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Quand les Français subventionnent des journaux qui veulent faire taire les esprits dissidents

L’Humanité. La Croix. Libé… Face à eux: les climatosceptiques, comme Steven Koonin, les critiques des théories sur le genre farfelues de Judith Butler, ou ceux qui s’indignent du concept de « masculinité toxique », comme Sabine Prokhoris. Tous sont placés sous surveillance journalistique.


La presse mainstream est une presse largement subventionnée. Certains titres semblent s’en tirer mieux que les autres, et voient le montant de leurs aides publiques augmenter au fur et à mesure que l’idéologie progressiste, écologiste et woke imprègne un peu plus chaque jour leurs colonnes.

Il est par conséquent de plus en plus difficile de pouvoir dire, à l’aveugle, de quel journal a été extrait tel ou tel article sur l’écologie, la théorie du genre ou le féminisme. La presse subventionnée offre un panel d’articles interchangeables, tous orientés dans le même sens dès qu’il s’agit d’aborder ces sujets. J’en ai choisi trois, issus des journaux parmi les plus financièrement gâtés par l’État et, comme la majorité des journaux français, endoctrinés par l’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme.

Dénigrement grossier

Commençons par La Croix, journal qui a perçu en 2023 presque 10 millions d’euros d’aides publiques, un record. Dans sa livraison du 18 septembre, le quotidien a montré patte blanche au GIEC et adopté la stratégie inquisitoriale de l’audiovisuel public lorsqu’il s’agit de parler d’écologie, à savoir la propagation du dogme climatique et l’excommunication des hérétiques. L’entame de l’article écrit par Diane Merveilleux et intitulé “En librairie, le juteux business du climatoscepticisme” mérite que nous nous y attardions – il est le résumé inconscient de l’esprit censorial qui anime ce papier : « Des livres aux intitulés parfois trompeurs sèment le doute sur l’origine humaine du réchauffement climatique et rencontrent un succès d’audience. Leur présence à côté d’ouvrages scientifiquement sourcés pose des questions liées à la liberté d’expression et à la responsabilité des libraires et éditeurs. »

Quels sont ces livres sur le climat qui, laisse entendre la journaliste de La Croix, ne seraient pas suffisamment sérieux et « sourcés » ? Ce sont d’abord ceux de François Gervais (1). Physicien, médaillé du CNRS en thermodynamique, lauréat du Prix Ivan Peyches de l’Académie des sciences, François Gervais a également été expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. Ce sont ensuite ceux de Benoît Rittaud, mathématicien et président de l’Association des climato-réalistes (2). Ce sont également ceux de Vincent Courtillot, géophysicien multirécompensé pour ses travaux, ancien président de l’European Union of Geosciences, enseignant entre autres au California Institute of Technology (3). C’est enfin celui de Steven Koonin, physicien et ancien conseiller scientifique de Barak Obama (4). Ayant, à l’inverse de la journaliste de La Croix, lu presque tous les livres de ces scientifiques (j’ai rendu compte de ceux de François Gervais et Steven Koonin dans ces colonnes), je peux attester de la quantité et de la qualité des sources de ces ouvrages. Au contraire de ce qu’affirme Diane Merveilleux, les scientifiques incriminés ne contestent pas le réchauffement climatique mais mettent en doute son origine anthropique, le rôle du CO2 dans ce réchauffement, les prédictions apocalyptiques de certains rapporteurs du GIEC et des écologistes radicaux ainsi que les moyens mis en œuvre pour lutter contre ce que ces derniers appellent abusivement le « dérèglement climatique ». Certains de ces ouvrages sont indispensables si l’on désire également comprendre le fonctionnement de la machine technocratique appelée GIEC et son influence sur les milieux politiques et scientifiques ainsi que sur les médias. La Croix aurait pu également citer les propos de John Clauser – le prix Nobel de physique 2022 ne cesse de dénoncer cette climatologie dévoyée et « métastasée en un mastodonte de pseudo-science journalistique » – et de nombreux autres encore, tous black-listés au nom du dogme climatique gravé dans les rapports de synthèse du GIEC.

Incapable d’étayer son article à charge autrement qu’avec les critiques habituelles et ressassées de l’écologie politique, la journaliste de La Croix semble plus à l’aise quand il s’agit de dénigrer grossièrement les dissidents et d’envisager leur élimination, sinon physique, du moins médiatique. La remise en cause des rapports du GIEC étant comparable, selon elle, aux « “vérités alternatives”, terme utilisé pour décrire le rapport aux faits de Donald Trump et de la droite radicale américaine », elle se désole de ce que « la réfutation du changement climatique [devienne] une opinion comme une autre, défendable au nom de la liberté d’expression » ; en conséquence de quoi, elle regrette qu’une maison d’édition comme l’Artilleur publie les contrevenants à la doxa. D’ailleurs, écrit-elle, il y a un « problème » concernant Damien Serieyx, éditeur à l’Artilleur : celui-ci avoue ne rien connaître aux sciences du climat. Il a visiblement échappé à la journaliste de La Croix que L’Artilleur n’est pas une revue scientifique mais une maison d’édition qui publie de nombreux essais concernant différents domaines dont l’éditeur n’a pas à être un spécialiste. C’est ainsi que nous devons à cette maison la parution des livres de Christopher Caldwell, Roger Scruton, Douglas Muray, Michèle Tribalat, Ingrid Riocreux, Charles Onana, Driss Ghali et quelques autres auteurs dont nous supposons qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès des journalistes de La Croix. [À ce sujet, je renvoie à l’excellent article de Bérénice Levet paru dans ces colonnes le 27 décembre 2022 , “Damien Serieyx, un éditeur à l’offensive”].

Chaque libraire pouvant choisir ou non de « glisser dans ses rayons des livres allant à l’encontre du consensus scientifique sur le réchauffement climatique », Diane Merveilleux constate avec bonheur qu’il en existe qui « veillent à ne pas exposer ces thèses sur leurs rayons ». « À côté de tout ce qu’on a en rayon écologie, cela pourrait dégrader l’image de la librairie », déclare ainsi Gwendoline Rousseau, libraire à Montpellier. En revanche, déplore la journaliste, en plus des librairies décidées à rester neutres, les sites de vente comme la Fnac ou Amazon voient les ouvrages honnis se vendre comme des petits pains. Il serait temps que cela cesse, suggèret-elle, car « même à considérer que le climat ne serait qu’une affaire d’opinion, l’argument de la neutralité ne tient pas : la Fondation Jean Jaurès rappelle en effet que seule 0,1% de la communauté scientifique défend des thèses climatosceptiques ». Ce chiffre farfelu et invérifiable est ce qu’on appelle un chiffre magique : sorti d’on ne sait où, il éblouit les profanes et envoûte les journalistes depuis des années. En parlant de neutralité… je note que la Fondation Jean Jaurès réalise ses enquêtes sur le climat soit en collaboration avec des rapporteurs du GIEC, soit en partenariat avec la Banque européenne d’investissement, banque dont l’activité principale consiste à emprunter sur les marchés financiers les fonds nécessaires pour soutenir les projets de l’UE. Parmi ces projets, l’économie « écologique » – implantation de centaines de parcs éoliens et de champs de panneaux solaires, fabrication de véhicules électriques, création d’entreprises de « décarbonation », création d’entreprises « rénovant » les bâtiments existants en prenant en compte les nouvelles normes environnementales créées chaque année, etc. – a pris une place prépondérante. Pour rappel, la COP27 a confirmé l’engagement financier mondial attendu pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 : 150 000 milliards de dollars ! De quoi ouvrir les appétits de quelques ogres prêts à tout pour se gaver. 

Petite remarque en passant. Tous les auteurs susnommés sont décrits avec les mêmes éléments de langage dans les fiches que l’encyclopédie gaucho-wokiste Wikipédia leur consacre respectivement : le terme « climatosceptique » y est maintenant souvent remplacé par celui de « climatodénialiste » – mot issu de la novlangue écolo et inspiré du mot anglais denialist qui signifie… négationniste ; le point Godwin n’est pas loin ! – et les thèses de ces scientifiques y sont régulièrement accusées d’être des thèses complotistes. Le plus drôle que j’aie lu, à propos du physicien John Clauser : « Il s’est depuis illustré pour ses propos dénialistes concernant le changement climatique, sujet hors de son domaine de compétence ». Cette affirmation imbécile repose sur un seul article notifié en bas de page et écrit par une journaliste de… l’AFP reprenant mot pour mot l’argumentation de représentants du… GIEC. Si je voulais de mon côté citer le nom des personnes, journalistes pseudo-scientifiques, militants écolos ou rapporteurs du GIEC, qui n’ont réellement aucune compétence scientifique et se pavanent pourtant sur les plateaux des radios et des télévisions pour réciter les Saintes Écritures du GIEC, je n’aurais pas assez des quelques pages que la rédaction de Causeur m’accorde pour cet article !

Prière de ne plus contester la théorie du genre 

Beaucoup plus court, un article sur le dernier livre de Judith Butler (5) est un petit bijou de prosternation devant une des idéologies les plus néfastes de ce début de siècle, l’idéologie du genre. Paru dans le Libération du 19 septembre, il est signé d’un dénommé Patrice Maniglier, philosophe et maître de conférences à l’université de Paris-Nanterre. Le chapô annonce la couleur en coloriant de brun les contradicteurs de celle qu’on a coutume d’appeler la papesse du genre : « La philosophe non binaire analyse les réactions effrayées à sa “théorie du genre” et démontre les ressorts – fascistes– qui les sous-tendent. » La soumission de Patrice Maniglier aux thèses de Judith Butler est totale : cette dernière ayant récemment déclaré que son genre était, en attendant mieux, « non binaire », le philosophe décide d’employer l’écriture inclusive et le pronom « iel » pour la désigner. La thèse du dernier livre de Judith Butler ? Les contempteurs de la théorie du genre n’ont pas lu, ou n’ont pas compris, ou ont mal compris son livre phare, Trouble dans le genre – ils ignorent par conséquent de quoi il retourne lorsqu’on parle de « genre ». Et pourtant, assène J. Butler, bizarrement ils en ont peur. Certains, écrit Philippe Maniglier, instrumentalisent cette « peur du genre » et servent ainsi « un projet politique que Butler n’hésite pas à nommer : le fascisme ». Nous y voilà ! Fascisme, droite populiste, extrême droite – aucun de ces termes nauséabonds ne manque dans la description butlérienne des méchants osant critiquer l’idéologie du genre.    

Il faut quand même dire que lire Butler n’est pas une mince affaire. Quand on s’appelle Éric Fassin et qu’on préface la traduction française de Trouble dans le genre, on avoue que « l’ouvrage est sans doute difficile : la discussion est dense, l’expression touffue », comme ça, en passant, et en laissant accroire que ce charabia jargonnant est le gage d’un véritable travail philosophique. De son côté, la psychanalyste Sabine Prokhoris, qui a lu tous les écrits de Judith Butler, assure que la sévérité dont elle fait montre à l’égard de cette dernière « est à la mesure de l’enflure mystifiante du discours butlérien » (6). Sabine Prokhoris rappelle d’ailleurs que, plus tordue que jamais, Judith Butler justifie dans l’introduction de son Trouble dans le genre l’utilisation d’une langue difficile d’accès en affirmant que « ni la grammaire ni le style ne sont neutres du point de vue politique » et que « ce serait une erreur de penser que la grammaire que l’on a apprise est le meilleur moyen d’exprimer des vues radicales, étant donné les contraintes qu’impose cette grammaire à notre pensée, et même à ce qui est simplement pensable ».

Résultat : la « philosophie » déconstructiviste de Judith Butler, rédigée dans une langue elle-même démantibulée, se prête à toutes les contorsions intellectuelles et à toutes les manipulations politiques. Cette théoricienne woke voit ainsi sa « pensée » récupérée par toutes les idéologies du moment, de l’intersectionnalité au racialisme, de l’indigénisme au néo-féminisme, du féminisme décolonial à l’antisionisme, de l’écologisme au transgenrisme. Pour Libération et Patrice Maniglier, Judith Butler est un monument. Pour Sabine Prokhoris, elle est une escroquerie. Disons tout bonnement qu’elle est une monumentale escroquerie.

Religiosité malsaine

L’Humanité a reçu 6,5 millions d’euros d’aides publiques en 2023. Le nombre de ses lecteurs étant de plus en plus faible, c’est le quotidien qui reçoit le plus d’aides par exemplaire diffusé. Sa survie ne tient qu’à un fil – pas question, par conséquent, de s’écarter du chemin de la bien-pensance. Dans son numéro du dernier week-end de septembre, le quotidien communiste s’est penché sur le procès Pélicot – l’occasion, bien sûr, de dénoncer… la domination masculine et le patriarcat ! La journaliste de L’Huma croise la route de Tania, 28 ans. Celle-ci ne supporte plus « la masculinité toxique si facilement entretenue et autorisée dans notre société patriarcale » et porte un tee-shirt arborant un slogan définitif qui devrait ravir Alice Coffin : « Les hommes morts ne violent pas. » Si, pour le quotidien communiste, le viol et le meurtre de Philippine ne sont qu’un « fait divers » instrumentalisé par l’extrême droite, l’affaire de Mazan est en revanche un « fait de société » qui démontre la « toxicité » des hommes, de tous les hommes, élevés dans une « société patriarcale » qui entretiendrait, lorsqu’elle ne les encourage pas, leurs comportements malsains avec les femmes : « Les femmes ne sont pas en danger à cause d’une “horde de sans-papiers”. Elles le sont car la culture du viol imprègne notre société ».L’Humanité coche toutes les cases sémantiques des discours néo-féministes et feint d’ignorer les agressions sexuelles subies de plus en plus souvent dans l’espace public par des femmes victimes d’étrangers qui n’ont rien à faire sur le territoire français. Le journal évoque naturellement les manifestations organisées par le collectif féministe NousToutes en soutien à Gisèle Pélicot et contre « la culture du viol ». Il ne dit pas un mot, en revanche, sur les quelques rassemblements ayant rendu hommage à cette jeune femme victime d’un migrant marocain sous OQTF – entre autres à Paris à l’appel du collectif féministe Némésis – et dont certains ont été perturbés par d’ignobles petites crapules, sans doute les mêmes qui, à la Sorbonne, à Sciences-Po Paris ou Lyon, à l’université de Grenoble, ont rageusement arraché les affiches arborant le portrait de la malheureuse Philippine. Ces comportements odieux n’ont été rapportés ni par L’Huma, nipar La Croix, ni par Libé.

Chacun de ces articles aurait pu paraître indifféremment dans l’un ou l’autre des journaux cités. Voire dans quelques autres. L’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme ont supplanté les anciens dogmes et rassemblé sous leurs girons les adversaires d’hier – communistes, gauchistes libertaires, socialistes, centristes de toute obédience et catholiques de gauche parlent aujourd’hui la même novlangue issue du même totalitarisme progressiste et woke empreint, comme tous les totalitarismes, d’une religiosité malsaine. La Croix, Libé, L’Humanité, la majorité des journaux régionaux et de la presse dite féminine, Le Nouvel Obs, Télérama, Le Monde, etc. suivent la même pente idéologique. Le sujet est loin d’être épuisé. Nous y reviendrons sans doute.   


(1) François Gervais : Merci au CO2 ; L’urgence climatique est un leurre, 2020. Impasses climatiques. Les contradictions du discours alarmiste sur le climat, 2022. Le déraisonnement climatique. Climat, énergie, ressources : revenir à la science pour éviter la ruine, 2023. Tous ces livres sont parus aux Éditions de L’Artilleur.

(2) Benoît Rittaud : Le mythe climatique, 2010, Le Seuil. Mythes et légendes écologistes, 2023, L’Artilleur.

(3) Vincent Courtillot : Nouveau voyage au centre de la Terre, 2009, Odile Jacob.

(4) Steven E. Koonin : Climat, la part d’incertitude, 2022, L’Artilleur.

(5) Judith Butler : Qui a peur du genre ?, 2024, Flammarion.

(6) Sabine Prokhoris : Au bon plaisir des « docteurs graves ». À propos de Judith Butler, 2016, PUF. 

Budget: la cigale doit faire place à la fourmi

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Les augmentations d’impôts exceptionnelles pour rétablir les comptes publics, proposées par Michel Barnier, non accompagnées de propositions de réformes structurelles, sont déjà critiquées.


« Notre objectif est de revenir sous le plafond de 3% du PIB pour le déficit public en 2029 », a déclaré Michel Barnier lors de son discours face à une Assemblée nationale indisciplinée où les députés insoumis se sont encore une fois comportés en élèves perturbateurs de fond de classe. L’engagement pris par la France de ramener son déficit à 3% en 2027 ne sera évidemment donc pas tenu… Reste la grande question qui va déterminer l’avenir économique de la France et des contribuables lors des trois prochaines années : va-t-on réduire les dépenses ou augmenter les impôts ? Michel Barnier, s’il n’a pas encore précisé quelles dépenses il comptait couper et quels impôts il comptait créer, a néanmoins commencé à esquisser les grandes lignes de sa politique économique.

Un lourd héritage

La petite joute verbale entre le Premier ministre et son prédécesseur Gabriel Attal, actuellement président du groupe Ensemble Renaissance, était assez amusante pour l’observateur extérieur. Ainsi, Gabriel Attal a lancé à Michel Barnier que « notre pays ne se remettrait pas d’un choc fiscal similaire à celui qui a été imposé au pays il y a dix ans ». Même son de cloche du côté de Gérald Darmanin, éconduit lors de ce remaniement ministériel. Ont-ils oublié qu’ils ont été aux affaires durant les sept dernières années ? Oh ! les trajectoires budgétaires dramatiques que nous observons actuellement étaient déjà en place bien avant, mais la situation s’est considérablement dégradée avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Couverture du quotidien le Parisien, 3 octobre 2024. DR.

Ce n’est pas entièrement sa faute, puisque le président a dû faire face à des crises majeures telles que les gilets jaunes, la pandémie de Covid ou encore l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais il a bien succombé aux sirènes du démagogique argent magique et n’a pas réduit les dépenses par peur de devenir impopulaire. Il aura eu l’aggravation du déséquilibre budgétaire, lequel a conduit la Commission européenne à lancer une procédure pour « dette excessive » contre la France, et l’impopularité quand même…

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Michel Barnier devra donc composer avec un lourd héritage. Le constat est même terrifiant sur tous les items essentiels. L’institut économique Molinari estime notamment qu’au quatrième trimestre 2024, la dette cumulée par Emmanuel Macron atteindra les 1000 milliards d’euros. Pour donner une idée de la folie douce qui s’est emparée du pays, la dette de la France était de 1730 milliards en 2011 et de 2217 milliards en 2017 à la fin du quinquennat Hollande… pour atteindre aujourd’hui le niveau surréaliste de 3228 milliards ! Encore plus inquiétant, notre dette est en grande partie détenue par des capitaux étrangers et non souverains, contrairement à la dette japonaise par exemple. Cela ne va pas sans conséquences. La France fait peur aux marchés, ce qui défavorise directement les ménages français. Le spread avec l’Allemagne se creuse, provoquant un rendement des obligations françaises de plus en plus faibles, et les taux d’intérêts montent dans des proportions dramatiques. Songez donc que le taux d’intérêt sur les obligations françaises à cinq ans est aujourd’hui supérieur à celui de la Grèce… Prenant acte de cet environnement macroéconomique périlleux, Standard and Poor’s dégradait la note de la France à AA- au printemps. Comment enrayer cette spirale sans provoquer un raz-de-marée social dans une rue chauffée à blanc par l’extrême gauche et sans étouffer les Français d’impôts qu’ils ne peuvent tout simplement plus payer ? C’est la tâche difficile qui incombe aujourd’hui à Michel Barnier avec la présentation du budget.

Les Français ne peuvent pas payer plus d’impôts

La France est le pays le plus taxé au monde. C’est le grand impensé français. Nous payons pour tout et constamment. Nous sommes les plus gros contributeurs européens pour une qualité de vie constamment dégradée et des services publics parfois rendus inefficaces. Ce n’est pas soutenable. Ces contributions financent d’ailleurs directement le système de retraites par répartition, épée de Damoclès pesant sur les actifs et les jeunes. Il faut en finir. Dans une excellente tribune publiée dans Libération, l’économiste Antoine Lévy explique que le levier de l’impôt ne sera pas du tout suffisant pour équilibrer les comptes publics : « (…) la France a d’ores et déjà poussé à un niveau inégalé dans le monde l’imposition des revenus du capital comme du travail, testant les contours de la courbe de Laffer, et parfois dépassant allègrement son sommet ».

Il ajoute que « loin d’être le mythe néolibéral que l’on dénonce parfois, cette courbe ne fait que décrire mathématiquement un phénomène assez banal. (…) Autrement dit, nos taux d’imposition ont atteint un tel niveau que les augmenter davantage n’a plus qu’un impact insignifiant, voire négatif, sur les recettes fiscales. Si « taxer les riches » constitue une mélodie réjouissante pour des manifestants en quête de boucs émissaires, force est donc de constater que le compte n’y est plus ». Pour l’heure, Michel Barnier n’envisage de taxer que les plus grosses entreprises à l’aide d’une taxe se voulant « exceptionnelle » et une taxe pour les Français « les plus riches » qui bénéficient de « stratégies de défiscalisation avantageuses ». Soit. Mais ces deux taxes nouvelles ne sauraient à elles seules rapporter les milliards manquants à l’État, quand bien même seraient-elles ponctuellement mises en œuvre pour parer à l’urgence.

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Il faudra aussi couper dans les dépenses. Les pistes ne manquent pas. Il suffit de lire les différents rapports de la Cour des Comptes, certains sont d’ailleurs tellement gênants que Pierre Moscovici ose à peine les mentionner. Les collectivités locales ont ainsi grandement dérapé ces dernières années, la célèbre antienne voulant qu’il faille « dégraisser le mammouth » de la fonction publique n’ayant d’ailleurs jamais semblé aussi juste. Comme en d’autres matières, notamment la question migratoire et sécuritaire, il est temps de remettre de l’ordre. Ne vous penchez d’ailleurs pas de trop près sur l’argent gaspillé chaque année en France, vous en feriez des cauchemars après avoir rempli votre déclaration de revenus. L’objectif est clair : ne pas augmenter une fiscalité qui pourrait nous rendre encore moins compétitifs que nous ne le sommes déjà – et même la diminuer – tout en réduisant la dette. La solution l’est tout autant : réduire le train de vie de l’État en simplifiant notre administration et en supprimant toutes les dépenses non nécessaires. Nous avons besoin d’un électrochoc avant qu’il ne soit trop tard.

Israël, combien de divisions?

L’union sacrée qui prévalait au lendemain de l’attaque du Hamas a été de courte durée. Après quelques mois, les fractures politiques et religieuses qui avaient conduit le pays au bord de la guerre civile sont de nouveau ouvertes. Seules des élections permettront d’apurer le passif. Mais les jours de Benyamin Nétanyahou à la tête du gouvernement ne semblent pas comptés.


Ceux qui se sont rendus en Israël dans les semaines qui ont suivi le 7-octobre ont ressenti cette atmosphère très particulière d’un pays en guerre : ce mélange d’angoisse existentielle et d’une drôle d’euphorie, due à l’unité retrouvée, la société mobilisée pour pallier les carences de l’État, équiper les réservistes rappelés à la hâte, collecter qui des portables, qui des gilets pare-balles, tandis que la moitié des restaurants du pays préparaient des repas pour les soldats. Lorsque je m’y suis rendu fin octobre, les souvenirs sont remontés. Ceux de la guerre des Six Jours de 1967 sont vagues, ceux de la guerre du Kippour en 1973, encore vivants. On se sentait immédiatement proche des inconnus croisés dans la rue, voire des gens qu’on n’aimait pas la veille. Durant les longues heures dans les abris, quand on se retrouvait pour aider les familles dont le père était mobilisé, même la méchante voisine, celle qui arrosait la pelouse pour nous empêcher de jouer sous sa fenêtre, est devenue sympathique. Aviad Kleinberg, historien et président du Centre universitaire Ruppin, près de Netanya, a observé la même réaction collective après le 7-octobre. Sous le choc, un traumatisme presque physique provoqué par la surprise, l’horreur, le sentiment que le ciel vous tombe sur la tête, la société mobilise toutes ses forces et se met en mode survie. On encaisse les coups ensemble, les dents serrées.

Consensus national mis à mal

Nombre d’Israéliens sont nostalgiques de ces guerres-là. C’est que cette fois, cette façon de faire peuple dans la nuit n’a pas duré. Ce que Raphaël Jerusalmi remarque d’emblée : « Cette fois, l’union sacrée a été de courte durée. Même la question des otages ne rassemble pas la société israélienne. » Cet ancien élève de Normale Sup, qui a émigré en 1980 et mené en Israël une carrière militaire avant de devenir écrivain, traduit une amertume largement partagée. Un an après, la société israélienne semble avoir retrouvé le statu quo ante bellum. C’est-à-dire la confrontation de deux Israël qui ne s’accordent plus sur un projet collectif.

Je lui objecte que la guerre du Liban avait déjà sacrément mis à mal le consensus national. Les deux camps, formés pendant les négociations de paix avec l’Égypte à la fin des années 1970, puis solidifiés autour des la question palestinienne et de la présence juive en Cisjordanie, se sont alors opposés sur la guerre elle-même, contestée par une grande partie de l’opposition. Après le massacre de Sabra et Chatila, perpétré par les alliés libanais d’Israël, la contestation s’est intensifiée, forçant le gouvernement à créer une commission d’enquête qui précipite la fin de la carrière politique de Menahem Begin et impose à Ariel Sharon une longue traversée du désert. Jerusalmi pense que « les divisions de l’époque n’ont rien à voir avec celles qui minent la société israélienne aujourd’hui ». Tout indique que, malheureusement, il a raison.

La cacophonie juive est une vieille affaire, comme le suggère la blague qui dit que deux juifs ont trois opinions. Mais jusque-là, ils avaient une langue commune, fût-ce pour s’invectiver. Pendant les neuf mois de contestation massive qui ont précédé 7-octobre, les deux camps sont devenus comme étrangers l’un à l’autre. Le côte-à-côte a viré au face-à-face. L’affrontement idéologique a libéré de part et d’autre une telle violence verbale qu’on a pu parler de guerre civile. Kleinberg et Jerusalmi, comme nombre d’intellectuels israéliens, pensent que le projet de réforme judiciaire proposée par le gouvernement Nétanyahou début janvier 2023 et la mobilisation inédite de la société civile contre lui ont provoqué une déchirure que même la guerre n’a pu réparer, peut-être parce qu’elle est irréparable. C’est qu’au-delà de la réforme judiciaire, qui vise à priver la Cour constitutionnelle du droit de censurer une loi, ce sont deux conceptions du judaïsme et de l’État juif qui s’opposent.

Des civils israéliens préparent des sandwiches pour des soldats réservistes de l’infanterie de retour d’une zone de combat à Gaza, 14 décembre 2023. Jim Hollander/UPI Photo via Newscom/Sipa

Dans les premiers jours qui ont suivi le 7-octobre, alors que les « Frères d’armes », l’organisation issue de l’armée de l’air qui a plus ou moins dirigé la mobilisation, se reconvertissait dans l’aide humanitaire, et que tous les citoyens s’activaient, les ministres, aussi bouleversés que les autres, semblaient encore plus désemparés, parfois honteux. Certains ont esquissé des mea culpa pour la politique menée depuis leur arrivée au pouvoir fin 2022, et surtout pour la véhémence de leurs propos contre les contestataires.

Fin novembre, la libération de 80 otages israéliens, dans le cadre d’un accord entre Israël et le Hamas, marque l’apogée de l’union sacrée. Dès les premiers mois de 2024, les dissensions reviennent, y compris entre certaines familles d’otages. La question se politise, les doutes sur la conduite de la guerre montent alors qu’affluent les images et nouvelles effroyables de Gaza, les pressions américaines se durcissent. Début juin, les représentants de l’opposition qui avaient rejoint le cabinet de guerre démissionnent. La parenthèse est fermée. La majorité, groggy après le désastre, a repris du poil de la bête. Il est de nouveau question de la réforme judiciaire. Cependant, le rapport de forces entre les grandes tribus israéliennes n’est plus le même.

Aviad Kleinberg observe avec tristesse que la guerre a brisé la mobilisation des classes moyennes israéliennes et des élites économiques. Pour lui, c’est une véritable tragédie : « Le 7-octobre a mis fin à un processus de guérison entamé par la société civile israélienne. Un camp politique était en train de se cristalliser autour de l’idée d’une démocratie libérale, mais quand les réservistes sont rentrés début 2024, rien ne s’est passé, et même les leaders du mouvement ont quasiment disparu. » Il est vrai aussi que, depuis un an, les Israéliens n’ont jamais pu se dire que la guerre était terminée et que le temps de la politique avait sonné. Si à Gaza l’intensité des conflits s’est largement atténuée, c’est le contraire au nord, où la guerre avec le Hezbollah libanais s’intensifie et risque d’entraîner l’Iran dans le conflit.

Les cartes dans les mains de Nétanyahou

N’empêche, dans l’opposition, beaucoup croyaient que, dès le retour des réservistes, ceux-ci allaient, comme leurs grands-parents après la guerre du Kippour, envahir les rues sans même quitter l’uniforme pour exiger des élections et la démission des dirigeants politiques et militaires. Ils se sont trompés. Même la découverte, fin août, des corps de six otages exécutés par le Hamas à l’approche des forces israéliennes n’a suscité qu’un éphémère sursaut. « La tristesse et la frustration, constate Kleinberg, ne se sont pas transformées en colère qui fait tomber des gouvernements, mais en résignation qui leur laisse le champ libre. »

Animal politique hors pair, Benyamin Nétanyahou a senti l’essoufflement de cette opposition qui l’avait totalement pris de court en 2023. Entre 2009 et 2018, ces mêmes classes moyennes l’avaient peu ou prou suivi, car il détenait deux cartes gagnantes. Tout d’abord, la conviction, largement partagée en Israël, que la paix avec les Palestiniens était impossible (conviction confortée par les échecs du retrait de Gaza et des négociations entre Olmert et Abbas) et que la seule option était de gérer le conflit et de le contourner par des accords avec les pays arabes (accords d’Abraham). Ensuite, une croissance économique quasiment ininterrompue et un sentiment d’opulence ont détourné le public des questions stratégiques. Ce cocktail prospérité-sécurité, que même quelques conflits avec le Hamas entre 2006 et 2021 n’ont pas perturbé, était un véritable joker électoral qui a plus ou moins anesthésié une solide majorité, allant probablement jusqu’à 60-70 % de l’électorat. Cependant, la popularité personnelle de Nétanyahou n’a cessé de chuter. Le comportement de certains de ses proches, ses mœurs et les affaires lui ont aliéné un bon quart de ses soutiens, qui se sont reportés sur ses anciens alliés devenus rivaux (Bennett, Saar, Lieberman) tout en partageant l’essentiel de ses idées.

Entre 2018 et 2022, tandis que les élections se succèdent à un rythme digne de la IVe République, Nétanyahou lutte pour le pouvoir contre des gens qui pensent globalement comme lui, tout en faisant face à un procès pour corruption et trafic d’influence. C’est pendant ces années qu’il construit l’union avec la droite religieuse qui lui permet de remporter les législatives de 2022. La pierre angulaire de cette alliance, c’est la réforme judiciaire que Nétanyahou et ses alliés messianiques souhaitent ardemment, l’un à cause de son procès, les autres parce qu’ils veulent se délivrer du joug de la « justice impie ».

Il est clair que le 7-octobre a considérablement terni la légende de « Nétanyahou le Winner » et lui a coûté le soutien d’une partie de sa base politique, au point que sa coalition serait, selon les sondages, largement battue dans des élections aujourd’hui. Tout le problème est que, faute d’une mobilisation massive et permanente de l’opposition, rien n’oblige le Premier ministre à appeler à des élections anticipées. Sa courte majorité politique s’accroche au pouvoir, et théoriquement, rien ne l’empêche d’aller au bout de son mandat en novembre 2026. Certains espèrent que sa majorité finira par exploser sur la question de l’exemption militaire des ultra-orthodoxes, qui devient hypersensible avec la guerre. C’est d’ailleurs en partie pour contourner cette rupture flagrante d’égalité, donc pour obtenir leur soutien, que Nétanyahou a lancé la réforme judiciaire. Déjà à l’époque, cette promesse déplaisait à une partie de la base de Nétanyahou ainsi qu’à une fraction de l’électorat religieux nationaliste, deux groupes très sionistes qui encouragent leurs enfants à s’engager. Depuis le 7-octobre, cette situation est devenue inacceptable pour ces électeurs qui ont perdu des dizaines de leurs membres dans les combats. Plus largement, les enquêtes d’opinion publique le confirment, la question de la participation des ultra-orthodoxes à la vie civique est perçue par les Israéliens comme un clivage majeur, presque aussi important que celui qui oppose gauche et droite.

Judaïsation de l’identité israélienne

À la déception de nombreux Israéliens, le 7-octobre n’a pas changé les ultra-orthodoxes. Ni leurs chefs religieux, ni leurs élus, ni les masses populaires de cette « société dans la société » n’ont fait le moindre geste de bonne volonté en direction de leurs concitoyens en armes et leurs familles. Contre vents et marées, ils continuent à affirmer haut et fort que la Thora est le véritable « dôme de fer » qui protège Israël. Et exigent que Nétanyahou tienne parole.

Paradoxalement, cette fracture de plus en plus marquée entre les courants « hilonim » (laïques) et « haredi » (ultra-orthodoxes) va de pair avec une puissante vague de judaïsation de l’identité israélienne. D’après les enquêtes, les Israéliens sont majoritairement croyants (plus de 70 %) et pratiquants – souvent « à la carte », avec des compromis qu’aucun rabbin orthodoxe ne cautionnerait. En effet, tout en étant, d’une certaine façon, de plus en plus juifs, les Israéliens manifestent une ouverture croissante aux courants non orthodoxes (libéraux et conservateurs), et une grande tolérance concernant les mœurs. On fait le kiddouch du vendredi soir avant de partir à la rave-party Nova, on porte la kippa en arborant ses tatouages (strictement proscrits par la loi rabbinique). Raphaël Jerusalmi discerne autour de lui « une reconnexion soudaine entre sionisme et judaïsme, une reconnexion avec l’histoire des pogroms et de l’antisémitisme, jadis confinés aux pages des manuels scolaires, devenus la réalité pour les Israéliens du xxie siècle ». Pour Theodor Herzl, le sionisme devait permettre le dépassement de la dimension religieuse de l’identité juive par sa dimension nationale. Cent vingt ans après sa mort, beaucoup d’Israéliens vivent le processus inverse. Et ce n’est pas le pogrom lancé aux cris d’Allah Akbar le jour où, dans les synagogues, on célèbre dans la joie la révélation du Sinaï, qui risque de les faire changer d’avis.

L’énergie éolienne au pays du Roi Ubu

Les défenseurs zélés de cette énergie ont trop souvent tendance à oublier de dire qu’une éolienne ne produit de l’électricité que quand il y a du vent, et que l’électricité ne se stocke pas. S’il existe, en termes économiques, une réelle complémentarité entre l’éolien et les centrales au charbon et au gaz ailleurs qu’en France, le nucléaire et l’éolien sont en revanche exclusifs l’un de l’autre. Analyse d’André-Robert Victor, l’auteur de La France au bord de l’abîme. Les chiffres officiels et les comparaisons internationales.


On dénombre en France, fin 2023, 2391 installations terrestres de production d’électricité éolienne, pour une capacité (puissance) de 22,0 giga-watts (GW) (cf. Commissariat général au développement durable, 2024). Il convient d’y ajouter sept installations offshore, pour une puissance de 1,5 GW. Dans l’absolu, ce n’est pas négligeable du tout : à titre de comparaison, les 56 réacteurs du parc nucléaire offrent une capacité (seulement) trois fois plus importante, de 61,4 GW. Les projets éoliens en cours d’instruction représentent une capacité supplémentaire potentielle de 11,8 GW.

Le coût de l’éolien

Quelques données de coûts, issues de rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de l’Ademe, et de la Cour des comptes, sont utiles pour saisir les enjeux qui s’attachent au choix du « mix énergétique ». L’investissement initial, en éolien terrestre, est de l’ordre de 1,5 M€ pour installer une puissance de 1 MW (Ademe 2020, et AIE 2020). Ce qui signifie que les 22,0 GW déjà installés ont représenté une mise de fonds initiale d’environ 33 milliards, davantage en fait car certaines installations sont anciennes et les coûts ont baissé depuis les premières installations ; les baisses ont toutefois tendance à s’atténuer depuis quelques années, la technologie étant relativement « mature » (AIE, 2020). Les éoliennes ont une durée de vie de 25 ans.

Pour le nucléaire, l’investissement initial est environ deux fois plus élevé, de l’ordre de 3 M€ pour installer une puissance de 1 MW (AIE 2020), mais les centrales nucléaires ont une durée de vie plus longue : celle-ci est fixée à 40 ans en France par la réglementation ; l’AIE considère que la durée de vie normale d’une centrale est plutôt de 60 ans, sans mesures particulières pour la prolonger. Rapporté à la durée pendant laquelle la capacité est installée, le coût initial par MW est donc du même ordre de grandeur entre l’éolien terrestre et le nucléaire.

Eoliennes: le numéro 76 de « Causeur » dénonçait le massacre des paysages

Les coûts annuels d’exploitation sont sensiblement plus élevés en nucléaire qu’en éolien terrestre : de l’ordre de 60 000 € par an et par MW pour le nucléaire, de l’ordre de 35 000 en éolien terrestre. À l’inverse, une centrale nucléaire tourne à pleine capacité 85% du temps (il faut bien arrêter les centrales de temps en temps pour procéder à des opérations de maintenance), alors qu’une éolienne ne produit de l’électricité que quand il y a du vent : elle atteint sa pleine puissance lorsque le vent souffle à 43 km/h, et doit être mise hors service (pour raisons de sécurité) dès lors que la vitesse du vent atteint ou dépasse 90 km/h. Si le parc éolien tournait à pleine capacité tout au long de l’année, il produirait environ 193 TW.h d’énergie électrique (22 x 365 x 24 = 192 720) ; en 2022 il n’a produit en fait qu’environ 40 TW.h d’électricité primaire. Tels sont les ordres de grandeur à retenir en matière de coûts.

Au total, si l’on considère l’ensemble des coûts tout au long de la durée de vie d’une installation y compris le coût de son démantèlement, le coût de production d’un MW.h d’énergie électrique (ce que l’on appelle le Levelized Cost Of Electricity – LCOE – en anglais) n’est pas très différent entre l’éolien terrestre d’une part, et le nucléaire d’autre part : de l’ordre de 50 à 70 € pour l’éolien selon l’Ademe, voire un peu moins avec certaines hypothèses pour l’AIE, de 40 à 65 € pour l’électricité nucléaire, selon les hypothèses et méthodes de calcul (Cour des comptes, 2021).

L’électricité ne se stocke pas

Si l’on s’en tient à ce qui précède, en termes de coût moyen par MW.h produit, l’éolien soutient donc tout à fait la comparaison par rapport au nucléaire. Mais cela ne serait la bonne façon de raisonner que si l’électricité produite pouvait être stockée en grandes quantités à un prix abordable, ce qui n’est pas le cas. En règle générale l’électricité doit être consommée précisément au moment où elle est produite (et non le lendemain ou trois mois plus tard), donc – s’agissant de l’électricité d’origine éolienne – aux moments où il y a du vent, moments qui n’ont aucune raison a priori de correspondre à des pics de demande. À l’inverse, lorsqu’il n’y a pas (ou peu) de vent et que les éoliennes tournent au ralenti, il faut bien qu’une autre source de production d’électricité, pilotable celle-ci, prenne le relais de la production éolienne défaillante. Cela signifie donc que la capacité des installations éoliennes doit être doublonnée (ce qui est coûteux en investissement initial) : la capacité installée une première fois sous forme d’éoliennes doit être installée une 2e fois, par exemple sous forme de centrales nucléaires ou de centrales thermiques.

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Les centrales nucléaires ne constituent hélas pas un doublon adapté aux éoliennes. Que se passe-t-il en effet en France lorsque nos éoliennes tournent à plein régime ? Nous ne disposons pas de centrales thermiques ou hydrauliques de puissance suffisante que nous pourrions mettre au repos pour absorber le surplus de production. Nous faisons alors face à un afflux d’électricité qui peut représenter de l’ordre de 20 à 25 % de nos besoins (cf. les chiffres supra), alors que ceux-ci sont déjà satisfaits par le parc nucléaire, qui a été dimensionné pour couvrir la majeure partie de notre consommation hormis quelques pics ponctuels. Nous devons donc soit exporter cette électricité surabondante, à prix bradé si les conditions météo sont similaires chez nos clients européens, soit freiner nos réacteurs nucléaires, dont les coûts d’exploitation ne s’en trouvent pas du tout réduits pour autant, quand nous ne pouvons pas exporter. Les éoliennes ne nous servent à rien car leur capacité doublonne celle des centrales nucléaires qui délivrent une puissance constante et suffisante en règle quasi-générale. Autrement dit, les milliards dépensés dans notre pays pour l’équiper en éoliennes ont été dépensés en pure perte.

Les Allemands plus rationnels que nous ? Première nouvelle!

Il en va différemment lorsque ce sont des centrales thermiques qui prennent le relais des éoliennes au repos, comme cela est le cas en Allemagne. Il y a là une certaine rationalité économique, car lorsque les éoliennes tournent et que les centrales thermiques sont mises en conséquence au ralenti, la dépense en combustible de ces dernières (à la différence de nos centrales nucléaires) s’en trouve très sensiblement allégée. En ce sens, il y a une réelle complémentarité entre l’éolien et les centrales au charbon et au gaz, en termes économiques, alors que le nucléaire et l’éolien sont exclusifs l’un de l’autre.

L’Allemagne a fait le choix, sous Angela Merkel et sous la pression des écologistes, de sortir totalement du nucléaire – une réorientation brutale connue sous l’appellation de « Energiewende ». Elle a dû pour cela investir massivement dans les centrales au charbon et au gaz, deux modes de production de l’électricité en moyenne sensiblement plus onéreux que le nucléaire, et qui présentent par ailleurs l’inconvénient d’émettre beaucoup de CO2. En couvrant massivement son territoire d’éoliennes, l’Allemagne a un peu réduit la facture de son MW.h d’électricité, sans toutefois atteindre le faible niveau qu’il lui aurait été permis d’atteindre avec le nucléaire. Elle a ainsi également un peu réduit ses émissions de CO2, mais à la marge seulement : le choix allemand d’un mix énergétique fondé sur le couple centrales thermiques + éoliennes, plutôt que sur le nucléaire, a pour résultat que l’Allemagne émet chaque année 8,5 tonnes de CO2 par habitant alors que la France en émet un peu moins de cinq tonnes.  

Les milliards des éoliennes dans notre pays ont donc été dépensés en pure perte. Mais au fait, par qui ont-ils été payés ? Les exploitants des éoliennes sont des sociétés privées. On ne s’étendra pas sur le fait que la majeure partie des éoliennes implantées sur notre territoire sont fabriquées en Chine, sous l’impulsion de sociétés allemandes et danoises, et que leur démantèlement – le jour venu – posera des problèmes de dépollution du sol quasi-insurmontables en l’état actuel des connaissances. L’électricité produite par les éoliennes est rachetée par EDF à ces sociétés exploitantes au tarif imposé de 82 € / MW.h, tarif qui – comme chacun peut le constater – est sensiblement supérieur au coût de production, il s’agit donc pour les opérateurs privés qui ont investi ce créneau d’une opération très rentable et quasiment sans risque… Et EDF, pour sa part, est dédommagé par le biais de la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), facturée au consommateur au taux de 0,0225 € / KW.h (soit 22,50 € / MW.h). C’est donc le consommateur qui paie en fin de compte.

L’analyse est similaire pour l’énergie photo-voltaïque, les mécanismes sont les mêmes, seuls les paramètres diffèrent. Pour l’anecdote, le prix imposé de rachat de l’électricité photo-voltaïque allait jusqu’à 580 € / MW.h (vous avez bien lu !) à la fin des années 2000, avant qu’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) ne vienne siffler la fin de la récréation, en proposant de revenir à un tarif imposé un peu plus raisonnable. Ce nouveau tarif plus raisonnable n’est toutefois entré en vigueur que pour le flux des nouvelles installations : c’est ainsi que des installations photo-voltaïques encore en service mais datant de cette époque bénéficient toujours d’un tarif de rachat à plus de 500€, ainsi que le confirmait un article des échos publié en 2023.

À l’occasion de son discours de politique générale, le Premier ministre a déclaré vouloir tout à la fois relancer le nucléaire et développer les énergies renouvelables. Cela veut donc dire que l’on va continuer à dépenser des milliards pour installer des éoliennes qui ne serviront à rien. À moins que le développement de l’éolien ne s’accompagne d’un accroissement de la capacité de nos centrales thermiques, auquel cas c’est l’effet sur nos émissions de dioxyde de carbone qui sera désastreux.

La France au bord de l'abîme: Les chiffres officiels et les comparaisons internationales

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Références

  • Ademe (2020) : « Coûts des énergies renouvelables et de récupération en France – Données 2019 », Faits et chiffres, Brochure réf. 010895 ;
  • Agence internationale de l’énergie (AIE, 2020) : « Projected Costs of Generating Electricity », 2020 Edition ;
  • Commissariat général au développement durable (CGDD, 2024) : « Bilan énergétique de la France en 2023 – Données provisoires » ;
  • Cour des comptes (2021) : « L’analyse des coûts du système de production électrique en France », Relevé d’Observations définitives.

D’un Apollon l’autre

La chroniqueuse woke de « Quotidien » a tenu vis-à-vis du nageur Léon Marchand des propos qui auraient valu la guillotine néoféministe à tout individu mâle tenant un discours similaire vis-à-vis d’une femme.


J’ignorais que la ruralité fût un sujet de prédilection de la très parisianiste émission de télé Quotidien. Le programme que pour rien au monde le bobo woko, généreux donateur à l’ONG Progressisme Sans Frontières ne raterait. La ruralité, c’est un peu loin de lui, comprenez-vous. Et pourtant, dans le numéro d’avant-hier nous avons eu droit à une séquence qui n’a pas été sans rappeler au provincial indécrottable que je suis l’ambiance des marchés aux bestiaux de ma jeunesse. Vous savez lorsqu’au petit matin, sur le champ de foire, d’un œil exercé, les connaisseurs auscultent le taureau, jugent à sa musculature, à l’harmonie de ses formes s’il fera un bon reproducteur ou pas. On tâte, on jauge, on soupèse ce qu’il convient de soupeser, et on se prononce.

À l’antenne de Quotidien, pas de taureau, un athlète, Léon Marchand, notre nageur en or massif. Pas de maquignon à l’œil humide de buveur matinal, mais une experte en choses du déduit. Du sexe si vous préférez, Madame Maïa Mazaurette en personne. 

Références morphologiques à l’appui, l’œil un peu humide, justement façon maquignon, à l’évocation des ondulations du corps parfait dans l’eau, métaphore selon elle de la danse coïtale, elle déclare en substance: « Cré vin diou ! En v’là une belle bête, un biau mâle. Du tout bon pour la galipette polissonne et engrosser. » Les termes ne sont pas tout à fait ceux-là, mais l’esprit est bien celui-ci.

A lire aussi: Anatomie d’une descente aux enfers

Sur le plateau, on rit. Si le nageur avait été une nageuse et qu’un brave gars un peu porté sur la chose s’était permis le tiers du quart de ces propos, on n’aurait moins rigolé. C’eût été immédiatement le branle-bas féministe Metoo, avec dépôt de plainte en bonne et due forme et, pour bien marquer les esprits, défilé de Mazaurettes avec pancartes et slogans vengeurs rue des Martyres. Passons. N’en faisons pas non plus toute une affaire. Léon Marchand, le premier concerné, a pris cela avec le sourire. On ignore si la dame, en experte consciencieuse, est allée jusqu’à soupeser ce qui, comme nous l’avons dit, convient d’être soupesé avant tout verdict. Si tel est le cas, cela ne s’est pas fait à l’antenne. À Quotidien, on sait se tenir.

Une ombre cependant. La déception de celui qui, jusqu’à cette émission pouvait croire être l’archétype de l’Apollon inspirant le désir, l’amour. Le monde entier d’ailleurs, voilà peu, avait été invité à le croire avec lui. Que sa déception doit être grande ! Je pense évidemment à Philippe Katerine.


Sans et saufs

Du vin sans alcool est-il du vin? L’éditorial d’octobre d’Elisabeth Lévy


Dans le déplorable monde d’avant, les rockers se shootaient à l’héroïne, les mannequins se faisaient pincer dans des toilettes de bar sniffant de la cocaïne et des écrivains arrivaient ivres morts sur le plateau de Pivot. Heureusement, ces temps d’excès sont révolus. Le nouveau parisien roule à vélo et le néo-people vante bruyamment son hygiène de vie. Ainsi a-t-on appris récemment qu’Antoine de Caunes buvait des litres de thé vert dès son réveil – puisqu’on en est aux conseils pratiques, a-t-il un truc pour éviter de faire pipi en conséquence ? Perso, si je trouve admirable de boire du thé vert, j’ai du mal à renoncer au café malgré tout ce que j’ai appris, sans avoir rien demandé, sur ses multiples méfaits. Mais je vais consulter. On a aussi découvert (sur le plateau de Yann Barthès) que Nicolas Canteloup ne faisait plus qu’un repas par jour. Non seulement ça le maintient en forme, mais ça lui fait gagner du temps. S’il arrêtait de faire l’amour, il gagnerait aussi du temps, non ? Bon, je ne critique pas. D’ailleurs, moi aussi, ça m’est arrivé de sauter un repas, ça compte pour mon capital santé ? Je blague, mais il est bon que les Français se soucient de leur hygiène de vie, même si le terme est un chouia déprimant. Des esprits chagrins pourraient observer que plus nous nous soucions de notre corps, moins nous nous occupons de nos cerveaux, mais rien n’indique qu’il y ait un lien de cause à effet.

Nul ne peut plus ignorer que (presque) tout ce qui est bon est mauvais pour la santé : l’alcool, le tabac, les tripes, le sexe – laissons de côté la controversée question du cannabis. Alors, on fait des efforts. On fume encore trop, mais question alcool et gaudriole, on a sérieusement réduit la voilure, et ne parlons pas des tripes. Une proportion croissante de Français affirme n’avoir aucune relation sexuelle et s’en félicite. Tant qu’ils n’essaient pas d’en dégoûter les autres. Notre consommation de vin a elle aussi chuté, passant de 100 litres par an dans les années 1960 à 40 aujourd’hui. Seulement, ça ne fait pas l’affaire des vignerons. Et puis, on peut se lasser de dîner au thé vert. Alors des petits malins ont eu une idée géniale : fabriquer – et vendre – du vin sans alcool. C’est en train de devenir ultra-tendance, au point que, d’après Le Figaro, cela pourrait sauver le vignoble français. Plusieurs maisons se sont lancées sur le créneau, certaines proposant des cuvées prestige aux noms prétentieux, dont raffolent, paraît-il, les actionnaires qataris du PSG. Je vous vois venir, béotiens, vous pensez que du vin sans alcool, c’est du jus de raisin. Que nenni. Il s’agit en fait de vin désalcoolisé : je n’ai pas tout compris, mais on fait du vin classique et ensuite on enlève l’alcool. Les amateurs jurent que ça a le goût du vin, peut-être pas des meilleurs, mais ça viendra. Il ne risque pas de vous tourner la tête ni de vous délier la langue, c’est même son principal argument de vente : le flacon sans l’ivresse. C’est ce qu’on appelle une vie saine.

Il y a peut-être là une piste à explorer, une méthode à généraliser, pour nous protéger contre nous-même. Après tout, des millions de fumeurs se sont mis à la cigarette sans tabac et s’en trouvent fort bien. Les scrogneugneux diront que le vin, c’est un savoir-faire ancestral, qu’il fait partie de la culture française. Il faut s’y faire, les amis la culture française change, s’enrichit, se créolise, soyez cools. D’ailleurs, il ne s’agit pas de supprimer le vin, plutôt de le remplacer par un ersatz inoffensif. La marque France n’en souffrira pas : un Château Margaux désalcoolisé, ce sera trop glamour dans Emily in Paris.

En tout cas, le simulacre pourrait nous délivrer de nos vices bien plus efficacement que la prohibition. On garde le mot, on désactive la chose. Dans l’avenir radieux, tout ce que votre médecin et Sandrine Rousseau vous interdisent existera dans une version assainie. On s’imagine déguster en toute bonne conscience une côte de bœuf sans bœuf accompagnée d’un verre de vin sans alcool, en lisant un livre sans phrases, on ne sait pas où ça peut mener. On pratiquera évidemment le sexe sans rencontre des corps, parce que ça aussi ça finit souvent mal. Comme ça, on vivra vieux et en bonne santé. Certes, si on en croit Montesquieu, « c’est une ennuyeuse maladie qu’une santé conservée par un trop grand régime ». Il faudra donc prévoir quelques somnifères au cas où on trouverait le temps long.

Bases de données: des fraudes électorales innombrables aux États-Unis

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Les militants trumpistes assurent que des fraudes électorales massives justifient la contestation du résultat de l’élection de 2020. Quelles sont les bases de données existantes qui recensent les irrégularités sur lesquelles ils peuvent s’appuyer ?


Dans notre article précédent, nous avons cité des experts, qui dénoncent depuis des années le système électoral américain comme l’un des pires qui soient. Il n’est donc pas étonnant que des condamnations pour fraude électorale soient régulièrement prononcées par la justice américaine – dans le silence assourdissant des grands médias, et malgré les dénégations frénétiques des Démocrates et de leurs alliés. Ces dénégations sont d’autant plus étranges qu’il n’est pas difficile de se documenter sur ce sujet, puisque deux bases de données (databases) accessibles en ligne, recensent des milliers de cas de fraudes électorales, survenues depuis l’an 2000 aux États-Unis.

La base de données de News21 et ses 2068 poursuites judiciaires pour fraude électorale

News21 est un programme universitaire consacré au reportage d’investigation, supervisé par des professeurs de l’École de journalisme Walter Cronkite (Université d’État de l’Arizona) et financé par la Carnegie Corporation. Son but est de « produire un journalisme d’investigation approfondi, innovant et interactif sur des questions d’importance nationale ». (1) En 2012, News21 a décidé de créer une base de données, regroupant les cas de fraude électorale poursuivis par la justice américaine depuis l’an 2000. Afin de nourrir cette base de données, 24 étudiants de 11 universités ont travaillé d’arrache-pied pendant sept mois. Ils ont contacté des milliers de responsables des élections dans les 50 États ; ils ont envoyé plus de 2000 demandes d’accès aux archives publiques et examiné près de 5000 documents judiciaires, pièces d’archives, dossiers officiels et articles de presse ; enfin, ils se sont rendus dans 40 villes de 21 États, où ils ont réalisé plus de 1000 entretiens avec des responsables locaux. « Le résultat est la collection la plus complète de cas de fraude électorale aux États-Unis jamais compilée », selon News21. (2) Cette base de données est consultable en ligne :

https://votingrights.news21.com/interactive/election-fraud-database

Malgré ses efforts, l’équipe de News21 reconnaît que sa base de données est loin d’être exhaustive, parce que certains États (Caroline du Sud, Dakota du Sud, Massachusetts, Oklahoma) et de nombreuses juridictions locales n’ont pas répondu à son enquête (43 des 44 procureurs de districts de Caroline du Nord, par exemple). (3)

Cette base de données contient 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale. Les fraudes les plus répandues concernent les bulletins de vote par correspondance (491 cas, soit 24 %), les inscriptions sur les listes électorales (400 cas, soit 19 %), les votes illégaux (13 %), les votes multiples (7 %) et les achats de votes (5 %). La base de données fait aussi état de 74 cas de votes illégaux de détenus, alors que tous les États américains sauf deux (Maine, Vermont) privent les détenus du droit de vote. On voit à quel point les contrôles sont peu sérieux, aux États-Unis. (4) Chose incroyable, elle fait aussi état de 56 cas de votes illégaux de non-citoyens. Oui, vous avez bien lu : 56 étrangers, n’ayant pas la citoyenneté américaine, ont été poursuivis pour avoir voté illégalement. Qui sait combien d’autres non-citoyens sont passés entre les mailles (très larges) du filet, et ont pu voter illégalement, de 2000 à 2012 ?

Pour ce qui concerne les 491 cas de fraudes commises grâce aux bulletins de vote par correspondance, 185 sont le fait de dirigeants de campagne ou d’élus, qui ont chaque fois réussi, grâce à la complicité de leurs militants, à voler des dizaines voire des centaines de voix. (5)

De façon assez cocasse, après avoir recensé ces 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale, les étudiants en journalisme de News21 concluent que « les fraudes électorales sont extrêmement rares aux États-Unis » (sic), « infinitésimales » (sic), et même « virtuellement non-existantes » (sic). Heureusement que le ridicule ne tue pas. À leur décharge, il faut reconnaître que, s’ils n’avaient pas nié l’importance des fraudes électorales aux États-Unis, juste après avoir prouvé à quel point elles sont nombreuses, ils auraient probablement amputé leurs chances de faire carrière dans le journalisme.

La base de données de News21 n’ayant pas été alimentée depuis 2012, il est nécessaire de se tourner vers une autre base de données pour les cas plus récents de fraudes électorales.

La base de données de la Heritage Foundation et ses 1546 condamnations pour fraude électorale

En 2017, la Heritage Foundation (un institut conservateur pro-Républicains qui œuvre pour la défense de la liberté et pour la sécurisation des élections) a créé une base de données, regroupant les cas de fraudes électorales punies par la justice américaine. (6) Comme le site de la Heritage Foundation l’explique, cette base de données « présente un échantillon de cas récents et avérés de fraude électorale dans tout le pays. Chacune des affaires citées représente un cas où un agent public de justice, généralement un procureur, a jugé les faits suffisamment graves pour y donner suite. Et chacune d’entre elles s’est terminée par la conclusion que le prévenu avait commis un acte répréhensible en rapport avec une élection, dans l’espoir d’en affecter les résultats – voire que les résultats d’une élection avaient été tellement altérés qu’elle devait être annulée. » (7) Cette base de données est consultable en ligne :

https://www.heritage.org/voterfraud

Au moment où nous écrivons cet article, elle contient 1546 cas avérés de fraude électorale, qui ont donné lieu à 1313 condamnations pénales, 58 condamnations civiles, 125 peines de déjudiciarisation (peines alternatives), 27 décisions judiciaires (judicial findings) et 23 constats officiels (official findings). Comme dans la base de données de News21, la fraude la plus courante concerne l’utilisation frauduleuse de bulletins de vote par correspondance. Notons que, alors que l’élection présidentielle de 2020 a été présentée comme « la plus sûre de toute l’Histoire », des dizaines de cas de fraude avérées, commises en 2020, figurent dans cette base de données. (8) Et cette base de données est en constante expansion :« Pour la seule année 2023, nous avons ajouté 98 cas et nous suivons plusieurs centaines d’autres cas qui font l’objet d’une enquête de la part des autorités locales. » (9) Comme celle de News21, la base de données de la Heritage Foundation n’est pas exhaustive : « elle ne recense pas tous les cas de fraude électorale poursuivis par la justice, et certainement pas les cas signalés ou les allégations de fraude, contre lesquels des poursuites n’ont pas été engagées ». Son but est seulement « d’exposer les vulnérabilités du système électoral et les nombreuses façons dont la fraude est commise » et de démontrer que « les fraudes électorales continuent de porter atteinte à des élections honnêtes et libres ». (10)

Malgré le caractère partiel de cette base de données, nous y avons trouvé 23 élections qui ont été annulées par un juge américain, en raison de fraudes électorales, de 2000 à 2020. Parmi ces 23 élections annulées, quatre d’entre elles se distinguent particulièrement par le nombre de voix volées : en 2012, en Virginie-Occidentale (comté de Lincoln), 300 bulletins par correspondance frauduleux ; en 2015, en Caroline du Nord (Lumberton), 400 bulletins provisoires (provisional ballots) frauduleux ; en 2018, au Texas (Mission), 303 bulletins par correspondance frauduleux ; enfin, en 2020, dans le New Jersey (Paterson), 3274 bulletins par correspondance frauduleux – oui, 3274 bulletins frauduleux lors d’une seule élection !

Il n’existe rien de semblable dans un autre pays démocratique, et certainement pas en France, où nous avons un nombre de fraudes proche de zéro.

Il est intéressant de noter que l’article de Wikipedia en anglais, consacré à la Heritage Foundation, prétend que cette organisation « promeut des fausses allégations de fraude électorale », alors que l’intégralité des 1546 fraudes électorales contenues dans sa base de données ont été punies par la justice américaine – et alors que, pour chaque condamnation, la base de données propose un ou plusieurs liens vers la décision de justice ou vers des articles de médias reconnus ayant mentionné cette décision. Comme quoi, certaines personnes ne reculent devant rien, pour nier l’existence des fraudes électorales aux États-Unis.

Les fraudeurs sont majoritairement des Démocrates

Quand on explore la base de données de News21 et celle de la Heritage Foundation, on constate que, lorsqu’une fraude a été commise par un électeur enregistré pour l’un des deux grands partis politiques américains, ou par un responsable de l’un de ces deux partis, il s’agit dans plus de 80 % des cas d’un Démocrate et dans moins de 20 % des cas d’un Républicain.

Par exemple, sur les 23 élections annulées par la justice américaine dont nous parlons dans le chapitre précédent, 17 l’ont été après des fraudes de Démocrates. Pour les six autres, ayant eu lieu dans des petites villes, nous n’avons pas trouvé d’information sur l’étiquette politique des fraudeurs. Quant aux quatre élections annulées en raison de fraudes massives portant sur des centaines de voix volées, les fraudeurs étaient tous des Démocrates. On comprend mieux, maintenant, pourquoi les grands médias progressistes américains nient l’existence des fraudes électorales. Parfois, cependant, un journaliste courageux dénonce publiquement ce secret de Polichinelle, comme l’a fait un éditorialiste du Pittsburgh Post-Gazette, en 2011 : « Cette année, il y a eu des enquêtes, des inculpations ou des condamnations pour fraude électorale en Californie, en Caroline du Nord, en Géorgie, dans l’Indiana, dans le Maryland, dans le Michigan, dans le Minnesota, dans l’Ohio, au Texas et dans le Wisconsin. Dans tous les cas sauf un, les fraudeurs étaient des Démocrates. » (11)

En France, quasiment aucune fraude électorale

En France, nous avons la chance d’avoir l’un des systèmes électoraux les plus sûrs de toute la planète : nous votons avec des bulletins de papier, insérés dans une urne transparente, qui sont dépouillés dès la clôture du scrutin, en public. Il est donc très difficile de frauder chez nous, et l’on n’entend quasiment jamais parler de fraude électorale.

Un test simple permet de s’en convaincre : il suffit de se rendre sur le site d’un quotidien américain régional (comme le Pittsburgh Post-Gazette, le Philadelphia Inquirer, le Chicago Tribune, le Miami Herald, etc.) et d’y faire une recherche avec les mots « vote fraud » ou « electoral fraud » – et l’on obtient des dizaines d’articles sur des fraudes électorales commises récemment dans l’État où le quotidien en question est basé. En revanche, la même recherche, sur le site d’un quotidien français (nous avons testé Libération et Sud-Ouest), avec les mots « fraude électorale », livre des articles portant sur des fraudes commises dans des pays étrangers (États-Unis, Venezuela, Algérie, Russie, Birmanie…), mais pas en France. Notons que, dans ces résultats, les États-Unis côtoient donc des pays dirigés par des régimes autoritaires, ce qui est une preuve supplémentaire de l’état lamentable de leur système électoral, indigne d’un État démocratique. En France, le Conseil Constitutionnel est chargé de vérifier l’intégrité des scrutins et d’en proclamer les résultats, en recensant toutes les infractions ou fraudes découvertes. Pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le Conseil Constitutionnel n’a trouvé que 22 infractions bénignes – et aucune fraude. Les infractions relevées sont des manquements au règlement électoral : fermeture d’un bureau de vote une heure trop tôt, absence des responsables du bureau pendant quelques minutes, liste d’émargements signée avant d’insérer le bulletin dans l’urne alors qu’il faut la signer après, discordance entre le procès-verbal et les feuilles de dépouillement, procès-verbal transmis en retard à la préfecture, et deux urnes non verrouillées. (12)

En comparaison, les bases de données de News21 et de la Heritage Foundation débordent de fraudes graves : des étrangers qui votent, des clandestins qui votent, des listes électorales contenant des morts qui parfois votent, des bulletins de vote par correspondance achetés par centaines par des équipes d’activistes, des votes multiples, des bulletins volés, des bulletins fabriqués, des pensionnaires de maisons de retraite forcés de signer des bulletins de vote remplis par des militants, des employés électoraux qui enregistrent plusieurs fois les mêmes bulletins, etc. Autant de fraudes qui n’existent pas en France.

Enfin, on peut comparer le nombre de fraudes électorales par rapport à la population : la base de données de la Heritage Foundation contient 1546 fraudes punies par la justice américaine. Les États-Unis étant cinq fois plus peuplés que la France, l’équivalent pour la France serait donc de 309 fraudes. Or, on peine à trouver une fraude électorale punie par la justice française depuis l’an 2000.

Le nombre réel de fraudes électorales aux États-Unis est bien plus élevé

La base de données (non exhaustive) de News21 contient 2068 fraudes électorales, et celle (non exhaustive) de la Heritage Foundation en contient 1546. C’est énorme, comparé à la quasi-absence de fraude en France. Mais le nombre réel de fraudes aux États-Unis est bien plus élevé. En effet, les fraudes électorales sont parmi les plus difficiles à détecter : une fois qu’un bulletin frauduleux a été enregistré, il est trop tard ; une fois qu’un bulletin de vote par correspondance a été acheté par des activistes, il est trop tard ; une fois que des bulletins fabriqués ont été déversés dans une boîte publique de dépôt (ballot drop box), il est trop tard ; une fois qu’un employé électoral a faussé le décompte des bulletins, il est trop tard.

Cette difficulté à prouver les fraudes électorales explique la réticence des shérifs, des policiers locaux, voire des agents du FBI, à les investiguer. À cela, il faut ajouter que les employés électoraux Démocrates refusent en général de prendre en compte les témoignages d’électeurs leur signalant une fraude possible dans leur bureau ; que les juges Démocrates rejettent presque automatiquement les plaintes pour fraude électorale, sans examen ; que les avocats des fraudeurs, payés par le parti Démocrate, trouvent souvent des arguties permettant à leurs clients d’échapper à un procès ; que les procureurs, surchargés de travail, hésitent à inculper les fraudeurs, en raison de la difficulté à obtenir une condamnation, et parce qu’ils rechignent à engager des frais importants pour des infractions qui ne sont sanctionnées que par des peines légères, dans la plupart des États.

Voilà pourquoi seule une infime minorité des fraudes électorales est découverte. Il est cependant possible d’estimer l’ampleur du problème, grâce à quelques calculs simples.

Estimations du nombre de fraudes électorales en utilisant la base de données de News21

La base de données de News21 recense 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale, pour la période allant de 2000 à mi-2012 (douze ans et demi), ce qui fait 165 cas par an. C’est déjà beaucoup. Mais, comme nous l’avons dit, cette base de données n’étant que partielle, le nombre total de poursuites pour fraude électorale est bien plus élevé. En effet, cette base de données n’est complète que pour un seul État, le Connecticut, dont les autorités envoyèrent aux enquêteurs de News21 un CD-ROM contenant tous les cas étudiés par sa Commission d’application des lois électorales (State Elections Enforcement Commission) : dans ce seul État, plus de 200 cas de poursuites pour fraudes électorales ont été recensés, de 2000 à 2012. (13) Rapporté aux 50 États américains, cela fait plus de 10 000 cas de fraudes électorales en 12 ans et demi, soit 800 cas par an. Et il ne s’agit là que de la partie émergée d’un énorme iceberg, puisque les fraudes électorales sont particulièrement difficiles à détecter. Si l’on formule l’hypothèse (probablement en deçà de la réalité) que seulement un fraudeur sur dix est attrapé et finalement condamné, cela signifie qu’il y aurait 8 000 fraudes électorales par an. Et comme une proportion non négligeable des fraudes électorales porte sur des dizaines, voire sur des centaines, et parfois sur des milliers de votes illégaux, si l’on formule l’hypothèse qu’en moyenne 10 voix sont volées lors de chaque fraude, cela signifie que 80 000 voix pourraient être volées chaque année !

Selon le décompte officiel, en 2020, Biden a obtenu 76 440 voix de plus que Trump dans les quatre États pivots (swing states) suivants : Arizona (10 457), Géorgie (11 779), Nevada (33 596) et Wisconsin (20 608). Cela a permis à Biden de remporter officiellement 306 grands électeurs, contre 232 pour Trump (14).

À la lumière de toutes ces informations, on comprend pourquoi les élections américaines sont l’objet de nombreuses contestations, quand la marge de victoire officielle est minime – et l’on comprend pourquoi tellement d’Américains n’ont pas confiance dans la sécurité et la fiabilité de leurs élections.


Notes

1) « About the Voting Rights Project », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/about

2) « How big was this effort? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

3) « Is this database complete? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

4) « Felon Voting Rights », National Conference of State Legislatures, Updated June 6, 2024.

https://www.ncsl.org/elections-and-campaigns/felon-voting-rights

5) Natasha Khan and Corbin Carson, « Comprehensive Database of U.S. Voter Fraud Uncovers No Evidence That Photo ID Is Needed », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud

6) La Heritage Foundation figure en sixième place des 110 groupes de réflexion (think tanks) les plus influents des États-Unis, et en treizième place des 174 groupes de réflexion les plus influents du monde. Voir :

James G. McGann, « Global Go To Think Tank Index Report 2020 », Think Tanks and Civil Societies Program, Lauder Institute, University of Pennsylvania, January 28, 2021, pp. 65, 90.

https://www.bruegel.org/sites/default/files/wp-content/uploads/2021/03/2020-Global-Go-To-Think-Tank-Index-Report-Bruegel.pdf

7) La Heritage Foundation a publié un livre de 434 pages, qui contient 1176 cas de fraude électorale, ayant débouché sur une condamnation judiciaire, jusqu’en 2018 :

« A Sampling of Election Fraud Cases from Across the Country », Heritage Foundation, 2019.

https://www.congress.gov/116/meeting/house/108824/documents/HHRG-116-JU00-20190129-SD020.pdf

8) On peut le vérifier en explorant la base de données :

https://www.heritage.org/voterfraud/search

9) Hans von Spakovsky and Katie Samalis-Aldrich, « Heritage’s One-of-a-Kind Election Fraud Database Hits 1,500 Cases », Daily Signal, January 29, 2024.

https://www.dailysignal.com/2024/01/29/heritages-one-kind-election-fraud-database-hits-1500-cases

10) Katie Samalis-Aldrich and Hans von Spakovsky, « The Heritage Foundation’s Election Fraud Database Tops 1,300 Cases », Daily Signal, December 11, 2020.

https://www.dailysignal.com/2020/12/11/the-heritage-foundations-election-fraud-database-tops-1300-cases

11) Jack Kelly, « Voter Fraud is Real », Pittsburgh Post-Gazette, December 18, 2011.

https://www.post-gazette.com/opinion/jack-kelly/2011/12/18/Voter-fraud-is-real/stories/201112180155

(Pour consulter cet article, il est nécessaire d’utiliser l’extension Anonymox ou un VPN, car le site du Pittsburgh Post-Gazette n’est pas accessible depuis l’Europe.)

12) « Décision n° 2022-195 PDR du 13 avril 2022 : Déclaration relative aux résultats du premier tour de scrutin de l’élection du Président de la République », Conseil Constitutionnel.

https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2022/2022195PDR.htm

13) « How responsive were officials to the public-records requests? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

14) « Votes by state for Biden and Trump », in: « Presidential candidates, 2020 », Ballotpedia.

https://ballotpedia.org/Presidential_candidates,_2020

Cette réforme éducative qui ulcère les Afrikaners

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En Afrique du Sud, une nouvelle loi sur l’éducation a suscité des débats houleux parmi les élus de la nation et a ravivé les tensions dans un pays marqué par une histoire complexe en matière de race et de langue. La loi, récemment signée par le président Cyril Ramaphosa, vise à rendre l’éducation plus équitable, mais divise également les communautés, en particulier celle des Afrikaners qui accusent le gouvernement de discrimination à leur encontre.


À la tête de l’Afrique du Sud depuis 2018, le président Cyril Ramaphosa a signé, vendredi 13 septembre, le projet de loi portant modification des lois fondamentales sur l’éducation (BELA). Cette réforme a pour objectif principal de réduire les inégalités économiques et éducatives héritées de l’apartheid, et de renforcer les bases de l’apprentissage pour les jeunes enfants, en particulier ceux issus des communautés noires. 

En effet, selon les statistiques de 2022 sur le sujet, malgré une augmentation du taux de scolarisation secondaire chez les adolescents noirs, passé de 9,4% en 1996 à 34,7% en 2022, seules 9,3% de ces personnes accèdent aux études supérieures, contre 39,8% de la population blanche. « La loi que nous signons aujourd’hui ouvre encore plus les portes de l’apprentissage. Elle permettra aux jeunes enfants d’être mieux préparés à l’enseignement formel », a déclaré Cyril Ramaphosa lors de la signature du document officiel à Pretoria.

Cependant, deux sections particulièrement controversées de la loi, portant sur la gestion des langues d’enseignement et les politiques d’admission, ont été suspendues pour trois mois supplémentaires, afin de permettre des consultations supplémentaires entre les factions gouvernementales…

La langue, un enjeu culturel et politique pour les Afrikaners

Au cœur du débat, se trouvent les clauses de la loi conférant au gouvernement national la possibilité de prendre des décisions finales concernant les politiques linguistiques et d’admission dans les écoles. Historiquement, cette responsabilité était du ressort des conseils scolaires. Cette modification est perçue par certains comme une menace à l’enseignement en langue maternelle, notamment pour les communautés afrikaner et métisse (coloured)  d’Afrique du Sud. Pour ces dernières, la langue afrikaans, parlée par 15 millions de personnes dans toute l’Afrique australe, n’est pas seulement un moyen de communication, mais également un symbole fort de leur culture et de leur identité.

A lire aussi: Le système électoral américain: un incroyable fouillis qui favorise la fraude

Les écoles afrikaansophones dénoncent les pressions gouvernementales visant à privilégier l’anglais comme langue d’enseignement, craignant une érosion progressive de l’usage de l’afrikaans dans les établissements scolaires. Parmi les 23 719 écoles publiques du pays, environ 10 % utilisent l’afrikaans comme langue d’enseignement principale ou secondaire. Cependant, pour les autorités, cette réforme vise à éviter que des enfants soient exclus en raison de leur incapacité à parler l’afrikaans, un problème soulevé par des parents noirs depuis la fin de l’apartheid. Ainsi, en janvier 2023, des dizaines de parents noirs avaient manifesté devant la Laerskool Danie Malan, une école de Pretoria qui utilise largement l’afrikaans et le setswana (une autre des 11 langues officielles d’Afrique du Sud), affirmant que leurs enfants avaient été refusés pour des raisons « racistes », soulevant une vaste polémique en Afrique du Sud.

Une histoire douloureuse autour de l’afrikaans

L’enseignement en afrikaans est une question particulièrement sensible en Afrique du Sud, notamment en raison de son association historique… avec l’apartheid. Alors que pour une partie de la population blanche, cette langue représente l’autodétermination et la liberté, pour la majorité noire, elle est synonyme d’oppression et de discrimination. Dérivé du néerlandais auxquels se sont greffés des vocabulaires allemands, français ou même malais, la langue afrikaans a été le premier ciment nationaliste des afrikaners au cours du XIXe siècle, lesquels l’ont ensuite imposé comme langue administrative au détriment de l’anglais dès les premières années de la mise en place de la ségrégation raciale (1948). Un enseignement mal vécu par la majorité noire qui a fini par se soulever en 1976 depuis le township de Soweto. Une révolte sévèrement réprimée par le régime de l’apartheid, qui avait fait entre 176 et 700 victimes.

Aujourd’hui, seuls 9% des noirs parlent cette langue que l’on peut entendre facilement dans les provinces du Cap-Nord et du Cap-Occidental et qui a des partisans acharnés, notamment parmi les chanteurs phares de l’Afrikanerdom, come Bok van Blerk ou Steve Hofmeyr.

Opposition et contestations

La communauté afrikaansophone, ainsi que des groupes de défense tels que AfriForum, ont vivement critiqué la loi et menacent de porter l’affaire devant les tribunaux. Ils considèrent que l’amendement linguistique constitue une attaque directe contre l’afrikaans et l’identité afrikaner. « L’afrikaans a déjà été érodé dans les universités publiques du pays de la même manière », a déclaré le mouvement d’extrême-droite. Dans le même temps, des membres de l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition et membre du gouvernement d’union nationale, ont également exprimé leur mécontentement face à la décision de M. Ramaphosa. Le chef de la DA, John Steenhuisen, a menacé de riposter politiquement, critiquant le fait que les partenaires de la coalition gouvernementale n’aient pas été suffisamment consultés, ravivant les tensions raciales encore très perceptibles dans un pays déjà profondément marqué par une ségrégation sociale importante et persistante.

Alors que le gouvernement cherche à rendre l’éducation plus accessible et inclusive, les questions linguistiques demeurent un terrain plus sensible que jamais. Et un échec pourrait pousser la minorité blanche à se radicaliser et à se recroqueviller sur elle-même, voire à faire sécession.

Valérie Gans, une autre voix est possible

Valérie Gans publie un nouveau roman, La question interdite, dans lequel elle dénonce les dérives du féminisme et le tribunal des émotions. La romancière a également fondé sa propre maison d’édition, Une autre voix, pour lutter contre le wokisme qui gangrène la littérature actuelle.


Dans La question interdite, Valérie Gans nous plonge dans une société où la vérité est sacrifiée sur l’autel du conformisme. Ce roman audacieux raconte l’histoire d’Adam, un vidéaste accusé à tort de pédocriminalité par Shirin, une adolescente manipulée par sa mère. À travers ce récit, Gans met en lumière les dérives du féminisme contemporain, du wokisme et de la justice médiatique, rappelant les dangers d’un tribunal populaire où l’émotion prime sur la raison.

Loin de minimiser la gravité des véritables crimes, Gans interroge cette tendance inquiétante à juger et condamner sans preuve, sous l’influence des réseaux sociaux et des foules hystériques. Elle rejoint ainsi des penseurs comme Jürgen Habermas, qui affirme que la démocratie ne peut survivre sans un espace public pour la discussion rationnelle. Ce roman appelle à réhabiliter la nuance et la raison dans une société de plus en plus polarisée, où la suspicion remplace l’investigation et où la condamnation publique est instantanée.

Une autre voix : un engagement littéraire audacieux

Pour défendre la liberté de penser, Valérie Gans a fondé sa propre maison d’édition, Une autre voix. Ce projet incarne une rébellion contre la censure et le conformisme idéologique qui dominent l’industrie littéraire actuelle. Gans y prône la diversité des opinions et des récits, s’opposant à l’autocensure qui se généralise et à l’emploi de sensitivity readers.

Le manifeste d’Une autre voix est clair : il s’agit de redéfinir l’espace littéraire en brisant les carcans imposés par les dictats sociaux et idéologiques, et en défendant une littérature authentique, sans compromis. Cette maison d’édition milite pour un retour à la liberté d’expression, sans censure et sans déformation de la réalité.

L’effet de meute : quand la foule prend le pouvoir

L’un des thèmes centraux de La question interdite est l’effet de meute, ce phénomène où l’individu se dissout dans une foule assoiffée de justice expéditive. Gans illustre comment la société actuelle, avide de coupables, se précipite de juger et de condamner avant même que les faits ne soient établis, un lynchage médiatique que Durkheim et Bourdieu auraient décrit comme la nouvelle forme de violence symbolique.

A lire aussi: Anatomie d’une descente aux enfers

Cette dynamique est amplifiée par les réseaux sociaux, où chacun peut, en quelques clics, participer à la destruction d’une vie. Adam devient ainsi la victime d’une « chasse aux sorcières » moderne, son destin brisé par une accusation infondée. Gans démontre ici les ravages d’une justice populaire qui ne laisse aucune place à la défense ou à la nuance.

Wokisme et cancel culture : la nouvelle inquisition

Valérie Gans ne cache pas son scepticisme envers le wokisme, qu’elle décrit comme une nouvelle forme d’inquisition. Dans ce contexte, l’idéologie dominante impose une pensée manichéenne, un contrôle permanent des idées et des mots, comme Orwell le décrivait dans 1984. Ce carcan idéologique, qui se cache derrière des apparences de justice sociale, menace la liberté d’expression et étouffe le débat.

Dans La question interdite, la manipulation de Shirin par sa mère incarne cette dérive : la fausse accusation est acceptée non pas en raison de preuves, mais parce qu’elle correspond aux normes sociales en vigueur. Michel Foucault, dans Surveiller et punir, alertait sur les dangers d’un contrôle total des idées. Gans dépeint un monde où la vérité n’a plus de place et où le doute est criminalisé.

Le féminisme face à ses excès

Si Valérie Gans questionne les dérives de certains courants féministes, elle ne rejette pas le mouvement dans son ensemble. À travers le personnage de Shirin, elle montre les dangers d’une victimisation systématique qui essentialise les rôles de bourreau et de victime. Ce discours fait écho aux critiques d’Élisabeth Badinter, qui, dans Fausse route, dénonçait les excès d’un féminisme radical, source d’incompréhensions entre les sexes.

Gans appelle à une autocritique salutaire du féminisme, afin de préserver sa pertinence. En posant la question dérangeante : « Et si ce n’était pas vrai ? », elle rappelle que le féminisme, comme toute idéologie, ne doit pas être au-dessus de la critique.

Une société sous surveillance : la mort de la vérité

La question interdite offre une vision dystopique d’une société où chaque interaction est surveillée, où la suspicion est devenue la norme, et où les relations humaines sont soumises à une transparence totale. Gans anticipe ainsi une société du contrôle social, où chacun est jugé non sur ses actes, mais sur la perception subjective de ces derniers, une situation qui rejoint les théories de Byung-Chul Han dans La société de la transparence.

Cette omniprésence du jugement public détruit la confiance et pousse à l’autocensure. Gans montre à quel point ce climat délétère empêche toute véritable communication et paralyse les relations authentiques.

Un appel à la révolte contre le conformisme

Malgré la noirceur de son récit, Gans laisse entrevoir une lueur d’espoir. Vingt ans après les faits, Shirin, rongée par le remords, tente de rétablir la vérité en publiant un message sur les réseaux sociaux. Si ce geste n’efface pas les injustices commises, il symbolise la quête inlassable de la vérité, un combat que Camus jugeait nécessaire, même s’il est souvent vain.

La question interdite est un appel à résister à la tyrannie de la pensée unique et à réhabiliter la nuance et la liberté de penser. Valérie Gans, avec ce roman et à travers sa maison d’édition, incarne un engagement contre la censure sociale, médiatique et éditoriale. Elle nous invite à retrouver le courage de questionner les certitudes et à défendre, coûte que coûte, la liberté d’expression.

Une rencontre-débat avec Valérie Gans et ses auteurs est organisée jeudi 28 novembre 2024 dès 19h à l’hôtel la Louisiane 60 rue de Seine, Paris 6e. Inscriptions par sms au 06 84 36 31 85 

La question interdite, de Valérie Gans, Une autre voix, 2024

ÉPREUVE : La Question interdite

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État de droit, que de frime on commet en ton nom

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Estimant que sa priorité consiste à protéger la nation, le ministre de l’Intérieur a osé dire que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Lors de la déclaration de politique générale hier, il a été désavoué par le Premier ministre qui entend donner des gages aux centristes mollassons.


Le syndicat des beaux esprits et grandes âmes s’est trouvé une nouvelle marotte : l’État de droit. Depuis que le ministre de l’Intérieur a déclaré que celui-ci n’était « ni intangible ni sacré », ils ont découvert qu’ils l’adoraient. Par exemple, quand ils subventionnent des associations qui aident les migrants à transgresser nos lois ; quand ils affirment que la police, seule détentrice de la force légale, « assassine » ; quand ils applaudissent un zozo qui appelle à l’intifada en plein Paris ; quand ils s’opposent à une perquisition menée sous la responsabilité de la Justice en braillant « La République, c’est moi » ; quand ils estiment que l’émotion justifie une manifestation interdite (ça c’était Christophe Castaner à propos d’une manifestation du comité Traoré à la fin du confinement). C’est comme ça, l’État de droit, ils y pensent jour et nuit.

Festival de jérémiades

La macronie et la gauche nous ont donc offert un nouveau festival de jérémiades et offuscations, chacun faisant mine de penser que Bruno Retailleau appelait de ses vœux un régime policier où l’arbitraire remplacerait la règle de droit. « Retailleau remet en cause l’État de droit, c’est-à-dire la séparation des pouvoirs, la justice indépendante, les libertés fondamentales », déclare sobrement Manuel Bompard. « Retailleau fait comme s’il gouvernait déjà avec l’extrême droite », ose Olivier Faure. « L’État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne puisse faire ce qu’il veut. Renforçons l’application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l’État de droit », s’enflamme Yaël Braun-Pivet.

On ne s’étonne pas des imprécations venues de la gauche, qui continue de vivre dans une réalité parallèle. Ainsi, dans sa réponse au discours de politique générale de Michel Barnier, l’inénarrable Panot continue à expliquer que le Nouveau Front populaire a gagné l’élection et à réclamer avec force glapissements, la nomination de la très baroque Lucie Castets, dont les Français ont déjà oublié le nom et les inepties qu’elle a prononcées. Mais si on en doutait, cet épisode ridicule montre à quel point les macronistes sont sous l’emprise de leur surmoi de gauche.  Alors qu’ils sont contraints de soutenir un gouvernement de droite, leur obsession, c’est de montrer par tous les moyens qu’eux ne mangent pas de ce pain-là. Gabriel Attal ne s’en cache pas. À l’Assemblée, hier, il n’a cessé de roucouler en direction de la gentille gauche, celle qui n’a avec LFI qu’une misérable alliance électorale, mais rien en commun rassurez-vous. À l’évidence, Attal et ses troupes attendent en embuscade que le gouvernement tombe pour jouer à embrassons-nous Folleville avec leurs copains du PS. Il ne faudrait pas qu’on cesse de les recevoir sur France Inter. En faisant de Bruno Retailleau leur tête de turc, ils achètent leur place à l’église.

Barnier contraint de recadrer Retailleau

Le pire, c’est que Michel Barnier a dû mettre genou à terre. Non seulement il a recadré son ministre, lui imposant une sorte de mea culpa, ce qui a enchanté la presse de gauche, mais il a été contraint de proclamer dans son discours que l’Etat de droit était sacré, reconnaissant ainsi qu’il était tenu par les macronistes et provoquant un soupir agacé de Marine Le Pen. Pris en sandwich entre Attal et Le Pen, le Premier ministre ne va pas être à la fête.

Si le clan des offusqués cherchait autre chose que l’occasion de prendre des poses avantageuses, la sortie de Retailleau aurait pu être l’occasion d’un beau débat, essentiel pour le pays.

L’État de droit, tel que nous l’avons bâti, c’est l’infrastructure juridique de la démocratie. Un ensemble de règles, adoptées par les représentants du peuple souverain, auquel les gouvernants sont soumis comme n’importe quel citoyen. C’est donc la garantie contre l’arbitraire du pouvoir. L’Etat de droit signifie que le gouvernement ne peut pas vous faire embastiller sans raison.

Seulement, cet État de droit a changé de nature, parce que le droit dont il garantit la primauté a changé de nature. Il s’agit de moins en moins de droit positif et de plus en plus d’une interprétation jurisprudentielle très libre de ce droit. La Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État sont habilités, dans leurs domaines respectifs, à dire comment on doit lire la Constitution et les lois adoptées par des élus. De même, la Cour européenne des droits de l’Homme décide de la façon dont la Convention du même nom doit être comprise et appliquée. Or, depuis au moins une dizaine d’années, ces éminentes juridictions nationales et internationales interprètent tous les textes dans le même sens : toujours plus de droits pour les individus, y compris les délinquants, criminels et terroristes, toujours moins de droit pour les Etats de se protéger. C’est ainsi que la CEDH a sommé la France d’annuler l’expulsion d’un Tchétchène radicalisé. Sans succès heureusement. Sauf que, quand c’est le Conseil d’Etat qui annule une expulsion, le gouvernement ne peut pas l’envoyer bouler.

L’État de droit n’est plus un ensemble de règles adoptées par la voie démocratique, il est devenu une idéologie qui change les règles sans que jamais les peuples soient consultés sur ce changement. C’est l’État de droit qui impose aux Français un multiculturalisme qui leur va mal au teint. C’est l’État de droit qui s’oppose au bon sens. Bruno Retailleau a raison. Il faut changer l’État de droit. Ou on finira par en dégoûter les Français.

Quand les Français subventionnent des journaux qui veulent faire taire les esprits dissidents

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L’Humanité. La Croix. Libé… Face à eux: les climatosceptiques, comme Steven Koonin, les critiques des théories sur le genre farfelues de Judith Butler, ou ceux qui s’indignent du concept de « masculinité toxique », comme Sabine Prokhoris. Tous sont placés sous surveillance journalistique.


La presse mainstream est une presse largement subventionnée. Certains titres semblent s’en tirer mieux que les autres, et voient le montant de leurs aides publiques augmenter au fur et à mesure que l’idéologie progressiste, écologiste et woke imprègne un peu plus chaque jour leurs colonnes.

Il est par conséquent de plus en plus difficile de pouvoir dire, à l’aveugle, de quel journal a été extrait tel ou tel article sur l’écologie, la théorie du genre ou le féminisme. La presse subventionnée offre un panel d’articles interchangeables, tous orientés dans le même sens dès qu’il s’agit d’aborder ces sujets. J’en ai choisi trois, issus des journaux parmi les plus financièrement gâtés par l’État et, comme la majorité des journaux français, endoctrinés par l’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme.

Dénigrement grossier

Commençons par La Croix, journal qui a perçu en 2023 presque 10 millions d’euros d’aides publiques, un record. Dans sa livraison du 18 septembre, le quotidien a montré patte blanche au GIEC et adopté la stratégie inquisitoriale de l’audiovisuel public lorsqu’il s’agit de parler d’écologie, à savoir la propagation du dogme climatique et l’excommunication des hérétiques. L’entame de l’article écrit par Diane Merveilleux et intitulé “En librairie, le juteux business du climatoscepticisme” mérite que nous nous y attardions – il est le résumé inconscient de l’esprit censorial qui anime ce papier : « Des livres aux intitulés parfois trompeurs sèment le doute sur l’origine humaine du réchauffement climatique et rencontrent un succès d’audience. Leur présence à côté d’ouvrages scientifiquement sourcés pose des questions liées à la liberté d’expression et à la responsabilité des libraires et éditeurs. »

Quels sont ces livres sur le climat qui, laisse entendre la journaliste de La Croix, ne seraient pas suffisamment sérieux et « sourcés » ? Ce sont d’abord ceux de François Gervais (1). Physicien, médaillé du CNRS en thermodynamique, lauréat du Prix Ivan Peyches de l’Académie des sciences, François Gervais a également été expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. Ce sont ensuite ceux de Benoît Rittaud, mathématicien et président de l’Association des climato-réalistes (2). Ce sont également ceux de Vincent Courtillot, géophysicien multirécompensé pour ses travaux, ancien président de l’European Union of Geosciences, enseignant entre autres au California Institute of Technology (3). C’est enfin celui de Steven Koonin, physicien et ancien conseiller scientifique de Barak Obama (4). Ayant, à l’inverse de la journaliste de La Croix, lu presque tous les livres de ces scientifiques (j’ai rendu compte de ceux de François Gervais et Steven Koonin dans ces colonnes), je peux attester de la quantité et de la qualité des sources de ces ouvrages. Au contraire de ce qu’affirme Diane Merveilleux, les scientifiques incriminés ne contestent pas le réchauffement climatique mais mettent en doute son origine anthropique, le rôle du CO2 dans ce réchauffement, les prédictions apocalyptiques de certains rapporteurs du GIEC et des écologistes radicaux ainsi que les moyens mis en œuvre pour lutter contre ce que ces derniers appellent abusivement le « dérèglement climatique ». Certains de ces ouvrages sont indispensables si l’on désire également comprendre le fonctionnement de la machine technocratique appelée GIEC et son influence sur les milieux politiques et scientifiques ainsi que sur les médias. La Croix aurait pu également citer les propos de John Clauser – le prix Nobel de physique 2022 ne cesse de dénoncer cette climatologie dévoyée et « métastasée en un mastodonte de pseudo-science journalistique » – et de nombreux autres encore, tous black-listés au nom du dogme climatique gravé dans les rapports de synthèse du GIEC.

Incapable d’étayer son article à charge autrement qu’avec les critiques habituelles et ressassées de l’écologie politique, la journaliste de La Croix semble plus à l’aise quand il s’agit de dénigrer grossièrement les dissidents et d’envisager leur élimination, sinon physique, du moins médiatique. La remise en cause des rapports du GIEC étant comparable, selon elle, aux « “vérités alternatives”, terme utilisé pour décrire le rapport aux faits de Donald Trump et de la droite radicale américaine », elle se désole de ce que « la réfutation du changement climatique [devienne] une opinion comme une autre, défendable au nom de la liberté d’expression » ; en conséquence de quoi, elle regrette qu’une maison d’édition comme l’Artilleur publie les contrevenants à la doxa. D’ailleurs, écrit-elle, il y a un « problème » concernant Damien Serieyx, éditeur à l’Artilleur : celui-ci avoue ne rien connaître aux sciences du climat. Il a visiblement échappé à la journaliste de La Croix que L’Artilleur n’est pas une revue scientifique mais une maison d’édition qui publie de nombreux essais concernant différents domaines dont l’éditeur n’a pas à être un spécialiste. C’est ainsi que nous devons à cette maison la parution des livres de Christopher Caldwell, Roger Scruton, Douglas Muray, Michèle Tribalat, Ingrid Riocreux, Charles Onana, Driss Ghali et quelques autres auteurs dont nous supposons qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès des journalistes de La Croix. [À ce sujet, je renvoie à l’excellent article de Bérénice Levet paru dans ces colonnes le 27 décembre 2022 , “Damien Serieyx, un éditeur à l’offensive”].

Chaque libraire pouvant choisir ou non de « glisser dans ses rayons des livres allant à l’encontre du consensus scientifique sur le réchauffement climatique », Diane Merveilleux constate avec bonheur qu’il en existe qui « veillent à ne pas exposer ces thèses sur leurs rayons ». « À côté de tout ce qu’on a en rayon écologie, cela pourrait dégrader l’image de la librairie », déclare ainsi Gwendoline Rousseau, libraire à Montpellier. En revanche, déplore la journaliste, en plus des librairies décidées à rester neutres, les sites de vente comme la Fnac ou Amazon voient les ouvrages honnis se vendre comme des petits pains. Il serait temps que cela cesse, suggèret-elle, car « même à considérer que le climat ne serait qu’une affaire d’opinion, l’argument de la neutralité ne tient pas : la Fondation Jean Jaurès rappelle en effet que seule 0,1% de la communauté scientifique défend des thèses climatosceptiques ». Ce chiffre farfelu et invérifiable est ce qu’on appelle un chiffre magique : sorti d’on ne sait où, il éblouit les profanes et envoûte les journalistes depuis des années. En parlant de neutralité… je note que la Fondation Jean Jaurès réalise ses enquêtes sur le climat soit en collaboration avec des rapporteurs du GIEC, soit en partenariat avec la Banque européenne d’investissement, banque dont l’activité principale consiste à emprunter sur les marchés financiers les fonds nécessaires pour soutenir les projets de l’UE. Parmi ces projets, l’économie « écologique » – implantation de centaines de parcs éoliens et de champs de panneaux solaires, fabrication de véhicules électriques, création d’entreprises de « décarbonation », création d’entreprises « rénovant » les bâtiments existants en prenant en compte les nouvelles normes environnementales créées chaque année, etc. – a pris une place prépondérante. Pour rappel, la COP27 a confirmé l’engagement financier mondial attendu pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 : 150 000 milliards de dollars ! De quoi ouvrir les appétits de quelques ogres prêts à tout pour se gaver. 

Petite remarque en passant. Tous les auteurs susnommés sont décrits avec les mêmes éléments de langage dans les fiches que l’encyclopédie gaucho-wokiste Wikipédia leur consacre respectivement : le terme « climatosceptique » y est maintenant souvent remplacé par celui de « climatodénialiste » – mot issu de la novlangue écolo et inspiré du mot anglais denialist qui signifie… négationniste ; le point Godwin n’est pas loin ! – et les thèses de ces scientifiques y sont régulièrement accusées d’être des thèses complotistes. Le plus drôle que j’aie lu, à propos du physicien John Clauser : « Il s’est depuis illustré pour ses propos dénialistes concernant le changement climatique, sujet hors de son domaine de compétence ». Cette affirmation imbécile repose sur un seul article notifié en bas de page et écrit par une journaliste de… l’AFP reprenant mot pour mot l’argumentation de représentants du… GIEC. Si je voulais de mon côté citer le nom des personnes, journalistes pseudo-scientifiques, militants écolos ou rapporteurs du GIEC, qui n’ont réellement aucune compétence scientifique et se pavanent pourtant sur les plateaux des radios et des télévisions pour réciter les Saintes Écritures du GIEC, je n’aurais pas assez des quelques pages que la rédaction de Causeur m’accorde pour cet article !

Prière de ne plus contester la théorie du genre 

Beaucoup plus court, un article sur le dernier livre de Judith Butler (5) est un petit bijou de prosternation devant une des idéologies les plus néfastes de ce début de siècle, l’idéologie du genre. Paru dans le Libération du 19 septembre, il est signé d’un dénommé Patrice Maniglier, philosophe et maître de conférences à l’université de Paris-Nanterre. Le chapô annonce la couleur en coloriant de brun les contradicteurs de celle qu’on a coutume d’appeler la papesse du genre : « La philosophe non binaire analyse les réactions effrayées à sa “théorie du genre” et démontre les ressorts – fascistes– qui les sous-tendent. » La soumission de Patrice Maniglier aux thèses de Judith Butler est totale : cette dernière ayant récemment déclaré que son genre était, en attendant mieux, « non binaire », le philosophe décide d’employer l’écriture inclusive et le pronom « iel » pour la désigner. La thèse du dernier livre de Judith Butler ? Les contempteurs de la théorie du genre n’ont pas lu, ou n’ont pas compris, ou ont mal compris son livre phare, Trouble dans le genre – ils ignorent par conséquent de quoi il retourne lorsqu’on parle de « genre ». Et pourtant, assène J. Butler, bizarrement ils en ont peur. Certains, écrit Philippe Maniglier, instrumentalisent cette « peur du genre » et servent ainsi « un projet politique que Butler n’hésite pas à nommer : le fascisme ». Nous y voilà ! Fascisme, droite populiste, extrême droite – aucun de ces termes nauséabonds ne manque dans la description butlérienne des méchants osant critiquer l’idéologie du genre.    

Il faut quand même dire que lire Butler n’est pas une mince affaire. Quand on s’appelle Éric Fassin et qu’on préface la traduction française de Trouble dans le genre, on avoue que « l’ouvrage est sans doute difficile : la discussion est dense, l’expression touffue », comme ça, en passant, et en laissant accroire que ce charabia jargonnant est le gage d’un véritable travail philosophique. De son côté, la psychanalyste Sabine Prokhoris, qui a lu tous les écrits de Judith Butler, assure que la sévérité dont elle fait montre à l’égard de cette dernière « est à la mesure de l’enflure mystifiante du discours butlérien » (6). Sabine Prokhoris rappelle d’ailleurs que, plus tordue que jamais, Judith Butler justifie dans l’introduction de son Trouble dans le genre l’utilisation d’une langue difficile d’accès en affirmant que « ni la grammaire ni le style ne sont neutres du point de vue politique » et que « ce serait une erreur de penser que la grammaire que l’on a apprise est le meilleur moyen d’exprimer des vues radicales, étant donné les contraintes qu’impose cette grammaire à notre pensée, et même à ce qui est simplement pensable ».

Résultat : la « philosophie » déconstructiviste de Judith Butler, rédigée dans une langue elle-même démantibulée, se prête à toutes les contorsions intellectuelles et à toutes les manipulations politiques. Cette théoricienne woke voit ainsi sa « pensée » récupérée par toutes les idéologies du moment, de l’intersectionnalité au racialisme, de l’indigénisme au néo-féminisme, du féminisme décolonial à l’antisionisme, de l’écologisme au transgenrisme. Pour Libération et Patrice Maniglier, Judith Butler est un monument. Pour Sabine Prokhoris, elle est une escroquerie. Disons tout bonnement qu’elle est une monumentale escroquerie.

Religiosité malsaine

L’Humanité a reçu 6,5 millions d’euros d’aides publiques en 2023. Le nombre de ses lecteurs étant de plus en plus faible, c’est le quotidien qui reçoit le plus d’aides par exemplaire diffusé. Sa survie ne tient qu’à un fil – pas question, par conséquent, de s’écarter du chemin de la bien-pensance. Dans son numéro du dernier week-end de septembre, le quotidien communiste s’est penché sur le procès Pélicot – l’occasion, bien sûr, de dénoncer… la domination masculine et le patriarcat ! La journaliste de L’Huma croise la route de Tania, 28 ans. Celle-ci ne supporte plus « la masculinité toxique si facilement entretenue et autorisée dans notre société patriarcale » et porte un tee-shirt arborant un slogan définitif qui devrait ravir Alice Coffin : « Les hommes morts ne violent pas. » Si, pour le quotidien communiste, le viol et le meurtre de Philippine ne sont qu’un « fait divers » instrumentalisé par l’extrême droite, l’affaire de Mazan est en revanche un « fait de société » qui démontre la « toxicité » des hommes, de tous les hommes, élevés dans une « société patriarcale » qui entretiendrait, lorsqu’elle ne les encourage pas, leurs comportements malsains avec les femmes : « Les femmes ne sont pas en danger à cause d’une “horde de sans-papiers”. Elles le sont car la culture du viol imprègne notre société ».L’Humanité coche toutes les cases sémantiques des discours néo-féministes et feint d’ignorer les agressions sexuelles subies de plus en plus souvent dans l’espace public par des femmes victimes d’étrangers qui n’ont rien à faire sur le territoire français. Le journal évoque naturellement les manifestations organisées par le collectif féministe NousToutes en soutien à Gisèle Pélicot et contre « la culture du viol ». Il ne dit pas un mot, en revanche, sur les quelques rassemblements ayant rendu hommage à cette jeune femme victime d’un migrant marocain sous OQTF – entre autres à Paris à l’appel du collectif féministe Némésis – et dont certains ont été perturbés par d’ignobles petites crapules, sans doute les mêmes qui, à la Sorbonne, à Sciences-Po Paris ou Lyon, à l’université de Grenoble, ont rageusement arraché les affiches arborant le portrait de la malheureuse Philippine. Ces comportements odieux n’ont été rapportés ni par L’Huma, nipar La Croix, ni par Libé.

Chacun de ces articles aurait pu paraître indifféremment dans l’un ou l’autre des journaux cités. Voire dans quelques autres. L’écologisme, le néo-féminisme et le wokisme ont supplanté les anciens dogmes et rassemblé sous leurs girons les adversaires d’hier – communistes, gauchistes libertaires, socialistes, centristes de toute obédience et catholiques de gauche parlent aujourd’hui la même novlangue issue du même totalitarisme progressiste et woke empreint, comme tous les totalitarismes, d’une religiosité malsaine. La Croix, Libé, L’Humanité, la majorité des journaux régionaux et de la presse dite féminine, Le Nouvel Obs, Télérama, Le Monde, etc. suivent la même pente idéologique. Le sujet est loin d’être épuisé. Nous y reviendrons sans doute.   


(1) François Gervais : Merci au CO2 ; L’urgence climatique est un leurre, 2020. Impasses climatiques. Les contradictions du discours alarmiste sur le climat, 2022. Le déraisonnement climatique. Climat, énergie, ressources : revenir à la science pour éviter la ruine, 2023. Tous ces livres sont parus aux Éditions de L’Artilleur.

(2) Benoît Rittaud : Le mythe climatique, 2010, Le Seuil. Mythes et légendes écologistes, 2023, L’Artilleur.

(3) Vincent Courtillot : Nouveau voyage au centre de la Terre, 2009, Odile Jacob.

(4) Steven E. Koonin : Climat, la part d’incertitude, 2022, L’Artilleur.

(5) Judith Butler : Qui a peur du genre ?, 2024, Flammarion.

(6) Sabine Prokhoris : Au bon plaisir des « docteurs graves ». À propos de Judith Butler, 2016, PUF. 

Budget: la cigale doit faire place à la fourmi

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De gauche à droite, le ministre de l'Économie Antoine ARMAND, le ministre du Budget Laurent SAINT-MARTIN et le président de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale Eric COQUEREL, Paris, 25 septembre 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Les augmentations d’impôts exceptionnelles pour rétablir les comptes publics, proposées par Michel Barnier, non accompagnées de propositions de réformes structurelles, sont déjà critiquées.


« Notre objectif est de revenir sous le plafond de 3% du PIB pour le déficit public en 2029 », a déclaré Michel Barnier lors de son discours face à une Assemblée nationale indisciplinée où les députés insoumis se sont encore une fois comportés en élèves perturbateurs de fond de classe. L’engagement pris par la France de ramener son déficit à 3% en 2027 ne sera évidemment donc pas tenu… Reste la grande question qui va déterminer l’avenir économique de la France et des contribuables lors des trois prochaines années : va-t-on réduire les dépenses ou augmenter les impôts ? Michel Barnier, s’il n’a pas encore précisé quelles dépenses il comptait couper et quels impôts il comptait créer, a néanmoins commencé à esquisser les grandes lignes de sa politique économique.

Un lourd héritage

La petite joute verbale entre le Premier ministre et son prédécesseur Gabriel Attal, actuellement président du groupe Ensemble Renaissance, était assez amusante pour l’observateur extérieur. Ainsi, Gabriel Attal a lancé à Michel Barnier que « notre pays ne se remettrait pas d’un choc fiscal similaire à celui qui a été imposé au pays il y a dix ans ». Même son de cloche du côté de Gérald Darmanin, éconduit lors de ce remaniement ministériel. Ont-ils oublié qu’ils ont été aux affaires durant les sept dernières années ? Oh ! les trajectoires budgétaires dramatiques que nous observons actuellement étaient déjà en place bien avant, mais la situation s’est considérablement dégradée avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Couverture du quotidien le Parisien, 3 octobre 2024. DR.

Ce n’est pas entièrement sa faute, puisque le président a dû faire face à des crises majeures telles que les gilets jaunes, la pandémie de Covid ou encore l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais il a bien succombé aux sirènes du démagogique argent magique et n’a pas réduit les dépenses par peur de devenir impopulaire. Il aura eu l’aggravation du déséquilibre budgétaire, lequel a conduit la Commission européenne à lancer une procédure pour « dette excessive » contre la France, et l’impopularité quand même…

A lire aussi, Stéphane Germain: Le pouvoir d’achat, ce paresseux mantra

Michel Barnier devra donc composer avec un lourd héritage. Le constat est même terrifiant sur tous les items essentiels. L’institut économique Molinari estime notamment qu’au quatrième trimestre 2024, la dette cumulée par Emmanuel Macron atteindra les 1000 milliards d’euros. Pour donner une idée de la folie douce qui s’est emparée du pays, la dette de la France était de 1730 milliards en 2011 et de 2217 milliards en 2017 à la fin du quinquennat Hollande… pour atteindre aujourd’hui le niveau surréaliste de 3228 milliards ! Encore plus inquiétant, notre dette est en grande partie détenue par des capitaux étrangers et non souverains, contrairement à la dette japonaise par exemple. Cela ne va pas sans conséquences. La France fait peur aux marchés, ce qui défavorise directement les ménages français. Le spread avec l’Allemagne se creuse, provoquant un rendement des obligations françaises de plus en plus faibles, et les taux d’intérêts montent dans des proportions dramatiques. Songez donc que le taux d’intérêt sur les obligations françaises à cinq ans est aujourd’hui supérieur à celui de la Grèce… Prenant acte de cet environnement macroéconomique périlleux, Standard and Poor’s dégradait la note de la France à AA- au printemps. Comment enrayer cette spirale sans provoquer un raz-de-marée social dans une rue chauffée à blanc par l’extrême gauche et sans étouffer les Français d’impôts qu’ils ne peuvent tout simplement plus payer ? C’est la tâche difficile qui incombe aujourd’hui à Michel Barnier avec la présentation du budget.

Les Français ne peuvent pas payer plus d’impôts

La France est le pays le plus taxé au monde. C’est le grand impensé français. Nous payons pour tout et constamment. Nous sommes les plus gros contributeurs européens pour une qualité de vie constamment dégradée et des services publics parfois rendus inefficaces. Ce n’est pas soutenable. Ces contributions financent d’ailleurs directement le système de retraites par répartition, épée de Damoclès pesant sur les actifs et les jeunes. Il faut en finir. Dans une excellente tribune publiée dans Libération, l’économiste Antoine Lévy explique que le levier de l’impôt ne sera pas du tout suffisant pour équilibrer les comptes publics : « (…) la France a d’ores et déjà poussé à un niveau inégalé dans le monde l’imposition des revenus du capital comme du travail, testant les contours de la courbe de Laffer, et parfois dépassant allègrement son sommet ».

Il ajoute que « loin d’être le mythe néolibéral que l’on dénonce parfois, cette courbe ne fait que décrire mathématiquement un phénomène assez banal. (…) Autrement dit, nos taux d’imposition ont atteint un tel niveau que les augmenter davantage n’a plus qu’un impact insignifiant, voire négatif, sur les recettes fiscales. Si « taxer les riches » constitue une mélodie réjouissante pour des manifestants en quête de boucs émissaires, force est donc de constater que le compte n’y est plus ». Pour l’heure, Michel Barnier n’envisage de taxer que les plus grosses entreprises à l’aide d’une taxe se voulant « exceptionnelle » et une taxe pour les Français « les plus riches » qui bénéficient de « stratégies de défiscalisation avantageuses ». Soit. Mais ces deux taxes nouvelles ne sauraient à elles seules rapporter les milliards manquants à l’État, quand bien même seraient-elles ponctuellement mises en œuvre pour parer à l’urgence.

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Il faudra aussi couper dans les dépenses. Les pistes ne manquent pas. Il suffit de lire les différents rapports de la Cour des Comptes, certains sont d’ailleurs tellement gênants que Pierre Moscovici ose à peine les mentionner. Les collectivités locales ont ainsi grandement dérapé ces dernières années, la célèbre antienne voulant qu’il faille « dégraisser le mammouth » de la fonction publique n’ayant d’ailleurs jamais semblé aussi juste. Comme en d’autres matières, notamment la question migratoire et sécuritaire, il est temps de remettre de l’ordre. Ne vous penchez d’ailleurs pas de trop près sur l’argent gaspillé chaque année en France, vous en feriez des cauchemars après avoir rempli votre déclaration de revenus. L’objectif est clair : ne pas augmenter une fiscalité qui pourrait nous rendre encore moins compétitifs que nous ne le sommes déjà – et même la diminuer – tout en réduisant la dette. La solution l’est tout autant : réduire le train de vie de l’État en simplifiant notre administration et en supprimant toutes les dépenses non nécessaires. Nous avons besoin d’un électrochoc avant qu’il ne soit trop tard.

Israël, combien de divisions?

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Des Israéliens manifestent contre Benjamin Netanyahu aux côtés de familles des otages, réclamant un accord immédiat sur leur libération et un cessez-le-feu, Tel Aviv, 16 août 2024 © Matan Golan/SIPA

L’union sacrée qui prévalait au lendemain de l’attaque du Hamas a été de courte durée. Après quelques mois, les fractures politiques et religieuses qui avaient conduit le pays au bord de la guerre civile sont de nouveau ouvertes. Seules des élections permettront d’apurer le passif. Mais les jours de Benyamin Nétanyahou à la tête du gouvernement ne semblent pas comptés.


Ceux qui se sont rendus en Israël dans les semaines qui ont suivi le 7-octobre ont ressenti cette atmosphère très particulière d’un pays en guerre : ce mélange d’angoisse existentielle et d’une drôle d’euphorie, due à l’unité retrouvée, la société mobilisée pour pallier les carences de l’État, équiper les réservistes rappelés à la hâte, collecter qui des portables, qui des gilets pare-balles, tandis que la moitié des restaurants du pays préparaient des repas pour les soldats. Lorsque je m’y suis rendu fin octobre, les souvenirs sont remontés. Ceux de la guerre des Six Jours de 1967 sont vagues, ceux de la guerre du Kippour en 1973, encore vivants. On se sentait immédiatement proche des inconnus croisés dans la rue, voire des gens qu’on n’aimait pas la veille. Durant les longues heures dans les abris, quand on se retrouvait pour aider les familles dont le père était mobilisé, même la méchante voisine, celle qui arrosait la pelouse pour nous empêcher de jouer sous sa fenêtre, est devenue sympathique. Aviad Kleinberg, historien et président du Centre universitaire Ruppin, près de Netanya, a observé la même réaction collective après le 7-octobre. Sous le choc, un traumatisme presque physique provoqué par la surprise, l’horreur, le sentiment que le ciel vous tombe sur la tête, la société mobilise toutes ses forces et se met en mode survie. On encaisse les coups ensemble, les dents serrées.

Consensus national mis à mal

Nombre d’Israéliens sont nostalgiques de ces guerres-là. C’est que cette fois, cette façon de faire peuple dans la nuit n’a pas duré. Ce que Raphaël Jerusalmi remarque d’emblée : « Cette fois, l’union sacrée a été de courte durée. Même la question des otages ne rassemble pas la société israélienne. » Cet ancien élève de Normale Sup, qui a émigré en 1980 et mené en Israël une carrière militaire avant de devenir écrivain, traduit une amertume largement partagée. Un an après, la société israélienne semble avoir retrouvé le statu quo ante bellum. C’est-à-dire la confrontation de deux Israël qui ne s’accordent plus sur un projet collectif.

Je lui objecte que la guerre du Liban avait déjà sacrément mis à mal le consensus national. Les deux camps, formés pendant les négociations de paix avec l’Égypte à la fin des années 1970, puis solidifiés autour des la question palestinienne et de la présence juive en Cisjordanie, se sont alors opposés sur la guerre elle-même, contestée par une grande partie de l’opposition. Après le massacre de Sabra et Chatila, perpétré par les alliés libanais d’Israël, la contestation s’est intensifiée, forçant le gouvernement à créer une commission d’enquête qui précipite la fin de la carrière politique de Menahem Begin et impose à Ariel Sharon une longue traversée du désert. Jerusalmi pense que « les divisions de l’époque n’ont rien à voir avec celles qui minent la société israélienne aujourd’hui ». Tout indique que, malheureusement, il a raison.

La cacophonie juive est une vieille affaire, comme le suggère la blague qui dit que deux juifs ont trois opinions. Mais jusque-là, ils avaient une langue commune, fût-ce pour s’invectiver. Pendant les neuf mois de contestation massive qui ont précédé 7-octobre, les deux camps sont devenus comme étrangers l’un à l’autre. Le côte-à-côte a viré au face-à-face. L’affrontement idéologique a libéré de part et d’autre une telle violence verbale qu’on a pu parler de guerre civile. Kleinberg et Jerusalmi, comme nombre d’intellectuels israéliens, pensent que le projet de réforme judiciaire proposée par le gouvernement Nétanyahou début janvier 2023 et la mobilisation inédite de la société civile contre lui ont provoqué une déchirure que même la guerre n’a pu réparer, peut-être parce qu’elle est irréparable. C’est qu’au-delà de la réforme judiciaire, qui vise à priver la Cour constitutionnelle du droit de censurer une loi, ce sont deux conceptions du judaïsme et de l’État juif qui s’opposent.

Des civils israéliens préparent des sandwiches pour des soldats réservistes de l’infanterie de retour d’une zone de combat à Gaza, 14 décembre 2023. Jim Hollander/UPI Photo via Newscom/Sipa

Dans les premiers jours qui ont suivi le 7-octobre, alors que les « Frères d’armes », l’organisation issue de l’armée de l’air qui a plus ou moins dirigé la mobilisation, se reconvertissait dans l’aide humanitaire, et que tous les citoyens s’activaient, les ministres, aussi bouleversés que les autres, semblaient encore plus désemparés, parfois honteux. Certains ont esquissé des mea culpa pour la politique menée depuis leur arrivée au pouvoir fin 2022, et surtout pour la véhémence de leurs propos contre les contestataires.

Fin novembre, la libération de 80 otages israéliens, dans le cadre d’un accord entre Israël et le Hamas, marque l’apogée de l’union sacrée. Dès les premiers mois de 2024, les dissensions reviennent, y compris entre certaines familles d’otages. La question se politise, les doutes sur la conduite de la guerre montent alors qu’affluent les images et nouvelles effroyables de Gaza, les pressions américaines se durcissent. Début juin, les représentants de l’opposition qui avaient rejoint le cabinet de guerre démissionnent. La parenthèse est fermée. La majorité, groggy après le désastre, a repris du poil de la bête. Il est de nouveau question de la réforme judiciaire. Cependant, le rapport de forces entre les grandes tribus israéliennes n’est plus le même.

Aviad Kleinberg observe avec tristesse que la guerre a brisé la mobilisation des classes moyennes israéliennes et des élites économiques. Pour lui, c’est une véritable tragédie : « Le 7-octobre a mis fin à un processus de guérison entamé par la société civile israélienne. Un camp politique était en train de se cristalliser autour de l’idée d’une démocratie libérale, mais quand les réservistes sont rentrés début 2024, rien ne s’est passé, et même les leaders du mouvement ont quasiment disparu. » Il est vrai aussi que, depuis un an, les Israéliens n’ont jamais pu se dire que la guerre était terminée et que le temps de la politique avait sonné. Si à Gaza l’intensité des conflits s’est largement atténuée, c’est le contraire au nord, où la guerre avec le Hezbollah libanais s’intensifie et risque d’entraîner l’Iran dans le conflit.

Les cartes dans les mains de Nétanyahou

N’empêche, dans l’opposition, beaucoup croyaient que, dès le retour des réservistes, ceux-ci allaient, comme leurs grands-parents après la guerre du Kippour, envahir les rues sans même quitter l’uniforme pour exiger des élections et la démission des dirigeants politiques et militaires. Ils se sont trompés. Même la découverte, fin août, des corps de six otages exécutés par le Hamas à l’approche des forces israéliennes n’a suscité qu’un éphémère sursaut. « La tristesse et la frustration, constate Kleinberg, ne se sont pas transformées en colère qui fait tomber des gouvernements, mais en résignation qui leur laisse le champ libre. »

Animal politique hors pair, Benyamin Nétanyahou a senti l’essoufflement de cette opposition qui l’avait totalement pris de court en 2023. Entre 2009 et 2018, ces mêmes classes moyennes l’avaient peu ou prou suivi, car il détenait deux cartes gagnantes. Tout d’abord, la conviction, largement partagée en Israël, que la paix avec les Palestiniens était impossible (conviction confortée par les échecs du retrait de Gaza et des négociations entre Olmert et Abbas) et que la seule option était de gérer le conflit et de le contourner par des accords avec les pays arabes (accords d’Abraham). Ensuite, une croissance économique quasiment ininterrompue et un sentiment d’opulence ont détourné le public des questions stratégiques. Ce cocktail prospérité-sécurité, que même quelques conflits avec le Hamas entre 2006 et 2021 n’ont pas perturbé, était un véritable joker électoral qui a plus ou moins anesthésié une solide majorité, allant probablement jusqu’à 60-70 % de l’électorat. Cependant, la popularité personnelle de Nétanyahou n’a cessé de chuter. Le comportement de certains de ses proches, ses mœurs et les affaires lui ont aliéné un bon quart de ses soutiens, qui se sont reportés sur ses anciens alliés devenus rivaux (Bennett, Saar, Lieberman) tout en partageant l’essentiel de ses idées.

Entre 2018 et 2022, tandis que les élections se succèdent à un rythme digne de la IVe République, Nétanyahou lutte pour le pouvoir contre des gens qui pensent globalement comme lui, tout en faisant face à un procès pour corruption et trafic d’influence. C’est pendant ces années qu’il construit l’union avec la droite religieuse qui lui permet de remporter les législatives de 2022. La pierre angulaire de cette alliance, c’est la réforme judiciaire que Nétanyahou et ses alliés messianiques souhaitent ardemment, l’un à cause de son procès, les autres parce qu’ils veulent se délivrer du joug de la « justice impie ».

Il est clair que le 7-octobre a considérablement terni la légende de « Nétanyahou le Winner » et lui a coûté le soutien d’une partie de sa base politique, au point que sa coalition serait, selon les sondages, largement battue dans des élections aujourd’hui. Tout le problème est que, faute d’une mobilisation massive et permanente de l’opposition, rien n’oblige le Premier ministre à appeler à des élections anticipées. Sa courte majorité politique s’accroche au pouvoir, et théoriquement, rien ne l’empêche d’aller au bout de son mandat en novembre 2026. Certains espèrent que sa majorité finira par exploser sur la question de l’exemption militaire des ultra-orthodoxes, qui devient hypersensible avec la guerre. C’est d’ailleurs en partie pour contourner cette rupture flagrante d’égalité, donc pour obtenir leur soutien, que Nétanyahou a lancé la réforme judiciaire. Déjà à l’époque, cette promesse déplaisait à une partie de la base de Nétanyahou ainsi qu’à une fraction de l’électorat religieux nationaliste, deux groupes très sionistes qui encouragent leurs enfants à s’engager. Depuis le 7-octobre, cette situation est devenue inacceptable pour ces électeurs qui ont perdu des dizaines de leurs membres dans les combats. Plus largement, les enquêtes d’opinion publique le confirment, la question de la participation des ultra-orthodoxes à la vie civique est perçue par les Israéliens comme un clivage majeur, presque aussi important que celui qui oppose gauche et droite.

Judaïsation de l’identité israélienne

À la déception de nombreux Israéliens, le 7-octobre n’a pas changé les ultra-orthodoxes. Ni leurs chefs religieux, ni leurs élus, ni les masses populaires de cette « société dans la société » n’ont fait le moindre geste de bonne volonté en direction de leurs concitoyens en armes et leurs familles. Contre vents et marées, ils continuent à affirmer haut et fort que la Thora est le véritable « dôme de fer » qui protège Israël. Et exigent que Nétanyahou tienne parole.

Paradoxalement, cette fracture de plus en plus marquée entre les courants « hilonim » (laïques) et « haredi » (ultra-orthodoxes) va de pair avec une puissante vague de judaïsation de l’identité israélienne. D’après les enquêtes, les Israéliens sont majoritairement croyants (plus de 70 %) et pratiquants – souvent « à la carte », avec des compromis qu’aucun rabbin orthodoxe ne cautionnerait. En effet, tout en étant, d’une certaine façon, de plus en plus juifs, les Israéliens manifestent une ouverture croissante aux courants non orthodoxes (libéraux et conservateurs), et une grande tolérance concernant les mœurs. On fait le kiddouch du vendredi soir avant de partir à la rave-party Nova, on porte la kippa en arborant ses tatouages (strictement proscrits par la loi rabbinique). Raphaël Jerusalmi discerne autour de lui « une reconnexion soudaine entre sionisme et judaïsme, une reconnexion avec l’histoire des pogroms et de l’antisémitisme, jadis confinés aux pages des manuels scolaires, devenus la réalité pour les Israéliens du xxie siècle ». Pour Theodor Herzl, le sionisme devait permettre le dépassement de la dimension religieuse de l’identité juive par sa dimension nationale. Cent vingt ans après sa mort, beaucoup d’Israéliens vivent le processus inverse. Et ce n’est pas le pogrom lancé aux cris d’Allah Akbar le jour où, dans les synagogues, on célèbre dans la joie la révélation du Sinaï, qui risque de les faire changer d’avis.

L’énergie éolienne au pays du Roi Ubu

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En déplacement le 22 septembre 2022 à Saint Nazaire, le président Macron a appelé à « aller deux fois plus vite » sur les énergies renouvelables © Stephane Mahe/AP/SIPA

Les défenseurs zélés de cette énergie ont trop souvent tendance à oublier de dire qu’une éolienne ne produit de l’électricité que quand il y a du vent, et que l’électricité ne se stocke pas. S’il existe, en termes économiques, une réelle complémentarité entre l’éolien et les centrales au charbon et au gaz ailleurs qu’en France, le nucléaire et l’éolien sont en revanche exclusifs l’un de l’autre. Analyse d’André-Robert Victor, l’auteur de La France au bord de l’abîme. Les chiffres officiels et les comparaisons internationales.


On dénombre en France, fin 2023, 2391 installations terrestres de production d’électricité éolienne, pour une capacité (puissance) de 22,0 giga-watts (GW) (cf. Commissariat général au développement durable, 2024). Il convient d’y ajouter sept installations offshore, pour une puissance de 1,5 GW. Dans l’absolu, ce n’est pas négligeable du tout : à titre de comparaison, les 56 réacteurs du parc nucléaire offrent une capacité (seulement) trois fois plus importante, de 61,4 GW. Les projets éoliens en cours d’instruction représentent une capacité supplémentaire potentielle de 11,8 GW.

Le coût de l’éolien

Quelques données de coûts, issues de rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de l’Ademe, et de la Cour des comptes, sont utiles pour saisir les enjeux qui s’attachent au choix du « mix énergétique ». L’investissement initial, en éolien terrestre, est de l’ordre de 1,5 M€ pour installer une puissance de 1 MW (Ademe 2020, et AIE 2020). Ce qui signifie que les 22,0 GW déjà installés ont représenté une mise de fonds initiale d’environ 33 milliards, davantage en fait car certaines installations sont anciennes et les coûts ont baissé depuis les premières installations ; les baisses ont toutefois tendance à s’atténuer depuis quelques années, la technologie étant relativement « mature » (AIE, 2020). Les éoliennes ont une durée de vie de 25 ans.

Pour le nucléaire, l’investissement initial est environ deux fois plus élevé, de l’ordre de 3 M€ pour installer une puissance de 1 MW (AIE 2020), mais les centrales nucléaires ont une durée de vie plus longue : celle-ci est fixée à 40 ans en France par la réglementation ; l’AIE considère que la durée de vie normale d’une centrale est plutôt de 60 ans, sans mesures particulières pour la prolonger. Rapporté à la durée pendant laquelle la capacité est installée, le coût initial par MW est donc du même ordre de grandeur entre l’éolien terrestre et le nucléaire.

Eoliennes: le numéro 76 de « Causeur » dénonçait le massacre des paysages

Les coûts annuels d’exploitation sont sensiblement plus élevés en nucléaire qu’en éolien terrestre : de l’ordre de 60 000 € par an et par MW pour le nucléaire, de l’ordre de 35 000 en éolien terrestre. À l’inverse, une centrale nucléaire tourne à pleine capacité 85% du temps (il faut bien arrêter les centrales de temps en temps pour procéder à des opérations de maintenance), alors qu’une éolienne ne produit de l’électricité que quand il y a du vent : elle atteint sa pleine puissance lorsque le vent souffle à 43 km/h, et doit être mise hors service (pour raisons de sécurité) dès lors que la vitesse du vent atteint ou dépasse 90 km/h. Si le parc éolien tournait à pleine capacité tout au long de l’année, il produirait environ 193 TW.h d’énergie électrique (22 x 365 x 24 = 192 720) ; en 2022 il n’a produit en fait qu’environ 40 TW.h d’électricité primaire. Tels sont les ordres de grandeur à retenir en matière de coûts.

Au total, si l’on considère l’ensemble des coûts tout au long de la durée de vie d’une installation y compris le coût de son démantèlement, le coût de production d’un MW.h d’énergie électrique (ce que l’on appelle le Levelized Cost Of Electricity – LCOE – en anglais) n’est pas très différent entre l’éolien terrestre d’une part, et le nucléaire d’autre part : de l’ordre de 50 à 70 € pour l’éolien selon l’Ademe, voire un peu moins avec certaines hypothèses pour l’AIE, de 40 à 65 € pour l’électricité nucléaire, selon les hypothèses et méthodes de calcul (Cour des comptes, 2021).

L’électricité ne se stocke pas

Si l’on s’en tient à ce qui précède, en termes de coût moyen par MW.h produit, l’éolien soutient donc tout à fait la comparaison par rapport au nucléaire. Mais cela ne serait la bonne façon de raisonner que si l’électricité produite pouvait être stockée en grandes quantités à un prix abordable, ce qui n’est pas le cas. En règle générale l’électricité doit être consommée précisément au moment où elle est produite (et non le lendemain ou trois mois plus tard), donc – s’agissant de l’électricité d’origine éolienne – aux moments où il y a du vent, moments qui n’ont aucune raison a priori de correspondre à des pics de demande. À l’inverse, lorsqu’il n’y a pas (ou peu) de vent et que les éoliennes tournent au ralenti, il faut bien qu’une autre source de production d’électricité, pilotable celle-ci, prenne le relais de la production éolienne défaillante. Cela signifie donc que la capacité des installations éoliennes doit être doublonnée (ce qui est coûteux en investissement initial) : la capacité installée une première fois sous forme d’éoliennes doit être installée une 2e fois, par exemple sous forme de centrales nucléaires ou de centrales thermiques.

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Les centrales nucléaires ne constituent hélas pas un doublon adapté aux éoliennes. Que se passe-t-il en effet en France lorsque nos éoliennes tournent à plein régime ? Nous ne disposons pas de centrales thermiques ou hydrauliques de puissance suffisante que nous pourrions mettre au repos pour absorber le surplus de production. Nous faisons alors face à un afflux d’électricité qui peut représenter de l’ordre de 20 à 25 % de nos besoins (cf. les chiffres supra), alors que ceux-ci sont déjà satisfaits par le parc nucléaire, qui a été dimensionné pour couvrir la majeure partie de notre consommation hormis quelques pics ponctuels. Nous devons donc soit exporter cette électricité surabondante, à prix bradé si les conditions météo sont similaires chez nos clients européens, soit freiner nos réacteurs nucléaires, dont les coûts d’exploitation ne s’en trouvent pas du tout réduits pour autant, quand nous ne pouvons pas exporter. Les éoliennes ne nous servent à rien car leur capacité doublonne celle des centrales nucléaires qui délivrent une puissance constante et suffisante en règle quasi-générale. Autrement dit, les milliards dépensés dans notre pays pour l’équiper en éoliennes ont été dépensés en pure perte.

Les Allemands plus rationnels que nous ? Première nouvelle!

Il en va différemment lorsque ce sont des centrales thermiques qui prennent le relais des éoliennes au repos, comme cela est le cas en Allemagne. Il y a là une certaine rationalité économique, car lorsque les éoliennes tournent et que les centrales thermiques sont mises en conséquence au ralenti, la dépense en combustible de ces dernières (à la différence de nos centrales nucléaires) s’en trouve très sensiblement allégée. En ce sens, il y a une réelle complémentarité entre l’éolien et les centrales au charbon et au gaz, en termes économiques, alors que le nucléaire et l’éolien sont exclusifs l’un de l’autre.

L’Allemagne a fait le choix, sous Angela Merkel et sous la pression des écologistes, de sortir totalement du nucléaire – une réorientation brutale connue sous l’appellation de « Energiewende ». Elle a dû pour cela investir massivement dans les centrales au charbon et au gaz, deux modes de production de l’électricité en moyenne sensiblement plus onéreux que le nucléaire, et qui présentent par ailleurs l’inconvénient d’émettre beaucoup de CO2. En couvrant massivement son territoire d’éoliennes, l’Allemagne a un peu réduit la facture de son MW.h d’électricité, sans toutefois atteindre le faible niveau qu’il lui aurait été permis d’atteindre avec le nucléaire. Elle a ainsi également un peu réduit ses émissions de CO2, mais à la marge seulement : le choix allemand d’un mix énergétique fondé sur le couple centrales thermiques + éoliennes, plutôt que sur le nucléaire, a pour résultat que l’Allemagne émet chaque année 8,5 tonnes de CO2 par habitant alors que la France en émet un peu moins de cinq tonnes.  

Les milliards des éoliennes dans notre pays ont donc été dépensés en pure perte. Mais au fait, par qui ont-ils été payés ? Les exploitants des éoliennes sont des sociétés privées. On ne s’étendra pas sur le fait que la majeure partie des éoliennes implantées sur notre territoire sont fabriquées en Chine, sous l’impulsion de sociétés allemandes et danoises, et que leur démantèlement – le jour venu – posera des problèmes de dépollution du sol quasi-insurmontables en l’état actuel des connaissances. L’électricité produite par les éoliennes est rachetée par EDF à ces sociétés exploitantes au tarif imposé de 82 € / MW.h, tarif qui – comme chacun peut le constater – est sensiblement supérieur au coût de production, il s’agit donc pour les opérateurs privés qui ont investi ce créneau d’une opération très rentable et quasiment sans risque… Et EDF, pour sa part, est dédommagé par le biais de la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), facturée au consommateur au taux de 0,0225 € / KW.h (soit 22,50 € / MW.h). C’est donc le consommateur qui paie en fin de compte.

L’analyse est similaire pour l’énergie photo-voltaïque, les mécanismes sont les mêmes, seuls les paramètres diffèrent. Pour l’anecdote, le prix imposé de rachat de l’électricité photo-voltaïque allait jusqu’à 580 € / MW.h (vous avez bien lu !) à la fin des années 2000, avant qu’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) ne vienne siffler la fin de la récréation, en proposant de revenir à un tarif imposé un peu plus raisonnable. Ce nouveau tarif plus raisonnable n’est toutefois entré en vigueur que pour le flux des nouvelles installations : c’est ainsi que des installations photo-voltaïques encore en service mais datant de cette époque bénéficient toujours d’un tarif de rachat à plus de 500€, ainsi que le confirmait un article des échos publié en 2023.

À l’occasion de son discours de politique générale, le Premier ministre a déclaré vouloir tout à la fois relancer le nucléaire et développer les énergies renouvelables. Cela veut donc dire que l’on va continuer à dépenser des milliards pour installer des éoliennes qui ne serviront à rien. À moins que le développement de l’éolien ne s’accompagne d’un accroissement de la capacité de nos centrales thermiques, auquel cas c’est l’effet sur nos émissions de dioxyde de carbone qui sera désastreux.

La France au bord de l'abîme: Les chiffres officiels et les comparaisons internationales

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Références

  • Ademe (2020) : « Coûts des énergies renouvelables et de récupération en France – Données 2019 », Faits et chiffres, Brochure réf. 010895 ;
  • Agence internationale de l’énergie (AIE, 2020) : « Projected Costs of Generating Electricity », 2020 Edition ;
  • Commissariat général au développement durable (CGDD, 2024) : « Bilan énergétique de la France en 2023 – Données provisoires » ;
  • Cour des comptes (2021) : « L’analyse des coûts du système de production électrique en France », Relevé d’Observations définitives.

D’un Apollon l’autre

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La chroniqueuse de TMC Maia Mazaurette. Image : Capture TF1+

La chroniqueuse woke de « Quotidien » a tenu vis-à-vis du nageur Léon Marchand des propos qui auraient valu la guillotine néoféministe à tout individu mâle tenant un discours similaire vis-à-vis d’une femme.


J’ignorais que la ruralité fût un sujet de prédilection de la très parisianiste émission de télé Quotidien. Le programme que pour rien au monde le bobo woko, généreux donateur à l’ONG Progressisme Sans Frontières ne raterait. La ruralité, c’est un peu loin de lui, comprenez-vous. Et pourtant, dans le numéro d’avant-hier nous avons eu droit à une séquence qui n’a pas été sans rappeler au provincial indécrottable que je suis l’ambiance des marchés aux bestiaux de ma jeunesse. Vous savez lorsqu’au petit matin, sur le champ de foire, d’un œil exercé, les connaisseurs auscultent le taureau, jugent à sa musculature, à l’harmonie de ses formes s’il fera un bon reproducteur ou pas. On tâte, on jauge, on soupèse ce qu’il convient de soupeser, et on se prononce.

À l’antenne de Quotidien, pas de taureau, un athlète, Léon Marchand, notre nageur en or massif. Pas de maquignon à l’œil humide de buveur matinal, mais une experte en choses du déduit. Du sexe si vous préférez, Madame Maïa Mazaurette en personne. 

Références morphologiques à l’appui, l’œil un peu humide, justement façon maquignon, à l’évocation des ondulations du corps parfait dans l’eau, métaphore selon elle de la danse coïtale, elle déclare en substance: « Cré vin diou ! En v’là une belle bête, un biau mâle. Du tout bon pour la galipette polissonne et engrosser. » Les termes ne sont pas tout à fait ceux-là, mais l’esprit est bien celui-ci.

A lire aussi: Anatomie d’une descente aux enfers

Sur le plateau, on rit. Si le nageur avait été une nageuse et qu’un brave gars un peu porté sur la chose s’était permis le tiers du quart de ces propos, on n’aurait moins rigolé. C’eût été immédiatement le branle-bas féministe Metoo, avec dépôt de plainte en bonne et due forme et, pour bien marquer les esprits, défilé de Mazaurettes avec pancartes et slogans vengeurs rue des Martyres. Passons. N’en faisons pas non plus toute une affaire. Léon Marchand, le premier concerné, a pris cela avec le sourire. On ignore si la dame, en experte consciencieuse, est allée jusqu’à soupeser ce qui, comme nous l’avons dit, convient d’être soupesé avant tout verdict. Si tel est le cas, cela ne s’est pas fait à l’antenne. À Quotidien, on sait se tenir.

Une ombre cependant. La déception de celui qui, jusqu’à cette émission pouvait croire être l’archétype de l’Apollon inspirant le désir, l’amour. Le monde entier d’ailleurs, voilà peu, avait été invité à le croire avec lui. Que sa déception doit être grande ! Je pense évidemment à Philippe Katerine.


Sans et saufs

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Vignoble alscacien. DR.

Du vin sans alcool est-il du vin? L’éditorial d’octobre d’Elisabeth Lévy


Dans le déplorable monde d’avant, les rockers se shootaient à l’héroïne, les mannequins se faisaient pincer dans des toilettes de bar sniffant de la cocaïne et des écrivains arrivaient ivres morts sur le plateau de Pivot. Heureusement, ces temps d’excès sont révolus. Le nouveau parisien roule à vélo et le néo-people vante bruyamment son hygiène de vie. Ainsi a-t-on appris récemment qu’Antoine de Caunes buvait des litres de thé vert dès son réveil – puisqu’on en est aux conseils pratiques, a-t-il un truc pour éviter de faire pipi en conséquence ? Perso, si je trouve admirable de boire du thé vert, j’ai du mal à renoncer au café malgré tout ce que j’ai appris, sans avoir rien demandé, sur ses multiples méfaits. Mais je vais consulter. On a aussi découvert (sur le plateau de Yann Barthès) que Nicolas Canteloup ne faisait plus qu’un repas par jour. Non seulement ça le maintient en forme, mais ça lui fait gagner du temps. S’il arrêtait de faire l’amour, il gagnerait aussi du temps, non ? Bon, je ne critique pas. D’ailleurs, moi aussi, ça m’est arrivé de sauter un repas, ça compte pour mon capital santé ? Je blague, mais il est bon que les Français se soucient de leur hygiène de vie, même si le terme est un chouia déprimant. Des esprits chagrins pourraient observer que plus nous nous soucions de notre corps, moins nous nous occupons de nos cerveaux, mais rien n’indique qu’il y ait un lien de cause à effet.

Nul ne peut plus ignorer que (presque) tout ce qui est bon est mauvais pour la santé : l’alcool, le tabac, les tripes, le sexe – laissons de côté la controversée question du cannabis. Alors, on fait des efforts. On fume encore trop, mais question alcool et gaudriole, on a sérieusement réduit la voilure, et ne parlons pas des tripes. Une proportion croissante de Français affirme n’avoir aucune relation sexuelle et s’en félicite. Tant qu’ils n’essaient pas d’en dégoûter les autres. Notre consommation de vin a elle aussi chuté, passant de 100 litres par an dans les années 1960 à 40 aujourd’hui. Seulement, ça ne fait pas l’affaire des vignerons. Et puis, on peut se lasser de dîner au thé vert. Alors des petits malins ont eu une idée géniale : fabriquer – et vendre – du vin sans alcool. C’est en train de devenir ultra-tendance, au point que, d’après Le Figaro, cela pourrait sauver le vignoble français. Plusieurs maisons se sont lancées sur le créneau, certaines proposant des cuvées prestige aux noms prétentieux, dont raffolent, paraît-il, les actionnaires qataris du PSG. Je vous vois venir, béotiens, vous pensez que du vin sans alcool, c’est du jus de raisin. Que nenni. Il s’agit en fait de vin désalcoolisé : je n’ai pas tout compris, mais on fait du vin classique et ensuite on enlève l’alcool. Les amateurs jurent que ça a le goût du vin, peut-être pas des meilleurs, mais ça viendra. Il ne risque pas de vous tourner la tête ni de vous délier la langue, c’est même son principal argument de vente : le flacon sans l’ivresse. C’est ce qu’on appelle une vie saine.

Il y a peut-être là une piste à explorer, une méthode à généraliser, pour nous protéger contre nous-même. Après tout, des millions de fumeurs se sont mis à la cigarette sans tabac et s’en trouvent fort bien. Les scrogneugneux diront que le vin, c’est un savoir-faire ancestral, qu’il fait partie de la culture française. Il faut s’y faire, les amis la culture française change, s’enrichit, se créolise, soyez cools. D’ailleurs, il ne s’agit pas de supprimer le vin, plutôt de le remplacer par un ersatz inoffensif. La marque France n’en souffrira pas : un Château Margaux désalcoolisé, ce sera trop glamour dans Emily in Paris.

En tout cas, le simulacre pourrait nous délivrer de nos vices bien plus efficacement que la prohibition. On garde le mot, on désactive la chose. Dans l’avenir radieux, tout ce que votre médecin et Sandrine Rousseau vous interdisent existera dans une version assainie. On s’imagine déguster en toute bonne conscience une côte de bœuf sans bœuf accompagnée d’un verre de vin sans alcool, en lisant un livre sans phrases, on ne sait pas où ça peut mener. On pratiquera évidemment le sexe sans rencontre des corps, parce que ça aussi ça finit souvent mal. Comme ça, on vivra vieux et en bonne santé. Certes, si on en croit Montesquieu, « c’est une ennuyeuse maladie qu’une santé conservée par un trop grand régime ». Il faudra donc prévoir quelques somnifères au cas où on trouverait le temps long.

Bases de données: des fraudes électorales innombrables aux États-Unis

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Ralliement pro-Trump à Atlanta, 21 novembre 2024 © Amy Harris/Shutterstock/SIPA

Les militants trumpistes assurent que des fraudes électorales massives justifient la contestation du résultat de l’élection de 2020. Quelles sont les bases de données existantes qui recensent les irrégularités sur lesquelles ils peuvent s’appuyer ?


Dans notre article précédent, nous avons cité des experts, qui dénoncent depuis des années le système électoral américain comme l’un des pires qui soient. Il n’est donc pas étonnant que des condamnations pour fraude électorale soient régulièrement prononcées par la justice américaine – dans le silence assourdissant des grands médias, et malgré les dénégations frénétiques des Démocrates et de leurs alliés. Ces dénégations sont d’autant plus étranges qu’il n’est pas difficile de se documenter sur ce sujet, puisque deux bases de données (databases) accessibles en ligne, recensent des milliers de cas de fraudes électorales, survenues depuis l’an 2000 aux États-Unis.

La base de données de News21 et ses 2068 poursuites judiciaires pour fraude électorale

News21 est un programme universitaire consacré au reportage d’investigation, supervisé par des professeurs de l’École de journalisme Walter Cronkite (Université d’État de l’Arizona) et financé par la Carnegie Corporation. Son but est de « produire un journalisme d’investigation approfondi, innovant et interactif sur des questions d’importance nationale ». (1) En 2012, News21 a décidé de créer une base de données, regroupant les cas de fraude électorale poursuivis par la justice américaine depuis l’an 2000. Afin de nourrir cette base de données, 24 étudiants de 11 universités ont travaillé d’arrache-pied pendant sept mois. Ils ont contacté des milliers de responsables des élections dans les 50 États ; ils ont envoyé plus de 2000 demandes d’accès aux archives publiques et examiné près de 5000 documents judiciaires, pièces d’archives, dossiers officiels et articles de presse ; enfin, ils se sont rendus dans 40 villes de 21 États, où ils ont réalisé plus de 1000 entretiens avec des responsables locaux. « Le résultat est la collection la plus complète de cas de fraude électorale aux États-Unis jamais compilée », selon News21. (2) Cette base de données est consultable en ligne :

https://votingrights.news21.com/interactive/election-fraud-database

Malgré ses efforts, l’équipe de News21 reconnaît que sa base de données est loin d’être exhaustive, parce que certains États (Caroline du Sud, Dakota du Sud, Massachusetts, Oklahoma) et de nombreuses juridictions locales n’ont pas répondu à son enquête (43 des 44 procureurs de districts de Caroline du Nord, par exemple). (3)

Cette base de données contient 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale. Les fraudes les plus répandues concernent les bulletins de vote par correspondance (491 cas, soit 24 %), les inscriptions sur les listes électorales (400 cas, soit 19 %), les votes illégaux (13 %), les votes multiples (7 %) et les achats de votes (5 %). La base de données fait aussi état de 74 cas de votes illégaux de détenus, alors que tous les États américains sauf deux (Maine, Vermont) privent les détenus du droit de vote. On voit à quel point les contrôles sont peu sérieux, aux États-Unis. (4) Chose incroyable, elle fait aussi état de 56 cas de votes illégaux de non-citoyens. Oui, vous avez bien lu : 56 étrangers, n’ayant pas la citoyenneté américaine, ont été poursuivis pour avoir voté illégalement. Qui sait combien d’autres non-citoyens sont passés entre les mailles (très larges) du filet, et ont pu voter illégalement, de 2000 à 2012 ?

Pour ce qui concerne les 491 cas de fraudes commises grâce aux bulletins de vote par correspondance, 185 sont le fait de dirigeants de campagne ou d’élus, qui ont chaque fois réussi, grâce à la complicité de leurs militants, à voler des dizaines voire des centaines de voix. (5)

De façon assez cocasse, après avoir recensé ces 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale, les étudiants en journalisme de News21 concluent que « les fraudes électorales sont extrêmement rares aux États-Unis » (sic), « infinitésimales » (sic), et même « virtuellement non-existantes » (sic). Heureusement que le ridicule ne tue pas. À leur décharge, il faut reconnaître que, s’ils n’avaient pas nié l’importance des fraudes électorales aux États-Unis, juste après avoir prouvé à quel point elles sont nombreuses, ils auraient probablement amputé leurs chances de faire carrière dans le journalisme.

La base de données de News21 n’ayant pas été alimentée depuis 2012, il est nécessaire de se tourner vers une autre base de données pour les cas plus récents de fraudes électorales.

La base de données de la Heritage Foundation et ses 1546 condamnations pour fraude électorale

En 2017, la Heritage Foundation (un institut conservateur pro-Républicains qui œuvre pour la défense de la liberté et pour la sécurisation des élections) a créé une base de données, regroupant les cas de fraudes électorales punies par la justice américaine. (6) Comme le site de la Heritage Foundation l’explique, cette base de données « présente un échantillon de cas récents et avérés de fraude électorale dans tout le pays. Chacune des affaires citées représente un cas où un agent public de justice, généralement un procureur, a jugé les faits suffisamment graves pour y donner suite. Et chacune d’entre elles s’est terminée par la conclusion que le prévenu avait commis un acte répréhensible en rapport avec une élection, dans l’espoir d’en affecter les résultats – voire que les résultats d’une élection avaient été tellement altérés qu’elle devait être annulée. » (7) Cette base de données est consultable en ligne :

https://www.heritage.org/voterfraud

Au moment où nous écrivons cet article, elle contient 1546 cas avérés de fraude électorale, qui ont donné lieu à 1313 condamnations pénales, 58 condamnations civiles, 125 peines de déjudiciarisation (peines alternatives), 27 décisions judiciaires (judicial findings) et 23 constats officiels (official findings). Comme dans la base de données de News21, la fraude la plus courante concerne l’utilisation frauduleuse de bulletins de vote par correspondance. Notons que, alors que l’élection présidentielle de 2020 a été présentée comme « la plus sûre de toute l’Histoire », des dizaines de cas de fraude avérées, commises en 2020, figurent dans cette base de données. (8) Et cette base de données est en constante expansion :« Pour la seule année 2023, nous avons ajouté 98 cas et nous suivons plusieurs centaines d’autres cas qui font l’objet d’une enquête de la part des autorités locales. » (9) Comme celle de News21, la base de données de la Heritage Foundation n’est pas exhaustive : « elle ne recense pas tous les cas de fraude électorale poursuivis par la justice, et certainement pas les cas signalés ou les allégations de fraude, contre lesquels des poursuites n’ont pas été engagées ». Son but est seulement « d’exposer les vulnérabilités du système électoral et les nombreuses façons dont la fraude est commise » et de démontrer que « les fraudes électorales continuent de porter atteinte à des élections honnêtes et libres ». (10)

Malgré le caractère partiel de cette base de données, nous y avons trouvé 23 élections qui ont été annulées par un juge américain, en raison de fraudes électorales, de 2000 à 2020. Parmi ces 23 élections annulées, quatre d’entre elles se distinguent particulièrement par le nombre de voix volées : en 2012, en Virginie-Occidentale (comté de Lincoln), 300 bulletins par correspondance frauduleux ; en 2015, en Caroline du Nord (Lumberton), 400 bulletins provisoires (provisional ballots) frauduleux ; en 2018, au Texas (Mission), 303 bulletins par correspondance frauduleux ; enfin, en 2020, dans le New Jersey (Paterson), 3274 bulletins par correspondance frauduleux – oui, 3274 bulletins frauduleux lors d’une seule élection !

Il n’existe rien de semblable dans un autre pays démocratique, et certainement pas en France, où nous avons un nombre de fraudes proche de zéro.

Il est intéressant de noter que l’article de Wikipedia en anglais, consacré à la Heritage Foundation, prétend que cette organisation « promeut des fausses allégations de fraude électorale », alors que l’intégralité des 1546 fraudes électorales contenues dans sa base de données ont été punies par la justice américaine – et alors que, pour chaque condamnation, la base de données propose un ou plusieurs liens vers la décision de justice ou vers des articles de médias reconnus ayant mentionné cette décision. Comme quoi, certaines personnes ne reculent devant rien, pour nier l’existence des fraudes électorales aux États-Unis.

Les fraudeurs sont majoritairement des Démocrates

Quand on explore la base de données de News21 et celle de la Heritage Foundation, on constate que, lorsqu’une fraude a été commise par un électeur enregistré pour l’un des deux grands partis politiques américains, ou par un responsable de l’un de ces deux partis, il s’agit dans plus de 80 % des cas d’un Démocrate et dans moins de 20 % des cas d’un Républicain.

Par exemple, sur les 23 élections annulées par la justice américaine dont nous parlons dans le chapitre précédent, 17 l’ont été après des fraudes de Démocrates. Pour les six autres, ayant eu lieu dans des petites villes, nous n’avons pas trouvé d’information sur l’étiquette politique des fraudeurs. Quant aux quatre élections annulées en raison de fraudes massives portant sur des centaines de voix volées, les fraudeurs étaient tous des Démocrates. On comprend mieux, maintenant, pourquoi les grands médias progressistes américains nient l’existence des fraudes électorales. Parfois, cependant, un journaliste courageux dénonce publiquement ce secret de Polichinelle, comme l’a fait un éditorialiste du Pittsburgh Post-Gazette, en 2011 : « Cette année, il y a eu des enquêtes, des inculpations ou des condamnations pour fraude électorale en Californie, en Caroline du Nord, en Géorgie, dans l’Indiana, dans le Maryland, dans le Michigan, dans le Minnesota, dans l’Ohio, au Texas et dans le Wisconsin. Dans tous les cas sauf un, les fraudeurs étaient des Démocrates. » (11)

En France, quasiment aucune fraude électorale

En France, nous avons la chance d’avoir l’un des systèmes électoraux les plus sûrs de toute la planète : nous votons avec des bulletins de papier, insérés dans une urne transparente, qui sont dépouillés dès la clôture du scrutin, en public. Il est donc très difficile de frauder chez nous, et l’on n’entend quasiment jamais parler de fraude électorale.

Un test simple permet de s’en convaincre : il suffit de se rendre sur le site d’un quotidien américain régional (comme le Pittsburgh Post-Gazette, le Philadelphia Inquirer, le Chicago Tribune, le Miami Herald, etc.) et d’y faire une recherche avec les mots « vote fraud » ou « electoral fraud » – et l’on obtient des dizaines d’articles sur des fraudes électorales commises récemment dans l’État où le quotidien en question est basé. En revanche, la même recherche, sur le site d’un quotidien français (nous avons testé Libération et Sud-Ouest), avec les mots « fraude électorale », livre des articles portant sur des fraudes commises dans des pays étrangers (États-Unis, Venezuela, Algérie, Russie, Birmanie…), mais pas en France. Notons que, dans ces résultats, les États-Unis côtoient donc des pays dirigés par des régimes autoritaires, ce qui est une preuve supplémentaire de l’état lamentable de leur système électoral, indigne d’un État démocratique. En France, le Conseil Constitutionnel est chargé de vérifier l’intégrité des scrutins et d’en proclamer les résultats, en recensant toutes les infractions ou fraudes découvertes. Pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2022, le Conseil Constitutionnel n’a trouvé que 22 infractions bénignes – et aucune fraude. Les infractions relevées sont des manquements au règlement électoral : fermeture d’un bureau de vote une heure trop tôt, absence des responsables du bureau pendant quelques minutes, liste d’émargements signée avant d’insérer le bulletin dans l’urne alors qu’il faut la signer après, discordance entre le procès-verbal et les feuilles de dépouillement, procès-verbal transmis en retard à la préfecture, et deux urnes non verrouillées. (12)

En comparaison, les bases de données de News21 et de la Heritage Foundation débordent de fraudes graves : des étrangers qui votent, des clandestins qui votent, des listes électorales contenant des morts qui parfois votent, des bulletins de vote par correspondance achetés par centaines par des équipes d’activistes, des votes multiples, des bulletins volés, des bulletins fabriqués, des pensionnaires de maisons de retraite forcés de signer des bulletins de vote remplis par des militants, des employés électoraux qui enregistrent plusieurs fois les mêmes bulletins, etc. Autant de fraudes qui n’existent pas en France.

Enfin, on peut comparer le nombre de fraudes électorales par rapport à la population : la base de données de la Heritage Foundation contient 1546 fraudes punies par la justice américaine. Les États-Unis étant cinq fois plus peuplés que la France, l’équivalent pour la France serait donc de 309 fraudes. Or, on peine à trouver une fraude électorale punie par la justice française depuis l’an 2000.

Le nombre réel de fraudes électorales aux États-Unis est bien plus élevé

La base de données (non exhaustive) de News21 contient 2068 fraudes électorales, et celle (non exhaustive) de la Heritage Foundation en contient 1546. C’est énorme, comparé à la quasi-absence de fraude en France. Mais le nombre réel de fraudes aux États-Unis est bien plus élevé. En effet, les fraudes électorales sont parmi les plus difficiles à détecter : une fois qu’un bulletin frauduleux a été enregistré, il est trop tard ; une fois qu’un bulletin de vote par correspondance a été acheté par des activistes, il est trop tard ; une fois que des bulletins fabriqués ont été déversés dans une boîte publique de dépôt (ballot drop box), il est trop tard ; une fois qu’un employé électoral a faussé le décompte des bulletins, il est trop tard.

Cette difficulté à prouver les fraudes électorales explique la réticence des shérifs, des policiers locaux, voire des agents du FBI, à les investiguer. À cela, il faut ajouter que les employés électoraux Démocrates refusent en général de prendre en compte les témoignages d’électeurs leur signalant une fraude possible dans leur bureau ; que les juges Démocrates rejettent presque automatiquement les plaintes pour fraude électorale, sans examen ; que les avocats des fraudeurs, payés par le parti Démocrate, trouvent souvent des arguties permettant à leurs clients d’échapper à un procès ; que les procureurs, surchargés de travail, hésitent à inculper les fraudeurs, en raison de la difficulté à obtenir une condamnation, et parce qu’ils rechignent à engager des frais importants pour des infractions qui ne sont sanctionnées que par des peines légères, dans la plupart des États.

Voilà pourquoi seule une infime minorité des fraudes électorales est découverte. Il est cependant possible d’estimer l’ampleur du problème, grâce à quelques calculs simples.

Estimations du nombre de fraudes électorales en utilisant la base de données de News21

La base de données de News21 recense 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale, pour la période allant de 2000 à mi-2012 (douze ans et demi), ce qui fait 165 cas par an. C’est déjà beaucoup. Mais, comme nous l’avons dit, cette base de données n’étant que partielle, le nombre total de poursuites pour fraude électorale est bien plus élevé. En effet, cette base de données n’est complète que pour un seul État, le Connecticut, dont les autorités envoyèrent aux enquêteurs de News21 un CD-ROM contenant tous les cas étudiés par sa Commission d’application des lois électorales (State Elections Enforcement Commission) : dans ce seul État, plus de 200 cas de poursuites pour fraudes électorales ont été recensés, de 2000 à 2012. (13) Rapporté aux 50 États américains, cela fait plus de 10 000 cas de fraudes électorales en 12 ans et demi, soit 800 cas par an. Et il ne s’agit là que de la partie émergée d’un énorme iceberg, puisque les fraudes électorales sont particulièrement difficiles à détecter. Si l’on formule l’hypothèse (probablement en deçà de la réalité) que seulement un fraudeur sur dix est attrapé et finalement condamné, cela signifie qu’il y aurait 8 000 fraudes électorales par an. Et comme une proportion non négligeable des fraudes électorales porte sur des dizaines, voire sur des centaines, et parfois sur des milliers de votes illégaux, si l’on formule l’hypothèse qu’en moyenne 10 voix sont volées lors de chaque fraude, cela signifie que 80 000 voix pourraient être volées chaque année !

Selon le décompte officiel, en 2020, Biden a obtenu 76 440 voix de plus que Trump dans les quatre États pivots (swing states) suivants : Arizona (10 457), Géorgie (11 779), Nevada (33 596) et Wisconsin (20 608). Cela a permis à Biden de remporter officiellement 306 grands électeurs, contre 232 pour Trump (14).

À la lumière de toutes ces informations, on comprend pourquoi les élections américaines sont l’objet de nombreuses contestations, quand la marge de victoire officielle est minime – et l’on comprend pourquoi tellement d’Américains n’ont pas confiance dans la sécurité et la fiabilité de leurs élections.


Notes

1) « About the Voting Rights Project », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/about

2) « How big was this effort? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

3) « Is this database complete? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

4) « Felon Voting Rights », National Conference of State Legislatures, Updated June 6, 2024.

https://www.ncsl.org/elections-and-campaigns/felon-voting-rights

5) Natasha Khan and Corbin Carson, « Comprehensive Database of U.S. Voter Fraud Uncovers No Evidence That Photo ID Is Needed », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud

6) La Heritage Foundation figure en sixième place des 110 groupes de réflexion (think tanks) les plus influents des États-Unis, et en treizième place des 174 groupes de réflexion les plus influents du monde. Voir :

James G. McGann, « Global Go To Think Tank Index Report 2020 », Think Tanks and Civil Societies Program, Lauder Institute, University of Pennsylvania, January 28, 2021, pp. 65, 90.

https://www.bruegel.org/sites/default/files/wp-content/uploads/2021/03/2020-Global-Go-To-Think-Tank-Index-Report-Bruegel.pdf

7) La Heritage Foundation a publié un livre de 434 pages, qui contient 1176 cas de fraude électorale, ayant débouché sur une condamnation judiciaire, jusqu’en 2018 :

« A Sampling of Election Fraud Cases from Across the Country », Heritage Foundation, 2019.

https://www.congress.gov/116/meeting/house/108824/documents/HHRG-116-JU00-20190129-SD020.pdf

8) On peut le vérifier en explorant la base de données :

https://www.heritage.org/voterfraud/search

9) Hans von Spakovsky and Katie Samalis-Aldrich, « Heritage’s One-of-a-Kind Election Fraud Database Hits 1,500 Cases », Daily Signal, January 29, 2024.

https://www.dailysignal.com/2024/01/29/heritages-one-kind-election-fraud-database-hits-1500-cases

10) Katie Samalis-Aldrich and Hans von Spakovsky, « The Heritage Foundation’s Election Fraud Database Tops 1,300 Cases », Daily Signal, December 11, 2020.

https://www.dailysignal.com/2020/12/11/the-heritage-foundations-election-fraud-database-tops-1300-cases

11) Jack Kelly, « Voter Fraud is Real », Pittsburgh Post-Gazette, December 18, 2011.

https://www.post-gazette.com/opinion/jack-kelly/2011/12/18/Voter-fraud-is-real/stories/201112180155

(Pour consulter cet article, il est nécessaire d’utiliser l’extension Anonymox ou un VPN, car le site du Pittsburgh Post-Gazette n’est pas accessible depuis l’Europe.)

12) « Décision n° 2022-195 PDR du 13 avril 2022 : Déclaration relative aux résultats du premier tour de scrutin de l’élection du Président de la République », Conseil Constitutionnel.

https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2022/2022195PDR.htm

13) « How responsive were officials to the public-records requests? », in: Corbin Carson, « Exhaustive Database of Voter Fraud Cases Turns Up Scant Evidence That It Happens », News21, August 12, 2012.

https://votingrights.news21.com/article/election-fraud-explainer/index.html

14) « Votes by state for Biden and Trump », in: « Presidential candidates, 2020 », Ballotpedia.

https://ballotpedia.org/Presidential_candidates,_2020

Cette réforme éducative qui ulcère les Afrikaners

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Écolier à Polokwane, Afrique du Sud, 4 mai 2023 © Denis Farrell /AP/SIPA

En Afrique du Sud, une nouvelle loi sur l’éducation a suscité des débats houleux parmi les élus de la nation et a ravivé les tensions dans un pays marqué par une histoire complexe en matière de race et de langue. La loi, récemment signée par le président Cyril Ramaphosa, vise à rendre l’éducation plus équitable, mais divise également les communautés, en particulier celle des Afrikaners qui accusent le gouvernement de discrimination à leur encontre.


À la tête de l’Afrique du Sud depuis 2018, le président Cyril Ramaphosa a signé, vendredi 13 septembre, le projet de loi portant modification des lois fondamentales sur l’éducation (BELA). Cette réforme a pour objectif principal de réduire les inégalités économiques et éducatives héritées de l’apartheid, et de renforcer les bases de l’apprentissage pour les jeunes enfants, en particulier ceux issus des communautés noires. 

En effet, selon les statistiques de 2022 sur le sujet, malgré une augmentation du taux de scolarisation secondaire chez les adolescents noirs, passé de 9,4% en 1996 à 34,7% en 2022, seules 9,3% de ces personnes accèdent aux études supérieures, contre 39,8% de la population blanche. « La loi que nous signons aujourd’hui ouvre encore plus les portes de l’apprentissage. Elle permettra aux jeunes enfants d’être mieux préparés à l’enseignement formel », a déclaré Cyril Ramaphosa lors de la signature du document officiel à Pretoria.

Cependant, deux sections particulièrement controversées de la loi, portant sur la gestion des langues d’enseignement et les politiques d’admission, ont été suspendues pour trois mois supplémentaires, afin de permettre des consultations supplémentaires entre les factions gouvernementales…

La langue, un enjeu culturel et politique pour les Afrikaners

Au cœur du débat, se trouvent les clauses de la loi conférant au gouvernement national la possibilité de prendre des décisions finales concernant les politiques linguistiques et d’admission dans les écoles. Historiquement, cette responsabilité était du ressort des conseils scolaires. Cette modification est perçue par certains comme une menace à l’enseignement en langue maternelle, notamment pour les communautés afrikaner et métisse (coloured)  d’Afrique du Sud. Pour ces dernières, la langue afrikaans, parlée par 15 millions de personnes dans toute l’Afrique australe, n’est pas seulement un moyen de communication, mais également un symbole fort de leur culture et de leur identité.

A lire aussi: Le système électoral américain: un incroyable fouillis qui favorise la fraude

Les écoles afrikaansophones dénoncent les pressions gouvernementales visant à privilégier l’anglais comme langue d’enseignement, craignant une érosion progressive de l’usage de l’afrikaans dans les établissements scolaires. Parmi les 23 719 écoles publiques du pays, environ 10 % utilisent l’afrikaans comme langue d’enseignement principale ou secondaire. Cependant, pour les autorités, cette réforme vise à éviter que des enfants soient exclus en raison de leur incapacité à parler l’afrikaans, un problème soulevé par des parents noirs depuis la fin de l’apartheid. Ainsi, en janvier 2023, des dizaines de parents noirs avaient manifesté devant la Laerskool Danie Malan, une école de Pretoria qui utilise largement l’afrikaans et le setswana (une autre des 11 langues officielles d’Afrique du Sud), affirmant que leurs enfants avaient été refusés pour des raisons « racistes », soulevant une vaste polémique en Afrique du Sud.

Une histoire douloureuse autour de l’afrikaans

L’enseignement en afrikaans est une question particulièrement sensible en Afrique du Sud, notamment en raison de son association historique… avec l’apartheid. Alors que pour une partie de la population blanche, cette langue représente l’autodétermination et la liberté, pour la majorité noire, elle est synonyme d’oppression et de discrimination. Dérivé du néerlandais auxquels se sont greffés des vocabulaires allemands, français ou même malais, la langue afrikaans a été le premier ciment nationaliste des afrikaners au cours du XIXe siècle, lesquels l’ont ensuite imposé comme langue administrative au détriment de l’anglais dès les premières années de la mise en place de la ségrégation raciale (1948). Un enseignement mal vécu par la majorité noire qui a fini par se soulever en 1976 depuis le township de Soweto. Une révolte sévèrement réprimée par le régime de l’apartheid, qui avait fait entre 176 et 700 victimes.

Aujourd’hui, seuls 9% des noirs parlent cette langue que l’on peut entendre facilement dans les provinces du Cap-Nord et du Cap-Occidental et qui a des partisans acharnés, notamment parmi les chanteurs phares de l’Afrikanerdom, come Bok van Blerk ou Steve Hofmeyr.

Opposition et contestations

La communauté afrikaansophone, ainsi que des groupes de défense tels que AfriForum, ont vivement critiqué la loi et menacent de porter l’affaire devant les tribunaux. Ils considèrent que l’amendement linguistique constitue une attaque directe contre l’afrikaans et l’identité afrikaner. « L’afrikaans a déjà été érodé dans les universités publiques du pays de la même manière », a déclaré le mouvement d’extrême-droite. Dans le même temps, des membres de l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition et membre du gouvernement d’union nationale, ont également exprimé leur mécontentement face à la décision de M. Ramaphosa. Le chef de la DA, John Steenhuisen, a menacé de riposter politiquement, critiquant le fait que les partenaires de la coalition gouvernementale n’aient pas été suffisamment consultés, ravivant les tensions raciales encore très perceptibles dans un pays déjà profondément marqué par une ségrégation sociale importante et persistante.

Alors que le gouvernement cherche à rendre l’éducation plus accessible et inclusive, les questions linguistiques demeurent un terrain plus sensible que jamais. Et un échec pourrait pousser la minorité blanche à se radicaliser et à se recroqueviller sur elle-même, voire à faire sécession.

Valérie Gans, une autre voix est possible

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La romancière Valérie Gans. DR.

Valérie Gans publie un nouveau roman, La question interdite, dans lequel elle dénonce les dérives du féminisme et le tribunal des émotions. La romancière a également fondé sa propre maison d’édition, Une autre voix, pour lutter contre le wokisme qui gangrène la littérature actuelle.


Dans La question interdite, Valérie Gans nous plonge dans une société où la vérité est sacrifiée sur l’autel du conformisme. Ce roman audacieux raconte l’histoire d’Adam, un vidéaste accusé à tort de pédocriminalité par Shirin, une adolescente manipulée par sa mère. À travers ce récit, Gans met en lumière les dérives du féminisme contemporain, du wokisme et de la justice médiatique, rappelant les dangers d’un tribunal populaire où l’émotion prime sur la raison.

Loin de minimiser la gravité des véritables crimes, Gans interroge cette tendance inquiétante à juger et condamner sans preuve, sous l’influence des réseaux sociaux et des foules hystériques. Elle rejoint ainsi des penseurs comme Jürgen Habermas, qui affirme que la démocratie ne peut survivre sans un espace public pour la discussion rationnelle. Ce roman appelle à réhabiliter la nuance et la raison dans une société de plus en plus polarisée, où la suspicion remplace l’investigation et où la condamnation publique est instantanée.

Une autre voix : un engagement littéraire audacieux

Pour défendre la liberté de penser, Valérie Gans a fondé sa propre maison d’édition, Une autre voix. Ce projet incarne une rébellion contre la censure et le conformisme idéologique qui dominent l’industrie littéraire actuelle. Gans y prône la diversité des opinions et des récits, s’opposant à l’autocensure qui se généralise et à l’emploi de sensitivity readers.

Le manifeste d’Une autre voix est clair : il s’agit de redéfinir l’espace littéraire en brisant les carcans imposés par les dictats sociaux et idéologiques, et en défendant une littérature authentique, sans compromis. Cette maison d’édition milite pour un retour à la liberté d’expression, sans censure et sans déformation de la réalité.

L’effet de meute : quand la foule prend le pouvoir

L’un des thèmes centraux de La question interdite est l’effet de meute, ce phénomène où l’individu se dissout dans une foule assoiffée de justice expéditive. Gans illustre comment la société actuelle, avide de coupables, se précipite de juger et de condamner avant même que les faits ne soient établis, un lynchage médiatique que Durkheim et Bourdieu auraient décrit comme la nouvelle forme de violence symbolique.

A lire aussi: Anatomie d’une descente aux enfers

Cette dynamique est amplifiée par les réseaux sociaux, où chacun peut, en quelques clics, participer à la destruction d’une vie. Adam devient ainsi la victime d’une « chasse aux sorcières » moderne, son destin brisé par une accusation infondée. Gans démontre ici les ravages d’une justice populaire qui ne laisse aucune place à la défense ou à la nuance.

Wokisme et cancel culture : la nouvelle inquisition

Valérie Gans ne cache pas son scepticisme envers le wokisme, qu’elle décrit comme une nouvelle forme d’inquisition. Dans ce contexte, l’idéologie dominante impose une pensée manichéenne, un contrôle permanent des idées et des mots, comme Orwell le décrivait dans 1984. Ce carcan idéologique, qui se cache derrière des apparences de justice sociale, menace la liberté d’expression et étouffe le débat.

Dans La question interdite, la manipulation de Shirin par sa mère incarne cette dérive : la fausse accusation est acceptée non pas en raison de preuves, mais parce qu’elle correspond aux normes sociales en vigueur. Michel Foucault, dans Surveiller et punir, alertait sur les dangers d’un contrôle total des idées. Gans dépeint un monde où la vérité n’a plus de place et où le doute est criminalisé.

Le féminisme face à ses excès

Si Valérie Gans questionne les dérives de certains courants féministes, elle ne rejette pas le mouvement dans son ensemble. À travers le personnage de Shirin, elle montre les dangers d’une victimisation systématique qui essentialise les rôles de bourreau et de victime. Ce discours fait écho aux critiques d’Élisabeth Badinter, qui, dans Fausse route, dénonçait les excès d’un féminisme radical, source d’incompréhensions entre les sexes.

Gans appelle à une autocritique salutaire du féminisme, afin de préserver sa pertinence. En posant la question dérangeante : « Et si ce n’était pas vrai ? », elle rappelle que le féminisme, comme toute idéologie, ne doit pas être au-dessus de la critique.

Une société sous surveillance : la mort de la vérité

La question interdite offre une vision dystopique d’une société où chaque interaction est surveillée, où la suspicion est devenue la norme, et où les relations humaines sont soumises à une transparence totale. Gans anticipe ainsi une société du contrôle social, où chacun est jugé non sur ses actes, mais sur la perception subjective de ces derniers, une situation qui rejoint les théories de Byung-Chul Han dans La société de la transparence.

Cette omniprésence du jugement public détruit la confiance et pousse à l’autocensure. Gans montre à quel point ce climat délétère empêche toute véritable communication et paralyse les relations authentiques.

Un appel à la révolte contre le conformisme

Malgré la noirceur de son récit, Gans laisse entrevoir une lueur d’espoir. Vingt ans après les faits, Shirin, rongée par le remords, tente de rétablir la vérité en publiant un message sur les réseaux sociaux. Si ce geste n’efface pas les injustices commises, il symbolise la quête inlassable de la vérité, un combat que Camus jugeait nécessaire, même s’il est souvent vain.

La question interdite est un appel à résister à la tyrannie de la pensée unique et à réhabiliter la nuance et la liberté de penser. Valérie Gans, avec ce roman et à travers sa maison d’édition, incarne un engagement contre la censure sociale, médiatique et éditoriale. Elle nous invite à retrouver le courage de questionner les certitudes et à défendre, coûte que coûte, la liberté d’expression.

Une rencontre-débat avec Valérie Gans et ses auteurs est organisée jeudi 28 novembre 2024 dès 19h à l’hôtel la Louisiane 60 rue de Seine, Paris 6e. Inscriptions par sms au 06 84 36 31 85 

La question interdite, de Valérie Gans, Une autre voix, 2024

ÉPREUVE : La Question interdite

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État de droit, que de frime on commet en ton nom

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Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre à l'Assemblée nationale, 1er octobre 2024 © ISA HARSIN/SIPA

Estimant que sa priorité consiste à protéger la nation, le ministre de l’Intérieur a osé dire que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Lors de la déclaration de politique générale hier, il a été désavoué par le Premier ministre qui entend donner des gages aux centristes mollassons.


Le syndicat des beaux esprits et grandes âmes s’est trouvé une nouvelle marotte : l’État de droit. Depuis que le ministre de l’Intérieur a déclaré que celui-ci n’était « ni intangible ni sacré », ils ont découvert qu’ils l’adoraient. Par exemple, quand ils subventionnent des associations qui aident les migrants à transgresser nos lois ; quand ils affirment que la police, seule détentrice de la force légale, « assassine » ; quand ils applaudissent un zozo qui appelle à l’intifada en plein Paris ; quand ils s’opposent à une perquisition menée sous la responsabilité de la Justice en braillant « La République, c’est moi » ; quand ils estiment que l’émotion justifie une manifestation interdite (ça c’était Christophe Castaner à propos d’une manifestation du comité Traoré à la fin du confinement). C’est comme ça, l’État de droit, ils y pensent jour et nuit.

Festival de jérémiades

La macronie et la gauche nous ont donc offert un nouveau festival de jérémiades et offuscations, chacun faisant mine de penser que Bruno Retailleau appelait de ses vœux un régime policier où l’arbitraire remplacerait la règle de droit. « Retailleau remet en cause l’État de droit, c’est-à-dire la séparation des pouvoirs, la justice indépendante, les libertés fondamentales », déclare sobrement Manuel Bompard. « Retailleau fait comme s’il gouvernait déjà avec l’extrême droite », ose Olivier Faure. « L’État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne puisse faire ce qu’il veut. Renforçons l’application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l’État de droit », s’enflamme Yaël Braun-Pivet.

On ne s’étonne pas des imprécations venues de la gauche, qui continue de vivre dans une réalité parallèle. Ainsi, dans sa réponse au discours de politique générale de Michel Barnier, l’inénarrable Panot continue à expliquer que le Nouveau Front populaire a gagné l’élection et à réclamer avec force glapissements, la nomination de la très baroque Lucie Castets, dont les Français ont déjà oublié le nom et les inepties qu’elle a prononcées. Mais si on en doutait, cet épisode ridicule montre à quel point les macronistes sont sous l’emprise de leur surmoi de gauche.  Alors qu’ils sont contraints de soutenir un gouvernement de droite, leur obsession, c’est de montrer par tous les moyens qu’eux ne mangent pas de ce pain-là. Gabriel Attal ne s’en cache pas. À l’Assemblée, hier, il n’a cessé de roucouler en direction de la gentille gauche, celle qui n’a avec LFI qu’une misérable alliance électorale, mais rien en commun rassurez-vous. À l’évidence, Attal et ses troupes attendent en embuscade que le gouvernement tombe pour jouer à embrassons-nous Folleville avec leurs copains du PS. Il ne faudrait pas qu’on cesse de les recevoir sur France Inter. En faisant de Bruno Retailleau leur tête de turc, ils achètent leur place à l’église.

Barnier contraint de recadrer Retailleau

Le pire, c’est que Michel Barnier a dû mettre genou à terre. Non seulement il a recadré son ministre, lui imposant une sorte de mea culpa, ce qui a enchanté la presse de gauche, mais il a été contraint de proclamer dans son discours que l’Etat de droit était sacré, reconnaissant ainsi qu’il était tenu par les macronistes et provoquant un soupir agacé de Marine Le Pen. Pris en sandwich entre Attal et Le Pen, le Premier ministre ne va pas être à la fête.

Si le clan des offusqués cherchait autre chose que l’occasion de prendre des poses avantageuses, la sortie de Retailleau aurait pu être l’occasion d’un beau débat, essentiel pour le pays.

L’État de droit, tel que nous l’avons bâti, c’est l’infrastructure juridique de la démocratie. Un ensemble de règles, adoptées par les représentants du peuple souverain, auquel les gouvernants sont soumis comme n’importe quel citoyen. C’est donc la garantie contre l’arbitraire du pouvoir. L’Etat de droit signifie que le gouvernement ne peut pas vous faire embastiller sans raison.

Seulement, cet État de droit a changé de nature, parce que le droit dont il garantit la primauté a changé de nature. Il s’agit de moins en moins de droit positif et de plus en plus d’une interprétation jurisprudentielle très libre de ce droit. La Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État sont habilités, dans leurs domaines respectifs, à dire comment on doit lire la Constitution et les lois adoptées par des élus. De même, la Cour européenne des droits de l’Homme décide de la façon dont la Convention du même nom doit être comprise et appliquée. Or, depuis au moins une dizaine d’années, ces éminentes juridictions nationales et internationales interprètent tous les textes dans le même sens : toujours plus de droits pour les individus, y compris les délinquants, criminels et terroristes, toujours moins de droit pour les Etats de se protéger. C’est ainsi que la CEDH a sommé la France d’annuler l’expulsion d’un Tchétchène radicalisé. Sans succès heureusement. Sauf que, quand c’est le Conseil d’Etat qui annule une expulsion, le gouvernement ne peut pas l’envoyer bouler.

L’État de droit n’est plus un ensemble de règles adoptées par la voie démocratique, il est devenu une idéologie qui change les règles sans que jamais les peuples soient consultés sur ce changement. C’est l’État de droit qui impose aux Français un multiculturalisme qui leur va mal au teint. C’est l’État de droit qui s’oppose au bon sens. Bruno Retailleau a raison. Il faut changer l’État de droit. Ou on finira par en dégoûter les Français.