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Pour une Internationale des chauves

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En 1993, Larry David, co-créateur, producteur exécutif et scénariste de la série Seinfeld, obtint un Emmy award pour un épisode intitulé The contest (le concours). Il monta à la tribune et prononça ces mots remarquables : « This is all very well and good, but I’m still bald ! » (Tout cela est très bien, mais je suis toujours chauve !)

Par ces mots, Larry David fit entendre pour la première fois le cri de douleur de millions d’hommes chauves et dégarnis. Depuis, il n’a cessé de faire entendre cette douleur toutes les fois que cela lui fut possible. Dans la série Curb your enthusiasm (HBO), dont la production et la diffusion sont en cours aux Etats-Unis, il ne perd jamais une occasion de pointer les vexations, les discriminations auxquels nous autres, chauves, sommes régulièrement soumis.

Les expressions ne manquent pas en français pour stigmatiser notre trop visible différence : crâne d’œuf, « tu te coiffes avec une éponge ! », chauve comme un genou… Certains hommes ne sont même restés dans l’histoire que pour leur calvitie, ainsi de Charles le Chauve (petit-fils de Charlemagne, qui fut gratifié d’un plus généreux qualificatif), le torero Rafael-le-Chauve (connu aussi sous le nom Rafael El Gallo), contemporain de Belmonte…

A contrario, l’un des rois vikings les plus célèbres fut sans conteste Harald-à-la-Belle-Chevelure, qui unifia la Norvège et en fut le premier roi.

Tant que Zinédine Zidane officiait en équipe de France, nous avions un digne représentant, mais depuis son retrait, ce n’est que faux chauves (ces chevelus qui se rasent la tête et nous singent) et ébouriffés.

A la télévision, un homme semblait patiemment sur le chemin qui menait à notre petite communauté, mais, honteux Ganelon, il préféra les implants à la solidarité. Son éviction récente nous apparaît comme un juste retour de balancier.

Jean-Pierre Coffe, l’un de nos plus dignes représentants vient d’être évincé des ondes, où pourtant on le savait chauve.

Pour qu’enfin notre souffrance soit reconnue à l’égale de tant d’autres minorités visibles, pour que la discrimination qui nous frappe dans la parole comme dans les regards fût enfin combattue avec l’énergie nécessaire,

Chauves de tous les pays et de toutes les couleurs, unissons-nous !

Je propose, par ailleurs la création d’un prix Yul Brynner, attribué à notre frère qui aura fait le plus pour la reconnaissance de la beauté et de la dignité de la calvitude.

A bonne enseigne

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La vie d’ancien ministre n’est vraiment pas rose. Thierry Breton en sait quelque chose, lui qui a été vu entrer la semaine dernière chez Carrefour (Le Monde, du 28 juillet). D’accord, c’était pour s’y faire élire au conseil d’administration. Mais quand même.

Petrella : les pleureuses ont raison

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Les arguments de Luc Rosenzweig en faveur de l’extradition de Marina Petrella sont plus que recevables, ils sont imparables. La douleur des familles de victimes n’a pas à être négligée et l’Italie, serait-ce celle du méchant Berlusconi, est un Etat de droit avec lequel nous avons signé toutes sortes de conventions bilatérales qui appellent ce type de dénouement. Ce n’est pas la même chose d’extrader une ex-brigadiste vers Rome qu’un illégaliste kurde vers Ankara. Jusque-là donc, je ne peux qu’être d’accord avec Luc et aussi avec Gil, Nina, Ludo et bien d’autres commentateurs : ils ont le droit de leur côté et ledit droit ne se divise pas – le causeur Klima est fort avisé de rappeler l’acharnement nonagénairicide de la gauche morale dans l’affaire Papon.

De plus, les pleurnicheries qui tiennent lieu d’argumentaires à maints défenseurs de Petrella sont consternantes. Pour tout dire, ces suppliques sont esthétiquement insupportables à tous les joyeux lascars de l’Autonomie ouvrière qui, comme moi, ne regrettent pas d’avoir crié dans leur jeunesse, à la fin des seventies des slogans enjoués mais tranchants du genre « Ni trop tôt, ni trop tard, nitroglycérine », « Contre la vie chère, contre le chômage : vol, pillage et sabotage », ou encore « Oui, Baader était un camarade ! » (il y avait une variante avec Mercader en cas d’agression délibérée contre le S.O. de la Ligue).

Depuis ces temps bénis de ma jeunesse, j’ai beau être passé de la cagoule à la cravate Charvet et du cocktail Molotov au Daïquiri, procédant au passage à quelques aggiornamento idéologiques, c’est bien triste de retrouver trente ans plus tard le « camarade P38 » métamorphosé en bigote social-démocrate, comme si le temps qui passe et ma (relative) déchéance physique subséquente ne suffisaient pas à alimenter mon agacement. Je ne vous parle même pas des rappels incessants faits par les défenseurs de Petrella de sa condition de mère de famille, son dévouement inlassable de travailleuse sociale, son état dépressif – on attend incessamment que son comité de soutien excipe de son statut d’abonnée à Télérama ou de donatrice au Téléthon. Le travail, le social, la famille, les certificats médicaux, l’appel la mansuétude des juges : tout ça pour ça ?

Décidément ces repentis sont une calamité pour ceux qui, plutôt que de battre leur coulpe ad nauseam, se sont contentés de vieillir et de changer d’avis – mais ça, je l’avais déjà compris en essayant de lire les œuvres de vieillesse de Toni Negri. A tout prendre, les charlots décérébrés et anarchisants d’Action Directe (que, par purisme marxiste-léniniste, nous méprisions copieusement à l’époque, contrairement aux brigadistes ou à la RAF), ont eu infiniment plus de dignité du fond de leur cellule, refusant jusqu’au bout de monnayer des excuses aux familles de victimes en échange de leur conditionnelle et n’exigeant, pour leurs libérations, que la stricte application des textes en vigueur.

Tout ça pour dire, donc, que les arguments de Rosenzweig sont percutants autant que les libelles petrellistes sont gluants. N’empêche, on bute sur un truc, et de taille : l’honneur de la France. La parole donnée par François Mitterrand aux brigadistes en préretraite était probablement inopportune, régalienne, illégale et même (faute d’avoir été étendue aussi aux rangés des voitures d’extrême droite) inéquitable. So what ? C’est la parole de la France. Les Italiens – y compris les degauches – sont fous de rage, expliquent que la fiche Interpol de Marina est longue comme un jour sans gressin, que notre pays viole depuis quinze ans les règles du droit international : ils ont raison, mais qu’est-ce qu’on s’en fiche ? De toute façon, on était déjà fâché à mort avec eux à cause du coup de tête de Zidane et du rachat d’Alitalia. Et à part ça, d’où par où, comme dit ma maman, serions-nous tenus d’être en accord sur tout avec tout le monde, quel impératif catégorique pourrait-il nous empêcher de respecter notre parole quitte à bafouer allègrement le droit international ? Le droit international, il faut le respecter, sauf quand il faut le violer. Certaines nations, moins empotées que la moyenne, on su le faire à bon escient, de Guantanamo à Entebbe en passant par l’Abkhazie : à défaut d’être les plus aimés, ce ne sont pas les Etats les moins respectés, on les écoute quand ils parlent.

La France, elle, ne fera respecter sa parole qu’en respectant sa parole : désormais dépourvus ou presque d’industrie lourde, de forces armées et de rayonnement culturel, il ne nous reste plus grand chose, fors l’honneur.

Cordes sensibles

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Vingt-neuf pendus pour le seul week-end dernier en République islamique d’Iran ! Comme quoi on peut amuser les foules sans avoir besoin d’acheter de coûteuses séries TV américaines. A moins qu’avec l’approche des JO de Pekin, Ahmadinejad craigne d’être relégué au second plan dans les communiqués de presse des ONG…

Le métis est-il l’avenir de l’homme ?

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Les critiques habituels de Nicolas Sarkozy, pourtant prompts à dégainer, n’ont pas relevé l’entorse faite par le président de la République aux usages diplomatiques lors de sa rencontre avec Barack Obama : « Si c’est lui, la France sera très heureuse. Et si ce n’est pas lui, la France sera l’amie des Etats-Unis d’Amérique », a-t-il déclaré à l’issue de son tête à tête avec le candidat démocrate à la Maison Blanche. Je n’ai pas souvenir qu’un président français de la Ve République ait publiquement avoué aussi abruptement sa préférence pour un candidat à l’élection présidentielle américaine. On ne mettra pas en doute la sincérité de Nicolas dans sa déclaration d’amour à son copain Barack : le « petit Français au sang mêlé » se sent certainement plus proche humainement du jeune métis ambitieux que du héros militaire chenu présenté par les Républicains.

Mais il n’est pas interdit de remarquer que l’absence de réaction à cette surprenante ingérence dans la campagne électorale américaine est révélatrice de l’obamania galopante qui s’est emparée d’un grande partie de l’élite médiatico-politique.

On assiste à l’inversion, en faveur d’Obama, des sentiments de rejet, voire de haine envers George W. Bush qui animent ces mêmes cercles de faiseurs d’opinion. Le candidat démocrate a beau, dans son discours de Berlin intégralement reproduit dans Le Monde (à quand la même chose pour McCain ?) chanter les louanges de l’OTAN et appeler l’Europe à l’aide pour exterminer les Talibans en Afghanistan, on n’entend pas le moindre murmure désapprobateur. Besancenot, Bové, Mamère font comme s’ils n’avaient pas entendu, et se gardent bien d’émettre le moindre couac dans ce concert obamanolâtre, nouveau tube de l’été.

On aurait pu espérer que l’élection de novembre allait susciter en France un débat rationnel où l’on aurait pesé le pour et le contre, analysé les deux projets au regard de nos intérêts de Français et d’Européens. Il n’aurait pas été inutile de se rappeler que l’administration Clinton, d’où sont issus nombre de conseillers du candidat démocrate, pratiquait un dirigisme musclé dans la conduite des affaires du monde : j’en ai été personnellement le témoin lorsque je couvrais, pour Le Monde les affaires de l’OTAN à Bruxelles. C’était à la fin du siècle dernier.

Cette passion qui s’empare de BHL, de Nicolas et des autres interdit tout raisonnement au nom de l’espoir en une Amérique meilleure, en un monde meilleur soulevé par la perspective de l’accession d’un « demi-Noir » à la Maison Blanche.

En attendant que la réalité, qui ne devrait pas tarder à pointer son nez chafouin, calme ces ardeurs, je me suis replongé dans un petit ouvrage écrit il y a trente ans par le regretté Guy Hocquenghem (1946-1988) intitulé La beauté du métis et sous-titré « réflexions d’un francophobe ». Le fondateur du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire), premier intellectuel français à faire son coming out à grand fracas dans le Nouvel Obs brode joyeusement sur le thème de la haine de soi qui vous pousse inexorablement vers l’Autre, amoureusement et intellectuellement : « Pourquoi la plupart de mes amis, de mes amants sont-ils étrangers ? Pourquoi n’est-ce qu’avec eux que je me sente enfin arraché au plat, au prosaïsme, au médiocre ? Enfant, j’appelais de mes voeux le ravisseur étranger qui m’emporterait dans ses bras, princesse raptée ; adulte, ou déclaré tel, je ne conçois d’amour que cosmopolite. Même pour une nuit, rare est le Français qui ne me glace pas, qui ne me donne l’impression de jouer à deux une comédie sans saveur. L’amour ne me parle qu’en d’autres langues, il me fait toujours signe de l’au-delà des rives connues, des références faciles », écrit-il dans ce livre paru en 1979.

Guy Hocquenghem était un dandy provocateur bourré de talent qui aurait pu devenir l’Oscar Wilde français si le sida ne l’avait pas emporté prématurément. Il n’hésitait pourtant pas, pour les besoins de sa cause, à maquiller comme une vieille coquette la réalité de sa vie. Ainsi, j’ai pu constater, pour l’avoir visité à plusieurs reprises dans sa maison de campagne de Milly-la-Forêt[1. En tout bien, tout honneur, pour travailler sur des numéros de la défunte revue Recherches dont j’étais l’un des animateurs. Je sais, ça fait ringard, voire homophobe, mais il me suffit d’être insulté par des commentateurs pour ce que je suis pour éviter de l’être pour ce que je ne suis pas.], que le cercle de ses amis était très majoritairement français, convenablement diplômé, et délicieusement policé. Même les canards qu’il élevait à des fins culinaires étaient d’un blanc immaculé.

Guy Hocquenghem avait, pendant sa prime jeunesse, traîné quelques temps ses escarpins à la JCR, ancêtre de la LCR de Krivine et Besancenot. Ces bœufs trotskistes prirent les provocations du jeune normalien au pied de la lettre, et après les avoir purgées de leur souffre homosexuel, les adoptèrent comme une variante moderne de l’internationalisme prolétarien du vieux Léon.

Au blanc arrogant, colonisateur, exploiteur et enraciné dans son terroir devait se substituer le métis- réel ou symbolique-déterritorialisé « aux racines qui plongent dans l’avenir ». Issu de cette boutique politique, Edwy Plenel, devenu directeur de la rédaction du Monde, exultait en « une » de ce journal en parce qu’avec Alexandre Dumas c’était selon lui le métissage qui entrait au Panthéon, comme si cette qualité était la raison première de son admission dans la demeure éternelle des grands hommes.

Plenel est parti, mais le même journal, en « une » de l’édition consacrée à la gloire d’Obama, lance cette interrogation angoissée : « Pourquoi le peloton du Tour de France est-il blanc, blanc, blanc ? », autrement dit, pourquoi n’est-il pas black, blanc, beur ainsi qu’il serait convenable dans la patrie des Droits de l’homme. Il faut être benêt comme un rédacteur en chef du Monde – je sais, je l’ai été naguère – pour s’imaginer que les directeurs sportifs des équipes rechigneraient par principe à intégrer dans leur effectif des Noirs ou des Arabes. L’article, d’ailleurs, montre que les patrons du cyclisme français ne verraient aucun obstacle à faire de ceux-ci des dopés comme les autres, à condition qu’ils présentent les mêmes dispositions à se défoncer sur un vélo que les Flamands et les Bretons. Vers l’âge de dix ans, alors que j’écoutais religieusement à la radio les reportages de Georges Briquet sur la Grande Boucle, je m’enquis auprès de mon grand-père des raisons cette bizarre absence de Juifs dans le peloton : « Pas la peine, me répondit-il, tous les ans c’est Félix Lévitan[2. Félix Lévitan (1911-2007), journaliste sportif, fut directeur adjoint, puis directeur du Tour de France pendant plus de quarante ans.] qui gagne ! »

Lettres de vacances

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Des badges bigarrés à l’effigie de Jules Renard ou de Chesterton ? Il ne s’agit pas d’un fantasme de Basile de Koch (ce sont ses auteurs de chevet) mais d’une fichtrement bonne idée des éditions de l’Arbre vengeur. Une vingtaine d’autres modèles sont disponibles featuring Octave Mirbeau, Léon Bloy ou le trop oublié Jean Richepin. Si avec ça, vous n’arrivez pas à emballer votre normalien(ne) sexy à St-Trop’ ou à Paris-Plage, un seul conseil : retournez sur Meetic ! Bref, c’est le must de l’été pour tous les vacanciers lettrés (nudistes exceptés).

Crétin au Tibet

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On savait déjà que les créatifs, ça osait tout, mais certains arrivent encore à nous surprendre, notamment les plus citoyens d’entre eux, qu’on pourra qualifier de publicitaires à message. A preuve, le dernier spot Lancia, où l’on voit Richard Gere (un des plus fervents supporters US du Dalaï Lama) voler au secours des enfants tibétains au volant de sa berline italienne (qui, soit dit en passant, est tellement vilaine qu’on la croirait française). On est déjà mort de rire dès le début de la prestation de l’American Rigolo, mais le meilleur est pour la fin, quand apparaît le slogan : « Affirmer sa différence c’est refuser l’indifférence. » Il paraît que les Chinois ont protesté. Ils ont bien tort.

Petites maisons dans la prairie

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Fraîchement rendu à l’affection des siens, Samir Kountar a rentabilisé ses longues années de prison en Israël en poursuivant des études. « Arrivé » en Israël à l’âge 17 ans, avec un commando du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), analphabète malgré six années de scolarité, cet homme dont le plus haut fait de gloire est d’avoir fracassé la tête d’une petite fille juive à coups de crosse de son arme est rentré au Liban muni d’une maîtrise en sciences sociales délivré par une université israélienne. Est-ce dans l’un des nombreux ouvrages qu’il a forcément lus pendant ses études qu’il a vu les photos d’un petit moustachu en uniforme saluant la main droite tendue vers l’avant ? En tout cas, ce gracieux personnage s’est empressé de l’imiter.

On l’aura compris, pour Kountar et pour ses amis du Hezbollah, le combat continue, même si on ne sait plus très bien pourquoi ni pour quoi. On connaît les objectifs qui ont présidé à la création de la milice chiite : d’une part, la libération des prisonniers libanais détenus en Israël, d’autre part, la restitution de la dernière parcelle de territoire libanais occupé par Israël. Il ne faut pas oublier que c’est la résistance à l’occupation israélienne (celle de la Syrie a été tolérée avec bienveillance) qui a donné à la milice armée son nom en arabe, moukawama (littéralement « résistance »). Sur ces deux fronts, le Hezbollah a gagné : en 2000, après dix-huit ans d’occupation, Israël se retire du Sud-Liban. Huit ans plus tard, il libère les derniers prisonniers libanais. Seulement, ces victoires produisent de fâcheux effets secondaires en sapant sa légitimité.

Problème classique : plus le Hezbollah triomphe, moins il a de raisons d’être. Heureusement, ces joyeux drilles ont encore les fermes de Chebaa à se mettre sous la dent. Du reste, immédiatement promu porte-parole de la milice chiite, Kountar a fait ses premiers pas en jurant de libérer ce minuscule morceau de Liban. On comprend bien l’intérêt qu’aurait Israël à le priver de cette nouvelle victoire en négociant avec le gouvernement la restitution de cette bande de terre de 14 kilomètres de long sur deux kilomètres de large, presque inhabitée, à l’exception de 18 fermes regroupées en petits hameaux. Pour paraphraser une célèbre prophétie de Jérémie[1. « Le malheur viendra du Nord. »], c’est peut-être de là-bas que viendra le malheur. Mais ce trou perdu peut être aussi synonyme d’espoir dès lors qu’il pourrait être l’occasion d’infliger au Hezbollah un revers politique.

Situées dans un « no man’s land », les fermes ont été occupées par Israël après la guerre de 1967 pour des raisons stratégiques, car elles dominent la seule route qui mène vers le sommet du mont Hermon, où l’armée israélienne a installé d’importants moyens de renseignements visuels et électroniques. C’est pour cela qu’on a surnommé l’endroit « les yeux d’Israël ».

Reste à savoir avec qui on négocie. Car si l’occupant ne fait guère de doute, on ne saurait en dire autant de l’occupé. Selon Israël, cette région était sous le contrôle et la souveraineté syriens. Et cette opinion est l’objet d’un consensus inhabituel puisque la Syrie et l’Onu partagent le point de vue israélien. Du reste, jusqu’à 2000, date à laquelle il a fallu valider le tracé de la frontière israélo-libanaise après le retrait de Tsahal, les Libanais ne s’y sont guère intéressé. C’est seulement sous la pression du Hezbollah que Beyrouth a revendiqué cette région.

L’Onu, donc, a tranché : les fermes de Chebaa appartiennent à la Syrie et doivent donc faire partie d’un accord éventuel entre ces deux pays. Mais curieusement, la Syrie a laissé passer cette occasion de mettre fin à des décennies d’occupation israélienne, d’obtenir le retour à la mère-patrie de quelques hectares de territoire national et de libérer quelques centaines d’habitants. Hafez el-Assad, père de l’actuel président de la République arabe héréditaire de Syrie, a d’autant moins résisté à la tentation de jeter un peu d’huile sur le feu qu’il lui suffisait de garder le silence. Espérant couper l’herbe sous le pied du Hezbollah, les leaders de la majorité libanaise, Amine Gemayel et Walid Joumblatt, ont bien demandé à la Syrie de reconnaître officiellement auprès des autorités onusiennes la souveraineté libanaise sur cette petite région. En vain. La France n’a pas apprécié le double-jeu syrien et a demandé au gouvernement libanais de ne pas utiliser les fermes de Chebaa pour compliquer la situation.

Les choses sont peut-être en train de changer. Les visites de Claude Guéant, Jean-David Levitte en Syrie et de Bernard Kouchner au Liban, la récente venue à Paris de Bachar el-Assad sont autant d’indices que quelque chose est en train de se passer. Les déclarations de Nicolas Sarkozy, passées en moins de six mois d’un ferme « je ne prendrai plus de contacts avec les Syriens et mes collaborateurs non plus » (le 30 décembre 2007) à un « aujourd’hui, une nouvelle page est peut-être en train de s’ouvrir dans les relations entre la France et la Syrie » plein d’espoir (juin 2008), montrent aussi un changement de vent. Si on en ajoute l’implication de la France dans la Finul qui l’expose au quotidien et en direct à la poudrière libanaise toujours prête à exploser, tout laisse penser que le dossier libano-syrien pourrait connaître quelques avancées. Certes, on est loin d’un vaste plan qui exigerait aussi bien l’implication des Etats-Unis que celles des protagonistes. Dans l’attente de ce Godot diplomatique, les fermes de Chebaa pourraient offrir à tous la possibilité de réaliser un petit pas qui ne mange pas de pain. Quoique non négligeable, l’effort nécessaire est à la portée d’un Premier ministre israélien rattrapé par toute une vie de magouilles, d’un président syrien très réaliste – surtout sur sa propre marge de manœuvre – et d’une majorité libanaise qui ressemble à s’y méprendre à une minorité. Bref, une mission idéale pour la diplomatie française qui pourrait ainsi défaire le premier nœud de l’embrouille.

Le Mrap et l’affaire Siné

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Le texte intégral du communiqué de l’association antiraciste[1. On pourra quand même se demander ce qui est le plus épatant : le silence total du Mrap depuis le début de l’affaire Siné ou bien l’absence de réaction de la presse à cette absence de réaction du Mrap.] :

Robert Benchley ! What else ?

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Ce jour-là, aucun quotidien dans ma boîte aux lettres… Résultat : j’ai lu un livre ! Et pas n’importe lequel : un que j’avais volé à ma meilleure amie femme (consentante, selon mes souvenirs).
Remarquable, n’est-ce pas ? De fait, c’est le titre d’un recueil de chroniques signées Robert Benchley, écrites à l’origine pour Vanity Fair et le New Yorker. L’ensemble est publié « Chez Monsieur Toussaint Louverture » ; pourquoi pas ?

Par rapport à l’édition originale de 1963, deux bonus non négligeables : plusieurs textes inédits, et pas de préface ! Celle de la première édition, platement factuelle, préparait au choc Benchley à peu près comme Pierre Bellemare introducing saint Augustin.

Pour vous donner une idée, Robert Benchley (1889-1945) est aussi l’auteur, entre autres, de L’expédition polaire à bicyclette (Le Dilettante, 2002) et de Pourquoi personne ne me collectionne (Rivages, 2008). Voici donc un Américain du XXe siècle qui se trouve être, par une ruse de la Raison, le maître du nonsense britannique de la fin du XIXe.

Si comme moi, vous êtes taraudé par des questions du genre « Comment perdre cent mille dollars par an ? » ou « Pourquoi Budapest n’existe pas ! », alors Robert Benchley peut vous aider à traverser la vie – cette vallée de larmes où chaque rire fait un arc-en-ciel, n’est-ce pas ?
Donc, Budapest n’existe pas. Ou plus précisément, elle n’existe plus depuis le Traité de 1802, qui mit fin à la fameuse guerre de 1805 entre Bulghs et Slovènes. Les deux peuples, raconte Benchley, après s’être battus sauvagement pour refiler Budapest à l’autre, se sont finalement mis d’accord pour annuler purement et simplement la ville (Traité d’Ulm, 1802).
Or voilà qu’un fâcheux, M. Schweitzer de New York, contredit Benchley dans une lettre à peine polie : « Tâchez de vous faire rembourser vos cours de géographie. Budapest existe et ce n’est pas un hameau, tant s’en faut : c’est la capitale de la Hongrie ! »
Benchley, qui n’a pas sa plume dans sa poche, lui répond assez vertement : « Je reste sur mes positions : Budapest n’existe pas. Vous vouliez peut-être dire « Bucarest », mais peu importe : Bucarest n’existe pas non plus. »

Outre ce texte fondateur du révisionnisme moderne, je comptais vous résumer une de mes nouvelles favorites, certes plus romancée, intitulée « Un autre conte de Noël de l’oncle Edith ». Las ! Après plusieurs heures d’essais infructueux, j’ai dû me rendre à l’évidence : de même que l’éléphant selon Vialatte est irréfutable, Benchley est irracontable.
Sachez seulement que cet « autre » conte de Noël est le seul du bouquin ; qu’il n’a d’ailleurs pas le moindre rapport avec la fête de Noël ; et qu’en outre, ledit Edith n’est l’oncle de personne.

« Ça n’a pas de sens ! », diront certains membres de l’Union Rationaliste (parmi lesquels je ne vous compte pas ; sinon, vous auriez zappé depuis longtemps.) Eh bien, je les arrête tout de suite ! Ces gens-là, comme je disais dans mon fameux Appel du 7 juillet 2008 en citant Jacques Brel, confondent le non-sens, qui est un plat pays, avec les montagnes russes du nonsense.
Mais comment distinguer le vrai nonsense® des piètres palinodies d’un Pierre Dac ou même d’un Alphonse (vache) Allais ? « Trop facile la question ! » comme diraient nos jeunes d’aujourd’hui, de Neuilly à Tamanrasset. Le vrai nonsense, c’est celui qui vous enlève tel Ganymède (plutôt classe, non ?) pour vous laisser entrevoir depuis les abîmes, par une subtile mise en abyme, où se trouvent les sommets et comment y accéder.
« C’est dans l’obscurité qu’il est beau de croire à la lumière », comme disait le cuistre citant le poète. (Veuillez m’excusez. Parfois la culture chez moi tente de l’emporter sur l’intelligence – en vain, heureusement.)

Un exemple de vrai nonsense racontable et qui fait sens – pour la route ? Que diriez-vous de « Shakespeare expliqué », chronique tout entière consacrée au commentaire de sa fameuse tragédie Périclès – mais si, vous savez… ?
Donc, Benchley nous soumet un court texte agrémenté d’un long appareil critique. En français, des notes en bas de page, qui présentent ici la particularité d’occuper la quasi-totalité des pages.
Plus précisément, outre le titre et l’exposé liminaire, Robert ne nous cite que la première phrase de l’acte II, scène 3 – agrémentée pas moins de onze notes explicatives.
Alors de qui se moque-t-on, et au nom de quoi ? En d’autres termes, hormis le fait avéré qu’il se fout du monde, Robert Benchley a-t-il ici quelque chose à nous dire de sensé ?
Oui da ! C’est même marrant que vous me posiez la question précisément ici sur Causeur. Parce qu’il est là (entre autres), le lien benchleyen entre nonsense et réalité, c’est-à-dire sens. Onze notes critiques concernant une seule ligne, ça ne vous rappelle rien ? Moi, ça me fait irrésistiblement penser à nos mille et un commentaires sur l’affaire Al-Dzaïmer (ou un truc comme ça.)

A vrai dire, quel que soit le papier, les cinq ou dix premiers posts ont un rapport avec le papier qui les a générés. Puis insensiblement le sujet est oublié, puis l’objet. Restent des dizaines de duels croisés et d’empaillages généralisés entre blogueurs – dont seul un Champollion du Causeurisme pourrait reconstituer le fil. (Les sites concurrents j’en parle pas ; je ne suis même pas sûr qu’il y en ait.)
Tout ça pour dire que le nonsense benchleyen n’a guère de leçons à recevoir de notre humaine Raison. A moins que la nature n’imite l’art. Mais ceci est une autre histoire…

Remarquable, N'Est-Ce Pas?

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Pour une Internationale des chauves

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En 1993, Larry David, co-créateur, producteur exécutif et scénariste de la série Seinfeld, obtint un Emmy award pour un épisode intitulé The contest (le concours). Il monta à la tribune et prononça ces mots remarquables : « This is all very well and good, but I’m still bald ! » (Tout cela est très bien, mais je suis toujours chauve !)

Par ces mots, Larry David fit entendre pour la première fois le cri de douleur de millions d’hommes chauves et dégarnis. Depuis, il n’a cessé de faire entendre cette douleur toutes les fois que cela lui fut possible. Dans la série Curb your enthusiasm (HBO), dont la production et la diffusion sont en cours aux Etats-Unis, il ne perd jamais une occasion de pointer les vexations, les discriminations auxquels nous autres, chauves, sommes régulièrement soumis.

Les expressions ne manquent pas en français pour stigmatiser notre trop visible différence : crâne d’œuf, « tu te coiffes avec une éponge ! », chauve comme un genou… Certains hommes ne sont même restés dans l’histoire que pour leur calvitie, ainsi de Charles le Chauve (petit-fils de Charlemagne, qui fut gratifié d’un plus généreux qualificatif), le torero Rafael-le-Chauve (connu aussi sous le nom Rafael El Gallo), contemporain de Belmonte…

A contrario, l’un des rois vikings les plus célèbres fut sans conteste Harald-à-la-Belle-Chevelure, qui unifia la Norvège et en fut le premier roi.

Tant que Zinédine Zidane officiait en équipe de France, nous avions un digne représentant, mais depuis son retrait, ce n’est que faux chauves (ces chevelus qui se rasent la tête et nous singent) et ébouriffés.

A la télévision, un homme semblait patiemment sur le chemin qui menait à notre petite communauté, mais, honteux Ganelon, il préféra les implants à la solidarité. Son éviction récente nous apparaît comme un juste retour de balancier.

Jean-Pierre Coffe, l’un de nos plus dignes représentants vient d’être évincé des ondes, où pourtant on le savait chauve.

Pour qu’enfin notre souffrance soit reconnue à l’égale de tant d’autres minorités visibles, pour que la discrimination qui nous frappe dans la parole comme dans les regards fût enfin combattue avec l’énergie nécessaire,

Chauves de tous les pays et de toutes les couleurs, unissons-nous !

Je propose, par ailleurs la création d’un prix Yul Brynner, attribué à notre frère qui aura fait le plus pour la reconnaissance de la beauté et de la dignité de la calvitude.

A bonne enseigne

3

La vie d’ancien ministre n’est vraiment pas rose. Thierry Breton en sait quelque chose, lui qui a été vu entrer la semaine dernière chez Carrefour (Le Monde, du 28 juillet). D’accord, c’était pour s’y faire élire au conseil d’administration. Mais quand même.

Petrella : les pleureuses ont raison

34

Les arguments de Luc Rosenzweig en faveur de l’extradition de Marina Petrella sont plus que recevables, ils sont imparables. La douleur des familles de victimes n’a pas à être négligée et l’Italie, serait-ce celle du méchant Berlusconi, est un Etat de droit avec lequel nous avons signé toutes sortes de conventions bilatérales qui appellent ce type de dénouement. Ce n’est pas la même chose d’extrader une ex-brigadiste vers Rome qu’un illégaliste kurde vers Ankara. Jusque-là donc, je ne peux qu’être d’accord avec Luc et aussi avec Gil, Nina, Ludo et bien d’autres commentateurs : ils ont le droit de leur côté et ledit droit ne se divise pas – le causeur Klima est fort avisé de rappeler l’acharnement nonagénairicide de la gauche morale dans l’affaire Papon.

De plus, les pleurnicheries qui tiennent lieu d’argumentaires à maints défenseurs de Petrella sont consternantes. Pour tout dire, ces suppliques sont esthétiquement insupportables à tous les joyeux lascars de l’Autonomie ouvrière qui, comme moi, ne regrettent pas d’avoir crié dans leur jeunesse, à la fin des seventies des slogans enjoués mais tranchants du genre « Ni trop tôt, ni trop tard, nitroglycérine », « Contre la vie chère, contre le chômage : vol, pillage et sabotage », ou encore « Oui, Baader était un camarade ! » (il y avait une variante avec Mercader en cas d’agression délibérée contre le S.O. de la Ligue).

Depuis ces temps bénis de ma jeunesse, j’ai beau être passé de la cagoule à la cravate Charvet et du cocktail Molotov au Daïquiri, procédant au passage à quelques aggiornamento idéologiques, c’est bien triste de retrouver trente ans plus tard le « camarade P38 » métamorphosé en bigote social-démocrate, comme si le temps qui passe et ma (relative) déchéance physique subséquente ne suffisaient pas à alimenter mon agacement. Je ne vous parle même pas des rappels incessants faits par les défenseurs de Petrella de sa condition de mère de famille, son dévouement inlassable de travailleuse sociale, son état dépressif – on attend incessamment que son comité de soutien excipe de son statut d’abonnée à Télérama ou de donatrice au Téléthon. Le travail, le social, la famille, les certificats médicaux, l’appel la mansuétude des juges : tout ça pour ça ?

Décidément ces repentis sont une calamité pour ceux qui, plutôt que de battre leur coulpe ad nauseam, se sont contentés de vieillir et de changer d’avis – mais ça, je l’avais déjà compris en essayant de lire les œuvres de vieillesse de Toni Negri. A tout prendre, les charlots décérébrés et anarchisants d’Action Directe (que, par purisme marxiste-léniniste, nous méprisions copieusement à l’époque, contrairement aux brigadistes ou à la RAF), ont eu infiniment plus de dignité du fond de leur cellule, refusant jusqu’au bout de monnayer des excuses aux familles de victimes en échange de leur conditionnelle et n’exigeant, pour leurs libérations, que la stricte application des textes en vigueur.

Tout ça pour dire, donc, que les arguments de Rosenzweig sont percutants autant que les libelles petrellistes sont gluants. N’empêche, on bute sur un truc, et de taille : l’honneur de la France. La parole donnée par François Mitterrand aux brigadistes en préretraite était probablement inopportune, régalienne, illégale et même (faute d’avoir été étendue aussi aux rangés des voitures d’extrême droite) inéquitable. So what ? C’est la parole de la France. Les Italiens – y compris les degauches – sont fous de rage, expliquent que la fiche Interpol de Marina est longue comme un jour sans gressin, que notre pays viole depuis quinze ans les règles du droit international : ils ont raison, mais qu’est-ce qu’on s’en fiche ? De toute façon, on était déjà fâché à mort avec eux à cause du coup de tête de Zidane et du rachat d’Alitalia. Et à part ça, d’où par où, comme dit ma maman, serions-nous tenus d’être en accord sur tout avec tout le monde, quel impératif catégorique pourrait-il nous empêcher de respecter notre parole quitte à bafouer allègrement le droit international ? Le droit international, il faut le respecter, sauf quand il faut le violer. Certaines nations, moins empotées que la moyenne, on su le faire à bon escient, de Guantanamo à Entebbe en passant par l’Abkhazie : à défaut d’être les plus aimés, ce ne sont pas les Etats les moins respectés, on les écoute quand ils parlent.

La France, elle, ne fera respecter sa parole qu’en respectant sa parole : désormais dépourvus ou presque d’industrie lourde, de forces armées et de rayonnement culturel, il ne nous reste plus grand chose, fors l’honneur.

Cordes sensibles

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Vingt-neuf pendus pour le seul week-end dernier en République islamique d’Iran ! Comme quoi on peut amuser les foules sans avoir besoin d’acheter de coûteuses séries TV américaines. A moins qu’avec l’approche des JO de Pekin, Ahmadinejad craigne d’être relégué au second plan dans les communiqués de presse des ONG…

Le métis est-il l’avenir de l’homme ?

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Les critiques habituels de Nicolas Sarkozy, pourtant prompts à dégainer, n’ont pas relevé l’entorse faite par le président de la République aux usages diplomatiques lors de sa rencontre avec Barack Obama : « Si c’est lui, la France sera très heureuse. Et si ce n’est pas lui, la France sera l’amie des Etats-Unis d’Amérique », a-t-il déclaré à l’issue de son tête à tête avec le candidat démocrate à la Maison Blanche. Je n’ai pas souvenir qu’un président français de la Ve République ait publiquement avoué aussi abruptement sa préférence pour un candidat à l’élection présidentielle américaine. On ne mettra pas en doute la sincérité de Nicolas dans sa déclaration d’amour à son copain Barack : le « petit Français au sang mêlé » se sent certainement plus proche humainement du jeune métis ambitieux que du héros militaire chenu présenté par les Républicains.

Mais il n’est pas interdit de remarquer que l’absence de réaction à cette surprenante ingérence dans la campagne électorale américaine est révélatrice de l’obamania galopante qui s’est emparée d’un grande partie de l’élite médiatico-politique.

On assiste à l’inversion, en faveur d’Obama, des sentiments de rejet, voire de haine envers George W. Bush qui animent ces mêmes cercles de faiseurs d’opinion. Le candidat démocrate a beau, dans son discours de Berlin intégralement reproduit dans Le Monde (à quand la même chose pour McCain ?) chanter les louanges de l’OTAN et appeler l’Europe à l’aide pour exterminer les Talibans en Afghanistan, on n’entend pas le moindre murmure désapprobateur. Besancenot, Bové, Mamère font comme s’ils n’avaient pas entendu, et se gardent bien d’émettre le moindre couac dans ce concert obamanolâtre, nouveau tube de l’été.

On aurait pu espérer que l’élection de novembre allait susciter en France un débat rationnel où l’on aurait pesé le pour et le contre, analysé les deux projets au regard de nos intérêts de Français et d’Européens. Il n’aurait pas été inutile de se rappeler que l’administration Clinton, d’où sont issus nombre de conseillers du candidat démocrate, pratiquait un dirigisme musclé dans la conduite des affaires du monde : j’en ai été personnellement le témoin lorsque je couvrais, pour Le Monde les affaires de l’OTAN à Bruxelles. C’était à la fin du siècle dernier.

Cette passion qui s’empare de BHL, de Nicolas et des autres interdit tout raisonnement au nom de l’espoir en une Amérique meilleure, en un monde meilleur soulevé par la perspective de l’accession d’un « demi-Noir » à la Maison Blanche.

En attendant que la réalité, qui ne devrait pas tarder à pointer son nez chafouin, calme ces ardeurs, je me suis replongé dans un petit ouvrage écrit il y a trente ans par le regretté Guy Hocquenghem (1946-1988) intitulé La beauté du métis et sous-titré « réflexions d’un francophobe ». Le fondateur du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire), premier intellectuel français à faire son coming out à grand fracas dans le Nouvel Obs brode joyeusement sur le thème de la haine de soi qui vous pousse inexorablement vers l’Autre, amoureusement et intellectuellement : « Pourquoi la plupart de mes amis, de mes amants sont-ils étrangers ? Pourquoi n’est-ce qu’avec eux que je me sente enfin arraché au plat, au prosaïsme, au médiocre ? Enfant, j’appelais de mes voeux le ravisseur étranger qui m’emporterait dans ses bras, princesse raptée ; adulte, ou déclaré tel, je ne conçois d’amour que cosmopolite. Même pour une nuit, rare est le Français qui ne me glace pas, qui ne me donne l’impression de jouer à deux une comédie sans saveur. L’amour ne me parle qu’en d’autres langues, il me fait toujours signe de l’au-delà des rives connues, des références faciles », écrit-il dans ce livre paru en 1979.

Guy Hocquenghem était un dandy provocateur bourré de talent qui aurait pu devenir l’Oscar Wilde français si le sida ne l’avait pas emporté prématurément. Il n’hésitait pourtant pas, pour les besoins de sa cause, à maquiller comme une vieille coquette la réalité de sa vie. Ainsi, j’ai pu constater, pour l’avoir visité à plusieurs reprises dans sa maison de campagne de Milly-la-Forêt[1. En tout bien, tout honneur, pour travailler sur des numéros de la défunte revue Recherches dont j’étais l’un des animateurs. Je sais, ça fait ringard, voire homophobe, mais il me suffit d’être insulté par des commentateurs pour ce que je suis pour éviter de l’être pour ce que je ne suis pas.], que le cercle de ses amis était très majoritairement français, convenablement diplômé, et délicieusement policé. Même les canards qu’il élevait à des fins culinaires étaient d’un blanc immaculé.

Guy Hocquenghem avait, pendant sa prime jeunesse, traîné quelques temps ses escarpins à la JCR, ancêtre de la LCR de Krivine et Besancenot. Ces bœufs trotskistes prirent les provocations du jeune normalien au pied de la lettre, et après les avoir purgées de leur souffre homosexuel, les adoptèrent comme une variante moderne de l’internationalisme prolétarien du vieux Léon.

Au blanc arrogant, colonisateur, exploiteur et enraciné dans son terroir devait se substituer le métis- réel ou symbolique-déterritorialisé « aux racines qui plongent dans l’avenir ». Issu de cette boutique politique, Edwy Plenel, devenu directeur de la rédaction du Monde, exultait en « une » de ce journal en parce qu’avec Alexandre Dumas c’était selon lui le métissage qui entrait au Panthéon, comme si cette qualité était la raison première de son admission dans la demeure éternelle des grands hommes.

Plenel est parti, mais le même journal, en « une » de l’édition consacrée à la gloire d’Obama, lance cette interrogation angoissée : « Pourquoi le peloton du Tour de France est-il blanc, blanc, blanc ? », autrement dit, pourquoi n’est-il pas black, blanc, beur ainsi qu’il serait convenable dans la patrie des Droits de l’homme. Il faut être benêt comme un rédacteur en chef du Monde – je sais, je l’ai été naguère – pour s’imaginer que les directeurs sportifs des équipes rechigneraient par principe à intégrer dans leur effectif des Noirs ou des Arabes. L’article, d’ailleurs, montre que les patrons du cyclisme français ne verraient aucun obstacle à faire de ceux-ci des dopés comme les autres, à condition qu’ils présentent les mêmes dispositions à se défoncer sur un vélo que les Flamands et les Bretons. Vers l’âge de dix ans, alors que j’écoutais religieusement à la radio les reportages de Georges Briquet sur la Grande Boucle, je m’enquis auprès de mon grand-père des raisons cette bizarre absence de Juifs dans le peloton : « Pas la peine, me répondit-il, tous les ans c’est Félix Lévitan[2. Félix Lévitan (1911-2007), journaliste sportif, fut directeur adjoint, puis directeur du Tour de France pendant plus de quarante ans.] qui gagne ! »

Lettres de vacances

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Des badges bigarrés à l’effigie de Jules Renard ou de Chesterton ? Il ne s’agit pas d’un fantasme de Basile de Koch (ce sont ses auteurs de chevet) mais d’une fichtrement bonne idée des éditions de l’Arbre vengeur. Une vingtaine d’autres modèles sont disponibles featuring Octave Mirbeau, Léon Bloy ou le trop oublié Jean Richepin. Si avec ça, vous n’arrivez pas à emballer votre normalien(ne) sexy à St-Trop’ ou à Paris-Plage, un seul conseil : retournez sur Meetic ! Bref, c’est le must de l’été pour tous les vacanciers lettrés (nudistes exceptés).

Crétin au Tibet

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On savait déjà que les créatifs, ça osait tout, mais certains arrivent encore à nous surprendre, notamment les plus citoyens d’entre eux, qu’on pourra qualifier de publicitaires à message. A preuve, le dernier spot Lancia, où l’on voit Richard Gere (un des plus fervents supporters US du Dalaï Lama) voler au secours des enfants tibétains au volant de sa berline italienne (qui, soit dit en passant, est tellement vilaine qu’on la croirait française). On est déjà mort de rire dès le début de la prestation de l’American Rigolo, mais le meilleur est pour la fin, quand apparaît le slogan : « Affirmer sa différence c’est refuser l’indifférence. » Il paraît que les Chinois ont protesté. Ils ont bien tort.

Petites maisons dans la prairie

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Fraîchement rendu à l’affection des siens, Samir Kountar a rentabilisé ses longues années de prison en Israël en poursuivant des études. « Arrivé » en Israël à l’âge 17 ans, avec un commando du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), analphabète malgré six années de scolarité, cet homme dont le plus haut fait de gloire est d’avoir fracassé la tête d’une petite fille juive à coups de crosse de son arme est rentré au Liban muni d’une maîtrise en sciences sociales délivré par une université israélienne. Est-ce dans l’un des nombreux ouvrages qu’il a forcément lus pendant ses études qu’il a vu les photos d’un petit moustachu en uniforme saluant la main droite tendue vers l’avant ? En tout cas, ce gracieux personnage s’est empressé de l’imiter.

On l’aura compris, pour Kountar et pour ses amis du Hezbollah, le combat continue, même si on ne sait plus très bien pourquoi ni pour quoi. On connaît les objectifs qui ont présidé à la création de la milice chiite : d’une part, la libération des prisonniers libanais détenus en Israël, d’autre part, la restitution de la dernière parcelle de territoire libanais occupé par Israël. Il ne faut pas oublier que c’est la résistance à l’occupation israélienne (celle de la Syrie a été tolérée avec bienveillance) qui a donné à la milice armée son nom en arabe, moukawama (littéralement « résistance »). Sur ces deux fronts, le Hezbollah a gagné : en 2000, après dix-huit ans d’occupation, Israël se retire du Sud-Liban. Huit ans plus tard, il libère les derniers prisonniers libanais. Seulement, ces victoires produisent de fâcheux effets secondaires en sapant sa légitimité.

Problème classique : plus le Hezbollah triomphe, moins il a de raisons d’être. Heureusement, ces joyeux drilles ont encore les fermes de Chebaa à se mettre sous la dent. Du reste, immédiatement promu porte-parole de la milice chiite, Kountar a fait ses premiers pas en jurant de libérer ce minuscule morceau de Liban. On comprend bien l’intérêt qu’aurait Israël à le priver de cette nouvelle victoire en négociant avec le gouvernement la restitution de cette bande de terre de 14 kilomètres de long sur deux kilomètres de large, presque inhabitée, à l’exception de 18 fermes regroupées en petits hameaux. Pour paraphraser une célèbre prophétie de Jérémie[1. « Le malheur viendra du Nord. »], c’est peut-être de là-bas que viendra le malheur. Mais ce trou perdu peut être aussi synonyme d’espoir dès lors qu’il pourrait être l’occasion d’infliger au Hezbollah un revers politique.

Situées dans un « no man’s land », les fermes ont été occupées par Israël après la guerre de 1967 pour des raisons stratégiques, car elles dominent la seule route qui mène vers le sommet du mont Hermon, où l’armée israélienne a installé d’importants moyens de renseignements visuels et électroniques. C’est pour cela qu’on a surnommé l’endroit « les yeux d’Israël ».

Reste à savoir avec qui on négocie. Car si l’occupant ne fait guère de doute, on ne saurait en dire autant de l’occupé. Selon Israël, cette région était sous le contrôle et la souveraineté syriens. Et cette opinion est l’objet d’un consensus inhabituel puisque la Syrie et l’Onu partagent le point de vue israélien. Du reste, jusqu’à 2000, date à laquelle il a fallu valider le tracé de la frontière israélo-libanaise après le retrait de Tsahal, les Libanais ne s’y sont guère intéressé. C’est seulement sous la pression du Hezbollah que Beyrouth a revendiqué cette région.

L’Onu, donc, a tranché : les fermes de Chebaa appartiennent à la Syrie et doivent donc faire partie d’un accord éventuel entre ces deux pays. Mais curieusement, la Syrie a laissé passer cette occasion de mettre fin à des décennies d’occupation israélienne, d’obtenir le retour à la mère-patrie de quelques hectares de territoire national et de libérer quelques centaines d’habitants. Hafez el-Assad, père de l’actuel président de la République arabe héréditaire de Syrie, a d’autant moins résisté à la tentation de jeter un peu d’huile sur le feu qu’il lui suffisait de garder le silence. Espérant couper l’herbe sous le pied du Hezbollah, les leaders de la majorité libanaise, Amine Gemayel et Walid Joumblatt, ont bien demandé à la Syrie de reconnaître officiellement auprès des autorités onusiennes la souveraineté libanaise sur cette petite région. En vain. La France n’a pas apprécié le double-jeu syrien et a demandé au gouvernement libanais de ne pas utiliser les fermes de Chebaa pour compliquer la situation.

Les choses sont peut-être en train de changer. Les visites de Claude Guéant, Jean-David Levitte en Syrie et de Bernard Kouchner au Liban, la récente venue à Paris de Bachar el-Assad sont autant d’indices que quelque chose est en train de se passer. Les déclarations de Nicolas Sarkozy, passées en moins de six mois d’un ferme « je ne prendrai plus de contacts avec les Syriens et mes collaborateurs non plus » (le 30 décembre 2007) à un « aujourd’hui, une nouvelle page est peut-être en train de s’ouvrir dans les relations entre la France et la Syrie » plein d’espoir (juin 2008), montrent aussi un changement de vent. Si on en ajoute l’implication de la France dans la Finul qui l’expose au quotidien et en direct à la poudrière libanaise toujours prête à exploser, tout laisse penser que le dossier libano-syrien pourrait connaître quelques avancées. Certes, on est loin d’un vaste plan qui exigerait aussi bien l’implication des Etats-Unis que celles des protagonistes. Dans l’attente de ce Godot diplomatique, les fermes de Chebaa pourraient offrir à tous la possibilité de réaliser un petit pas qui ne mange pas de pain. Quoique non négligeable, l’effort nécessaire est à la portée d’un Premier ministre israélien rattrapé par toute une vie de magouilles, d’un président syrien très réaliste – surtout sur sa propre marge de manœuvre – et d’une majorité libanaise qui ressemble à s’y méprendre à une minorité. Bref, une mission idéale pour la diplomatie française qui pourrait ainsi défaire le premier nœud de l’embrouille.

Le Mrap et l’affaire Siné

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Le texte intégral du communiqué de l’association antiraciste[1. On pourra quand même se demander ce qui est le plus épatant : le silence total du Mrap depuis le début de l’affaire Siné ou bien l’absence de réaction de la presse à cette absence de réaction du Mrap.] :

Robert Benchley ! What else ?

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Ce jour-là, aucun quotidien dans ma boîte aux lettres… Résultat : j’ai lu un livre ! Et pas n’importe lequel : un que j’avais volé à ma meilleure amie femme (consentante, selon mes souvenirs).
Remarquable, n’est-ce pas ? De fait, c’est le titre d’un recueil de chroniques signées Robert Benchley, écrites à l’origine pour Vanity Fair et le New Yorker. L’ensemble est publié « Chez Monsieur Toussaint Louverture » ; pourquoi pas ?

Par rapport à l’édition originale de 1963, deux bonus non négligeables : plusieurs textes inédits, et pas de préface ! Celle de la première édition, platement factuelle, préparait au choc Benchley à peu près comme Pierre Bellemare introducing saint Augustin.

Pour vous donner une idée, Robert Benchley (1889-1945) est aussi l’auteur, entre autres, de L’expédition polaire à bicyclette (Le Dilettante, 2002) et de Pourquoi personne ne me collectionne (Rivages, 2008). Voici donc un Américain du XXe siècle qui se trouve être, par une ruse de la Raison, le maître du nonsense britannique de la fin du XIXe.

Si comme moi, vous êtes taraudé par des questions du genre « Comment perdre cent mille dollars par an ? » ou « Pourquoi Budapest n’existe pas ! », alors Robert Benchley peut vous aider à traverser la vie – cette vallée de larmes où chaque rire fait un arc-en-ciel, n’est-ce pas ?
Donc, Budapest n’existe pas. Ou plus précisément, elle n’existe plus depuis le Traité de 1802, qui mit fin à la fameuse guerre de 1805 entre Bulghs et Slovènes. Les deux peuples, raconte Benchley, après s’être battus sauvagement pour refiler Budapest à l’autre, se sont finalement mis d’accord pour annuler purement et simplement la ville (Traité d’Ulm, 1802).
Or voilà qu’un fâcheux, M. Schweitzer de New York, contredit Benchley dans une lettre à peine polie : « Tâchez de vous faire rembourser vos cours de géographie. Budapest existe et ce n’est pas un hameau, tant s’en faut : c’est la capitale de la Hongrie ! »
Benchley, qui n’a pas sa plume dans sa poche, lui répond assez vertement : « Je reste sur mes positions : Budapest n’existe pas. Vous vouliez peut-être dire « Bucarest », mais peu importe : Bucarest n’existe pas non plus. »

Outre ce texte fondateur du révisionnisme moderne, je comptais vous résumer une de mes nouvelles favorites, certes plus romancée, intitulée « Un autre conte de Noël de l’oncle Edith ». Las ! Après plusieurs heures d’essais infructueux, j’ai dû me rendre à l’évidence : de même que l’éléphant selon Vialatte est irréfutable, Benchley est irracontable.
Sachez seulement que cet « autre » conte de Noël est le seul du bouquin ; qu’il n’a d’ailleurs pas le moindre rapport avec la fête de Noël ; et qu’en outre, ledit Edith n’est l’oncle de personne.

« Ça n’a pas de sens ! », diront certains membres de l’Union Rationaliste (parmi lesquels je ne vous compte pas ; sinon, vous auriez zappé depuis longtemps.) Eh bien, je les arrête tout de suite ! Ces gens-là, comme je disais dans mon fameux Appel du 7 juillet 2008 en citant Jacques Brel, confondent le non-sens, qui est un plat pays, avec les montagnes russes du nonsense.
Mais comment distinguer le vrai nonsense® des piètres palinodies d’un Pierre Dac ou même d’un Alphonse (vache) Allais ? « Trop facile la question ! » comme diraient nos jeunes d’aujourd’hui, de Neuilly à Tamanrasset. Le vrai nonsense, c’est celui qui vous enlève tel Ganymède (plutôt classe, non ?) pour vous laisser entrevoir depuis les abîmes, par une subtile mise en abyme, où se trouvent les sommets et comment y accéder.
« C’est dans l’obscurité qu’il est beau de croire à la lumière », comme disait le cuistre citant le poète. (Veuillez m’excusez. Parfois la culture chez moi tente de l’emporter sur l’intelligence – en vain, heureusement.)

Un exemple de vrai nonsense racontable et qui fait sens – pour la route ? Que diriez-vous de « Shakespeare expliqué », chronique tout entière consacrée au commentaire de sa fameuse tragédie Périclès – mais si, vous savez… ?
Donc, Benchley nous soumet un court texte agrémenté d’un long appareil critique. En français, des notes en bas de page, qui présentent ici la particularité d’occuper la quasi-totalité des pages.
Plus précisément, outre le titre et l’exposé liminaire, Robert ne nous cite que la première phrase de l’acte II, scène 3 – agrémentée pas moins de onze notes explicatives.
Alors de qui se moque-t-on, et au nom de quoi ? En d’autres termes, hormis le fait avéré qu’il se fout du monde, Robert Benchley a-t-il ici quelque chose à nous dire de sensé ?
Oui da ! C’est même marrant que vous me posiez la question précisément ici sur Causeur. Parce qu’il est là (entre autres), le lien benchleyen entre nonsense et réalité, c’est-à-dire sens. Onze notes critiques concernant une seule ligne, ça ne vous rappelle rien ? Moi, ça me fait irrésistiblement penser à nos mille et un commentaires sur l’affaire Al-Dzaïmer (ou un truc comme ça.)

A vrai dire, quel que soit le papier, les cinq ou dix premiers posts ont un rapport avec le papier qui les a générés. Puis insensiblement le sujet est oublié, puis l’objet. Restent des dizaines de duels croisés et d’empaillages généralisés entre blogueurs – dont seul un Champollion du Causeurisme pourrait reconstituer le fil. (Les sites concurrents j’en parle pas ; je ne suis même pas sûr qu’il y en ait.)
Tout ça pour dire que le nonsense benchleyen n’a guère de leçons à recevoir de notre humaine Raison. A moins que la nature n’imite l’art. Mais ceci est une autre histoire…

Remarquable, N'Est-Ce Pas?

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