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Mondialisation mondaine

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Son Altesse Sérénissime le prince Albert II de Monaco était samedi à Genève pour y lancer la branche suisse de sa Fondation pour l’Environnement. Les banques monégasques et suisses vont-elles désormais laver plus propre ? On l’espère. Pour la Planète.

Jean Daniel, spectateur consterné ?

Jean Daniel a choisi la pire des façons de s’adresser à ses amis : en leur disant la vérité. Leur vérité. Depuis 1956, date de son premier reportage en Israël, et alors que tant d’autres donnaient dans le genre « ambassadeur de l’Unesco » – amis de tous, ennemis des vérités qui fâchent… –, il n’aura jamais cessé de remuer le fer dans la plaie et de mettre chaque camp face à ses responsabilités.

Aux Israéliens, il a conseillé dès les années 1960 d’abandonner « la chimère d’un Grand Israël », puis d’envisager de « partager » Jérusalem et enfin, plus que tout, de se croire assez forts pour accéder aux demandes légitimes des Palestiniens et de prendre en compte leurs souffrances. Jamais il n’aura posé sa plume quand il s’agissait de critiquer le jeune Etat ou son armée, et jamais il n’aura manqué de dénoncer leurs dérives – jusqu’à Sabra et Chatila, qui fut le théâtre du massacre de Palestiniens par des Libanais, avec la bénédiction, estime-t-il, de Tsahal[1. On verra, à ce sujet, le film Valse avec Bachir de l’israélien Ari Folman (actuellement sur les écrans). En attendant, un jour, que les cinémas égyptien ou syrien soient capables de tels exercices…]. Mais celui qui fut insulté et soupçonné pour ses origines juives, n’aura pas non plus échappé à l’accusation de trahison : en s’interrogeant, à un demi-siècle de distance, sur l’hypothèse de la disparition d’Israël, puis sur l’américanisation (à ses yeux néfastes) du sionisme, Jean Daniel a régulièrement froissé ceux qui attendaient de lui un engagement aveugle en faveur d’Israël.

De même n’aura-t-il jamais ménagé ses amis et interlocuteurs arabes ou Palestiniens. Et cet équilibre dans la critique, qui n’a rien de formel, mais répond à la désespérante complexité du drame moyen-oriental, n’est pas le moindre des intérêts de cette somme. La tentation, constante chez certains, de propager la haine des Juifs trouvera toujours, sous sa plume, une réprobation immédiate et argumentée. De même, l’hypocrisie des leaders musulmans sur la « fraternité arabe » : des massacres de Septembre Noir à l’organisation délibérée de la misère des réfugiés, les pays arabes auront très largement contribué à la souffrance et au désespoir palestiniens. On trouvera également, dans cet épais volume, des analyses sur l’évolution de la politique arabe (du nationalisme au religieux), sur les neocons, mais aussi des portraits éclairants de Sadate et d’Arafat, ainsi qu’une longue réflexion sur De Gaulle et les Juifs dont les conclusions, déroutantes, feront les délices du lecteur.

Reste une question : Jean Daniel croit-il à la paix ? Curieusement, oui. Sa consternation ne s’abandonne jamais au fatalisme. De culture arabe, familiers de leurs leaders, il sent proche le moment où les peuples musulmans devront choisir entre l’aventure confessionnelle et la réconciliation avec l’idée du bonheur et de la cohabitation – et alors, tout deviendra possible. Quant aux Israéliens, il les sait exténués par ce conflit qui ronge leurs âmes et prend leurs enfants. La paix de guerre lasse : qui sait ? Ce pourrait être du reste, selon moi, le fin mot de cet ouvrage : « Amis, vous ferez un jour la paix, car vous avez tous également tort. »

Israël, les Arabes, la Palestine. Chroniques 1956-2008

Price: 15,00 €

9 used & new available from

Les époux

19

Comme l’écrivent tous les historiens de l’art, Jan van Eyck était quelqu’un de très primitif : dénué de toute imagination, il ne pouvait peindre ni scène mythologique ni scène biblique. Il se contentait de prendre des instantanés de la vie quotidienne, comme sur cette scène intitulée : Mari découvrant que sa femme n’est pas vierge et s’apprêtant à la répudier.

Jan van Eyck, Les époux. Huile sur bois, 1434. National Gallery, Londres.

Raymond l’inconscience

Quelques secondes après la défaite contre l’Italie, l’envoyé spécial de Causeur.fr alpaguait Raymond Domenech (aka Raymond-la-Science) dans les couloirs du KriegGrossMalher Stadium, pour une interview aussi exclusive qu’imaginaire[1. Imaginaire ? Merci tout de même à M6, lequipe.fr et liberation.fr dont la (presque) totalité des propos de Raymond Domenech sont tirés. A côté des buts, hélas.].

Causeur : Raymond, la défaite est ce soir sans appel, et vive est la déception…
Domenech (béat) : J’aime Estelle…
Causeur : Certes. Mais quel match calamiteux, tout de même !
Domenech (catégorique) : La seule chose à laquelle je pense désormais, c’est à me marier avec Estelle. Je demande sa main… Dans ces moments là, on a besoin des gens proches. Et là, j’ai besoin d’elle.
Causeur : On me signale dans l’oreillette qu’elle vient d’ouvrir son magazine sur M6 par cette question : « Faut-il virer le sélectionneur ?  »
Domenech (grand seigneur) : Je ne fais pas de politique…
Causeur : Votre demande en mariage, en ce soir d’affliction patriotique, n’est-elle pas… déplacée ?
Domenech (extatique) : Pardonnez-moi. Pardonnez-moi d’avoir eu un moment d’humanité quand il aurait fallu rester froid, professionnel. J’ai eu une… lueur.
Causeur : Amen. Revenons à l’Euro : c’est fini…
Domenech (outré) : Pas du tout ! Il reste encore des matches, et moi, je compte bien tous les regarder !
Causeur : Le bilan, pour les Bleus, est catastrophique, n’est-il pas ?
Domenech (rêveur) : C’est vrai, soyons francs, soyons directs : tout n’a pas complètement fonctionné.
Causeur : On évoque une ambiance détestable dans le groupe…
Domenech (indigné) : Mais je…
Patrick Viera (qui passe en béquilles) : Diafoirus !
Domenech (imperturbable) : Je vais vous…
Patrice Evra (les dents serrés) : Mytho !
Domenech : Je vais vous dire…
Franck Ribéry (depuis sa civière) : Nadinemouk !
Domenech : L’ambiance était bonne…
Thierry Henry (crachant) : Loser…
Domenech : Trop bonne peut-être ?
Causeur : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Domenech : Je ne comprends pas. J’avais fait le thème astral de l’équipe. Pluton, à l’influence si néfaste, était hors-jeu, et Vénus….
Causeur : Raymond…
Domenech : L’équipe était bonne, la tactique était bonne : différents facteurs ont, bien malgré nous, différé la victoire. Mais en 2010, nous serons prêts pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Je vous emmènerai vers d’autres victoires ![2. Propos également attribués à Ségolène Royale, ex-attaquante de Hollande.]
Causeur : Serez-vous seulement encore sélectionneur à la rentrée ?
Domenech : Houla ! Pas de politique ! Je n’entre pas dans ces combines… J’ai un bon groupe, toute sa confiance… (Karim Benzema, qui passe l’air de rien, tente soudainement un coup de boule). Tout roule, seuls les journalistes, ces charognards, jouissent de la critique pour la critique…
Causeur : Vous n’êtes donc ni responsable ni…
Domenech (martial): Je hais la langue de bois, tenez-le vous pour dit. On n’a pas tout à fait atteint nos objectifs, c’est vrai. Mais ne pinaillons pas : les bases sont là. L’avenir est à nous !
Causeur : J’insiste : la Fédération va-t-elle vous virer ?
Domenech (philosophe): Je ne dis ni oui, ni non, je ne réponds pas à cette question. Il peut m’arriver de faire de la langue de bois. Là, ce n’est pas ça. Je ne réponds pas. Moi je dis que cette équipe a un avenir, des capacités, que cet Euro était une expérience intéressante pour une jeune génération et je n’ai plus rien à dire là-dessus. Mon sort personnel n’a pour moi aucun intérêt ! Pensez un peu au sport, bordel, à sa beauté ! Vous parlez d’échec. C’est votre droit. Moi, je rappelle juste que j’ai un contrat en béton jusqu’à 2010 et un cabinet d’avocats anglo-saxons derrière moi. C’est grand, non ?
Causeur : Quant à l’Italie…
Domenech (les yeux frits): Ah ! Ouais… Je pense y amener Estelle en voyage de noces : Palerme, Venise, Barcelone…
Causeur : Barcelone, c’est en Espagne.
Domenech (chagriné): Putain, vous êtes vachement négatif ! Y faut toujours voir tout en noir pour avoir sa carte de presse ou quoi ?
Causeur : Non, mais…
Domenech (complice) : Et puis, l’Espagne, on a largement les moyens de les battre.
Causeur : Raymond, on est é-li-mi-né.
Domenech (sardonique) : Détail !
Causeur : Plusieurs joueurs annoncent ce soir leur retraite. Ainsi Thuram…
Domenech (à ses assistants) : Estelle a téléphoné ? Non ? Etrange…
Causeur : Admettez-vous oui ou non que nous avons pris une raclée à l’Euro ?
Domenech (triomphant) : Impossible : la Commission de Bruxelles interdit désormais cette pratique d’un autre âge !
Causeur : Encore une fois : les dirigeants de la Fédération vous maintiendront-ils en place ?
Domenech (air entendu) : Oh ! vous savez, le propre des dirigeants, c’est la langue de bois et la déconnexion de la réalité… Moi, je suis un technicien, je m’en tiens aux faits. Tout va bien, général Gamelin !
Causeur : Pardon !?
Domenech (à un vigile helvète) : Estelle, ma douce ?
Causeur : C’était, en exclusivité et à chaud, la réaction de Raymond Domenech…
Domenech (attaqué à coup d’extincteur par Willy Sagniol, à l’entrée du vestiaire) : L’amour est enfant de…

Libé : falot ou phallo ?

« Les 400 culs », un des blogs de Libération.fr, s’attarde sur « les grosses queues ». Outre des informations assez surprenantes (seulement 2 % des messieurs au-dessus de 20 cm !), c’est l’occasion de découvrir une facette ignorée de Libé, qui postule sans ambages que « beaucoup de femmes et d’hommes trouvent la vue d’un gros pénis excitante car c’est un symbole de puissance ». Et supplie : « Ne vous faites jamais réduire le pénis. Restez nos idoles ! » Et dire que, rue Béranger, certains reprochent à Joffrin et Pourquery de ne pas prendre les mesures qui s’imposent…

Social-chauvin

Interrogé sur son favori pour la suite de l’Euro 2008, le premier secrétaire du PS a répondu avec un grand sourire: « La Hollande, bien sûr… »

Trudi n’est pas gaie

0

Tout était prêt jusque dans les moindres détails. L’itinéraire avait été minutieusement établi sur des cartes d’état-major, les points de ravitaillement fixés, les hôtels réservés le long du trajet. Quant au magnifique Jadgpanther de 1944, gracieusement mis à notre disposition par Jürgen H. – un ancien petit ami d’Ernst Röhm –, nous l’avions joliment apprêté aux couleurs de l’arc-en-ciel. C’est que nous étions bien décidés, Willy, quelques amis et moi-même, à foncer sur Paris pour prendre le départ, place Denfert-Rochereau, le 28 juin prochain, de la gay pride 2008.

Nous avons bien à Stuttgart une gay pride. Seulement, à l’instar de toutes les grandes villes allemandes, elle commémore le Christopher Street Day, c’est-à-dire les émeutes qui opposèrent la police aux homosexuels à New York le 28 juin 1969. Comme nous ne sommes ni émeutiers ni commémoratifs et que nous ne tenons pas 1969 pour une année très érotique, c’est vers Paris que notre choix s’est porté pour crier à la face du monde notre gayfriendlytude.

Willy et moi ne sommes pas des esprits arriérés. Nous avons des amis homosexuels. Nous avons des amis bisexuels. Nous avons un ami transsexuel – qui est, au passage, un gros con, enfin une grosse connasse, je ne sais plus. Nous avons même des amis juifs : c’est dire notre gayfriendlytude.

Mais c’était sans compter les tracasseries de l’administration française, toujours prompte à vous mettre des bâtons dans les roues. En l’occurrence dans les chenilles.

– Mais, Madame, me dit le préposé à l’organisation de la gay pride parisienne, un char allemand dans les rues de Paris, vous ne vous rendez pas compte !
– Vous savez pertinemment, germanophobe primaire que vous êtes, qu’il y aura des dizaines de chars le 28 juin sur le parcours.
– Oui, Madame, mais aucun char d’assaut.

De guerre lasse (qu’il serait imprudent de traduire en allemand par Blitzkrieg), Willy et moi-même avons donc pris la lourde décision de snober la gay pride parisienne puisque, visiblement, on ne voulait pas de nous. Et ce n’est pas le cœur léger que nous avons opté – tels des Robert Ménard sans peur ni reproche – pour le boycott, car cette année le thème de la gay pride parisienne nous motivait à bloc : « Pour une école sans aucune discrimination ».

C’est un fait : les enfants des écoles sont encore trop victimes de discrimination à cause de leurs préférences sexuelles.

Tu as huit ou neuf ans, tu es un jeune transsexuel élève d’une classe de CM2 et ton « professeur des écoles » continue à t’appeler Kevin, alors que toi tu sais que tu t’appelles Elisabeth et que tu veux devenir rédactrice en chef de causeur.fr quand tu seras grande.

Tu as cinq ans et demi, tu es en CP et tu assumes parfaitement ton identité de master sado-maso : chaque année, les vacances estivales venues, tu goûtes ton plaisir à arracher leurs pattes aux sauterelles ou à capturer des lézards dont tu sectionnes d’un coup vif la queue. Mais, en classe, il y a, derrière son bureau, cette lopette qui se fait appeler « maître » par tout le monde et qui serait pourtant bien incapable d’infliger le moindre châtiment corporel à quiconque.

Et les choses vont en empirant lorsqu’adviennent les années collège. On t’enseigne que Vercingétorix a réuni sous sa coupe les tribus gauloises, mais on garde le silence sur les préférences sexuelles de cet homme tout en muscles, arborant de mâles moustaches et dirigeant la Gaule en petite tenue saillante. So queer. Quand on t’apprend ensuite que l’assassin du général Kléber fut en 1800 condamné au supplice du pal, on refuse de prendre les précautions suffisantes pour dire que le pal n’est pas qu’un supplice et informer ainsi ta chère tête blonde des innombrables possibilités qui s’offrent à elle.

Tu sors de la classe d’histoire-géo pour aller assister à un cours de musique. D’accord, l’apprentissage de la flûte à bec, ça part d’un bon sentiment. Mais ce que ton prof te fait jouer ! Du Ferrat, du Beethoven : rien que de l’hétérosexuel ! Et les Village People, ils puent de la gueule au point qu’on fasse comme si ça n’existait pas ?

Plus grave encore, puisqu’il s’agit de vie et de mort : avez-vous bien conscience, amis Français, qu’aucune école maternelle de votre pays n’est équipée de distributeurs de préservatifs – ce qui ne laissera pas de surprendre le citoyen honnête, en 2008, dans le soi-disant pays des droits de l’Homme.

Je vous fais donc confiance. Et je compte sur vous pour participer à ma place, le 28 juin prochain, à la gay pride de Paris. Pardon, à la Marche inter-LGBT (lesbienne, gay, bisexuel et transgenre). Pourquoi, diable, avoir mis les lesbiennes en premier, juste devant les gays ? Un vieux réflexe bourgeois et machiste ? Les bi et les trans, ils/elles comptent pour des prun(e)s ?

Bush démissionné (dès 2009)

Denis Kucinich, représentant démocrate de l’Ohio au Congrès, vient de proposer le lancement d’une procédure de destitution (impeachment) contre George Bush. Motif : le président aurait délibérément menti au sujet de l’Irak. Ses collègues l’ont écouté avec intérêt… tout en lui rappelant le calendrier : un nouveau président sera élu dès novembre, ce qui ne laissera guère le temps de conduire convenablement une telle procédure. A moins, bien sûr, de virer Bush après son départ.

Domenech au gouvernement !

Après la déroute de l’équipe de France, cela s’impose : jurisprudence Laporte oblige. Reste à choisir le poste. Avec six buts encaissés en deux matches, le ministère de la Défense est envisageable.

Les Bleus ne sont pas à la noce

Premier commentaire de Raymond Domenech au sortir de France-Italie : « La seule chose à laquelle je pense désormais, c’est à me marier avec Estelle [Denis]. Je demande sa main… Dans ces moments là, on a besoin des gens proches. Et là, j’ai besoin d’elle. » Message reçu 5/5 par l’intéressée, par ailleurs présentatrice de l’Euromag sur M6, qui quelques minutes plus tard a ouvert son émission sur cette question : « La France doit-elle changer d’entraîneur ? »

Mondialisation mondaine

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Son Altesse Sérénissime le prince Albert II de Monaco était samedi à Genève pour y lancer la branche suisse de sa Fondation pour l’Environnement. Les banques monégasques et suisses vont-elles désormais laver plus propre ? On l’espère. Pour la Planète.

Jean Daniel, spectateur consterné ?

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Jean Daniel a choisi la pire des façons de s’adresser à ses amis : en leur disant la vérité. Leur vérité. Depuis 1956, date de son premier reportage en Israël, et alors que tant d’autres donnaient dans le genre « ambassadeur de l’Unesco » – amis de tous, ennemis des vérités qui fâchent… –, il n’aura jamais cessé de remuer le fer dans la plaie et de mettre chaque camp face à ses responsabilités.

Aux Israéliens, il a conseillé dès les années 1960 d’abandonner « la chimère d’un Grand Israël », puis d’envisager de « partager » Jérusalem et enfin, plus que tout, de se croire assez forts pour accéder aux demandes légitimes des Palestiniens et de prendre en compte leurs souffrances. Jamais il n’aura posé sa plume quand il s’agissait de critiquer le jeune Etat ou son armée, et jamais il n’aura manqué de dénoncer leurs dérives – jusqu’à Sabra et Chatila, qui fut le théâtre du massacre de Palestiniens par des Libanais, avec la bénédiction, estime-t-il, de Tsahal[1. On verra, à ce sujet, le film Valse avec Bachir de l’israélien Ari Folman (actuellement sur les écrans). En attendant, un jour, que les cinémas égyptien ou syrien soient capables de tels exercices…]. Mais celui qui fut insulté et soupçonné pour ses origines juives, n’aura pas non plus échappé à l’accusation de trahison : en s’interrogeant, à un demi-siècle de distance, sur l’hypothèse de la disparition d’Israël, puis sur l’américanisation (à ses yeux néfastes) du sionisme, Jean Daniel a régulièrement froissé ceux qui attendaient de lui un engagement aveugle en faveur d’Israël.

De même n’aura-t-il jamais ménagé ses amis et interlocuteurs arabes ou Palestiniens. Et cet équilibre dans la critique, qui n’a rien de formel, mais répond à la désespérante complexité du drame moyen-oriental, n’est pas le moindre des intérêts de cette somme. La tentation, constante chez certains, de propager la haine des Juifs trouvera toujours, sous sa plume, une réprobation immédiate et argumentée. De même, l’hypocrisie des leaders musulmans sur la « fraternité arabe » : des massacres de Septembre Noir à l’organisation délibérée de la misère des réfugiés, les pays arabes auront très largement contribué à la souffrance et au désespoir palestiniens. On trouvera également, dans cet épais volume, des analyses sur l’évolution de la politique arabe (du nationalisme au religieux), sur les neocons, mais aussi des portraits éclairants de Sadate et d’Arafat, ainsi qu’une longue réflexion sur De Gaulle et les Juifs dont les conclusions, déroutantes, feront les délices du lecteur.

Reste une question : Jean Daniel croit-il à la paix ? Curieusement, oui. Sa consternation ne s’abandonne jamais au fatalisme. De culture arabe, familiers de leurs leaders, il sent proche le moment où les peuples musulmans devront choisir entre l’aventure confessionnelle et la réconciliation avec l’idée du bonheur et de la cohabitation – et alors, tout deviendra possible. Quant aux Israéliens, il les sait exténués par ce conflit qui ronge leurs âmes et prend leurs enfants. La paix de guerre lasse : qui sait ? Ce pourrait être du reste, selon moi, le fin mot de cet ouvrage : « Amis, vous ferez un jour la paix, car vous avez tous également tort. »

Israël, les Arabes, la Palestine. Chroniques 1956-2008

Price: 15,00 €

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Les époux

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Comme l’écrivent tous les historiens de l’art, Jan van Eyck était quelqu’un de très primitif : dénué de toute imagination, il ne pouvait peindre ni scène mythologique ni scène biblique. Il se contentait de prendre des instantanés de la vie quotidienne, comme sur cette scène intitulée : Mari découvrant que sa femme n’est pas vierge et s’apprêtant à la répudier.

Jan van Eyck, Les époux. Huile sur bois, 1434. National Gallery, Londres.

Raymond l’inconscience

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Quelques secondes après la défaite contre l’Italie, l’envoyé spécial de Causeur.fr alpaguait Raymond Domenech (aka Raymond-la-Science) dans les couloirs du KriegGrossMalher Stadium, pour une interview aussi exclusive qu’imaginaire[1. Imaginaire ? Merci tout de même à M6, lequipe.fr et liberation.fr dont la (presque) totalité des propos de Raymond Domenech sont tirés. A côté des buts, hélas.].

Causeur : Raymond, la défaite est ce soir sans appel, et vive est la déception…
Domenech (béat) : J’aime Estelle…
Causeur : Certes. Mais quel match calamiteux, tout de même !
Domenech (catégorique) : La seule chose à laquelle je pense désormais, c’est à me marier avec Estelle. Je demande sa main… Dans ces moments là, on a besoin des gens proches. Et là, j’ai besoin d’elle.
Causeur : On me signale dans l’oreillette qu’elle vient d’ouvrir son magazine sur M6 par cette question : « Faut-il virer le sélectionneur ?  »
Domenech (grand seigneur) : Je ne fais pas de politique…
Causeur : Votre demande en mariage, en ce soir d’affliction patriotique, n’est-elle pas… déplacée ?
Domenech (extatique) : Pardonnez-moi. Pardonnez-moi d’avoir eu un moment d’humanité quand il aurait fallu rester froid, professionnel. J’ai eu une… lueur.
Causeur : Amen. Revenons à l’Euro : c’est fini…
Domenech (outré) : Pas du tout ! Il reste encore des matches, et moi, je compte bien tous les regarder !
Causeur : Le bilan, pour les Bleus, est catastrophique, n’est-il pas ?
Domenech (rêveur) : C’est vrai, soyons francs, soyons directs : tout n’a pas complètement fonctionné.
Causeur : On évoque une ambiance détestable dans le groupe…
Domenech (indigné) : Mais je…
Patrick Viera (qui passe en béquilles) : Diafoirus !
Domenech (imperturbable) : Je vais vous…
Patrice Evra (les dents serrés) : Mytho !
Domenech : Je vais vous dire…
Franck Ribéry (depuis sa civière) : Nadinemouk !
Domenech : L’ambiance était bonne…
Thierry Henry (crachant) : Loser…
Domenech : Trop bonne peut-être ?
Causeur : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Domenech : Je ne comprends pas. J’avais fait le thème astral de l’équipe. Pluton, à l’influence si néfaste, était hors-jeu, et Vénus….
Causeur : Raymond…
Domenech : L’équipe était bonne, la tactique était bonne : différents facteurs ont, bien malgré nous, différé la victoire. Mais en 2010, nous serons prêts pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Je vous emmènerai vers d’autres victoires ![2. Propos également attribués à Ségolène Royale, ex-attaquante de Hollande.]
Causeur : Serez-vous seulement encore sélectionneur à la rentrée ?
Domenech : Houla ! Pas de politique ! Je n’entre pas dans ces combines… J’ai un bon groupe, toute sa confiance… (Karim Benzema, qui passe l’air de rien, tente soudainement un coup de boule). Tout roule, seuls les journalistes, ces charognards, jouissent de la critique pour la critique…
Causeur : Vous n’êtes donc ni responsable ni…
Domenech (martial): Je hais la langue de bois, tenez-le vous pour dit. On n’a pas tout à fait atteint nos objectifs, c’est vrai. Mais ne pinaillons pas : les bases sont là. L’avenir est à nous !
Causeur : J’insiste : la Fédération va-t-elle vous virer ?
Domenech (philosophe): Je ne dis ni oui, ni non, je ne réponds pas à cette question. Il peut m’arriver de faire de la langue de bois. Là, ce n’est pas ça. Je ne réponds pas. Moi je dis que cette équipe a un avenir, des capacités, que cet Euro était une expérience intéressante pour une jeune génération et je n’ai plus rien à dire là-dessus. Mon sort personnel n’a pour moi aucun intérêt ! Pensez un peu au sport, bordel, à sa beauté ! Vous parlez d’échec. C’est votre droit. Moi, je rappelle juste que j’ai un contrat en béton jusqu’à 2010 et un cabinet d’avocats anglo-saxons derrière moi. C’est grand, non ?
Causeur : Quant à l’Italie…
Domenech (les yeux frits): Ah ! Ouais… Je pense y amener Estelle en voyage de noces : Palerme, Venise, Barcelone…
Causeur : Barcelone, c’est en Espagne.
Domenech (chagriné): Putain, vous êtes vachement négatif ! Y faut toujours voir tout en noir pour avoir sa carte de presse ou quoi ?
Causeur : Non, mais…
Domenech (complice) : Et puis, l’Espagne, on a largement les moyens de les battre.
Causeur : Raymond, on est é-li-mi-né.
Domenech (sardonique) : Détail !
Causeur : Plusieurs joueurs annoncent ce soir leur retraite. Ainsi Thuram…
Domenech (à ses assistants) : Estelle a téléphoné ? Non ? Etrange…
Causeur : Admettez-vous oui ou non que nous avons pris une raclée à l’Euro ?
Domenech (triomphant) : Impossible : la Commission de Bruxelles interdit désormais cette pratique d’un autre âge !
Causeur : Encore une fois : les dirigeants de la Fédération vous maintiendront-ils en place ?
Domenech (air entendu) : Oh ! vous savez, le propre des dirigeants, c’est la langue de bois et la déconnexion de la réalité… Moi, je suis un technicien, je m’en tiens aux faits. Tout va bien, général Gamelin !
Causeur : Pardon !?
Domenech (à un vigile helvète) : Estelle, ma douce ?
Causeur : C’était, en exclusivité et à chaud, la réaction de Raymond Domenech…
Domenech (attaqué à coup d’extincteur par Willy Sagniol, à l’entrée du vestiaire) : L’amour est enfant de…

Libé : falot ou phallo ?

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« Les 400 culs », un des blogs de Libération.fr, s’attarde sur « les grosses queues ». Outre des informations assez surprenantes (seulement 2 % des messieurs au-dessus de 20 cm !), c’est l’occasion de découvrir une facette ignorée de Libé, qui postule sans ambages que « beaucoup de femmes et d’hommes trouvent la vue d’un gros pénis excitante car c’est un symbole de puissance ». Et supplie : « Ne vous faites jamais réduire le pénis. Restez nos idoles ! » Et dire que, rue Béranger, certains reprochent à Joffrin et Pourquery de ne pas prendre les mesures qui s’imposent…

Social-chauvin

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Interrogé sur son favori pour la suite de l’Euro 2008, le premier secrétaire du PS a répondu avec un grand sourire: « La Hollande, bien sûr… »

Trudi n’est pas gaie

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Tout était prêt jusque dans les moindres détails. L’itinéraire avait été minutieusement établi sur des cartes d’état-major, les points de ravitaillement fixés, les hôtels réservés le long du trajet. Quant au magnifique Jadgpanther de 1944, gracieusement mis à notre disposition par Jürgen H. – un ancien petit ami d’Ernst Röhm –, nous l’avions joliment apprêté aux couleurs de l’arc-en-ciel. C’est que nous étions bien décidés, Willy, quelques amis et moi-même, à foncer sur Paris pour prendre le départ, place Denfert-Rochereau, le 28 juin prochain, de la gay pride 2008.

Nous avons bien à Stuttgart une gay pride. Seulement, à l’instar de toutes les grandes villes allemandes, elle commémore le Christopher Street Day, c’est-à-dire les émeutes qui opposèrent la police aux homosexuels à New York le 28 juin 1969. Comme nous ne sommes ni émeutiers ni commémoratifs et que nous ne tenons pas 1969 pour une année très érotique, c’est vers Paris que notre choix s’est porté pour crier à la face du monde notre gayfriendlytude.

Willy et moi ne sommes pas des esprits arriérés. Nous avons des amis homosexuels. Nous avons des amis bisexuels. Nous avons un ami transsexuel – qui est, au passage, un gros con, enfin une grosse connasse, je ne sais plus. Nous avons même des amis juifs : c’est dire notre gayfriendlytude.

Mais c’était sans compter les tracasseries de l’administration française, toujours prompte à vous mettre des bâtons dans les roues. En l’occurrence dans les chenilles.

– Mais, Madame, me dit le préposé à l’organisation de la gay pride parisienne, un char allemand dans les rues de Paris, vous ne vous rendez pas compte !
– Vous savez pertinemment, germanophobe primaire que vous êtes, qu’il y aura des dizaines de chars le 28 juin sur le parcours.
– Oui, Madame, mais aucun char d’assaut.

De guerre lasse (qu’il serait imprudent de traduire en allemand par Blitzkrieg), Willy et moi-même avons donc pris la lourde décision de snober la gay pride parisienne puisque, visiblement, on ne voulait pas de nous. Et ce n’est pas le cœur léger que nous avons opté – tels des Robert Ménard sans peur ni reproche – pour le boycott, car cette année le thème de la gay pride parisienne nous motivait à bloc : « Pour une école sans aucune discrimination ».

C’est un fait : les enfants des écoles sont encore trop victimes de discrimination à cause de leurs préférences sexuelles.

Tu as huit ou neuf ans, tu es un jeune transsexuel élève d’une classe de CM2 et ton « professeur des écoles » continue à t’appeler Kevin, alors que toi tu sais que tu t’appelles Elisabeth et que tu veux devenir rédactrice en chef de causeur.fr quand tu seras grande.

Tu as cinq ans et demi, tu es en CP et tu assumes parfaitement ton identité de master sado-maso : chaque année, les vacances estivales venues, tu goûtes ton plaisir à arracher leurs pattes aux sauterelles ou à capturer des lézards dont tu sectionnes d’un coup vif la queue. Mais, en classe, il y a, derrière son bureau, cette lopette qui se fait appeler « maître » par tout le monde et qui serait pourtant bien incapable d’infliger le moindre châtiment corporel à quiconque.

Et les choses vont en empirant lorsqu’adviennent les années collège. On t’enseigne que Vercingétorix a réuni sous sa coupe les tribus gauloises, mais on garde le silence sur les préférences sexuelles de cet homme tout en muscles, arborant de mâles moustaches et dirigeant la Gaule en petite tenue saillante. So queer. Quand on t’apprend ensuite que l’assassin du général Kléber fut en 1800 condamné au supplice du pal, on refuse de prendre les précautions suffisantes pour dire que le pal n’est pas qu’un supplice et informer ainsi ta chère tête blonde des innombrables possibilités qui s’offrent à elle.

Tu sors de la classe d’histoire-géo pour aller assister à un cours de musique. D’accord, l’apprentissage de la flûte à bec, ça part d’un bon sentiment. Mais ce que ton prof te fait jouer ! Du Ferrat, du Beethoven : rien que de l’hétérosexuel ! Et les Village People, ils puent de la gueule au point qu’on fasse comme si ça n’existait pas ?

Plus grave encore, puisqu’il s’agit de vie et de mort : avez-vous bien conscience, amis Français, qu’aucune école maternelle de votre pays n’est équipée de distributeurs de préservatifs – ce qui ne laissera pas de surprendre le citoyen honnête, en 2008, dans le soi-disant pays des droits de l’Homme.

Je vous fais donc confiance. Et je compte sur vous pour participer à ma place, le 28 juin prochain, à la gay pride de Paris. Pardon, à la Marche inter-LGBT (lesbienne, gay, bisexuel et transgenre). Pourquoi, diable, avoir mis les lesbiennes en premier, juste devant les gays ? Un vieux réflexe bourgeois et machiste ? Les bi et les trans, ils/elles comptent pour des prun(e)s ?

Bush démissionné (dès 2009)

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Denis Kucinich, représentant démocrate de l’Ohio au Congrès, vient de proposer le lancement d’une procédure de destitution (impeachment) contre George Bush. Motif : le président aurait délibérément menti au sujet de l’Irak. Ses collègues l’ont écouté avec intérêt… tout en lui rappelant le calendrier : un nouveau président sera élu dès novembre, ce qui ne laissera guère le temps de conduire convenablement une telle procédure. A moins, bien sûr, de virer Bush après son départ.

Domenech au gouvernement !

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Après la déroute de l’équipe de France, cela s’impose : jurisprudence Laporte oblige. Reste à choisir le poste. Avec six buts encaissés en deux matches, le ministère de la Défense est envisageable.

Les Bleus ne sont pas à la noce

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Premier commentaire de Raymond Domenech au sortir de France-Italie : « La seule chose à laquelle je pense désormais, c’est à me marier avec Estelle [Denis]. Je demande sa main… Dans ces moments là, on a besoin des gens proches. Et là, j’ai besoin d’elle. » Message reçu 5/5 par l’intéressée, par ailleurs présentatrice de l’Euromag sur M6, qui quelques minutes plus tard a ouvert son émission sur cette question : « La France doit-elle changer d’entraîneur ? »