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En smoking, mais no smoking

5

La quasi-totalité des quotidiens, des hebdos, des JT français ont préféré passer sous silence le coup d’éclat de Sean Penn lors de la conférence de presse inaugurale du Festival de Cannes. Le président du Jury, épaulé par ses co-jurées Marjane Satrapi et Jeanne Balibar, a demandé au public s’il pouvait allumer une clope « pour raisons de santé ». Puis les trois délinquants ont aussitôt joint le geste à la parole. On peut s’interroger sur ce silence des médias français, habituellement friands d’anecdotes, sur un incident qui a amusé – ou scandalisé – toute la presse internationale. A-t-on pensé que la seule diffusion de cette information risquait d’exposer les lecteurs aux dangers mortels du tabagisme passif ?

Mohamed Al Doura, feuilleton sans fin ?

La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l’armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d’une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d’images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l’affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d’encre.

Bien sûr, l’instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l’imposture, à la manipulation, au complot. Qu’importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s’interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l’ensemble des « rushes » d’une fusillade dont elle n’avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l’on disait tout droit sortis de la série X-Files.

Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d’Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l’affaire Al Doura.

Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d’une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu’ils s’étaient rendus coupables d’une « imposture médiatique », la cour a tranché : au vu des images, il n’y a en aucun cas diffamation. « La Cour d’Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l’authenticité des images d’un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l’Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de rushes du reportage ne permettent pas d’écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage. » (Reuters, Paris, 21 mai)

Traduction en français : on peut légitimement s’interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu’il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.

Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mohamed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d’Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d’être examinés. Et doivent l’être.

Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d’un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l’impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l’événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d’accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l’initiative de rendre accessible l’intégralité des rushes en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète.

Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d’Appel de Paris. L’affaire Al Doura, décidément, n’est pas close.

L’Etat, le sexe et nous

4

Cette semaine Parlons Net reçoit Marcella Iacub, juriste et chercheur. Elle défend dans ses essais le droit à la prostitution, le mariage gay ou la procréation artificielle. Elle vient de publier chez Fayard Par le trou de la serrure, une histoire de la pudeur du 19e au 21e. En pleine commémoration de mai 68, elle montre comment l’Etat n’a jamais autant régulé les comportements sexuels qu’aujourd’hui. Avec Marcella Iacub on parlera de sexe et de droit mais aussi de la fascination des médias et de l’opinion pour les crimes pédophiles et du plan de Nadine Morano pour « sauver nos enfants » des dangers d’internet. Pour interroger Elisabeth Lévy de Causeur.fr, Bénédicte Charles de Marianne2.fr et Marie-Sophie Keller de Rue89.com. Une émission animée par David Abiker.

1. Présentation et retour sur la pudeur publique
[daily]x5iw9l[/daily]

2. La fascination de l’opinion pour les crimes sexuels
[daily]x5iwae[/daily]

3. Le plan de Nadine Morano pour prévenir les dangers d’Internet auprès des enfants
[daily]x5iwar[/daily]

4. Le meilleur des sites
[daily]x5iw71[/daily]

PAR LE TROU DE LA SERRURE: Histore de la pudeur publique, XIX-XXèmes siècles

Price: 28,77 €

19 used & new available from 15,05 €

Sondez votre mémoire

6

Dans sa bataille pour la conquête du PS, l’équipe de Ségolène Royal pilonne les adhérents et les fédérations avec les résultats des derniers sondages qui montent qu’elle battrait Sarkozy haut la main si on revotait en 2008. C’est de bonne guerre. Rappelons toutefois qu’à l’automne 2006, Ségolène avait réussi sa blitzkrieg pour l’investiture socialiste en excipant d’une impressionnante liste de sondages qui tous, sans exception, la donnaient largement gagnante face à Sarkozy au second tour de la (vraie) présidentielle.

Réaction épidermique

12

Laurent Jaoui, journaliste à France 2, et Jean-Yves Guérin, du Figaro, viennent de publier Noirs en Bleu, le football est-il raciste ? (éditions Anne Carrière). Leur réquisitoire est implacable : lors de la finale du Mondial de 2006, explique J-Y Guérin sur le Figaro.fr, 7 joueurs sur 11 étaient noirs ; or on ne retrouve pas une telle proportion dans le monde de l’après-football : arbitres, entraîneurs, dirigeants.
Cette démonstration alarmante appelle plusieurs questions. Où a-t-on jamais vu un ex-international noir, blanc ou autre devenir arbitre – reconversion peu gratifiante s’il en est ? Et si Lizarazu ou Barthez, par exemple, ne sont ni entraîneurs, ni dirigeants de clubs, mais banals retraités multi-millionnaires, est-ce à cause du racisme anti-basques ou anti-chauves ? Accessoirement, on serait curieux de connaître la proportion de journalistes noirs dans les rédactions de France 2 et du Figaro… Et on aimerait aussi voir sur les pelouses de France plus de footballeurs juifs.

On ne change pas une équipe qui perd

Pourquoi remplacerait-on Ségolène Royal ? Elle a fait le même score que Jospin en 1995. Cette déclaration de soutien à la multi-candidate socialiste a tout d’un aveu inconscient. On la doit à Jean-Marc Toedeschini, patron des socialistes en Lorraine (Libération, 21 mai). Rappelons qu’en 1995, Jacques Chirac a été élu président de la République.

La Gardienne

Oeuvre du peintre batave, Thomas de Keyser (1596-1667), la Gardienne a été peinte à Amsterdam vers 1625. Rien à redire sur ce tableau si représentatif de l’école hollandaise : le sujet se détache bien de l’arrière plan grâce à un jeu de drapés assez astucieusement réalisés. Quant à la tenue de la Gardienne, il faut reconnaître que c’est quand même plus chic de porter ça que du Dior pour aller au conseil des Ministres.

Thomas de Keyser, La Gardienne. Huile sur toile, 1625, conservée dans le hall d’entrée du Syndicat de la Magistrature.

Al Doura, la défaite du Parti des médias

Charles Enderlin n’est pas infallible : telle est la conclusion hautement subversive que l’on peut tirer du jugement rendu hier par la XIe chambre de la Cour d’Appel du Tribunal de Paris. Le Tribunal a en effet jugé en appel que l’article de Philippe Karsenty accusant France 2 d’avoir couvert une manipulation dans l’affaire Al Doura n’était pas diffamatoire. La chaîne publique avait, le 30 septembre 2000, diffusé un reportage présentant la mort de ce petit garçon dans les bras de son père, dans des affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens au carrefour de Netzarim à Gaza. Ces images qui ont fait le tour du monde, alimentent la polémique depuis huit ans. Certes, le Tribunal ne s’est pas prononcé sur l’affaire elle-même – ce n’était d’ailleurs pas son rôle. Mais pour la justice, le fait de déclarer que le reportage était une manipulation n’est pas diffamatoire. Chacun peut en tirer les conséquences pour lui-même. Reste maintenant à savoir si le Parti des médias va continuer à faire bloc et jouer l’omerta ou, pour une fois, accepter qu’un débat ait lieu au sein de la profession. On peut toujours rêver.

Geismar, arrête ton char !

5

Quand les Inrocks en appellent à la vigilance citoyenne contre un programme de télé, c’est forcément qu’il mérite le détour. Cet axiome est vérifiable chaque semaine avec « Le Grand Débat », animé par Vincent Hervouët sur la chaîne Histoire et dénoncé pour « dérive droitière », par l’hebdo des benêts à gros cerveau creux. Ainsi le débat de la semaine dernière consacré à mai 68 a-t-il donné lieu à un échange – aussi savoureux que courtois – entre Alain Geismar et Edouard Balladur. Quand l’ex-leader mao s’inquiète rétrospectivement des mouvements de chars qui convergeaient le 28 mai vers Paris, l’ancien Premier ministre répond avec un petit sourire : « Monsieur Geismar, si ça vous a fait peur, c’est très bien : c’était l’objectif ! »

Le zéro degré de la politique

3

Le président du groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé a chargé deux députés, Daniel Mach et Jacques Domergue, d’une étude sur la lutte contre l’alcoolisation des jeunes. Après mûre réflexion, ceux-ci ont fait connaître leurs conclusions : ils préconisent « une interdiction de la vente d’alcool aux mineurs dans les commerces alimentaires » et précisent qu’ils présenteront en juillet « des propositions concrètes pour mettre en place une telle interdiction mais aussi prévoir des mesures d’accompagnement ». A l’heure qu’il est on ignore encore la teneur exacte de ces « mesures d’accompagnement ». Va-t-on aussi interdire la vente de cacahuètes et de crackers ? Reste l’essentiel : si l’alcool est prohibé à la vente comme l’est déjà, par exemple, le haschich, la question est donc réglée…

En smoking, mais no smoking

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La quasi-totalité des quotidiens, des hebdos, des JT français ont préféré passer sous silence le coup d’éclat de Sean Penn lors de la conférence de presse inaugurale du Festival de Cannes. Le président du Jury, épaulé par ses co-jurées Marjane Satrapi et Jeanne Balibar, a demandé au public s’il pouvait allumer une clope « pour raisons de santé ». Puis les trois délinquants ont aussitôt joint le geste à la parole. On peut s’interroger sur ce silence des médias français, habituellement friands d’anecdotes, sur un incident qui a amusé – ou scandalisé – toute la presse internationale. A-t-on pensé que la seule diffusion de cette information risquait d’exposer les lecteurs aux dangers mortels du tabagisme passif ?

Mohamed Al Doura, feuilleton sans fin ?

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La mort du « petit Mohamed » Al Doura ? Les choses étaient parfaitement claires : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim (Gaza), l’armée israélienne avait tué un jeune enfant au cours d’une fusillade filmée pour France 2 par un caméraman palestinien. Quelques secondes d’images insoutenables. Une émotion planétaire. Et des conséquences dévastatrices : l’affaire a depuis fait couler presque autant de sang que d’encre.

Bien sûr, l’instrumentalisation de ce fait divers géopolitique par certains démagogues antisémites était répugnante ; mais enfin, nous serrions les dents : jadis, déjà, Le Pen exploitait de manière odieuse, lui aussi, des faits avérés.
Bien sûr, une poignée de militants pro-israéliens criait à l’imposture, à la manipulation, au complot. Qu’importait ! Les islamo-gauchistes avaient bien Thierry Meyssan… Et puis le journaliste qui avait endossé ce reportage était estimé.
Bien sûr, on s’interrogeait à voix basse : mais pourquoi diable France 2 refusait-elle de tuer une bonne fois pour toute la polémique en diffusant l’ensemble des « rushes » d’une fusillade dont elle n’avait retenue que quelques brefs instants ?
Bien sûr, huit ans plus tard, subsistait comme un malaise à devoir choisir entre une vérité officielle que la chaîne publique française se refusait à démontrer – alors que les preuves étaient déclarées existantes… – et les arguments, parfois troublants, de militants que l’on disait tout droit sortis de la série X-Files.

Le jugement rendu ce mercredi 21 mai par la XIe chambre de la Cour d’Appel de Paris vient tout bouleverser. Elle relance de fond en comble le débat sur l’affaire Al Doura.

Chargée de dire si Philippe Karsenty, fondateur d’une agence de notation des médias, avait oui ou non diffamé France 2 et son journaliste Charles Enderlin en affirmant qu’ils s’étaient rendus coupables d’une « imposture médiatique », la cour a tranché : au vu des images, il n’y a en aucun cas diffamation. « La Cour d’Appel a fait apparaître mercredi un doute sur l’authenticité des images d’un enfant palestinien tombant sous les balles, devenues le symbole de l’Intifada [et] qui ont fait le tour du monde. Le visionnage des 18 minutes de rushes du reportage ne permettent pas d’écarter les avis de professionnels qui concluent au trucage. » (Reuters, Paris, 21 mai)

Traduction en français : on peut légitimement s’interroger sur la bien-fondé de la thèse de France 2, selon laquelle le petit enfant désigné comme « Mohamed Al Doura » serait bel et bien mort ce jour-là, à cet endroit-là, et qu’il serait mort sous les balles israéliennes et non sous des balles palestiniennes.

Retour à la case départ, donc : ceux qui prétendent que le film de la mort du « petit Mohamed Al Doura » tourné par un Palestinien relève de la propagande, voire de la mise en scène, ne sont donc ni des maboules ni des ordures. La décision de la Cour d’Appel de Paris est sur ce point catégorique : les arguments de Philippe Karsenty méritent d’être examinés. Et doivent l’être.

Car il est anormal que huit ans après les faits, les citoyens d’un pays libre, prospère et éduqué comme la France soient encore et toujours dans l’impossibilité de se faire une idée objective et donc définitive de l’événement. Les dirigeants de France devraient estimer que le temps est venu d’accepter un débat contradictoire au sujet de cette affaire, qui a eu des conséquences épouvantables. Mieux : France 2 pourrait prendre l’initiative de rendre accessible l’intégralité des rushes en ligne, que chacun puisse se faire une opinion concrète.

Il faut désormais nous éclairer : tel est le sens de la décision de la Cour d’Appel de Paris. L’affaire Al Doura, décidément, n’est pas close.

L’Etat, le sexe et nous

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Cette semaine Parlons Net reçoit Marcella Iacub, juriste et chercheur. Elle défend dans ses essais le droit à la prostitution, le mariage gay ou la procréation artificielle. Elle vient de publier chez Fayard Par le trou de la serrure, une histoire de la pudeur du 19e au 21e. En pleine commémoration de mai 68, elle montre comment l’Etat n’a jamais autant régulé les comportements sexuels qu’aujourd’hui. Avec Marcella Iacub on parlera de sexe et de droit mais aussi de la fascination des médias et de l’opinion pour les crimes pédophiles et du plan de Nadine Morano pour « sauver nos enfants » des dangers d’internet. Pour interroger Elisabeth Lévy de Causeur.fr, Bénédicte Charles de Marianne2.fr et Marie-Sophie Keller de Rue89.com. Une émission animée par David Abiker.

1. Présentation et retour sur la pudeur publique
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2. La fascination de l’opinion pour les crimes sexuels
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3. Le plan de Nadine Morano pour prévenir les dangers d’Internet auprès des enfants
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4. Le meilleur des sites
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PAR LE TROU DE LA SERRURE: Histore de la pudeur publique, XIX-XXèmes siècles

Price: 28,77 €

19 used & new available from 15,05 €

Sondez votre mémoire

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Dans sa bataille pour la conquête du PS, l’équipe de Ségolène Royal pilonne les adhérents et les fédérations avec les résultats des derniers sondages qui montent qu’elle battrait Sarkozy haut la main si on revotait en 2008. C’est de bonne guerre. Rappelons toutefois qu’à l’automne 2006, Ségolène avait réussi sa blitzkrieg pour l’investiture socialiste en excipant d’une impressionnante liste de sondages qui tous, sans exception, la donnaient largement gagnante face à Sarkozy au second tour de la (vraie) présidentielle.

Réaction épidermique

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Laurent Jaoui, journaliste à France 2, et Jean-Yves Guérin, du Figaro, viennent de publier Noirs en Bleu, le football est-il raciste ? (éditions Anne Carrière). Leur réquisitoire est implacable : lors de la finale du Mondial de 2006, explique J-Y Guérin sur le Figaro.fr, 7 joueurs sur 11 étaient noirs ; or on ne retrouve pas une telle proportion dans le monde de l’après-football : arbitres, entraîneurs, dirigeants.
Cette démonstration alarmante appelle plusieurs questions. Où a-t-on jamais vu un ex-international noir, blanc ou autre devenir arbitre – reconversion peu gratifiante s’il en est ? Et si Lizarazu ou Barthez, par exemple, ne sont ni entraîneurs, ni dirigeants de clubs, mais banals retraités multi-millionnaires, est-ce à cause du racisme anti-basques ou anti-chauves ? Accessoirement, on serait curieux de connaître la proportion de journalistes noirs dans les rédactions de France 2 et du Figaro… Et on aimerait aussi voir sur les pelouses de France plus de footballeurs juifs.

On ne change pas une équipe qui perd

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Pourquoi remplacerait-on Ségolène Royal ? Elle a fait le même score que Jospin en 1995. Cette déclaration de soutien à la multi-candidate socialiste a tout d’un aveu inconscient. On la doit à Jean-Marc Toedeschini, patron des socialistes en Lorraine (Libération, 21 mai). Rappelons qu’en 1995, Jacques Chirac a été élu président de la République.

La Gardienne

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Oeuvre du peintre batave, Thomas de Keyser (1596-1667), la Gardienne a été peinte à Amsterdam vers 1625. Rien à redire sur ce tableau si représentatif de l’école hollandaise : le sujet se détache bien de l’arrière plan grâce à un jeu de drapés assez astucieusement réalisés. Quant à la tenue de la Gardienne, il faut reconnaître que c’est quand même plus chic de porter ça que du Dior pour aller au conseil des Ministres.

Thomas de Keyser, La Gardienne. Huile sur toile, 1625, conservée dans le hall d’entrée du Syndicat de la Magistrature.

Al Doura, la défaite du Parti des médias

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Charles Enderlin n’est pas infallible : telle est la conclusion hautement subversive que l’on peut tirer du jugement rendu hier par la XIe chambre de la Cour d’Appel du Tribunal de Paris. Le Tribunal a en effet jugé en appel que l’article de Philippe Karsenty accusant France 2 d’avoir couvert une manipulation dans l’affaire Al Doura n’était pas diffamatoire. La chaîne publique avait, le 30 septembre 2000, diffusé un reportage présentant la mort de ce petit garçon dans les bras de son père, dans des affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens au carrefour de Netzarim à Gaza. Ces images qui ont fait le tour du monde, alimentent la polémique depuis huit ans. Certes, le Tribunal ne s’est pas prononcé sur l’affaire elle-même – ce n’était d’ailleurs pas son rôle. Mais pour la justice, le fait de déclarer que le reportage était une manipulation n’est pas diffamatoire. Chacun peut en tirer les conséquences pour lui-même. Reste maintenant à savoir si le Parti des médias va continuer à faire bloc et jouer l’omerta ou, pour une fois, accepter qu’un débat ait lieu au sein de la profession. On peut toujours rêver.

Geismar, arrête ton char !

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Quand les Inrocks en appellent à la vigilance citoyenne contre un programme de télé, c’est forcément qu’il mérite le détour. Cet axiome est vérifiable chaque semaine avec « Le Grand Débat », animé par Vincent Hervouët sur la chaîne Histoire et dénoncé pour « dérive droitière », par l’hebdo des benêts à gros cerveau creux. Ainsi le débat de la semaine dernière consacré à mai 68 a-t-il donné lieu à un échange – aussi savoureux que courtois – entre Alain Geismar et Edouard Balladur. Quand l’ex-leader mao s’inquiète rétrospectivement des mouvements de chars qui convergeaient le 28 mai vers Paris, l’ancien Premier ministre répond avec un petit sourire : « Monsieur Geismar, si ça vous a fait peur, c’est très bien : c’était l’objectif ! »

Le zéro degré de la politique

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Le président du groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé a chargé deux députés, Daniel Mach et Jacques Domergue, d’une étude sur la lutte contre l’alcoolisation des jeunes. Après mûre réflexion, ceux-ci ont fait connaître leurs conclusions : ils préconisent « une interdiction de la vente d’alcool aux mineurs dans les commerces alimentaires » et précisent qu’ils présenteront en juillet « des propositions concrètes pour mettre en place une telle interdiction mais aussi prévoir des mesures d’accompagnement ». A l’heure qu’il est on ignore encore la teneur exacte de ces « mesures d’accompagnement ». Va-t-on aussi interdire la vente de cacahuètes et de crackers ? Reste l’essentiel : si l’alcool est prohibé à la vente comme l’est déjà, par exemple, le haschich, la question est donc réglée…