Pourquoi remplacerait-on Ségolène Royal ? Elle a fait le même score que Jospin en 1995. Cette déclaration de soutien à la multi-candidate socialiste a tout d’un aveu inconscient. On la doit à Jean-Marc Toedeschini, patron des socialistes en Lorraine (Libération, 21 mai). Rappelons qu’en 1995, Jacques Chirac a été élu président de la République.
La Gardienne
Oeuvre du peintre batave, Thomas de Keyser (1596-1667), la Gardienne a été peinte à Amsterdam vers 1625. Rien à redire sur ce tableau si représentatif de l’école hollandaise : le sujet se détache bien de l’arrière plan grâce à un jeu de drapés assez astucieusement réalisés. Quant à la tenue de la Gardienne, il faut reconnaître que c’est quand même plus chic de porter ça que du Dior pour aller au conseil des Ministres.
Thomas de Keyser, La Gardienne. Huile sur toile, 1625, conservée dans le hall d’entrée du Syndicat de la Magistrature.
Al Doura, la défaite du Parti des médias
Charles Enderlin n’est pas infallible : telle est la conclusion hautement subversive que l’on peut tirer du jugement rendu hier par la XIe chambre de la Cour d’Appel du Tribunal de Paris. Le Tribunal a en effet jugé en appel que l’article de Philippe Karsenty accusant France 2 d’avoir couvert une manipulation dans l’affaire Al Doura n’était pas diffamatoire. La chaîne publique avait, le 30 septembre 2000, diffusé un reportage présentant la mort de ce petit garçon dans les bras de son père, dans des affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens au carrefour de Netzarim à Gaza. Ces images qui ont fait le tour du monde, alimentent la polémique depuis huit ans. Certes, le Tribunal ne s’est pas prononcé sur l’affaire elle-même – ce n’était d’ailleurs pas son rôle. Mais pour la justice, le fait de déclarer que le reportage était une manipulation n’est pas diffamatoire. Chacun peut en tirer les conséquences pour lui-même. Reste maintenant à savoir si le Parti des médias va continuer à faire bloc et jouer l’omerta ou, pour une fois, accepter qu’un débat ait lieu au sein de la profession. On peut toujours rêver.
Geismar, arrête ton char !
Quand les Inrocks en appellent à la vigilance citoyenne contre un programme de télé, c’est forcément qu’il mérite le détour. Cet axiome est vérifiable chaque semaine avec « Le Grand Débat », animé par Vincent Hervouët sur la chaîne Histoire et dénoncé pour « dérive droitière », par l’hebdo des benêts à gros cerveau creux. Ainsi le débat de la semaine dernière consacré à mai 68 a-t-il donné lieu à un échange – aussi savoureux que courtois – entre Alain Geismar et Edouard Balladur. Quand l’ex-leader mao s’inquiète rétrospectivement des mouvements de chars qui convergeaient le 28 mai vers Paris, l’ancien Premier ministre répond avec un petit sourire : « Monsieur Geismar, si ça vous a fait peur, c’est très bien : c’était l’objectif ! »
Le zéro degré de la politique
Le président du groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé a chargé deux députés, Daniel Mach et Jacques Domergue, d’une étude sur la lutte contre l’alcoolisation des jeunes. Après mûre réflexion, ceux-ci ont fait connaître leurs conclusions : ils préconisent « une interdiction de la vente d’alcool aux mineurs dans les commerces alimentaires » et précisent qu’ils présenteront en juillet « des propositions concrètes pour mettre en place une telle interdiction mais aussi prévoir des mesures d’accompagnement ». A l’heure qu’il est on ignore encore la teneur exacte de ces « mesures d’accompagnement ». Va-t-on aussi interdire la vente de cacahuètes et de crackers ? Reste l’essentiel : si l’alcool est prohibé à la vente comme l’est déjà, par exemple, le haschich, la question est donc réglée…
L’émissaire Mégret
Bruno Mégret vient d’annoncer qu’il entendait se retirer de la vie politique du pays. On croyait que c’était chose faite, depuis son minuscule score au premier tour de la présidentielle 2002. Mais non, nous dit-il, c’est maintenant que ça se passe. Preuve en est : il convie les journalistes à assister vendredi à un « cocktail de presse » dans les salons d’un grand hôtel parisien. Il leur répétera à l’envi ce qu’il a annoncé aujourd’hui même à l’AFP : « Je vais travailler à l’étranger pour une grande société. » Ah, l’étranger ! toujours et encore. On ne se refait pas.
Meiji 68 ?
A trop célébrer Mai 68, on en oublie d’autres anniversaires largement aussi importants. Celui de notre modeste constitution (1958) – laquelle, il est vrai, n’aura jamais accouché que du régime républicain le plus stable de l’histoire de France… Mais aussi, voici cent quarante ans exactement, celui de la révolution Meiji au Japon. En 1868, l’archipel va procéder à des réformes sans précédent : fin du féodalisme, acclimatation des techniques européennes, de son modèle administratif et juridique, et de certaines de ses coutumes… Le monde « blanc » verra ainsi progressivement ses valeurs « universelles » validées par un peuple « de couleur » à l’identité pourtant très forte. L’adoption délibérée du modèle occidental par les Nippons (et les succès qu’elle engendrera – militaire contre la Russie, économique face aux USA) sonnera le début d’une transformation inédite de l’histoire du monde : la mondialisation.
Cours Oscar, cours !
C’est Trudi Kohl qui va être heureuse : le Tribunal arbitral du sport vient de casser la décision de la Fédération internationale d’athlétisme en autorisant le Sud-Africain Oscar Pistorius à participer aux Jeux Olympiques de Pékin. Amputé des deux jambes et doté de deux prothèses en carbone, cet athlète avait été disqualifié pour… « avantage mécanique évident » ! Oscar ne sera donc pas obligé de boycotter les JO ! C’est Robert Ménard, du coup, qui l’a mauvaise.
Israël SS
Il y a des gens qui savent fêter les anniversaires. Le Parti des musulmans de France avait choisi Strasbourg pour célébrer samedi après-midi le « soixantième anniversaire de la shoah du peuple palestinien », autrement dit la fondation de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. C’est donc en cortège que des militants du PMF, dont la moyenne d’âge ne dépassait pas les seize ans, ont défilé dans les rues du centre ville, en criant des slogans d’une modération inouïe : « La Palestine aux Palestiniens », « Sionistes assassins », « Israël SS », entrecoupés de quelques « Allah Akhbar ». Mais pourquoi le PMF a-t-il organisé cette manifestation à Strasbourg ? Parce que la ville est la capitale européenne des droits de l’Homme ? Ou plutôt parce que ce « parti politique », qui vous ferait passer Tariq Ramadan pour un ultramodéré, n’a d’existence que dans la capitale alsacienne, où vit son président, Mohammed Latrèche ?
Georgio Benamoli
C’est en 1580 que Girolamo Macchietti réalisa l’une de ses plus remarquables oeuvres : le portrait de Georgio Marco Benamoli, cousin par alliance de Laurent de Medicis. A l’apogée du règne du Magnifique, Georgio se vit confier la rude sinécure de promouvoir les arts et d’en assurer leur essor à Florence. C’est notamment lui qui présenta le philosophe Savonarole au Prince, glissant à l’oreille de ce dernier la phrase que la postérité a retenu de lui : « Tu verras, c’est un type très bien. » Georgio fut vite exilé de Florence. Les historiens perdent ainsi sa trace. Après avoir orné le bureau élyséen de Georges-Marc Benamou, le tableau prit place dans les affaires de ce dernier, alors en partance pour Rome.
Girolamo Macchietti, Ritratto di stronzolissimo Georgio Marco Benamoli. Bois peint, 1580, conservé dans les consignes automatiques de la Gare de Lyon, Paris.
On ne change pas une équipe qui perd
Pourquoi remplacerait-on Ségolène Royal ? Elle a fait le même score que Jospin en 1995. Cette déclaration de soutien à la multi-candidate socialiste a tout d’un aveu inconscient. On la doit à Jean-Marc Toedeschini, patron des socialistes en Lorraine (Libération, 21 mai). Rappelons qu’en 1995, Jacques Chirac a été élu président de la République.
La Gardienne
Oeuvre du peintre batave, Thomas de Keyser (1596-1667), la Gardienne a été peinte à Amsterdam vers 1625. Rien à redire sur ce tableau si représentatif de l’école hollandaise : le sujet se détache bien de l’arrière plan grâce à un jeu de drapés assez astucieusement réalisés. Quant à la tenue de la Gardienne, il faut reconnaître que c’est quand même plus chic de porter ça que du Dior pour aller au conseil des Ministres.
Thomas de Keyser, La Gardienne. Huile sur toile, 1625, conservée dans le hall d’entrée du Syndicat de la Magistrature.
Al Doura, la défaite du Parti des médias
Charles Enderlin n’est pas infallible : telle est la conclusion hautement subversive que l’on peut tirer du jugement rendu hier par la XIe chambre de la Cour d’Appel du Tribunal de Paris. Le Tribunal a en effet jugé en appel que l’article de Philippe Karsenty accusant France 2 d’avoir couvert une manipulation dans l’affaire Al Doura n’était pas diffamatoire. La chaîne publique avait, le 30 septembre 2000, diffusé un reportage présentant la mort de ce petit garçon dans les bras de son père, dans des affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens au carrefour de Netzarim à Gaza. Ces images qui ont fait le tour du monde, alimentent la polémique depuis huit ans. Certes, le Tribunal ne s’est pas prononcé sur l’affaire elle-même – ce n’était d’ailleurs pas son rôle. Mais pour la justice, le fait de déclarer que le reportage était une manipulation n’est pas diffamatoire. Chacun peut en tirer les conséquences pour lui-même. Reste maintenant à savoir si le Parti des médias va continuer à faire bloc et jouer l’omerta ou, pour une fois, accepter qu’un débat ait lieu au sein de la profession. On peut toujours rêver.
Geismar, arrête ton char !
Quand les Inrocks en appellent à la vigilance citoyenne contre un programme de télé, c’est forcément qu’il mérite le détour. Cet axiome est vérifiable chaque semaine avec « Le Grand Débat », animé par Vincent Hervouët sur la chaîne Histoire et dénoncé pour « dérive droitière », par l’hebdo des benêts à gros cerveau creux. Ainsi le débat de la semaine dernière consacré à mai 68 a-t-il donné lieu à un échange – aussi savoureux que courtois – entre Alain Geismar et Edouard Balladur. Quand l’ex-leader mao s’inquiète rétrospectivement des mouvements de chars qui convergeaient le 28 mai vers Paris, l’ancien Premier ministre répond avec un petit sourire : « Monsieur Geismar, si ça vous a fait peur, c’est très bien : c’était l’objectif ! »
Le zéro degré de la politique
Le président du groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé a chargé deux députés, Daniel Mach et Jacques Domergue, d’une étude sur la lutte contre l’alcoolisation des jeunes. Après mûre réflexion, ceux-ci ont fait connaître leurs conclusions : ils préconisent « une interdiction de la vente d’alcool aux mineurs dans les commerces alimentaires » et précisent qu’ils présenteront en juillet « des propositions concrètes pour mettre en place une telle interdiction mais aussi prévoir des mesures d’accompagnement ». A l’heure qu’il est on ignore encore la teneur exacte de ces « mesures d’accompagnement ». Va-t-on aussi interdire la vente de cacahuètes et de crackers ? Reste l’essentiel : si l’alcool est prohibé à la vente comme l’est déjà, par exemple, le haschich, la question est donc réglée…
L’émissaire Mégret
Bruno Mégret vient d’annoncer qu’il entendait se retirer de la vie politique du pays. On croyait que c’était chose faite, depuis son minuscule score au premier tour de la présidentielle 2002. Mais non, nous dit-il, c’est maintenant que ça se passe. Preuve en est : il convie les journalistes à assister vendredi à un « cocktail de presse » dans les salons d’un grand hôtel parisien. Il leur répétera à l’envi ce qu’il a annoncé aujourd’hui même à l’AFP : « Je vais travailler à l’étranger pour une grande société. » Ah, l’étranger ! toujours et encore. On ne se refait pas.
Meiji 68 ?
A trop célébrer Mai 68, on en oublie d’autres anniversaires largement aussi importants. Celui de notre modeste constitution (1958) – laquelle, il est vrai, n’aura jamais accouché que du régime républicain le plus stable de l’histoire de France… Mais aussi, voici cent quarante ans exactement, celui de la révolution Meiji au Japon. En 1868, l’archipel va procéder à des réformes sans précédent : fin du féodalisme, acclimatation des techniques européennes, de son modèle administratif et juridique, et de certaines de ses coutumes… Le monde « blanc » verra ainsi progressivement ses valeurs « universelles » validées par un peuple « de couleur » à l’identité pourtant très forte. L’adoption délibérée du modèle occidental par les Nippons (et les succès qu’elle engendrera – militaire contre la Russie, économique face aux USA) sonnera le début d’une transformation inédite de l’histoire du monde : la mondialisation.
Cours Oscar, cours !
C’est Trudi Kohl qui va être heureuse : le Tribunal arbitral du sport vient de casser la décision de la Fédération internationale d’athlétisme en autorisant le Sud-Africain Oscar Pistorius à participer aux Jeux Olympiques de Pékin. Amputé des deux jambes et doté de deux prothèses en carbone, cet athlète avait été disqualifié pour… « avantage mécanique évident » ! Oscar ne sera donc pas obligé de boycotter les JO ! C’est Robert Ménard, du coup, qui l’a mauvaise.
Israël SS
Il y a des gens qui savent fêter les anniversaires. Le Parti des musulmans de France avait choisi Strasbourg pour célébrer samedi après-midi le « soixantième anniversaire de la shoah du peuple palestinien », autrement dit la fondation de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. C’est donc en cortège que des militants du PMF, dont la moyenne d’âge ne dépassait pas les seize ans, ont défilé dans les rues du centre ville, en criant des slogans d’une modération inouïe : « La Palestine aux Palestiniens », « Sionistes assassins », « Israël SS », entrecoupés de quelques « Allah Akhbar ». Mais pourquoi le PMF a-t-il organisé cette manifestation à Strasbourg ? Parce que la ville est la capitale européenne des droits de l’Homme ? Ou plutôt parce que ce « parti politique », qui vous ferait passer Tariq Ramadan pour un ultramodéré, n’a d’existence que dans la capitale alsacienne, où vit son président, Mohammed Latrèche ?
Georgio Benamoli
C’est en 1580 que Girolamo Macchietti réalisa l’une de ses plus remarquables oeuvres : le portrait de Georgio Marco Benamoli, cousin par alliance de Laurent de Medicis. A l’apogée du règne du Magnifique, Georgio se vit confier la rude sinécure de promouvoir les arts et d’en assurer leur essor à Florence. C’est notamment lui qui présenta le philosophe Savonarole au Prince, glissant à l’oreille de ce dernier la phrase que la postérité a retenu de lui : « Tu verras, c’est un type très bien. » Georgio fut vite exilé de Florence. Les historiens perdent ainsi sa trace. Après avoir orné le bureau élyséen de Georges-Marc Benamou, le tableau prit place dans les affaires de ce dernier, alors en partance pour Rome.
Girolamo Macchietti, Ritratto di stronzolissimo Georgio Marco Benamoli. Bois peint, 1580, conservé dans les consignes automatiques de la Gare de Lyon, Paris.