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Ah, les encurés !

8

Etes-vous favorable au mariage des prêtres ? Oui, s’ils s’aiment. C’est certainement ce que l’honorable révérend Dudley a pensé en acceptant de célébrer hier, comme nous l’apprend le Sunday Telegraph, le mariage de deux de ses collègues, les révérends Peter Cowell et David Lord : « As David and Jonathan’s souls were knit together, so these men may surely perform and keep the vow and covenant betwixt them made. » Vive émotion chez les conservateurs aussi bien que les libéraux anglicans. Passe encore la gaypride, mais pas les gaypriests !

Sarkozy et les médias : tous contre seul !

La main de Sarkozy dans la culotte de ma sœur. Que ma sœur et les lecteurs me pardonnent cette innocente ironie, mais ces jours-ci c’est un peu la ligne de nos plus estimables journaux (en particulier de ceux pour qui j’ai l’honneur de travailler : pas de chance). Donc, cette semaine, Marianne et Le Point annoncent concomitamment en « une » la mauvaise « nouvelle », si on peut employer ce terme s’agissant d’un « marronnier », ce qui, dans le jargon du métier, désigne un sujet rabâché. « Main basse sur les médias », annonce l’hebdo fondé par Jean-François Kahn à qui il faut au moins reconnaître sur ce sujet une rare constance. « Sarkozy contrôle-t-il les médias », s’interroge Le Point qui affiche plein pot la radieuse Laurence Ferrari, laquelle a fait cette semaine son entrée dans la cour des grands et figurera donc désormais parmi les people bénéficiant à vie des bontés de Photoshop. Comme Claire Chazal, elle a trente-cinq ans pour l’éternité, la veinarde[1. Je dois avouer que moi, je l’aime bien la Lolo ; je l’ai croisée une fois dans une émission d’Ardisson au milieu de quelques tristes sires de la télé et il faut dire qu’elle sortait du lot. Bon, elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle veut n’est pas forcément génial, mais elle en a.]. Le plus rigolo est que ceux qui s’émerveillaient hier de l’impertinence de la dame parce qu’elle avait eu le « courage » de dire à Nicolas Sarkozy qu’il était candidat à la présidence de la République (quel magnifique culot) décrètent aujourd’hui par avance qu’elle sera la voix de son maître, parfois en frôlant le mauvais goût sur un mode plus ou moins subliminal.

Marianne et Le Point ne sont pas seuls sur ce bon coup. Le Monde en remet une louche avec un article intitulé « Sarkozy au cœur des médias ». Et sur i télé, sans s’aviser de l’incohérence logique de son propos, le nouveau patron du Nouvel Observateur s’excuse presque de ne pas avoir consacré sa couverture à cet important sujet. Toutefois, que les lecteurs de l’Obs ne s’énervent pas. Eux aussi ont droit à leur dose de sarkozyne, avec deux articles – également annoncés en « une » – consacrés aux martyrs de la semaine. Car qui dit oppression dit opprimés. Drôles de martyrs, au demeurant : après Alain Genestar, viré de Paris Match pour avoir publié en « une » la photo de l’épouse d’un futur président avec son amant, c’est Patrick Poivre d’Arvor, débarqué du 20 heures de TF1 après trente ans de bons et loyaux services. On ose espérer que ces deux victimes de la répression sarkozyste ne sont pas parties les mains vides – j’aimerais bien, moi, me faire virer de causeur, avec un petit en-cas pour la route (en vrai, non !).

Derrière la disgrâce de ces deux héros de la liberté, se profilerait donc l’ombre de notre omnipotent président. A vrai dire, concernant le premier, l’indignation peut surprendre. Après tout, on a beau être large d’esprit, on est en droit de trouver assez minable la publication d’une photo d’épouse adultère, quand bien même il s’agirait de celle d’un ministre. Genestar livre le récit de son Expulsion (Grasset) dans un petit ouvrage : « Je savais qu’il avait demandé ma tête », écrit-il. Ah ? Comme source, c’est un peu faible, mais admettons. On y apprend aussi qu’il se sent désormais étranger dans ce pays devenu Sarkoland. Bon. Peut-être aurait-il pu s’en rendre compte plus tôt : en réalité, bien avant la présidentielle, la grande période de sarkophilie galopante des journalistes (qui ciraient allègrement les pompes du ministre sans paraître souffrir de sa poigne de fer) a dû plus ou moins coïncider avec le sacerdoce de Genestar à la tête de l’hebdomadaire. Il semble qu’à l’époque, il ne se sentait pas si étranger à cette France qui s’apprêtait à se donner au tyran. Quoi qu’il en soit, Genestar est un ingrat : après quarante ans de métier au service de la political correctness, le voilà qui tombe en martyr – tout en se défendant de l’être. Elle est pas belle, la vie ?

Mais le camp de la résistance héroïque peut s’enorgueillir d’une prise de guerre autrement plus intéressante. Voilà donc notre national PPDA fêté comme Jean Moulin. Bien sûr, il y a la chute de l’audience de TF1, l’agacement qu’il suscitait chez son patron à faire comme si c’était lui, le patron, sans compter le livre dans lequel quelques-uns de ses camarades, courageux et anonymes, taillaient à l’icône un costard pas très chouette. Ne vous y trompez pas : la véritable raison de l’éviction du meilleur d’entre nous est cette petite phrase sur le caractère impétueux et légèrement infantile du menhir de la politique – le président –, pour laquelle il aurait présenté des excuses. En tout cas, au cours de toutes ces années, il ne s’était pas, lui non plus, avisé de l’amitié qui lie Martin (Bouygues) à Nicolas (Sarkozy). Il n’est jamais trop tard pour apprendre. Depuis qu’il est au courant, on ne la lui fait pas, à PPDA. Le testament qu’il laisse aux journalistes de TF1 est empreint de gravité : il ne reste plus qu’à espérer qu’ils sauront lutter pour leur indépendance maintenant qu’il n’est plus là pour faire barrage de son corps. On en pleurerait. A moins qu’on ne préfère en rigoler.

Coutume irlandaise

9

De tous les peuples européens, les Irlandais sont certainement les plus fidèles à leurs belles traditions millénaires, comme celle-ci, magnifiquement illustrée par le peintre de Belfast, Flavour O’Connor : embarquer gentiment un ami vers le grand large et lui faire prendre un bain, la tête solidement attachée à une ancre.

Flavour O’Connor, Joyeuse barque d’Irlandais au large de Cork. Huile sur toile, 1726, vieillie en fût de chêne à l’Irish Coffee Museum de Tipperary.

Si j’aurais su, j’aurais pas venu !

1

Pas de bol pour les organisateurs de la Nuit des Ecoles, qui ont squatté vendredi soir 650 établissements scolaires pour protester contre « les mesures Darcos ». Tout d’abord, la police n’est intervenue nulle part pour déloger les occupants, les privant ainsi de leur droit opposable à la jérémiade sur l’ »ordre sarkozyste ». Mais le pire, ce furent les réjouissances d’après-dîner : partout en France, à 20 h 30 pile, les milliers d’écoliers réquisitionnés pour l’opération se sont retrouvés devant TF1 pour assister à la victoire des Bleus. Inutile de préciser que deux heures plus tard, nos jeunes militants-malgré-eux étaient à peu près aussi confiants dans l’avenir qu’un militant FSU lambda.

Auteurs sans droits ?

0

Yvette Horner et les Daft Punk réunis autour d’une coupe de champagne, c’est le petit miracle opéré par la Sacem qui a eu la bonne idée d’honorer simultanément ses nouveaux « sociétaires définitifs » et ceux qui avaient acquis ce statut envié depuis 50 ans déjà. De fait, les auteurs et compositeurs auront besoin de surmonter leurs différences s’ils veulent pouvoir se faire entendre sur un dossier moins médiatisé que le téléchargement illégal, mais beaucoup plus pathogène: l’ouverture annoncée par Bruxelles du secteur des droits d’auteurs à la sacro-sainte concurrence.

France-Pays Bas : de la lettre au pied

2

Avant le match contre les Pays-Bas, Raymond Domenech n’a pas jugé utile de lire la lettre de Guy Môquet à ses joueurs. On connaît le résultat.

Avis de non-tempête dans le désert

0

Nous ne lisons pas tous les jours la presse koweitienne. Difficile donc de faire comme si nous n’avions pas chipé sur le site du Courrier International l’info alarmante qui suit : des princes de la famille royale intrigueraient dans l’ombre (rare là-bas) pour supprimer les micro-libertés que la Constitution octroie à leurs féaux. Il semblerait même que les comploteurs ne soient pas plus attachés que ça à l’idée même de Constitution. Ce qui ne manque pas de m’inquiéter : les mêmes causes produisant les mêmes effets, en cas de disparitions des libertés au Koweit, le Monde Libre déclenchera automatiquement une nouvelle guerre pour les rétablir… Si mon raisonnement pêchait quelque part, n’hésitez pas à me le signaler.

Dieu.com

6

Sexe, légumes et vidéos : tout se consomme désormais sur le web. Pourquoi pas la religion ? Parlons Net reçoit cette semaine Jean-François Mayer, fondateur de l’institut Religioscopie et auteur d’une enquête édifiante : Internet et religions (éditions Infolio). Pour l’interroger, Bénédicte Charles de Marianne2.fr, Xavier Monnier de Bakchich.info et David Martin-Castelnau de Causeur.fr.

Peut-on procéder à un baptême en ligne ? Si oui, expédie-t-on l’eau bénite par courriel ? Jean-François Mayer explique comment l’utilisation d’Internet bouleverse la pratique religieuse de manière parfois saugrenue. La religion – ce qui relie, au sens étymologique – peut-elle survivre à « l’atomisation spirituelle » ? Mayer répond par l’affirmative : la pratique religieuse proprement dite (prière par mail, messe en podcast, etc.) ne ferait que pallier, à la marge, à l’isolement de certains fidèles. Pour l’essentiel, le web serait surtout utilisé à des fins de communication et de documentation.

Comment les religions exploitent-elles Internet ? A en croire Jean-François Mayer, le cybermonde ressemble assez au monde réel : le protestantisme évangélique, efficace et prosélyte, y progresse le plus rapidement. L’islam est y représenté à la fois par des savants soucieux d’échanges et des groupuscules de fanatiques. L’église catholique, plus figée, s’y adapte finalement. Des sites reliés au judaïsme y perpétuent la tradition et posent des questions à coller le caramel. Et surprise : l’hindouisme y serait particulièrement à l’aise… Quant aux minorités persécutées, des Alevis de Turquie aux Kabyles osant revenir au christianisme de leurs ancêtres, ils trouvent parfois refuge sur le net, y développant des « cyber catacombes ».

Pour finir, une question cruciale : revenant parmi nous, l’envoyé de l’Eternel s’annoncerait-il on line ? La réponse (à visionner) de l’auteur ne manque pas d’esprit. DMC

1ère partie
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2e partie
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3e partie
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Jeux dangereux

1

Durant les quinze dernières années, plus de quatre mille enfants chinois – dont 92 % de garçons – ont été prénommés Aoyun, c’est-à-dire « jeux olympiques ». Il n’est pas trop tard pour rappeler aux Chinoises enceintes que les Jeux Paralympiques 2008 se tiendront eux aussi à Pékin.

Aventures en vexillologie

13

Toujours à la recherche d’une activité futile, je me suis passionné hier soir pour une discussion lancée sur l’excellent site, disons joyeusement post-réactionnaire, I like your style. Pour aggraver mon cas, je préciserai qu’il s’agissait d’une digression dans le fil, lequel concernait au départ la photo d’un imposant fourneau de cuisine en fonte, les gens d’ILYS se passionnant hélas souvent pour des sujets moins dignes d’intérêt que la carrière de Laurence Ferrari ou le prix du gasoil à la pompe. Cette digression, donc, portait sur un détail de la photo où, à la droite de la cuisinière, on distinguait à l’évidence un drapeau américain, et caché derrière, à peine visible, le bout d’un autre oriflamme, beaucoup moins aisément identifiable. Il y avait néanmoins un indice, une étoile à sept branches (personne n’est parfait) sur fond rouge. Ces gens-là se passionnaient donc pour trouver d’où pouvait bien venir ce fichu morceau de tissu, jusqu’à ce qu’un internaute apparemment de race corse, répondant au pseudo de Sampieru suggère que le drapeau en question était le « Red Ensign » australien, autrefois emblème officiel du pays des kangourous et de Kylie Minogue, et désormais réservé à l’usage des seuls navires marchands, le drapeau officiel étant désormais le « Blue Ensign », c’est-à-dire le même, mais sur fond bleu.

Emballé à l’idée de jouer les mouches du coche, je me suis donc intéressé dans mon coin au mystérieux drapeau derrière le Stars and Stripes (certains indigènes l’écrivent avec deux majuscules, d’autres non). A priori, la piste de l’ex-drapeau officiel australien me paraissait la bonne, les étoiles à sept branches étant un quasi-monopole de la terre d’asile de Simon Leys, mais allez savoir… La requête Google « seven points star » ne débouchant sur rien de très pertinent, j’ai recherché les sites faisant autorité en matière de « vexillologie » – avant même de commencer ma quête, j’avais déjà appris un nouveau mot, toujours ça que les Boches n’auront pas… Finalement j’arrêtai mon choix sur le site US Flags Of The World, qui me semblait au poil. Puis dans mon anglais pataud, mais bankable j’envoyais, à tout hasard, un petit mot à l’animateur dudit site, accompagné de la fameuse photo de cuisinière. Quelques heures après, je recevais la réponse suivante :

« Bonjour, mon ami, Excusez-moi pour mon pauvre francais… j’etude votre bel langue pour cinq ans (2 en l’universite), mais, je ne souviens pas beaucoup de mots… Ce drapeau – est-ce que un drapeau rouge, avec le « Union Jack » ? Australian ensign ? Ici. Thank you for being patient with my French. I used to know more, but it is sad that there are few French speakers in Southern California. By the way, my daughter was born on July 14 – Bastille Day! I fly your flag on her birthday ! Bon nuit ! Votre ami,
Edward »

Cette missive me semble appeler plusieurs commentaires.
Primo, les résultats de Southern California et de Northern Corsica sont identiques. A moins d’un sombre complot désinformateur américano-paoliste, la piste australienne semble donc être LA bonne.
Secundo, vous, je ne sais pas, mais moi, je suis ému par ce mec qui répond aussi prestement, gentiment et savamment à un casse-pieds inconnu ; les Américains ne seraient-ils donc pas tous des monstres égoïstes, Sean Penn excepté ?
Tertio, la cybervexillologie, c’est rigolo : grâce à Flags Of The World, je vais pouvoir imprimer en format A4 tous les drapeaux dont j’ai besoin. A cet effet, en ce matin du vendredi 13 juin, j’ai planté deux mâts (en vrai, des ci-devant manches à balai) dans mon jardin. Le premier me servira (peut-être) à arborer dès cet après-midi les couleurs irlandaises. Quant au second (quoi qu’il arrive) je vais y hisser tout de suite, en l’honneur du match France-Hollande, un beau drapeau bleu blanc rouge – rayures horizontales, cela va de soi !

Ah, les encurés !

8

Etes-vous favorable au mariage des prêtres ? Oui, s’ils s’aiment. C’est certainement ce que l’honorable révérend Dudley a pensé en acceptant de célébrer hier, comme nous l’apprend le Sunday Telegraph, le mariage de deux de ses collègues, les révérends Peter Cowell et David Lord : « As David and Jonathan’s souls were knit together, so these men may surely perform and keep the vow and covenant betwixt them made. » Vive émotion chez les conservateurs aussi bien que les libéraux anglicans. Passe encore la gaypride, mais pas les gaypriests !

Sarkozy et les médias : tous contre seul !

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La main de Sarkozy dans la culotte de ma sœur. Que ma sœur et les lecteurs me pardonnent cette innocente ironie, mais ces jours-ci c’est un peu la ligne de nos plus estimables journaux (en particulier de ceux pour qui j’ai l’honneur de travailler : pas de chance). Donc, cette semaine, Marianne et Le Point annoncent concomitamment en « une » la mauvaise « nouvelle », si on peut employer ce terme s’agissant d’un « marronnier », ce qui, dans le jargon du métier, désigne un sujet rabâché. « Main basse sur les médias », annonce l’hebdo fondé par Jean-François Kahn à qui il faut au moins reconnaître sur ce sujet une rare constance. « Sarkozy contrôle-t-il les médias », s’interroge Le Point qui affiche plein pot la radieuse Laurence Ferrari, laquelle a fait cette semaine son entrée dans la cour des grands et figurera donc désormais parmi les people bénéficiant à vie des bontés de Photoshop. Comme Claire Chazal, elle a trente-cinq ans pour l’éternité, la veinarde[1. Je dois avouer que moi, je l’aime bien la Lolo ; je l’ai croisée une fois dans une émission d’Ardisson au milieu de quelques tristes sires de la télé et il faut dire qu’elle sortait du lot. Bon, elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle veut n’est pas forcément génial, mais elle en a.]. Le plus rigolo est que ceux qui s’émerveillaient hier de l’impertinence de la dame parce qu’elle avait eu le « courage » de dire à Nicolas Sarkozy qu’il était candidat à la présidence de la République (quel magnifique culot) décrètent aujourd’hui par avance qu’elle sera la voix de son maître, parfois en frôlant le mauvais goût sur un mode plus ou moins subliminal.

Marianne et Le Point ne sont pas seuls sur ce bon coup. Le Monde en remet une louche avec un article intitulé « Sarkozy au cœur des médias ». Et sur i télé, sans s’aviser de l’incohérence logique de son propos, le nouveau patron du Nouvel Observateur s’excuse presque de ne pas avoir consacré sa couverture à cet important sujet. Toutefois, que les lecteurs de l’Obs ne s’énervent pas. Eux aussi ont droit à leur dose de sarkozyne, avec deux articles – également annoncés en « une » – consacrés aux martyrs de la semaine. Car qui dit oppression dit opprimés. Drôles de martyrs, au demeurant : après Alain Genestar, viré de Paris Match pour avoir publié en « une » la photo de l’épouse d’un futur président avec son amant, c’est Patrick Poivre d’Arvor, débarqué du 20 heures de TF1 après trente ans de bons et loyaux services. On ose espérer que ces deux victimes de la répression sarkozyste ne sont pas parties les mains vides – j’aimerais bien, moi, me faire virer de causeur, avec un petit en-cas pour la route (en vrai, non !).

Derrière la disgrâce de ces deux héros de la liberté, se profilerait donc l’ombre de notre omnipotent président. A vrai dire, concernant le premier, l’indignation peut surprendre. Après tout, on a beau être large d’esprit, on est en droit de trouver assez minable la publication d’une photo d’épouse adultère, quand bien même il s’agirait de celle d’un ministre. Genestar livre le récit de son Expulsion (Grasset) dans un petit ouvrage : « Je savais qu’il avait demandé ma tête », écrit-il. Ah ? Comme source, c’est un peu faible, mais admettons. On y apprend aussi qu’il se sent désormais étranger dans ce pays devenu Sarkoland. Bon. Peut-être aurait-il pu s’en rendre compte plus tôt : en réalité, bien avant la présidentielle, la grande période de sarkophilie galopante des journalistes (qui ciraient allègrement les pompes du ministre sans paraître souffrir de sa poigne de fer) a dû plus ou moins coïncider avec le sacerdoce de Genestar à la tête de l’hebdomadaire. Il semble qu’à l’époque, il ne se sentait pas si étranger à cette France qui s’apprêtait à se donner au tyran. Quoi qu’il en soit, Genestar est un ingrat : après quarante ans de métier au service de la political correctness, le voilà qui tombe en martyr – tout en se défendant de l’être. Elle est pas belle, la vie ?

Mais le camp de la résistance héroïque peut s’enorgueillir d’une prise de guerre autrement plus intéressante. Voilà donc notre national PPDA fêté comme Jean Moulin. Bien sûr, il y a la chute de l’audience de TF1, l’agacement qu’il suscitait chez son patron à faire comme si c’était lui, le patron, sans compter le livre dans lequel quelques-uns de ses camarades, courageux et anonymes, taillaient à l’icône un costard pas très chouette. Ne vous y trompez pas : la véritable raison de l’éviction du meilleur d’entre nous est cette petite phrase sur le caractère impétueux et légèrement infantile du menhir de la politique – le président –, pour laquelle il aurait présenté des excuses. En tout cas, au cours de toutes ces années, il ne s’était pas, lui non plus, avisé de l’amitié qui lie Martin (Bouygues) à Nicolas (Sarkozy). Il n’est jamais trop tard pour apprendre. Depuis qu’il est au courant, on ne la lui fait pas, à PPDA. Le testament qu’il laisse aux journalistes de TF1 est empreint de gravité : il ne reste plus qu’à espérer qu’ils sauront lutter pour leur indépendance maintenant qu’il n’est plus là pour faire barrage de son corps. On en pleurerait. A moins qu’on ne préfère en rigoler.

Coutume irlandaise

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De tous les peuples européens, les Irlandais sont certainement les plus fidèles à leurs belles traditions millénaires, comme celle-ci, magnifiquement illustrée par le peintre de Belfast, Flavour O’Connor : embarquer gentiment un ami vers le grand large et lui faire prendre un bain, la tête solidement attachée à une ancre.

Flavour O’Connor, Joyeuse barque d’Irlandais au large de Cork. Huile sur toile, 1726, vieillie en fût de chêne à l’Irish Coffee Museum de Tipperary.

Si j’aurais su, j’aurais pas venu !

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Pas de bol pour les organisateurs de la Nuit des Ecoles, qui ont squatté vendredi soir 650 établissements scolaires pour protester contre « les mesures Darcos ». Tout d’abord, la police n’est intervenue nulle part pour déloger les occupants, les privant ainsi de leur droit opposable à la jérémiade sur l’ »ordre sarkozyste ». Mais le pire, ce furent les réjouissances d’après-dîner : partout en France, à 20 h 30 pile, les milliers d’écoliers réquisitionnés pour l’opération se sont retrouvés devant TF1 pour assister à la victoire des Bleus. Inutile de préciser que deux heures plus tard, nos jeunes militants-malgré-eux étaient à peu près aussi confiants dans l’avenir qu’un militant FSU lambda.

Auteurs sans droits ?

0

Yvette Horner et les Daft Punk réunis autour d’une coupe de champagne, c’est le petit miracle opéré par la Sacem qui a eu la bonne idée d’honorer simultanément ses nouveaux « sociétaires définitifs » et ceux qui avaient acquis ce statut envié depuis 50 ans déjà. De fait, les auteurs et compositeurs auront besoin de surmonter leurs différences s’ils veulent pouvoir se faire entendre sur un dossier moins médiatisé que le téléchargement illégal, mais beaucoup plus pathogène: l’ouverture annoncée par Bruxelles du secteur des droits d’auteurs à la sacro-sainte concurrence.

France-Pays Bas : de la lettre au pied

2

Avant le match contre les Pays-Bas, Raymond Domenech n’a pas jugé utile de lire la lettre de Guy Môquet à ses joueurs. On connaît le résultat.

Avis de non-tempête dans le désert

0

Nous ne lisons pas tous les jours la presse koweitienne. Difficile donc de faire comme si nous n’avions pas chipé sur le site du Courrier International l’info alarmante qui suit : des princes de la famille royale intrigueraient dans l’ombre (rare là-bas) pour supprimer les micro-libertés que la Constitution octroie à leurs féaux. Il semblerait même que les comploteurs ne soient pas plus attachés que ça à l’idée même de Constitution. Ce qui ne manque pas de m’inquiéter : les mêmes causes produisant les mêmes effets, en cas de disparitions des libertés au Koweit, le Monde Libre déclenchera automatiquement une nouvelle guerre pour les rétablir… Si mon raisonnement pêchait quelque part, n’hésitez pas à me le signaler.

Dieu.com

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Sexe, légumes et vidéos : tout se consomme désormais sur le web. Pourquoi pas la religion ? Parlons Net reçoit cette semaine Jean-François Mayer, fondateur de l’institut Religioscopie et auteur d’une enquête édifiante : Internet et religions (éditions Infolio). Pour l’interroger, Bénédicte Charles de Marianne2.fr, Xavier Monnier de Bakchich.info et David Martin-Castelnau de Causeur.fr.

Peut-on procéder à un baptême en ligne ? Si oui, expédie-t-on l’eau bénite par courriel ? Jean-François Mayer explique comment l’utilisation d’Internet bouleverse la pratique religieuse de manière parfois saugrenue. La religion – ce qui relie, au sens étymologique – peut-elle survivre à « l’atomisation spirituelle » ? Mayer répond par l’affirmative : la pratique religieuse proprement dite (prière par mail, messe en podcast, etc.) ne ferait que pallier, à la marge, à l’isolement de certains fidèles. Pour l’essentiel, le web serait surtout utilisé à des fins de communication et de documentation.

Comment les religions exploitent-elles Internet ? A en croire Jean-François Mayer, le cybermonde ressemble assez au monde réel : le protestantisme évangélique, efficace et prosélyte, y progresse le plus rapidement. L’islam est y représenté à la fois par des savants soucieux d’échanges et des groupuscules de fanatiques. L’église catholique, plus figée, s’y adapte finalement. Des sites reliés au judaïsme y perpétuent la tradition et posent des questions à coller le caramel. Et surprise : l’hindouisme y serait particulièrement à l’aise… Quant aux minorités persécutées, des Alevis de Turquie aux Kabyles osant revenir au christianisme de leurs ancêtres, ils trouvent parfois refuge sur le net, y développant des « cyber catacombes ».

Pour finir, une question cruciale : revenant parmi nous, l’envoyé de l’Eternel s’annoncerait-il on line ? La réponse (à visionner) de l’auteur ne manque pas d’esprit. DMC

1ère partie
[daily]x5qqgb[/daily]

2e partie
[daily]x5qqgo[/daily]

3e partie
[daily]x5qqbv[/daily]

Jeux dangereux

1

Durant les quinze dernières années, plus de quatre mille enfants chinois – dont 92 % de garçons – ont été prénommés Aoyun, c’est-à-dire « jeux olympiques ». Il n’est pas trop tard pour rappeler aux Chinoises enceintes que les Jeux Paralympiques 2008 se tiendront eux aussi à Pékin.

Aventures en vexillologie

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Toujours à la recherche d’une activité futile, je me suis passionné hier soir pour une discussion lancée sur l’excellent site, disons joyeusement post-réactionnaire, I like your style. Pour aggraver mon cas, je préciserai qu’il s’agissait d’une digression dans le fil, lequel concernait au départ la photo d’un imposant fourneau de cuisine en fonte, les gens d’ILYS se passionnant hélas souvent pour des sujets moins dignes d’intérêt que la carrière de Laurence Ferrari ou le prix du gasoil à la pompe. Cette digression, donc, portait sur un détail de la photo où, à la droite de la cuisinière, on distinguait à l’évidence un drapeau américain, et caché derrière, à peine visible, le bout d’un autre oriflamme, beaucoup moins aisément identifiable. Il y avait néanmoins un indice, une étoile à sept branches (personne n’est parfait) sur fond rouge. Ces gens-là se passionnaient donc pour trouver d’où pouvait bien venir ce fichu morceau de tissu, jusqu’à ce qu’un internaute apparemment de race corse, répondant au pseudo de Sampieru suggère que le drapeau en question était le « Red Ensign » australien, autrefois emblème officiel du pays des kangourous et de Kylie Minogue, et désormais réservé à l’usage des seuls navires marchands, le drapeau officiel étant désormais le « Blue Ensign », c’est-à-dire le même, mais sur fond bleu.

Emballé à l’idée de jouer les mouches du coche, je me suis donc intéressé dans mon coin au mystérieux drapeau derrière le Stars and Stripes (certains indigènes l’écrivent avec deux majuscules, d’autres non). A priori, la piste de l’ex-drapeau officiel australien me paraissait la bonne, les étoiles à sept branches étant un quasi-monopole de la terre d’asile de Simon Leys, mais allez savoir… La requête Google « seven points star » ne débouchant sur rien de très pertinent, j’ai recherché les sites faisant autorité en matière de « vexillologie » – avant même de commencer ma quête, j’avais déjà appris un nouveau mot, toujours ça que les Boches n’auront pas… Finalement j’arrêtai mon choix sur le site US Flags Of The World, qui me semblait au poil. Puis dans mon anglais pataud, mais bankable j’envoyais, à tout hasard, un petit mot à l’animateur dudit site, accompagné de la fameuse photo de cuisinière. Quelques heures après, je recevais la réponse suivante :

« Bonjour, mon ami, Excusez-moi pour mon pauvre francais… j’etude votre bel langue pour cinq ans (2 en l’universite), mais, je ne souviens pas beaucoup de mots… Ce drapeau – est-ce que un drapeau rouge, avec le « Union Jack » ? Australian ensign ? Ici. Thank you for being patient with my French. I used to know more, but it is sad that there are few French speakers in Southern California. By the way, my daughter was born on July 14 – Bastille Day! I fly your flag on her birthday ! Bon nuit ! Votre ami,
Edward »

Cette missive me semble appeler plusieurs commentaires.
Primo, les résultats de Southern California et de Northern Corsica sont identiques. A moins d’un sombre complot désinformateur américano-paoliste, la piste australienne semble donc être LA bonne.
Secundo, vous, je ne sais pas, mais moi, je suis ému par ce mec qui répond aussi prestement, gentiment et savamment à un casse-pieds inconnu ; les Américains ne seraient-ils donc pas tous des monstres égoïstes, Sean Penn excepté ?
Tertio, la cybervexillologie, c’est rigolo : grâce à Flags Of The World, je vais pouvoir imprimer en format A4 tous les drapeaux dont j’ai besoin. A cet effet, en ce matin du vendredi 13 juin, j’ai planté deux mâts (en vrai, des ci-devant manches à balai) dans mon jardin. Le premier me servira (peut-être) à arborer dès cet après-midi les couleurs irlandaises. Quant au second (quoi qu’il arrive) je vais y hisser tout de suite, en l’honneur du match France-Hollande, un beau drapeau bleu blanc rouge – rayures horizontales, cela va de soi !