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Obama comme Bush ?

Barack Obama va sans doute se retrouver dans une curieuse position au mois de juin : minoritaire en nombre de suffrages de militants démocrates, il sera sans doute légèrement majoritaire en nombre de délégués et emportera l’investiture de son parti. Comme Georges W. Bush en 2004 ?

Pour en finir avec l’affaire Al Doura

Il aura fallu près de huit ans, et le travail opiniâtre de quelques personnalités animées du souci de la vérité et de la justice pour que la chape de plomb que France 2 prétendait maintenir sur l’affaire Al Doura soit soulevée et que les doutes, plus que légitimes, relatifs à la véracité de ce reportage deviennent une vérité judiciaire.

Dès le premier jugement, d’ailleurs, pourtant favorable à France 2, il était établi que rien ne permettait à Charles Enderlin, qui n’était pas sur place, d’affirmer dans son commentaire du journal de 20 h que l’enfant était mort victime des tirs venus de la position militaire israélienne.

La Cour d’appel va plus loin, en affirmant que Philippe Karsenty a bien diffamé Charles Enderlin (c’est-à-dire, au sens propre, porté atteinte a son honneur et à sa réputation professionnelle) mais que « l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure et qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage ». En clair, cela signifie que, pour les juges, les accusateurs de France 2 ont de bonnes raisons d’estimer qu’Enderlin s’est fait le complice, volontaire ou involontaire, d’une mise en scène macabre réalisée à Gaza par son cameraman Talal Abou Rahma.

Ces derniers, aujourd’hui, tirent prétexte d’un recours en cassation, qui rappelons-le ne se prononcera que sur la forme, et non pas le fond du jugement, pour maintenir leurs positions : selon eux, les images diffusées et les commentaires reflètent l’exacte vérité de ce qui s’est passé le 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim.

Il faut rendre hommage à la présidente de la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris, Laurence Trébucq, d’avoir exigé de France 2 la diffusion devant les juges et le public des rushes tournés par Talal Abou Rahma à Gaza. Leur rétention ou leur diffusion restreinte devant un public trié sur le volet ne relevaient pas comme l’affirmait la direction de la chaîne d’un « souci de protection des sources ». Cette attitude s’explique beaucoup plus prosaïquement par le malaise qu’elles produisent chez tout professionnel, et même toute personne de bonne foi qui les regarde. On n’y trouve pas les « scènes insoutenables » de l’agonie de l’enfant que Charles Enderlin prétendait avoir coupé au montage, mais en revanche des mises en scènes répétées de blessures factices dont auraient été victimes les manifestants. Quant à la scène du père et de l’enfant abrités derrière un baril subissant des tirs nourris venus de la position israélienne, elles posent également des questions jusque là restées sans réponses : pourquoi aucune trace de sang n’apparaît-elle sur le t-shirt blanc de Jamal (le père) alors qu’il affirmera, plus tard avec été blessé par au moins huit balles, dont plusieurs dans la partie supérieure du corps ? Pourquoi voit-on une dernière image de l’enfant (coupée au montage), bougeant et même jetant un regard furtif en direction de la caméra alors que Charles Enderlin l’a déclaré mort ?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions et interrogations surgies au cours de plusieurs années d’enquête menées parallèlement par plusieurs personnes, dont l’auteur de ces lignes. Toutes se sont heurtées à l’impossibilité de mener des investigations à Gaza, et Talal Abou Rahma a été interdit de parole par France 2, après avoir tenus des propos imprudents, en 2002, dans un documentaire de la chaîne ARD réalisé par la journaliste allemande Esther Shapira.

Comment alors établir la preuve absolue de la mise en scène, quand son ou ses auteurs présumés sont claquemurés dans le bunker de Gaza où règne la loi des islamistes ?

D’ores et déjà, l’affaire « Al Doura » apparait comme un scandale médiatique de première grandeur, dont l’étouffement a failli réussir.

Aujourd’hui, France 2 et Charles Enderlin doivent la vérité au public qui leur a fait confiance. Pas une vérité bricolée à la va-vite en fonction des urgences judiciaires, mais celle qui surgit de la confrontation publique des éléments réunis par toutes les parties : les défenseurs, comme les accusateurs de France 2. Un élément nouveau, de première importance a surgi à la veille de la dernière audience de la Cour d’appel : le professeur Yehuda David, de l’hôpital Tel Hashomer de Tel Aviv, a rendu public le dossier médical de Jamal Al Doura. Le père présumé de l’enfant prétendu mort a été soigné et opéré en 1994 en Israël à la suite de nombreuses blessures à l’arme blanche reçues au cours d’une rixe à Gaza… Or, un « reportage » réalisé en octobre 2004 par Talal Abou Rahma, montrant des cicatrices a été présenté, devant un parterre de journalistes choisis, par la direction de France 2 comme la preuve absolue de la réalité des affirmations de Charles Enderlin. Selon le professeur David, les cicatrices apparentes sur les diverses parties du corps de Jamal Al Doura ne peuvent en aucun cas avoir été causées par des balles. Un examen médico-légal effectué par un praticien indépendant et expert de ces types de blessures s’impose donc : oui ou non Jamal al Doura a-t-il reçu entre huit et douze balles (selon ses diverses déclarations) ayant justifié des soins à l’hôpital Shifa de Gaza, puis à Amman en Jordanie ? La réponse est facile à obtenir, pour autant que les autorités de Gaza autorisent la sortie du territoire de Jamal al Doura.

Le président du CRIF, Richard Prasquier, propose la constitution d’une commission d’enquête internationale et indépendante qui examinerait toutes les pièces du dossier, procéderait à des auditions des témoins directs de la scène, tant israéliens que palestiniens et remettrait ses conclusions au public. A plusieurs reprises, Charles Enderlin s’est déclaré disposé à remettre tous les documents en sa possession et à témoigner devant une telle commission. Pour lui, le moment est venu de passer des paroles aux actes.

Le niveau baisse

Il y a vingt ans, le débat aux USA tournait autour du brillant Rise and Fall of Great Powers de P. Kennedy. En 1992, c’était au tour du divertissant Last Man de F. Fukuyama. Depuis quelques semaines, l’ouvrage qui excite les think thank est l’essai de F. Zakaria : The Post-American World (Norton). Sa thèse: les USA ne déclinent pas, c’est le reste du monte qui progresse. Qu’en penserait Edgar Ford ?

Tête de l’art

Pour Paris Match, le Festival de Cannes doit être un grand moment. Des stars venues du monde entier pomponnées et enrubannées, c’est l’occasion de célébrer l’art sans renoncer au people. Que nenni : l’hebdomadaire du glamour chic a choisi d’afficher en une « le-présentateur-vedette-de-TF1 » au bras de sa nouvelle conquête. Le cinéma a un visage, celui de PPDA. Sans le vouloir, Paris Match a peut-être visé dans le mille.

Triste Afrique

Le 18 mai, le président de la Gambie donnait officiellement « 24 heures aux homosexuels pour quitter le pays ». Le lendemain, en Afrique du Sud, des « pogroms » débutaient contre les immigrés mozambicains (22 morts). Le 24 mai, c’est le président du Zimbabwe qui, après avoir exproprié la majorité des fermiers blancs, se demandait s’il ne fallait tout simplement pas interdire le droit de propriété aux « non Africains ». Que fait le MRAP ?

Tête à Clarke

Invitée samedi 10 mai de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier, Pascale Clarke était venue assurer la promo de son nouveau livre : Après, Fred Chichin est mort, Seuil, 2008. Tout aurait été parfait s’il ne s’était pas trouvé sur le plateau Eric Zemmour, qui avait décidé de jouer au Tonton flingueur : « Moi quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile… » Dénonçant tour à tour le gâchis d’un beau sujet, la pauvreté du style (« Au moins, quand Muray emploie au second degré le langage des jeunes, c’est hilarant… vous, c’est du sous Angot… ») ou encore la playlist (il faut non seulement lire l’auteure mais écouter la musique que l’auteuse aime), Eric Zemmour n’eut même pas droit au regard assassin de Pascale Clarke, mais à sa perplexité face à tant d’incomplaisance. Elle venait de découvrir un spécimen journalistique dont elle méconnaissait l’existence : un critique critique.

Unhappy end

6

Honnêtement, on se demande bien pourquoi Soderbergh a décrété un black-out total avant la première projection au festival de Cannes de sa biographie de Che Guevara. Avant même d’avoir vu le film, tout le monde connaissait la fin…

En smoking, mais no smoking

5

La quasi-totalité des quotidiens, des hebdos, des JT français ont préféré passer sous silence le coup d’éclat de Sean Penn lors de la conférence de presse inaugurale du Festival de Cannes. Le président du Jury, épaulé par ses co-jurées Marjane Satrapi et Jeanne Balibar, a demandé au public s’il pouvait allumer une clope « pour raisons de santé ». Puis les trois délinquants ont aussitôt joint le geste à la parole. On peut s’interroger sur ce silence des médias français, habituellement friands d’anecdotes, sur un incident qui a amusé – ou scandalisé – toute la presse internationale. A-t-on pensé que la seule diffusion de cette information risquait d’exposer les lecteurs aux dangers mortels du tabagisme passif ?

Mohamed Al Doura, feuilleton sans fin ?

La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l’armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d’une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d’images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l’affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d’encre.

Bien sûr, l’instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l’imposture, à la manipulation, au complot. Qu’importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s’interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l’ensemble des « rushes » d’une fusillade dont elle n’avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l’on disait tout droit sortis de la série X-Files.

Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d’Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l’affaire Al Doura.

Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d’une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu’ils s’étaient rendus coupables d’une « imposture médiatique », la cour a tranché : au vu des images, il n’y a en aucun cas diffamation. « La Cour d’Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l’authenticité des images d’un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l’Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de rushes du reportage ne permettent pas d’écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage. » (Reuters, Paris, 21 mai)

Traduction en français : on peut légitimement s’interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu’il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.

Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mohamed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d’Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d’être examinés. Et doivent l’être.

Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d’un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l’impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l’événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d’accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l’initiative de rendre accessible l’intégralité des rushes en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète.

Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d’Appel de Paris. L’affaire Al Doura, décidément, n’est pas close.

L’Etat, le sexe et nous

4

Cette semaine Parlons Net reçoit Marcella Iacub, juriste et chercheur. Elle défend dans ses essais le droit à la prostitution, le mariage gay ou la procréation artificielle. Elle vient de publier chez Fayard Par le trou de la serrure, une histoire de la pudeur du 19e au 21e. En pleine commémoration de mai 68, elle montre comment l’Etat n’a jamais autant régulé les comportements sexuels qu’aujourd’hui. Avec Marcella Iacub on parlera de sexe et de droit mais aussi de la fascination des médias et de l’opinion pour les crimes pédophiles et du plan de Nadine Morano pour « sauver nos enfants » des dangers d’internet. Pour interroger Elisabeth Lévy de Causeur.fr, Bénédicte Charles de Marianne2.fr et Marie-Sophie Keller de Rue89.com. Une émission animée par David Abiker.

1. Présentation et retour sur la pudeur publique
[daily]x5iw9l[/daily]

2. La fascination de l’opinion pour les crimes sexuels
[daily]x5iwae[/daily]

3. Le plan de Nadine Morano pour prévenir les dangers d’Internet auprès des enfants
[daily]x5iwar[/daily]

4. Le meilleur des sites
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PAR LE TROU DE LA SERRURE: Histore de la pudeur publique, XIX-XXèmes siècles

Price: 32,58 €

18 used & new available from 15,04 €

Obama comme Bush ?

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Barack Obama va sans doute se retrouver dans une curieuse position au mois de juin : minoritaire en nombre de suffrages de militants démocrates, il sera sans doute légèrement majoritaire en nombre de délégués et emportera l’investiture de son parti. Comme Georges W. Bush en 2004 ?

Pour en finir avec l’affaire Al Doura

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Il aura fallu près de huit ans, et le travail opiniâtre de quelques personnalités animées du souci de la vérité et de la justice pour que la chape de plomb que France 2 prétendait maintenir sur l’affaire Al Doura soit soulevée et que les doutes, plus que légitimes, relatifs à la véracité de ce reportage deviennent une vérité judiciaire.

Dès le premier jugement, d’ailleurs, pourtant favorable à France 2, il était établi que rien ne permettait à Charles Enderlin, qui n’était pas sur place, d’affirmer dans son commentaire du journal de 20 h que l’enfant était mort victime des tirs venus de la position militaire israélienne.

La Cour d’appel va plus loin, en affirmant que Philippe Karsenty a bien diffamé Charles Enderlin (c’est-à-dire, au sens propre, porté atteinte a son honneur et à sa réputation professionnelle) mais que « l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure et qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage ». En clair, cela signifie que, pour les juges, les accusateurs de France 2 ont de bonnes raisons d’estimer qu’Enderlin s’est fait le complice, volontaire ou involontaire, d’une mise en scène macabre réalisée à Gaza par son cameraman Talal Abou Rahma.

Ces derniers, aujourd’hui, tirent prétexte d’un recours en cassation, qui rappelons-le ne se prononcera que sur la forme, et non pas le fond du jugement, pour maintenir leurs positions : selon eux, les images diffusées et les commentaires reflètent l’exacte vérité de ce qui s’est passé le 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim.

Il faut rendre hommage à la présidente de la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris, Laurence Trébucq, d’avoir exigé de France 2 la diffusion devant les juges et le public des rushes tournés par Talal Abou Rahma à Gaza. Leur rétention ou leur diffusion restreinte devant un public trié sur le volet ne relevaient pas comme l’affirmait la direction de la chaîne d’un « souci de protection des sources ». Cette attitude s’explique beaucoup plus prosaïquement par le malaise qu’elles produisent chez tout professionnel, et même toute personne de bonne foi qui les regarde. On n’y trouve pas les « scènes insoutenables » de l’agonie de l’enfant que Charles Enderlin prétendait avoir coupé au montage, mais en revanche des mises en scènes répétées de blessures factices dont auraient été victimes les manifestants. Quant à la scène du père et de l’enfant abrités derrière un baril subissant des tirs nourris venus de la position israélienne, elles posent également des questions jusque là restées sans réponses : pourquoi aucune trace de sang n’apparaît-elle sur le t-shirt blanc de Jamal (le père) alors qu’il affirmera, plus tard avec été blessé par au moins huit balles, dont plusieurs dans la partie supérieure du corps ? Pourquoi voit-on une dernière image de l’enfant (coupée au montage), bougeant et même jetant un regard furtif en direction de la caméra alors que Charles Enderlin l’a déclaré mort ?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions et interrogations surgies au cours de plusieurs années d’enquête menées parallèlement par plusieurs personnes, dont l’auteur de ces lignes. Toutes se sont heurtées à l’impossibilité de mener des investigations à Gaza, et Talal Abou Rahma a été interdit de parole par France 2, après avoir tenus des propos imprudents, en 2002, dans un documentaire de la chaîne ARD réalisé par la journaliste allemande Esther Shapira.

Comment alors établir la preuve absolue de la mise en scène, quand son ou ses auteurs présumés sont claquemurés dans le bunker de Gaza où règne la loi des islamistes ?

D’ores et déjà, l’affaire « Al Doura » apparait comme un scandale médiatique de première grandeur, dont l’étouffement a failli réussir.

Aujourd’hui, France 2 et Charles Enderlin doivent la vérité au public qui leur a fait confiance. Pas une vérité bricolée à la va-vite en fonction des urgences judiciaires, mais celle qui surgit de la confrontation publique des éléments réunis par toutes les parties : les défenseurs, comme les accusateurs de France 2. Un élément nouveau, de première importance a surgi à la veille de la dernière audience de la Cour d’appel : le professeur Yehuda David, de l’hôpital Tel Hashomer de Tel Aviv, a rendu public le dossier médical de Jamal Al Doura. Le père présumé de l’enfant prétendu mort a été soigné et opéré en 1994 en Israël à la suite de nombreuses blessures à l’arme blanche reçues au cours d’une rixe à Gaza… Or, un « reportage » réalisé en octobre 2004 par Talal Abou Rahma, montrant des cicatrices a été présenté, devant un parterre de journalistes choisis, par la direction de France 2 comme la preuve absolue de la réalité des affirmations de Charles Enderlin. Selon le professeur David, les cicatrices apparentes sur les diverses parties du corps de Jamal Al Doura ne peuvent en aucun cas avoir été causées par des balles. Un examen médico-légal effectué par un praticien indépendant et expert de ces types de blessures s’impose donc : oui ou non Jamal al Doura a-t-il reçu entre huit et douze balles (selon ses diverses déclarations) ayant justifié des soins à l’hôpital Shifa de Gaza, puis à Amman en Jordanie ? La réponse est facile à obtenir, pour autant que les autorités de Gaza autorisent la sortie du territoire de Jamal al Doura.

Le président du CRIF, Richard Prasquier, propose la constitution d’une commission d’enquête internationale et indépendante qui examinerait toutes les pièces du dossier, procéderait à des auditions des témoins directs de la scène, tant israéliens que palestiniens et remettrait ses conclusions au public. A plusieurs reprises, Charles Enderlin s’est déclaré disposé à remettre tous les documents en sa possession et à témoigner devant une telle commission. Pour lui, le moment est venu de passer des paroles aux actes.

Le niveau baisse

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Il y a vingt ans, le débat aux USA tournait autour du brillant Rise and Fall of Great Powers de P. Kennedy. En 1992, c’était au tour du divertissant Last Man de F. Fukuyama. Depuis quelques semaines, l’ouvrage qui excite les think thank est l’essai de F. Zakaria : The Post-American World (Norton). Sa thèse: les USA ne déclinent pas, c’est le reste du monte qui progresse. Qu’en penserait Edgar Ford ?

Tête de l’art

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Pour Paris Match, le Festival de Cannes doit être un grand moment. Des stars venues du monde entier pomponnées et enrubannées, c’est l’occasion de célébrer l’art sans renoncer au people. Que nenni : l’hebdomadaire du glamour chic a choisi d’afficher en une « le-présentateur-vedette-de-TF1 » au bras de sa nouvelle conquête. Le cinéma a un visage, celui de PPDA. Sans le vouloir, Paris Match a peut-être visé dans le mille.

Triste Afrique

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Le 18 mai, le président de la Gambie donnait officiellement « 24 heures aux homosexuels pour quitter le pays ». Le lendemain, en Afrique du Sud, des « pogroms » débutaient contre les immigrés mozambicains (22 morts). Le 24 mai, c’est le président du Zimbabwe qui, après avoir exproprié la majorité des fermiers blancs, se demandait s’il ne fallait tout simplement pas interdire le droit de propriété aux « non Africains ». Que fait le MRAP ?

Tête à Clarke

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Invitée samedi 10 mai de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier, Pascale Clarke était venue assurer la promo de son nouveau livre : Après, Fred Chichin est mort, Seuil, 2008. Tout aurait été parfait s’il ne s’était pas trouvé sur le plateau Eric Zemmour, qui avait décidé de jouer au Tonton flingueur : « Moi quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile… » Dénonçant tour à tour le gâchis d’un beau sujet, la pauvreté du style (« Au moins, quand Muray emploie au second degré le langage des jeunes, c’est hilarant… vous, c’est du sous Angot… ») ou encore la playlist (il faut non seulement lire l’auteure mais écouter la musique que l’auteuse aime), Eric Zemmour n’eut même pas droit au regard assassin de Pascale Clarke, mais à sa perplexité face à tant d’incomplaisance. Elle venait de découvrir un spécimen journalistique dont elle méconnaissait l’existence : un critique critique.

Unhappy end

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Honnêtement, on se demande bien pourquoi Soderbergh a décrété un black-out total avant la première projection au festival de Cannes de sa biographie de Che Guevara. Avant même d’avoir vu le film, tout le monde connaissait la fin…

En smoking, mais no smoking

5

La quasi-totalité des quotidiens, des hebdos, des JT français ont préféré passer sous silence le coup d’éclat de Sean Penn lors de la conférence de presse inaugurale du Festival de Cannes. Le président du Jury, épaulé par ses co-jurées Marjane Satrapi et Jeanne Balibar, a demandé au public s’il pouvait allumer une clope « pour raisons de santé ». Puis les trois délinquants ont aussitôt joint le geste à la parole. On peut s’interroger sur ce silence des médias français, habituellement friands d’anecdotes, sur un incident qui a amusé – ou scandalisé – toute la presse internationale. A-t-on pensé que la seule diffusion de cette information risquait d’exposer les lecteurs aux dangers mortels du tabagisme passif ?

Mohamed Al Doura, feuilleton sans fin ?

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La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l’armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d’une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d’images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l’affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d’encre.

Bien sûr, l’instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l’imposture, à la manipulation, au complot. Qu’importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s’interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l’ensemble des « rushes » d’une fusillade dont elle n’avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l’on disait tout droit sortis de la série X-Files.

Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d’Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l’affaire Al Doura.

Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d’une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu’ils s’étaient rendus coupables d’une « imposture médiatique », la cour a tranché : au vu des images, il n’y a en aucun cas diffamation. « La Cour d’Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l’authenticité des images d’un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l’Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de rushes du reportage ne permettent pas d’écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage. » (Reuters, Paris, 21 mai)

Traduction en français : on peut légitimement s’interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu’il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.

Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mohamed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d’Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d’être examinés. Et doivent l’être.

Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d’un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l’impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l’événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d’accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l’initiative de rendre accessible l’intégralité des rushes en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète.

Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d’Appel de Paris. L’affaire Al Doura, décidément, n’est pas close.

L’Etat, le sexe et nous

4

Cette semaine Parlons Net reçoit Marcella Iacub, juriste et chercheur. Elle défend dans ses essais le droit à la prostitution, le mariage gay ou la procréation artificielle. Elle vient de publier chez Fayard Par le trou de la serrure, une histoire de la pudeur du 19e au 21e. En pleine commémoration de mai 68, elle montre comment l’Etat n’a jamais autant régulé les comportements sexuels qu’aujourd’hui. Avec Marcella Iacub on parlera de sexe et de droit mais aussi de la fascination des médias et de l’opinion pour les crimes pédophiles et du plan de Nadine Morano pour « sauver nos enfants » des dangers d’internet. Pour interroger Elisabeth Lévy de Causeur.fr, Bénédicte Charles de Marianne2.fr et Marie-Sophie Keller de Rue89.com. Une émission animée par David Abiker.

1. Présentation et retour sur la pudeur publique
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2. La fascination de l’opinion pour les crimes sexuels
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3. Le plan de Nadine Morano pour prévenir les dangers d’Internet auprès des enfants
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4. Le meilleur des sites
[daily]x5iw71[/daily]

PAR LE TROU DE LA SERRURE: Histore de la pudeur publique, XIX-XXèmes siècles

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