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Un jeune vieux parti

Die Linke (La Gauche), le parti de refondation de la gauche allemande créé il y un an, tenait son premier congrès les 24 et 25 mai. Son ambition : regrouper l’ensemble de la gauche anti-libérale et constituer un mouvement « digne du troisième millénaire ». De quoi fasciner tous ceux, en France, qui rêvent d’une formation unitaire de gauche en marge du PS. Seul hic : outre que nombre de ses cadres sont d’anciens staliniens, Die Linke est dirigée par un trio de papys – Oscar Lafontaine (65 ans), Lothar Bisky (68 ans) et leur cadet Gregor Gysi (60 ans), lequel pourrait difficilement rétorquer que « c’est la jeunesse du cœur qui compte », ayant déjà trois infarctus à son actif.

La France selon CNN

« Du 2 au 8 juin, une analyse complète du nouveau visage de la France » : telle est l’ambition (et la publicité) qu’affiche la chaîne américaine CNN. Et à chaque journée « d’analyse complète » correspond une illustration visuelle. Lundi, consacré au « nouveau visage » de notre pays : un tampon « immigration ». Mardi, consacré aux « enjeux stratégiques internationaux » nous impliquant : rien. Case vide. Mercredi, ou les « défis économiques » : un logo nucléaire. Jeudi, ou « l’art de vivre à la française » : un tag barré du mot « Amor ». Vendredi, ou les limbes de « l’identité française » : une trace de rouge à lèvres. No comment. Samedi, « best of » : rien. Dimanche, consacré à « la France qui bouge » : un F au milieu du seul drapeau européen.

Dany Boon a failli perdre le Nord

Kad Merad est en passe de devenir un de nos plus grands acteurs. J’ai dit ! La preuve : même dans les navets intimistes dont la France s’est fait une spécialité, il explose. C’est sur ses épaules que reposent les frêles Ch’tis et leur succès surdimensionné. Or qu’apprends-je ? Kad n’était qu’un deuxième choix. A l’origine, Dany Boon aurait préféré Daniel Auteuil ! Et pourquoi pas Francis Huster ou (j’ai mieux) Francis Perrin ?

Protégez-nous de Pascal Lamy

Pascal Lamy, le patron (socialiste et français) de l’OMC a le sens du débat. « Je ne connais aucun protectionnisme qui ne porte une dose de xénophobie et de nationalisme. C’est sur le « plus jamais ça » d’après-guerre que s’est bâti le système actuel », a-t-il déclaré dans Libération le 21 mai (), alors même que de nombreux économistes prônent aujourd’hui un certain protectionnisme européen. Les salauds ! (On attend qu’il fasse part de ses observations aux Etats-Unis et à la Chine qui en connaissent un rayon en matières de barrières commerciales). En clair, si vous pensez que l’Europe pourrait (ne serait-ce qu’en appliquant ses propres règles) protéger son marché intérieur, et accessoirement, ses habitants les plus vulnérables, c’est que vous êtes un foutu raciste. Si vous pensez qu’il faut encourager le Tiers Monde à se doter de lois sociales, vous êtes un xénophobe. C’est bien connu : on commence par s’énerver contre l’invasion des T shirts chinois (ou des téléviseurs chinois, ou des chaussures chinoises) et on finit par dénoncer le péril jaune. C’est bien connu.

Lettre à tout le monde sur n’importe qui

2

Mea maxima culpa ! Julien avait raison : Pierre Desproges n’a jamais dit « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui », mais seulement « … pas avec tout le monde ». Nuance !

« Ca change quoi ? » diront certains esprits légers (que je salue au passage). Eh bien désolé, mais en l’occurrence ça change tout, esprits légers que vous êtes ! Dans le vague « tout le monde », il n’y a pas trace du mépris qui suinte du « n’importe qui ».
Or la tradition orale dont on nous tympanise depuis plus de vingt ans insiste unanimement sur ce « n’importe qui » desprogien, y compris la presse commémorative que j’ai colligée pour vous servir.

Bref, maintenant que j’ai reconnu mon erreur, permettez-moi d’expliquer en un mot (comme en cent) pourquoi j’ai eu raison d’avoir tort.
Qu’est-ce qui compte le plus pour la postérité, d’après vous ? Une phrase authentique et oubliée, ou un apocryphe devenu canonique ?
Henri IV n’a jamais dit « Paris vaut bien une messe ! », ni Louis XIV « L’Etat c’est moi ! », ni même Sarkozy « Si tu reviens j’annule tout. » Ça n’empêche qu’on les résume volontiers à ces formules controuvées. Tout le problème est de savoir si ces faux-là traduisent quelque chose de vrai.

Dans l’affaire Desproges en tout cas, je réponds oui sans hésiter à ma propre question. Et pour le prouver, rien de tel que de replacer la phrase dans son contexte, n’est-ce pas ?

Donc « recontextualisons » ! Il en restera toujours quelque chose…
Et d’un, Desproges s’adresse au Pen, qui n’est pas exactement M. Tout le Monde, surtout en 1984. Et de deux, l’humoriste cite trois exemples de « méchants » avec lesquels il n’aurait pas envie de rire. Or parmi ceux-ci deux sont purement virtuels : sauras-tu deviner lesquels ?

1. les « staliniens pratiquants » (une race alors déjà éteinte en France – et même en URSS, maintenant que j’y pense) ;
2. les « terroristes hystériques » (qu’on se le dise ! Desproges ne plaisantait qu’avec les terroristes équanimes, voire ataraxiques…) ;
3. les « militants d’extrême droite » (qui, on l’aura noté, n’ont même pas besoin d’une épithète péjorative, tant la diabolisation va de soi).

Tu as coché la case 3 ? Bravo ! Mais ne juge pas pour autant Pierre… Le talent n’interdit pas le besoin de reconnaissance – même s’il passe sous des fourches caudines.

En tant qu’anar de droite contrarié par l’époque, notre P.D. a cru avoir besoin de ce brevet d’antifascisme à deux balles. Et qui sommes-nous pour juger ce gland ? Après tout il faut bien vivre, comme disait le mec juste avant de crever.

Bienvenue chez les Chiites

5

Le Liban a un drapeau, une monnaie, des institutions – en somme il possède tous les attributs du sujet, mais n’est pas un sujet. En réalité, il n’existe ni nation libanaise ni Etat libanais. Tout le problème est là.

Après plus de soixante ans de coexistence plus ou moins violente sous le même toit, cet agrégat de communautés n’est pas arrivé à transcender ses appartenances confessionnelles pour engendrer une nation, seule collectivité capable aujourd’hui de donner corps à un Etat souverain.

Le dernier épisode du feuilleton libanais n’est qu’une énième illustration de cette impasse. Rappelons brièvement les faits. Début mai, le conseil des ministres libanais prend deux décisions. La première est de démettre de ses fonctions l’officier responsable de la sécurité de l’aéroport de Beyrouth (qui avait autorisé le Hezbollah à installer sur les pistes un équipement lui permettant de contrôler l’approvisionnement de son armée privée). La deuxième est d’ordonner à la milice chiite de démanteler son système de communication.

Dans les deux cas, il s’agissait d’une tentative gouvernementale de sauvegarder la souveraineté libanaise face à un mouvement qui œuvre depuis des années à la construction d’un Etat dans l’Etat. Le Hezbollah et ses alliés ont réagi manu militari par l’occupation de Beyrouth-Ouest. Et une fois de plus, « les armes sacrées de la résistance contre l’occupation israélienne », pour reprendre le style fleuri qui a cours là-bas, ont été tournées contre les « frères libanais ». Quant à l’armée, elle n’est pas plus libanaise que l’Etat et son impuissance face au putsch du Hezbollah ne fait que le confirmer. Le Liban n’est plus qu’un terme géographique. Ou un prête-nom.

Cependant, quoique le Hezbollah soit maître du jeu, ses dirigeants ont, très intelligemment, décidé de se contenter du vrai pouvoir sans s’embarrasser des ses attributs, ou plutôt de ses hochets. L’apparence du pouvoir, ils la laissent volontiers aux partis et clans traditionnels. Ainsi le Hezbollah peut-il exercer l’autorité sans en assumer la responsabilité. Avec, de plus en plus, le monopole de la violence – peu lui importe qu’elle soit ou non légale. Son chef Hassan Nasrallah fixe les objectifs de la politique extérieure du Liban, c’est lui qui décide et noue les alliances au nom du pays et dicte sa stratégie militaire. C’est lui également qui en recueille tous les dividendes tandis que les chefs de la majorité drainent vers eux toutes les critiques. Bien joué.

Nasrallah a compris ce que les chefs du Hamas à Gaza ont préféré ignorer : faire la pluie et le beau temps est plus efficace que d’apparaître comme le météorologue en chef. Le Hamas, qui ne peut plus s’abriter derrière une Autorité palestinienne qui lui servait de paratonnerre, doit assumer la responsabilité de sa politique et, de surcroît, affronter les foudres de la communauté internationale et les régimes arabes modérés. Face à cette stratégie qui n’en est pas une, celle du Hezbollah se résume donc à un magistral tour de passe-passe : le pouvoir sans ses conséquences, la résistance à un ventre mou.

Reste à savoir pourquoi la majorité gouvernementale se laisse ainsi ridiculiser. La raison en est probablement que le souci premier des chefs sunnites, maronites et druzes est de défendre leurs intérêts communautaires – ce qui revient à chouchouter leurs clientèles. En clair, ils sont incapables de privilégier l’intérêt général. Or, l’intérêt général consisterait précisément à empêcher le Hezbollah de rafler le beurre et l’argent du beurre. En passant, une fois de plus, à côté de l’Histoire, ils ne font que confirmer ce mot, tristement drôle, de l’ami Basile de Koch : le Liban est le seul pays au monde qui se suicide pendant qu’on l’assassine.

Attrapons le GAL !

8

Le film intitulé GAL m’a indisposé grave. Non que je l’aie vu, certes ! A nos âges il faut se concentrer sur l’essentiel et se ménager : deux contre-indications radicales. Juste l’idée exorbitante de faire un « sequel » avant le film. Comme si la réaction précédait l’action et que l’effet puisse exister sans sa cause. Et pourquoi pas évoquer les crimes de l’Ulster Defence Association avant ceux de l’IRA ? Même Ken Loach n’y aurait pas pensé…
Jamais l’organisation terroriste ETA n’a fait l’objet d’un film éponyme relatant ses cinquante ans de folie criminelle. En revanche, il s’est trouvé un producteur assez courageux pour dénoncer, vingt ans après les faits, la « dérive paramilitaire » anti-ETA financée et armée dans l’Espagne démocratique des années 80 par le gouvernement légitime – et même socialiste, pour l’essentiel… « Y a pas de hasard ! », comme dit mon épouse actuelle.

Esclavage : tout n’est pas noir

Alors que les commémorations de l’abolition de l’esclavage se succèdent (le 10 mai en France, le 22 aux Antilles), pourquoi ne pas célébrer aussi une date plus réjouissante et totalement ignorée : la première abolition, le 4 février 1794 par la Convention ?

Obama comme Bush ?

Barack Obama va sans doute se retrouver dans une curieuse position au mois de juin : minoritaire en nombre de suffrages de militants démocrates, il sera sans doute légèrement majoritaire en nombre de délégués et emportera l’investiture de son parti. Comme Georges W. Bush en 2004 ?

Pour en finir avec l’affaire Al Doura

Il aura fallu près de huit ans, et le travail opiniâtre de quelques personnalités animées du souci de la vérité et de la justice pour que la chape de plomb que France 2 prétendait maintenir sur l’affaire Al Doura soit soulevée et que les doutes, plus que légitimes, relatifs à la véracité de ce reportage deviennent une vérité judiciaire.

Dès le premier jugement, d’ailleurs, pourtant favorable à France 2, il était établi que rien ne permettait à Charles Enderlin, qui n’était pas sur place, d’affirmer dans son commentaire du journal de 20 h que l’enfant était mort victime des tirs venus de la position militaire israélienne.

La Cour d’appel va plus loin, en affirmant que Philippe Karsenty a bien diffamé Charles Enderlin (c’est-à-dire, au sens propre, porté atteinte a son honneur et à sa réputation professionnelle) mais que « l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure et qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage ». En clair, cela signifie que, pour les juges, les accusateurs de France 2 ont de bonnes raisons d’estimer qu’Enderlin s’est fait le complice, volontaire ou involontaire, d’une mise en scène macabre réalisée à Gaza par son cameraman Talal Abou Rahma.

Ces derniers, aujourd’hui, tirent prétexte d’un recours en cassation, qui rappelons-le ne se prononcera que sur la forme, et non pas le fond du jugement, pour maintenir leurs positions : selon eux, les images diffusées et les commentaires reflètent l’exacte vérité de ce qui s’est passé le 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim.

Il faut rendre hommage à la présidente de la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris, Laurence Trébucq, d’avoir exigé de France 2 la diffusion devant les juges et le public des rushes tournés par Talal Abou Rahma à Gaza. Leur rétention ou leur diffusion restreinte devant un public trié sur le volet ne relevaient pas comme l’affirmait la direction de la chaîne d’un « souci de protection des sources ». Cette attitude s’explique beaucoup plus prosaïquement par le malaise qu’elles produisent chez tout professionnel, et même toute personne de bonne foi qui les regarde. On n’y trouve pas les « scènes insoutenables » de l’agonie de l’enfant que Charles Enderlin prétendait avoir coupé au montage, mais en revanche des mises en scènes répétées de blessures factices dont auraient été victimes les manifestants. Quant à la scène du père et de l’enfant abrités derrière un baril subissant des tirs nourris venus de la position israélienne, elles posent également des questions jusque là restées sans réponses : pourquoi aucune trace de sang n’apparaît-elle sur le t-shirt blanc de Jamal (le père) alors qu’il affirmera, plus tard avec été blessé par au moins huit balles, dont plusieurs dans la partie supérieure du corps ? Pourquoi voit-on une dernière image de l’enfant (coupée au montage), bougeant et même jetant un regard furtif en direction de la caméra alors que Charles Enderlin l’a déclaré mort ?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions et interrogations surgies au cours de plusieurs années d’enquête menées parallèlement par plusieurs personnes, dont l’auteur de ces lignes. Toutes se sont heurtées à l’impossibilité de mener des investigations à Gaza, et Talal Abou Rahma a été interdit de parole par France 2, après avoir tenus des propos imprudents, en 2002, dans un documentaire de la chaîne ARD réalisé par la journaliste allemande Esther Shapira.

Comment alors établir la preuve absolue de la mise en scène, quand son ou ses auteurs présumés sont claquemurés dans le bunker de Gaza où règne la loi des islamistes ?

D’ores et déjà, l’affaire « Al Doura » apparait comme un scandale médiatique de première grandeur, dont l’étouffement a failli réussir.

Aujourd’hui, France 2 et Charles Enderlin doivent la vérité au public qui leur a fait confiance. Pas une vérité bricolée à la va-vite en fonction des urgences judiciaires, mais celle qui surgit de la confrontation publique des éléments réunis par toutes les parties : les défenseurs, comme les accusateurs de France 2. Un élément nouveau, de première importance a surgi à la veille de la dernière audience de la Cour d’appel : le professeur Yehuda David, de l’hôpital Tel Hashomer de Tel Aviv, a rendu public le dossier médical de Jamal Al Doura. Le père présumé de l’enfant prétendu mort a été soigné et opéré en 1994 en Israël à la suite de nombreuses blessures à l’arme blanche reçues au cours d’une rixe à Gaza… Or, un « reportage » réalisé en octobre 2004 par Talal Abou Rahma, montrant des cicatrices a été présenté, devant un parterre de journalistes choisis, par la direction de France 2 comme la preuve absolue de la réalité des affirmations de Charles Enderlin. Selon le professeur David, les cicatrices apparentes sur les diverses parties du corps de Jamal Al Doura ne peuvent en aucun cas avoir été causées par des balles. Un examen médico-légal effectué par un praticien indépendant et expert de ces types de blessures s’impose donc : oui ou non Jamal al Doura a-t-il reçu entre huit et douze balles (selon ses diverses déclarations) ayant justifié des soins à l’hôpital Shifa de Gaza, puis à Amman en Jordanie ? La réponse est facile à obtenir, pour autant que les autorités de Gaza autorisent la sortie du territoire de Jamal al Doura.

Le président du CRIF, Richard Prasquier, propose la constitution d’une commission d’enquête internationale et indépendante qui examinerait toutes les pièces du dossier, procéderait à des auditions des témoins directs de la scène, tant israéliens que palestiniens et remettrait ses conclusions au public. A plusieurs reprises, Charles Enderlin s’est déclaré disposé à remettre tous les documents en sa possession et à témoigner devant une telle commission. Pour lui, le moment est venu de passer des paroles aux actes.

Un jeune vieux parti

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Die Linke (La Gauche), le parti de refondation de la gauche allemande créé il y un an, tenait son premier congrès les 24 et 25 mai. Son ambition : regrouper l’ensemble de la gauche anti-libérale et constituer un mouvement « digne du troisième millénaire ». De quoi fasciner tous ceux, en France, qui rêvent d’une formation unitaire de gauche en marge du PS. Seul hic : outre que nombre de ses cadres sont d’anciens staliniens, Die Linke est dirigée par un trio de papys – Oscar Lafontaine (65 ans), Lothar Bisky (68 ans) et leur cadet Gregor Gysi (60 ans), lequel pourrait difficilement rétorquer que « c’est la jeunesse du cœur qui compte », ayant déjà trois infarctus à son actif.

La France selon CNN

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« Du 2 au 8 juin, une analyse complète du nouveau visage de la France » : telle est l’ambition (et la publicité) qu’affiche la chaîne américaine CNN. Et à chaque journée « d’analyse complète » correspond une illustration visuelle. Lundi, consacré au « nouveau visage » de notre pays : un tampon « immigration ». Mardi, consacré aux « enjeux stratégiques internationaux » nous impliquant : rien. Case vide. Mercredi, ou les « défis économiques » : un logo nucléaire. Jeudi, ou « l’art de vivre à la française » : un tag barré du mot « Amor ». Vendredi, ou les limbes de « l’identité française » : une trace de rouge à lèvres. No comment. Samedi, « best of » : rien. Dimanche, consacré à « la France qui bouge » : un F au milieu du seul drapeau européen.

Dany Boon a failli perdre le Nord

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Kad Merad est en passe de devenir un de nos plus grands acteurs. J’ai dit ! La preuve : même dans les navets intimistes dont la France s’est fait une spécialité, il explose. C’est sur ses épaules que reposent les frêles Ch’tis et leur succès surdimensionné. Or qu’apprends-je ? Kad n’était qu’un deuxième choix. A l’origine, Dany Boon aurait préféré Daniel Auteuil ! Et pourquoi pas Francis Huster ou (j’ai mieux) Francis Perrin ?

Protégez-nous de Pascal Lamy

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Pascal Lamy, le patron (socialiste et français) de l’OMC a le sens du débat. « Je ne connais aucun protectionnisme qui ne porte une dose de xénophobie et de nationalisme. C’est sur le « plus jamais ça » d’après-guerre que s’est bâti le système actuel », a-t-il déclaré dans Libération le 21 mai (), alors même que de nombreux économistes prônent aujourd’hui un certain protectionnisme européen. Les salauds ! (On attend qu’il fasse part de ses observations aux Etats-Unis et à la Chine qui en connaissent un rayon en matières de barrières commerciales). En clair, si vous pensez que l’Europe pourrait (ne serait-ce qu’en appliquant ses propres règles) protéger son marché intérieur, et accessoirement, ses habitants les plus vulnérables, c’est que vous êtes un foutu raciste. Si vous pensez qu’il faut encourager le Tiers Monde à se doter de lois sociales, vous êtes un xénophobe. C’est bien connu : on commence par s’énerver contre l’invasion des T shirts chinois (ou des téléviseurs chinois, ou des chaussures chinoises) et on finit par dénoncer le péril jaune. C’est bien connu.

Lettre à tout le monde sur n’importe qui

2

Mea maxima culpa ! Julien avait raison : Pierre Desproges n’a jamais dit « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui », mais seulement « … pas avec tout le monde ». Nuance !

« Ca change quoi ? » diront certains esprits légers (que je salue au passage). Eh bien désolé, mais en l’occurrence ça change tout, esprits légers que vous êtes ! Dans le vague « tout le monde », il n’y a pas trace du mépris qui suinte du « n’importe qui ».
Or la tradition orale dont on nous tympanise depuis plus de vingt ans insiste unanimement sur ce « n’importe qui » desprogien, y compris la presse commémorative que j’ai colligée pour vous servir.

Bref, maintenant que j’ai reconnu mon erreur, permettez-moi d’expliquer en un mot (comme en cent) pourquoi j’ai eu raison d’avoir tort.
Qu’est-ce qui compte le plus pour la postérité, d’après vous ? Une phrase authentique et oubliée, ou un apocryphe devenu canonique ?
Henri IV n’a jamais dit « Paris vaut bien une messe ! », ni Louis XIV « L’Etat c’est moi ! », ni même Sarkozy « Si tu reviens j’annule tout. » Ça n’empêche qu’on les résume volontiers à ces formules controuvées. Tout le problème est de savoir si ces faux-là traduisent quelque chose de vrai.

Dans l’affaire Desproges en tout cas, je réponds oui sans hésiter à ma propre question. Et pour le prouver, rien de tel que de replacer la phrase dans son contexte, n’est-ce pas ?

Donc « recontextualisons » ! Il en restera toujours quelque chose…
Et d’un, Desproges s’adresse au Pen, qui n’est pas exactement M. Tout le Monde, surtout en 1984. Et de deux, l’humoriste cite trois exemples de « méchants » avec lesquels il n’aurait pas envie de rire. Or parmi ceux-ci deux sont purement virtuels : sauras-tu deviner lesquels ?

1. les « staliniens pratiquants » (une race alors déjà éteinte en France – et même en URSS, maintenant que j’y pense) ;
2. les « terroristes hystériques » (qu’on se le dise ! Desproges ne plaisantait qu’avec les terroristes équanimes, voire ataraxiques…) ;
3. les « militants d’extrême droite » (qui, on l’aura noté, n’ont même pas besoin d’une épithète péjorative, tant la diabolisation va de soi).

Tu as coché la case 3 ? Bravo ! Mais ne juge pas pour autant Pierre… Le talent n’interdit pas le besoin de reconnaissance – même s’il passe sous des fourches caudines.

En tant qu’anar de droite contrarié par l’époque, notre P.D. a cru avoir besoin de ce brevet d’antifascisme à deux balles. Et qui sommes-nous pour juger ce gland ? Après tout il faut bien vivre, comme disait le mec juste avant de crever.

Bienvenue chez les Chiites

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Le Liban a un drapeau, une monnaie, des institutions – en somme il possède tous les attributs du sujet, mais n’est pas un sujet. En réalité, il n’existe ni nation libanaise ni Etat libanais. Tout le problème est là.

Après plus de soixante ans de coexistence plus ou moins violente sous le même toit, cet agrégat de communautés n’est pas arrivé à transcender ses appartenances confessionnelles pour engendrer une nation, seule collectivité capable aujourd’hui de donner corps à un Etat souverain.

Le dernier épisode du feuilleton libanais n’est qu’une énième illustration de cette impasse. Rappelons brièvement les faits. Début mai, le conseil des ministres libanais prend deux décisions. La première est de démettre de ses fonctions l’officier responsable de la sécurité de l’aéroport de Beyrouth (qui avait autorisé le Hezbollah à installer sur les pistes un équipement lui permettant de contrôler l’approvisionnement de son armée privée). La deuxième est d’ordonner à la milice chiite de démanteler son système de communication.

Dans les deux cas, il s’agissait d’une tentative gouvernementale de sauvegarder la souveraineté libanaise face à un mouvement qui œuvre depuis des années à la construction d’un Etat dans l’Etat. Le Hezbollah et ses alliés ont réagi manu militari par l’occupation de Beyrouth-Ouest. Et une fois de plus, « les armes sacrées de la résistance contre l’occupation israélienne », pour reprendre le style fleuri qui a cours là-bas, ont été tournées contre les « frères libanais ». Quant à l’armée, elle n’est pas plus libanaise que l’Etat et son impuissance face au putsch du Hezbollah ne fait que le confirmer. Le Liban n’est plus qu’un terme géographique. Ou un prête-nom.

Cependant, quoique le Hezbollah soit maître du jeu, ses dirigeants ont, très intelligemment, décidé de se contenter du vrai pouvoir sans s’embarrasser des ses attributs, ou plutôt de ses hochets. L’apparence du pouvoir, ils la laissent volontiers aux partis et clans traditionnels. Ainsi le Hezbollah peut-il exercer l’autorité sans en assumer la responsabilité. Avec, de plus en plus, le monopole de la violence – peu lui importe qu’elle soit ou non légale. Son chef Hassan Nasrallah fixe les objectifs de la politique extérieure du Liban, c’est lui qui décide et noue les alliances au nom du pays et dicte sa stratégie militaire. C’est lui également qui en recueille tous les dividendes tandis que les chefs de la majorité drainent vers eux toutes les critiques. Bien joué.

Nasrallah a compris ce que les chefs du Hamas à Gaza ont préféré ignorer : faire la pluie et le beau temps est plus efficace que d’apparaître comme le météorologue en chef. Le Hamas, qui ne peut plus s’abriter derrière une Autorité palestinienne qui lui servait de paratonnerre, doit assumer la responsabilité de sa politique et, de surcroît, affronter les foudres de la communauté internationale et les régimes arabes modérés. Face à cette stratégie qui n’en est pas une, celle du Hezbollah se résume donc à un magistral tour de passe-passe : le pouvoir sans ses conséquences, la résistance à un ventre mou.

Reste à savoir pourquoi la majorité gouvernementale se laisse ainsi ridiculiser. La raison en est probablement que le souci premier des chefs sunnites, maronites et druzes est de défendre leurs intérêts communautaires – ce qui revient à chouchouter leurs clientèles. En clair, ils sont incapables de privilégier l’intérêt général. Or, l’intérêt général consisterait précisément à empêcher le Hezbollah de rafler le beurre et l’argent du beurre. En passant, une fois de plus, à côté de l’Histoire, ils ne font que confirmer ce mot, tristement drôle, de l’ami Basile de Koch : le Liban est le seul pays au monde qui se suicide pendant qu’on l’assassine.

Attrapons le GAL !

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Le film intitulé GAL m’a indisposé grave. Non que je l’aie vu, certes ! A nos âges il faut se concentrer sur l’essentiel et se ménager : deux contre-indications radicales. Juste l’idée exorbitante de faire un « sequel » avant le film. Comme si la réaction précédait l’action et que l’effet puisse exister sans sa cause. Et pourquoi pas évoquer les crimes de l’Ulster Defence Association avant ceux de l’IRA ? Même Ken Loach n’y aurait pas pensé…
Jamais l’organisation terroriste ETA n’a fait l’objet d’un film éponyme relatant ses cinquante ans de folie criminelle. En revanche, il s’est trouvé un producteur assez courageux pour dénoncer, vingt ans après les faits, la « dérive paramilitaire » anti-ETA financée et armée dans l’Espagne démocratique des années 80 par le gouvernement légitime – et même socialiste, pour l’essentiel… « Y a pas de hasard ! », comme dit mon épouse actuelle.

Esclavage : tout n’est pas noir

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Alors que les commémorations de l’abolition de l’esclavage se succèdent (le 10 mai en France, le 22 aux Antilles), pourquoi ne pas célébrer aussi une date plus réjouissante et totalement ignorée : la première abolition, le 4 février 1794 par la Convention ?

Obama comme Bush ?

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Barack Obama va sans doute se retrouver dans une curieuse position au mois de juin : minoritaire en nombre de suffrages de militants démocrates, il sera sans doute légèrement majoritaire en nombre de délégués et emportera l’investiture de son parti. Comme Georges W. Bush en 2004 ?

Pour en finir avec l’affaire Al Doura

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Il aura fallu près de huit ans, et le travail opiniâtre de quelques personnalités animées du souci de la vérité et de la justice pour que la chape de plomb que France 2 prétendait maintenir sur l’affaire Al Doura soit soulevée et que les doutes, plus que légitimes, relatifs à la véracité de ce reportage deviennent une vérité judiciaire.

Dès le premier jugement, d’ailleurs, pourtant favorable à France 2, il était établi que rien ne permettait à Charles Enderlin, qui n’était pas sur place, d’affirmer dans son commentaire du journal de 20 h que l’enfant était mort victime des tirs venus de la position militaire israélienne.

La Cour d’appel va plus loin, en affirmant que Philippe Karsenty a bien diffamé Charles Enderlin (c’est-à-dire, au sens propre, porté atteinte a son honneur et à sa réputation professionnelle) mais que « l’examen des rushes ne permet plus d’écarter les avis des professionnels entendus au cours de la procédure et qui avaient mis en doute l’authenticité du reportage ». En clair, cela signifie que, pour les juges, les accusateurs de France 2 ont de bonnes raisons d’estimer qu’Enderlin s’est fait le complice, volontaire ou involontaire, d’une mise en scène macabre réalisée à Gaza par son cameraman Talal Abou Rahma.

Ces derniers, aujourd’hui, tirent prétexte d’un recours en cassation, qui rappelons-le ne se prononcera que sur la forme, et non pas le fond du jugement, pour maintenir leurs positions : selon eux, les images diffusées et les commentaires reflètent l’exacte vérité de ce qui s’est passé le 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim.

Il faut rendre hommage à la présidente de la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris, Laurence Trébucq, d’avoir exigé de France 2 la diffusion devant les juges et le public des rushes tournés par Talal Abou Rahma à Gaza. Leur rétention ou leur diffusion restreinte devant un public trié sur le volet ne relevaient pas comme l’affirmait la direction de la chaîne d’un « souci de protection des sources ». Cette attitude s’explique beaucoup plus prosaïquement par le malaise qu’elles produisent chez tout professionnel, et même toute personne de bonne foi qui les regarde. On n’y trouve pas les « scènes insoutenables » de l’agonie de l’enfant que Charles Enderlin prétendait avoir coupé au montage, mais en revanche des mises en scènes répétées de blessures factices dont auraient été victimes les manifestants. Quant à la scène du père et de l’enfant abrités derrière un baril subissant des tirs nourris venus de la position israélienne, elles posent également des questions jusque là restées sans réponses : pourquoi aucune trace de sang n’apparaît-elle sur le t-shirt blanc de Jamal (le père) alors qu’il affirmera, plus tard avec été blessé par au moins huit balles, dont plusieurs dans la partie supérieure du corps ? Pourquoi voit-on une dernière image de l’enfant (coupée au montage), bougeant et même jetant un regard furtif en direction de la caméra alors que Charles Enderlin l’a déclaré mort ?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions et interrogations surgies au cours de plusieurs années d’enquête menées parallèlement par plusieurs personnes, dont l’auteur de ces lignes. Toutes se sont heurtées à l’impossibilité de mener des investigations à Gaza, et Talal Abou Rahma a été interdit de parole par France 2, après avoir tenus des propos imprudents, en 2002, dans un documentaire de la chaîne ARD réalisé par la journaliste allemande Esther Shapira.

Comment alors établir la preuve absolue de la mise en scène, quand son ou ses auteurs présumés sont claquemurés dans le bunker de Gaza où règne la loi des islamistes ?

D’ores et déjà, l’affaire « Al Doura » apparait comme un scandale médiatique de première grandeur, dont l’étouffement a failli réussir.

Aujourd’hui, France 2 et Charles Enderlin doivent la vérité au public qui leur a fait confiance. Pas une vérité bricolée à la va-vite en fonction des urgences judiciaires, mais celle qui surgit de la confrontation publique des éléments réunis par toutes les parties : les défenseurs, comme les accusateurs de France 2. Un élément nouveau, de première importance a surgi à la veille de la dernière audience de la Cour d’appel : le professeur Yehuda David, de l’hôpital Tel Hashomer de Tel Aviv, a rendu public le dossier médical de Jamal Al Doura. Le père présumé de l’enfant prétendu mort a été soigné et opéré en 1994 en Israël à la suite de nombreuses blessures à l’arme blanche reçues au cours d’une rixe à Gaza… Or, un « reportage » réalisé en octobre 2004 par Talal Abou Rahma, montrant des cicatrices a été présenté, devant un parterre de journalistes choisis, par la direction de France 2 comme la preuve absolue de la réalité des affirmations de Charles Enderlin. Selon le professeur David, les cicatrices apparentes sur les diverses parties du corps de Jamal Al Doura ne peuvent en aucun cas avoir été causées par des balles. Un examen médico-légal effectué par un praticien indépendant et expert de ces types de blessures s’impose donc : oui ou non Jamal al Doura a-t-il reçu entre huit et douze balles (selon ses diverses déclarations) ayant justifié des soins à l’hôpital Shifa de Gaza, puis à Amman en Jordanie ? La réponse est facile à obtenir, pour autant que les autorités de Gaza autorisent la sortie du territoire de Jamal al Doura.

Le président du CRIF, Richard Prasquier, propose la constitution d’une commission d’enquête internationale et indépendante qui examinerait toutes les pièces du dossier, procéderait à des auditions des témoins directs de la scène, tant israéliens que palestiniens et remettrait ses conclusions au public. A plusieurs reprises, Charles Enderlin s’est déclaré disposé à remettre tous les documents en sa possession et à témoigner devant une telle commission. Pour lui, le moment est venu de passer des paroles aux actes.