Changer Sandrine Rousseau ? Vous rêvez ! L’illuminée de la lutte contre le patriarcat est de retour avec une nouvelle charge anti-Sardou, qui – ne lui déplaise – s’élève encore d’un grade dans le Mérite national. La député écolo de la très bobo 9ème circonscription de Paris en est verte ! C’est surtout, pour la néoféministe, une nouvelle aubaine pour renouer avec l’actu…
Sandrine Rousseau… Si elle n’existait pas, il faudrait ne surtout pas l’inventer ! En parler, bien sûr, c’est rentrer dans son jeu. Taire ses éternelles dérives millimétrées : les banaliser. Mais tant pis : la plume s’impose, finalement…
Le patriarcat va tomber, il vacille déjà. Mais ils se décoreront tous mutuellement avant. https://t.co/IoD8yJgSnB
Pour faire accepter Aya Nakamura aux JO, Macron décore Sardou
Née sous le signe du poisson, Sandrine Rousseau prospère joyeusement dans les eaux troubles de la Nupes, salmigondis créé artificiellement par Mélenchon pour amadouer les urnes. Mais qui lui a matraqué aux oreilles à outrance, quand elle était enfant, le refrain libérateur du talentueux Jean-Jacques Goldman : « Elle a fait un bébé toute seule », à la fin ? Celle que l’on identifie plus sous les traits du « Surveillant général » de Michel Sardou (1973) vient de faillir s’étrangler. L’abhorré Sardou, celui qui voulait récemment organiser une marche blanche pour soutenir son compagnon – déconstruit – va recevoir en juin prochain des mains du président de la République les insignes de grand officier de l’ordre national du Mérite. La pourfendeuse des crinolines, la passionaria des cuisines, la porte-voix des violentées, l’égérie des utérus libérés, qui sait donner du très délicat « Sardou, ferme ta gueule ! » se répand un peu partout pour exprimer sa rancœur. Celle qui ne vit que par et pour l’outrance, serait-elle aigrie d’avoir raté une carrière de chanteuse ? Tremble dans ta tombe, Maria Callas ! On sait que ses premiers pas en la matière étaient, disons approximatifs, lorsqu’en novembre dernier elle avait entonné de grand cœur, debout derrière son pupitre du Palais-Bourbon, un pas franchement inoubliable mais court hymne féministe, rapidement écourté par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, sa prestation ne l’ayant pas convaincue…
Ministère amer
Le constat est amer : la Madone d’un féminisme désespéré dessert de fait les causes parfois justes qu’elle prétend défendre. Cette agitée de la verdure jette hardiment aux orties et avec une certaine délectation, tout porteur de testicules, forcément suspect. Des déclarations reprises souvent avidement par des médias, grisés par la « bonne » parole de cette gourou(e !) d’un nouveau genre. Elle qui se love lascivement dans le wokisme le plus échevelé, veut faire le ménage dans la vie des femmes. Et balayer des siècles de machisme, repasser les vieux dogmes au crible pour mieux les essorer et nettoyer toute domination masculine honnie. Noble cause, par essence, mais dévoyée par calcul, et vaste programme, comme dirait un certain grand homme. Tout cela pourrait asseoir une intégrité louable, si sa grande mansuétude envers la barbarie barbue en ternissait le clinquant. Car la noblesse de l’idéologie est douteuse, surtout quand la dame reste muette lors de drames réguliers et atroces dont sont victimes jeunes filles, femmes ou dames âgées, imputables à une frange de la population connue, ou, quand elle s’accommode d’un silence complice envers les thèses islamistes les plus radicales, connues pour piétiner allégrement les droits élémentaires de la femme et pas seulement.
Prends garde mâle blanc occidental, hérétique de nature : Sandrine, grande inquisitrice d’une cause revisitée et qui l’a pénétrée – oserait-on dire – veille !
Les autorités tchétchènes ont décrété une mesure inattendue: la régulation des tempos musicaux afin que ceux-ci s’alignent sur les traditions rythmiques locales, criminalisant ainsi certains genres jugés trop occidentaux.
La tradition, y’a que ça de vrai !
Le dernier communiqué du ministère tchétchène de la Culture a surpris le monde entier. Rapporté par l’agence de presse officielle russe TASS, le ministre de la Culture, Musa Dadayev, a annoncé que les œuvres « musicales, vocales et chorégraphiques » seraient limitées à un tempo compris entre 80 et 116 battements par minute (BPM) afin de « s’harmoniser avec la mentalité et le sens du rythme tchétchènes ». « Emprunter la culture musicale à d’autres peuples est inadmissible », s’est indigné Dadayev. « Nous devons transmettre au peuple et aux futures générations de nos enfants l’héritage culturel du peuple tchétchène, y compris toutes les normes morales et éthiques qui régissent la vie des Tchétchènes », a ajouté le ministre qui prône un retour aux traditions.
Et l’hymne national ?
Les artistes disposent jusqu’au 1er juin pour réadapter toute musique ne respectant pas cette nouvelle règle dont les dispositions restent cependant floues. Une décision qui aurait été prise par le président Ramzan Kadyrov lui-même qui entend couper le sifflet aux standards européens dont les rythmes ont tendance à envahir cette République. Dans le viseur du gouvernement, diverses tendances musicales électroniques comme la house, la techno et le dubstep. Si divers titres connus pourraient échapper à cette nouvelle loi quelque peu ubuesque, l’hymne national russe serait ironiquement touché par cette réforme, jugé trop lent comme l’indique le média russe indépendant Meduza !
La Tchétchénie, située dans le Caucase du Nord, est majoritairement composée de musulmans. Nommé par le président russe Vladimir Poutine à qui il fournit des supplétifs militaires dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine, Ramzan Kadyrov dirige ce satellite de Moscou depuis 2007. Il a progressivement imposé un pouvoir qui ne laisse aucune place à la dissidence et a instauré sur l’ensemble de son despotat, sa propre vision « traditionnelle » de l’islam. Laquelle sert en réalité à couvrir un régime brutal qui viole les principes mêmes de la constitution russe. Enlèvements et arrestations arbitraires (ponctués par de mystérieux décès ou disparitions inexpliquées), ou multiplication d’emprisonnements des homosexuel(le)s… ont été signalés par des opposants en exil comme par des familles des victimes. Le régime n’a pas hésité à mettre en place une véritable purge au sein de sa population afin d’embastiller toute personne suspectée d’être homosexuelle. Malgré diverses tentatives d’indépendance au cours des deux siècles précédents, marquées par de violents conflits, la Tchétchénie a décidé de se maintenir au sein de la Fédération russe.
En réalité, pas une première mondiale
Pour autant, la Tchétchénie n’est pas la seule nation à avoir mis en place un tel style de décret. Que ce soit en Iran (où la musique occidentale est jugée comme source de corruption des esprits), au Cambodge sous le règne génocidaire des Khmers rouges (proscrite), en Afghanistan avec l’actuel régime talibans (qui affirme que la musique « provoque la corruption morale»), en Corée du Nord (qui estime que la K-Pop un « cancer vicieux»), la monarchie malaisienne (où les lois locales interdisent aux stations de radio de diffuser des chansons « offensantes pour le sentiment public » ou « violant le bon goût et la décence ») ou même au Royaume-Uni (l’article 63 de la loi sur la justice pénale de 1994 donne à la police le pouvoir d’interrompre des événements mettant en vedette de la musique « caractérisée par l’émission d’une succession de rythmes répétitifs »), plusieurs gouvernements n’ont pas hésité à contrôler ou censurer la musique selon leurs propres critères idéologiques ou religieux. Toujours au grand dam d’une jeunesse toujours avide de modernité et de liberté!
Minotaures, le livre de notre ami Yannis Ezziadi, explore ce monde singulier où on a en partage la passion du toro et de ceux qui l’affrontent. Des élevages aux arènes enfiévrées, se joue une tragédie splendide et angoissante. Cet art qui glorifie le courage et magnifie la mort est un défi à l’époque.
C’était le 16 mai 1975. Jeune reporter à TF1, j’avais accepté la proposition du directeur de l’information : « Allez nous raconter la féria de Nîmes. C’est une grande fête. On y a vu Picasso et Cocteau… il y a toujours du beau monde… »
Uniformes impeccables
Et là, maintenant, je suis planté derrière les arènes, devant la porte de service par où entrent toreros, cuadrillas, chevaux de picadors et tout le personnel des arènes. Jusqu’au balayeur, chacun s’est présenté dans un uniforme impeccable. Je suis à l’affût des moments secrets de ce spectacle que je découvre. La corrida a commencé depuis une demi-heure. Le premier combat est terminé. Les lourdes portes s’entrouvrent pour laisser passer un camion. Sur la benne ouverte gît un énorme animal noir qui baigne dans son sang. C’est le cadavre du premier toro de l’après-midi qui part pour l’équarrissage. Olivier, le cameraman, écarte l’œil de son objectif. Le camion disparaît dans les ruelles. On se regarde muets… Olivier : « Je rentre à Paris… pas capable de filmer ça. » L’ingénieur du son : « Connaissais pas cette boucherie… » Ce fut difficile, je parvins finalement à les convaincre. Il fallait terminer le travail qui nous avait été commandé.
Installation dans la contre-piste aux côtés d’un torero habillé de noir et or. Un confrère m’explique que c’est lui qu’il faut filmer : un jeune français qui va prendre l’alternative, qui va être consacré matador de toros. Son nom : Simon Casas. Il entre en piste, il a peur, il fait peur. Ça se passe mal. Il insiste. Les arènes sont combles. Encouragements, applaudissements et peu à peu sifflets. Le jeune « se joue la peau [1] ». Mais on ne pardonne rien dans un cirque où l’on contemple ses passions.
Simon Casas a arrêté d’être torero le lendemain. Mais ce jour-là, je suis devenu aficionado et ami du personnage le plus passionné et passionnant rencontré dans ma vie de journaliste, aussi fou que celui avec qui un soir de printemps 1984 j’avais traîné dans les rues de Paris et qui, le lendemain, brûlait son billet de 500 francs sur le plateau de mon émission « 7 sur 7 ».
Submergé, envahi par une passion inconnue de moi, petit Savoyard, homme des montagnes et du silence. Je suis entré dans une religion interdite aux incultes : l’afición. J’ai découvert le jeu de la passion et du courage comme il n’existe nulle part ailleurs, j’ai découvert des rituels immuables, des superstitions effrayantes, des ballets millimétrés face à la mort. J’ai même souhaité transmettre ma découverte aux téléspectateurs de Canal+, à l’époque où cette chaîne savait inventer des spectacles. Ce fut un beau succès et un rituel du dimanche soir en été.
Le plus chanceux des animaux d’élevage est le toro de combat
Alors je suis heureux quand je feuillette aujourd’hui un livre comme celui de Yannis Ezziadi. Heureux qu’un jeune auteur ait découvert que dans notre monde d’abattoirs, le plus chanceux des animaux d’élevage est le toro de combat, que dans notre monde de vêtements troués et de dégaines trash, une cape de paseo en soie rose sur un costume blanc brodé d’or s’ajuste au millimètre près avant d’entrer dans la violence du combat, que dans notre monde de l’assurance tous risques un garçon bien né comme Lalo de Maria, fils d’un riche publicitaire parisien, petit-fils de grands comédiens, décide de danser chaque été devant les cornes d’un toro, que les petits gitans de Triana ont pour idole sportive l’immense matador Rafael de Paula, ou que les premiers toreros français – l’artiste Robert Pilés, le courageux Chinito ou le rageur Richard Milian –ont encore la voix qui tremble lorsqu’ils racontent leurs premières faenas d’il y a trente ans.
La tauromachie de Nîmes à Béziers, Vic, Arles, Dax, Séville, Pampelune, Valence, Bilbao, Madrid, Mexico ou Cartagena est bien vivante. De jeunes toreros rencontrés par l’auteur tâtent du bout de leurs zapatillas le sable doré des arènes chaque nouvelle année. Les férias restent les plus grandes fêtes régionales. On vibre ici dans les arènes de Béziers.
Yannis Ezziadi joue le rôle du découvreur de talents et offre quelques grands témoignages sur cette passion hors d’âge. Bien sûr on retrouve Simon Casas, l’empereur du monde tauromachique, en ses royaumes de Nîmes ou Madrid, mais aussi à l’autre bout du chemin Curro Caro, le Curro Romero arlésien, avec ses fulgurances et ses souvenirs de gitan au cœur immense. Ezziadi présente aussi ce que l’on connaissait peu à mon époque, l’œuvre du meilleur éleveur français de toros espagnols, Robert Margé, au milieu de ses garrigues, ses pâtures et ses centaines de monstres noirs qui s’étripent parfois les soirs d’orage.
Ce livre est écrit comme le cri d’un cœur naïf mais amoureux. Ezziadi n’est pas encore Hemingway ni Jean Cau, mais offre un voyage dans ce monde étrange qu’il montre parfois même par l’œil du toro. C’est un témoignage vivifiant sur la puissance de ce spectacle devenu une culture grâce à ses écrivains. Olé !
Yannis Ezziadi, Minotaures : voyage au cœur de la corrida, Fayard, 2024.
Les récentes postures prises par notre ministre des Affaires étrangères sur le conflit entre Israël et le Hamas au mieux déçoivent, au pire indignent.
7 octobre 2023 : ce funeste jour-là, il y a donc six mois presque jour pour jour, les terroristes du Hamas perpétraient, à l’encontre d’Israël, un massacre d’une violence inouïe, inconcevable pour le commun des mortels, mais que la conscience collective juive, encore profondément blessée par ce crime unique dans les annales de l’(in)humanité que fut la Shoah, ne pouvait, quant à elle, que rapprocher à juste titre, et de sinistre mémoire, de la barbarie nazie !
L’innommable barbarie du Hamas à l’encontre des juifs d’Israël : un abominable sommet d’antisémitisme
Comment, du reste, ne pas être choqué, bien plus encore qu’outré, par ces innommables atrocités qui, ce jour-là, furent commises, au comble de l’infamie, par ces terroristes gorgés de haine à l’encontre de leurs innocentes victimes, pour cette seule (dé)raison qu’elles étaient juives ? Un sommet, rarement atteint dans l’odieuse histoire de l’antisémitisme, d’abomination : familles entières trucidées au cœur de leur foyer, jeunes tués à bout portant, lâchement et sans pitié, nourrissons brûlés vifs, femmes enceintes éventrées, parfois violées, leurs entrailles ensanglantées, alors même qu’elles étaient déjà mortes, hommes émasculés et plusieurs centaines de personnes prises en otages, emmenées sans ménagement, tel du vulgaire bétail, dans d’obscurs tunnels de Gaza afin d’y servir par la suite, le cas échéant, d’ignoble monnaie d’échanges en vue d’hypothétiques et futures négociations territoriales à défaut de réel sens politico-diplomatique !
Pour une solution à deux États
La diplomatie, précisément ! Certes, une solution à deux États, où Israéliens et Palestiniens pourraient vivre côte à côte et dans un respect mutuel, s’avère-t-elle le seul réel gage de paix, tel un horizon indépassable, en cette région, particulièrement turbulente et instable, du globe. Et, certes, le peuple palestinien, quand il ne s’acoquine pas avec ces abjects tortionnaires du Hamas, a-t-il droit à notre entière et sincère compassion dans l’indicible malheur qui, victime qu’il est toutefois avant tout de l’effroyable cynisme de ces mêmes affidés du Hamas, l’accable aujourd’hui.
Davantage : nous sommes même prêts, nous juifs de bonne volonté, viscéralement attachés aux imprescriptibles principes universels de l’humanisme, à reconnaître l’énorme part de responsabilité que l’actuel gouvernement de Benyamin Netanyahou, réputé à l’extrême-droite idéologiquement, endosse, depuis trop longtemps, dans ce carnage sans nom.
Des sanctions contre Israël ? L’indigne fourvoiement, toute honte bue, du chef de la diplomatie française !
Mais, enfin, tout cela étant dit, rien, absolument rien, ne justifie la récente déclaration du nouveau, et manifestement inexpérimenté, ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, selon qui de lourdes sanctions devraient être appliquées à Israël, pays pourtant traditionnellement ami de surcroît, afin de le contraindre à négocier, en vue d’un significatif cessez-le-feu, avec le Hamas.
Pis : comment, en l’occurrence, ce chef de la diplomatie française ose-t-il mettre dès lors sur un même plan, établissant ainsi une sorte d’égalité politique entre eux, un État démocratique tel qu’Israël et, d’autre part, une nébuleuse terroriste, fanatique terreau de l’islamisme radical, comme le Hamas ?
« Il faut qu’il y ait des leviers d’influence et il y a des leviers multiples qui vont jusqu’à des sanctions pour que l’aide humanitaire puisse franchir les points de passage », a déclaré M. Séjourné sur France 241. Le ministre a dit la nécessité d’exercer des pressions sur le gouvernement israélien.
Une faute politique, morale et humaine
Oui : d’une honte absolue, irresponsable, sinon criminelle dans ses conséquences les plus aventureuses, voire imprévisibles, cette ultime sortie du jeune et volubile Séjourné, qui, en plus de manier une syntaxe parfois étrangement approximative dans sa propre langue maternelle, se révèle ainsi, une fois encore, indigne, au vu de cette éminente fonction qu’il occupe au sein du gouvernement, d’un grand pays comme la France, berceau des Lumières et patrie des Droits de l’Homme. D’avantage : c’est proprement là une impardonnable faute politique, morale et humaine !
Triste séjour, donc, que celui de Séjourné dans les bureaux feutrés et sous les lambris dorés, visiblement trop hauts ou trop brillants pour lui, du prestigieux Quai d’Orsay, dont il n’est décidément pas, hélas pour la voltairienne France elle-même, à la taille !
La foudre, dans un éclair de lucidité, à défaut de génie, du jupiterien Macron ?
La foudre du jupitérien Macron, président d’une France trop souvent amnésique, sinon complaisante, face à ses nombreux ennemis, tant externes qu’internes, ne devrait normalement pas apprécier, dans un salvateur éclair de lucidité, à défaut de réelle sagesse ou de véritable génie, pareille et aveuglante bévue de la part de son inénarrable ministre : c’est sa propre aura, au sein du concert des nations, qui s’en voit en effet là, par ce genre de fausse note, dangereusement, et peut-être irrémédiablement, ternie…
« Liberté Cathédrale », mis en scène par Boris Chamatz au théâtre du Châtelet, est aussi infantile qu’insignifiant. Sous sa direction, la troupe du Tanztheater de Wuppertal, fondée par la grande Pina Bausch, oscille entre le vide et le néant.
Certes, on pouvait légitimement s’attendre au pire. Au pire, la plupart des productions de Boris Chamatz nous y ont généreusement et régulièrement habitués. Mais là, peut-être, avec « Liberté Cathédrale », le pire a été submergé par quelque chose de plus lamentable encore. Parce que ce spectacle porte le sigle du Tanztheater de Wuppertal, la troupe devenue légendaire fondée jadis par Pina Bausch et à laquelle sont ici mêlés des individus de tous bords, cela rend plus indécent, plus déplorable, le misérabilisme de cette somme d’insignifiance, laquelle se présente, à la lecture du programme, avec tant de risible prétention.
1h45 d’un vain et permanent délire
Surprise ! Avant même que le spectacle commence, salle et scène du théâtre du Châtelet où il va se commettre ont été bouleversées. Dans la salle, les sièges du parterre ont disparu sous un plancher afin de faire place à quelques gradins massés sous les quatre étages de galeries et de permettre de prolonger la scène qui le dévore presque en entier. Le plateau, lui, accueille une grande partie du public réparti sur trois côtés, côté cour, côté jardin, tout comme en fond de scène. Ce dispositif, sans doute très coûteux à installer, ménage ainsi un espace formidable, aussi majestueux et spectaculaire que ce qu’il va recevoir sera consternant. Car durant une heure et quarante cinq minutes, en cinq tableaux qui se veulent différents sans l’être véritablement, plus de 25 exécutants vont se livrer à une débauche terriblement uniforme de contorsions, de grimaces, de cris, de sauts, de reptations, de galops, et agiter leurs membres en tous sens dans un vain et permanent délire entrecoupé de silences. Le tout apparaît à ce point infantile que c’en est indescriptible. Car à quoi bon décrire ce qui ressemble au mieux à des improvisations d’adolescents attardés à qui on aurait lâché la bride pour qu’ils se livrent à une bacchanale en tous points régressive.
Comment, sous l’effet de quelles funestes et malfaisantes influences, de quelle monumentale incompétence, a-t-on pu nommer le Savoyard Boris Charmatz pour succéder à Pina Bausch à la tête du Tanztheater de Wuppertal ? Même Rolf Salomon, le fils de Pina Bausch, a soutenu sa candidature, lui qui n’avait vu aucun de ses spectacles. Boris Charmatz au Tanztheater, c’est Yvette Horner à la tête de la Philharmonie de Berlin ! C’est le nain après la géante ! Une telle aberration a conduit nombre de danseurs « historiques » de Pina Bausch à abandonner leur collaboration avec la troupe à laquelle ils demeuraient liés. Et déjà on se mord les doigts avec cette nomination invraisemblable. D’autant plus révoltante que jusque là les plus grands interprètes du Tanztheater avaient miraculeusement réussi à maintenir parfaitement l’essence même des œuvres de la dame de Wuppertal.
Photo: Simon Gosselin
Lui, Charmatz, n’a pas peur d’affirmer, avec la candide prétention de la grenouille qui se veut aussi grosse que le bœuf, « être arrivé là pour amener l’œuvre de Pina Bausch dans l’aventure du XXIe siècle », tout en se permettant quelques retouches pour l’adapter aux nouvelles générations, « comme on rénoverait un tableau ». Ose-t-il vraiment croire les énormités qu’il profère ? C’est bien possible. Et il y a des individus dans le milieu culturel qui semblent le prendre également au sérieux et considérer ses « happenings » fatigués, façon années 1970, comme des audaces novatrices. Les actuels spectateurs du Festival d’Avignon, où l’on avait reconnu avec éclat le génie de Pina Bausch en 1981, et où l’on affichera cet été « Liberté Cathédrale », seront-t-ils aussi crédules que ceux qui ont salué ce regrettable événement au théâtre du Châtelet ? C’est bien possible encore. Et c’est bien là ce qui est inquiétant : l’aveuglement d’une partie du public, l’absence totale de discernement devant l’insignifiance ou les impostures, mécaniquement applaudies, et parfois même avec enthousiasme.
Naguère, on conspuait à Paris les premiers chefs d’œuvre de Pina Bausch ou de Merce Cunningham parce qu’ils heurtaient un public académique et borné. Aujourd’hui, les descendants des imbéciles d’alors applaudissent le néant de ceux qui, par ailleurs, occupent les mêmes scènes.
« Liberté Cathédrale »
Jusqu’au 18 avril. Au théâtre du Châtelet, en collaboration avec le théâtre de la Ville. Location : 01 42 74 22 77 ou theatredelaville-paris.com
L’actualité des derniers jours regorge de rixes entre jeunes se terminant dans le sang. Au point que certains observateurs y voient de l’ « ensauvagement » et un inquiétant basculement sociétal – plutôt que de simples faits divers.
On ne peut guère reprocher à une certaine jeunesse de ne rien faire pour soutenir l’industrie et l’artisanat français de la coutellerie. Il ne se passe guère de jour en effet sans qu’un quidam ne donne de la lame contre un autre quidam. Regrettable mais banal fait divers, s’abuse-t-on dans les officines où se cultive l’anesthésie de masse. Lame de fond, oserais-je corriger. Au point que certains de la frange de la population adeptes de cette pratique (je dis bien « frange » et non pas « fange », cette précaution afin de m’épargner l’insulte de vieux con réac, fasciste et raciste tout aussi tendance ces derniers temps que le coup de surin) nous paraissent être en mesure de mériter une sorte de prix Opinel, récompense qui pourrait être le pendant du prestigieux prix Nobel venant couronner chaque année, comme on sait, de formidables « grands esprits ».
Pas de vagues
Puisque nous parlons de « grands esprits » n’oublions pas ceux qui sévissent sur les plateaux de télévision d’excellente tenue où ils se font un plaisir de nous exposer doctement que le problème (en général ils préfèrent le mot problématique qui fait nettement plus chic) relève d’un enjeu global de civilisation et que la solution, la recherche de solution, doit donc être elle aussi absolument globale. Sans doute, n’est-ce pas faux. Du moins, d’un point de vue purement théorique. Pour ce qui est du concret, de la mise en œuvre, il semble bien qu’il en aille tout différemment. Voilà belle lurette qu’on ne nous la fait plus et que nous avons bien que compris que l’argument du « problème global appelant un traitement global » n’est, dans l’immense majorité des cas, que l’alibi de confort destiné à justifier l’impuissance, l’incurie, l’impéritie. L’affaire est si vaste, si complexe, si tentaculaire, n’est-ce pas, qu’on n’y peut pas grand-chose, au fond.
Dans le registre qui nous intéresse ici, celui de l’opinelisation de la société, peut-être pourrait-on commencer par réaffirmer la sacralité absolue, sublime, unique de la vie humaine. Ce bien suprême accordé à chacun de nous. La traduction judiciaire et pénitentiaire de cette volonté de réhabilitation de cette évidence serait de décréter que la peine pour acte de violence contre l’intégrité physique d’une personne ne devrait plus être le moins du monde assimilable – dans l’esprit des coupables comme dans celui du public – à une peine pour tout autre délit ou crime. En conséquence, les auteurs de ces actes, de ces crimes, devraient impérativement purger leur condamnation dans des établissements spécifiques, régis par un règlement de vie et une discipline également spécifiques, d’une rigueur autrement affirmée et contraignante que ce qu’il en est aujourd’hui dans les structures où tout se mêle, où la distinction prise en compte est bien davantage le temps à purger que la nature de l’acte commis. À l’évidence cela doit changer. Il faut désormais clamer urbi et orbi que s’en prendre à la vie humaine est d’une nature bien différente que toutes autres transgressions de la loi.
Ce n’est en rien minimiser ces dernières, c’est juste faire en sorte que chacun, à commencer par les auteurs potentiels de ces actes, ne puissent ignorer que cette vie humaine est, répétons-le, fondamentalement sacrée.
Au-dessus de tout le reste.
Je sais, on va m’objecter qu’on n’a pas les moyens, ni en fric, ni en personnels. Air connu. Couplet de la lâcheté ordinaire. En fait, il suffirait d’un peu de courage politique. Denrée fort rare, à ce qu’il semble. Il est vrai que celle-ci, contrairement à l’Opinel ou au cran d’arrêt, ne figure pas parmi les articles en vente libre.
« Aujourd’hui, on a 7% d’étrangers en France. En 1930 on en avait 5%. Il est où le grand remplacement ? » affirme la macroniste Valérie Hayer.
À ce point, c’est de la bêtise : Valérie Hayer ne voit rien des mutations historiques de la France. La tête de liste Renaissance aux européennes porte le déni du réel à son apex. Elle fait de la mauvaise foi et du mensonge les deux piliers de la politique du chef de l’État. La méthode, exaspérante, est celle des faussaires. Lundi soir sur CNews, confrontée à Marion Maréchal, la candidate macroniste a lancé ceci, parmi d’autres aplombs saugrenus : « Aujourd’hui, on a 7% d’étrangers en France. En 1930 on en avait 5%. Il est où le grand remplacement ? ».
Donc, pour Hayer, la France homogène d’il y a un siècle reste peu ou prou semblable à celle d’aujourd’hui. Pour elle, l’accès bradé et massif à la nationalité – qui explique ce nombre stable des étrangers dans la statistique – n’a aucune incidence sur la physionomie de la nation et son unité. Devenir Français suffit à « faire France ». Or les mots d’Hayer, qui sont ceux du politiquement correct et du récit officiel, sont objectivement frauduleux. Ils falsifient la réalité. L’embrouille prend les gens pour des imbéciles. L’œil nu constate qu’un processus démographique de substitution de population est à l’œuvre depuis plus de trente ans sous l’effet de l’immigration de masse. Un peuple nouveau, portant une autre civilisation, islamique en l’occurrence, est en train de remplacer le peuple indigène en certains territoires. En fait, Hayer confirme que son mouvement ne fera rien pour entraver ce processus létal de dilution de la France française. Ben oui quoi, il est où le grand remplacement ?
Valérie Hayer et Marion Maréchal, 8 avril 2024. Image: Capture CNews / YouTube
Mardi, Gabriel Attal a promis des mesures « extraordinairement fortes » pour répondre à l’hyperviolence des « jeunes » et espérer un « sursaut ». Mais les actes tomberont à plat si le Premier ministre cautionne à son tour ces fadaises d’un « ensauvagement » et d’une « décivilisation » généralisés, n’ayant rien à voir avec la survenue d’une deuxième France ne partageant pas les mêmes valeurs. Or les crimes et les agressions qui se multiplient – mardi, un adolescent de 15 ans a été tué au couteau à Romans-sur-Isère, dans le quartier « sensible » de La Monnaie – sont le plus souvent les expressions de comportements tribaux, claniques, sexistes, importés par la culture islamique nord-africaine et africaine.
À Achenheim (Bas-Rhin), une adolescente musulmane de 13 ans a été frappée par quatre mineurs car elle ne respectait pas le ramadan. Dans Le Figaro de ce mercredi1, le pédopsychiatre Maurice Berger observe que la violence « débute souvent dès l’enfance, dans des milieux familiaux où règne une violence acceptée culturellement, sur fond d’inégalité hommes-femmes ». Les réponses doivent donc être à la hauteur de ces réalités. Elles doivent, dès lors, stopper l’immigration islamique invasive et adapter la sévérité des peines à ce choc de cultures. Dans une note pour la Fondapol, l’ancien préfet Michel Auboin suggère également de lutter contre les appropriations de territoires en redonnant aux logements sociaux, d’où sont exclus les familles d’origine française, leur vocation initiale d’habitat temporaire2. Mais faut-il espérer une once de lucidité chez ceux qui ferment les yeux ?
Climat & Énergie, l’avenir de l’humanité est en jeu : et si la véritable catastrophe était le GIEC ?
Steven E. Koonin, professeur de physique théorique et ex-conseiller scientifique de Barack Obama, a écrit Climat, la part d’incertitude, essai dans lequel, sans remettre en cause un possible changement climatique, il interroge le supposé « consensus scientifique » sur les causes de ce changement et sur les actions envisagées par les rapporteurs du GIEC et les activistes écologistes pour y remédier. François Gervais, physicien multi-récompensé pour ses travaux et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC, explique dans son dernier livre, Le déraisonnement climatique, les errements de nos dirigeants qui, aiguillonnés par l’ONU, ont décidé d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050 – une aberration qui va nous coûter cher, financièrement, économiquement, socialement, et même écologiquement, prévient-il. Il est temps, affirme François Gervais, de « revenir à la science pour éviter la ruine ». Et de s’interroger sur le rôle du GIEC, cette incroyable machinerie techno-bureaucratique qui pourrait bien être la véritable catastrophe de notre temps, celle compromettant le plus l’avenir de l’humanité, ajoute notre chroniqueur après avoir analysé les écrits de ces deux scientifiques.
En 1972, le magazine Time rapporte les conclusions de scientifiques constatant un accroissement de la calotte glaciaire et une diminution des températures depuis 1940 – leur verdict est sans appel : un nouvel âge glaciaire s’annonce. En 1975, Newsweek enfonce le clou : le refroidissement climatique est avéré et est causé par l’homme. En 1977, un groupe de scientifiques conforte l’idée d’un refroidissement durable, regrette l’apathie des représentants politiques devant la catastrophe annoncée et publie La conspiration climatique. La venue du nouvel âge glaciaire. En 1978, le Los Angeles Times alerte une fois encore sur un refroidissement climatique prévu pour durer des décennies. On se demande aujourd’hui pour quelles raisons ces annonces glaciales n’ont pas été suivies du même élan religieux et dogmatique que celles qui, dix ans plus tard, annonceront le « réchauffement climatique » – pour ma part, j’y vois une raison majeure sur laquelle je reviendrai : la machine techno-bureaucratique qu’est le GIEC n’existe pas encore.
« Plusieurs pays et villes pourraient disparaître sous les flots d’ici dix ans », assène le directeur du bureau de l’environnement des Nations unies en… 1989. Les Pays-Bas, les Maldives, les Caraïbes, New-York et Venise, entre autres, seraient concernés. En 2004, The Guardian cite un rapport du Pentagone : « Certaines villes européennes seront noyées par la montée des mers et la Grande-Bretagne sera plongée dans un climat sibérien d’ici 2020. » En 2006, dans son documentaire Une vérité qui dérange qui lui vaudra, conjointement au GIEC, le prix Nobel de la paix,Al Gore prédit un océan Arctique sans glace en 2013, une montée des eaux de six mètres, la Floride et Pékin submergés par les flots d’ici à vingt ans. Il était prévu que l’archipel de Tuvalu allait disparaître sous les eaux. Sauf que… depuis trente ans le niveau des mers et des océans a augmenté d’environ 4 mm et les îles de l’archipel sont toujours hors de l’eau, voire se sont agrandies – ce qui n’empêche pas le petit État insulaire, comme d’autres, de continuer de bénéficier de généreuses subventions internationales au nom de la « justice climatique ». « La montée des eauxdevient une rente financière, écrit, dans la revue Conflits, le professeur de géopolitique et d’économie politique Jean-Baptiste Noé. En échange de subventions pour compenser la montée des eaux qui n’existent pas, ces États monnaient leurs voix à l’ONU et dans les instances internationales, leur permettant ainsi d’acquérir un poids politique que leur petitesse est bien incapable de leur fournir. » En 2021, devenu un peu plus prudent, le GIEC « n’excluait pas » que la mer monte de plus de 15 mètres d’ici à… 2300 ! Quant à Greta Thunberg, elle a effacé récemment un de ses plus fameux tweets datant de 2018 : celui-ci annonçait en effet que l’humanité allait être détruite par le réchauffement climatique cinq ans plus tard.
La véritable catastrophe de ces dernières décennies n’est pas climatique mais politico-technocratique. Elle apparaît en 1988, date de sa création, et s’appelle GIEC. Ce monstre bureaucratique onusien composé de scientifiques et de fonctionnaires gouvernementaux de 195 pays sous influence d’ONG, de technocrates, d’économistes, d’institutions scientifiques, de lobbyistes écologistes et d’entreprises d’équipements d’énergies renouvelables, est ce qui pouvait arriver de pire en matière de réflexion sur le climat, l’écologie et l’énergie. Pourtant, rappelle régulièrement Benoît Rittaud, mathématicien et président de l’Association des climato-réalistes, le premier rapport du GIEC (1990) ne laissait rien présager de la dérive idéologique qui allait suivre : la communauté scientifique y avouait ses difficultés à mesurer précisément un hypothétique changement climatique et une encore plus hypothétique cause humaine à ce changement. Mais, au tournant de l’an 2000, la machine idéologico-bureaucratique s’emballe : l’écologie radicale noyaute les débats, l’incertitude scientifique est écartée au profit du dogme anthropique orientant définitivement les travaux, les messages se font de plus en plus alarmistes et s’appuient sur des « rapports pour les décideurs » qui vont toujours dans le même sens, les contradicteurs sont ostracisés. Des notions étranges apparaissent, comme celle du « dérèglement climatique », laissant supposer que le climat était « réglé » depuis la nuit des temps. Un ennemi voit le jour : le CO2. Et, avec lui, un verbe rédempteur : décarboner. Pourtant, « le gaz carbonique n’est un polluant qu’en Absurdie. Dans un monde censé rester cartésien, il est au contraire par photosynthèse la source de carbone vitale pour la végétation », écrit le physicien François Gervais. « Le carbone est partie intégrante de la végétation, des animaux et des êtres humains. Décarboner au sens littéral impliquerait la disparition de toutes formes de vie humaine, animale et végétale. […] Ce serait l’effondrement, le vrai, l’ultime, pas celui imaginé et théorisé par nos effondristes et collapsologues ». Pour soutenir les messages du GIEC, de l’ONU et des gouvernements, une nouvelle branche médiatique naît, le climato-journalisme, branche sur laquelle sont perchés des journalistes ignares se faisant passer pour des experts. Comme François Gervais, Steven Koonin déplore l’inculture scientifique de ces journalistes ainsi que celle des représentants politiques et des activistes prêchant la bonne parole du GIEC, organisme ne reculant devant aucune manipulation pour consolider son discours et son pouvoir. Les « prévisions climatiques » du GIEC reposent en effet sur des modélisations climatiques « bricolées » pour les faire correspondre au dogme anthropique, accuse Koonin. Ces modèles algorithmiques, précise-t-il, se sont avérés incapables de reproduire les événements climatiques connus et documentés du passé, comme par exemple le fort réchauffement climatique entre 1910 et 1940 – comment pourraient-ils prévoir les températures à venir dans 10, 50 ou 100 ans ? Par ailleurs, alors que le rapport du GIEC de 2015 souligne lui-même les « hauts niveaux d’incertitude » (ou de « faible confiance » scientifique) attribués aux comparaisons réalisées entre les événements météorologiques extrêmes actuels et ceux datant d’avant l’ère industrielle ainsi que la corrélation de ces phénomènes avec l’activité humaine, les médias et les activistes écologistes s’appuient sur des « études d’attribution des événements » – en fait des bidouillages combinant modélisations climatiques et observations historiques jusqu’à obtenir des résultats correspondant au discours anthropocénique – pour effrayer la population après chaque tempête, ouragan, inondation, sécheresse ou vague de chaleur, en laissant accroire que tous ces événements météorologiques sont « exceptionnels » et sont le résultat d’un formidable « dérèglement climatique » lui-même dû essentiellement aux activités humaines, dénonce Steven Koonin.
De nombreux scientifiques partagent les points de vue de François Gervais ou de Steven Koonin. Les médias les ignorent et préfèrent rapporter les propos délirants de M. Guterres, Secrétaire général de l’ONU et évangéliste borné de l’Église écolo-climatologique annonçant récemment « l’effondrement climatique » et « l’ère de l’ébullition mondiale ». Il faut croire que les hautes fonctions au sein de l’institution onusienne annihilent tout discernement : en 1982, M. Tolba, directeur du programme environnement des Nations Unies, prédisait déjà pour l’an 2000 une « catastrophe écologique aussi irréversible qu’un holocauste nucléaire ». De son côté, pour avoir dénoncé une « corruption de la science » et une climatologie « métastasée en un mastodonte de pseudo-science journalistique généralisée », le prix Nobel de physique John Clauser a vu sa conférence sur les prédictions climatiques aléatoires du GIEC annulée par le FMI à qui elle était destinée – la presse mainstream ne s’est fait l’écho ni des propos du physicien ni de la censure dont il a été victime. Des centaines de scientifiques, universitaires, ingénieurs et professionnels de l’environnement ont signé une déclaration intitulée “Il n’y a pas d’urgence climatique” destinée à M. Guterres via les réseaux sociaux – l’AFP, toujours dans le sens du vent, a immédiatement réagi pour affirmer que, dans cette déclaration, « les allégations mises en avant vont à l’encontre du consensus scientifique sur le dérèglement du climat ». Parmi les signataires, beaucoup sont des scientifiques français que vous n’entendez ni n’entendrez jamais sur les ondes de notre radio publique, et pour cause : sur le site de Radio France, une charte intitulée “Le Tournant” stipule que « la crise climatique fait l’objet d’un consensus scientifique international documenté par le GIEC dans ses rapports successifs ». Certaine de se tenir « résolument du côté de la science », la direction de Radio France préconise par conséquent de « sortirdu champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine. » Tout scientifique questionnant les rapports du GIEC est par conséquent persona non grata. Cette manière de faire relève d’une démarche doctrinaire rappelant celle de la Pravda, du temps de ses articles « scientifiques » à la gloire de Lyssenko. Évidemment, un jour ou l’autre, la réalité rattrapera les journalistes de Radio France, les fonctionnaires onusiens et les activistes écolos comme elle a rattrapé les thuriféraires de la théorie génétique pseudo-scientifique de Lyssenko, et il n’est pas impossible, après que seront apparus les fourvoiements du GIEC, que jaillisse alors le mot « climatisme » qui désignera, à l’instar du « lyssenkisme », une science corrompue par l’idéologie. À ce propos, François Gervais cite la lettre que Guus Berkhout, professeur émérite de géophysique, a envoyé à M. Gutteres juste avant la COP27 : « En 2030, les historiens se demanderont avec étonnement comment les Nations Unies ont pu durant les décennies précédentes proposer des mesures liées au climat qui n’ont eu aucun impact sur le réchauffement mais en revanche un impact incroyablement négatif sur la prospérité mondiale et le bien-être. […] L’argumentaire de cette crise (climatique) était basé sur des modèles informatiques obsolètes qui “surchauffaient”, largement relayés par des médias adeptes de la pensée unique. Ils auront du mal à croire qu’un haut responsable des Nations Unies ait pu effrontément déclarer en septembre 2022 : “Nous possédons la Science et nous pensons que le monde doit le savoir”. » Ce délire arrogant s’exprime régulièrement lors de grand-messes annuels attirant de plus en plus de participants. Les deux dernières d’entre elles, la COP27 et la COP28, ont réuni des milliers de fonctionnaires gouvernementaux, d’universitaires et de représentants d’institutions scientifiques, de chefs d’entreprises, de militants d’ONG et d’associations écologistes foulant la science aux pieds et érigeant en vérité absolue une pseudo-science climatologique empreinte d’idéologie, selon Steven Koonin. Commet cela est-il possible ? Quels sont les acteurs de cette propagande ? À qui cela profite-t-il ? Réponses dans la seconde partie…
2ème partie
Quels sont les acteurs de la propagande climato-écologiste et à qui profite cette dernière ? Steven Koonin et François Gervais nous aident à y voir plus clair :
1)Les médias. À l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, l’information se doit de circuler vite, de frapper fort sans s’encombrer de nuances, d’attirer le chaland grâce à des titres provocateurs et alarmistes, en particulier lorsque cela concerne le climat. « Le journalisme sérieux, reposant sur un travail approfondi, devient plus rare, écrit l’ancien conseiller scientifique d’Obama. Les questions scientifiques sont une affaire de nuances, elles exigent du temps et de la recherche. » Or, « les auteurs d’articles sur le climat n’ont la plupart du temps aucune formation scientifique ». Par absence de curiosité, par paresse intellectuelle, par conformisme professionnel, ces auteurs se laissent bercer par la doxa climato-écologiste, laquelle facilite l’écriture d’articles récurrents et catastrophistes où les informations scientifiques sont superfétatoires. Certains finissent par se prendre pour des « lanceurs d’alertes » et des sauveurs de l’humanité. La plupart se contentent de suivre le troupeau médiatique, de peur de passer pour le vilain petit canard qui empêche de ronronner l’orthodoxie en chœur. « Tout se conjugue pour rendre quasi impossible une couverture objective dans les médias. » Notre audiovisuel public est l’exemple même du panurgisme médiatique dénoncé par Koonin : confusion entretenue entre ce qui relève de la météo et ce qui relève du climat, émissions propagandistes quotidiennes, absence de débats puisque seuls sont invités des rapporteurs du GIEC ou des activistes se référant au rapport de synthèse de l’organisme directeur, messes médiatiques annonçant les pires catastrophes climatiques.
2) Les représentants politiques. La complexité, la nuance et l’incertitude se prêtent fort mal au message politique, déplore là encore Steven Koonin. Il faut frapper les esprits, marteler une ou deux « vérités » en évitant de troubler l’auditoire avec des explications scientifiques qui pourraient remettre en cause ou même seulement pondérer l’idéologie dominante. « Il suffit d’éliminer les énergies fossiles pour sauver la planète », est le type même de phrase – simple, catégorique, désignant de plus un ennemi « capitaliste » évident – dont usent et abusent certains représentants politiques en oubliant de décrire les progrès obtenus grâce à ces mêmes énergies ou d’expliquer aux pays en développement et à la recherche d’un bien-être proche de celui des pays industrialisés, comment ils vont pouvoir atteindre leur but sans ces énergies fossiles représentant encore 80 % des sources d’énergie dans le monde. A-t-on encore le droit de contredire le dogme onusien ? Non ! L’adversaire qui remet en cause ce dernier ne peut être qu’un monstre – l’écologisme a inventé le terme de « climatosceptique » pour le désigner. Il est entendu que le « climatosceptique » est un individu sans cœur, un égoïste, un « capitaliste », et qu’il est de droite, voire d’extrême droite. Bref, c’est une personne peu recommandable, avec laquelle il vaut mieux ne pas discuter.
3) Les institutions scientifiques et les scientifiques eux-mêmes.StevenKoonin, qui a participé à de nombreux rapports d’évaluation scientifique, affirme que, dans le cadre du GIEC, les « institutions qui préparent les rapports d’évaluation officiels résument ou décrivent les données de façon volontairement fallacieuse ». Malgré les précautions prises par les rapporteurs pour cacher les multiples influences orientant les rapports de synthèse du GIEC, les personnes connaissant les arcanes de ce lieu de pouvoir savent que, « et ce point est vraiment capital, les “résumés à l’intention des décideurs” sont lourdement influencés, quand ce n’est pas tout simplement rédigés, par les gouvernements qui ont intérêt à promouvoir telle ou telle politique ». En amont, la pression sur les scientifiques eux-mêmes est énorme. Nombreux sont ceux qui, n’adhérant pas à la doxa, sont tombés dans l’opprobre et ont vu leurs perspectives de carrière volées en éclats après avoir publié des articles allant à l’encontre du récit alarmiste sur le « dérèglement climatique ». S’il veut être publié, être financé pour ses recherches, voire ne pas risquer tout bonnement de perdre son travail, le chercheur scientifique se gardera de critiquer l’idéologie dominante concernant le climat et optera pour un silence indifférent ou, mieux, une adhésion complète au dogme, seule à même de lui assurer la reconnaissance de ses pairs et une carrière sans embûches. Résultat : selon la revue de la prestigieuse université de Cornell, « 99,9 % des études sont d’accord : les humains ont causé le changement climatique ». Cette annonce époustouflante prouve tout simplement que, pour ce qui concerne le « changement climatique », nous ne sommes plus dans le domaine de la science mais bien dans celui de l’idéologie totalitaire.
4) ONG, militants, activistes. Très présents dans les méandres bureaucratiques du GIEC, ils sont légion et envahissent les lieux décisionnaires, politiques, économiques et médiatiques. Inquisiteurs dans l’âme, ils invectivent et rééduquent les populations. Ces impitoyables évangélistes du « dérèglement climatique » menacent et grondent. Tous les cinq ans, ils prédisent la fin du monde pour dans cinq ans en attendant la parution de leur bréviaire, le dernier rapport du GIEC, puis tendent leurs sébiles afin de remplir les caisses de leurs organisations paroissiales. « L’important n’est pas ce qui est vrai, mais seulement ce que les gens croient vrai », déclarait cyniquement, en 1991, Paul Watson, co-fondateur de Greenpeace. La foi collective en la religion écologique et en la fin des temps climatique est entretenue par les prédicatrices des diverses chapelles politiques ou associatives reçues en grandes pompes dans les temples médiatiques. Ces chapelles se disputant les subventions publiques, les dons des particuliers et de fondations privées ou les voix des électeurs, chacune de ces prophétesses se démène pour surenchérir sur les autres et faire grimper les températures de la Terre en même temps que l’éco-anxiété de ses habitants. « La peur, l’appel à la repentance se vendent toujours aussi bien car les gourous veillent à en nourrir leurs adeptes », écrit François Gervais. Sur nos écrans et sur les ondes, les images terrifiantes d’une jeune gargouille suédoise admonestant les gouvernements occidentaux, les consternantes considérations sur le « catastrophisme éclairé » de Camille Étienne, les âneries barbecuesques de Sandrine Rousseau et les délirantes prophéties de Claire Nouvian attestent du retour de l’irrationnel et de l’obscurantisme. « L’heure de l’apocalypse écologique a sonné. La prosternation est notre seule voie de salut », ironise Jean-Paul Oury, docteur en histoire des sciences et technologies, dans son essai intitulé Greta a tué Einstein. La science sacrifiée sur l’autel de l’écologisme. « Ce totalitarisme mou teinté d’anticapitalisme de combat, ajoute-t-il plus sérieusement, est érigé en système de pensée politique et morale au mépris des fondements de la raison cartésienne. »
Mais ne nous y trompons pas, cet obscurantisme n’est pas désintéressé, écrit encore François Gervais. Plusieurs business juteux ont vu le jour. La COP27 a confirmé l’engagement financier mondial attendu pour répondre au « dérèglement climatique » et atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 : 150 000 milliards de dollars ! De quoi alimenter bien des convoitises. Sangsues associatives, spéculateurs économiques véreux et pays corrompus mais « vulnérables aux catastrophes induites par le climat » espèrent toucher leur part de cet extraordinaire investissement pour « sauver la planète ». Tandis que les évangélistes verts monnaient leurs présences dans les médias, les festivals et les séminaires d’entreprise où ils font la promotion de leurs livres tout en prêchant la décroissance, les marchands d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques et de voitures électriques se frottent les mains. Et, à grand renfort de subventions publiques, détruisent tout à la fois l’économie, les emplois, la recherche scientifique, les paysages de notre pays et les sols de nombreux autres, ravagés pour en extraire les fameux « métaux rares » nécessaires à la fabrication des futurs engins du « tout-électrique ».
Pour démontrer les errements des instances internationales et des gouvernements appliquant à la lettre les préconisations de l’écologisme, François Gervais insiste sur le cas symptomatique de la voiture électrique. Paradoxe : la fabrication de cette dernière nécessite deux fois plus d’énergie que celle de son équivalent thermique. Curieusement, les écologistes ferment les yeux sur ce fait comme sur l’incommensurable dévastation des sols due à l’extraction des ressources minérales nécessaires à la fabrication des batteries de ces voitures. « Selon l’Agence internationale de l’énergie, le tonnage de cuivre requis est de l’ordre du double de celui d’un véhicule à moteur. S’y ajoutent quelque 150 kg de lithium, nickel, manganèse et graphite. Pour obtenir 1 kg de la plupart de ces éléments, il faut traiter environ 1 tonne de minerai, ce qui en dit long sur le niveau des pollutions afférentes », note François Gervais en précisant que « produire une tonne de lithium nécessite de l’ordre de deux millions de litres d’eau ». Dans le cadre d’un sauvetage de la planète qui s’apparente de plus en plus à une véritable catastrophe écologique, « la demande de lithium devrait être multipliée par plus de 40 d’ici à 2040. […] La production de graphite, de lithium et de cobalt devrait augmenter de 500 % d’ici à 2050 ». De plus, l’extraction de ces ressources minérales est souvent assurée par des hommes et des enfants traités comme des esclaves. Mais nous ne sommes plus à une contradiction près. En Allemagne, pays où l’écologie politique est historique et la voiture électrique promise à un avenir radieux, la production électrique est en grande partie issue de centrales à gaz et de centrales à lignite, charbon de mauvaise qualité très polluant. Cette production devra considérablement augmenter dès 2035 si, comme il a été annoncé, les voitures à moteur thermique sont interdites de production à partir de cette date en Europe. Tous les spécialistes de l’énergie savent que jamais au grand jamais les énergies dites renouvelables – mais surtout (très) intermittentes – ne pourront, dans ce cas, satisfaire la demande exponentielle d’électricité. Dans une Allemagne refusant le recours aux centrales nucléaires, il faudra construire des dizaines de nouvelles centrales à gaz et à charbon pour espérer répondre à cette gigantesque demande – bonjour le bilan carbone ! Quant à la pollution de l’air dont pâtira une bonne partie de l’Europe, n’en parlons pas ! La France, dont l’entreprise nationale produisant une électricité abondante, peu chère et « décarbonée » a été entièrement dépecée par l’UE sous la férule allemande, risque d’être confrontée à des problèmes similaires : le Conseil de l’UE impose en effet à ses pays membres de porter la part des énergies renouvelables dans leur mix énergétique à au moins 45 % d’ici à 2030. Du pur délire ! Ajoutez à ces inepties les prix astronomiques des véhicules électriques (de 40 à 60% au-dessus du prix des thermiques), l’explosion prévue du prix de l’électricité, l’énergie et l’argent nécessaires au déploiement de centaines de milliers de bornes de recharge, les taxes que ne manqueront d’imposer les États sur ce nouveau « carburant », les destructions d’emplois inhérentes à cette mutation industrielle, les restrictions qui seront imposées à ceux qui n’auront pas les moyens de passer à l’électrique (les ZFE dans les villes, par exemple), la pollution due aux particules dégagées par de larges pneumatiques devant supporter le poids de ces véhicules beaucoup plus lourds que leurs équivalents thermiques ainsi qu’aux batteries en grande partie non recyclables, etc., et vous obtenez, au nom de l’écologie, le plus désastreux des résultats en termes économiques, sociaux et… écologiques. Des éléments délétères similaires valent pour tout ce qui concerne les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, ajoute François Gervais : « Les énergies qualifiées de “vertes” sont beaucoup plus gourmandes en matériaux que notre bouquet énergétique actuel. […] Il est grand temps d’allumer des contre-feux intellectuels et politiques pour s’opposer non pas au désastre climatique, trop infime du point de vue anthropique pour justifier un terme aussi racoleur, mais au pillage annoncé des ressources minérales et ses graves conséquences environnementales. »
Encore faudrait-il que ces contre-feux soient visibles. Or, nous l’avons vu, tout est fait pour les dérober aux yeux du grand public. En revanche, la propagande écolo continue de battre son plein. Elle commence à l’école, où les cours de géographie sont subrepticement complétés voire remplacés par des leçons sur « l’environnement et le développement durable », et où les élèves, contraints de désigner des éco-délégués dans leurs classes, sont évalués sur leur « engagement » écologique. Elle se répand un peu partout, grâce aux médias ne donnant la parole qu’aux rapporteurs du GIEC ou aux militants écologistes adeptes de la décroissance. A n’en pas douter, l’écologisme, à l’instar du wokisme, est un totalitarisme. Les thèses pseudo-scientifiques de l’un et les théories « déconstructivistes » de l’autre aspirent de concert à la transformation radicale de ce monde en un monde supposément meilleur et parfait, débarrassé de ses scories historiques, en premier lieu l’homme lui-même, invariablement présenté comme une nuisance. Des militants de plus en plus idéologisés sont formés à la radicalité politique. Les Gardes Verts de la révolution écologique censurent, bâillonnent, morigènent, sermonnent et inculquent « ce qui doit être tenu pour vrai » en matière de climat. Gare à celui qui pense à rebours du dogme. « Chaque fois que des jeunes de grandes écoles souhaitent m’interviewer, je suis contraint, et ce n’est pas de gaieté de cœur, de leur recommander à la fin de l’entretien la plus grande prudence si, dans le contexte actuel, ils ne veulent pas nuire à leur future carrière », s’attriste François Gervais. Quant à Steven Koonin, il conclut son essai en rappelant que « la science commence par des questions »et qu’il est« difficile d’encourager de nouvelles recherches si nous affirmons que les réponses sont déjà trouvées. » Il ajoute, aux antipodes des discours doctrinaires sur le climat :« Approfondissons nos connaissances, au lieu de répéter l’orthodoxie » – et se range ainsi aux côtés d’Orwell qui considérait que la vérité objective, qui existe en dehors de nous, est à découvrir et est source de liberté, tandis que l’orthodoxie, la « vérité » fabriquée par les systèmes totalitaires, n’a pas d’autre but que de contrôler socialement et politiquement les populations. L’écologisme, qui a su noyauter les instances internationales et les gouvernements via l’ONU et le GIEC, s’avère être un appareil totalitaire d’une redoutable efficacité. Raison pour laquelle il nous faut dénoncer et combattre sans relâche cette doctrine funeste et tous ceux qui lui prêtent la main.
Sur l’Ukraine, le chef de file LR au Parlement européen défend une position intermédiaire entre le camp présidentiel et le RN. Pour lui, pas question d’envoyer des troupes au sol. Mais pas question non plus de se singulariser vis-à-vis de l’OTAN, ni de refuser à Kiev une place dans le dispositif communautaire européen.
Causeur. La France doit-elle essayer d’empêcher la Russie de gagner la guerre contre l’Ukraine ?
François-Xavier Bellamy. Oui. Laisser la Russie agir serait courir le risque que demain, aux portes de l’Europe, la preuve soit faite de nouveau que la violence peut effacer des frontières, et renverser les principes du droit international. Il est de notre devoir de soutenir l’Ukraine pour mettre fin à cette guerre terrible, qui est une tragédie absolue. Ce soutien doit passer par une triple action : stratégique – nous devons relancer notre industrie de défense, et fournir aux forces ukrainiennes le matériel et les munitions dont elles ont un besoin vital, en même temps que nous réarmer ; diplomatique – il nous faut contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler sur la scène internationale ; enfin, nous ne pourrons rien faire sans agir au niveau économique – nous devons mettre fin au contournement des sanctions, saisir les milliards de biens russes mal acquis en Europe et encourager l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Le but est de mettre l’Ukraine autant que possible en position de force pour qu’elle puisse se déterminer face à l’attaque qu’elle subit.
L’éventualité d’une entrée en conflit de notre pays doit-elle être exclue ?
Oui, et elle l’est déjà en réalité. Nous n’avons pas la possibilité de mener un conflit de haute intensité face à la Russie. L’hypothèse d’un envoi de troupes de combat est exclue par l’OTAN même, et par la quasi-totalité des pays membres de l’Alliance atlantique. Pendant toute la guerre froide, avec une tension autrement plus directe et explicite, il n’y a jamais eu d’affrontements directs entre des forces soviétiques et occidentales ; ce n’était pas par « lâcheté », mais parce que la grammaire de la dissuasion nucléaire en particulier rend un tel scénario infiniment dangereux.
En faisant croire l’inverse, à des fins de pure communication, le président de la République a fragilisé l’unité du camp occidental en offrant le spectacle de la division à Vladimir Poutine. L’« ambiguïté stratégique » consiste à faire, pas à parler ; l’hypercommunication adoptée par Emmanuel Macron n’a conduit qu’à faire douter son propre camp de la crédibilité du chef des armées françaises, prompt à faire des promesses intenables.
Vladimir Poutine représente-t-il une menace existentielle pour notre nation ?
Non, nous ne pouvons parler à l’heure actuelle d’une menace existentielle sur la France. Mais il est clair que la Russie est hostile à nos intérêts et à nos principes. Elle nous attaque régulièrement dans la sphère informationnelle et dans le cyberespace. À travers Wagner, elle s’en est déjà pris à l’armée française, via diverses manœuvres de désinformation, combattant notre influence en Afrique subsaharienne. Quant à nos principes démocratiques, ils sont gravement bafoués par un régime qui montre combien il n’est pas sorti des vieux démons soviétiques : les opposants tel Alexeï Navalny sont assassinés en prison, et la fraude électorale est telle qu’on ne peut parler encore d’« élections ». Il est de façon certaine une menace pour la sécurité et la stabilité de l’Europe.
L’Ukraine doit-elle rentrer dans l’Union européenne ?
L’Ukraine veut être européenne. Ne pas répondre à cette aspiration, qui lui vaut aujourd’hui d’être attaquée, serait une faute morale et un suicide géopolitique. Il est cependant certain qu’un nouvel élargissement contribuerait à déstabiliser une Union européenne qui a plus que jamais besoin de se renforcer. L’Union doit se réformer, plutôt que s’élargir. Il nous faut être lucides : accorder le statut d’État membre à l’Ukraine signifierait créer une concurrence intenable pour nos agriculteurs, et retirer la PAC ou les fonds structurels à plusieurs États membres. Nous ne pouvons pas dire non à l’Ukraine, mais nous ne pouvons pas lui faire la fausse promesse d’une adhésion. Il nous faut inventer avec elle une manière d’être européen qui n’implique pas d’être un État membre de l’UE : cela peut passer, par exemple, par une plus grande structuration du statut d’État associé, un statut qui existe aujourd’hui mais est presque vide de sens. Ce serait alors à nous d’écrire avec les Ukrainiens les politiques que nous pourrions mettre en commun, afin de développer une action concertée ensemble.
La France doit-elle rester dans le commandement intégré de l’OTAN ?
Oui, mais elle doit surtout y peser davantage. Le problème de la France dans l’OTAN – comme dans l’Union européenne – est qu’elle ne se donne pas les moyens politiques de faire valoir ses priorités stratégiques, d’imposer son agenda. Le sujet n’est pas que la Russie : nous devons attirer l’attention des pays de l’OTAN sur le danger que représente pour l’Alliance atlantique la trajectoire de la Turquie, par exemple, qui représente à l’heure actuelle une véritable menace pour les pays européens.
Le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans, le chanteur de Nirvana se suicidait chez lui à Seattle
C’était hier. C’était aussi il y a une éternité. Trente ans pile en arrière, le monde apprenait le suicide de Kurt Cobain, retrouvé mort à son domicile de Seattle avec une lettre d’adieu et un fusil Remington M11. Une génération entière passait alors à la postérité, un courant musical avec elle. Le grunge était-il le dernier grand mouvement de jeunesse alternatif occidental ? La question mérite aujourd’hui d’être posée.
La scène de Seattle, emblématique de nos années 90
Ah, les années 90… Sombres, maladives, tourmentées, tournées vers la défonce. Une décennie noire, pourtant créative et riche en icônes. Par où commencer d’ailleurs pour les résumer ? Jeff Buckley ? Radiohead ? Elliott Smith ? La Britpop ? Le trip-hop ? La french touch ? Tupac Shakur et le Wu Tang Clan ? Nine Inch Nails ? Les Smashing Pumpkins ? Metallica ? Sûrement par la scène de Seattle. La plus marquante, celle dont absolument tout le monde se souvient, caricaturée à l’excès. Kurt Cobain fut bien malgré lui le meneur de cette génération X vêtue de chemises de bûcherons et de jeans troués, une génération non pas « contre-cool » comme sa devancière new-wave mais carrément anti-cool, érigeant la dépression et le mal-être juvéniles en étendards brandis fièrement au visage des « parents ».
La scène de Seattle n’était pourtant qu’un énième surgeon de l’indie-rock étatsunien, composé de groupes divers et parfois (a)variés. Nirvana proposait de son côté une musique assez simple, faite de gros riffs métalliques à la Black Sabbath, d’énergie punkoïde empruntée à des groupes comme les Vaselines et de mélodies bien tournées très inspirées des Pixies. On retrouvait aussi chez Kurt Cobain l’attitude sans compromis de prédécesseurs comme Sonic Youth. Grand adolescent, le natif d’Aberdeen se voulait aussi le tenant d’une éthique underground, critiquant régulièrement ses confrères et voisins de Pearl Jam, officiant dans un registre rock plus académique, ou encore ceux d’Alice In Chains, plus métalliques et sombres, dont le chanteur finira aussi dans le caniveau en raison d’une addiction à l’héroïne.
Kurt Cobain se serait donc bien contenté d’un succès d’estime, façon Replacements et Paul Westerberg. Il a pourtant décroché le gros lot. Dès sa sortie, Nevermind explosa toute l’année 1991, alors que la concurrence était forte. Songez donc qu’à quelques mois d’intervalle, des disques comme le Black Album de Metallica, les Use Your Illusion de Guns N’ Roses, le Ten de Pearl Jam ou encore Violator de Dépêche Mode, sont sortis coup sur coup, ne laissant aucun répit à un public particulièrement gâté. La différence entre Nevermind et les autres, dans une moindre mesure Ten, est que Kurt Cobain a incarné son époque comme personne. Il a matérialisé l’angoisse existentielle de la génération X, ses aspirations et ses démons.
Je n’avais que cinq ans lors de la sortie de Nevermind mais le disque a bercé mon enfance et mon adolescence comme celles de millions d’autres. Skateboard sous les pieds et discman rangé dans la poche du baggy, In Bloom démarre. Un rock à la fois testostéroné pour plaire à l’adolescent en pic hormonal et suffisamment introspectif pour accompagner nos états d’âme. Intelligent ? Bien moins que ce qui avait eu cours dans les années 1980, où la racée génération des jeunes gens modernes mariait l’élégance gothique à un nihilisme venimeux, à la fois plus enfantin et plus mature. Car, à la réflexion, et même alors, Nirvana n’était pas le meilleur groupe de son temps, pas particulièrement innovant ni intéressant. Pas spécialement profond non plus. Il a néanmoins comblé un vide et répondu à une attente du public, préparé par les années punk et les succès progressifs de la scène indépendante américaine, à commencer par ceux d’Husker Du ou des Pixies, ajoutant à cette recette la puissance du hard rock. Dans une certaine mesure, la sauvagerie assumée d’un Appetite for Destruction des Guns a aussi préparé le terrain pour l’avènement de Nirvana et son apparent paradoxal succès commercial.
Kurt Cobain, du désenchantement au « réveil »
Kurt Cobain était-il un « wokiste » avant l’heure ? Ouvertement féministe et progressiste, il s’est souvent opposé aux rockeurs machos et mégalos de son temps, au star-system qu’il conspuait et dont il était à son corps défendant la poule aux œufs d’or. Sa mythologie s’est construite sur le refus de la mythologie rock. Point terminal du rock comme musique et mouvement de masse, il n’y a pas eu d’après le grunge. Oh, il y a bien eu des groupes depuis, mais rien n’aura plus été pareil et ne le sera plus jamais. Le rock, s’il garde son urgence, a été éclipsé par le rap et ne représente plus l’épouvantail parental par excellence. Il est rentré dans le rang.
Kurt Cobain, malgré son évident talent, que son succès ne devrait toutefois pas nous conduire à surestimer, aura eu quant à lui un effet profondément délétère sur une génération entière. Son défaitisme, sa négativité présentée comme une qualité, sa romantisation de la consommation d’opiacés, sont autant de points noirs qui ont enterré la « génération X », broyée entre ses devanciers boomers et ses successeurs zoomers. Il a aussi masqué la richesse créative extraordinaire des années 1990 dans le domaine pop-culturel, réduites dans l’inconscient collectif à la bande-annonce du film Singles et les images sur papier glacé du couple Johnny Depp-Kate Moss en descente de cocaïne.
Les « jeunes » ont appris qu’on pouvait s’habiller n’importe comment, ne respecter aucune convention sociale et même que renoncer à la vie était « cool » puisque cette dernière n’avait rien à leur apporter. L’esthétique devait être déconstruite, de même que le rock comme a voulu s’y employer le héros du grunge. Son cynisme a tout ridiculisé, fait de toute tentative de flamboyance un sujet de moquerie. Nous n’en sommes toujours pas sortis.
Changer Sandrine Rousseau ? Vous rêvez ! L’illuminée de la lutte contre le patriarcat est de retour avec une nouvelle charge anti-Sardou, qui – ne lui déplaise – s’élève encore d’un grade dans le Mérite national. La député écolo de la très bobo 9ème circonscription de Paris en est verte ! C’est surtout, pour la néoféministe, une nouvelle aubaine pour renouer avec l’actu…
Sandrine Rousseau… Si elle n’existait pas, il faudrait ne surtout pas l’inventer ! En parler, bien sûr, c’est rentrer dans son jeu. Taire ses éternelles dérives millimétrées : les banaliser. Mais tant pis : la plume s’impose, finalement…
Le patriarcat va tomber, il vacille déjà. Mais ils se décoreront tous mutuellement avant. https://t.co/IoD8yJgSnB
Pour faire accepter Aya Nakamura aux JO, Macron décore Sardou
Née sous le signe du poisson, Sandrine Rousseau prospère joyeusement dans les eaux troubles de la Nupes, salmigondis créé artificiellement par Mélenchon pour amadouer les urnes. Mais qui lui a matraqué aux oreilles à outrance, quand elle était enfant, le refrain libérateur du talentueux Jean-Jacques Goldman : « Elle a fait un bébé toute seule », à la fin ? Celle que l’on identifie plus sous les traits du « Surveillant général » de Michel Sardou (1973) vient de faillir s’étrangler. L’abhorré Sardou, celui qui voulait récemment organiser une marche blanche pour soutenir son compagnon – déconstruit – va recevoir en juin prochain des mains du président de la République les insignes de grand officier de l’ordre national du Mérite. La pourfendeuse des crinolines, la passionaria des cuisines, la porte-voix des violentées, l’égérie des utérus libérés, qui sait donner du très délicat « Sardou, ferme ta gueule ! » se répand un peu partout pour exprimer sa rancœur. Celle qui ne vit que par et pour l’outrance, serait-elle aigrie d’avoir raté une carrière de chanteuse ? Tremble dans ta tombe, Maria Callas ! On sait que ses premiers pas en la matière étaient, disons approximatifs, lorsqu’en novembre dernier elle avait entonné de grand cœur, debout derrière son pupitre du Palais-Bourbon, un pas franchement inoubliable mais court hymne féministe, rapidement écourté par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, sa prestation ne l’ayant pas convaincue…
Ministère amer
Le constat est amer : la Madone d’un féminisme désespéré dessert de fait les causes parfois justes qu’elle prétend défendre. Cette agitée de la verdure jette hardiment aux orties et avec une certaine délectation, tout porteur de testicules, forcément suspect. Des déclarations reprises souvent avidement par des médias, grisés par la « bonne » parole de cette gourou(e !) d’un nouveau genre. Elle qui se love lascivement dans le wokisme le plus échevelé, veut faire le ménage dans la vie des femmes. Et balayer des siècles de machisme, repasser les vieux dogmes au crible pour mieux les essorer et nettoyer toute domination masculine honnie. Noble cause, par essence, mais dévoyée par calcul, et vaste programme, comme dirait un certain grand homme. Tout cela pourrait asseoir une intégrité louable, si sa grande mansuétude envers la barbarie barbue en ternissait le clinquant. Car la noblesse de l’idéologie est douteuse, surtout quand la dame reste muette lors de drames réguliers et atroces dont sont victimes jeunes filles, femmes ou dames âgées, imputables à une frange de la population connue, ou, quand elle s’accommode d’un silence complice envers les thèses islamistes les plus radicales, connues pour piétiner allégrement les droits élémentaires de la femme et pas seulement.
Prends garde mâle blanc occidental, hérétique de nature : Sandrine, grande inquisitrice d’une cause revisitée et qui l’a pénétrée – oserait-on dire – veille !
Les autorités tchétchènes ont décrété une mesure inattendue: la régulation des tempos musicaux afin que ceux-ci s’alignent sur les traditions rythmiques locales, criminalisant ainsi certains genres jugés trop occidentaux.
La tradition, y’a que ça de vrai !
Le dernier communiqué du ministère tchétchène de la Culture a surpris le monde entier. Rapporté par l’agence de presse officielle russe TASS, le ministre de la Culture, Musa Dadayev, a annoncé que les œuvres « musicales, vocales et chorégraphiques » seraient limitées à un tempo compris entre 80 et 116 battements par minute (BPM) afin de « s’harmoniser avec la mentalité et le sens du rythme tchétchènes ». « Emprunter la culture musicale à d’autres peuples est inadmissible », s’est indigné Dadayev. « Nous devons transmettre au peuple et aux futures générations de nos enfants l’héritage culturel du peuple tchétchène, y compris toutes les normes morales et éthiques qui régissent la vie des Tchétchènes », a ajouté le ministre qui prône un retour aux traditions.
Et l’hymne national ?
Les artistes disposent jusqu’au 1er juin pour réadapter toute musique ne respectant pas cette nouvelle règle dont les dispositions restent cependant floues. Une décision qui aurait été prise par le président Ramzan Kadyrov lui-même qui entend couper le sifflet aux standards européens dont les rythmes ont tendance à envahir cette République. Dans le viseur du gouvernement, diverses tendances musicales électroniques comme la house, la techno et le dubstep. Si divers titres connus pourraient échapper à cette nouvelle loi quelque peu ubuesque, l’hymne national russe serait ironiquement touché par cette réforme, jugé trop lent comme l’indique le média russe indépendant Meduza !
La Tchétchénie, située dans le Caucase du Nord, est majoritairement composée de musulmans. Nommé par le président russe Vladimir Poutine à qui il fournit des supplétifs militaires dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine, Ramzan Kadyrov dirige ce satellite de Moscou depuis 2007. Il a progressivement imposé un pouvoir qui ne laisse aucune place à la dissidence et a instauré sur l’ensemble de son despotat, sa propre vision « traditionnelle » de l’islam. Laquelle sert en réalité à couvrir un régime brutal qui viole les principes mêmes de la constitution russe. Enlèvements et arrestations arbitraires (ponctués par de mystérieux décès ou disparitions inexpliquées), ou multiplication d’emprisonnements des homosexuel(le)s… ont été signalés par des opposants en exil comme par des familles des victimes. Le régime n’a pas hésité à mettre en place une véritable purge au sein de sa population afin d’embastiller toute personne suspectée d’être homosexuelle. Malgré diverses tentatives d’indépendance au cours des deux siècles précédents, marquées par de violents conflits, la Tchétchénie a décidé de se maintenir au sein de la Fédération russe.
En réalité, pas une première mondiale
Pour autant, la Tchétchénie n’est pas la seule nation à avoir mis en place un tel style de décret. Que ce soit en Iran (où la musique occidentale est jugée comme source de corruption des esprits), au Cambodge sous le règne génocidaire des Khmers rouges (proscrite), en Afghanistan avec l’actuel régime talibans (qui affirme que la musique « provoque la corruption morale»), en Corée du Nord (qui estime que la K-Pop un « cancer vicieux»), la monarchie malaisienne (où les lois locales interdisent aux stations de radio de diffuser des chansons « offensantes pour le sentiment public » ou « violant le bon goût et la décence ») ou même au Royaume-Uni (l’article 63 de la loi sur la justice pénale de 1994 donne à la police le pouvoir d’interrompre des événements mettant en vedette de la musique « caractérisée par l’émission d’une succession de rythmes répétitifs »), plusieurs gouvernements n’ont pas hésité à contrôler ou censurer la musique selon leurs propres critères idéologiques ou religieux. Toujours au grand dam d’une jeunesse toujours avide de modernité et de liberté!
Minotaures, le livre de notre ami Yannis Ezziadi, explore ce monde singulier où on a en partage la passion du toro et de ceux qui l’affrontent. Des élevages aux arènes enfiévrées, se joue une tragédie splendide et angoissante. Cet art qui glorifie le courage et magnifie la mort est un défi à l’époque.
C’était le 16 mai 1975. Jeune reporter à TF1, j’avais accepté la proposition du directeur de l’information : « Allez nous raconter la féria de Nîmes. C’est une grande fête. On y a vu Picasso et Cocteau… il y a toujours du beau monde… »
Uniformes impeccables
Et là, maintenant, je suis planté derrière les arènes, devant la porte de service par où entrent toreros, cuadrillas, chevaux de picadors et tout le personnel des arènes. Jusqu’au balayeur, chacun s’est présenté dans un uniforme impeccable. Je suis à l’affût des moments secrets de ce spectacle que je découvre. La corrida a commencé depuis une demi-heure. Le premier combat est terminé. Les lourdes portes s’entrouvrent pour laisser passer un camion. Sur la benne ouverte gît un énorme animal noir qui baigne dans son sang. C’est le cadavre du premier toro de l’après-midi qui part pour l’équarrissage. Olivier, le cameraman, écarte l’œil de son objectif. Le camion disparaît dans les ruelles. On se regarde muets… Olivier : « Je rentre à Paris… pas capable de filmer ça. » L’ingénieur du son : « Connaissais pas cette boucherie… » Ce fut difficile, je parvins finalement à les convaincre. Il fallait terminer le travail qui nous avait été commandé.
Installation dans la contre-piste aux côtés d’un torero habillé de noir et or. Un confrère m’explique que c’est lui qu’il faut filmer : un jeune français qui va prendre l’alternative, qui va être consacré matador de toros. Son nom : Simon Casas. Il entre en piste, il a peur, il fait peur. Ça se passe mal. Il insiste. Les arènes sont combles. Encouragements, applaudissements et peu à peu sifflets. Le jeune « se joue la peau [1] ». Mais on ne pardonne rien dans un cirque où l’on contemple ses passions.
Simon Casas a arrêté d’être torero le lendemain. Mais ce jour-là, je suis devenu aficionado et ami du personnage le plus passionné et passionnant rencontré dans ma vie de journaliste, aussi fou que celui avec qui un soir de printemps 1984 j’avais traîné dans les rues de Paris et qui, le lendemain, brûlait son billet de 500 francs sur le plateau de mon émission « 7 sur 7 ».
Submergé, envahi par une passion inconnue de moi, petit Savoyard, homme des montagnes et du silence. Je suis entré dans une religion interdite aux incultes : l’afición. J’ai découvert le jeu de la passion et du courage comme il n’existe nulle part ailleurs, j’ai découvert des rituels immuables, des superstitions effrayantes, des ballets millimétrés face à la mort. J’ai même souhaité transmettre ma découverte aux téléspectateurs de Canal+, à l’époque où cette chaîne savait inventer des spectacles. Ce fut un beau succès et un rituel du dimanche soir en été.
Le plus chanceux des animaux d’élevage est le toro de combat
Alors je suis heureux quand je feuillette aujourd’hui un livre comme celui de Yannis Ezziadi. Heureux qu’un jeune auteur ait découvert que dans notre monde d’abattoirs, le plus chanceux des animaux d’élevage est le toro de combat, que dans notre monde de vêtements troués et de dégaines trash, une cape de paseo en soie rose sur un costume blanc brodé d’or s’ajuste au millimètre près avant d’entrer dans la violence du combat, que dans notre monde de l’assurance tous risques un garçon bien né comme Lalo de Maria, fils d’un riche publicitaire parisien, petit-fils de grands comédiens, décide de danser chaque été devant les cornes d’un toro, que les petits gitans de Triana ont pour idole sportive l’immense matador Rafael de Paula, ou que les premiers toreros français – l’artiste Robert Pilés, le courageux Chinito ou le rageur Richard Milian –ont encore la voix qui tremble lorsqu’ils racontent leurs premières faenas d’il y a trente ans.
La tauromachie de Nîmes à Béziers, Vic, Arles, Dax, Séville, Pampelune, Valence, Bilbao, Madrid, Mexico ou Cartagena est bien vivante. De jeunes toreros rencontrés par l’auteur tâtent du bout de leurs zapatillas le sable doré des arènes chaque nouvelle année. Les férias restent les plus grandes fêtes régionales. On vibre ici dans les arènes de Béziers.
Yannis Ezziadi joue le rôle du découvreur de talents et offre quelques grands témoignages sur cette passion hors d’âge. Bien sûr on retrouve Simon Casas, l’empereur du monde tauromachique, en ses royaumes de Nîmes ou Madrid, mais aussi à l’autre bout du chemin Curro Caro, le Curro Romero arlésien, avec ses fulgurances et ses souvenirs de gitan au cœur immense. Ezziadi présente aussi ce que l’on connaissait peu à mon époque, l’œuvre du meilleur éleveur français de toros espagnols, Robert Margé, au milieu de ses garrigues, ses pâtures et ses centaines de monstres noirs qui s’étripent parfois les soirs d’orage.
Ce livre est écrit comme le cri d’un cœur naïf mais amoureux. Ezziadi n’est pas encore Hemingway ni Jean Cau, mais offre un voyage dans ce monde étrange qu’il montre parfois même par l’œil du toro. C’est un témoignage vivifiant sur la puissance de ce spectacle devenu une culture grâce à ses écrivains. Olé !
Yannis Ezziadi, Minotaures : voyage au cœur de la corrida, Fayard, 2024.
Les récentes postures prises par notre ministre des Affaires étrangères sur le conflit entre Israël et le Hamas au mieux déçoivent, au pire indignent.
7 octobre 2023 : ce funeste jour-là, il y a donc six mois presque jour pour jour, les terroristes du Hamas perpétraient, à l’encontre d’Israël, un massacre d’une violence inouïe, inconcevable pour le commun des mortels, mais que la conscience collective juive, encore profondément blessée par ce crime unique dans les annales de l’(in)humanité que fut la Shoah, ne pouvait, quant à elle, que rapprocher à juste titre, et de sinistre mémoire, de la barbarie nazie !
L’innommable barbarie du Hamas à l’encontre des juifs d’Israël : un abominable sommet d’antisémitisme
Comment, du reste, ne pas être choqué, bien plus encore qu’outré, par ces innommables atrocités qui, ce jour-là, furent commises, au comble de l’infamie, par ces terroristes gorgés de haine à l’encontre de leurs innocentes victimes, pour cette seule (dé)raison qu’elles étaient juives ? Un sommet, rarement atteint dans l’odieuse histoire de l’antisémitisme, d’abomination : familles entières trucidées au cœur de leur foyer, jeunes tués à bout portant, lâchement et sans pitié, nourrissons brûlés vifs, femmes enceintes éventrées, parfois violées, leurs entrailles ensanglantées, alors même qu’elles étaient déjà mortes, hommes émasculés et plusieurs centaines de personnes prises en otages, emmenées sans ménagement, tel du vulgaire bétail, dans d’obscurs tunnels de Gaza afin d’y servir par la suite, le cas échéant, d’ignoble monnaie d’échanges en vue d’hypothétiques et futures négociations territoriales à défaut de réel sens politico-diplomatique !
Pour une solution à deux États
La diplomatie, précisément ! Certes, une solution à deux États, où Israéliens et Palestiniens pourraient vivre côte à côte et dans un respect mutuel, s’avère-t-elle le seul réel gage de paix, tel un horizon indépassable, en cette région, particulièrement turbulente et instable, du globe. Et, certes, le peuple palestinien, quand il ne s’acoquine pas avec ces abjects tortionnaires du Hamas, a-t-il droit à notre entière et sincère compassion dans l’indicible malheur qui, victime qu’il est toutefois avant tout de l’effroyable cynisme de ces mêmes affidés du Hamas, l’accable aujourd’hui.
Davantage : nous sommes même prêts, nous juifs de bonne volonté, viscéralement attachés aux imprescriptibles principes universels de l’humanisme, à reconnaître l’énorme part de responsabilité que l’actuel gouvernement de Benyamin Netanyahou, réputé à l’extrême-droite idéologiquement, endosse, depuis trop longtemps, dans ce carnage sans nom.
Des sanctions contre Israël ? L’indigne fourvoiement, toute honte bue, du chef de la diplomatie française !
Mais, enfin, tout cela étant dit, rien, absolument rien, ne justifie la récente déclaration du nouveau, et manifestement inexpérimenté, ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, selon qui de lourdes sanctions devraient être appliquées à Israël, pays pourtant traditionnellement ami de surcroît, afin de le contraindre à négocier, en vue d’un significatif cessez-le-feu, avec le Hamas.
Pis : comment, en l’occurrence, ce chef de la diplomatie française ose-t-il mettre dès lors sur un même plan, établissant ainsi une sorte d’égalité politique entre eux, un État démocratique tel qu’Israël et, d’autre part, une nébuleuse terroriste, fanatique terreau de l’islamisme radical, comme le Hamas ?
« Il faut qu’il y ait des leviers d’influence et il y a des leviers multiples qui vont jusqu’à des sanctions pour que l’aide humanitaire puisse franchir les points de passage », a déclaré M. Séjourné sur France 241. Le ministre a dit la nécessité d’exercer des pressions sur le gouvernement israélien.
Une faute politique, morale et humaine
Oui : d’une honte absolue, irresponsable, sinon criminelle dans ses conséquences les plus aventureuses, voire imprévisibles, cette ultime sortie du jeune et volubile Séjourné, qui, en plus de manier une syntaxe parfois étrangement approximative dans sa propre langue maternelle, se révèle ainsi, une fois encore, indigne, au vu de cette éminente fonction qu’il occupe au sein du gouvernement, d’un grand pays comme la France, berceau des Lumières et patrie des Droits de l’Homme. D’avantage : c’est proprement là une impardonnable faute politique, morale et humaine !
Triste séjour, donc, que celui de Séjourné dans les bureaux feutrés et sous les lambris dorés, visiblement trop hauts ou trop brillants pour lui, du prestigieux Quai d’Orsay, dont il n’est décidément pas, hélas pour la voltairienne France elle-même, à la taille !
La foudre, dans un éclair de lucidité, à défaut de génie, du jupiterien Macron ?
La foudre du jupitérien Macron, président d’une France trop souvent amnésique, sinon complaisante, face à ses nombreux ennemis, tant externes qu’internes, ne devrait normalement pas apprécier, dans un salvateur éclair de lucidité, à défaut de réelle sagesse ou de véritable génie, pareille et aveuglante bévue de la part de son inénarrable ministre : c’est sa propre aura, au sein du concert des nations, qui s’en voit en effet là, par ce genre de fausse note, dangereusement, et peut-être irrémédiablement, ternie…
« Liberté Cathédrale », mis en scène par Boris Chamatz au théâtre du Châtelet, est aussi infantile qu’insignifiant. Sous sa direction, la troupe du Tanztheater de Wuppertal, fondée par la grande Pina Bausch, oscille entre le vide et le néant.
Certes, on pouvait légitimement s’attendre au pire. Au pire, la plupart des productions de Boris Chamatz nous y ont généreusement et régulièrement habitués. Mais là, peut-être, avec « Liberté Cathédrale », le pire a été submergé par quelque chose de plus lamentable encore. Parce que ce spectacle porte le sigle du Tanztheater de Wuppertal, la troupe devenue légendaire fondée jadis par Pina Bausch et à laquelle sont ici mêlés des individus de tous bords, cela rend plus indécent, plus déplorable, le misérabilisme de cette somme d’insignifiance, laquelle se présente, à la lecture du programme, avec tant de risible prétention.
1h45 d’un vain et permanent délire
Surprise ! Avant même que le spectacle commence, salle et scène du théâtre du Châtelet où il va se commettre ont été bouleversées. Dans la salle, les sièges du parterre ont disparu sous un plancher afin de faire place à quelques gradins massés sous les quatre étages de galeries et de permettre de prolonger la scène qui le dévore presque en entier. Le plateau, lui, accueille une grande partie du public réparti sur trois côtés, côté cour, côté jardin, tout comme en fond de scène. Ce dispositif, sans doute très coûteux à installer, ménage ainsi un espace formidable, aussi majestueux et spectaculaire que ce qu’il va recevoir sera consternant. Car durant une heure et quarante cinq minutes, en cinq tableaux qui se veulent différents sans l’être véritablement, plus de 25 exécutants vont se livrer à une débauche terriblement uniforme de contorsions, de grimaces, de cris, de sauts, de reptations, de galops, et agiter leurs membres en tous sens dans un vain et permanent délire entrecoupé de silences. Le tout apparaît à ce point infantile que c’en est indescriptible. Car à quoi bon décrire ce qui ressemble au mieux à des improvisations d’adolescents attardés à qui on aurait lâché la bride pour qu’ils se livrent à une bacchanale en tous points régressive.
Comment, sous l’effet de quelles funestes et malfaisantes influences, de quelle monumentale incompétence, a-t-on pu nommer le Savoyard Boris Charmatz pour succéder à Pina Bausch à la tête du Tanztheater de Wuppertal ? Même Rolf Salomon, le fils de Pina Bausch, a soutenu sa candidature, lui qui n’avait vu aucun de ses spectacles. Boris Charmatz au Tanztheater, c’est Yvette Horner à la tête de la Philharmonie de Berlin ! C’est le nain après la géante ! Une telle aberration a conduit nombre de danseurs « historiques » de Pina Bausch à abandonner leur collaboration avec la troupe à laquelle ils demeuraient liés. Et déjà on se mord les doigts avec cette nomination invraisemblable. D’autant plus révoltante que jusque là les plus grands interprètes du Tanztheater avaient miraculeusement réussi à maintenir parfaitement l’essence même des œuvres de la dame de Wuppertal.
Photo: Simon Gosselin
Lui, Charmatz, n’a pas peur d’affirmer, avec la candide prétention de la grenouille qui se veut aussi grosse que le bœuf, « être arrivé là pour amener l’œuvre de Pina Bausch dans l’aventure du XXIe siècle », tout en se permettant quelques retouches pour l’adapter aux nouvelles générations, « comme on rénoverait un tableau ». Ose-t-il vraiment croire les énormités qu’il profère ? C’est bien possible. Et il y a des individus dans le milieu culturel qui semblent le prendre également au sérieux et considérer ses « happenings » fatigués, façon années 1970, comme des audaces novatrices. Les actuels spectateurs du Festival d’Avignon, où l’on avait reconnu avec éclat le génie de Pina Bausch en 1981, et où l’on affichera cet été « Liberté Cathédrale », seront-t-ils aussi crédules que ceux qui ont salué ce regrettable événement au théâtre du Châtelet ? C’est bien possible encore. Et c’est bien là ce qui est inquiétant : l’aveuglement d’une partie du public, l’absence totale de discernement devant l’insignifiance ou les impostures, mécaniquement applaudies, et parfois même avec enthousiasme.
Naguère, on conspuait à Paris les premiers chefs d’œuvre de Pina Bausch ou de Merce Cunningham parce qu’ils heurtaient un public académique et borné. Aujourd’hui, les descendants des imbéciles d’alors applaudissent le néant de ceux qui, par ailleurs, occupent les mêmes scènes.
« Liberté Cathédrale »
Jusqu’au 18 avril. Au théâtre du Châtelet, en collaboration avec le théâtre de la Ville. Location : 01 42 74 22 77 ou theatredelaville-paris.com
L’actualité des derniers jours regorge de rixes entre jeunes se terminant dans le sang. Au point que certains observateurs y voient de l’ « ensauvagement » et un inquiétant basculement sociétal – plutôt que de simples faits divers.
On ne peut guère reprocher à une certaine jeunesse de ne rien faire pour soutenir l’industrie et l’artisanat français de la coutellerie. Il ne se passe guère de jour en effet sans qu’un quidam ne donne de la lame contre un autre quidam. Regrettable mais banal fait divers, s’abuse-t-on dans les officines où se cultive l’anesthésie de masse. Lame de fond, oserais-je corriger. Au point que certains de la frange de la population adeptes de cette pratique (je dis bien « frange » et non pas « fange », cette précaution afin de m’épargner l’insulte de vieux con réac, fasciste et raciste tout aussi tendance ces derniers temps que le coup de surin) nous paraissent être en mesure de mériter une sorte de prix Opinel, récompense qui pourrait être le pendant du prestigieux prix Nobel venant couronner chaque année, comme on sait, de formidables « grands esprits ».
Pas de vagues
Puisque nous parlons de « grands esprits » n’oublions pas ceux qui sévissent sur les plateaux de télévision d’excellente tenue où ils se font un plaisir de nous exposer doctement que le problème (en général ils préfèrent le mot problématique qui fait nettement plus chic) relève d’un enjeu global de civilisation et que la solution, la recherche de solution, doit donc être elle aussi absolument globale. Sans doute, n’est-ce pas faux. Du moins, d’un point de vue purement théorique. Pour ce qui est du concret, de la mise en œuvre, il semble bien qu’il en aille tout différemment. Voilà belle lurette qu’on ne nous la fait plus et que nous avons bien que compris que l’argument du « problème global appelant un traitement global » n’est, dans l’immense majorité des cas, que l’alibi de confort destiné à justifier l’impuissance, l’incurie, l’impéritie. L’affaire est si vaste, si complexe, si tentaculaire, n’est-ce pas, qu’on n’y peut pas grand-chose, au fond.
Dans le registre qui nous intéresse ici, celui de l’opinelisation de la société, peut-être pourrait-on commencer par réaffirmer la sacralité absolue, sublime, unique de la vie humaine. Ce bien suprême accordé à chacun de nous. La traduction judiciaire et pénitentiaire de cette volonté de réhabilitation de cette évidence serait de décréter que la peine pour acte de violence contre l’intégrité physique d’une personne ne devrait plus être le moins du monde assimilable – dans l’esprit des coupables comme dans celui du public – à une peine pour tout autre délit ou crime. En conséquence, les auteurs de ces actes, de ces crimes, devraient impérativement purger leur condamnation dans des établissements spécifiques, régis par un règlement de vie et une discipline également spécifiques, d’une rigueur autrement affirmée et contraignante que ce qu’il en est aujourd’hui dans les structures où tout se mêle, où la distinction prise en compte est bien davantage le temps à purger que la nature de l’acte commis. À l’évidence cela doit changer. Il faut désormais clamer urbi et orbi que s’en prendre à la vie humaine est d’une nature bien différente que toutes autres transgressions de la loi.
Ce n’est en rien minimiser ces dernières, c’est juste faire en sorte que chacun, à commencer par les auteurs potentiels de ces actes, ne puissent ignorer que cette vie humaine est, répétons-le, fondamentalement sacrée.
Au-dessus de tout le reste.
Je sais, on va m’objecter qu’on n’a pas les moyens, ni en fric, ni en personnels. Air connu. Couplet de la lâcheté ordinaire. En fait, il suffirait d’un peu de courage politique. Denrée fort rare, à ce qu’il semble. Il est vrai que celle-ci, contrairement à l’Opinel ou au cran d’arrêt, ne figure pas parmi les articles en vente libre.
« Aujourd’hui, on a 7% d’étrangers en France. En 1930 on en avait 5%. Il est où le grand remplacement ? » affirme la macroniste Valérie Hayer.
À ce point, c’est de la bêtise : Valérie Hayer ne voit rien des mutations historiques de la France. La tête de liste Renaissance aux européennes porte le déni du réel à son apex. Elle fait de la mauvaise foi et du mensonge les deux piliers de la politique du chef de l’État. La méthode, exaspérante, est celle des faussaires. Lundi soir sur CNews, confrontée à Marion Maréchal, la candidate macroniste a lancé ceci, parmi d’autres aplombs saugrenus : « Aujourd’hui, on a 7% d’étrangers en France. En 1930 on en avait 5%. Il est où le grand remplacement ? ».
Donc, pour Hayer, la France homogène d’il y a un siècle reste peu ou prou semblable à celle d’aujourd’hui. Pour elle, l’accès bradé et massif à la nationalité – qui explique ce nombre stable des étrangers dans la statistique – n’a aucune incidence sur la physionomie de la nation et son unité. Devenir Français suffit à « faire France ». Or les mots d’Hayer, qui sont ceux du politiquement correct et du récit officiel, sont objectivement frauduleux. Ils falsifient la réalité. L’embrouille prend les gens pour des imbéciles. L’œil nu constate qu’un processus démographique de substitution de population est à l’œuvre depuis plus de trente ans sous l’effet de l’immigration de masse. Un peuple nouveau, portant une autre civilisation, islamique en l’occurrence, est en train de remplacer le peuple indigène en certains territoires. En fait, Hayer confirme que son mouvement ne fera rien pour entraver ce processus létal de dilution de la France française. Ben oui quoi, il est où le grand remplacement ?
Valérie Hayer et Marion Maréchal, 8 avril 2024. Image: Capture CNews / YouTube
Mardi, Gabriel Attal a promis des mesures « extraordinairement fortes » pour répondre à l’hyperviolence des « jeunes » et espérer un « sursaut ». Mais les actes tomberont à plat si le Premier ministre cautionne à son tour ces fadaises d’un « ensauvagement » et d’une « décivilisation » généralisés, n’ayant rien à voir avec la survenue d’une deuxième France ne partageant pas les mêmes valeurs. Or les crimes et les agressions qui se multiplient – mardi, un adolescent de 15 ans a été tué au couteau à Romans-sur-Isère, dans le quartier « sensible » de La Monnaie – sont le plus souvent les expressions de comportements tribaux, claniques, sexistes, importés par la culture islamique nord-africaine et africaine.
À Achenheim (Bas-Rhin), une adolescente musulmane de 13 ans a été frappée par quatre mineurs car elle ne respectait pas le ramadan. Dans Le Figaro de ce mercredi1, le pédopsychiatre Maurice Berger observe que la violence « débute souvent dès l’enfance, dans des milieux familiaux où règne une violence acceptée culturellement, sur fond d’inégalité hommes-femmes ». Les réponses doivent donc être à la hauteur de ces réalités. Elles doivent, dès lors, stopper l’immigration islamique invasive et adapter la sévérité des peines à ce choc de cultures. Dans une note pour la Fondapol, l’ancien préfet Michel Auboin suggère également de lutter contre les appropriations de territoires en redonnant aux logements sociaux, d’où sont exclus les familles d’origine française, leur vocation initiale d’habitat temporaire2. Mais faut-il espérer une once de lucidité chez ceux qui ferment les yeux ?
Climat & Énergie, l’avenir de l’humanité est en jeu : et si la véritable catastrophe était le GIEC ?
Steven E. Koonin, professeur de physique théorique et ex-conseiller scientifique de Barack Obama, a écrit Climat, la part d’incertitude, essai dans lequel, sans remettre en cause un possible changement climatique, il interroge le supposé « consensus scientifique » sur les causes de ce changement et sur les actions envisagées par les rapporteurs du GIEC et les activistes écologistes pour y remédier. François Gervais, physicien multi-récompensé pour ses travaux et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC, explique dans son dernier livre, Le déraisonnement climatique, les errements de nos dirigeants qui, aiguillonnés par l’ONU, ont décidé d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050 – une aberration qui va nous coûter cher, financièrement, économiquement, socialement, et même écologiquement, prévient-il. Il est temps, affirme François Gervais, de « revenir à la science pour éviter la ruine ». Et de s’interroger sur le rôle du GIEC, cette incroyable machinerie techno-bureaucratique qui pourrait bien être la véritable catastrophe de notre temps, celle compromettant le plus l’avenir de l’humanité, ajoute notre chroniqueur après avoir analysé les écrits de ces deux scientifiques.
En 1972, le magazine Time rapporte les conclusions de scientifiques constatant un accroissement de la calotte glaciaire et une diminution des températures depuis 1940 – leur verdict est sans appel : un nouvel âge glaciaire s’annonce. En 1975, Newsweek enfonce le clou : le refroidissement climatique est avéré et est causé par l’homme. En 1977, un groupe de scientifiques conforte l’idée d’un refroidissement durable, regrette l’apathie des représentants politiques devant la catastrophe annoncée et publie La conspiration climatique. La venue du nouvel âge glaciaire. En 1978, le Los Angeles Times alerte une fois encore sur un refroidissement climatique prévu pour durer des décennies. On se demande aujourd’hui pour quelles raisons ces annonces glaciales n’ont pas été suivies du même élan religieux et dogmatique que celles qui, dix ans plus tard, annonceront le « réchauffement climatique » – pour ma part, j’y vois une raison majeure sur laquelle je reviendrai : la machine techno-bureaucratique qu’est le GIEC n’existe pas encore.
« Plusieurs pays et villes pourraient disparaître sous les flots d’ici dix ans », assène le directeur du bureau de l’environnement des Nations unies en… 1989. Les Pays-Bas, les Maldives, les Caraïbes, New-York et Venise, entre autres, seraient concernés. En 2004, The Guardian cite un rapport du Pentagone : « Certaines villes européennes seront noyées par la montée des mers et la Grande-Bretagne sera plongée dans un climat sibérien d’ici 2020. » En 2006, dans son documentaire Une vérité qui dérange qui lui vaudra, conjointement au GIEC, le prix Nobel de la paix,Al Gore prédit un océan Arctique sans glace en 2013, une montée des eaux de six mètres, la Floride et Pékin submergés par les flots d’ici à vingt ans. Il était prévu que l’archipel de Tuvalu allait disparaître sous les eaux. Sauf que… depuis trente ans le niveau des mers et des océans a augmenté d’environ 4 mm et les îles de l’archipel sont toujours hors de l’eau, voire se sont agrandies – ce qui n’empêche pas le petit État insulaire, comme d’autres, de continuer de bénéficier de généreuses subventions internationales au nom de la « justice climatique ». « La montée des eauxdevient une rente financière, écrit, dans la revue Conflits, le professeur de géopolitique et d’économie politique Jean-Baptiste Noé. En échange de subventions pour compenser la montée des eaux qui n’existent pas, ces États monnaient leurs voix à l’ONU et dans les instances internationales, leur permettant ainsi d’acquérir un poids politique que leur petitesse est bien incapable de leur fournir. » En 2021, devenu un peu plus prudent, le GIEC « n’excluait pas » que la mer monte de plus de 15 mètres d’ici à… 2300 ! Quant à Greta Thunberg, elle a effacé récemment un de ses plus fameux tweets datant de 2018 : celui-ci annonçait en effet que l’humanité allait être détruite par le réchauffement climatique cinq ans plus tard.
La véritable catastrophe de ces dernières décennies n’est pas climatique mais politico-technocratique. Elle apparaît en 1988, date de sa création, et s’appelle GIEC. Ce monstre bureaucratique onusien composé de scientifiques et de fonctionnaires gouvernementaux de 195 pays sous influence d’ONG, de technocrates, d’économistes, d’institutions scientifiques, de lobbyistes écologistes et d’entreprises d’équipements d’énergies renouvelables, est ce qui pouvait arriver de pire en matière de réflexion sur le climat, l’écologie et l’énergie. Pourtant, rappelle régulièrement Benoît Rittaud, mathématicien et président de l’Association des climato-réalistes, le premier rapport du GIEC (1990) ne laissait rien présager de la dérive idéologique qui allait suivre : la communauté scientifique y avouait ses difficultés à mesurer précisément un hypothétique changement climatique et une encore plus hypothétique cause humaine à ce changement. Mais, au tournant de l’an 2000, la machine idéologico-bureaucratique s’emballe : l’écologie radicale noyaute les débats, l’incertitude scientifique est écartée au profit du dogme anthropique orientant définitivement les travaux, les messages se font de plus en plus alarmistes et s’appuient sur des « rapports pour les décideurs » qui vont toujours dans le même sens, les contradicteurs sont ostracisés. Des notions étranges apparaissent, comme celle du « dérèglement climatique », laissant supposer que le climat était « réglé » depuis la nuit des temps. Un ennemi voit le jour : le CO2. Et, avec lui, un verbe rédempteur : décarboner. Pourtant, « le gaz carbonique n’est un polluant qu’en Absurdie. Dans un monde censé rester cartésien, il est au contraire par photosynthèse la source de carbone vitale pour la végétation », écrit le physicien François Gervais. « Le carbone est partie intégrante de la végétation, des animaux et des êtres humains. Décarboner au sens littéral impliquerait la disparition de toutes formes de vie humaine, animale et végétale. […] Ce serait l’effondrement, le vrai, l’ultime, pas celui imaginé et théorisé par nos effondristes et collapsologues ». Pour soutenir les messages du GIEC, de l’ONU et des gouvernements, une nouvelle branche médiatique naît, le climato-journalisme, branche sur laquelle sont perchés des journalistes ignares se faisant passer pour des experts. Comme François Gervais, Steven Koonin déplore l’inculture scientifique de ces journalistes ainsi que celle des représentants politiques et des activistes prêchant la bonne parole du GIEC, organisme ne reculant devant aucune manipulation pour consolider son discours et son pouvoir. Les « prévisions climatiques » du GIEC reposent en effet sur des modélisations climatiques « bricolées » pour les faire correspondre au dogme anthropique, accuse Koonin. Ces modèles algorithmiques, précise-t-il, se sont avérés incapables de reproduire les événements climatiques connus et documentés du passé, comme par exemple le fort réchauffement climatique entre 1910 et 1940 – comment pourraient-ils prévoir les températures à venir dans 10, 50 ou 100 ans ? Par ailleurs, alors que le rapport du GIEC de 2015 souligne lui-même les « hauts niveaux d’incertitude » (ou de « faible confiance » scientifique) attribués aux comparaisons réalisées entre les événements météorologiques extrêmes actuels et ceux datant d’avant l’ère industrielle ainsi que la corrélation de ces phénomènes avec l’activité humaine, les médias et les activistes écologistes s’appuient sur des « études d’attribution des événements » – en fait des bidouillages combinant modélisations climatiques et observations historiques jusqu’à obtenir des résultats correspondant au discours anthropocénique – pour effrayer la population après chaque tempête, ouragan, inondation, sécheresse ou vague de chaleur, en laissant accroire que tous ces événements météorologiques sont « exceptionnels » et sont le résultat d’un formidable « dérèglement climatique » lui-même dû essentiellement aux activités humaines, dénonce Steven Koonin.
De nombreux scientifiques partagent les points de vue de François Gervais ou de Steven Koonin. Les médias les ignorent et préfèrent rapporter les propos délirants de M. Guterres, Secrétaire général de l’ONU et évangéliste borné de l’Église écolo-climatologique annonçant récemment « l’effondrement climatique » et « l’ère de l’ébullition mondiale ». Il faut croire que les hautes fonctions au sein de l’institution onusienne annihilent tout discernement : en 1982, M. Tolba, directeur du programme environnement des Nations Unies, prédisait déjà pour l’an 2000 une « catastrophe écologique aussi irréversible qu’un holocauste nucléaire ». De son côté, pour avoir dénoncé une « corruption de la science » et une climatologie « métastasée en un mastodonte de pseudo-science journalistique généralisée », le prix Nobel de physique John Clauser a vu sa conférence sur les prédictions climatiques aléatoires du GIEC annulée par le FMI à qui elle était destinée – la presse mainstream ne s’est fait l’écho ni des propos du physicien ni de la censure dont il a été victime. Des centaines de scientifiques, universitaires, ingénieurs et professionnels de l’environnement ont signé une déclaration intitulée “Il n’y a pas d’urgence climatique” destinée à M. Guterres via les réseaux sociaux – l’AFP, toujours dans le sens du vent, a immédiatement réagi pour affirmer que, dans cette déclaration, « les allégations mises en avant vont à l’encontre du consensus scientifique sur le dérèglement du climat ». Parmi les signataires, beaucoup sont des scientifiques français que vous n’entendez ni n’entendrez jamais sur les ondes de notre radio publique, et pour cause : sur le site de Radio France, une charte intitulée “Le Tournant” stipule que « la crise climatique fait l’objet d’un consensus scientifique international documenté par le GIEC dans ses rapports successifs ». Certaine de se tenir « résolument du côté de la science », la direction de Radio France préconise par conséquent de « sortirdu champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine. » Tout scientifique questionnant les rapports du GIEC est par conséquent persona non grata. Cette manière de faire relève d’une démarche doctrinaire rappelant celle de la Pravda, du temps de ses articles « scientifiques » à la gloire de Lyssenko. Évidemment, un jour ou l’autre, la réalité rattrapera les journalistes de Radio France, les fonctionnaires onusiens et les activistes écolos comme elle a rattrapé les thuriféraires de la théorie génétique pseudo-scientifique de Lyssenko, et il n’est pas impossible, après que seront apparus les fourvoiements du GIEC, que jaillisse alors le mot « climatisme » qui désignera, à l’instar du « lyssenkisme », une science corrompue par l’idéologie. À ce propos, François Gervais cite la lettre que Guus Berkhout, professeur émérite de géophysique, a envoyé à M. Gutteres juste avant la COP27 : « En 2030, les historiens se demanderont avec étonnement comment les Nations Unies ont pu durant les décennies précédentes proposer des mesures liées au climat qui n’ont eu aucun impact sur le réchauffement mais en revanche un impact incroyablement négatif sur la prospérité mondiale et le bien-être. […] L’argumentaire de cette crise (climatique) était basé sur des modèles informatiques obsolètes qui “surchauffaient”, largement relayés par des médias adeptes de la pensée unique. Ils auront du mal à croire qu’un haut responsable des Nations Unies ait pu effrontément déclarer en septembre 2022 : “Nous possédons la Science et nous pensons que le monde doit le savoir”. » Ce délire arrogant s’exprime régulièrement lors de grand-messes annuels attirant de plus en plus de participants. Les deux dernières d’entre elles, la COP27 et la COP28, ont réuni des milliers de fonctionnaires gouvernementaux, d’universitaires et de représentants d’institutions scientifiques, de chefs d’entreprises, de militants d’ONG et d’associations écologistes foulant la science aux pieds et érigeant en vérité absolue une pseudo-science climatologique empreinte d’idéologie, selon Steven Koonin. Commet cela est-il possible ? Quels sont les acteurs de cette propagande ? À qui cela profite-t-il ? Réponses dans la seconde partie…
2ème partie
Quels sont les acteurs de la propagande climato-écologiste et à qui profite cette dernière ? Steven Koonin et François Gervais nous aident à y voir plus clair :
1)Les médias. À l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, l’information se doit de circuler vite, de frapper fort sans s’encombrer de nuances, d’attirer le chaland grâce à des titres provocateurs et alarmistes, en particulier lorsque cela concerne le climat. « Le journalisme sérieux, reposant sur un travail approfondi, devient plus rare, écrit l’ancien conseiller scientifique d’Obama. Les questions scientifiques sont une affaire de nuances, elles exigent du temps et de la recherche. » Or, « les auteurs d’articles sur le climat n’ont la plupart du temps aucune formation scientifique ». Par absence de curiosité, par paresse intellectuelle, par conformisme professionnel, ces auteurs se laissent bercer par la doxa climato-écologiste, laquelle facilite l’écriture d’articles récurrents et catastrophistes où les informations scientifiques sont superfétatoires. Certains finissent par se prendre pour des « lanceurs d’alertes » et des sauveurs de l’humanité. La plupart se contentent de suivre le troupeau médiatique, de peur de passer pour le vilain petit canard qui empêche de ronronner l’orthodoxie en chœur. « Tout se conjugue pour rendre quasi impossible une couverture objective dans les médias. » Notre audiovisuel public est l’exemple même du panurgisme médiatique dénoncé par Koonin : confusion entretenue entre ce qui relève de la météo et ce qui relève du climat, émissions propagandistes quotidiennes, absence de débats puisque seuls sont invités des rapporteurs du GIEC ou des activistes se référant au rapport de synthèse de l’organisme directeur, messes médiatiques annonçant les pires catastrophes climatiques.
2) Les représentants politiques. La complexité, la nuance et l’incertitude se prêtent fort mal au message politique, déplore là encore Steven Koonin. Il faut frapper les esprits, marteler une ou deux « vérités » en évitant de troubler l’auditoire avec des explications scientifiques qui pourraient remettre en cause ou même seulement pondérer l’idéologie dominante. « Il suffit d’éliminer les énergies fossiles pour sauver la planète », est le type même de phrase – simple, catégorique, désignant de plus un ennemi « capitaliste » évident – dont usent et abusent certains représentants politiques en oubliant de décrire les progrès obtenus grâce à ces mêmes énergies ou d’expliquer aux pays en développement et à la recherche d’un bien-être proche de celui des pays industrialisés, comment ils vont pouvoir atteindre leur but sans ces énergies fossiles représentant encore 80 % des sources d’énergie dans le monde. A-t-on encore le droit de contredire le dogme onusien ? Non ! L’adversaire qui remet en cause ce dernier ne peut être qu’un monstre – l’écologisme a inventé le terme de « climatosceptique » pour le désigner. Il est entendu que le « climatosceptique » est un individu sans cœur, un égoïste, un « capitaliste », et qu’il est de droite, voire d’extrême droite. Bref, c’est une personne peu recommandable, avec laquelle il vaut mieux ne pas discuter.
3) Les institutions scientifiques et les scientifiques eux-mêmes.StevenKoonin, qui a participé à de nombreux rapports d’évaluation scientifique, affirme que, dans le cadre du GIEC, les « institutions qui préparent les rapports d’évaluation officiels résument ou décrivent les données de façon volontairement fallacieuse ». Malgré les précautions prises par les rapporteurs pour cacher les multiples influences orientant les rapports de synthèse du GIEC, les personnes connaissant les arcanes de ce lieu de pouvoir savent que, « et ce point est vraiment capital, les “résumés à l’intention des décideurs” sont lourdement influencés, quand ce n’est pas tout simplement rédigés, par les gouvernements qui ont intérêt à promouvoir telle ou telle politique ». En amont, la pression sur les scientifiques eux-mêmes est énorme. Nombreux sont ceux qui, n’adhérant pas à la doxa, sont tombés dans l’opprobre et ont vu leurs perspectives de carrière volées en éclats après avoir publié des articles allant à l’encontre du récit alarmiste sur le « dérèglement climatique ». S’il veut être publié, être financé pour ses recherches, voire ne pas risquer tout bonnement de perdre son travail, le chercheur scientifique se gardera de critiquer l’idéologie dominante concernant le climat et optera pour un silence indifférent ou, mieux, une adhésion complète au dogme, seule à même de lui assurer la reconnaissance de ses pairs et une carrière sans embûches. Résultat : selon la revue de la prestigieuse université de Cornell, « 99,9 % des études sont d’accord : les humains ont causé le changement climatique ». Cette annonce époustouflante prouve tout simplement que, pour ce qui concerne le « changement climatique », nous ne sommes plus dans le domaine de la science mais bien dans celui de l’idéologie totalitaire.
4) ONG, militants, activistes. Très présents dans les méandres bureaucratiques du GIEC, ils sont légion et envahissent les lieux décisionnaires, politiques, économiques et médiatiques. Inquisiteurs dans l’âme, ils invectivent et rééduquent les populations. Ces impitoyables évangélistes du « dérèglement climatique » menacent et grondent. Tous les cinq ans, ils prédisent la fin du monde pour dans cinq ans en attendant la parution de leur bréviaire, le dernier rapport du GIEC, puis tendent leurs sébiles afin de remplir les caisses de leurs organisations paroissiales. « L’important n’est pas ce qui est vrai, mais seulement ce que les gens croient vrai », déclarait cyniquement, en 1991, Paul Watson, co-fondateur de Greenpeace. La foi collective en la religion écologique et en la fin des temps climatique est entretenue par les prédicatrices des diverses chapelles politiques ou associatives reçues en grandes pompes dans les temples médiatiques. Ces chapelles se disputant les subventions publiques, les dons des particuliers et de fondations privées ou les voix des électeurs, chacune de ces prophétesses se démène pour surenchérir sur les autres et faire grimper les températures de la Terre en même temps que l’éco-anxiété de ses habitants. « La peur, l’appel à la repentance se vendent toujours aussi bien car les gourous veillent à en nourrir leurs adeptes », écrit François Gervais. Sur nos écrans et sur les ondes, les images terrifiantes d’une jeune gargouille suédoise admonestant les gouvernements occidentaux, les consternantes considérations sur le « catastrophisme éclairé » de Camille Étienne, les âneries barbecuesques de Sandrine Rousseau et les délirantes prophéties de Claire Nouvian attestent du retour de l’irrationnel et de l’obscurantisme. « L’heure de l’apocalypse écologique a sonné. La prosternation est notre seule voie de salut », ironise Jean-Paul Oury, docteur en histoire des sciences et technologies, dans son essai intitulé Greta a tué Einstein. La science sacrifiée sur l’autel de l’écologisme. « Ce totalitarisme mou teinté d’anticapitalisme de combat, ajoute-t-il plus sérieusement, est érigé en système de pensée politique et morale au mépris des fondements de la raison cartésienne. »
Mais ne nous y trompons pas, cet obscurantisme n’est pas désintéressé, écrit encore François Gervais. Plusieurs business juteux ont vu le jour. La COP27 a confirmé l’engagement financier mondial attendu pour répondre au « dérèglement climatique » et atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050 : 150 000 milliards de dollars ! De quoi alimenter bien des convoitises. Sangsues associatives, spéculateurs économiques véreux et pays corrompus mais « vulnérables aux catastrophes induites par le climat » espèrent toucher leur part de cet extraordinaire investissement pour « sauver la planète ». Tandis que les évangélistes verts monnaient leurs présences dans les médias, les festivals et les séminaires d’entreprise où ils font la promotion de leurs livres tout en prêchant la décroissance, les marchands d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques et de voitures électriques se frottent les mains. Et, à grand renfort de subventions publiques, détruisent tout à la fois l’économie, les emplois, la recherche scientifique, les paysages de notre pays et les sols de nombreux autres, ravagés pour en extraire les fameux « métaux rares » nécessaires à la fabrication des futurs engins du « tout-électrique ».
Pour démontrer les errements des instances internationales et des gouvernements appliquant à la lettre les préconisations de l’écologisme, François Gervais insiste sur le cas symptomatique de la voiture électrique. Paradoxe : la fabrication de cette dernière nécessite deux fois plus d’énergie que celle de son équivalent thermique. Curieusement, les écologistes ferment les yeux sur ce fait comme sur l’incommensurable dévastation des sols due à l’extraction des ressources minérales nécessaires à la fabrication des batteries de ces voitures. « Selon l’Agence internationale de l’énergie, le tonnage de cuivre requis est de l’ordre du double de celui d’un véhicule à moteur. S’y ajoutent quelque 150 kg de lithium, nickel, manganèse et graphite. Pour obtenir 1 kg de la plupart de ces éléments, il faut traiter environ 1 tonne de minerai, ce qui en dit long sur le niveau des pollutions afférentes », note François Gervais en précisant que « produire une tonne de lithium nécessite de l’ordre de deux millions de litres d’eau ». Dans le cadre d’un sauvetage de la planète qui s’apparente de plus en plus à une véritable catastrophe écologique, « la demande de lithium devrait être multipliée par plus de 40 d’ici à 2040. […] La production de graphite, de lithium et de cobalt devrait augmenter de 500 % d’ici à 2050 ». De plus, l’extraction de ces ressources minérales est souvent assurée par des hommes et des enfants traités comme des esclaves. Mais nous ne sommes plus à une contradiction près. En Allemagne, pays où l’écologie politique est historique et la voiture électrique promise à un avenir radieux, la production électrique est en grande partie issue de centrales à gaz et de centrales à lignite, charbon de mauvaise qualité très polluant. Cette production devra considérablement augmenter dès 2035 si, comme il a été annoncé, les voitures à moteur thermique sont interdites de production à partir de cette date en Europe. Tous les spécialistes de l’énergie savent que jamais au grand jamais les énergies dites renouvelables – mais surtout (très) intermittentes – ne pourront, dans ce cas, satisfaire la demande exponentielle d’électricité. Dans une Allemagne refusant le recours aux centrales nucléaires, il faudra construire des dizaines de nouvelles centrales à gaz et à charbon pour espérer répondre à cette gigantesque demande – bonjour le bilan carbone ! Quant à la pollution de l’air dont pâtira une bonne partie de l’Europe, n’en parlons pas ! La France, dont l’entreprise nationale produisant une électricité abondante, peu chère et « décarbonée » a été entièrement dépecée par l’UE sous la férule allemande, risque d’être confrontée à des problèmes similaires : le Conseil de l’UE impose en effet à ses pays membres de porter la part des énergies renouvelables dans leur mix énergétique à au moins 45 % d’ici à 2030. Du pur délire ! Ajoutez à ces inepties les prix astronomiques des véhicules électriques (de 40 à 60% au-dessus du prix des thermiques), l’explosion prévue du prix de l’électricité, l’énergie et l’argent nécessaires au déploiement de centaines de milliers de bornes de recharge, les taxes que ne manqueront d’imposer les États sur ce nouveau « carburant », les destructions d’emplois inhérentes à cette mutation industrielle, les restrictions qui seront imposées à ceux qui n’auront pas les moyens de passer à l’électrique (les ZFE dans les villes, par exemple), la pollution due aux particules dégagées par de larges pneumatiques devant supporter le poids de ces véhicules beaucoup plus lourds que leurs équivalents thermiques ainsi qu’aux batteries en grande partie non recyclables, etc., et vous obtenez, au nom de l’écologie, le plus désastreux des résultats en termes économiques, sociaux et… écologiques. Des éléments délétères similaires valent pour tout ce qui concerne les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, ajoute François Gervais : « Les énergies qualifiées de “vertes” sont beaucoup plus gourmandes en matériaux que notre bouquet énergétique actuel. […] Il est grand temps d’allumer des contre-feux intellectuels et politiques pour s’opposer non pas au désastre climatique, trop infime du point de vue anthropique pour justifier un terme aussi racoleur, mais au pillage annoncé des ressources minérales et ses graves conséquences environnementales. »
Encore faudrait-il que ces contre-feux soient visibles. Or, nous l’avons vu, tout est fait pour les dérober aux yeux du grand public. En revanche, la propagande écolo continue de battre son plein. Elle commence à l’école, où les cours de géographie sont subrepticement complétés voire remplacés par des leçons sur « l’environnement et le développement durable », et où les élèves, contraints de désigner des éco-délégués dans leurs classes, sont évalués sur leur « engagement » écologique. Elle se répand un peu partout, grâce aux médias ne donnant la parole qu’aux rapporteurs du GIEC ou aux militants écologistes adeptes de la décroissance. A n’en pas douter, l’écologisme, à l’instar du wokisme, est un totalitarisme. Les thèses pseudo-scientifiques de l’un et les théories « déconstructivistes » de l’autre aspirent de concert à la transformation radicale de ce monde en un monde supposément meilleur et parfait, débarrassé de ses scories historiques, en premier lieu l’homme lui-même, invariablement présenté comme une nuisance. Des militants de plus en plus idéologisés sont formés à la radicalité politique. Les Gardes Verts de la révolution écologique censurent, bâillonnent, morigènent, sermonnent et inculquent « ce qui doit être tenu pour vrai » en matière de climat. Gare à celui qui pense à rebours du dogme. « Chaque fois que des jeunes de grandes écoles souhaitent m’interviewer, je suis contraint, et ce n’est pas de gaieté de cœur, de leur recommander à la fin de l’entretien la plus grande prudence si, dans le contexte actuel, ils ne veulent pas nuire à leur future carrière », s’attriste François Gervais. Quant à Steven Koonin, il conclut son essai en rappelant que « la science commence par des questions »et qu’il est« difficile d’encourager de nouvelles recherches si nous affirmons que les réponses sont déjà trouvées. » Il ajoute, aux antipodes des discours doctrinaires sur le climat :« Approfondissons nos connaissances, au lieu de répéter l’orthodoxie » – et se range ainsi aux côtés d’Orwell qui considérait que la vérité objective, qui existe en dehors de nous, est à découvrir et est source de liberté, tandis que l’orthodoxie, la « vérité » fabriquée par les systèmes totalitaires, n’a pas d’autre but que de contrôler socialement et politiquement les populations. L’écologisme, qui a su noyauter les instances internationales et les gouvernements via l’ONU et le GIEC, s’avère être un appareil totalitaire d’une redoutable efficacité. Raison pour laquelle il nous faut dénoncer et combattre sans relâche cette doctrine funeste et tous ceux qui lui prêtent la main.
Sur l’Ukraine, le chef de file LR au Parlement européen défend une position intermédiaire entre le camp présidentiel et le RN. Pour lui, pas question d’envoyer des troupes au sol. Mais pas question non plus de se singulariser vis-à-vis de l’OTAN, ni de refuser à Kiev une place dans le dispositif communautaire européen.
Causeur. La France doit-elle essayer d’empêcher la Russie de gagner la guerre contre l’Ukraine ?
François-Xavier Bellamy. Oui. Laisser la Russie agir serait courir le risque que demain, aux portes de l’Europe, la preuve soit faite de nouveau que la violence peut effacer des frontières, et renverser les principes du droit international. Il est de notre devoir de soutenir l’Ukraine pour mettre fin à cette guerre terrible, qui est une tragédie absolue. Ce soutien doit passer par une triple action : stratégique – nous devons relancer notre industrie de défense, et fournir aux forces ukrainiennes le matériel et les munitions dont elles ont un besoin vital, en même temps que nous réarmer ; diplomatique – il nous faut contrer le récit de Vladimir Poutine et l’isoler sur la scène internationale ; enfin, nous ne pourrons rien faire sans agir au niveau économique – nous devons mettre fin au contournement des sanctions, saisir les milliards de biens russes mal acquis en Europe et encourager l’économie ukrainienne sans fragiliser nos producteurs, en utilisant le marché européen comme un couloir commercial vers les débouchés internationaux. Le but est de mettre l’Ukraine autant que possible en position de force pour qu’elle puisse se déterminer face à l’attaque qu’elle subit.
L’éventualité d’une entrée en conflit de notre pays doit-elle être exclue ?
Oui, et elle l’est déjà en réalité. Nous n’avons pas la possibilité de mener un conflit de haute intensité face à la Russie. L’hypothèse d’un envoi de troupes de combat est exclue par l’OTAN même, et par la quasi-totalité des pays membres de l’Alliance atlantique. Pendant toute la guerre froide, avec une tension autrement plus directe et explicite, il n’y a jamais eu d’affrontements directs entre des forces soviétiques et occidentales ; ce n’était pas par « lâcheté », mais parce que la grammaire de la dissuasion nucléaire en particulier rend un tel scénario infiniment dangereux.
En faisant croire l’inverse, à des fins de pure communication, le président de la République a fragilisé l’unité du camp occidental en offrant le spectacle de la division à Vladimir Poutine. L’« ambiguïté stratégique » consiste à faire, pas à parler ; l’hypercommunication adoptée par Emmanuel Macron n’a conduit qu’à faire douter son propre camp de la crédibilité du chef des armées françaises, prompt à faire des promesses intenables.
Vladimir Poutine représente-t-il une menace existentielle pour notre nation ?
Non, nous ne pouvons parler à l’heure actuelle d’une menace existentielle sur la France. Mais il est clair que la Russie est hostile à nos intérêts et à nos principes. Elle nous attaque régulièrement dans la sphère informationnelle et dans le cyberespace. À travers Wagner, elle s’en est déjà pris à l’armée française, via diverses manœuvres de désinformation, combattant notre influence en Afrique subsaharienne. Quant à nos principes démocratiques, ils sont gravement bafoués par un régime qui montre combien il n’est pas sorti des vieux démons soviétiques : les opposants tel Alexeï Navalny sont assassinés en prison, et la fraude électorale est telle qu’on ne peut parler encore d’« élections ». Il est de façon certaine une menace pour la sécurité et la stabilité de l’Europe.
L’Ukraine doit-elle rentrer dans l’Union européenne ?
L’Ukraine veut être européenne. Ne pas répondre à cette aspiration, qui lui vaut aujourd’hui d’être attaquée, serait une faute morale et un suicide géopolitique. Il est cependant certain qu’un nouvel élargissement contribuerait à déstabiliser une Union européenne qui a plus que jamais besoin de se renforcer. L’Union doit se réformer, plutôt que s’élargir. Il nous faut être lucides : accorder le statut d’État membre à l’Ukraine signifierait créer une concurrence intenable pour nos agriculteurs, et retirer la PAC ou les fonds structurels à plusieurs États membres. Nous ne pouvons pas dire non à l’Ukraine, mais nous ne pouvons pas lui faire la fausse promesse d’une adhésion. Il nous faut inventer avec elle une manière d’être européen qui n’implique pas d’être un État membre de l’UE : cela peut passer, par exemple, par une plus grande structuration du statut d’État associé, un statut qui existe aujourd’hui mais est presque vide de sens. Ce serait alors à nous d’écrire avec les Ukrainiens les politiques que nous pourrions mettre en commun, afin de développer une action concertée ensemble.
La France doit-elle rester dans le commandement intégré de l’OTAN ?
Oui, mais elle doit surtout y peser davantage. Le problème de la France dans l’OTAN – comme dans l’Union européenne – est qu’elle ne se donne pas les moyens politiques de faire valoir ses priorités stratégiques, d’imposer son agenda. Le sujet n’est pas que la Russie : nous devons attirer l’attention des pays de l’OTAN sur le danger que représente pour l’Alliance atlantique la trajectoire de la Turquie, par exemple, qui représente à l’heure actuelle une véritable menace pour les pays européens.
Le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans, le chanteur de Nirvana se suicidait chez lui à Seattle
C’était hier. C’était aussi il y a une éternité. Trente ans pile en arrière, le monde apprenait le suicide de Kurt Cobain, retrouvé mort à son domicile de Seattle avec une lettre d’adieu et un fusil Remington M11. Une génération entière passait alors à la postérité, un courant musical avec elle. Le grunge était-il le dernier grand mouvement de jeunesse alternatif occidental ? La question mérite aujourd’hui d’être posée.
La scène de Seattle, emblématique de nos années 90
Ah, les années 90… Sombres, maladives, tourmentées, tournées vers la défonce. Une décennie noire, pourtant créative et riche en icônes. Par où commencer d’ailleurs pour les résumer ? Jeff Buckley ? Radiohead ? Elliott Smith ? La Britpop ? Le trip-hop ? La french touch ? Tupac Shakur et le Wu Tang Clan ? Nine Inch Nails ? Les Smashing Pumpkins ? Metallica ? Sûrement par la scène de Seattle. La plus marquante, celle dont absolument tout le monde se souvient, caricaturée à l’excès. Kurt Cobain fut bien malgré lui le meneur de cette génération X vêtue de chemises de bûcherons et de jeans troués, une génération non pas « contre-cool » comme sa devancière new-wave mais carrément anti-cool, érigeant la dépression et le mal-être juvéniles en étendards brandis fièrement au visage des « parents ».
La scène de Seattle n’était pourtant qu’un énième surgeon de l’indie-rock étatsunien, composé de groupes divers et parfois (a)variés. Nirvana proposait de son côté une musique assez simple, faite de gros riffs métalliques à la Black Sabbath, d’énergie punkoïde empruntée à des groupes comme les Vaselines et de mélodies bien tournées très inspirées des Pixies. On retrouvait aussi chez Kurt Cobain l’attitude sans compromis de prédécesseurs comme Sonic Youth. Grand adolescent, le natif d’Aberdeen se voulait aussi le tenant d’une éthique underground, critiquant régulièrement ses confrères et voisins de Pearl Jam, officiant dans un registre rock plus académique, ou encore ceux d’Alice In Chains, plus métalliques et sombres, dont le chanteur finira aussi dans le caniveau en raison d’une addiction à l’héroïne.
Kurt Cobain se serait donc bien contenté d’un succès d’estime, façon Replacements et Paul Westerberg. Il a pourtant décroché le gros lot. Dès sa sortie, Nevermind explosa toute l’année 1991, alors que la concurrence était forte. Songez donc qu’à quelques mois d’intervalle, des disques comme le Black Album de Metallica, les Use Your Illusion de Guns N’ Roses, le Ten de Pearl Jam ou encore Violator de Dépêche Mode, sont sortis coup sur coup, ne laissant aucun répit à un public particulièrement gâté. La différence entre Nevermind et les autres, dans une moindre mesure Ten, est que Kurt Cobain a incarné son époque comme personne. Il a matérialisé l’angoisse existentielle de la génération X, ses aspirations et ses démons.
Je n’avais que cinq ans lors de la sortie de Nevermind mais le disque a bercé mon enfance et mon adolescence comme celles de millions d’autres. Skateboard sous les pieds et discman rangé dans la poche du baggy, In Bloom démarre. Un rock à la fois testostéroné pour plaire à l’adolescent en pic hormonal et suffisamment introspectif pour accompagner nos états d’âme. Intelligent ? Bien moins que ce qui avait eu cours dans les années 1980, où la racée génération des jeunes gens modernes mariait l’élégance gothique à un nihilisme venimeux, à la fois plus enfantin et plus mature. Car, à la réflexion, et même alors, Nirvana n’était pas le meilleur groupe de son temps, pas particulièrement innovant ni intéressant. Pas spécialement profond non plus. Il a néanmoins comblé un vide et répondu à une attente du public, préparé par les années punk et les succès progressifs de la scène indépendante américaine, à commencer par ceux d’Husker Du ou des Pixies, ajoutant à cette recette la puissance du hard rock. Dans une certaine mesure, la sauvagerie assumée d’un Appetite for Destruction des Guns a aussi préparé le terrain pour l’avènement de Nirvana et son apparent paradoxal succès commercial.
Kurt Cobain, du désenchantement au « réveil »
Kurt Cobain était-il un « wokiste » avant l’heure ? Ouvertement féministe et progressiste, il s’est souvent opposé aux rockeurs machos et mégalos de son temps, au star-system qu’il conspuait et dont il était à son corps défendant la poule aux œufs d’or. Sa mythologie s’est construite sur le refus de la mythologie rock. Point terminal du rock comme musique et mouvement de masse, il n’y a pas eu d’après le grunge. Oh, il y a bien eu des groupes depuis, mais rien n’aura plus été pareil et ne le sera plus jamais. Le rock, s’il garde son urgence, a été éclipsé par le rap et ne représente plus l’épouvantail parental par excellence. Il est rentré dans le rang.
Kurt Cobain, malgré son évident talent, que son succès ne devrait toutefois pas nous conduire à surestimer, aura eu quant à lui un effet profondément délétère sur une génération entière. Son défaitisme, sa négativité présentée comme une qualité, sa romantisation de la consommation d’opiacés, sont autant de points noirs qui ont enterré la « génération X », broyée entre ses devanciers boomers et ses successeurs zoomers. Il a aussi masqué la richesse créative extraordinaire des années 1990 dans le domaine pop-culturel, réduites dans l’inconscient collectif à la bande-annonce du film Singles et les images sur papier glacé du couple Johnny Depp-Kate Moss en descente de cocaïne.
Les « jeunes » ont appris qu’on pouvait s’habiller n’importe comment, ne respecter aucune convention sociale et même que renoncer à la vie était « cool » puisque cette dernière n’avait rien à leur apporter. L’esthétique devait être déconstruite, de même que le rock comme a voulu s’y employer le héros du grunge. Son cynisme a tout ridiculisé, fait de toute tentative de flamboyance un sujet de moquerie. Nous n’en sommes toujours pas sortis.