie s’appuie sur ce que décrit Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme, quand elle note le lien qui se noue entre une certaine élite avant-gardiste et ce qu’elle appelle la populace. Un lien qui favorisera le déchainement de la violence. La populace, Houria Bouteldja la désigne sous le vocable de beaufs et barbares. C’est l’union des islamistes et des gilets jaunes, des musulmans habitants des cités et des petits blancs. Non qu’elle apprécie les « petits blancs », ils restent des Blancs donc des privilégiés inconscients, mais ils peuvent être utiles car ils sont un liant du système: « Dès lors le salaire de la Blanchité devient, entre les mains des autorités légitimes, l’arme la plus redoutable de la contre-révolution en formant entre les classes dominantes et les esclaves, une classe tampon soumise à une extorsion moindre de la plus-value qu’elle produit. Cette classe ce sera celle des migrants venus d’Europe et fuyant la misère. Les Blancs en devenir ».
Comme, selon Houria Bouteldja, la notion de peuple n’est que le fruit d’une manipulation qui vise à occulter les contradictions de classe au profit du sentiment national, pour y parvenir il faut donner aux petits Blancs, des personnes à dominer : ce seront les « races inférieures ». C’est ce qu’Houria Bouteldja appelle le « pacte racial » : « Ce pacte est au cœur de la troisième République, république raciste et coloniale par excellence. Une République qui enfante l’Etat-nation, la superstructure en béton qui condense les nouveaux rapports de force au sein de l’Etat répartis comme suit : primat de la bourgeoisie sur les classes subalternes, primat des classes subalternes sur les races inférieures ».
L’Etat nation est alors opposé à l’organisation tribale. Dans le premier cas on est dans l’abstraction citoyenne et le lien organique alors que dans l’autre, on nage dans la chaleur humaine et les relations vraies. A se demander pourquoi la jeunesse de tant de pays se rue vers le méchant Occident oppresseur alors qu’elle vit là où on sait ce qui est important dans les liens humains ! Dommage que l’organisation tribale n’ait enfanté que de sociétés où l’on vit mal et meurt tôt, dommage que ces sociétés-là pratiquent encore l’esclavage ou une forme d’oppression qui s’en rapproche, mais notre Fouquier-Tinville de l’indigénisme n’en a cure. Le but est de faire un portrait de l’Occident en destructeur d’humanité.
Le lien démocratique réduit à la logique du bouc émissaire
Comme dans son esprit, seule la désignation d’un bouc émissaire crée des liens entre Blancs, elle ne conçoit même pas qu’un contrat social repose sur des aspirations et des visions du monde partagées. Selon sa logique, après la disparition du communisme, « il a fallu trouver un nouvel ennemi capable d’unifier le bloc impérialiste ». Le jihadisme, l’islamisme, tout cela n’est abordé que comme un outil permettant à la bourgeoisie blanche de désigner l’ennemi pour empêcher les petits blancs de rejoindre les « non-blancs » opprimés. 500 ans d’histoire sont ainsi étirés en une longue histoire du racisme et du rejet de l’altérité par toutes les composantes de la société française. C’est du niveau d’une rédaction de troisième, mais ce qui fait l’efficacité de théories aussi pauvres intellectuellement, c’est justement leur médiocrité. Les obsessionnels et les complotistes ont une grande force de pénétration dans les esprits, car ils proposent des lectures simplistes et exaltées de l’histoire. Elles n’ont qu’un seul rôle : exacerber le sentiment d’injustice en jouant sur la victimisation pour attiser la haine et favoriser le passage à l’acte. La vérité et l’honnêteté sont accessoires, seule compte la rage destructrice générée.
Les Blancs aiment-ils les enfants ?
C’est la deuxième partie qui montre toute la haine qui croupit dans le cerveau de l’égérie des indigénistes. Le chapitre « Les Blancs aiment-ils les enfants ? » est révélateur. Le titre promet, la suite tiendra. À une femme qui lui reprochait sa violence contre les homosexuels et la difficulté que les enfants de ces familles pouvaient ressentir face à de tels discours, Houria Bouteldja oppose une bouillie de chat expliquant que la même dame se moque de l’intervention française au Mali, ce qui signifie qu’elle se fout des enfants maliens. On ne voit pas tellement la logique de ce raisonnement mais Houria Bouteldja semble en être fière ! Comme elle est fière d’expliquer que si les gilets jaunes n’ont pas exprimé leur racisme, ce n’est pas que cela leur soit étranger, mais parce qu’ils pratiquent le double langage par peur de se voir donner des leçons par les élites dirigeantes. Les Blancs n’aiment que leurs enfants selon Houria Bouteldja, qui, elle, n’aime personne. Elle finit la séquence en racontant une anecdote dans laquelle un Blanc demande à Malcom X, qu’il reconnait dans la rue : « ça ne vous ennuie pas de serrer la main à un blanc ? » Malcom X répond : « ça ne m’ennuie pas de serrer la main à un être humain, en êtes-vous un ? ». L’extrait met mal à l’aise. Parce que celui qui déshumanise l’autre ici n’est pas le Blanc, mais le leader qu’Houria Bouteldja admire. Et la réponse de Malcom X ne signifie pas que la couleur de peau ne compte pas. Elle dit qu’il refuse le qualificatif d’être humain à une autre personne, qui en lui tendant la main suppose pourtant ce partage comme évident. Or pour Malcom X, cela ne l’est pas. Pour Houria Bouteldja non plus. Aucune relation objective n’est possible on est soit un ennemi objectif, soit de la famille. C’est encore le lien tribal, le nous identitaire qui prédomine. Hors de ce « nous », l’appartenance à l’humanité est contestée.
Pour autant, le chapitre se termine sur une note quasiment cucul. Bouteldja, revenant sur son échange avec la femme qui lui reproche de tenir des propos homophobes, nous parle de la haine qu’elle sent chez cette femme, et la décrit finalement comme prête à se jeter du côté obscur. Elle note: « il y a en elle la possibilité d’une sœur ». Pas d’une égale, pas d’une interlocutrice valable, pas d’une compatriote, d’une sœur.
Un brûlot efficace car correspondant aux représentations culturelles de ceux qu’il cible
Il n’empêche qu’Houria Bouteldja tape juste sur certains points. D’abord, sa logorrhée simpliste et manichéenne correspond parfaitement aux discours de légitimation des pouvoirs algérien ou malien… Bref, de nombre de pays qui instrumentalisent le passé colonial pour s’exonérer de leur corruption et de leur incompétence actuelle. Elle correspond aussi aux discours de propagande des Russes dans leur entreprise de recolonisation de l’Afrique. Elle correspond également à des représentations majoritaires dans les banlieues et à la lecture qu’imposent de plus en plus le jihadisme et l’islamisme dans le monde islamique. Elle voit juste aussi quand elle analyse l’Europe comme un instrument qui peut casser le contrat social : « L’Union européenne peine à capter le consentement des masses. En cause son caractère foncièrement anti-démocratique qui renforce l’exclusion des masses des centres de décision. En cause le fait qu’elle ne soit qu’une internationalisation des intérêts des blocs bourgeois, leur propre prolongement au sein des institutions bureaucratiques qui privent les peuples européens et les classes populaires en particulier de leur pleine souveraineté.» Le Frexit pourrait être, selon elle, un moyen de réaliser l’alliance de circonstance dont elle rêve entre classes populaires blanches et « indigènes ». Elle revient sur le fait que Mélenchon et Martinez sont des butins de guerre, mais l’alliance restera limitée: « Avec les Blancs, petits ou grands, au travers de leurs organisations ou de leurs représentations diverses, il faut toujours rester aux aguets ».
Lire Beaufs et Barbares, c’est un peu comme se faire les boutons, ce n’est pas beau à voir, cela aggrave les problèmes au lieu de les résoudre et pourtant, jeunes, on ne peut s’en empêcher et la satisfaction de faire couler le pus l’emporte dans l’instant sur la certitude de l’infection et de l’inflammation. S’adresser au cerveau reptilien, c’est un peu comme se faire les boutons, cela ne peut que vous mener droit dans le mur mais pendant une minute, en crachant la haine et l’aigreur, on peut se prendre pour la reine des dragons et croire qu’on est le feu qui purifiera le monde. Pour cela, l’intelligence n’est pas l’option la plus rentable, ce qui marche au contraire c’est la bêtise la plus crasse, celle qui trouve une cause unique à tous les maux. Pour Houria Bouteldja, la clé de compréhension de l’univers est finalement un peu la même que celle qu’avait de la réalité… Hitler. Oui, pour elle, tout passe par la race. Son seul projet : détruire cette domination blanche quitte à se résoudre à une alliance de circonstance avec la gauche et les petits Blancs. En revanche, on ne saura jamais quelle société sera créée, ce point-là n’est pas abordé. Seules comptent la destruction et la prise de pouvoir. Pour en faire quoi ? Cela importe peu, Bouteldja ne nourrit pas un projet d’avenir mais poursuit une logique de vengeance.
Il est probable qu’Houria Bouteldja n’ait jamais à faire ce travail elle-même, car le projet de société qu’il y a derrière tout cela existe déjà. C’est celui de l’islam politique. Mais le dire empêcherait la stratégie qui consiste à unir beaufs, « barbares » et gauchistes… Car si leurs intérêts peuvent converger dans la destruction, les beaufs et les gauchistes n’auront qu’une place d’inférieurs dans la nouvelle société. Alors autant le leur laisser découvrir. Après.
Chaque jour, des dizaines de messages sont envoyés à la plateforme de Parent vigilant sur le site: protegeons-nos-enfants.fr. Parents, élèves et professeurs racontent une éducation dévorée par la bêtise idéologique, le conformisme et le renoncement à toute exigence. Dans le privé comme dans le public. Florilège [1].
Wokisme d’atmosphère
• Je suis enseignant dans un lycée professionnel dans l’Essonne. L’endoctrinement idéologique est permanent : écriture inclusive, dérives LGBT et pressions syndicales. Contredire leurs thèses nous expose à des représailles sournoises comme des poubelles vidées dans nos casiers ou menaces sur nos messageries.
• Ma nièce, en sciences politiques et relations internationales à la Catho de Lille, m’a montré les options à choisir pour ses trois années de licence :
– Introduction aux études de genre – Sociologie de l’ethnicité – Politique et religion – Études post-coloniales – Philosophie de la migration – Genre, sexualité et lutte moderne
L’intitulé de ce cursus est « La licence de relations internationales offre une solide compréhension analytique et critique de la politique mondiale ».
• Mon fils est en seconde. Le premier devoir demandé par le professeur d’anglais est le suivant : « Vous raconterez l’arrivée en France de l’un de vos parents immigré. »
Expo «Tous migrants», collège J. Brel de Taninges (74)
• Mon fils est en première dans un lycée en Isère. Le premier jour, sa professeure d’histoire-géo a commencé son cours sur les méfaits des chasses d’eau de w.c.. Selon elle, seuls les riches peuvent se permettre de gaspiller l’eau et les citoyens responsables utilisent des toilettes sèches. Cette même prof pratique les « cours inversés » afin de « préserver l’égalité des chances » : elle n’enseigne rien car les élèves doivent apprendre chez eux. Les heures de classe sont consacrées aux exercices et corrections. Tout ceci est confirmé par ses camarades et leurs parents. J’hésite à intervenir auprès du proviseur car je crains que mon fils soit pénalisé.
• Notre fils, en classe de seconde, s’est vu remettre par son professeur de français une notice d’explication pour faire un compte-rendu de livre en écriture inclusive.
• Lors d’une réunion parents/professeurs, j’ai été effaré d’apprendre que des mots de la langue française pouvaient s’écrire de manière phonétique (photo devient « foto », nénuphar devient « nenufar »…) et que l’accent circonflexe n’était plus obligatoire.
• Un DM [devoir à la maison] donné par la prof d’histoire-géo de l’établissement catholique privé Saint-Joseph, à Roquebrune-Cap-Martin demande à l’élève de s’imaginer en Africain capturé par des Européens pour être vendu aux Antilles et travailler dans des plantations. La consigne insiste sur la partie « ressenti » du récit.
• Je suis en première dans un lycée catholique d’Île-de-France. Une propagande anti-droite est menée en cours de sciences politiques. Reconquête, Fratelli d’Italia, Vox, les Démocrates de Suède, Viktor Orban, le parti polonais Droit et Justice sont tous mis dans le même sac de « l’extrême droite néofasciste européenne ». La montée des identitaires est comparée à l’avènement d’Adolf Hitler et du nazisme en Allemagne.
• Le terme « trace écrite » remplace à présent le mot « leçon » ou « résumé ». La déconstruction passe aussi par les mots ! Visiblement, c’est une directive de l’Éducation nationale.
Au mur de la salle des profs
• Je suis en première dans un lycée parisien. En SVT [sciences de la vie et de la Terre], on a parlé de la discrimination de genre pendant deux heures : les moyens de contraception, les types de sport que font les femmes et les hommes, etc. On cherche à nous faire culpabiliser pour ensuite nous déconstruire et nous faire devenir des filles. En Anglais, notre prof nous dit à chaque cours que l’on n’a pas le temps de faire de la grammaire. Les quatre chapitres que nous avons abordés sont : les bienfaits de l’immigration et le multiculturalisme, les gentilles éoliennes et le méchant nucléaire, le genre et les stéréotypes. En histoire-géo, ma prof est islamo-gauchiste. Lorsqu’on a étudié la démographie, elle nous a martelé que sans l’immigration la France serait un pays du tiers-monde et que toutes nos victoires militaires étaient dues aux immigrés. Elle nous explique que le grand remplacement est un fantasme d’extrême droite, que la campagne d’Éric Zemmour est financée par les Russes et que le Z tracé sur les chars russes est le Z de Zemmour. En SES [sciences économiques et sociales], notre professeure a clairement affiché son soutien à Emmanuel Macron. Pour elle, la taxe sur les moteurs thermiques c’est génial, et la fin de ceux-ci c’est formidable. L’Europe est la clé de tous les problèmes et, grâce à elle, l’électricité est peu chère en France.
• Notre fils, en quatrième, a reçu quatre heures de colle pour avoir dit « elle » à un garçon qui a les cheveux longs lors d’une dispute. Durant ces heures de punition, il a dû répondre à un questionnaire bourré de fautes d’orthographe. Si le sens des premières questions est acceptable, les suivantes sont totalement déplacées pour un enfant de 12 ans. Nous ne savons pas quoi dire ou faire car nous craignons que notre enfant soit renvoyé de l’établissement suite à nos remarques.
• Je suis en terminale dans un lycée agricole du sud de la France. Le jeudi 24 novembre 2022, des membres de SOS Méditerranée sont intervenus dans notre classe. J’ai quitté la salle et attendu que l’association finisse son exposé pour retourner en cours. Informés de mon absence, les professeurs m’ont dénoncé et j’ai pris quatre heures de colle. Le CPE m’a imposé d’écrire une lettre de justification, puis j’ai été convoqué par le proviseur adjoint pour me justifier encore. Après un échange musclé avec ce dernier, qui me reproche un « comportement inadmissible », voire « raciste », les quatre heures m’ont finalement été retirées mais si je « récidive », je serai définitivement exclu du lycée.
• Je suis dans un lycée public des Yvelines. En EMC (éducation morale et civique), nous avons eu un oral sur les droits menacés dans le monde. Pour la France, les exemples proposés ont été le droit à l’avortement et le droit au travail pour les immigrés. En cours de droit et grands enjeux du monde contemporain, nous regardons des vidéos de Jean-Luc Mélenchon sur la VIe République. On laisse élèves et parents d’élèves porter le voile, mais une croix est immédiatement sanctionnée par une heure de colle. Il y a aussi une inégalité des sanctions selon l’origine des élèves : les surveillants sont indulgents envers une personne d’origine africaine car elle est « oppressée par le système » mais implacables envers nous autres « privilégiés ».
• Je suis révolté par le sujet du devoir de Français de ma fille, au collège Lakanal, à Sceaux : elle doit rédiger trois arguments en faveur de l’euthanasie. Aucun argument contradictoire n’est demandé.
• Au lycée Montesquieu du Mans, le sujet du devoir de physique est de calculer l’énergie que va avoir une boule de pétanque lancée sur un policier !
• Pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, le collège de mon enfant a demandé à tous les élèves de porter un t-shirt aux couleurs LGBT.
• Le jour de sa rentrée en maternelle, le fils d’un ami se trompe de toilettes et entre dans celles des filles. Un instituteur le remarque et lui dit : « Tu as le droit d’aller ici si tu te sens comme une fille, c’est normal, ne t’inquiète pas, tu peux être une fille. » L’enfant s’est uriné sur lui et, depuis, refuse d’aller à l’école.
Au lycée Bernard Palissy d’Agen
• Mon fils, en CM1, m’a raconté que l’infirmière scolaire était passée dans la classe pour leur dire que les garçons pouvaient porter des robes. Je suis allée voir l’institutrice et le directeur qui m’ont assuré que l’infirmière était parfaitement dans son rôle. Et quand je me suis plainte de ne pas en avoir été informée par le cahier de liaison, ils m’ont répondu qu’il n’en était pas question car la déconstruction des stéréotypes de genre faisait partie du programme, comme les maths et le français.
• Ma fille est à l’UBO (Université de Bretagne occidentale). Le premier jour, elle a participé à une journée de présentation générale au cours de laquelle elle s’attendait à être renseignée sur les matières, les emplois du temps, le restaurant universitaire, etc. Au lieu de cela, elle a assisté à un défilé d’associations parmi lesquelles des LGBT+ qui leur ont appris l’existence des « cafés capote » dans le hall de l’UBO. Ces rendez-vous visent à faire adhérer les étudiants à l’association. S’ils achètent un café, un préservatif leur est offert !!!
• Mon fils, du haut de ses 5 ans, m’a dit : « Tu sais maman, un garçon peut devenir une fille et une fille peut devenir un garçon. »
• Ma fille, âgée de 4 ans, est scolarisée à l’école maternelle Jules-Ferry de Margny-lès-Compiègne. Lors d’un rendez-vous au sein de l’établissement avec une infirmière du département, on lui a fait passer un test de « conscience de soi ». Elle a dû répondre à la question : « Es-tu une petite fille ou un petit garçon ? » L’infirmière m’a précisé que « certains petits garçons peuvent se sentir petites filles et certaines petites filles peuvent se sentir petits garçons ».
• La crèche collective de mon fils, dans le 5e arrondissement, nous a remis à la rentrée un livret d’information en écriture inclusive publié par la mairie de Paris intitulé Mon enfant à la crèche, informations essentielles pour son accueil. Extrait : « L’égalité fille garçon. Expression des émotions, choix des jeux et traits de caractère. Les professionnel.le.s des crèches sont sensibilisé.e.s à prévenir les discriminations et les stéréotypes de genre, particulièrement enfermant à cet âge précoce. Leur rôle est de laisser émerger les compétences et les appétences des enfants en fonction de leurs désirs et de leurs besoins. »
• École publique, janvier 2022. Les élèves de CM1 ont suivi des interventions faites par des étudiants en médecine sur la sexualité, l’affectivité et le consentement. J’ai volontairement signé l’absence de ma fille à ces horaires-là. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a dit qu’elle me signalerait à l’académie car « au nom de l’égalité, je ne peux vous laisser faire cela, l’enseignement est obligatoire, on ne choisit pas les cours auxquels nos enfants participent en fonction de ses convictions ». Trois jours plus tard, j’ai scolarisé ma fille dans un établissement privé.
• Je suis étudiant en droit à Saint-Brieuc. Les matières dispensées relèvent davantage de la propagande que de l’enseignement universitaire. L’un des sujets des partiels de l’année dernière était : « Engendrements et maternités transgenres à l’épreuve de l’état civil : Quelles conséquences pour le droit des personnes ? »
• Lors de l’inscription de notre aînée en petite section, j’ai été très surpris de voir que sur les documents où sa mère et moi devions signer étaient indiqués « PARENT 1 » et « PARENT 2 ». Il s’agit d’une école privée catholique !
Banc «arc-en-ciel» école primaire d’Alénya (66)
• Au lycée Henri-IV, en première année de classe préparatoire littéraire, le cours d’histoire porte sur « les femmes et le genre depuis le xviiie siècle ». Premier cours de l’année : le professeur fait l’appel, s’interrompt et dit : « Il n’y en a pas parmi vous qui veulent changer de genre ? Parce que dans ce cas, l’établissement vous accompagne dans votre transition. » Les cours s’enchaînent avec une avalanche de propos du type « la société française, misogyne et patriarcale », « les prêtres sont pédophiles », « les femmes se faisaient violer par leurs époux au xixe siècle ». Le plus horrifiant, au-delà de la propagande wokiste, c’est bien la focalisation sur la sexualité : pas dix minutes de cours sans que le sujet soit abordé, de toutes les manières les plus graveleuses qui soient, devant des élèves qui ne sont pas tous majeurs.
• Le fils de 17 ans d’un couple d’amis m’a montré les fascicules de propagande LGBT que des associations distribuent au sein du lycée Jules-Vernes de Limours. Elles les encouragent à changer de genre ou à devenir homosexuel. Cet établissement est aussi doté d’un conseiller d’orientation sexuelle qui refuse d’accueillir les élèves hétérosexuels.
• À Sceaux comme à Bourg-la-Reine, le porc a totalement disparu des menus des cantines scolaires. J’ai aussi été stupéfaite de voir les surveillants du collège parisien de mon fils parler en arabe et saluer en arabe certains élèves. Cela devant la CPE et la chef d’établissement qui ne disent rien.
• Mes enfants sont dans une école élémentaire publique à Saint-Étienne. Dans chaque classe, sur 27 élèves, il n’y a pas plus de quatre « petits Blancs », comme les appellent les autres élèves qui les désignent aussi comme « les gwers », « les cochons », « les tout roses ». Ils subissent insultes, coups, harcèlements, intimidations… les instituteurs demandent aux enfants « privilégiés » de comprendre que leurs petits tyrans ont « moins de chance » qu’eux. Les écoles maternelles et élémentaires publiques de la ville ont retiré depuis longtemps le père Noël ou la fête des Mères. Le porc et la viande non halal sont proscrits des fêtes de fin d’année où l’on est obligé d’acheter un hot-dog halal à son enfant pour qu’il profite de la kermesse comme les autres.
Une lecture parmi d’autres
• Dans cette école primaire, l’équipe éducative ne fait rien en voyant la cantine désertée pendant un mois par la majorité des élèves de CM2 durant le ramadan. Les moqueries et remarques violentes des garçons aux filles sont quotidiennes ; et dans une classe, l’unique élève d’« origine française » et non musulmane a subi des brimades, des accusations mensongères de racisme et a été rejetée par le groupe. (« Il ne faut pas lui parler parce qu’elle ne croit pas en Dieu », etc.) Cette élève en est devenue si stressée qu’elle a dû quitter l’école avant la fin de l’année – avec l’accord de la maîtresse. Dans cette même classe, deux élèves se sont bouché les oreilles et ont fermé les yeux pour protester contre un cours sur la sexualité. Ils ont été envoyés chez la directrice qui leur a dit : « Si ça ne vous plaît pas, il faut aller dans une autre école. »
• Je suis un ancien prof d’EPS. Dans mon établissement, les filles de confession musulmane refusaient de se changer dans le vestiaire des « blanches », utilisaient les w.c. pour se mettre en tenue de sport et refusaient ensuite de jouer avec les garçons. Elles étaient systématiquement dispensées de natation grâce à des certificats médicaux de complaisance.
• La signalétique au sein du nouveau collège Jean-Rostand à Orléans est en français, en arabe, en turc et en portugais. A priori ce n’est pas en contradiction avec la loi Toubon, mais c’est pour le moins étrange. Surtout ne pas signaler mon nom sinon je suis grillé.
A l’université de Reims
• À chaque rentrée, nous devons remplir un document stipulant si nos enfants ont des allergies connues et s’ils mangent du porc. Je suis mariée à un Algérien kabyle, donc notre nom de famille a une consonance maghrébine. Mais chez nous, on mange tous du porc ! Cette tolérance a été signalée à la cantine de mes jumeaux en petite et moyenne sections de maternelle et reconfirmée lors de leur entrée en dernière année. Récemment, mes enfants sont arrivés perturbés à la maison et m’ont appris que Fatima, la « dame de la cantine », leur avait dit qu’ils n’avaient pas le droit de manger du porc. Le lendemain, j’ai eu une discussion avec les différentes maîtresses, en leur rappelant que ça faisait trois ans que mes enfants étaient ici et que depuis trois ans je remplissais le même papier pour le leur confirmer : oui, donnez du porc à mes garçons !
• Je suis jeune enseignant à Épinay-sur-Seine, où les dysfonctionnements sont nombreux. En début d’année, j’ai posé une simple question à mes élèves : « Définis-toi, en un mot. » Ils ne se sont pas définis comme souriant, énergique, sérieux ou blagueur, mais comme tunisien, marocain, maghrébin…
• Depuis maintenant une semaine, mon lycée laisse des jeunes filles de 15-17 ans venir voilées dans l’enceinte de l’établissement. C’est le lycée François-Mauriac, à Andrézieux-Bouthéon.
La «plateforme de référence» des profs d’histoire
• Mon fils de 7 ans vient de rentrer en CE1 à l’école Bourran, à Mérignac, et peut d’ores et déjà apprendre l’arabe ou le turc.
• La fille d’une amie, scolarisée à Villepinte, est en maternelle. Elle demande à sa mère en sortant de l’école : « Maman, c’est où le bled, je veux y aller. » Sa mère lui répond qu’elle a choisi une autre destination pour les vacances et qu’elles partent à l’île Maurice. La petite insiste : « Non ! moi aussi, je veux aller au bled, comme les autres ! »
• En histoire de l’art, j’ai abordé un jour l’art gothique français en relation avec la musique du XIVe siècle. J’ai voulu faire écouter à mes élèves le Kyrie de la messe de Machaut, compositeur emblématique de cette période, quand d’un coup, une élève s’est levée et a pris la porte sans ma permission. Je l’ai interpellée et elle m’a répondu : « Je refuse d’écouter la musique des croisés français, je suis musulmane pratiquante, vous me révoltez ! » Elle a refusé de revenir en cours durant toute la séance. J’en ai fait part à mes collègues ainsi qu’au proviseur qui m’ont opposé une indifférence totale. Je me suis sentie honteuse, impuissante, dans une solitude absolue.
Sans traduction, université du Havre
Assignation
• J’ai été adoptée au Viêt Nam et mes parents ont voulu me faire apprendre le vietnamien au lycée Jean-de-la-Fontaine (Paris 16e). Je me suis retrouvée en cours avec d’autres élèves d’origine vietnamienne et ces derniers m’ont rapidement appelée « sale française » en constatant ma passion pour l’histoire et la littérature. J’ai été victime de harcèlement scolaire de 2009 à 2013. La professeure de vietnamien a protégé mes harceleurs car elle estimait que je l’avais bien mérité et ne faisais « aucun effort pour me comporter comme une Vietnamienne ». Mes parents étaient le seul couple français du groupe et aux réunions de parents d’élèves, ils étaient systématiquement mis à l’écart.
[1] Les noms et prénoms ont été effacés, et les fautes d’orthographe ont été corrigées.
Plutôt que réellement impopulaire, le président Macron demeure singulier et insaisissable.
D’abord, il convient d’admettre que la personnalité d’Emmanuel Macron est trop riche, trop complexe et trop équivoque pour qu’on ne se penche pas sur elle, qu’elle en vaut la peine et qu’on ne saurait la réduire à la caricature que certains esprits partisans en font. C’est, à chaque émission des Vraies Voix à Sud Radio, ma principale controverse – outre qu’elle est socialiste et que je ne le suis pas – avec mon amie Françoise Degois qui cherche obstinément à me démontrer qu’Emmanuel Macron est un président médiocre, tout d’une pièce, et que je me trompe en lui prêtant une profondeur qu’il n’a pas. Pourtant, je continue à penser que mon approche n’est pas absurde qui le gratifie d’une singularité sur laquelle il est passionnant de réfléchir.
Loin d’être notre président le plus impopulaire…
Cette analyse impose que le sens de la nuance existe, et qu’on sache distinguer entre la notion d’impopularité politique et l’hostilité humaine à l’égard d’un caractère ou d’attitudes pour lesquelles on n’éprouverait aucune empathie. Car, à la question qui interrogerait sur le président de la République le plus impopulaire de la Ve République, l’évolution des sondages et leurs fluctuations font apparaître qu’ Emmanuel Macron n’est de loin pas le plus mal loti et que par exemple Nicolas Sarkozy et François Hollande ont connu des baisses beaucoup plus vertigineuses. Le président actuel s’en tient, au niveau politique, à un capital solide et persistant qui démontre la réalité de soutiens apparemment inébranlables.
Pourtant, on ne peut échapper à cette contradiction qu’Emmanuel Macron est aussi, en dépit de séquences intermittentes contraires, le plus mal-aimé depuis 1958. Si son épouse est souvent célébrée, il y a eu une période où le couple était odieusement vilipendé et mis à mal. J’ai toujours considéré que le passé ne nous offrait pas d’exemples d’une détestation aussi virulente, déplacée du terrain politique au registre personnel. Allant de la contestation d’un président de la République à l’exécration d’un roi républicain, qui permettait à ses ennemis de cumuler ce que la République peut susciter de négatif et ce que la royauté fait surgir de jalousie, d’envie et de pulsions mortifères.
Ombre et lumière
Cette dérive n’est pas exclusive, par ailleurs, de ce que sur le fond, sa politique nationale et internationale (sauf pour l’Ukraine, avec un Poutine auquel aucune horreur n’est étrangère) secrète comme oppositions, ressentiments et parfois désaveux, voire mépris (si on songe à la « gifle » du Maroc). Ces virulences sont d’autant plus aigres et intenses que depuis sa réélection après une campagne ayant laissé le citoyen sur sa faim, Emmanuel Macron a perdu de son aura avec cette majorité relative qui constitue un handicap certain. Il paraît lui-même se heurter aux murs de la République, cherchant, tâtonnant, errant comme si la grâce d’avant l’avait abandonné…
Mais pour l’homme lui-même et sa pratique présidentielle ? Même si son premier quinquennat et le cours du second ont connu et connaissent une série d’aléas, d’entraves et de tragédies de toute nature, rares dans une vie présidentielle, je ne suis pas persuadé que cela suffise aux citoyens pour compenser l’impression, avant, d’un parcours facile, confortable, n’ayant jamais posé sur l’apparence d’Emmanuel Macron les stigmates d’épreuves qui l’auraient rendu fraternel.
Par ailleurs, en dépit de moments où il s’est laissé aller à quelques grossièretés, s’imaginant qu’on lui en saurait gré, comme si le peuple n’aspirait pas à la tenue de ceux qui le dirigent (son envie de proximité n’est pas récusable en elle-même dès lors qu’il l’incarne avec une correction qu’il convient de saluer ; son échange récent avec cet écologiste délirant au Salon de l’agriculture en est une très éclairante illustration), Emmanuel Macron met le pays en état de malaise. Ce président nous gêne qui ne nous permet pas de nous camper dans une posture d’hostilité franche ou d’inconditionnalité assurée. Ce qu’il dit, ce qu’il accomplit, est sans cesse ombre et lumière, vrai en partie, faux aussi, à la fois narcissique, également lucidité et courage intellectuel. Emmanuel Macron a été et est un très piètre DRH, probablement le président qui a choisi avec une sûreté absolue, pour les postes de conseillers et de ministres, les plus mauvais. Par exemple Thierry Solère, conseiller officieux (et obstinément gardé) avec ses treize mises en examen. Ou Pap Ndiaye, si peu à sa place qu’il en devient presque touchant.
Mais, cette inaptitude à sélectionner les meilleurs (bonheur de n’avoir qu’Alexis Kohler dans le royaume enchanté de l’intelligence supérieure ?) est très largement compensée par le fait qu’Emmanuel Macron se mêle de tout ! tout le regarde, il travaille pour deux, la nuit n’est pas un repos, la pression est sur tous, on ne peut pas de manière commode le prendre pour un roi fainéant, il vit, il bouge, il s’agite, il se morfond, il ne supporte pas cette inaction qui vient mettre des bâtons dans son énergie, dans son désir de réforme, dans sa passion de bousculer et de provoquer. On sent son exaspération face à ces oppositions qui se contentent de s’opposer, face à son camp dont il mesure à sa juste valeur la qualité – déjà divisé à cause de certaines loyautés troubles, un zeste dissidentes. Emmanuel Macron est agaçant pour beaucoup précisément parce qu’il ne se résigne pas à l’immobilisme. On le préférerait serein, tranquille, observateur regardant le temps présidentiel passer, encore un peu là, déjà presque plus là. Emmanuel Macron est encore beaucoup trop vivant ! Le citoyen aimerait faire sans lui mais c’est impossible. Il y a ses échecs qui démontrent sa présence mais aussi son inlassable besoin de se démultiplier, comme s’il désirait se faire regretter avant l’heure.
Je persiste donc à juger Emmanuel Macron plus comme un mal-aimé que comme un président contesté. Mais s’il ne peut se défaire de lui, en 2027 il devra se défaire de nous…
La décision imposée par les institutions européennes d’interdire la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035 se heurte à des oppositions de plus en plus grandes. De la part de l’Italie, de la Pologne et de la Bulgarie. Mais même en Allemagne, la question est devenue un sujet de profonde discorde au sein de la coalition gouvernementale.
Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, il s’agit en Allemagne ni plus ni moins que d’un « combat de civilisation ». En Italie, en Pologne, en Bulgarie, la décision des institutions européennes d’interdire la vente de véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035 est contestée et considérée comme une erreur économique, sociale et même environnementale… Elle est accusée de ne pas respecter le principe de neutralité technologique qui doit être celui des institutions européennes. Et comme l’annonce de façon dramatique le Financial Times, « l’Allemagne et l’Italie ont fait voler en éclat le plan de l’UE visant à interdire les moteurs à combustion interne d’ici 2035 ». Le quotidien de la finance poursuit: « les deux pays, patries des écuries Volkswagen, Fiat et Ferrari, demandent des exceptions pour les véhicules qui roulent au carburant synthétique».
L’extrême-droite italienne est à la manœuvre depuis l’adoption de la mesure par le Parlement européen à l’image de Matteo Salvini, vice-premier ministre et ministre des infrastructures et des transports du gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni. Il qualifie le passage au tout électrique de « suicide » et de « cadeau » fait à l’industrie chinoise. D’autres pays comme la Slovaquie, le Portugal et la Roumanie ont émis des doutes et pourraient s’abstenir lors d’un vote, toujours en suspens, au Conseil de l’Union.
La nouveauté, c’est que le diktat bruxellois provoque maintenant une crise politique en Allemagne. Christian Lindner, le chef des libéraux, bloque la décision du gouvernement allemand. « Notre objectif est que les nouvelles voitures à moteur à combustion soient encore autorisées à circuler en Allemagne après 2035, a-t-il déclaré. Toutefois, ces véhicules devront alors rouler à l’éco-carburant, respectueux du climat. »
La même position que Thierry Breton
La position de Christian Lindner est en fait assez proche de celle, minoritaire, défendue au sein de la Commission par Thierry Breton, le commissaire français au marché intérieur. Il estime indispensable de conserver un savoir-faire technologique dans l’un des rares domaines ou l’industrie européenne, en général, et allemande, en particulier, sont des leaders mondiaux. Les moteurs thermiques continueront d’ailleurs à se vendre dans le monde bien longtemps après 2035. Les choix politiques de l’Europe ne s’imposent évidemment pas sur…
Dans La chambre des diablesses (Robert Laffont), la romancière donne un véritable roman noir et violent autour du personnage de La Voisin, tueuse en série du Grand Siècle.
On dit que notre société s’ensauvage, qu’elle est de plus en plus violente, que le relativisme agit comme la gangrène sur la jambe d’un grand blessé, que la frontière entre le bien et le mal s’oblitère sous les coups de gomme des séries diffusées sur Netflix. Si vous êtes d’accord avec ce constat, ne lisez surtout pas le nouveau roman d’Isabelle Duquesnoy, La Chambre des diablesses, vous risqueriez de vous imaginer en train de vomir sur les tombes d’un cimetière écossais, une nuit de pleine lune, après avoir asséché le pub du coin.
Car Duquesnoy frappe fort, très fort même en convoquant la truculence de Rabelais associée à la perversion de Georges Bataille. Le cocktail est détonnant, et offre un plaisir de lecture orgasmique ! Ça trucide à tour de bras, ça copule, empoisonne, des nourrissons sont sacrifiés pour récupérer leurs organes. Il faut faire bouillir la marmite des sorcières. Les fluides corporels coulent à flots. L’histoire de France ressemble à une sentine.
Scandales et sorcellerie
Le règne de Louis XIV, donc. D’un côté, la magnificence de Versailles ; de l’autre, les turpitudes de la plus célèbre des tueuses en série françaises, Catherine Monvoisin, que la postérité retiendra sous le surnom de La Voisin qui, paraît-il, faillit empoisonner le roi et sa maitresse, Angélique de Scorailles, âgée de dix-sept ans, sur ordre de la favorite délaissée, la fameuse Montespan. Le début du roman d’Isabelle Duquesnoy s’ouvre sur l’exécution de La Voisin. La foule vient la voir brûler. Louis XIV l’a exigé. On ne badine pas avec la colère du roi. La Voisin ne se laisse pas faire. « Elle s’agite comme une possédée », écrit Duquesnoy qui précise avec délectation, faisant de nous des voyeurs: « Les flammes commencent par lécher ses chevilles, puis le bas de sa robe, avant de s’élever en bourrasque, comme aspirées vers son visage. Et puis, d’un seul coup, la fumée montant vers le ciel emporte les cheveux fondus de Maman. » En fait, c’est la fille de La Voisin qui s’exprime, Marie-Marguerite, accusée de complicité et sommée de livrer les secrets de sa machiavélique mère, de révéler ses formules soufflées par le diable et la liste de ses clients dans la haute noblesse courtisane.
Un scandale énorme sur fond de sorcellerie moyenâgeuse. C’est la retentissante affaire des poisons. On découvre un récit hallucinant, « turpitudesque ». On est plongés au cœur de l’abjection humaine. « Ma guiguite, il est temps que je t’enseigne les rudiments de mon art », confesse La Voisin à sa fille. Elle parle d’art, mais comprenez son talent pour préparer moult poisons auxquels il est impossible de réchapper. « Guiguite » parviendra-t-elle à sauver sa peau ? Vous le saurez en dévorant le livre d’Isabelle Duquesnoy, qui nous avait déjà conquis avec La pâqueline ou les Mémoires d’une mère monstrueuse. Ici, c’est simple, elle nous ensorcelle avec le singulier destin de la jeune « Guiguite ». Et renforce notre côté paranoïaque devant un dîner aux chandelles préparé par une ancienne conquête.
Dans ce théâtre de possédés, le César d’horreur est attribué à l’abbé défroqué Guibourg – personnage bataillien – spécialiste des messes noires. Extrait : « Guibourg posa le corps inerte sur la table. Marie-Marguerite fut saisie de compassion pour ce bébé sans vie et s’empara d’un lange pour l’emmailloter. Mais l’abbé la repoussa d’un coup de coude et, d’un geste discret de l’index, lui désigna la chaise où aller s’asseoir. Alors il ouvrit la poitrine du nourrisson, qui ne saignait pas. Il y glissa deux doigts, afin de toucher son cœur. Là, il parvint à recueillir un peu de sang, cailloté, qu’il étala sur le rebord du calice. »
Isabelle Duquesnoy, La Chambre des diablesses, Robert Laffont.
Le Pape François a réagi au terrible naufrage de Crotone. Les ONG sont en quelque sorte des passeurs «bénévoles»
Après la noyade de 70 personnes au large de la Calabre, le Pape François a demandé dimanche l’arrestation des trafiquants d’êtres humains lors de l’Angélus.
Le Pape revenait sur le terrible naufrage d’un bateau surchargé de migrants, provenant du port turc d’Izmir. Sur 200 passagers au moins, venus d’Irak, d’Iran, de Syrie et d’Afghanistan, on déplore 70 morts dont 15 enfants. « Que ces voyages d’espoir ne se transforment plus jamais en voyages de la mort », a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Que les trafiquants d’êtres humains soient arrêtés, qu’ils ne continuent pas à disposer de la vie de tant d’innocents ! »
On sait le Pape François très sensible au sort des migrants. Ce n’est pas la première fois qu’il dénonce les passeurs, mais c’est la première fois qu’il les désigne comme les premiers responsables des noyades et qu’il demande leur arrestation. Ceci est d’autant plus remarquable qu’en Italie, le ministre des Transports, Matteo Salvini, est sur la sellette pour l’arrivée tardive des secours.
L’Europe n’a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité ?
C’est la position traditionnelle du Pape, celle qu’il rappelle habituellement. D’ordinaire, il fustige l’égoïsme des Européens et prône un accueil inconditionnel. Or, cette position est devenue intenable. L’Europe ne peut tout simplement pas accueillir toute la misère du monde, et elle en prend déjà sa large part.
Hasard du calendrier: la justice des hommes semble rejoindre la justice divine, si j’ose dire. Saisie par un contribuable parisien, vendredi 3 mars, la Cour administrative d’appel a annulé une subvention de 100 000 euros accordée par la mairie de Paris à « SOS-Méditerranée » en 2019. Selon la Cour, l’activité de l’ONG n’est pas d’intérêt local (il n’y a donc aucune raison de la faire financer par le contribuable parisien), et surtout, cette subvention représentait une immixtion de la municipalité dans la politique étrangère, une prérogative du gouvernement. Toujours selon la Cour administrative d’appel, dans sa délibération lors de l’octroi de la subvention, la municipalité reprenait à son compte les critiques de l’ONG contre la politique migratoire européenne (laquelle nous accuse bien sûr, comme le Pape, d’être d’affreux égoïstes), d’une certaine façon.
Si cette décision est confirmée par le Conseil d’Etat, cela risque d’être très problématique pour toutes ces associations « no border » très dépendantes des subventions.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Cette décision montre que les ONG ne se contentent pas de secourir, mais qu’elles agissent comme des convoyeurs. En quelque sorte, elles sont des passeurs « bénévoles », donc les complices objectifs des passeurs dénoncés par le Pape – même si ce n’est pas la même chose, car elles elles ne le font pas pour de l’argent.
Inciter les gens à partir, à prendre des risques, leur garantir qu’ils seront secourus et leur faire croire qu’ils trouveront ici une vie meilleure alors que la plupart des sociétés européennes sont bien au-delà de leurs capacités d’accueil et d’intégration, c’est irresponsable.
Le Pape et le tribunal administratif nous rappellent ainsi opportunément que les bons sentiments peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale, juste après le journal de 8 heures.
Évènement "La veille du 7 mars", Paris, avec Jean-Luc Mélenchon et Louis Boyard, 3 mars 2023. Photo : D.R.
Alors que les syndicalistes reprochent au chef de la Nupes de récupérer politiquement le mouvement de protestation contre la réforme des retraites, et déplorent le spectacle «indigne» et «honteux» donné par les députés d’extrême gauche à l’Assemblée (Laurent Berger, CFDT), Mélenchon se tourne vers les lycéens et les étudiants. Avec Louis Boyard, il les invite à bloquer, «tout ce que vous pouvez».
S’adressant aux lycéens et aux étudiants, Jean-Luc Mélenchon sait que les gros et bruyants sabots qu’il va chausser, en déclamant sans vergogne les plus plats slogans de la rhétorique gauchiste, ne seront pas remarqués par ce public dont la jeunesse est la seule excuse à la candeur. Pour leurs chastes oreilles, son discours pétille peut-être comme un enivrant champagne, alors qu’il n’est qu’une piquette éventée depuis longtemps. Notre Trotski de la Canebière, imprécateur, avait déjà tenté de se faire remarquer, en s’adressant à Macron lors de la manifestation du 21 janvier: « Soyez maudit ! »
Tribun ou prophète?
Lycéen de province en mai 68, il est certainement passé à côté de l’effervescence sorbonnarde dont il essaie parfois de retrouver les accents. Malheureusement pour lui, ses efforts pour singer les orateurs de mai sont assez pathétiques. Mélange de rhétorique hégelienne (c’est la contradiction qui fait la vie… la dialectique), d’économie marxiste (vous travaillez 10 heures, vous êtes payé trois… la plus-value sur le travail), et d’appel au peuple dans toutes ses composantes (ouvriers, paysans, jeunes, retraités…), rien ne manquera au plat éternellement réchauffé.
Son jeune acolyte, le député LFI Louis Boyard, avait déjà bien chauffé la salle: « Une fois que vous êtes dans la rue, ne vous arrêtez pas là…Si vous bloquez tous les lycées et toutes les universités, vous allez gagner le 7 mars. C’est le début de votre victoire. La perspective d’avenir heureuse est à portée de main, à portée de blocage… » On note la vieille antienne de l’avenir heureux. Les fameux « lendemains qui chantent », c’est un truc qui marche toujours. Et comme ça ne veut rien dire, ça n’engage à rien…
Jean-Luc Mélenchon bien sûr élargit la perspective: « Si nous gagnons, nous allons marquer un point qui fera écho dans le monde entier ! … Il ne s’agit pas seulement de la réforme, mais d’un monde qu’il s’agit de faire tomber. » Notre tribun voit loin et large, c’est le monde qui l’intéresse. Le monde qu’il s’agit d’abattre (ce qu’en mai 68 on appelait « le vieux monde »). Et l’humanité toute entière à entraîner, dont Mélenchon assure qu’elle observe ce qui se passe en France en ce moment. Comment ne pas songer ici au grand rêve trotskyste de la révolution internationale ? On sent bien que, derrière le prétexte de la retraite, c’est toujours la perspective révolutionnaire qui intéresse le patron de la Nupes, qui motive son action, qui est son unique passion.
Derrière l’appel à une sorte de généralisation des « AG » de salariés et de citoyens, c’est bien la vieille utopie des « Conseils » qui bégaie encore
Nous avons droit bien sûr à ce qui constitue l’alpha et l’oméga d’un bon bolchevik, l’appel à la réunion d’Assemblées Générales de salariés, mais aussi de citoyens. Derrière le concept anodin de l’AG, on sent bien qu’il faudrait plutôt entendre ce que l’on appelait autrefois des Soviets, puis de façon moins connotée des Conseils (traduction française de soviet). Conseils, ou soviets, qui devaient constituer la cellule de base de la démocratie léniniste et qui furent très vite abandonnés, voire carrément exterminés comme celui des marins de Cronstadt en 1921 par l’armée rouge sur ordre de Trotsky. Il faut dire que ces infâmes contre-révolutionnaires osaient réclamer: « Tout le pouvoir aux soviets et non aux partis ».
Puis, l’obsession révolutionnaire ose enfin se verbaliser, dans le cours du discours, discrètement, mais avec une sorte de gourmandise: « Nous sommes dans un état d’insurrection citoyenne pacifique, mais ça se rapproche plus de ça que d’une journée de grève générale ». « Insurrection pacifique »… Un bon révolutionnaire doit savoir manier les oxymores ! Derrière l’appel à une sorte de généralisation des « AG » de salariés et de citoyens, c’est bien la vieille utopie des « Conseils » qui bégaie encore. Quant à ce qu’il en est des « Assemblées Générales », tous ceux qui les ont fréquentées un jour savent qu’elles sont le contraire même de la démocratie. Parole à qui parle le plus fort, démagogie de tribune, et surtout vote à main levée dont on sait que, dans ce genre de contexte, ce n’est qu’une honteuse mascarade.
Nos jeunes Insoumis croient sans doute que la « pensée Mélenchon », comme on le disait de « la pensée Mao Tsé Toung », peut résoudre tous les problèmes. Ils déchanteront avant que les lendemains aient chanté.
Ceux qui en 2017 se réjouissaient d’avoir un jeune président de 40 ans à la tête de l’Etat en sont aujourd’hui pour leurs frais. Celui qui allait dépoussiérer cette vieille République percluse d’arthrose est un vieux radoteur, les yeux rivés sur le rétroviseur, un taxi-boy de la politique à papi.
Il est mince, il est beau le légionnaire, hélas il cause… Sa pénitence n’en finit plus, maintenant voilà qu’il exhume la Françafrique de sa boite à excuses. Putain six ans. Six longues années à arpenter le Maghreb et l’Afrique Noire pour plaider coupable au nom d’un pays criminel, donc raciste. Il n’est pas né, nous n’étions pas nés, ils n’étaient pas nés quand Foccart tisse la toile de ses réseaux africains. Accueilli par une brousse de drapeaux russes, chinois et de France Go Home notre impudent répond par un « je vous ai compris. Avec ce que nous vous avons fait subir votre haine est légitime ». Alors que les gamins qui lui font face sont animés par les dernières guerres où, de Sarko à Macron en passant par le petit gros, la France s’est ensablée avec l’uniforme de gendarme du monde… Attention, avec Macron, même en pleine séance d’auto-flagellation, l’arrogance peut à tout moment revenir au galop. Il n’a pu s’empêcher de donner des leçons de gouvernance à certains chefs d’Etat. Un peu comme à Beyrouth avec les brillants résultats que l’on sait.
Il boit pas, il fume pas,mais il ose… Ses roulements de mécaniques et son goût de la transgression ont bouleversé toutes les règles du monde feutré et policé de la diplomatie. A ses dépens. Les mauvaises manières d’un Bolsonaro étant hors concours, certains chefs d’État se relaient pour entarter Macron de tous les noms d’oiseaux, et pas par la bande mais par les canaux officiels. L’humiliation infligée le week-end dernier par le Maroc en est le dernier exemple. Le communiqué de Rabat est d’une crudité inédite en temps de paix. Si le président pratique le en même temps à l’interne, il joue un double jeu et la valse à 1000 temps à l’extérieur. Autant de mauvaises manières autour de l’échiquier ont eu raison de la patience et de l’élégance qui ont les faveurs de cet univers en cristal de Bohême. Tous ses jene te lâche pas la poignée de mains, et je te tâte l’épaule comme l’ostéo de gardedu dimanche, et je te prends pour un con mais souris aux photographes ont contribué à la perte de crédit dont jouissait la France sur le plan diplomatique. Y compris à Bruxelles, le dernier terrain où la voix de la France pesait encore auprès de ses alliés. Il n’a fait que consolider les liens “d’amitiés” et commerciaux initiés par Sarko avec les Émirats. Pour le pire…
… oui mais ça craint. Quand le président joue les cracheurs de feu en Afrique et au Maghreb je ne peux m’empêcher de voir des bombes humaines en retour de flamme. Quand il caresse l’échine d’un Emir je ne peux m’empêcher d’imaginer un réseau dormant, que d’un œil, tapi au fond d’un F3 en centre-ville. Quand il joue au con avec Poutine j’ai tendance à scruter le ciel avec inquiétude. Je suis sûrement parano, mais si dans ce monde devenu fou, le président pouvait faire un jeûne diplomatique ou une retraite monastique avant de parler je serais moins nerveux. A moins que…
…Voilà c’est fini. Mardi le peuple va présenter à Macron son projet de loi sur la réforme des retraites. Un projet qu’il peaufine depuis plus de cinq ans dans la rue… Le départ pour la retraite à 45 ans ! Le président coche toutes les cases, il a tous ses trimestres et toutes ses dents. Alors ciao gringo, have a nice trip.
Samuel Labarthe dans les traces de Nicolas Bouvier au Théâtre de Poche-Montparnasse explore «L’Usage du monde»
Samuel Labarthe m’a réconcilié avec l’œuvre de Nicolas Bouvier (1929-1998). J’étais en froid avec cet écrivain-voyageur suisse aux allures de khâgneux mi-sérieux, mi-méditatif, en proie aux déferlements des éléments sournois et dont l’avancée cahoteuse fut longtemps rythmée par le bourdonnement de sa Fiat Topolino découvrable. À vrai dire, je maudissais Bouvier d’avoir, sans le vouloir ou le désirer, engendré une descendance d’auteurs bavards et sentencieux qui allait nous raconter leurs péripéties dans des contrées d’apparence inhospitalière avec force d’adjectifs miroitants et de noms mystérieux, se gargarisant d’un savoir récemment acquis. Et nous imposer le goût de l’ailleurs et de l’étrangeté, le miracle des peuples rencontrés avec la béatitude des fraîchement convertis, ça me rappelait trop les conférences de mon enfance, où le didactisme allié à la pédanterie de l’animateur me mettait dans une rage folle. Tout le monde a dû également supporter ces interminables soirées diapositives des années 1970/1980 où des professeurs agrégés et des cadres du nucléaire s’emballaient pour l’Iran et le Maroc, pour Thessalonique ou Carthage, dans le flou d’images mal cadrées et l’approximation d’ethnologues abonnés à Géo, j’en fais encore des cauchemars. Mes écrivains de cœur voyagent entre le Pont de Suresnes et Mouffetard, ils s’égarent rarement plus loin que le Bourbonnais.
La bougeotte et l’ennui en héritage
Tout ça, c’était avant que je n’entende au théâtre de Poche, Samuel Labarthe s’emparer de quelques extraits savamment choisis de L’Usage du monde, ce voyage entrepris en 1953 des Balkans vers l’Inde, qui devint un livre de référence pour tous les étudiants ayant la bougeotte et l’ennui en héritage. Nous fêtons cette année les 60 ans de la première édition à compte d’auteur publiée à la Librairie Droz à Genève qui fut ensuite reprise par René Julliard en 1964 et dont le succès ne se dément pas depuis.
Pourquoi les mots de Bouvier, leur écho sec et vibrant, leur silence qui étire le temps, leur fausse indolence et cette sincérité âpre qui rappe la canopée ne m’avaient pas auparavant saisi ? J’étais sourd à ce ressac intérieur. Il a donc fallu que j’atteigne la cinquantaine, 48 ans exactement, pour que ce fils de bonne famille diplômé et curieux, 50 kilos et la barbe drue, me touche. Je dois ce miracle à la mise en scène sobre et onirique signée Catherine Schaub, dans cette salle intimiste et sans froideur, au bout d’une voie sans issue du XIVème arrondissement. Et puis au caractère presque enfantin de Samuel Labarthe qui arrive avec son pull à col rond et ses souliers vernis, son jeu rond et doux s’accorde avec les dessins de Thierry Vernet (1927-1993), le compagnon de route de Bouvier. Des illustrations sont projetées à l’arrière-scène, parfois une musique sonne sans tapage et la voix de l’acteur nous aide à traverser des paysages et des décors dont nos yeux habitués au fracas des actualités lointaines avaient oublié jusqu’à l’intensité modeste.
D.R.
Bouvier, un styliste à redécouvrir
Il faut tout le talent de Labarthe pour se soumettre au texte, s’en faire le serviteur volontaire, ne pas lui donner une intonation excessive ou un relief particulier, il le restitue dans sa pureté originelle, avec cependant une forme de gourmandise non feinte. Je ne me souvenais plus que Bouvier pouvait être si drôle, si ironique, tantôt désabusé, tantôt essoufflé, jamais dupe de ses errements et cependant toujours perméable aux autres, avec le souci permanent de décrire la réalité qui défile sans la contraindre ou l’enjoliver…
L’élégance de Labarthe réside dans son œil rieur qui s’amuse des loufoqueries inhérentes au voyage et puis quand l’heure est à l’introspection, il se fait plus pensif face au destin qui divague, dans ces distorsions-là, légères et presque naturelles, l’acteur excelle. Il s’y love avec une vérité désarmante. J’exagère quand j’affirme que Bouvier me laissait de marbre, j’avais aimé son texte sur son compatriote genevois Charles-Albert Cingria intitulé le flâneur ensorcelé et surtout ses réflexions sur l’espace et l’écriture. Alors, quand le spectacle fut terminé, j’ai retrouvé sans peine mon vieux Quarto Gallimard acheté chez Gibert, et j’ai goûté au styliste qu’était Bouvier en méditant sur cette phrase : « Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations ».
Du mardi au samedi 19H – Dimanche 17H30. Théâtre de Poche: infos ici.
Un film qui déconstruit les clichés racistes et qui promeut l’amitié entre juifs et musulmans, on aimerait en voir plus souvent. Je blague, bien sûr! À cause du mauvais goût du public, et de la curiosité suscitée par son casting, le film woke You People est bien classé sur Netflix. Mais c’est pour sa scène de baiser final qu’il est intéressant d’en parler…
Envie de voir un film qui déconstruit les clichés racistes et promeut l’amitié entre juifs et musulmans ? Mise en ligne le 28 janvier, la comédie romantique woke You People s’est vite retrouvée parmi les premières places de Netflix, à cause de la curiosité suscitée par son casting : Eddie Murphy (Le Flic de Beverly Hills), David Duchovny (de X-Files), Julia Louis-Dreyfus (vue dans Seinfeld) ou Jonah Hill et Lauren London dans les rôles principaux. À Los Angeles, Ezra, un trentenaire juif et pataud, se voit proposer des rendez-vous galants, mais ne trouve jamais chaussure à son pied parmi les femmes de sa communauté. Un jour, il monte à l’arrière d’une voiture conduite par Amira, qu’il prend pour un Uber. La jeune femme noire, n’étant pas taxi, se pense agressée : délicieux quiproquo. Ezra se confond en excuses. « Non, ne me dites pas que vous êtes désolé, c’est faux. Vous avez vu une femme noire dans une voiture pourrie, et vous avez pensé en tant qu’homme blanc que cela vous donnait le droit de monter à bord et de balancer une adresse ! » C’est parti pour deux heures de grosse rigolade. Les deux personnages tombent évidemment amoureux, et évidemment, leurs familles respectives, juive et musulmane, auront bien du mal à s’entendre. Eddie Murphy arbore un kufi (couvre-chef porté par les hommes musulmans, particulièrement en Afrique) offert par Louis Farrakhan, le leader de Nation of Islam. La maman juive, qui veut bien faire, en fait des tonnes sur les violences policières ou s’excuse de la réussite financière de son foyer, pendant que les tourtereaux ironisent sur la grand-mère rescapée de la Shoah. « Oh, mais vous n’oseriez pas comparer l’Holocauste et l’esclavage ? » s’indigne le père de la Noire. Mais il n’y a pas que l’humour qui sonne faux ici. On sait qu’il existe des coordinateurs d’intimité à Hollywood, ou que des geeks peuvent faire figurer leurs ex dans des films de « revenge porn » grâce à la technologie du « deep fake ». You People innove : le baiser final a carrément été réalisé en images de synthèse, a cafté un second rôle du film. Entre les acteurs, les bons sentiments interraciaux s’arrêtaient apparemment en même temps que les caméras.
Céline Pina s’est farci le dernier bouquin islamo-gauchiste d’Houria Bouteldja…
On entre dans Beaufs et Barbares par une référence à l’apocalypse. Une référence qui tourne au lapsus involontaire, car Houria Bouteldja, après son brûlot raciste Les Blancs, les Juifs et Nous, nous offre son coming-out totalitaire. Dans son nouvel ouvrage, la race est le moteur de l’histoire et la domination blanche le principe d’oppression unique et absolu ! « S’il y a bien une unité qui s’affirme dont le triomphe est annoncé, c’est celle de la suprématie blanche ».
Partant de cette représentation, Houria Bouteldja construit une inquiétante stratégie de prise du pouvoir: « Nous avons l’Idée, le mythe mobilisateur. Nous connaissons l’Ennemi. Il nous faut maintenant une volonté collective et une stratégie globale pour détruire ceux qui détruisent la terre ». La seule chose dont elle ne parle jamais, c’est de la société qui devrait sortir de cette table rase fantasmée, comme si la destruction était l’acmé de la réalisation.
Il y a un dicton qui dit qu’il vaut mieux chercher des solutions que désigner des coupables. Dans le premier cas on fait appel à ce que l’humanité a de plus grand : sa capacité de création et d’action. Dans le second, on nourrit la bête humaine et on lui offre du sang faute d’être capable de construire un chemin. Et pour que verser le sang soit légitime, autant ne pas s’embarrasser de subtilité : « Ce monde est capitaliste. Ce monde c’est la destruction du vivant. Ce monde, c’est la guerre. Il faut y mettre fin. Maintenant ». Le diagnostic est simpliste, le remède l’est plus encore. Mais comme à toute fin, il faut un début, Houria Bouteldja propose de commencer par la destruction de l’incarnation du mal absolu, l’Occident, et de ce qui permet sa domination mondiale et sa puissance historique, le rapport de race.
Elle revient sur le fait que Mélenchon et Martinez sont des butins de guerre, mais l’alliance restera limitée: « Avec les Blancs, petits ou grands, au travers de leurs organisations ou de leurs représentations diverses, il faut toujours rester aux aguets »…
Là encore, le constat est basique : « Le rapport de race, c’est le vol, l’accaparement des terres et des ressources, le viol, la mise à mort des « peuples de couleur » ». Et c’est la faute unique des Blancs et de l’Etat-Nation. Tout le livre est une pesante démonstration de cette thèse et cela passe par le raccourci historique douteux et la victimisation véhémente. Le but : justifier la violence nécessaire pour détruire le système. Le livre instruit donc une histoire du monde depuis Christophe Colomb se résumant à la violence des Blancs. Le monde se réduit à l’Occident, l’histoire à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. Pas de grandes découvertes, de progrès scientifique, de développement culturel et philosophique, pas d’existence réelle des Lumières, pas de travail accompli sur la dignité de l’être humain, la reconnaissance de l’égalité, le fait de fonder la société sur ces idéaux… Tout cela n’existe pas pour Houria Bouteldja, ou alors si, mais comme un moyen pour la bourgeoisie blanche de rallier le prolétaire blanc en lui faisant croire qu’il est un acteur politique et pas un exploité consentant. Elle réussit à résumer 500 ans d’histoire européenne sous le seul prisme de son obsession, une longue marche d’oppression contre les « peuples de couleur ». Le Grand Siècle se voit ainsi réduit au seul code noir, par exemple. Mais il faut bien tordre l’histoire pour pouvoir justifier ce type d’outrance : « On ne s’étonnera pas que le sort réservé aux natifs puis aux Africains soit devenu un modèle parfaitement assumé par Hitler et Mussolini ».
Beaufs et Barbares, une alliance de circonstance pour détruire le système
Mais si Houria Bouteldja écrit un nouveau livre, c’est certes pour mettre en accusation les Blancs et la « blanchité », mais aussi pour accoucher d’une stratégie de prise du pouvoir révolutionnaire. Cette stratégie s’appuie sur ce que décrit Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme, quand elle note le lien qui se noue entre une certaine élite avant-gardiste et ce qu’elle appelle la populace. Un lien qui favorisera le déchainement de la violence. La populace, Houria Bouteldja la désigne sous le vocable de beaufs et barbares. C’est l’union des islamistes et des gilets jaunes, des musulmans habitants des cités et des petits blancs. Non qu’elle apprécie les « petits blancs », ils restent des Blancs donc des privilégiés inconscients, mais ils peuvent être utiles car ils sont un liant du système: « Dès lors le salaire de la Blanchité devient, entre les mains des autorités légitimes, l’arme la plus redoutable de la contre-révolution en formant entre les classes dominantes et les esclaves, une classe tampon soumise à une extorsion moindre de la plus-value qu’elle produit. Cette classe ce sera celle des migrants venus d’Europe et fuyant la misère. Les Blancs en devenir ».
Comme, selon Houria Bouteldja, la notion de peuple n’est que le fruit d’une manipulation qui vise à occulter les contradictions de classe au profit du sentiment national, pour y parvenir il faut donner aux petits Blancs, des personnes à dominer : ce seront les « races inférieures ». C’est ce qu’Houria Bouteldja appelle le « pacte racial » : « Ce pacte est au cœur de la troisième République, république raciste et coloniale par excellence. Une République qui enfante l’Etat-nation, la superstructure en béton qui condense les nouveaux rapports de force au sein de l’Etat répartis comme suit : primat de la bourgeoisie sur les classes subalternes, primat des classes subalternes sur les races inférieures ».
L’Etat nation est alors opposé à l’organisation tribale. Dans le premier cas on est dans l’abstraction citoyenne et le lien organique alors que dans l’autre, on nage dans la chaleur humaine et les relations vraies. A se demander pourquoi la jeunesse de tant de pays se rue vers le méchant Occident oppresseur alors qu’elle vit là où on sait ce qui est important dans les liens humains ! Dommage que l’organisation tribale n’ait enfanté que de sociétés où l’on vit mal et meurt tôt, dommage que ces sociétés-là pratiquent encore l’esclavage ou une forme d’oppression qui s’en rapproche, mais notre Fouquier-Tinville de l’indigénisme n’en a cure. Le but est de faire un portrait de l’Occident en destructeur d’humanité.
Le lien démocratique réduit à la logique du bouc émissaire
Comme dans son esprit, seule la désignation d’un bouc émissaire crée des liens entre Blancs, elle ne conçoit même pas qu’un contrat social repose sur des aspirations et des visions du monde partagées. Selon sa logique, après la disparition du communisme, « il a fallu trouver un nouvel ennemi capable d’unifier le bloc impérialiste ». Le jihadisme, l’islamisme, tout cela n’est abordé que comme un outil permettant à la bourgeoisie blanche de désigner l’ennemi pour empêcher les petits blancs de rejoindre les « non-blancs » opprimés. 500 ans d’histoire sont ainsi étirés en une longue histoire du racisme et du rejet de l’altérité par toutes les composantes de la société française. C’est du niveau d’une rédaction de troisième, mais ce qui fait l’efficacité de théories aussi pauvres intellectuellement, c’est justement leur médiocrité. Les obsessionnels et les complotistes ont une grande force de pénétration dans les esprits, car ils proposent des lectures simplistes et exaltées de l’histoire. Elles n’ont qu’un seul rôle : exacerber le sentiment d’injustice en jouant sur la victimisation pour attiser la haine et favoriser le passage à l’acte. La vérité et l’honnêteté sont accessoires, seule compte la rage destructrice générée.
Les Blancs aiment-ils les enfants ?
C’est la deuxième partie qui montre toute la haine qui croupit dans le cerveau de l’égérie des indigénistes. Le chapitre « Les Blancs aiment-ils les enfants ? » est révélateur. Le titre promet, la suite tiendra. À une femme qui lui reprochait sa violence contre les homosexuels et la difficulté que les enfants de ces familles pouvaient ressentir face à de tels discours, Houria Bouteldja oppose une bouillie de chat expliquant que la même dame se moque de l’intervention française au Mali, ce qui signifie qu’elle se fout des enfants maliens. On ne voit pas tellement la logique de ce raisonnement mais Houria Bouteldja semble en être fière ! Comme elle est fière d’expliquer que si les gilets jaunes n’ont pas exprimé leur racisme, ce n’est pas que cela leur soit étranger, mais parce qu’ils pratiquent le double langage par peur de se voir donner des leçons par les élites dirigeantes. Les Blancs n’aiment que leurs enfants selon Houria Bouteldja, qui, elle, n’aime personne. Elle finit la séquence en racontant une anecdote dans laquelle un Blanc demande à Malcom X, qu’il reconnait dans la rue : « ça ne vous ennuie pas de serrer la main à un blanc ? » Malcom X répond : « ça ne m’ennuie pas de serrer la main à un être humain, en êtes-vous un ? ». L’extrait met mal à l’aise. Parce que celui qui déshumanise l’autre ici n’est pas le Blanc, mais le leader qu’Houria Bouteldja admire. Et la réponse de Malcom X ne signifie pas que la couleur de peau ne compte pas. Elle dit qu’il refuse le qualificatif d’être humain à une autre personne, qui en lui tendant la main suppose pourtant ce partage comme évident. Or pour Malcom X, cela ne l’est pas. Pour Houria Bouteldja non plus. Aucune relation objective n’est possible on est soit un ennemi objectif, soit de la famille. C’est encore le lien tribal, le nous identitaire qui prédomine. Hors de ce « nous », l’appartenance à l’humanité est contestée.
Pour autant, le chapitre se termine sur une note quasiment cucul. Bouteldja, revenant sur son échange avec la femme qui lui reproche de tenir des propos homophobes, nous parle de la haine qu’elle sent chez cette femme, et la décrit finalement comme prête à se jeter du côté obscur. Elle note: « il y a en elle la possibilité d’une sœur ». Pas d’une égale, pas d’une interlocutrice valable, pas d’une compatriote, d’une sœur.
Un brûlot efficace car correspondant aux représentations culturelles de ceux qu’il cible
Il n’empêche qu’Houria Bouteldja tape juste sur certains points. D’abord, sa logorrhée simpliste et manichéenne correspond parfaitement aux discours de légitimation des pouvoirs algérien ou malien… Bref, de nombre de pays qui instrumentalisent le passé colonial pour s’exonérer de leur corruption et de leur incompétence actuelle. Elle correspond aussi aux discours de propagande des Russes dans leur entreprise de recolonisation de l’Afrique. Elle correspond également à des représentations majoritaires dans les banlieues et à la lecture qu’imposent de plus en plus le jihadisme et l’islamisme dans le monde islamique. Elle voit juste aussi quand elle analyse l’Europe comme un instrument qui peut casser le contrat social : « L’Union européenne peine à capter le consentement des masses. En cause son caractère foncièrement anti-démocratique qui renforce l’exclusion des masses des centres de décision. En cause le fait qu’elle ne soit qu’une internationalisation des intérêts des blocs bourgeois, leur propre prolongement au sein des institutions bureaucratiques qui privent les peuples européens et les classes populaires en particulier de leur pleine souveraineté.» Le Frexit pourrait être, selon elle, un moyen de réaliser l’alliance de circonstance dont elle rêve entre classes populaires blanches et « indigènes ». Elle revient sur le fait que Mélenchon et Martinez sont des butins de guerre, mais l’alliance restera limitée: « Avec les Blancs, petits ou grands, au travers de leurs organisations ou de leurs représentations diverses, il faut toujours rester aux aguets ».
Lire Beaufs et Barbares, c’est un peu comme se faire les boutons, ce n’est pas beau à voir, cela aggrave les problèmes au lieu de les résoudre et pourtant, jeunes, on ne peut s’en empêcher et la satisfaction de faire couler le pus l’emporte dans l’instant sur la certitude de l’infection et de l’inflammation. S’adresser au cerveau reptilien, c’est un peu comme se faire les boutons, cela ne peut que vous mener droit dans le mur mais pendant une minute, en crachant la haine et l’aigreur, on peut se prendre pour la reine des dragons et croire qu’on est le feu qui purifiera le monde. Pour cela, l’intelligence n’est pas l’option la plus rentable, ce qui marche au contraire c’est la bêtise la plus crasse, celle qui trouve une cause unique à tous les maux. Pour Houria Bouteldja, la clé de compréhension de l’univers est finalement un peu la même que celle qu’avait de la réalité… Hitler. Oui, pour elle, tout passe par la race. Son seul projet : détruire cette domination blanche quitte à se résoudre à une alliance de circonstance avec la gauche et les petits Blancs. En revanche, on ne saura jamais quelle société sera créée, ce point-là n’est pas abordé. Seules comptent la destruction et la prise de pouvoir. Pour en faire quoi ? Cela importe peu, Bouteldja ne nourrit pas un projet d’avenir mais poursuit une logique de vengeance.
Il est probable qu’Houria Bouteldja n’ait jamais à faire ce travail elle-même, car le projet de société qu’il y a derrière tout cela existe déjà. C’est celui de l’islam politique. Mais le dire empêcherait la stratégie qui consiste à unir beaufs, « barbares » et gauchistes… Car si leurs intérêts peuvent converger dans la destruction, les beaufs et les gauchistes n’auront qu’une place d’inférieurs dans la nouvelle société. Alors autant le leur laisser découvrir. Après.
Chaque jour, des dizaines de messages sont envoyés à la plateforme de Parent vigilant sur le site: protegeons-nos-enfants.fr. Parents, élèves et professeurs racontent une éducation dévorée par la bêtise idéologique, le conformisme et le renoncement à toute exigence. Dans le privé comme dans le public. Florilège [1].
Wokisme d’atmosphère
• Je suis enseignant dans un lycée professionnel dans l’Essonne. L’endoctrinement idéologique est permanent : écriture inclusive, dérives LGBT et pressions syndicales. Contredire leurs thèses nous expose à des représailles sournoises comme des poubelles vidées dans nos casiers ou menaces sur nos messageries.
• Ma nièce, en sciences politiques et relations internationales à la Catho de Lille, m’a montré les options à choisir pour ses trois années de licence :
– Introduction aux études de genre – Sociologie de l’ethnicité – Politique et religion – Études post-coloniales – Philosophie de la migration – Genre, sexualité et lutte moderne
L’intitulé de ce cursus est « La licence de relations internationales offre une solide compréhension analytique et critique de la politique mondiale ».
• Mon fils est en seconde. Le premier devoir demandé par le professeur d’anglais est le suivant : « Vous raconterez l’arrivée en France de l’un de vos parents immigré. »
Expo «Tous migrants», collège J. Brel de Taninges (74)
• Mon fils est en première dans un lycée en Isère. Le premier jour, sa professeure d’histoire-géo a commencé son cours sur les méfaits des chasses d’eau de w.c.. Selon elle, seuls les riches peuvent se permettre de gaspiller l’eau et les citoyens responsables utilisent des toilettes sèches. Cette même prof pratique les « cours inversés » afin de « préserver l’égalité des chances » : elle n’enseigne rien car les élèves doivent apprendre chez eux. Les heures de classe sont consacrées aux exercices et corrections. Tout ceci est confirmé par ses camarades et leurs parents. J’hésite à intervenir auprès du proviseur car je crains que mon fils soit pénalisé.
• Notre fils, en classe de seconde, s’est vu remettre par son professeur de français une notice d’explication pour faire un compte-rendu de livre en écriture inclusive.
• Lors d’une réunion parents/professeurs, j’ai été effaré d’apprendre que des mots de la langue française pouvaient s’écrire de manière phonétique (photo devient « foto », nénuphar devient « nenufar »…) et que l’accent circonflexe n’était plus obligatoire.
• Un DM [devoir à la maison] donné par la prof d’histoire-géo de l’établissement catholique privé Saint-Joseph, à Roquebrune-Cap-Martin demande à l’élève de s’imaginer en Africain capturé par des Européens pour être vendu aux Antilles et travailler dans des plantations. La consigne insiste sur la partie « ressenti » du récit.
• Je suis en première dans un lycée catholique d’Île-de-France. Une propagande anti-droite est menée en cours de sciences politiques. Reconquête, Fratelli d’Italia, Vox, les Démocrates de Suède, Viktor Orban, le parti polonais Droit et Justice sont tous mis dans le même sac de « l’extrême droite néofasciste européenne ». La montée des identitaires est comparée à l’avènement d’Adolf Hitler et du nazisme en Allemagne.
• Le terme « trace écrite » remplace à présent le mot « leçon » ou « résumé ». La déconstruction passe aussi par les mots ! Visiblement, c’est une directive de l’Éducation nationale.
Au mur de la salle des profs
• Je suis en première dans un lycée parisien. En SVT [sciences de la vie et de la Terre], on a parlé de la discrimination de genre pendant deux heures : les moyens de contraception, les types de sport que font les femmes et les hommes, etc. On cherche à nous faire culpabiliser pour ensuite nous déconstruire et nous faire devenir des filles. En Anglais, notre prof nous dit à chaque cours que l’on n’a pas le temps de faire de la grammaire. Les quatre chapitres que nous avons abordés sont : les bienfaits de l’immigration et le multiculturalisme, les gentilles éoliennes et le méchant nucléaire, le genre et les stéréotypes. En histoire-géo, ma prof est islamo-gauchiste. Lorsqu’on a étudié la démographie, elle nous a martelé que sans l’immigration la France serait un pays du tiers-monde et que toutes nos victoires militaires étaient dues aux immigrés. Elle nous explique que le grand remplacement est un fantasme d’extrême droite, que la campagne d’Éric Zemmour est financée par les Russes et que le Z tracé sur les chars russes est le Z de Zemmour. En SES [sciences économiques et sociales], notre professeure a clairement affiché son soutien à Emmanuel Macron. Pour elle, la taxe sur les moteurs thermiques c’est génial, et la fin de ceux-ci c’est formidable. L’Europe est la clé de tous les problèmes et, grâce à elle, l’électricité est peu chère en France.
• Notre fils, en quatrième, a reçu quatre heures de colle pour avoir dit « elle » à un garçon qui a les cheveux longs lors d’une dispute. Durant ces heures de punition, il a dû répondre à un questionnaire bourré de fautes d’orthographe. Si le sens des premières questions est acceptable, les suivantes sont totalement déplacées pour un enfant de 12 ans. Nous ne savons pas quoi dire ou faire car nous craignons que notre enfant soit renvoyé de l’établissement suite à nos remarques.
• Je suis en terminale dans un lycée agricole du sud de la France. Le jeudi 24 novembre 2022, des membres de SOS Méditerranée sont intervenus dans notre classe. J’ai quitté la salle et attendu que l’association finisse son exposé pour retourner en cours. Informés de mon absence, les professeurs m’ont dénoncé et j’ai pris quatre heures de colle. Le CPE m’a imposé d’écrire une lettre de justification, puis j’ai été convoqué par le proviseur adjoint pour me justifier encore. Après un échange musclé avec ce dernier, qui me reproche un « comportement inadmissible », voire « raciste », les quatre heures m’ont finalement été retirées mais si je « récidive », je serai définitivement exclu du lycée.
• Je suis dans un lycée public des Yvelines. En EMC (éducation morale et civique), nous avons eu un oral sur les droits menacés dans le monde. Pour la France, les exemples proposés ont été le droit à l’avortement et le droit au travail pour les immigrés. En cours de droit et grands enjeux du monde contemporain, nous regardons des vidéos de Jean-Luc Mélenchon sur la VIe République. On laisse élèves et parents d’élèves porter le voile, mais une croix est immédiatement sanctionnée par une heure de colle. Il y a aussi une inégalité des sanctions selon l’origine des élèves : les surveillants sont indulgents envers une personne d’origine africaine car elle est « oppressée par le système » mais implacables envers nous autres « privilégiés ».
• Je suis révolté par le sujet du devoir de Français de ma fille, au collège Lakanal, à Sceaux : elle doit rédiger trois arguments en faveur de l’euthanasie. Aucun argument contradictoire n’est demandé.
• Au lycée Montesquieu du Mans, le sujet du devoir de physique est de calculer l’énergie que va avoir une boule de pétanque lancée sur un policier !
• Pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, le collège de mon enfant a demandé à tous les élèves de porter un t-shirt aux couleurs LGBT.
• Le jour de sa rentrée en maternelle, le fils d’un ami se trompe de toilettes et entre dans celles des filles. Un instituteur le remarque et lui dit : « Tu as le droit d’aller ici si tu te sens comme une fille, c’est normal, ne t’inquiète pas, tu peux être une fille. » L’enfant s’est uriné sur lui et, depuis, refuse d’aller à l’école.
Au lycée Bernard Palissy d’Agen
• Mon fils, en CM1, m’a raconté que l’infirmière scolaire était passée dans la classe pour leur dire que les garçons pouvaient porter des robes. Je suis allée voir l’institutrice et le directeur qui m’ont assuré que l’infirmière était parfaitement dans son rôle. Et quand je me suis plainte de ne pas en avoir été informée par le cahier de liaison, ils m’ont répondu qu’il n’en était pas question car la déconstruction des stéréotypes de genre faisait partie du programme, comme les maths et le français.
• Ma fille est à l’UBO (Université de Bretagne occidentale). Le premier jour, elle a participé à une journée de présentation générale au cours de laquelle elle s’attendait à être renseignée sur les matières, les emplois du temps, le restaurant universitaire, etc. Au lieu de cela, elle a assisté à un défilé d’associations parmi lesquelles des LGBT+ qui leur ont appris l’existence des « cafés capote » dans le hall de l’UBO. Ces rendez-vous visent à faire adhérer les étudiants à l’association. S’ils achètent un café, un préservatif leur est offert !!!
• Mon fils, du haut de ses 5 ans, m’a dit : « Tu sais maman, un garçon peut devenir une fille et une fille peut devenir un garçon. »
• Ma fille, âgée de 4 ans, est scolarisée à l’école maternelle Jules-Ferry de Margny-lès-Compiègne. Lors d’un rendez-vous au sein de l’établissement avec une infirmière du département, on lui a fait passer un test de « conscience de soi ». Elle a dû répondre à la question : « Es-tu une petite fille ou un petit garçon ? » L’infirmière m’a précisé que « certains petits garçons peuvent se sentir petites filles et certaines petites filles peuvent se sentir petits garçons ».
• La crèche collective de mon fils, dans le 5e arrondissement, nous a remis à la rentrée un livret d’information en écriture inclusive publié par la mairie de Paris intitulé Mon enfant à la crèche, informations essentielles pour son accueil. Extrait : « L’égalité fille garçon. Expression des émotions, choix des jeux et traits de caractère. Les professionnel.le.s des crèches sont sensibilisé.e.s à prévenir les discriminations et les stéréotypes de genre, particulièrement enfermant à cet âge précoce. Leur rôle est de laisser émerger les compétences et les appétences des enfants en fonction de leurs désirs et de leurs besoins. »
• École publique, janvier 2022. Les élèves de CM1 ont suivi des interventions faites par des étudiants en médecine sur la sexualité, l’affectivité et le consentement. J’ai volontairement signé l’absence de ma fille à ces horaires-là. Convoquée par la directrice, celle-ci m’a dit qu’elle me signalerait à l’académie car « au nom de l’égalité, je ne peux vous laisser faire cela, l’enseignement est obligatoire, on ne choisit pas les cours auxquels nos enfants participent en fonction de ses convictions ». Trois jours plus tard, j’ai scolarisé ma fille dans un établissement privé.
• Je suis étudiant en droit à Saint-Brieuc. Les matières dispensées relèvent davantage de la propagande que de l’enseignement universitaire. L’un des sujets des partiels de l’année dernière était : « Engendrements et maternités transgenres à l’épreuve de l’état civil : Quelles conséquences pour le droit des personnes ? »
• Lors de l’inscription de notre aînée en petite section, j’ai été très surpris de voir que sur les documents où sa mère et moi devions signer étaient indiqués « PARENT 1 » et « PARENT 2 ». Il s’agit d’une école privée catholique !
Banc «arc-en-ciel» école primaire d’Alénya (66)
• Au lycée Henri-IV, en première année de classe préparatoire littéraire, le cours d’histoire porte sur « les femmes et le genre depuis le xviiie siècle ». Premier cours de l’année : le professeur fait l’appel, s’interrompt et dit : « Il n’y en a pas parmi vous qui veulent changer de genre ? Parce que dans ce cas, l’établissement vous accompagne dans votre transition. » Les cours s’enchaînent avec une avalanche de propos du type « la société française, misogyne et patriarcale », « les prêtres sont pédophiles », « les femmes se faisaient violer par leurs époux au xixe siècle ». Le plus horrifiant, au-delà de la propagande wokiste, c’est bien la focalisation sur la sexualité : pas dix minutes de cours sans que le sujet soit abordé, de toutes les manières les plus graveleuses qui soient, devant des élèves qui ne sont pas tous majeurs.
• Le fils de 17 ans d’un couple d’amis m’a montré les fascicules de propagande LGBT que des associations distribuent au sein du lycée Jules-Vernes de Limours. Elles les encouragent à changer de genre ou à devenir homosexuel. Cet établissement est aussi doté d’un conseiller d’orientation sexuelle qui refuse d’accueillir les élèves hétérosexuels.
• À Sceaux comme à Bourg-la-Reine, le porc a totalement disparu des menus des cantines scolaires. J’ai aussi été stupéfaite de voir les surveillants du collège parisien de mon fils parler en arabe et saluer en arabe certains élèves. Cela devant la CPE et la chef d’établissement qui ne disent rien.
• Mes enfants sont dans une école élémentaire publique à Saint-Étienne. Dans chaque classe, sur 27 élèves, il n’y a pas plus de quatre « petits Blancs », comme les appellent les autres élèves qui les désignent aussi comme « les gwers », « les cochons », « les tout roses ». Ils subissent insultes, coups, harcèlements, intimidations… les instituteurs demandent aux enfants « privilégiés » de comprendre que leurs petits tyrans ont « moins de chance » qu’eux. Les écoles maternelles et élémentaires publiques de la ville ont retiré depuis longtemps le père Noël ou la fête des Mères. Le porc et la viande non halal sont proscrits des fêtes de fin d’année où l’on est obligé d’acheter un hot-dog halal à son enfant pour qu’il profite de la kermesse comme les autres.
Une lecture parmi d’autres
• Dans cette école primaire, l’équipe éducative ne fait rien en voyant la cantine désertée pendant un mois par la majorité des élèves de CM2 durant le ramadan. Les moqueries et remarques violentes des garçons aux filles sont quotidiennes ; et dans une classe, l’unique élève d’« origine française » et non musulmane a subi des brimades, des accusations mensongères de racisme et a été rejetée par le groupe. (« Il ne faut pas lui parler parce qu’elle ne croit pas en Dieu », etc.) Cette élève en est devenue si stressée qu’elle a dû quitter l’école avant la fin de l’année – avec l’accord de la maîtresse. Dans cette même classe, deux élèves se sont bouché les oreilles et ont fermé les yeux pour protester contre un cours sur la sexualité. Ils ont été envoyés chez la directrice qui leur a dit : « Si ça ne vous plaît pas, il faut aller dans une autre école. »
• Je suis un ancien prof d’EPS. Dans mon établissement, les filles de confession musulmane refusaient de se changer dans le vestiaire des « blanches », utilisaient les w.c. pour se mettre en tenue de sport et refusaient ensuite de jouer avec les garçons. Elles étaient systématiquement dispensées de natation grâce à des certificats médicaux de complaisance.
• La signalétique au sein du nouveau collège Jean-Rostand à Orléans est en français, en arabe, en turc et en portugais. A priori ce n’est pas en contradiction avec la loi Toubon, mais c’est pour le moins étrange. Surtout ne pas signaler mon nom sinon je suis grillé.
A l’université de Reims
• À chaque rentrée, nous devons remplir un document stipulant si nos enfants ont des allergies connues et s’ils mangent du porc. Je suis mariée à un Algérien kabyle, donc notre nom de famille a une consonance maghrébine. Mais chez nous, on mange tous du porc ! Cette tolérance a été signalée à la cantine de mes jumeaux en petite et moyenne sections de maternelle et reconfirmée lors de leur entrée en dernière année. Récemment, mes enfants sont arrivés perturbés à la maison et m’ont appris que Fatima, la « dame de la cantine », leur avait dit qu’ils n’avaient pas le droit de manger du porc. Le lendemain, j’ai eu une discussion avec les différentes maîtresses, en leur rappelant que ça faisait trois ans que mes enfants étaient ici et que depuis trois ans je remplissais le même papier pour le leur confirmer : oui, donnez du porc à mes garçons !
• Je suis jeune enseignant à Épinay-sur-Seine, où les dysfonctionnements sont nombreux. En début d’année, j’ai posé une simple question à mes élèves : « Définis-toi, en un mot. » Ils ne se sont pas définis comme souriant, énergique, sérieux ou blagueur, mais comme tunisien, marocain, maghrébin…
• Depuis maintenant une semaine, mon lycée laisse des jeunes filles de 15-17 ans venir voilées dans l’enceinte de l’établissement. C’est le lycée François-Mauriac, à Andrézieux-Bouthéon.
La «plateforme de référence» des profs d’histoire
• Mon fils de 7 ans vient de rentrer en CE1 à l’école Bourran, à Mérignac, et peut d’ores et déjà apprendre l’arabe ou le turc.
• La fille d’une amie, scolarisée à Villepinte, est en maternelle. Elle demande à sa mère en sortant de l’école : « Maman, c’est où le bled, je veux y aller. » Sa mère lui répond qu’elle a choisi une autre destination pour les vacances et qu’elles partent à l’île Maurice. La petite insiste : « Non ! moi aussi, je veux aller au bled, comme les autres ! »
• En histoire de l’art, j’ai abordé un jour l’art gothique français en relation avec la musique du XIVe siècle. J’ai voulu faire écouter à mes élèves le Kyrie de la messe de Machaut, compositeur emblématique de cette période, quand d’un coup, une élève s’est levée et a pris la porte sans ma permission. Je l’ai interpellée et elle m’a répondu : « Je refuse d’écouter la musique des croisés français, je suis musulmane pratiquante, vous me révoltez ! » Elle a refusé de revenir en cours durant toute la séance. J’en ai fait part à mes collègues ainsi qu’au proviseur qui m’ont opposé une indifférence totale. Je me suis sentie honteuse, impuissante, dans une solitude absolue.
Sans traduction, université du Havre
Assignation
• J’ai été adoptée au Viêt Nam et mes parents ont voulu me faire apprendre le vietnamien au lycée Jean-de-la-Fontaine (Paris 16e). Je me suis retrouvée en cours avec d’autres élèves d’origine vietnamienne et ces derniers m’ont rapidement appelée « sale française » en constatant ma passion pour l’histoire et la littérature. J’ai été victime de harcèlement scolaire de 2009 à 2013. La professeure de vietnamien a protégé mes harceleurs car elle estimait que je l’avais bien mérité et ne faisais « aucun effort pour me comporter comme une Vietnamienne ». Mes parents étaient le seul couple français du groupe et aux réunions de parents d’élèves, ils étaient systématiquement mis à l’écart.
[1] Les noms et prénoms ont été effacés, et les fautes d’orthographe ont été corrigées.
Plutôt que réellement impopulaire, le président Macron demeure singulier et insaisissable.
D’abord, il convient d’admettre que la personnalité d’Emmanuel Macron est trop riche, trop complexe et trop équivoque pour qu’on ne se penche pas sur elle, qu’elle en vaut la peine et qu’on ne saurait la réduire à la caricature que certains esprits partisans en font. C’est, à chaque émission des Vraies Voix à Sud Radio, ma principale controverse – outre qu’elle est socialiste et que je ne le suis pas – avec mon amie Françoise Degois qui cherche obstinément à me démontrer qu’Emmanuel Macron est un président médiocre, tout d’une pièce, et que je me trompe en lui prêtant une profondeur qu’il n’a pas. Pourtant, je continue à penser que mon approche n’est pas absurde qui le gratifie d’une singularité sur laquelle il est passionnant de réfléchir.
Loin d’être notre président le plus impopulaire…
Cette analyse impose que le sens de la nuance existe, et qu’on sache distinguer entre la notion d’impopularité politique et l’hostilité humaine à l’égard d’un caractère ou d’attitudes pour lesquelles on n’éprouverait aucune empathie. Car, à la question qui interrogerait sur le président de la République le plus impopulaire de la Ve République, l’évolution des sondages et leurs fluctuations font apparaître qu’ Emmanuel Macron n’est de loin pas le plus mal loti et que par exemple Nicolas Sarkozy et François Hollande ont connu des baisses beaucoup plus vertigineuses. Le président actuel s’en tient, au niveau politique, à un capital solide et persistant qui démontre la réalité de soutiens apparemment inébranlables.
Pourtant, on ne peut échapper à cette contradiction qu’Emmanuel Macron est aussi, en dépit de séquences intermittentes contraires, le plus mal-aimé depuis 1958. Si son épouse est souvent célébrée, il y a eu une période où le couple était odieusement vilipendé et mis à mal. J’ai toujours considéré que le passé ne nous offrait pas d’exemples d’une détestation aussi virulente, déplacée du terrain politique au registre personnel. Allant de la contestation d’un président de la République à l’exécration d’un roi républicain, qui permettait à ses ennemis de cumuler ce que la République peut susciter de négatif et ce que la royauté fait surgir de jalousie, d’envie et de pulsions mortifères.
Ombre et lumière
Cette dérive n’est pas exclusive, par ailleurs, de ce que sur le fond, sa politique nationale et internationale (sauf pour l’Ukraine, avec un Poutine auquel aucune horreur n’est étrangère) secrète comme oppositions, ressentiments et parfois désaveux, voire mépris (si on songe à la « gifle » du Maroc). Ces virulences sont d’autant plus aigres et intenses que depuis sa réélection après une campagne ayant laissé le citoyen sur sa faim, Emmanuel Macron a perdu de son aura avec cette majorité relative qui constitue un handicap certain. Il paraît lui-même se heurter aux murs de la République, cherchant, tâtonnant, errant comme si la grâce d’avant l’avait abandonné…
Mais pour l’homme lui-même et sa pratique présidentielle ? Même si son premier quinquennat et le cours du second ont connu et connaissent une série d’aléas, d’entraves et de tragédies de toute nature, rares dans une vie présidentielle, je ne suis pas persuadé que cela suffise aux citoyens pour compenser l’impression, avant, d’un parcours facile, confortable, n’ayant jamais posé sur l’apparence d’Emmanuel Macron les stigmates d’épreuves qui l’auraient rendu fraternel.
Par ailleurs, en dépit de moments où il s’est laissé aller à quelques grossièretés, s’imaginant qu’on lui en saurait gré, comme si le peuple n’aspirait pas à la tenue de ceux qui le dirigent (son envie de proximité n’est pas récusable en elle-même dès lors qu’il l’incarne avec une correction qu’il convient de saluer ; son échange récent avec cet écologiste délirant au Salon de l’agriculture en est une très éclairante illustration), Emmanuel Macron met le pays en état de malaise. Ce président nous gêne qui ne nous permet pas de nous camper dans une posture d’hostilité franche ou d’inconditionnalité assurée. Ce qu’il dit, ce qu’il accomplit, est sans cesse ombre et lumière, vrai en partie, faux aussi, à la fois narcissique, également lucidité et courage intellectuel. Emmanuel Macron a été et est un très piètre DRH, probablement le président qui a choisi avec une sûreté absolue, pour les postes de conseillers et de ministres, les plus mauvais. Par exemple Thierry Solère, conseiller officieux (et obstinément gardé) avec ses treize mises en examen. Ou Pap Ndiaye, si peu à sa place qu’il en devient presque touchant.
Mais, cette inaptitude à sélectionner les meilleurs (bonheur de n’avoir qu’Alexis Kohler dans le royaume enchanté de l’intelligence supérieure ?) est très largement compensée par le fait qu’Emmanuel Macron se mêle de tout ! tout le regarde, il travaille pour deux, la nuit n’est pas un repos, la pression est sur tous, on ne peut pas de manière commode le prendre pour un roi fainéant, il vit, il bouge, il s’agite, il se morfond, il ne supporte pas cette inaction qui vient mettre des bâtons dans son énergie, dans son désir de réforme, dans sa passion de bousculer et de provoquer. On sent son exaspération face à ces oppositions qui se contentent de s’opposer, face à son camp dont il mesure à sa juste valeur la qualité – déjà divisé à cause de certaines loyautés troubles, un zeste dissidentes. Emmanuel Macron est agaçant pour beaucoup précisément parce qu’il ne se résigne pas à l’immobilisme. On le préférerait serein, tranquille, observateur regardant le temps présidentiel passer, encore un peu là, déjà presque plus là. Emmanuel Macron est encore beaucoup trop vivant ! Le citoyen aimerait faire sans lui mais c’est impossible. Il y a ses échecs qui démontrent sa présence mais aussi son inlassable besoin de se démultiplier, comme s’il désirait se faire regretter avant l’heure.
Je persiste donc à juger Emmanuel Macron plus comme un mal-aimé que comme un président contesté. Mais s’il ne peut se défaire de lui, en 2027 il devra se défaire de nous…
La décision imposée par les institutions européennes d’interdire la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035 se heurte à des oppositions de plus en plus grandes. De la part de l’Italie, de la Pologne et de la Bulgarie. Mais même en Allemagne, la question est devenue un sujet de profonde discorde au sein de la coalition gouvernementale.
Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, il s’agit en Allemagne ni plus ni moins que d’un « combat de civilisation ». En Italie, en Pologne, en Bulgarie, la décision des institutions européennes d’interdire la vente de véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035 est contestée et considérée comme une erreur économique, sociale et même environnementale… Elle est accusée de ne pas respecter le principe de neutralité technologique qui doit être celui des institutions européennes. Et comme l’annonce de façon dramatique le Financial Times, « l’Allemagne et l’Italie ont fait voler en éclat le plan de l’UE visant à interdire les moteurs à combustion interne d’ici 2035 ». Le quotidien de la finance poursuit: « les deux pays, patries des écuries Volkswagen, Fiat et Ferrari, demandent des exceptions pour les véhicules qui roulent au carburant synthétique».
L’extrême-droite italienne est à la manœuvre depuis l’adoption de la mesure par le Parlement européen à l’image de Matteo Salvini, vice-premier ministre et ministre des infrastructures et des transports du gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni. Il qualifie le passage au tout électrique de « suicide » et de « cadeau » fait à l’industrie chinoise. D’autres pays comme la Slovaquie, le Portugal et la Roumanie ont émis des doutes et pourraient s’abstenir lors d’un vote, toujours en suspens, au Conseil de l’Union.
La nouveauté, c’est que le diktat bruxellois provoque maintenant une crise politique en Allemagne. Christian Lindner, le chef des libéraux, bloque la décision du gouvernement allemand. « Notre objectif est que les nouvelles voitures à moteur à combustion soient encore autorisées à circuler en Allemagne après 2035, a-t-il déclaré. Toutefois, ces véhicules devront alors rouler à l’éco-carburant, respectueux du climat. »
La même position que Thierry Breton
La position de Christian Lindner est en fait assez proche de celle, minoritaire, défendue au sein de la Commission par Thierry Breton, le commissaire français au marché intérieur. Il estime indispensable de conserver un savoir-faire technologique dans l’un des rares domaines ou l’industrie européenne, en général, et allemande, en particulier, sont des leaders mondiaux. Les moteurs thermiques continueront d’ailleurs à se vendre dans le monde bien longtemps après 2035. Les choix politiques de l’Europe ne s’imposent évidemment pas sur…
Dans La chambre des diablesses (Robert Laffont), la romancière donne un véritable roman noir et violent autour du personnage de La Voisin, tueuse en série du Grand Siècle.
On dit que notre société s’ensauvage, qu’elle est de plus en plus violente, que le relativisme agit comme la gangrène sur la jambe d’un grand blessé, que la frontière entre le bien et le mal s’oblitère sous les coups de gomme des séries diffusées sur Netflix. Si vous êtes d’accord avec ce constat, ne lisez surtout pas le nouveau roman d’Isabelle Duquesnoy, La Chambre des diablesses, vous risqueriez de vous imaginer en train de vomir sur les tombes d’un cimetière écossais, une nuit de pleine lune, après avoir asséché le pub du coin.
Car Duquesnoy frappe fort, très fort même en convoquant la truculence de Rabelais associée à la perversion de Georges Bataille. Le cocktail est détonnant, et offre un plaisir de lecture orgasmique ! Ça trucide à tour de bras, ça copule, empoisonne, des nourrissons sont sacrifiés pour récupérer leurs organes. Il faut faire bouillir la marmite des sorcières. Les fluides corporels coulent à flots. L’histoire de France ressemble à une sentine.
Scandales et sorcellerie
Le règne de Louis XIV, donc. D’un côté, la magnificence de Versailles ; de l’autre, les turpitudes de la plus célèbre des tueuses en série françaises, Catherine Monvoisin, que la postérité retiendra sous le surnom de La Voisin qui, paraît-il, faillit empoisonner le roi et sa maitresse, Angélique de Scorailles, âgée de dix-sept ans, sur ordre de la favorite délaissée, la fameuse Montespan. Le début du roman d’Isabelle Duquesnoy s’ouvre sur l’exécution de La Voisin. La foule vient la voir brûler. Louis XIV l’a exigé. On ne badine pas avec la colère du roi. La Voisin ne se laisse pas faire. « Elle s’agite comme une possédée », écrit Duquesnoy qui précise avec délectation, faisant de nous des voyeurs: « Les flammes commencent par lécher ses chevilles, puis le bas de sa robe, avant de s’élever en bourrasque, comme aspirées vers son visage. Et puis, d’un seul coup, la fumée montant vers le ciel emporte les cheveux fondus de Maman. » En fait, c’est la fille de La Voisin qui s’exprime, Marie-Marguerite, accusée de complicité et sommée de livrer les secrets de sa machiavélique mère, de révéler ses formules soufflées par le diable et la liste de ses clients dans la haute noblesse courtisane.
Un scandale énorme sur fond de sorcellerie moyenâgeuse. C’est la retentissante affaire des poisons. On découvre un récit hallucinant, « turpitudesque ». On est plongés au cœur de l’abjection humaine. « Ma guiguite, il est temps que je t’enseigne les rudiments de mon art », confesse La Voisin à sa fille. Elle parle d’art, mais comprenez son talent pour préparer moult poisons auxquels il est impossible de réchapper. « Guiguite » parviendra-t-elle à sauver sa peau ? Vous le saurez en dévorant le livre d’Isabelle Duquesnoy, qui nous avait déjà conquis avec La pâqueline ou les Mémoires d’une mère monstrueuse. Ici, c’est simple, elle nous ensorcelle avec le singulier destin de la jeune « Guiguite ». Et renforce notre côté paranoïaque devant un dîner aux chandelles préparé par une ancienne conquête.
Dans ce théâtre de possédés, le César d’horreur est attribué à l’abbé défroqué Guibourg – personnage bataillien – spécialiste des messes noires. Extrait : « Guibourg posa le corps inerte sur la table. Marie-Marguerite fut saisie de compassion pour ce bébé sans vie et s’empara d’un lange pour l’emmailloter. Mais l’abbé la repoussa d’un coup de coude et, d’un geste discret de l’index, lui désigna la chaise où aller s’asseoir. Alors il ouvrit la poitrine du nourrisson, qui ne saignait pas. Il y glissa deux doigts, afin de toucher son cœur. Là, il parvint à recueillir un peu de sang, cailloté, qu’il étala sur le rebord du calice. »
Isabelle Duquesnoy, La Chambre des diablesses, Robert Laffont.