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Se défendre, c’est pas défendu

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Une quadragénaire suisse, nous apprend La Tribune de Genève, se promenait dans la Nachtigallenwäldeli (la petite forêt aux rossignols) près de Bâle, lorsqu’un individu lui a sauté dessus pour voler son sac à main. Lorsque les pandores helvètes, prévenus par la malheureuse victime, vinrent sur place, c’est à l’agresseur qu’ils durent prêter secours : l’homme, à terre et blessé, se tordait de douleur. Madame maîtrisait les arts martiaux comme Bruce Lee et l’autodéfense comme Charles Bronson. Et comme la Suisse a des lois rétrogrades, le pauvre garçon n’a sans doute même pas pu porter plainte…

Tout ça pour ça…

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Les derniers chiffres des commerce extérieurs français et allemands sont plutôt instructifs. Tandis que la France accuse un déficit de 4,7 milliards (en avril c’était seulement 3,7 milliard, comme quoi il y a de la croissance dans certaines activités…) ; l’Allemagne a enregistré un excédent de 14,6 milliards. Puisque les Allemands s’approvisionnent en pétrole, en riz et en farine chez les mêmes fournisseurs et les payent au même prix que nous, il faut chercher les raisons de cet écart ailleurs. Il paraît que, justement, les pays qui profitent de la conjoncture économique actuelle et notamment les producteurs de pétrole et les pays émergents choisissent plus souvent l’industrie allemande pour répondre à leurs demandes en bien d’équipements et dépenser leurs montagnes de cash. C’est quand même un peu bizarre – l’Allemagne n’a jamais eu une politique arabe et son chancelier ne sera par sur la tribune pour la cérémonie d’ouverture de JO de Pékin. Allo ? Le Quai d’Orsay ? Y a quelqu’un ?

Avec la propreté, on ne mégote pas !

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Comme nous l’apprend Alice Géraud dans un article très spirituel publié par l’édition locale de Libé, la Mairie de Lyon a trouvé l’arme fatale anti-mégot : le porte-clef-cendrier. « Cette petite boîte rouge en plastique dont l’ergonomie se situe quelque part entre la boite d’allumette et la clé USB, va être distribuée à 20.000 exemplaires aux fumeurs lyonnais. » On est content pour eux, d’autant plus qu’il paraît que le jet de mégots sur la voie publique sera passible, dès l’an prochain, de 450 € d’amende. Cela dit, quitte à lutter contre les fléaux du moment pourquoi ne pas y prévoir un emplacement pour préservatif(s). On n’oubliera pas non plus d’y loger deux morceaux de silex, qui remplaceront avantageusement les briquets à gaz, si néfastes pour l’effet de serre.

Faut-il sauver le soldat mort ?

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La décision du gouvernement israélien d’échanger des détenus vivants contre les corps de ses deux soldats enlevés par le Hezbollah en juillet 2006 a de nombreuses répercussions stratégiques. Mais au-delà de ces considérations, d’ailleurs très importantes, la valeur accordée aux dépouilles de soldats pose des questions d’ordre moral qui touchent au cœur même de notre civilisation.

Dans le premier volet de la transaction entre Israël et la milice chiite, dans lequel gouvernement officiel du Liban – il n’est pas inutile de le rappeler – ne joue aucun rôle, le Hezbollah doit recevoir des terroristes palestiniens, les corps de ses combattants et des informations concernant les quatre diplomates iraniens disparus au Liban dans les années 1980. En échange, Israël récupérera les corps de deux soldats ainsi que des informations sur l’aviateur tombé aux mains du Hezbollah peu de temps après s’être éjecté de son avion, victime d’une panne grave, dans le sud du Liban à l’automne 1986.

Certains qualifient cet accord de « pacte avec le diable », de capitulation honteuse devant le chantage. Si auparavant, arguent-ils, Israël s’est montré prêt à relâcher un trop grand nombre de prisonniers pour libérer chacun de ses soldats tombés aux mains de l’ennemi, cette fois-ci un seuil qualitatif important a été dépassé, sinon transgressé : on échange des morts contre des vivants. L’argument n’est pas dénué de sens, tant s’en faut. Il est évident que pour les ravisseurs, un prisonnier vivant est beaucoup plus encombrant qu’un cadavre. Ainsi, assassiner le soldat kidnappé et l’enterrer en cachette sera plus facile que de le garder, le nourrir et le soigner pendant des longues années de captivité. Gérer une petite prison improvisée avec toute la logistique et le risque de fuites (du prisonnier et de l’information) que cela implique, est une opération compliquée et dangereuse. La seule manière d’inciter les ravisseurs à épargner la vie de leur prisonnier au moment de son enlèvement et de le garder vivant ensuite, est de donner une valeur « marchande » négligeable aux cadavres. Autrement dit, d’établir une équation claire et non négociable : morts contre morts, vivants contre vivants.

Dans nos démocraties compassionnelles, les otages occupent un rôle de premier rang en focalisant les émotions et permettent l’épanchement d’une dimension quasi-religieuse de la vie sociale. Communier ensemble devant les photos de ces victimes permet de dépasser les tensions inévitables d’un corps politique, un politea, toujours divisé en camps, partis et intérêts. Nous faisons corps quand nos cœurs battent ensemble pour les mêmes causes et quand nous allumons des cierges devants les mêmes icônes. La pression des proches des otages, humainement compréhensible, trouve ainsi un terrain très propice. Les appels commençant par « il faut tout faire pour libérer », prononcés par les parents, les enfants ou les époux ne laissent pas souvent les yeux secs.

Mais cette opposition entre raison et émotion, entre stratégie calculée et compassion larmoyante résume-t-elle le problème ? Non, loin de là. La volonté d’une communauté d’enterrer ses morts, d’exécuter les rituels qui marquent le passage de la vie au trépas, est un élément clé de la culture.

Le mythe d’Antigone finement mis en récit par Sophocle renvoie au même questionnement. La tragédie est déclenchée parce que le corps d’un homme est laissé sans sépulture. Cette faute grave qui dépasse la loi, la cité et la politique sème la mort et brouille les deux rives du Styx : c’est elle qui précipite Antigone dans la mort ; qui décide Créon à l’enfermer vivante dans une grotte (celle qui vit est enterrée tandis ce que le frère mort reste sans sépulcre). C’est toujours cette faute qui découche sur tant de mort en une seule journée – les suicides d’Antigone, du fils et de la femme du roi Créon. Ce dernier, accablé par tant de malheurs, continue à son tour une existence de mort-vivant.

L’inhumation est une partie essentielle de notre humanité et ce n’est pas un hasard si les deux termes ont une racine commune – l’humus, la terre. L’homme, peut-on lire dans le livre de la Genèse (III, 19), retournera à la terre dont il a été tiré. Il s’agit d’une pierre angulaire de notre civilisation et donc d’un besoin, voire d’un intérêt collectif qu’il faut prendre en compte au même titre que le raisonnement stratégique. En effet, il y a certaines choses sur lesquelles on ne peut pas transiger.

On va dans le mur, tu viens ?

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Allocution prononcée par Basile de Koch à l’occasion des Ves Rencontres Internationales
des Intermittents de la Pensée (Paris, 7 juillet 2008).

Merci d’avoir répondu présents à mon Appel solennel pour ces Ves Rencontres Internationales des Intermittents de la Pensée. C’est une preuve de lucidité qui vous honore. Bravo ! C’est aussi une preuve de courage intellectuel. Le thème choisi cette année ne vous a même pas rebutés. Je vous dis : « On va dans le mur ! » – et vous venez… Encore bravo !

Pourtant j’en vois qui ne sont pas là – comme disait M. Night Shyamalan. Arrêtons-nous donc un instant sur les motivations de celles et ceux qui ne sont pas venus. Manque de lucidité et de courage ? Je me refuse à y croire ! En vérité l’affaire est plus grave : ces gens-là, comme disait Jacques Brel, ne partagent pas notre vision de l’avenir ! Parmi eux, il convient de distinguer deux sous-catégories pour la clarté du débat – qui d’ailleurs, je vous rassure, n’aura pas lieu.

D’un côté il y a les optimistes irréductibles, qui ne se rendent toujours pas compte qu’on y va, dans le mur ! Ces ravis de la crèche continuent de croire à la fin de l’histoire selon Fukuyama, sans même le connaître ! Alors que ce que nous vivons, c’est l’histoire de la fin – c’est-à-dire l’Apocalypse selon Saint Jean, même sans la connaître !
Il est vrai que ce courant de pensée est aujourd’hui en perte de vitesse. Il a eu son heure de gloire pendant dix ans et quelques ; disons entre la chute du Mur et celle des Twin Towers.
Depuis, la croyance en un avenir radieux, fût-il démocratique, a tendance elle aussi à s’effondrer.
Bien sûr, vous me direz, il n’y a pas que le 11/9 dans la vie, c’est-à-dire dans la mort ! Si on va dans le mur, ce n’est pas seulement à cause du terrorisme islamiste, ni même de son parrain l’errorisme américain.

Simplement, on a ouvert la boîte de Pandore, et voilà que tout ressort :
– la famine progresse ;
– la surpopulation menace ;
– le climat se dérègle ;
– le capitalisme financier fume la moquette ;
– le soleil risque de s’éteindre dans moins d’un milliard d’années ;
– et moi-même ces temps-ci, mon genou me lance.

Faut-il pourtant se résigner à l’inéluctable ? En bon français, oui ! Mais le bon français, c’est le cadet des soucis de nos disparus de la 2e Compagnie. Ces absents-là ont une autre façon d’avoir tort. Ils prétendent – comme j’ai dû le faire au moins cent fois dans mes discours de « nègre » –, « opposer au pessimisme de l’esprit l’optimisme de la volonté » ! Moi au moins, pour écrire des conneries comme ça, j’étais payé !

En un mot, nos « optissimistes » pensent deux choses :
Un : On va dans le mur !
Deux : Rien n’est perdu, parce qu’on peut lutter !

Apparemment, voilà des glands qui n’étaient déjà pas présents l’an dernier aux IVes Rencontres des Intermittents de la Pensée, le jour où j’ai lancé ce cri de désespoir lucide et organisé : « On peut pas lutter ! » Eh bien, certains croient quand même avoir un Plan B pour éviter le mur. Les plus raisonnables d’entre eux envisagent de devancer l’appel en organisant des « départs collectifs anticipés », façon Ordre du Temple Solaire.

Et puis il y a les autres, imperméables hélas à toute transcendance ; ceux-la persistent à placer leurs espoirs dans la politique.
Certains, connus autrefois connus sous le nom de socialistes, vous diront qu’avec eux au moins, dans l’Apocalypse à venir, vos avantages acquis seront préservés.
Et puis en face, vous trouverez l’Union des Moutons de Panurge. En gros, ceux qui font confiance au Président pour résoudre tous les problèmes, et même, le cas échéant pour en créer de nouveaux.
Parce que, l’air de rien – ou presque ! – ce mec préside déjà la République, le Conseil des Ministres en bois, la Chambre d’enregistrement et le Sénat conservateur. Eh bien, il reste toujours demandeur d’emplois !

Pourtant, à ses heures perdues, le même Sarkozy – car c’était lui ! – garde aussi la haute main sur les syndicats et le patronat, la télévision publique et la télévision publicaine, l’Europe (pour six mois) et l’Union pour la Méditerranée (quand elle existera) – sans oublier son leadership incontesté sur la branche française de l’OTAN.

Face à un tel bilan (en moins d’un peu plus d’un an !), nos petits amis les œufs de l’UMP – et souvent aussi nos mamans, il faut bien le dire, – semblent persuadés qu’en cas de nécessité, Sarko-la-Menace peut devenir a tout moment l’incroyable Nick.

Par exemple, si le Président a décidé de renforcer notre engagement militaire en Afghanistan, c’est évidement pour lutter contre le réchauffement climatique. Trois mille soldats français refroidis, ce serait un début, non ? Et puis n’oublions jamais qu’une fois encore, c’est à la France de montrer la voie au monde, après la Saint-Barthélemy, la Terreur, la Commune et la Débâcle.

Plus sérieusement, je voudrais m’adresser à vous (oui, vous qui êtes présents ici ce soir ; de toute façon, je n’ai pas trop le choix.) Eh bien, laissez-moi vous dire à quel point je partage votre enthousiasme concernant les idées que je vais exprimer maintenant.

Les Français sont, paraît-il, plus de 60 millions ; et apparemment, seuls un dix-millième d’entre eux sont mûrs pour aller intelligemment dans le mur – c’est-à-dire à la manière lucide et festive que nous recommandait feu Philippe Muray.

Bref, ça ne fait aucun doute : nous sommes bien ce pusillus grex dont parle la Bible, le petit troupeau, le sel de la terre. Alors « N’ayons pas peur », comme disait feu Jean-Paul II, pillant allègrement l’œuvre de Jésus-Christ (qui entre temps, il est vrai, était tombée dans le domaine public.)
En vérité, je vous le dis : nous sommes la troisième équipe du Rainbow Warrior. Notre mission, si nous l’acceptons, consiste à faire tout péter avant que ça n’explose.

Bien sûr, c’est déjà un peu tard, et alors ? « What the fuck ? » comme disait Robert de Niro. Il n’est jamais trop tard pour rien faire ! Le pire dans l’Apocalypse, c’est la peur de l’Apocalypse. Or, cette crainte est sans objet, puisque, comme vous n’êtes pas sans l’ignorer, Apocalypse signifie révélation.
Qui a peur d’une révélation, sinon celui qui vit de mensonges ? Or c’est la vérité qui rend libre, comme disait le mec que pille désormais Benoît XVI.

La vérité, mes amis, elle consiste essentiellement à poser les bonnes questions. Et la bonne question sur l’Apocalypse (comme d’ailleurs sur toutes ces petites Apocalypses personnelles qu’on appelle la mort).
C’est évidemment la question de l’after. Eh bien, croyez-en le spécialiste que je suis : on juge une soirée a son after ! Vous-mêmes d’ailleurs, vous préférez quoi ? Une soirée qui commence bien et qui finit mal, ou l’inverse ? Eh bien, si ça se trouve, la vie c’est pareil.

Infidèle au poste

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Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes et président du groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée, sera solidaire jusqu’au bout : le vendredi 8 août, jour de la cérémonie d’ouverture des J.O., annonce-t-il solennellement au Figaro, « je ne serai pas devant mon poste de télévision, ne serait-ce que pour ne pas aggraver l’audience des dirigeants chinois ». A Pékin, ce doit être la panique totale.

Rien sur Carla

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Pour un coup de pub, c’est un coup de maître : pendant 48 heures, jusqu’au 11 juillet, date où l’album sera dans les bacs, on pourra écouter gratuitement sur carlabruni.com Comme si de rien n’était, le nouveau CD de qui vous savez. Une façon plutôt intelligente de dire que ce qui compte dans cet opus, c’est la musique, que c’est elle qui va conquérir le public, et rien d’autre, if you see what I mean.

Désireux d’en savoir plus sur le pourquoi du comment de cette démarche, je suis allé faire un tour sur le site de Naïve, la maison de disques de Carla. Et là surprise, rien. Rien sur la page d’accueil, où l’on parle surtout de la nouvelle compil de Béatrice Ardisson, rien non plus sur la page à paraître qui manifestement n’a pas été remise à jour depuis quelques temps puisque « la nouveauté du mois », en l’occurrence l’album de Bensé, est sortie, nous dit-on, le 20 mai 2008…

Une telle discrétion laisse pantois, et l’on est bien obligé d’en chercher la raison : soit sa maison de disques est décidée à saboter sa promo, mais je laisse cette hypothèse à Thierry Meyssan et Marion Cotillard. Soit Patrick Zelnik, PDG et fondateur de Naïve, ne va jamais sur son propre site, ou bien, quand il le consulte, ne s’émeut absolument pas qu’il n’ait pas été remis à jour depuis deux mois. C’est naturellement ce faisceau d’hypothèses qui retiendra notre attention, parce qu’il n’est pas tout à fait anodin.

Tant qu’on s’en tient au discours officiel, toutes nos élites sont webocentrées. Mais dès qu’on gratte un peu, on se rend compte que même dans des industries aussi supposément modernes que la musique ou le cinéma, rien ne remplace le courrier papier « à l’ancienne » qu’on envoie par la Poste, comme au temps du gramophone, accessoirement assorti de quelques coups de fils insistants de l’attachée de presse. On est sur le web, parce que ça se fait, parce que sinon les collègues vous traiteront de ringard.
Mais en réalité, on sait bien que la promo, celle qui fait vendre un million de CD, c’est essentiellement la presse écrite, la radio, la télé qu’elle se fera, et dans le cas de Carla, il semble que le processus soit plutôt bien amorcé. Le buzz, le vrai, il se fera par les médias de grand-papa.

En vrai, chez ces gens-là, le web, on s’en fout. Et ce n’est peut-être pas plus mal.

Télé Sarko, télé ouverte

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Toute la gauche et toute la presse s’apprêtent à célébrer, sans doute à la rentrée, la mort, sur le champ d’honneur de l’antisarkozysme, de Patrick de Carolis. Chacun s’indigne à l’avance de la nouvelle étape dans la mise au pas des médias que constituera la nomination du nouveau patron, qui sera forcément un proche du président. Certes, au dernier moment, le président pourrait choisir de confier ce poste à son fiston ou à Christian Clavier. Pour l’instant, il semble décidé à refaire le coup de l’ouverture en confiant les rênes de la télé publique, soit à l’ancien patron du Monde, Jean-Marie Colombani, qui pourrait être ainsi récompensé de l’état économique déplorable dans lequel il a laissé le quotidien, soit à la productrice Fabienne Servan-Schreiber. L’un des atouts de celle-ci est que son mariage avec Henri Weber au Cirque d’Hiver (800 personnes, quand même) fut ironiquement décrit par Le Monde comme le rassemblement (funéraire) de la gauche.

Pas de Nobel pour Betancourt !

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Ainsi l’inénarrable présidente chilienne, Michèle Bachelet a-t-elle jugé indispensable que l’on attribuât le prochain Prix Nobel de la Paix à Ingrid Betancourt. Pourquoi pas ? Après tout, c’est moins ridicule que de proposer, par exemple, qu’on lui réserve à l’avance une place au Panthéon. On l’applaudira donc poliment des deux mains, puisque c’est quand même un peu obligatoire, non sans se demander in petto quelle aura été la contribution réelle de la récipiendaire putative « au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », critères explicitement énoncés par le testament d’Alfred Nobel.

A la décharge des partisans de cette récompense, on a pu se poser les mêmes questions à propos de la plupart des lauréats – dont le CV n’avait souvent qu’un rapport assez vague avec les dernières volontés de l’inventeur de la dynamite. Certes, le jury du Prix a parfois touché juste quand il distinguait d’ex-belligérants plus ou moins réconciliés (Sadate-Begin, Perès-Rabin-Arafat, Le Duc Tho-Kissinger Mandela-De Klerk).

Hélas, le plus souvent, il a mis les dix millions de couronnes suédoises à côté de la plaque : soit en récompensant des militants non pas de la paix mondiale, mais des droits de l’Homme (Albert Schweitzer, Martin Luther King, Mère Teresa, Aung San Suu Kyi…) ; ou pire encore, comme cela semble être la mode ces dernières années, en primant d’improbables responsables associatifs comme le controversial documentariste Al Gore, l’écologiste kenyanne Wangari Muta Maathai ou la féministe iranienne Chirine Ebadi.

On pourra m’objecter que, justement, compte tenu de cette dérive récente, pourquoi pas Ingrid ? Eh bien, parce qu’Ingrid doit uniquement sa notoriété mondiale à son statut de victime. C’est un peu comme si l’on remettait la médaille du Mérite au rescapé de la noyade plutôt qu’au sauveteur. Le jury Nobel a lui aussi le droit d’être dans l’air du temps.

NB : En me documentant, j’ai découvert quelqu’un qui avait réellement mérité son Prix Nobel de la Paix : Andreï Sakharov. Mais peut-être pas, pour les raisons exposées par les jurés en 1975. Si Sakharov est à mes yeux le lauréat idéal, c’est pour avoir, dans les années 1950, doté l’URSS de la bombe H, et donc rétabli l’équilibre de la terreur avec les USA : la Paix mondiale lui doit beaucoup.

Brève reconductible

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Tollé général à gauche et chez les syndicats après que Nicolas Sarkozy s’est félicité samedi, lors du conseil national de l’UMP, que « désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit ». Il est clair que le plus haut magistrat de l’Etat aurait plus avisé d’éviter cette provocation et de s’en tenir aux faits. Ce qui était fastoche avec une déclaration du genre : « Quand il y a une manif pour les 35 heures, au PS, personne ne s’en aperçoit. »

Se défendre, c’est pas défendu

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Une quadragénaire suisse, nous apprend La Tribune de Genève, se promenait dans la Nachtigallenwäldeli (la petite forêt aux rossignols) près de Bâle, lorsqu’un individu lui a sauté dessus pour voler son sac à main. Lorsque les pandores helvètes, prévenus par la malheureuse victime, vinrent sur place, c’est à l’agresseur qu’ils durent prêter secours : l’homme, à terre et blessé, se tordait de douleur. Madame maîtrisait les arts martiaux comme Bruce Lee et l’autodéfense comme Charles Bronson. Et comme la Suisse a des lois rétrogrades, le pauvre garçon n’a sans doute même pas pu porter plainte…

Tout ça pour ça…

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Les derniers chiffres des commerce extérieurs français et allemands sont plutôt instructifs. Tandis que la France accuse un déficit de 4,7 milliards (en avril c’était seulement 3,7 milliard, comme quoi il y a de la croissance dans certaines activités…) ; l’Allemagne a enregistré un excédent de 14,6 milliards. Puisque les Allemands s’approvisionnent en pétrole, en riz et en farine chez les mêmes fournisseurs et les payent au même prix que nous, il faut chercher les raisons de cet écart ailleurs. Il paraît que, justement, les pays qui profitent de la conjoncture économique actuelle et notamment les producteurs de pétrole et les pays émergents choisissent plus souvent l’industrie allemande pour répondre à leurs demandes en bien d’équipements et dépenser leurs montagnes de cash. C’est quand même un peu bizarre – l’Allemagne n’a jamais eu une politique arabe et son chancelier ne sera par sur la tribune pour la cérémonie d’ouverture de JO de Pékin. Allo ? Le Quai d’Orsay ? Y a quelqu’un ?

Avec la propreté, on ne mégote pas !

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Comme nous l’apprend Alice Géraud dans un article très spirituel publié par l’édition locale de Libé, la Mairie de Lyon a trouvé l’arme fatale anti-mégot : le porte-clef-cendrier. « Cette petite boîte rouge en plastique dont l’ergonomie se situe quelque part entre la boite d’allumette et la clé USB, va être distribuée à 20.000 exemplaires aux fumeurs lyonnais. » On est content pour eux, d’autant plus qu’il paraît que le jet de mégots sur la voie publique sera passible, dès l’an prochain, de 450 € d’amende. Cela dit, quitte à lutter contre les fléaux du moment pourquoi ne pas y prévoir un emplacement pour préservatif(s). On n’oubliera pas non plus d’y loger deux morceaux de silex, qui remplaceront avantageusement les briquets à gaz, si néfastes pour l’effet de serre.

Faut-il sauver le soldat mort ?

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La décision du gouvernement israélien d’échanger des détenus vivants contre les corps de ses deux soldats enlevés par le Hezbollah en juillet 2006 a de nombreuses répercussions stratégiques. Mais au-delà de ces considérations, d’ailleurs très importantes, la valeur accordée aux dépouilles de soldats pose des questions d’ordre moral qui touchent au cœur même de notre civilisation.

Dans le premier volet de la transaction entre Israël et la milice chiite, dans lequel gouvernement officiel du Liban – il n’est pas inutile de le rappeler – ne joue aucun rôle, le Hezbollah doit recevoir des terroristes palestiniens, les corps de ses combattants et des informations concernant les quatre diplomates iraniens disparus au Liban dans les années 1980. En échange, Israël récupérera les corps de deux soldats ainsi que des informations sur l’aviateur tombé aux mains du Hezbollah peu de temps après s’être éjecté de son avion, victime d’une panne grave, dans le sud du Liban à l’automne 1986.

Certains qualifient cet accord de « pacte avec le diable », de capitulation honteuse devant le chantage. Si auparavant, arguent-ils, Israël s’est montré prêt à relâcher un trop grand nombre de prisonniers pour libérer chacun de ses soldats tombés aux mains de l’ennemi, cette fois-ci un seuil qualitatif important a été dépassé, sinon transgressé : on échange des morts contre des vivants. L’argument n’est pas dénué de sens, tant s’en faut. Il est évident que pour les ravisseurs, un prisonnier vivant est beaucoup plus encombrant qu’un cadavre. Ainsi, assassiner le soldat kidnappé et l’enterrer en cachette sera plus facile que de le garder, le nourrir et le soigner pendant des longues années de captivité. Gérer une petite prison improvisée avec toute la logistique et le risque de fuites (du prisonnier et de l’information) que cela implique, est une opération compliquée et dangereuse. La seule manière d’inciter les ravisseurs à épargner la vie de leur prisonnier au moment de son enlèvement et de le garder vivant ensuite, est de donner une valeur « marchande » négligeable aux cadavres. Autrement dit, d’établir une équation claire et non négociable : morts contre morts, vivants contre vivants.

Dans nos démocraties compassionnelles, les otages occupent un rôle de premier rang en focalisant les émotions et permettent l’épanchement d’une dimension quasi-religieuse de la vie sociale. Communier ensemble devant les photos de ces victimes permet de dépasser les tensions inévitables d’un corps politique, un politea, toujours divisé en camps, partis et intérêts. Nous faisons corps quand nos cœurs battent ensemble pour les mêmes causes et quand nous allumons des cierges devants les mêmes icônes. La pression des proches des otages, humainement compréhensible, trouve ainsi un terrain très propice. Les appels commençant par « il faut tout faire pour libérer », prononcés par les parents, les enfants ou les époux ne laissent pas souvent les yeux secs.

Mais cette opposition entre raison et émotion, entre stratégie calculée et compassion larmoyante résume-t-elle le problème ? Non, loin de là. La volonté d’une communauté d’enterrer ses morts, d’exécuter les rituels qui marquent le passage de la vie au trépas, est un élément clé de la culture.

Le mythe d’Antigone finement mis en récit par Sophocle renvoie au même questionnement. La tragédie est déclenchée parce que le corps d’un homme est laissé sans sépulture. Cette faute grave qui dépasse la loi, la cité et la politique sème la mort et brouille les deux rives du Styx : c’est elle qui précipite Antigone dans la mort ; qui décide Créon à l’enfermer vivante dans une grotte (celle qui vit est enterrée tandis ce que le frère mort reste sans sépulcre). C’est toujours cette faute qui découche sur tant de mort en une seule journée – les suicides d’Antigone, du fils et de la femme du roi Créon. Ce dernier, accablé par tant de malheurs, continue à son tour une existence de mort-vivant.

L’inhumation est une partie essentielle de notre humanité et ce n’est pas un hasard si les deux termes ont une racine commune – l’humus, la terre. L’homme, peut-on lire dans le livre de la Genèse (III, 19), retournera à la terre dont il a été tiré. Il s’agit d’une pierre angulaire de notre civilisation et donc d’un besoin, voire d’un intérêt collectif qu’il faut prendre en compte au même titre que le raisonnement stratégique. En effet, il y a certaines choses sur lesquelles on ne peut pas transiger.

On va dans le mur, tu viens ?

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Allocution prononcée par Basile de Koch à l’occasion des Ves Rencontres Internationales
des Intermittents de la Pensée (Paris, 7 juillet 2008).

Merci d’avoir répondu présents à mon Appel solennel pour ces Ves Rencontres Internationales des Intermittents de la Pensée. C’est une preuve de lucidité qui vous honore. Bravo ! C’est aussi une preuve de courage intellectuel. Le thème choisi cette année ne vous a même pas rebutés. Je vous dis : « On va dans le mur ! » – et vous venez… Encore bravo !

Pourtant j’en vois qui ne sont pas là – comme disait M. Night Shyamalan. Arrêtons-nous donc un instant sur les motivations de celles et ceux qui ne sont pas venus. Manque de lucidité et de courage ? Je me refuse à y croire ! En vérité l’affaire est plus grave : ces gens-là, comme disait Jacques Brel, ne partagent pas notre vision de l’avenir ! Parmi eux, il convient de distinguer deux sous-catégories pour la clarté du débat – qui d’ailleurs, je vous rassure, n’aura pas lieu.

D’un côté il y a les optimistes irréductibles, qui ne se rendent toujours pas compte qu’on y va, dans le mur ! Ces ravis de la crèche continuent de croire à la fin de l’histoire selon Fukuyama, sans même le connaître ! Alors que ce que nous vivons, c’est l’histoire de la fin – c’est-à-dire l’Apocalypse selon Saint Jean, même sans la connaître !
Il est vrai que ce courant de pensée est aujourd’hui en perte de vitesse. Il a eu son heure de gloire pendant dix ans et quelques ; disons entre la chute du Mur et celle des Twin Towers.
Depuis, la croyance en un avenir radieux, fût-il démocratique, a tendance elle aussi à s’effondrer.
Bien sûr, vous me direz, il n’y a pas que le 11/9 dans la vie, c’est-à-dire dans la mort ! Si on va dans le mur, ce n’est pas seulement à cause du terrorisme islamiste, ni même de son parrain l’errorisme américain.

Simplement, on a ouvert la boîte de Pandore, et voilà que tout ressort :
– la famine progresse ;
– la surpopulation menace ;
– le climat se dérègle ;
– le capitalisme financier fume la moquette ;
– le soleil risque de s’éteindre dans moins d’un milliard d’années ;
– et moi-même ces temps-ci, mon genou me lance.

Faut-il pourtant se résigner à l’inéluctable ? En bon français, oui ! Mais le bon français, c’est le cadet des soucis de nos disparus de la 2e Compagnie. Ces absents-là ont une autre façon d’avoir tort. Ils prétendent – comme j’ai dû le faire au moins cent fois dans mes discours de « nègre » –, « opposer au pessimisme de l’esprit l’optimisme de la volonté » ! Moi au moins, pour écrire des conneries comme ça, j’étais payé !

En un mot, nos « optissimistes » pensent deux choses :
Un : On va dans le mur !
Deux : Rien n’est perdu, parce qu’on peut lutter !

Apparemment, voilà des glands qui n’étaient déjà pas présents l’an dernier aux IVes Rencontres des Intermittents de la Pensée, le jour où j’ai lancé ce cri de désespoir lucide et organisé : « On peut pas lutter ! » Eh bien, certains croient quand même avoir un Plan B pour éviter le mur. Les plus raisonnables d’entre eux envisagent de devancer l’appel en organisant des « départs collectifs anticipés », façon Ordre du Temple Solaire.

Et puis il y a les autres, imperméables hélas à toute transcendance ; ceux-la persistent à placer leurs espoirs dans la politique.
Certains, connus autrefois connus sous le nom de socialistes, vous diront qu’avec eux au moins, dans l’Apocalypse à venir, vos avantages acquis seront préservés.
Et puis en face, vous trouverez l’Union des Moutons de Panurge. En gros, ceux qui font confiance au Président pour résoudre tous les problèmes, et même, le cas échéant pour en créer de nouveaux.
Parce que, l’air de rien – ou presque ! – ce mec préside déjà la République, le Conseil des Ministres en bois, la Chambre d’enregistrement et le Sénat conservateur. Eh bien, il reste toujours demandeur d’emplois !

Pourtant, à ses heures perdues, le même Sarkozy – car c’était lui ! – garde aussi la haute main sur les syndicats et le patronat, la télévision publique et la télévision publicaine, l’Europe (pour six mois) et l’Union pour la Méditerranée (quand elle existera) – sans oublier son leadership incontesté sur la branche française de l’OTAN.

Face à un tel bilan (en moins d’un peu plus d’un an !), nos petits amis les œufs de l’UMP – et souvent aussi nos mamans, il faut bien le dire, – semblent persuadés qu’en cas de nécessité, Sarko-la-Menace peut devenir a tout moment l’incroyable Nick.

Par exemple, si le Président a décidé de renforcer notre engagement militaire en Afghanistan, c’est évidement pour lutter contre le réchauffement climatique. Trois mille soldats français refroidis, ce serait un début, non ? Et puis n’oublions jamais qu’une fois encore, c’est à la France de montrer la voie au monde, après la Saint-Barthélemy, la Terreur, la Commune et la Débâcle.

Plus sérieusement, je voudrais m’adresser à vous (oui, vous qui êtes présents ici ce soir ; de toute façon, je n’ai pas trop le choix.) Eh bien, laissez-moi vous dire à quel point je partage votre enthousiasme concernant les idées que je vais exprimer maintenant.

Les Français sont, paraît-il, plus de 60 millions ; et apparemment, seuls un dix-millième d’entre eux sont mûrs pour aller intelligemment dans le mur – c’est-à-dire à la manière lucide et festive que nous recommandait feu Philippe Muray.

Bref, ça ne fait aucun doute : nous sommes bien ce pusillus grex dont parle la Bible, le petit troupeau, le sel de la terre. Alors « N’ayons pas peur », comme disait feu Jean-Paul II, pillant allègrement l’œuvre de Jésus-Christ (qui entre temps, il est vrai, était tombée dans le domaine public.)
En vérité, je vous le dis : nous sommes la troisième équipe du Rainbow Warrior. Notre mission, si nous l’acceptons, consiste à faire tout péter avant que ça n’explose.

Bien sûr, c’est déjà un peu tard, et alors ? « What the fuck ? » comme disait Robert de Niro. Il n’est jamais trop tard pour rien faire ! Le pire dans l’Apocalypse, c’est la peur de l’Apocalypse. Or, cette crainte est sans objet, puisque, comme vous n’êtes pas sans l’ignorer, Apocalypse signifie révélation.
Qui a peur d’une révélation, sinon celui qui vit de mensonges ? Or c’est la vérité qui rend libre, comme disait le mec que pille désormais Benoît XVI.

La vérité, mes amis, elle consiste essentiellement à poser les bonnes questions. Et la bonne question sur l’Apocalypse (comme d’ailleurs sur toutes ces petites Apocalypses personnelles qu’on appelle la mort).
C’est évidemment la question de l’after. Eh bien, croyez-en le spécialiste que je suis : on juge une soirée a son after ! Vous-mêmes d’ailleurs, vous préférez quoi ? Une soirée qui commence bien et qui finit mal, ou l’inverse ? Eh bien, si ça se trouve, la vie c’est pareil.

Infidèle au poste

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Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes et président du groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée, sera solidaire jusqu’au bout : le vendredi 8 août, jour de la cérémonie d’ouverture des J.O., annonce-t-il solennellement au Figaro, « je ne serai pas devant mon poste de télévision, ne serait-ce que pour ne pas aggraver l’audience des dirigeants chinois ». A Pékin, ce doit être la panique totale.

Rien sur Carla

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Pour un coup de pub, c’est un coup de maître : pendant 48 heures, jusqu’au 11 juillet, date où l’album sera dans les bacs, on pourra écouter gratuitement sur carlabruni.com Comme si de rien n’était, le nouveau CD de qui vous savez. Une façon plutôt intelligente de dire que ce qui compte dans cet opus, c’est la musique, que c’est elle qui va conquérir le public, et rien d’autre, if you see what I mean.

Désireux d’en savoir plus sur le pourquoi du comment de cette démarche, je suis allé faire un tour sur le site de Naïve, la maison de disques de Carla. Et là surprise, rien. Rien sur la page d’accueil, où l’on parle surtout de la nouvelle compil de Béatrice Ardisson, rien non plus sur la page à paraître qui manifestement n’a pas été remise à jour depuis quelques temps puisque « la nouveauté du mois », en l’occurrence l’album de Bensé, est sortie, nous dit-on, le 20 mai 2008…

Une telle discrétion laisse pantois, et l’on est bien obligé d’en chercher la raison : soit sa maison de disques est décidée à saboter sa promo, mais je laisse cette hypothèse à Thierry Meyssan et Marion Cotillard. Soit Patrick Zelnik, PDG et fondateur de Naïve, ne va jamais sur son propre site, ou bien, quand il le consulte, ne s’émeut absolument pas qu’il n’ait pas été remis à jour depuis deux mois. C’est naturellement ce faisceau d’hypothèses qui retiendra notre attention, parce qu’il n’est pas tout à fait anodin.

Tant qu’on s’en tient au discours officiel, toutes nos élites sont webocentrées. Mais dès qu’on gratte un peu, on se rend compte que même dans des industries aussi supposément modernes que la musique ou le cinéma, rien ne remplace le courrier papier « à l’ancienne » qu’on envoie par la Poste, comme au temps du gramophone, accessoirement assorti de quelques coups de fils insistants de l’attachée de presse. On est sur le web, parce que ça se fait, parce que sinon les collègues vous traiteront de ringard.
Mais en réalité, on sait bien que la promo, celle qui fait vendre un million de CD, c’est essentiellement la presse écrite, la radio, la télé qu’elle se fera, et dans le cas de Carla, il semble que le processus soit plutôt bien amorcé. Le buzz, le vrai, il se fera par les médias de grand-papa.

En vrai, chez ces gens-là, le web, on s’en fout. Et ce n’est peut-être pas plus mal.

Télé Sarko, télé ouverte

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Toute la gauche et toute la presse s’apprêtent à célébrer, sans doute à la rentrée, la mort, sur le champ d’honneur de l’antisarkozysme, de Patrick de Carolis. Chacun s’indigne à l’avance de la nouvelle étape dans la mise au pas des médias que constituera la nomination du nouveau patron, qui sera forcément un proche du président. Certes, au dernier moment, le président pourrait choisir de confier ce poste à son fiston ou à Christian Clavier. Pour l’instant, il semble décidé à refaire le coup de l’ouverture en confiant les rênes de la télé publique, soit à l’ancien patron du Monde, Jean-Marie Colombani, qui pourrait être ainsi récompensé de l’état économique déplorable dans lequel il a laissé le quotidien, soit à la productrice Fabienne Servan-Schreiber. L’un des atouts de celle-ci est que son mariage avec Henri Weber au Cirque d’Hiver (800 personnes, quand même) fut ironiquement décrit par Le Monde comme le rassemblement (funéraire) de la gauche.

Pas de Nobel pour Betancourt !

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Ainsi l’inénarrable présidente chilienne, Michèle Bachelet a-t-elle jugé indispensable que l’on attribuât le prochain Prix Nobel de la Paix à Ingrid Betancourt. Pourquoi pas ? Après tout, c’est moins ridicule que de proposer, par exemple, qu’on lui réserve à l’avance une place au Panthéon. On l’applaudira donc poliment des deux mains, puisque c’est quand même un peu obligatoire, non sans se demander in petto quelle aura été la contribution réelle de la récipiendaire putative « au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », critères explicitement énoncés par le testament d’Alfred Nobel.

A la décharge des partisans de cette récompense, on a pu se poser les mêmes questions à propos de la plupart des lauréats – dont le CV n’avait souvent qu’un rapport assez vague avec les dernières volontés de l’inventeur de la dynamite. Certes, le jury du Prix a parfois touché juste quand il distinguait d’ex-belligérants plus ou moins réconciliés (Sadate-Begin, Perès-Rabin-Arafat, Le Duc Tho-Kissinger Mandela-De Klerk).

Hélas, le plus souvent, il a mis les dix millions de couronnes suédoises à côté de la plaque : soit en récompensant des militants non pas de la paix mondiale, mais des droits de l’Homme (Albert Schweitzer, Martin Luther King, Mère Teresa, Aung San Suu Kyi…) ; ou pire encore, comme cela semble être la mode ces dernières années, en primant d’improbables responsables associatifs comme le controversial documentariste Al Gore, l’écologiste kenyanne Wangari Muta Maathai ou la féministe iranienne Chirine Ebadi.

On pourra m’objecter que, justement, compte tenu de cette dérive récente, pourquoi pas Ingrid ? Eh bien, parce qu’Ingrid doit uniquement sa notoriété mondiale à son statut de victime. C’est un peu comme si l’on remettait la médaille du Mérite au rescapé de la noyade plutôt qu’au sauveteur. Le jury Nobel a lui aussi le droit d’être dans l’air du temps.

NB : En me documentant, j’ai découvert quelqu’un qui avait réellement mérité son Prix Nobel de la Paix : Andreï Sakharov. Mais peut-être pas, pour les raisons exposées par les jurés en 1975. Si Sakharov est à mes yeux le lauréat idéal, c’est pour avoir, dans les années 1950, doté l’URSS de la bombe H, et donc rétabli l’équilibre de la terreur avec les USA : la Paix mondiale lui doit beaucoup.

Brève reconductible

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Tollé général à gauche et chez les syndicats après que Nicolas Sarkozy s’est félicité samedi, lors du conseil national de l’UMP, que « désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit ». Il est clair que le plus haut magistrat de l’Etat aurait plus avisé d’éviter cette provocation et de s’en tenir aux faits. Ce qui était fastoche avec une déclaration du genre : « Quand il y a une manif pour les 35 heures, au PS, personne ne s’en aperçoit. »