Le président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, effectuera une visite officielle à Paris les mercredi 12 et jeudi 13 mars. Engagé depuis plusieurs années dans une ouverture vers l’Occident afin de réduire la dépendance de son pays vis-à-vis de Moscou, il renforce ses relations avec la France. Une coopération mutuellement bénéfique, placée sous le signe du progrès et de la prospérité, comme l’explique le chercheur Sharif Akhmedov.
Dans le cadre de sa politique étrangère, l’Ouzbékistan renforce activement ses relations avec les États européens, considérant ces derniers comme des partenaires stratégiques clés pour le développement de projets économiques, politiques et humanitaires. Parmi eux, la France occupe une place particulière en raison de son influence en Europe et de sa volonté d’établir des liens solides avec l’Asie centrale.
Des racines historiques aux relations modernes
Les premières traces des relations entre l’Ouzbékistan et la France remontent au XIVe siècle, lorsque l’empereur timouride Amir Temur et le roi Charles VI ont jeté les bases d’un partenariat axé sur le commerce. Des archives historiques témoignent de leur correspondance et de leur volonté commune de favoriser les échanges économiques. Amir Temur soulignait déjà à l’époque : « Le monde prospère grâce aux marchands ».
Cette tradition de coopération a traversé les siècles et s’est renforcée après l’indépendance de l’Ouzbékistan. L’élection de Shavkat Mirziyoyev à la présidence en 2016 a marqué une nouvelle étape, avec un réel dynamisme dans les relations bilatérales. Symboliquement, son premier voyage officiel en Europe a été effectué en France, ouvrant la voie à plusieurs accords intergouvernementaux.
Un dialogue politique et économique renforcé
Depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1992, six visites d’État ont été organisées, dont la moitié au cours des sept dernières années. Les rencontres entre les présidents Shavkat Mirziyoyev et Emmanuel Macron, en 2018, 2022 et 2023, témoignent de cette volonté d’approfondir la coopération. En parallèle, les ministères des Affaires étrangères et les Parlements des deux pays entretiennent un dialogue régulier, notamment à travers le groupe d’amitié « Ouzbékistan-France » au sein de l’Oliy Majlis et les groupes interparlementaires français liés à l’Asie centrale.
Sur le plan économique, la présence française en Ouzbékistan est de plus en plus visible, avec 50 entreprises implantées, dont certaines majeures dans des secteurs stratégiques comme les services publics (Veolia, Suez, Eiffage), l’énergie verte (EDF, Total Eren, Voltalia) et l’industrie agroalimentaire (Lactalis). Cette dynamique est soutenue par des mécanismes tels que la Commission intergouvernementale Ouzbékistan-France et la Chambre économique France-Ouzbékistan.
Des investissements et une coopération en expansion
Un programme de coopération, financé par l’Agence française de développement à hauteur de 1,07 milliard d’euros pour la période 2023-2025, illustre l’ampleur de l’engagement français. En parallèle, des forums d’affaires organisés à Samarcande et à Tachkent en 2023 et 2024 ont rassemblé des dizaines d’entreprises françaises, permettant la signature de nouveaux accords économiques.
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L’accord de partenariat et de coopération entre l’Union européenne et l’Ouzbékistan a facilité une augmentation significative du commerce bilatéral, qui a quintuplé en cinq ans pour atteindre 1,1 milliard de dollars en 2024. Les projets en cours dans des domaines tels que l’ingénierie et l’exploitation des ressources naturelles dépassent les 8 milliards d’euros.
Un axe culturel et éducatif en plein essor
Au-delà des relations économiques, la France et l’Ouzbékistan multiplient les initiatives dans les domaines culturels et éducatifs. Plus de 50 accords ont été signés ces dernières années dans des secteurs aussi variés que l’archéologie, la mode, la linguistique, la santé, le tourisme et le sport.
Le tourisme connaît une progression notable, avec près de 20 000 visiteurs français chaque année. Par ailleurs, 189 900 élèves et étudiants ouzbèkes apprennent aujourd’hui le français, renforçant ainsi les liens linguistiques et culturels.
La présence française se manifeste aussi à travers des projets symboliques, comme l’installation de monuments à la mémoire d’Abu Ali Ibn Sino et Mirzo Ulugbek en France, ou encore la création du « Jardin ouzbek » dans des espaces verts à Rueil-Malmaison et Toulouse.
Les expositions consacrées à l’Ouzbékistan au Louvre et à l’Institut du Monde Arabe entre 2022 et 2023 ont permis de mieux faire connaître le riche patrimoine culturel de l’Asie centrale au public français.
Vers un partenariat durable
En somme, les relations franco-ouzbèkes connaissent un véritable essor, portées par une volonté commune de renforcer les liens économiques, politiques et culturels. L’approche pragmatique de Tachkent et l’intérêt croissant de la France pour l’Asie centrale ouvrent la voie à un partenariat durable et mutuellement bénéfique.