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État de droit, que de frime on commet en ton nom

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Estimant que sa priorité consiste à protéger la nation, le ministre de l’Intérieur a osé dire que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Lors de la déclaration de politique générale hier, il a été désavoué par le Premier ministre qui entend donner des gages aux centristes mollassons.


Le syndicat des beaux esprits et grandes âmes s’est trouvé une nouvelle marotte : l’État de droit. Depuis que le ministre de l’Intérieur a déclaré que celui-ci n’était « ni intangible ni sacré », ils ont découvert qu’ils l’adoraient. Par exemple, quand ils subventionnent des associations qui aident les migrants à transgresser nos lois ; quand ils affirment que la police, seule détentrice de la force légale, « assassine » ; quand ils applaudissent un zozo qui appelle à l’intifada en plein Paris ; quand ils s’opposent à une perquisition menée sous la responsabilité de la Justice en braillant « La République, c’est moi » ; quand ils estiment que l’émotion justifie une manifestation interdite (ça c’était Christophe Castaner à propos d’une manifestation du comité Traoré à la fin du confinement). C’est comme ça, l’État de droit, ils y pensent jour et nuit.

Festival de jérémiades

La macronie et la gauche nous ont donc offert un nouveau festival de jérémiades et offuscations, chacun faisant mine de penser que Bruno Retailleau appelait de ses vœux un régime policier où l’arbitraire remplacerait la règle de droit. « Retailleau remet en cause l’État de droit, c’est-à-dire la séparation des pouvoirs, la justice indépendante, les libertés fondamentales », déclare sobrement Manuel Bompard. « Retailleau fait comme s’il gouvernait déjà avec l’extrême droite », ose Olivier Faure. « L’État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne puisse faire ce qu’il veut. Renforçons l’application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l’État de droit », s’enflamme Yaël Braun-Pivet.

On ne s’étonne pas des imprécations venues de la gauche, qui continue de vivre dans une réalité parallèle. Ainsi, dans sa réponse au discours de politique générale de Michel Barnier, l’inénarrable Panot continue à expliquer que le Nouveau Front populaire a gagné l’élection et à réclamer avec force glapissements, la nomination de la très baroque Lucie Castets, dont les Français ont déjà oublié le nom et les inepties qu’elle a prononcées. Mais si on en doutait, cet épisode ridicule montre à quel point les macronistes sont sous l’emprise de leur surmoi de gauche.  Alors qu’ils sont contraints de soutenir un gouvernement de droite, leur obsession, c’est de montrer par tous les moyens qu’eux ne mangent pas de ce pain-là. Gabriel Attal ne s’en cache pas. À l’Assemblée, hier, il n’a cessé de roucouler en direction de la gentille gauche, celle qui n’a avec LFI qu’une misérable alliance électorale, mais rien en commun rassurez-vous. À l’évidence, Attal et ses troupes attendent en embuscade que le gouvernement tombe pour jouer à embrassons-nous Folleville avec leurs copains du PS. Il ne faudrait pas qu’on cesse de les recevoir sur France Inter. En faisant de Bruno Retailleau leur tête de turc, ils achètent leur place à l’église.

Barnier contraint de recadrer Retailleau

Le pire, c’est que Michel Barnier a dû mettre genou à terre. Non seulement il a recadré son ministre, lui imposant une sorte de mea culpa, ce qui a enchanté la presse de gauche, mais il a été contraint de proclamer dans son discours que l’Etat de droit était sacré, reconnaissant ainsi qu’il était tenu par les macronistes et provoquant un soupir agacé de Marine Le Pen. Pris en sandwich entre Attal et Le Pen, le Premier ministre ne va pas être à la fête.

Si le clan des offusqués cherchait autre chose que l’occasion de prendre des poses avantageuses, la sortie de Retailleau aurait pu être l’occasion d’un beau débat, essentiel pour le pays.

L’État de droit, tel que nous l’avons bâti, c’est l’infrastructure juridique de la démocratie. Un ensemble de règles, adoptées par les représentants du peuple souverain, auquel les gouvernants sont soumis comme n’importe quel citoyen. C’est donc la garantie contre l’arbitraire du pouvoir. L’Etat de droit signifie que le gouvernement ne peut pas vous faire embastiller sans raison.

Seulement, cet État de droit a changé de nature, parce que le droit dont il garantit la primauté a changé de nature. Il s’agit de moins en moins de droit positif et de plus en plus d’une interprétation jurisprudentielle très libre de ce droit. La Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État sont habilités, dans leurs domaines respectifs, à dire comment on doit lire la Constitution et les lois adoptées par des élus. De même, la Cour européenne des droits de l’Homme décide de la façon dont la Convention du même nom doit être comprise et appliquée. Or, depuis au moins une dizaine d’années, ces éminentes juridictions nationales et internationales interprètent tous les textes dans le même sens : toujours plus de droits pour les individus, y compris les délinquants, criminels et terroristes, toujours moins de droit pour les Etats de se protéger. C’est ainsi que la CEDH a sommé la France d’annuler l’expulsion d’un Tchétchène radicalisé. Sans succès heureusement. Sauf que, quand c’est le Conseil d’Etat qui annule une expulsion, le gouvernement ne peut pas l’envoyer bouler.

L’État de droit n’est plus un ensemble de règles adoptées par la voie démocratique, il est devenu une idéologie qui change les règles sans que jamais les peuples soient consultés sur ce changement. C’est l’État de droit qui impose aux Français un multiculturalisme qui leur va mal au teint. C’est l’État de droit qui s’oppose au bon sens. Bruno Retailleau a raison. Il faut changer l’État de droit. Ou on finira par en dégoûter les Français.

Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française?

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Les carnets d’Ivan Rioufol, chaque mois dans le magazine


Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française ? Elle s’alimente d’un demi-siècle de maltraitance infligée à la classe moyenne par des dirigeants convertis à la révolution mondialiste qui rend l’âme. La constitution du gouvernement, le 21 septembre, autour des perdants des législatives (la Macronie, les LR) ne calmera évidemment pas les frustrations des citoyens méprisés. D’autant qu’une partie des 47 députés LR affiliés au Premier ministre ont été élus avec l’appui de la gauche, à l’issue d’un front anti-RN qui n’a réussi, en boomerang, qu’à introniser Marine Le Pen en arbitre suprême de la vie politique. Comment croire que les près de 11 millions d’électeurs qui ont voté pour le Rassemblement national lors des législatives des 30 juin et 7 juillet, et les plus de 7 millions du Nouveau front populaire, puissent accepter d’être écartés par une coalition de coucous, ces oiseaux qui pondent dans les nids des autres ?

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La crise démocratique, amorcée en 2005 avec le refus des élites post-nationales de suivre les citoyens dans leur rejet par référendum d’une suprématie européenne, est un poison qui a contaminé la classe dirigeante accrochée à ses lubies cosmopolites. La clé du destin de la France ne peut être chez les idéologues d’un monde plat et indifférencié. Seuls les Français ordinaires, en passe de se libérer des fanatiques du grand marché uniformisé, ont conservé l’instinct de survie. La gauche a reproché à Barnier, lors de sa passation de pouvoir le 5 septembre, d’avoir parlé des « gens d’en bas » qu’il disait vouloir entendre dans leurs suggestions. Les lyncheurs habituels ont feint d’y voir un mépris de classe. En réalité, c’est cette nation vulnérable des modestes et des parias, abandonnés par le progressisme déraciné au profit des minorités exotiques, qui a lancé la révolte contre ceux d’en haut.

Cette colère française, qui réveille des esprits anesthésiés par la morphine des faux humanistes, a pris le visage d’une femme en larmes accusant ses bourreaux: Harmonie Comyn, la femme d’Eric Comyn, officier de gendarmerie, tué par un chauffard multirécidiviste cap-verdien lors d’un contrôle routier à Mougins (Alpes Maritimes) après un refus d’obtempérer. Le 29 août, lors de l’hommage à son mari, l’épouse a dénoncé l’abandon de l’Etat, cette lâcheté ressentie par beaucoup : « La France a tué mon mari, par son insuffisance, son laxisme et son esprit de tolérance ». Pour elle, « 1981 n’aurait jamais dû exister », c’est-à-dire l’avènement de l’angélisme humanitaire qui poussa Robert Badinter, dès son arrivée au ministère de la Justice en juin 1981, à faire libérer 40% des détenus, avant d’abolir la peine de mort. Cette mise en cause des puissants, portée par une femme de militaire, a dépassé la détresse d’une veuve. Harmonie Comyn est devenue la porte-voix d’un malheur collectif. Son réquisitoire a rejoint celui des citoyens trahis. Ceux-ci entendent demander des comptes aux irréfléchis qui ont conduit le pays dans cette faiblesse sécuritaire, identitaire, sociale, économique. Le procès des saccageurs est ouvert.

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La rébellion des invisibles n’est d’ailleurs pas propre à la France. Le phénomène parcourt l’Occident, dont ses stratèges se sont perdus dans l’auto-dissolution universaliste et la naïveté face à l’islam remplaciste. Une même colère entraîne Donald Trump vers une possible victoire contre l’establishment américain, en novembre. Lors de son premier discours, le 17 juillet, son colistier, le sénateur J.D. Vance, s’est posé en porte-parole des déclassés. En Allemagne, les victoires de l’Afd en Saxe et en Thuringe, préludes à une envolée de ce mouvement anti-immigration et anti-islam, ont poussé le chancelier Olaf Scholz à réintroduire, le 16 septembre, des contrôles aux neuf frontières du pays. En 2015, Angela Merkel avait été louangée (« Mère Angela ») pour avoir accueilli, dans l’esprit de Maastricht (1992), plus d’un million de réfugiés musulmans, important parmi eux l’antisémitisme coranique. En Grande-Bretagne, les émeutes de Southport contre les immigrés, en août, ont révélé l’exaspération d’une population confrontée à un gouvernement conservateur qui a laissé venir en 2023 près de 700.000 exilés ! Le choix de libérer 5500 prisonniers, afin de faire place aux condamnés des insurrections, va aggraver la rage anglaise. Elle puise aussi sa source dans l’omerta imposée, au nom de l’antiracisme, sur les viols de milliers de jeunes blanches, à Telford, Rotherham et Rochdale, livrées à des réseaux musulmans pakistanais de 1980 à 2010.

Les faits sont là : le progressisme sectaire et ses utopies sans-frontièristes s’effondrent. Même l’abbé Pierre, béatifié par le camp du Bien connaissant ses vices, se dévoile dans ses turpitudes dénoncées par 24 femmes…

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Zozos sociaux

Faut-il craindre le péril TikTok ? Un cliché raciste a longtemps présenté les Chinois comme un peuple fourbe et cruel…


En France, la presse s’est récemment émue de l’essor du « Fridgescaping » qui fait fureur sur TikTok et Instagram. Contraction de deux mots anglais (fridge, frigo et landscape, paysage), il s’agit d’une mode consistant à décorer l’intérieur de son frigo et à en poster les images. « Si la démarche est à l’origine esthétique, elle peut présenter des dangers pour la santé », s’inquiètent nos confrères de Capital. Entreposer fleurs, guirlandes, cadres photo ou petits objets décoratifs mignons dans un réfrigérateur augmente les risques de contamination bactérienne alimentaire. De plus, cette tendance n’est pas du tout écolodéplore Mme Vasseur, architecte d’intérieur écoresponsable interrogée par 20 Minutes, car elle pousse ses adeptes à acheter des frigos surdimensionnés augmentant la consommation d’électricité

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Pendant ce temps, aux Etats-Unis et en Angleterre, les agents aéroportuaires se demandent comment enrayer une autre manie. Selon CNN, des passagers sont de plus en plus furieux contre la génération Z, laquelle s’amuse à prendre en photo les bacs de sécurité dans les sas de contrôle, retardant la file d’attente. Des utilisateurs partagent en effet sur TikTok leurs clichés artistiques montrant lunettes de soleil, Gazelle d’Adidas, produits de toilette ou livres de voyage, bien agencés dans les bacs réglementaires en plastique avant qu’ils ne partent sous les rayons X. Des images avec l’hashtag « airportaesthetic » dépassent ainsi le million de vues. Interdite aux députés de l’UE et aux agents du gouvernement américain par crainte que la Chine l’utilise pour nous espionner, l’application chinoise est accusée d’abrutir notre jeunesse. Sa maison mère, ByteDance, se garde bien de proposer TikTok en Chine, où la version locale, Douyin, garantit la sécurité des utilisateurs les plus jeunes, offre un contrôle parental et filtre les contenus. Pour l’Occident : vidéos virales et défis débiles. Pour le marché intérieur, où le temps de connexion des jeunes est limité de 40 minutes à 2 heures par jour selon l’âge, beaucoup plus de contenus éducatifs !

Par ailleurs, la Chine interdit aux mineurs d’accéder à Internet la nuit, estimant probablement que sa jeunesse doit faire ses nuits pour bien étudier et conquérir le monde le lendemain. Il faut croire que la Chine s’éveille…

«Shana tovah». Une fin d’année inoubliable

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L’Iran a tiré hier soir plus de 180 missiles sur le territoire israélien. Le pays a été mis en alerte, et la population est descendue dans les abris. Heureusement, les missiles ont majoritairement été interceptés par le Dôme de fer. Des tirs de joie nourris ont éclaté dans la banlieue sud de Beyrouth, contrôlée par le Hezbollah, après cette importante attaque. Pendant le même temps, un attentat à Tel-Aviv mené par deux tireurs faisait sept morts. Benyamin Netanyahou a estimé que l’Iran avait « commis une grave erreur » en attaquant son pays, et qu’il en « paierait le prix ».


Pour les juifs, aujourd’hui est traditionnellement une journée de purification spirituelle ou tout au moins de réflexion sur l’année qui vient de se dérouler. Il n’est pas besoin de souligner que cette réflexion prend un relief particulier compte tenu de l’année que nous avons vécue. C’est cette veille de Rosh Hachana que le régime iranien a choisie pour lancer 180 missiles balistiques sur Israël. Pour les chiites, le Nouvel an (qui a eu lieu cette année en juillet) est  la commémoration du malheur des malheurs, la mort de l’imam «martyr» Hussein au cours de la bataille de Kerbala en 680. 

Le « front de la résistance » en mauvaise posture

Le communiqué officiel des Gardiens de la Révolution relatant l’attaque de missiles parle de la nation « noble et martyrisée de l’Iran ». Pour les mollahs iraniens, leur pays, depuis Hussein, est donc une nation martyre. Pour tous ceux dont le bon sens n’a pas été détruit par l’idéologie, c’est leur régime qui martyrise l’Iran.

Ce communiqué  prétend aussi que cette attaque est « conforme aux droits légaux de l’Iran et aux lois internationales », et prévient Israël que s’il réagit militairement il s’exposera à de nouvelles attaques « encore plus écrasantes et destructrices ».

Malgré ces paroles victorieuses et martiales, il n’y a pas la moindre précision sur les conséquences de l’attaque et, en dehors des mollahs, bassidji et pasdarans les plus obtus, les Iraniens auront donc compris qu’il s’agit d’un échec cuisant pour le régime.

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« Les coups du Front de la Résistance contre le corps décrépit et en décomposition du régime sioniste seront encore plus écrasants », avait prétendu l’ayatollah Khamenei. J’aurais tendance à dire « décrépit lui-même ».

Dans le centre du pays, un Israélien observe les dégâts dans un restaurant après les attaques iraniennes, 1 octobre 2024 SOPA Images/SIPA Numéro de photo : 01178302_000015

Il est à noter que l’attaque iranienne n’a été accompagnée par aucun soutien du fameux « Axe de la Résistance ». Même s’il ne semble pas que le Hezbollah possède des missiles balistiques à longue portée, et qu’il ne pouvait donc pas aider à saturer le système Arrow III qui a détruit les missiles iraniens, l’absence de participation du Hezbollah en soutien à cette offensive iranienne en dit long sur son affaiblissement. Le monde démocratique et le Liban devraient en être reconnaissants à Israël. On a vu que cela n’a pas été tout à fait le cas…

En Israël, beaucoup estiment qu’une fenêtre de tir s’est ouverte pour frapper le programme nucléaire iranien

Une autre remarque concerne les Américains. Joe Biden n’a pas lésiné son approbation de la liquidation de Nasrallah. Il n’a pas non plus lésiné son soutien à Israël au cours de l’attaque iranienne. On dit beaucoup que les Américains sont immobilisés par la perspective des élections, mais il faut peut-être se rappeler que Biden avait promis qu’il ne laisserait jamais l’Iran posséder l’arme nucléaire. Un  rapport publié en juillet par la Direction du Renseignement américain a donné de très inquiétantes informations sur l’avancement des Iraniens. Est-il possible que le président américain en tire la conclusion que c’est le moment ou jamais d’empêcher ce régime criminel d’acquérir l’assurance-survie nucléaire avec le poids qu’elle ferait peser sur le monde libre?

Une troisième remarque, à propos de la position française. Elle repose sur une image du Liban qui avait sa validité il y a cinquante ans, avant que ne commence la guerre civile dans le pays. Il ne semble pas que la diplomatie française ait averti le président de la République que la situation avait changé depuis cette époque. La posture paternaliste d’une France soutenant le petit frère libanais et l’appel à un cessez-le-feu sans rappeler les crimes du Hezbollah et sans en citer le nom, marquera un point haut des rodomontades nationales, un point bas de l’influence de notre pays dans le monde et un sommet d’exaspération pour les Juifs de France.

Une dernière  remarque, une confirmation plutôt, sur Jean-Luc Mélenchon et son tweet lunaire au moment des envois de missiles iraniens sur Israël. On savait qu’il était infréquentable, mais je pense que ceux qui continuent de le fréquenter sont désormais eux-mêmes infréquentables…

Battue citoyenne

Chasseurs attaqués par une soixantaine de migrants à Tardinghen: que s’est-il passé?


Dans la Calaisis, la tragédie de l’immigration clandestine ne noircit pas seulement les pages des journaux locaux lorsque des embarcations de fortune, remplies de sans-papiers rêvant d’Angleterre, font naufrage au large des côtes. La population locale souffre aussi du non-droit entretenu par les mafias de passeurs et certaines ONG inconscientes. Ainsi, comme le rapporte le quotidien Nord Littoral, trois chasseurs de Tardinghen (62), à quelques kilomètres au sud de Sangatte, accompagnés d’un petit garçon de trois ans, ont cru leur dernière heure venue au petit matin du 15 septembre quand une soixantaine de migrants, armés de machettes et de barres de fer, se sont rués sur la hutte de chasse dans laquelle ils se trouvaient, après avoir détruit les pare-brise des véhicules garés à proximité. « Ils voulaient nous tuer », a relaté, le lendemain sur Delta FM, l’une des victimes, qui, avec ses deux camarades, a choisi la voie de la sagesse en s’abstenant de se servir de son fusil, préférant appeler les gendarmes… et prier pour que la porte de la cabane tienne jusqu’à l’arrivée des secours.

De fait, la porte a tenu, les agresseurs ont fini par s’égailler dans la nature et aucun blessé n’est à déplorer. Reste à comprendre ce que cherchait cette horde. D’après le préfet du Nord Pas-de Calais, il s’agit d’une expédition punitive. Quelques heures auparavant, les chasseurs avaient surpris ce groupe de migrants s’apprêtant à traverser la Manche, et donné l’alerte aux forces de l’ordre, qui étaient promptement intervenues. « Depuis cet été, nous avons connu une dizaine de situations similaires entre Calais et le Touquet », a indiqué sur France 3 Hauts-de-France Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs et lui-même élu municipal dans cette région des marais d’Opale. Signe des temps, la préfecture n’a pas enterré l’affaire. Dans les heures qui ont suivi le drame, elle a annoncé des mesures pour « favoriser les échanges d’informations entre les forces de l’ordre et les chasseurs ». Manière, sans le dire, d’organiser une surveillance citoyenne au sein d’un territoire menacé en permanence de devenir une zone de guérilla.

«La Solitude du coureur de fond» au théâtre

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La Solitude du coureur de fond, d’Alan Sillitoe, au Théâtre Le Funambule, à Montmartre


Encore un petit théâtre épatant qui se distingue par une programmation originale. Prenez le Funambule, donc, à deux pas du métro Lamarck-Caulaincourt à Paris. S’y déroule en ce moment, et jusqu’au 10 novembre, un seul en scène enthousiasmant de Patrick Mons, l’adaptation d’un livre culte – presque autant que L’Attrape-cœur de Salinger : La Solitude du coureur de fond (1959), de l’Anglais Alan Sillitoe (1928-2010) – dont c’est le deuxième livre culte (rareté), après la publication, un an plus tôt, en 1958, de Samedi soir, dimanche matin.

Le cinéma se saisit très vite des deux : Samedi soir, dimanche matin est porté à l’écran en 1960 par un génie, Karel Reisz ; La Solitude du coureur de fond, par un autre, Tony Richardson, en 1962.

Cela ne s’arrêtera pas là – romans (une vingtaine), poésie, ouvrages pour la jeunesse s’ensuivront. Mais les deux premiers livres marqueront leur époque : celle des Angry Young Man (Jeunes hommes en colère) des années 50.

Parenthèse : Alan Sillitoe a gagné. Quand on entre en littérature, il faut écrire LE livre (voir Salinger, plus haut, ou Le Grand Meaulnes, ou Le Diable au corps, ou La Fin de Chéri, etc.) : Sillitoe en a écrit deux, non-négociables. Il faudrait toujours avoir CE livre – celui à écrire, le seul – en tête, lorsqu’on se mêle de littérature, et d’écriture. La rareté, la nécessité, comme critérium. Fin de la parenthèse.

Résumé de l’action. Quelle action ? Un homme, Colin Smith, « enfermé dans une maison de correction, est choisi pour représenter l’institution lors d’une compétition de course de fond ». Le directeur voudrait en faire un exemple de réhabilitation et une illustration de la qualité de son établissement.

Cela ne se passera pas tout à fait ainsi : Smith pourrait gagner mais l’Angleterre est la terre de l’habeas corpus – Smith a son libre-arbitre, et une notion précise de la dignité et de l’honnêteté, qui n’a pas grand-chose à voir avec celle des « honnêtes gens », justement.

Montherlant a beaucoup écrit à ce propos (le sport, sa morale). Sillitoe, né dans une famille ouvrière de Nottingham et qui travailla un temps en usine (à 14 ans), écrit dans une autre langue, un autre registre : réaliste, populaire, prolétarien – dans le très bon sens du terme (à l’opposé, par exemple, de celui qui pourtant passe pour un de ses héritiers, Ken Loach, le démagogue larmoyant, misérabiliste).

Patrick Mons restitue le monologue intérieur du jeune homme, Colin Smith : la course (il court presque toute la durée de la représentation) est l’occasion de l’élaboration de sa pensée, de sa conception de la liberté – et de sa libération, par les mots. Le for intérieur est son arme ; l’honnêteté, de soi à soi, son blason.

Précisons que les mots de Sillitoe, devenus ceux de Mons-Smith, illustrent deux de ses qualités insignes (il suffit de le lire – ou de venir l’écouter au Funambule) : le sens de l’observation et l’art de conter. L’humour n’est pas absent. La musique du saxophoniste Art Pepper (enregistrée par le Barcelonais Esaïe Cid) accompagne bienheureusement la représentation.

Lycéen, nous avons eu la chance de voir le vaillant Sami Frey pédaler et dire les Je me souviens anaphoriques de Georges Perec : merveille. Nous nous souviendrons – c’est dire le niveau de la représentation et de l’incarnation – de Patrick Mons, coureur aguerri et acteur distingué (l’inverse est vrai). À l’évidence, celui-ci sera de moins en moins seul. Courez donc – il faut bien commencer – le voir et l’écouter : le coureur du Funambule vaut le… détour.

La Solitude du coureur de fond, Théâtre Le Funambule (53 rue de Saules 75018). D’après Alan Sillitoe. Mis en scène et joué par Patrick Mons. Musique Art Pepper. Du 5 septembre au 10 novembre. Durée : 1H15.

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Le lyrique en version concertante, au Théâtre des Champs-Elysées


En juin dernier, votre serviteur déplorait le Cosi… du (forcément divin) Mozart, miné par l’abstraction sous l’effet de la régie signée Anne Teresa de Keersmaeker, dans l’antre de l’Opéra-Bastille.

L’arraisonnement des chefs-d’œuvre du répertoire lyrique par les metteurs en scène « starisés » est un trait d’époque : il suscite le pire comme le meilleur. Quoiqu’il en soit, c’est a contrario un rare privilège que de redécouvrir un joyau de la musique, mais décanté de tout appareil scénographique : mis à nu en quelque sorte. C’était le cas il y a quelques jours au Théâtre des Champs-Elysées : Mozart s’y voyait célébré avec d’autant plus de sobriété que le Chœur et Orchestre Les Musiciens du Louvre, formation « baroqueuse » par excellence (fondée et toujours dirigée par Marc Minkowski), restitue, sur instruments d’époque, la sonorité particulière aux orchestres de l’âge classique : elle offrait une relecture tout à la foi nerveuse et subtile du célébrissime dramma giocoso millésimé 1790.  

Ainsi réduite à la seule expression de son livret, Cosi Fan Tutte prenait une saveur, une drôlerie, une alacrité soulignées par la discrète inventivité des travestissements qui, comme chacun sait, font la trame de l’opéra en question. La mezzo américaine Angela Brower y reprenait le rôle de Dorabella qu’elle incarnait déjà à l’Opéra-Bastille l’été dernier avec brio. Dans celui de Guglielmo triomphait ici le ténor croate Leon Kosavic (qu’on a grande hâte d’entendre dans Ariane à Naxos, le génial opéra de Richard Strauss, qui sera donné à l’opéra de Rouen du 15 au 19 novembre prochain). La soprano vénitienne Miriam Albano campait merveilleusement quant à elle la marieuse ancillaire Despina.  Don Alfonso, sous les traits du baryton Alexandre Duhamel, donnera envie aux amateurs de le revoir, ici même en décembre prochain, dans le Dialogue des carmélites, de Francis Poulenc… mis en scène, cette fois, par l’inévitable Olivier Py.  Mais la plus belle surprise de cette unique représentation concertante du 24 septembre revenait, sans aucun doute, à la soprano suisse Ana Maria Labin, inoubliable dans l’emploi de Fiordiligi – vibrato incandescent, souplesse et suavité du phrasé, projection redoutable dans les aigus, ambitus à donner le frisson. Ainsi livrés à l’état brut, dans leur jus, sans le nappage parfois déroutant propre à nos régies contemporaines, les rondeaux, cavatines et autres arias de cette partition scintillaient comme jamais.

D’autant que sous l’impulsion de son directeur Michel Franck, la maison de l’avenue Montaigne inaugurait à cette occasion un nouveau dispositif acoustique, élégante architecture modulable composé de sept à dix panneaux (leur nombre s’adapte à l’effectif requis sur le plateau) dont l’esthétique, avec son rehaut de dorures, renvoie à celle, splendide, de ce monument précurseur de l’art déco construit en béton, comme l’on sait, par le jeune Auguste Perret en 1910.

Alors ? Alors voilà qui ouvre l’appétit pour la suite. En coproduction avec Les Grandes Voix, le Théâtre des Champs-Elysées accueillera bientôt le délicieux chef-d’œuvre de Rossini, Le Comte Ory. Puis, toujours en version concert, Alcina, chef-d’œuvre absolu de Haendel. Rendez-vous respectivement les 7 novembre et le 5 décembre pour ces deux spectacles.       


Cosi Fan Tutte, de Mozart, en version concert le 24 septembre dernier.

Le Comte Ory, opéra en deux actes de Gioachino Rossini. Avec Cyrille Dubois, Sara Blanch, Ambroisine Bré, Monica Bacelli, Nicola Ulivieri, Sergio Villegas-Galvain, Marielou Jacquard.
Direction : Patrick Lange.
Orchestre de Chambre de Paris, Chœur de Chambre de Rouen
Jeudi 7 novembre à 19h30
Durée : 2h50

Alcina, opéra en trois actes de Georg Friedrich Haendel. Avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau, Emily D’Angelo, Nadezhda Karyzina, Stefan Sbonnick, Bruno de Sa, Alex Rosen. Direction: Francesco Corti. Il Pomo d’Oro.
Jeudi 5 décembre à 19h30
Durée : 3h
Théâtre des Champs-Elysées. Paris.

Les portes de la guerre sont grandes ouvertes

Pour les Occidentaux, il ne s’agit plus tellement de se demander si une démocratie comme Israël doit ou non se comporter comme elle le fait, mais de regarder vers Téhéran.


Nombreux sont ceux voulant croire que la guerre de Troie n’aura pas lieu. « Elle aura lieu » : c’est ainsi que s’achève la pièce de Giraudoux. En l’occurrence, la guerre déclenchée par le Hamas, le 7 octobre 2023, qui s’étend inexorablement au Moyen-Orient. En vérité, le régime islamique iranien mène contre Israël une guerre par procuration dont la portée et les répercussions vont très au-delà du Moyen-Orient. Nul ne pourra l’ignorer plus longtemps.

En l’état des choses, le pouvoir meurtrier du Hamas, à partir de la bande de Gaza, est réduit à son expression minimale. Cela ne préjuge en rien du futur mais la conduite diplomatico-stratégique d’une nation ne relève pas de l’eschatologie et des fins dernières : rien n’est définitivement acquis. Comme il fallait l’anticiper, la logique de la guerre s’étend au Liban-Sud et dans les banlieues chiites de Beyrouth, territoires depuis lesquels le Hezbollah harcèle depuis des mois, et même des années, le nord d’Israël (entre 60 000 et 100 000 Israéliens ont fui la région).

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, une grande partie de son état-major ainsi que des Pasdarans iraniens (leurs tuteurs), ont été éliminés dans les bombardements des derniers jours. On ne peut qu’approuver les déclarations de l’exécutif américain quant à de salutaires « mesures de justice ». On regrettera inversement les pudeurs de l’Elysée et du ministre des Affaires étrangères de la France, soucieux de se poser en protecteurs historiques du Liban.

France impuissante

Le problème réside dans le fait que la France n’y protège plus grand monde. Faut-il rappeler la faillite de la diplomatie libanaise d’Emmanuel Macron, pleine d’allant après l’explosion de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth (20 août 2020) ? Pour un peu, nous nous imaginions revenus à l’époque du protectorat français sur le Liban maronite. Au demeurant, les prédécesseurs d’Emmanuel Macron – dont Jacques Chirac, prétendument initié aux subtilités politiques locales –, avaient aussi échoué. Nous le regrettons infiniment mais les choses sont ainsi. Seul héritage d’un grand passé : la FINUL, fort mal prise dans la présente situation.

Aussi, en appeler à l’instauration d’un cessez-le-feu, alors même que se préparait la riposte israélienne aux agissements du Hezbollah, tient du leitmotiv de l’impuissant. De même la sempiternelle invocation de la solution dite politique des « deux États » (un État palestinien vivant en paix à côté d’Israël), comme si le politique pouvait se déployer en apesanteur. Arguant du caractère désirable de cette projection, ce techno-pacifisme fait fi des réalités politiques, diplomatiques et militaires locales et régionales.

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De fait, il ne s’agit pas tant d’un conflit israélo-palestinien – la fondation d’Israël tenant lieu pour la religion séculière post-moderne de péché originel, que d’une guerre iranienne à l’encontre de l’État hébreu. Une guerre indirecte qui utilise et manipule un certain nombre de forces par procuration (des proxies), milices chiites prises en main par les Gardiens de la Révolution islamique (les Pasdaran), dont le Hezbollah, ou formations terroristes djihado-sunnites ralliées au tiers-mondisme panislamique de Téhéran (le Hamas). Un régime islamique iranien qui depuis plus de vingt ans, au prix d’énormes sacrifices et de sanctions, poursuit envers et contre tout un programme nucléaire qui l’a placé au seuil de la bombe atomique. Croit-on qu’un accord israélo-palestinien (en toute hypothèse) modifierait la donne géopolitique régionale ?

Il serait erroné de penser que cette question se limite au Moyen-Orient. Le régime islamique iranien est l’allié ouvert de la Russie qu’il fournit en drones et en missiles balistiques destinés au théâtre ukrainien. Ces drones ont contribué de manière décisive à l’échec de la contre-offensive ukrainienne de l’an passé ; bientôt renforcés par des missiles, ils sont utilisés pour détruire l’infrastructure énergétique d’un pays tenu à bout de bras par l’Occident. En somme, l’Iran est indirectement engagé dans une grande entreprise militaire qui cherche à forcer les frontières orientales de l’Europe. Tout cela avec l’appui de la Chine populaire qui achète massivement les produits bruts de l’Iran et de la Russie, et leur fournit les équipements et composants nécessaires à leur industrie de guerre.

Lendemains incertains

Depuis les pogroms du 7 octobre 2023, commis par le Hamas, Israël a repris l’initiative. L’État hébreu a entrepris de rompre l’« anneau de feu » qui, à ses frontières géographiques et depuis des fronts plus ou moins éloignés lointains – le « pont terrestre » chiite entre le Golfe Arabo-Persique et la Méditerranée orientale ou encore le bastion houthiste yéménite –, menaçait de l’annihiler. Il sera désormais difficile pour le régime islamique iranien de se cacher derrière ses affidés extérieurs et la protestation de ses bonnes intentions sur le plan nucléaire. Le champ des possibles est grand ouvert.

Certes, il ne manquera pas d’observateurs prompts à inverser causes et conséquences, pour expliquer que les dirigeants iraniens seront contraints par Israël à pousser les feux. A contrario, il appert que les nations occidentales doivent user des circonstances pour accroître la pression sur l’Iran, l’objectif étant que ses dirigeants abdiquent leurs ambitions balistico-nucléaires et cessent de déstabiliser les régimes arabes sunnites du Moyen-Orient.

Voici quelques années, c’était l’objectif déclaré de la diplomatie française. Eh bien, nous y sommes ! Pour commencer, il serait bon de libérer la mer Rouge et le détroit de Bab-el-Mandeb de l’emprise houthiste. Au-delà, le recul de l’Iran, sous pression maximale, entraînerait des répercussions sur le front ukrainien et la solidité de l’axe Moscou-Pékin-Téhéran

Faisons enfin justice de l’argument selon lequel « une démocratie [Israël] ne devrait pas se comporter ainsi ». Les régimes constitutionnels-pluralistes, ainsi que les nommait Raymond Aron, ne sont pas des idéalités platoniciennes. Ce sont des régimes politiques qui ne sauraient donc se soustraire à ce qui caractérise le « Politique », saisi dans son essence : le conflit et la guerre comme faits originaires, la distinction ami-ennemi et le recours aux moyens de la puissance, jusqu’à l’emploi de la violence armée si la conservation de l’être est dans la balance.

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Les champignons toxiques de François Ozon

Art noir


Bien malin celui qui pourrait définir d’un mot ou même d’une phrase l’univers de François Ozon. Il est à lui tout seul la négation de la notion de cinéma d’auteur. Allez donc trouver le lien entre le flamboyant mélo Sous le sable, avec Cremer et Rampling, et Potiche, le tordant « boulevard » avec Deneuve et Depardieu (décidément)…

Son nouveau film, Quand vient l’automne, n’échappe pas à cette « règle ». Cette fois, il nous propose un drame vénéneux en Bourgogne. Vénéneux, oui, parce qu’au centre de cette ténébreuse affaire familiale, on trouve un plat de champignons toxiques. Tout commence donc par un petit repas en famille au cours duquel une fille plutôt revêche se délecte des champignons concoctés par sa retraitée de mère. S’ensuit une histoire dont on se gardera bien de révéler ici les méandres et autres surprises surgies d’un passé sulfureux.

Hélène Vincent, Josiane Balasko et Ludivine Sagnier mènent un bal parfaitement réglé.

La retraite ou le Parti

En France, NFP et RN s’entendent pour contester la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Pendant ce temps, les Chinois acceptent sans broncher un recul de l’âge de départ à la retraite, en raison du vieillissement de la population…


Dans une France largement rétive au boulot (cf. Causeur de septembre), les succès du NFP et du RN reposent en grande partie sur leur dénonciation répétée du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Bien que ce soit la seule mesure macronienne assimilable à une baisse des dépenses publiques dans le magma des 1 000 milliards de dettes supplémentaires, la réformette inique ne passe pas.

Que partout ailleurs en Europe on parte à 65 ou 67 ans n’a aucune vertu apaisante. Les travailleurs français ne veulent pas en entendre parler, tout comme les jeunes mélenchonistes pour qui la retraite doit sonner dès leur diplôme de sociologie en poche – une retraite à 30 ans aisément finançable par « les riches et les paradis fiscaux ». On sait par ailleurs que Jean-Luc Mélenchon, à l’image de toute la gauche française, a toujours fait preuve d’une extrême bienveillance à l’égard de régimes qui ont su conjuguer progrès social, humanisme et démocratie directe tels Cuba, le Venezuela ou la Chine.

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On apprend pourtant, avec une certaine stupéfaction, que la Chine communiste vient de décider d’un recul de la retraite de 60 à 63 ans, en raison d’un problème démographique et du vieillissement de la population. Depuis que Mao n’est plus là, les Chinois vivent plus vieux – allez comprendre  ! Ces explications doivent un peu soulager l’ami Jean-Luc. Ce n’est pas, en effet, comme si la France connaissait un problème démographique ou un vieillissement de la population, n’est-ce pas ?

Cachons également à Méluche, car il faut être gentil avec les vieilles personnes, qu’à Cuba la retraite est fixée à 65 ans pour les hommes. Insistons en revanche sur le phare progressiste que constitue la Corée du Nord. La retraite y demeure à 60 ans, et ce malgré un service militaire obligatoire de dix ans (simple formalité festive et citoyenne), réduisant encore la durée effective d’aliénation au travail. Si Kim Jun Méluche et ses sbires pouvaient y demander l’asile politique, la rédaction de Causeur leur paiera le billet d’avion. Sans supplément bagage (littéraire) pour Boyard, Delogu et tous les autres analphabètes.

État de droit, que de frime on commet en ton nom

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Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre à l'Assemblée nationale, 1er octobre 2024 © ISA HARSIN/SIPA

Estimant que sa priorité consiste à protéger la nation, le ministre de l’Intérieur a osé dire que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Lors de la déclaration de politique générale hier, il a été désavoué par le Premier ministre qui entend donner des gages aux centristes mollassons.


Le syndicat des beaux esprits et grandes âmes s’est trouvé une nouvelle marotte : l’État de droit. Depuis que le ministre de l’Intérieur a déclaré que celui-ci n’était « ni intangible ni sacré », ils ont découvert qu’ils l’adoraient. Par exemple, quand ils subventionnent des associations qui aident les migrants à transgresser nos lois ; quand ils affirment que la police, seule détentrice de la force légale, « assassine » ; quand ils applaudissent un zozo qui appelle à l’intifada en plein Paris ; quand ils s’opposent à une perquisition menée sous la responsabilité de la Justice en braillant « La République, c’est moi » ; quand ils estiment que l’émotion justifie une manifestation interdite (ça c’était Christophe Castaner à propos d’une manifestation du comité Traoré à la fin du confinement). C’est comme ça, l’État de droit, ils y pensent jour et nuit.

Festival de jérémiades

La macronie et la gauche nous ont donc offert un nouveau festival de jérémiades et offuscations, chacun faisant mine de penser que Bruno Retailleau appelait de ses vœux un régime policier où l’arbitraire remplacerait la règle de droit. « Retailleau remet en cause l’État de droit, c’est-à-dire la séparation des pouvoirs, la justice indépendante, les libertés fondamentales », déclare sobrement Manuel Bompard. « Retailleau fait comme s’il gouvernait déjà avec l’extrême droite », ose Olivier Faure. « L’État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne puisse faire ce qu’il veut. Renforçons l’application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l’État de droit », s’enflamme Yaël Braun-Pivet.

On ne s’étonne pas des imprécations venues de la gauche, qui continue de vivre dans une réalité parallèle. Ainsi, dans sa réponse au discours de politique générale de Michel Barnier, l’inénarrable Panot continue à expliquer que le Nouveau Front populaire a gagné l’élection et à réclamer avec force glapissements, la nomination de la très baroque Lucie Castets, dont les Français ont déjà oublié le nom et les inepties qu’elle a prononcées. Mais si on en doutait, cet épisode ridicule montre à quel point les macronistes sont sous l’emprise de leur surmoi de gauche.  Alors qu’ils sont contraints de soutenir un gouvernement de droite, leur obsession, c’est de montrer par tous les moyens qu’eux ne mangent pas de ce pain-là. Gabriel Attal ne s’en cache pas. À l’Assemblée, hier, il n’a cessé de roucouler en direction de la gentille gauche, celle qui n’a avec LFI qu’une misérable alliance électorale, mais rien en commun rassurez-vous. À l’évidence, Attal et ses troupes attendent en embuscade que le gouvernement tombe pour jouer à embrassons-nous Folleville avec leurs copains du PS. Il ne faudrait pas qu’on cesse de les recevoir sur France Inter. En faisant de Bruno Retailleau leur tête de turc, ils achètent leur place à l’église.

Barnier contraint de recadrer Retailleau

Le pire, c’est que Michel Barnier a dû mettre genou à terre. Non seulement il a recadré son ministre, lui imposant une sorte de mea culpa, ce qui a enchanté la presse de gauche, mais il a été contraint de proclamer dans son discours que l’Etat de droit était sacré, reconnaissant ainsi qu’il était tenu par les macronistes et provoquant un soupir agacé de Marine Le Pen. Pris en sandwich entre Attal et Le Pen, le Premier ministre ne va pas être à la fête.

Si le clan des offusqués cherchait autre chose que l’occasion de prendre des poses avantageuses, la sortie de Retailleau aurait pu être l’occasion d’un beau débat, essentiel pour le pays.

L’État de droit, tel que nous l’avons bâti, c’est l’infrastructure juridique de la démocratie. Un ensemble de règles, adoptées par les représentants du peuple souverain, auquel les gouvernants sont soumis comme n’importe quel citoyen. C’est donc la garantie contre l’arbitraire du pouvoir. L’Etat de droit signifie que le gouvernement ne peut pas vous faire embastiller sans raison.

Seulement, cet État de droit a changé de nature, parce que le droit dont il garantit la primauté a changé de nature. Il s’agit de moins en moins de droit positif et de plus en plus d’une interprétation jurisprudentielle très libre de ce droit. La Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État sont habilités, dans leurs domaines respectifs, à dire comment on doit lire la Constitution et les lois adoptées par des élus. De même, la Cour européenne des droits de l’Homme décide de la façon dont la Convention du même nom doit être comprise et appliquée. Or, depuis au moins une dizaine d’années, ces éminentes juridictions nationales et internationales interprètent tous les textes dans le même sens : toujours plus de droits pour les individus, y compris les délinquants, criminels et terroristes, toujours moins de droit pour les Etats de se protéger. C’est ainsi que la CEDH a sommé la France d’annuler l’expulsion d’un Tchétchène radicalisé. Sans succès heureusement. Sauf que, quand c’est le Conseil d’Etat qui annule une expulsion, le gouvernement ne peut pas l’envoyer bouler.

L’État de droit n’est plus un ensemble de règles adoptées par la voie démocratique, il est devenu une idéologie qui change les règles sans que jamais les peuples soient consultés sur ce changement. C’est l’État de droit qui impose aux Français un multiculturalisme qui leur va mal au teint. C’est l’État de droit qui s’oppose au bon sens. Bruno Retailleau a raison. Il faut changer l’État de droit. Ou on finira par en dégoûter les Français.

Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française?

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Assemblée nationale, 1er octobre 2024 © Thibault Camus/AP/SIPA

Les carnets d’Ivan Rioufol, chaque mois dans le magazine


Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française ? Elle s’alimente d’un demi-siècle de maltraitance infligée à la classe moyenne par des dirigeants convertis à la révolution mondialiste qui rend l’âme. La constitution du gouvernement, le 21 septembre, autour des perdants des législatives (la Macronie, les LR) ne calmera évidemment pas les frustrations des citoyens méprisés. D’autant qu’une partie des 47 députés LR affiliés au Premier ministre ont été élus avec l’appui de la gauche, à l’issue d’un front anti-RN qui n’a réussi, en boomerang, qu’à introniser Marine Le Pen en arbitre suprême de la vie politique. Comment croire que les près de 11 millions d’électeurs qui ont voté pour le Rassemblement national lors des législatives des 30 juin et 7 juillet, et les plus de 7 millions du Nouveau front populaire, puissent accepter d’être écartés par une coalition de coucous, ces oiseaux qui pondent dans les nids des autres ?

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La crise démocratique, amorcée en 2005 avec le refus des élites post-nationales de suivre les citoyens dans leur rejet par référendum d’une suprématie européenne, est un poison qui a contaminé la classe dirigeante accrochée à ses lubies cosmopolites. La clé du destin de la France ne peut être chez les idéologues d’un monde plat et indifférencié. Seuls les Français ordinaires, en passe de se libérer des fanatiques du grand marché uniformisé, ont conservé l’instinct de survie. La gauche a reproché à Barnier, lors de sa passation de pouvoir le 5 septembre, d’avoir parlé des « gens d’en bas » qu’il disait vouloir entendre dans leurs suggestions. Les lyncheurs habituels ont feint d’y voir un mépris de classe. En réalité, c’est cette nation vulnérable des modestes et des parias, abandonnés par le progressisme déraciné au profit des minorités exotiques, qui a lancé la révolte contre ceux d’en haut.

Cette colère française, qui réveille des esprits anesthésiés par la morphine des faux humanistes, a pris le visage d’une femme en larmes accusant ses bourreaux: Harmonie Comyn, la femme d’Eric Comyn, officier de gendarmerie, tué par un chauffard multirécidiviste cap-verdien lors d’un contrôle routier à Mougins (Alpes Maritimes) après un refus d’obtempérer. Le 29 août, lors de l’hommage à son mari, l’épouse a dénoncé l’abandon de l’Etat, cette lâcheté ressentie par beaucoup : « La France a tué mon mari, par son insuffisance, son laxisme et son esprit de tolérance ». Pour elle, « 1981 n’aurait jamais dû exister », c’est-à-dire l’avènement de l’angélisme humanitaire qui poussa Robert Badinter, dès son arrivée au ministère de la Justice en juin 1981, à faire libérer 40% des détenus, avant d’abolir la peine de mort. Cette mise en cause des puissants, portée par une femme de militaire, a dépassé la détresse d’une veuve. Harmonie Comyn est devenue la porte-voix d’un malheur collectif. Son réquisitoire a rejoint celui des citoyens trahis. Ceux-ci entendent demander des comptes aux irréfléchis qui ont conduit le pays dans cette faiblesse sécuritaire, identitaire, sociale, économique. Le procès des saccageurs est ouvert.

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La rébellion des invisibles n’est d’ailleurs pas propre à la France. Le phénomène parcourt l’Occident, dont ses stratèges se sont perdus dans l’auto-dissolution universaliste et la naïveté face à l’islam remplaciste. Une même colère entraîne Donald Trump vers une possible victoire contre l’establishment américain, en novembre. Lors de son premier discours, le 17 juillet, son colistier, le sénateur J.D. Vance, s’est posé en porte-parole des déclassés. En Allemagne, les victoires de l’Afd en Saxe et en Thuringe, préludes à une envolée de ce mouvement anti-immigration et anti-islam, ont poussé le chancelier Olaf Scholz à réintroduire, le 16 septembre, des contrôles aux neuf frontières du pays. En 2015, Angela Merkel avait été louangée (« Mère Angela ») pour avoir accueilli, dans l’esprit de Maastricht (1992), plus d’un million de réfugiés musulmans, important parmi eux l’antisémitisme coranique. En Grande-Bretagne, les émeutes de Southport contre les immigrés, en août, ont révélé l’exaspération d’une population confrontée à un gouvernement conservateur qui a laissé venir en 2023 près de 700.000 exilés ! Le choix de libérer 5500 prisonniers, afin de faire place aux condamnés des insurrections, va aggraver la rage anglaise. Elle puise aussi sa source dans l’omerta imposée, au nom de l’antiracisme, sur les viols de milliers de jeunes blanches, à Telford, Rotherham et Rochdale, livrées à des réseaux musulmans pakistanais de 1980 à 2010.

Les faits sont là : le progressisme sectaire et ses utopies sans-frontièristes s’effondrent. Même l’abbé Pierre, béatifié par le camp du Bien connaissant ses vices, se dévoile dans ses turpitudes dénoncées par 24 femmes…

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Zozos sociaux

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© Lynzi Judish

Faut-il craindre le péril TikTok ? Un cliché raciste a longtemps présenté les Chinois comme un peuple fourbe et cruel…


En France, la presse s’est récemment émue de l’essor du « Fridgescaping » qui fait fureur sur TikTok et Instagram. Contraction de deux mots anglais (fridge, frigo et landscape, paysage), il s’agit d’une mode consistant à décorer l’intérieur de son frigo et à en poster les images. « Si la démarche est à l’origine esthétique, elle peut présenter des dangers pour la santé », s’inquiètent nos confrères de Capital. Entreposer fleurs, guirlandes, cadres photo ou petits objets décoratifs mignons dans un réfrigérateur augmente les risques de contamination bactérienne alimentaire. De plus, cette tendance n’est pas du tout écolodéplore Mme Vasseur, architecte d’intérieur écoresponsable interrogée par 20 Minutes, car elle pousse ses adeptes à acheter des frigos surdimensionnés augmentant la consommation d’électricité

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Pendant ce temps, aux Etats-Unis et en Angleterre, les agents aéroportuaires se demandent comment enrayer une autre manie. Selon CNN, des passagers sont de plus en plus furieux contre la génération Z, laquelle s’amuse à prendre en photo les bacs de sécurité dans les sas de contrôle, retardant la file d’attente. Des utilisateurs partagent en effet sur TikTok leurs clichés artistiques montrant lunettes de soleil, Gazelle d’Adidas, produits de toilette ou livres de voyage, bien agencés dans les bacs réglementaires en plastique avant qu’ils ne partent sous les rayons X. Des images avec l’hashtag « airportaesthetic » dépassent ainsi le million de vues. Interdite aux députés de l’UE et aux agents du gouvernement américain par crainte que la Chine l’utilise pour nous espionner, l’application chinoise est accusée d’abrutir notre jeunesse. Sa maison mère, ByteDance, se garde bien de proposer TikTok en Chine, où la version locale, Douyin, garantit la sécurité des utilisateurs les plus jeunes, offre un contrôle parental et filtre les contenus. Pour l’Occident : vidéos virales et défis débiles. Pour le marché intérieur, où le temps de connexion des jeunes est limité de 40 minutes à 2 heures par jour selon l’âge, beaucoup plus de contenus éducatifs !

Par ailleurs, la Chine interdit aux mineurs d’accéder à Internet la nuit, estimant probablement que sa jeunesse doit faire ses nuits pour bien étudier et conquérir le monde le lendemain. Il faut croire que la Chine s’éveille…

«Shana tovah». Une fin d’année inoubliable

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Des missiles iraniens survolent la ville de Jerusalem, 1er octobre 2024 © CHINE NOUVELLE/SIPA

L’Iran a tiré hier soir plus de 180 missiles sur le territoire israélien. Le pays a été mis en alerte, et la population est descendue dans les abris. Heureusement, les missiles ont majoritairement été interceptés par le Dôme de fer. Des tirs de joie nourris ont éclaté dans la banlieue sud de Beyrouth, contrôlée par le Hezbollah, après cette importante attaque. Pendant le même temps, un attentat à Tel-Aviv mené par deux tireurs faisait sept morts. Benyamin Netanyahou a estimé que l’Iran avait « commis une grave erreur » en attaquant son pays, et qu’il en « paierait le prix ».


Pour les juifs, aujourd’hui est traditionnellement une journée de purification spirituelle ou tout au moins de réflexion sur l’année qui vient de se dérouler. Il n’est pas besoin de souligner que cette réflexion prend un relief particulier compte tenu de l’année que nous avons vécue. C’est cette veille de Rosh Hachana que le régime iranien a choisie pour lancer 180 missiles balistiques sur Israël. Pour les chiites, le Nouvel an (qui a eu lieu cette année en juillet) est  la commémoration du malheur des malheurs, la mort de l’imam «martyr» Hussein au cours de la bataille de Kerbala en 680. 

Le « front de la résistance » en mauvaise posture

Le communiqué officiel des Gardiens de la Révolution relatant l’attaque de missiles parle de la nation « noble et martyrisée de l’Iran ». Pour les mollahs iraniens, leur pays, depuis Hussein, est donc une nation martyre. Pour tous ceux dont le bon sens n’a pas été détruit par l’idéologie, c’est leur régime qui martyrise l’Iran.

Ce communiqué  prétend aussi que cette attaque est « conforme aux droits légaux de l’Iran et aux lois internationales », et prévient Israël que s’il réagit militairement il s’exposera à de nouvelles attaques « encore plus écrasantes et destructrices ».

Malgré ces paroles victorieuses et martiales, il n’y a pas la moindre précision sur les conséquences de l’attaque et, en dehors des mollahs, bassidji et pasdarans les plus obtus, les Iraniens auront donc compris qu’il s’agit d’un échec cuisant pour le régime.

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« Les coups du Front de la Résistance contre le corps décrépit et en décomposition du régime sioniste seront encore plus écrasants », avait prétendu l’ayatollah Khamenei. J’aurais tendance à dire « décrépit lui-même ».

Dans le centre du pays, un Israélien observe les dégâts dans un restaurant après les attaques iraniennes, 1 octobre 2024 SOPA Images/SIPA Numéro de photo : 01178302_000015

Il est à noter que l’attaque iranienne n’a été accompagnée par aucun soutien du fameux « Axe de la Résistance ». Même s’il ne semble pas que le Hezbollah possède des missiles balistiques à longue portée, et qu’il ne pouvait donc pas aider à saturer le système Arrow III qui a détruit les missiles iraniens, l’absence de participation du Hezbollah en soutien à cette offensive iranienne en dit long sur son affaiblissement. Le monde démocratique et le Liban devraient en être reconnaissants à Israël. On a vu que cela n’a pas été tout à fait le cas…

En Israël, beaucoup estiment qu’une fenêtre de tir s’est ouverte pour frapper le programme nucléaire iranien

Une autre remarque concerne les Américains. Joe Biden n’a pas lésiné son approbation de la liquidation de Nasrallah. Il n’a pas non plus lésiné son soutien à Israël au cours de l’attaque iranienne. On dit beaucoup que les Américains sont immobilisés par la perspective des élections, mais il faut peut-être se rappeler que Biden avait promis qu’il ne laisserait jamais l’Iran posséder l’arme nucléaire. Un  rapport publié en juillet par la Direction du Renseignement américain a donné de très inquiétantes informations sur l’avancement des Iraniens. Est-il possible que le président américain en tire la conclusion que c’est le moment ou jamais d’empêcher ce régime criminel d’acquérir l’assurance-survie nucléaire avec le poids qu’elle ferait peser sur le monde libre?

Une troisième remarque, à propos de la position française. Elle repose sur une image du Liban qui avait sa validité il y a cinquante ans, avant que ne commence la guerre civile dans le pays. Il ne semble pas que la diplomatie française ait averti le président de la République que la situation avait changé depuis cette époque. La posture paternaliste d’une France soutenant le petit frère libanais et l’appel à un cessez-le-feu sans rappeler les crimes du Hezbollah et sans en citer le nom, marquera un point haut des rodomontades nationales, un point bas de l’influence de notre pays dans le monde et un sommet d’exaspération pour les Juifs de France.

Une dernière  remarque, une confirmation plutôt, sur Jean-Luc Mélenchon et son tweet lunaire au moment des envois de missiles iraniens sur Israël. On savait qu’il était infréquentable, mais je pense que ceux qui continuent de le fréquenter sont désormais eux-mêmes infréquentables…

Battue citoyenne

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DR.

Chasseurs attaqués par une soixantaine de migrants à Tardinghen: que s’est-il passé?


Dans la Calaisis, la tragédie de l’immigration clandestine ne noircit pas seulement les pages des journaux locaux lorsque des embarcations de fortune, remplies de sans-papiers rêvant d’Angleterre, font naufrage au large des côtes. La population locale souffre aussi du non-droit entretenu par les mafias de passeurs et certaines ONG inconscientes. Ainsi, comme le rapporte le quotidien Nord Littoral, trois chasseurs de Tardinghen (62), à quelques kilomètres au sud de Sangatte, accompagnés d’un petit garçon de trois ans, ont cru leur dernière heure venue au petit matin du 15 septembre quand une soixantaine de migrants, armés de machettes et de barres de fer, se sont rués sur la hutte de chasse dans laquelle ils se trouvaient, après avoir détruit les pare-brise des véhicules garés à proximité. « Ils voulaient nous tuer », a relaté, le lendemain sur Delta FM, l’une des victimes, qui, avec ses deux camarades, a choisi la voie de la sagesse en s’abstenant de se servir de son fusil, préférant appeler les gendarmes… et prier pour que la porte de la cabane tienne jusqu’à l’arrivée des secours.

De fait, la porte a tenu, les agresseurs ont fini par s’égailler dans la nature et aucun blessé n’est à déplorer. Reste à comprendre ce que cherchait cette horde. D’après le préfet du Nord Pas-de Calais, il s’agit d’une expédition punitive. Quelques heures auparavant, les chasseurs avaient surpris ce groupe de migrants s’apprêtant à traverser la Manche, et donné l’alerte aux forces de l’ordre, qui étaient promptement intervenues. « Depuis cet été, nous avons connu une dizaine de situations similaires entre Calais et le Touquet », a indiqué sur France 3 Hauts-de-France Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs et lui-même élu municipal dans cette région des marais d’Opale. Signe des temps, la préfecture n’a pas enterré l’affaire. Dans les heures qui ont suivi le drame, elle a annoncé des mesures pour « favoriser les échanges d’informations entre les forces de l’ordre et les chasseurs ». Manière, sans le dire, d’organiser une surveillance citoyenne au sein d’un territoire menacé en permanence de devenir une zone de guérilla.

«La Solitude du coureur de fond» au théâtre

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© Marie Charbonnier

La Solitude du coureur de fond, d’Alan Sillitoe, au Théâtre Le Funambule, à Montmartre


Encore un petit théâtre épatant qui se distingue par une programmation originale. Prenez le Funambule, donc, à deux pas du métro Lamarck-Caulaincourt à Paris. S’y déroule en ce moment, et jusqu’au 10 novembre, un seul en scène enthousiasmant de Patrick Mons, l’adaptation d’un livre culte – presque autant que L’Attrape-cœur de Salinger : La Solitude du coureur de fond (1959), de l’Anglais Alan Sillitoe (1928-2010) – dont c’est le deuxième livre culte (rareté), après la publication, un an plus tôt, en 1958, de Samedi soir, dimanche matin.

Le cinéma se saisit très vite des deux : Samedi soir, dimanche matin est porté à l’écran en 1960 par un génie, Karel Reisz ; La Solitude du coureur de fond, par un autre, Tony Richardson, en 1962.

Cela ne s’arrêtera pas là – romans (une vingtaine), poésie, ouvrages pour la jeunesse s’ensuivront. Mais les deux premiers livres marqueront leur époque : celle des Angry Young Man (Jeunes hommes en colère) des années 50.

Parenthèse : Alan Sillitoe a gagné. Quand on entre en littérature, il faut écrire LE livre (voir Salinger, plus haut, ou Le Grand Meaulnes, ou Le Diable au corps, ou La Fin de Chéri, etc.) : Sillitoe en a écrit deux, non-négociables. Il faudrait toujours avoir CE livre – celui à écrire, le seul – en tête, lorsqu’on se mêle de littérature, et d’écriture. La rareté, la nécessité, comme critérium. Fin de la parenthèse.

Résumé de l’action. Quelle action ? Un homme, Colin Smith, « enfermé dans une maison de correction, est choisi pour représenter l’institution lors d’une compétition de course de fond ». Le directeur voudrait en faire un exemple de réhabilitation et une illustration de la qualité de son établissement.

Cela ne se passera pas tout à fait ainsi : Smith pourrait gagner mais l’Angleterre est la terre de l’habeas corpus – Smith a son libre-arbitre, et une notion précise de la dignité et de l’honnêteté, qui n’a pas grand-chose à voir avec celle des « honnêtes gens », justement.

Montherlant a beaucoup écrit à ce propos (le sport, sa morale). Sillitoe, né dans une famille ouvrière de Nottingham et qui travailla un temps en usine (à 14 ans), écrit dans une autre langue, un autre registre : réaliste, populaire, prolétarien – dans le très bon sens du terme (à l’opposé, par exemple, de celui qui pourtant passe pour un de ses héritiers, Ken Loach, le démagogue larmoyant, misérabiliste).

Patrick Mons restitue le monologue intérieur du jeune homme, Colin Smith : la course (il court presque toute la durée de la représentation) est l’occasion de l’élaboration de sa pensée, de sa conception de la liberté – et de sa libération, par les mots. Le for intérieur est son arme ; l’honnêteté, de soi à soi, son blason.

Précisons que les mots de Sillitoe, devenus ceux de Mons-Smith, illustrent deux de ses qualités insignes (il suffit de le lire – ou de venir l’écouter au Funambule) : le sens de l’observation et l’art de conter. L’humour n’est pas absent. La musique du saxophoniste Art Pepper (enregistrée par le Barcelonais Esaïe Cid) accompagne bienheureusement la représentation.

Lycéen, nous avons eu la chance de voir le vaillant Sami Frey pédaler et dire les Je me souviens anaphoriques de Georges Perec : merveille. Nous nous souviendrons – c’est dire le niveau de la représentation et de l’incarnation – de Patrick Mons, coureur aguerri et acteur distingué (l’inverse est vrai). À l’évidence, celui-ci sera de moins en moins seul. Courez donc – il faut bien commencer – le voir et l’écouter : le coureur du Funambule vaut le… détour.

La Solitude du coureur de fond, Théâtre Le Funambule (53 rue de Saules 75018). D’après Alan Sillitoe. Mis en scène et joué par Patrick Mons. Musique Art Pepper. Du 5 septembre au 10 novembre. Durée : 1H15.

La Solitude du coureur de fond

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Le lyrique en version concertante, au Théâtre des Champs-Elysées

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"Cosi fan tutte" au Théâtre des Champs-Élysées, 24 septembre © Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

En juin dernier, votre serviteur déplorait le Cosi… du (forcément divin) Mozart, miné par l’abstraction sous l’effet de la régie signée Anne Teresa de Keersmaeker, dans l’antre de l’Opéra-Bastille.

L’arraisonnement des chefs-d’œuvre du répertoire lyrique par les metteurs en scène « starisés » est un trait d’époque : il suscite le pire comme le meilleur. Quoiqu’il en soit, c’est a contrario un rare privilège que de redécouvrir un joyau de la musique, mais décanté de tout appareil scénographique : mis à nu en quelque sorte. C’était le cas il y a quelques jours au Théâtre des Champs-Elysées : Mozart s’y voyait célébré avec d’autant plus de sobriété que le Chœur et Orchestre Les Musiciens du Louvre, formation « baroqueuse » par excellence (fondée et toujours dirigée par Marc Minkowski), restitue, sur instruments d’époque, la sonorité particulière aux orchestres de l’âge classique : elle offrait une relecture tout à la foi nerveuse et subtile du célébrissime dramma giocoso millésimé 1790.  

Ainsi réduite à la seule expression de son livret, Cosi Fan Tutte prenait une saveur, une drôlerie, une alacrité soulignées par la discrète inventivité des travestissements qui, comme chacun sait, font la trame de l’opéra en question. La mezzo américaine Angela Brower y reprenait le rôle de Dorabella qu’elle incarnait déjà à l’Opéra-Bastille l’été dernier avec brio. Dans celui de Guglielmo triomphait ici le ténor croate Leon Kosavic (qu’on a grande hâte d’entendre dans Ariane à Naxos, le génial opéra de Richard Strauss, qui sera donné à l’opéra de Rouen du 15 au 19 novembre prochain). La soprano vénitienne Miriam Albano campait merveilleusement quant à elle la marieuse ancillaire Despina.  Don Alfonso, sous les traits du baryton Alexandre Duhamel, donnera envie aux amateurs de le revoir, ici même en décembre prochain, dans le Dialogue des carmélites, de Francis Poulenc… mis en scène, cette fois, par l’inévitable Olivier Py.  Mais la plus belle surprise de cette unique représentation concertante du 24 septembre revenait, sans aucun doute, à la soprano suisse Ana Maria Labin, inoubliable dans l’emploi de Fiordiligi – vibrato incandescent, souplesse et suavité du phrasé, projection redoutable dans les aigus, ambitus à donner le frisson. Ainsi livrés à l’état brut, dans leur jus, sans le nappage parfois déroutant propre à nos régies contemporaines, les rondeaux, cavatines et autres arias de cette partition scintillaient comme jamais.

D’autant que sous l’impulsion de son directeur Michel Franck, la maison de l’avenue Montaigne inaugurait à cette occasion un nouveau dispositif acoustique, élégante architecture modulable composé de sept à dix panneaux (leur nombre s’adapte à l’effectif requis sur le plateau) dont l’esthétique, avec son rehaut de dorures, renvoie à celle, splendide, de ce monument précurseur de l’art déco construit en béton, comme l’on sait, par le jeune Auguste Perret en 1910.

Alors ? Alors voilà qui ouvre l’appétit pour la suite. En coproduction avec Les Grandes Voix, le Théâtre des Champs-Elysées accueillera bientôt le délicieux chef-d’œuvre de Rossini, Le Comte Ory. Puis, toujours en version concert, Alcina, chef-d’œuvre absolu de Haendel. Rendez-vous respectivement les 7 novembre et le 5 décembre pour ces deux spectacles.       


Cosi Fan Tutte, de Mozart, en version concert le 24 septembre dernier.

Le Comte Ory, opéra en deux actes de Gioachino Rossini. Avec Cyrille Dubois, Sara Blanch, Ambroisine Bré, Monica Bacelli, Nicola Ulivieri, Sergio Villegas-Galvain, Marielou Jacquard.
Direction : Patrick Lange.
Orchestre de Chambre de Paris, Chœur de Chambre de Rouen
Jeudi 7 novembre à 19h30
Durée : 2h50

Alcina, opéra en trois actes de Georg Friedrich Haendel. Avec Elsa Dreisig, Sandrine Piau, Emily D’Angelo, Nadezhda Karyzina, Stefan Sbonnick, Bruno de Sa, Alex Rosen. Direction: Francesco Corti. Il Pomo d’Oro.
Jeudi 5 décembre à 19h30
Durée : 3h
Théâtre des Champs-Elysées. Paris.

Les portes de la guerre sont grandes ouvertes

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Un véritable cratère photographié dans la banlieue sud de Beyrouth, contrôlée par le Hezbollah, après les frappes ayant entrainé la mort de Hassan Nasrallah, Liban, 30 septembre 2024 © UPI/Newscom/SIPA

Pour les Occidentaux, il ne s’agit plus tellement de se demander si une démocratie comme Israël doit ou non se comporter comme elle le fait, mais de regarder vers Téhéran.


Nombreux sont ceux voulant croire que la guerre de Troie n’aura pas lieu. « Elle aura lieu » : c’est ainsi que s’achève la pièce de Giraudoux. En l’occurrence, la guerre déclenchée par le Hamas, le 7 octobre 2023, qui s’étend inexorablement au Moyen-Orient. En vérité, le régime islamique iranien mène contre Israël une guerre par procuration dont la portée et les répercussions vont très au-delà du Moyen-Orient. Nul ne pourra l’ignorer plus longtemps.

En l’état des choses, le pouvoir meurtrier du Hamas, à partir de la bande de Gaza, est réduit à son expression minimale. Cela ne préjuge en rien du futur mais la conduite diplomatico-stratégique d’une nation ne relève pas de l’eschatologie et des fins dernières : rien n’est définitivement acquis. Comme il fallait l’anticiper, la logique de la guerre s’étend au Liban-Sud et dans les banlieues chiites de Beyrouth, territoires depuis lesquels le Hezbollah harcèle depuis des mois, et même des années, le nord d’Israël (entre 60 000 et 100 000 Israéliens ont fui la région).

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, une grande partie de son état-major ainsi que des Pasdarans iraniens (leurs tuteurs), ont été éliminés dans les bombardements des derniers jours. On ne peut qu’approuver les déclarations de l’exécutif américain quant à de salutaires « mesures de justice ». On regrettera inversement les pudeurs de l’Elysée et du ministre des Affaires étrangères de la France, soucieux de se poser en protecteurs historiques du Liban.

France impuissante

Le problème réside dans le fait que la France n’y protège plus grand monde. Faut-il rappeler la faillite de la diplomatie libanaise d’Emmanuel Macron, pleine d’allant après l’explosion de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth (20 août 2020) ? Pour un peu, nous nous imaginions revenus à l’époque du protectorat français sur le Liban maronite. Au demeurant, les prédécesseurs d’Emmanuel Macron – dont Jacques Chirac, prétendument initié aux subtilités politiques locales –, avaient aussi échoué. Nous le regrettons infiniment mais les choses sont ainsi. Seul héritage d’un grand passé : la FINUL, fort mal prise dans la présente situation.

Aussi, en appeler à l’instauration d’un cessez-le-feu, alors même que se préparait la riposte israélienne aux agissements du Hezbollah, tient du leitmotiv de l’impuissant. De même la sempiternelle invocation de la solution dite politique des « deux États » (un État palestinien vivant en paix à côté d’Israël), comme si le politique pouvait se déployer en apesanteur. Arguant du caractère désirable de cette projection, ce techno-pacifisme fait fi des réalités politiques, diplomatiques et militaires locales et régionales.

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De fait, il ne s’agit pas tant d’un conflit israélo-palestinien – la fondation d’Israël tenant lieu pour la religion séculière post-moderne de péché originel, que d’une guerre iranienne à l’encontre de l’État hébreu. Une guerre indirecte qui utilise et manipule un certain nombre de forces par procuration (des proxies), milices chiites prises en main par les Gardiens de la Révolution islamique (les Pasdaran), dont le Hezbollah, ou formations terroristes djihado-sunnites ralliées au tiers-mondisme panislamique de Téhéran (le Hamas). Un régime islamique iranien qui depuis plus de vingt ans, au prix d’énormes sacrifices et de sanctions, poursuit envers et contre tout un programme nucléaire qui l’a placé au seuil de la bombe atomique. Croit-on qu’un accord israélo-palestinien (en toute hypothèse) modifierait la donne géopolitique régionale ?

Il serait erroné de penser que cette question se limite au Moyen-Orient. Le régime islamique iranien est l’allié ouvert de la Russie qu’il fournit en drones et en missiles balistiques destinés au théâtre ukrainien. Ces drones ont contribué de manière décisive à l’échec de la contre-offensive ukrainienne de l’an passé ; bientôt renforcés par des missiles, ils sont utilisés pour détruire l’infrastructure énergétique d’un pays tenu à bout de bras par l’Occident. En somme, l’Iran est indirectement engagé dans une grande entreprise militaire qui cherche à forcer les frontières orientales de l’Europe. Tout cela avec l’appui de la Chine populaire qui achète massivement les produits bruts de l’Iran et de la Russie, et leur fournit les équipements et composants nécessaires à leur industrie de guerre.

Lendemains incertains

Depuis les pogroms du 7 octobre 2023, commis par le Hamas, Israël a repris l’initiative. L’État hébreu a entrepris de rompre l’« anneau de feu » qui, à ses frontières géographiques et depuis des fronts plus ou moins éloignés lointains – le « pont terrestre » chiite entre le Golfe Arabo-Persique et la Méditerranée orientale ou encore le bastion houthiste yéménite –, menaçait de l’annihiler. Il sera désormais difficile pour le régime islamique iranien de se cacher derrière ses affidés extérieurs et la protestation de ses bonnes intentions sur le plan nucléaire. Le champ des possibles est grand ouvert.

Certes, il ne manquera pas d’observateurs prompts à inverser causes et conséquences, pour expliquer que les dirigeants iraniens seront contraints par Israël à pousser les feux. A contrario, il appert que les nations occidentales doivent user des circonstances pour accroître la pression sur l’Iran, l’objectif étant que ses dirigeants abdiquent leurs ambitions balistico-nucléaires et cessent de déstabiliser les régimes arabes sunnites du Moyen-Orient.

Voici quelques années, c’était l’objectif déclaré de la diplomatie française. Eh bien, nous y sommes ! Pour commencer, il serait bon de libérer la mer Rouge et le détroit de Bab-el-Mandeb de l’emprise houthiste. Au-delà, le recul de l’Iran, sous pression maximale, entraînerait des répercussions sur le front ukrainien et la solidité de l’axe Moscou-Pékin-Téhéran

Faisons enfin justice de l’argument selon lequel « une démocratie [Israël] ne devrait pas se comporter ainsi ». Les régimes constitutionnels-pluralistes, ainsi que les nommait Raymond Aron, ne sont pas des idéalités platoniciennes. Ce sont des régimes politiques qui ne sauraient donc se soustraire à ce qui caractérise le « Politique », saisi dans son essence : le conflit et la guerre comme faits originaires, la distinction ami-ennemi et le recours aux moyens de la puissance, jusqu’à l’emploi de la violence armée si la conservation de l’être est dans la balance.

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Les champignons toxiques de François Ozon

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© FOZ/FRANCE 2 CINEMA/PLAYTIME

Art noir


Bien malin celui qui pourrait définir d’un mot ou même d’une phrase l’univers de François Ozon. Il est à lui tout seul la négation de la notion de cinéma d’auteur. Allez donc trouver le lien entre le flamboyant mélo Sous le sable, avec Cremer et Rampling, et Potiche, le tordant « boulevard » avec Deneuve et Depardieu (décidément)…

Son nouveau film, Quand vient l’automne, n’échappe pas à cette « règle ». Cette fois, il nous propose un drame vénéneux en Bourgogne. Vénéneux, oui, parce qu’au centre de cette ténébreuse affaire familiale, on trouve un plat de champignons toxiques. Tout commence donc par un petit repas en famille au cours duquel une fille plutôt revêche se délecte des champignons concoctés par sa retraitée de mère. S’ensuit une histoire dont on se gardera bien de révéler ici les méandres et autres surprises surgies d’un passé sulfureux.

Hélène Vincent, Josiane Balasko et Ludivine Sagnier mènent un bal parfaitement réglé.

La retraite ou le Parti

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© Chang Martin/SIPA

En France, NFP et RN s’entendent pour contester la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Pendant ce temps, les Chinois acceptent sans broncher un recul de l’âge de départ à la retraite, en raison du vieillissement de la population…


Dans une France largement rétive au boulot (cf. Causeur de septembre), les succès du NFP et du RN reposent en grande partie sur leur dénonciation répétée du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Bien que ce soit la seule mesure macronienne assimilable à une baisse des dépenses publiques dans le magma des 1 000 milliards de dettes supplémentaires, la réformette inique ne passe pas.

Que partout ailleurs en Europe on parte à 65 ou 67 ans n’a aucune vertu apaisante. Les travailleurs français ne veulent pas en entendre parler, tout comme les jeunes mélenchonistes pour qui la retraite doit sonner dès leur diplôme de sociologie en poche – une retraite à 30 ans aisément finançable par « les riches et les paradis fiscaux ». On sait par ailleurs que Jean-Luc Mélenchon, à l’image de toute la gauche française, a toujours fait preuve d’une extrême bienveillance à l’égard de régimes qui ont su conjuguer progrès social, humanisme et démocratie directe tels Cuba, le Venezuela ou la Chine.

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On apprend pourtant, avec une certaine stupéfaction, que la Chine communiste vient de décider d’un recul de la retraite de 60 à 63 ans, en raison d’un problème démographique et du vieillissement de la population. Depuis que Mao n’est plus là, les Chinois vivent plus vieux – allez comprendre  ! Ces explications doivent un peu soulager l’ami Jean-Luc. Ce n’est pas, en effet, comme si la France connaissait un problème démographique ou un vieillissement de la population, n’est-ce pas ?

Cachons également à Méluche, car il faut être gentil avec les vieilles personnes, qu’à Cuba la retraite est fixée à 65 ans pour les hommes. Insistons en revanche sur le phare progressiste que constitue la Corée du Nord. La retraite y demeure à 60 ans, et ce malgré un service militaire obligatoire de dix ans (simple formalité festive et citoyenne), réduisant encore la durée effective d’aliénation au travail. Si Kim Jun Méluche et ses sbires pouvaient y demander l’asile politique, la rédaction de Causeur leur paiera le billet d’avion. Sans supplément bagage (littéraire) pour Boyard, Delogu et tous les autres analphabètes.