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Un cow-boy se penche sur son passé

Plutôt qu’énumérer les genres abordés par François Cérésa, il serait plus simple de répertorier ceux qu’il n’a pas encore explorés. Bien peu, à vrai dire, tant est large la palette du romancier doublé d’un essayiste.


Une œuvre copieuse, forte d’une trentaine d’ouvrages. Un écrivain doublé d’un journaliste, fondateur et directeur du mensuel Service Littéraire[1]. Brandissant à la fois, à l’instar de Shiva, la plume du romancier, celle de l’essayiste, de l’éditorialiste, sans compter la fourchette du critique gastronomique dont l’argot truculent, savoureux, se révèle capable de mettre l’eau à la bouche de l’ascète le plus austère. Ces performances supposent une capacité peu commune à changer de style. De ton. D’époque et de registre. À marier le fond et la forme, si bien que chaque nouvel ouvrage est différent du précédent et réserve au lecteur son lot de surprises.

Le film d’une existence

Total Western ne fait pas exception. Certes, les lecteurs assidus des romans de François Cérésa connaissaient déjà son goût pour le septième art et sa connaissance précise de nombre de films. Autant dire qu’il reprend ici un de ses thèmes favoris, mais en se concentrant sur un genre bien précis qu’il connaît à fond et apprécie depuis son jeune âge. Ou, plutôt, appréciait, car, à l’instar de nombre de manifestations artistiques, les canons et critères régissant ces films devenus cultes ont dégénéré, périclité, victimes de la déconstruction dont les ravages s’exercent de nos jours dans tous les domaines. Ainsi s’explique la nostalgie diffuse qui baigne ces pages. La sourde colère qui en émane. Les éléments biographiques y sont étroitement mêlés à l’évocation de films découverts, vus et maintes fois revus. Ceux-ci donnent lieu à des analyses et à des réflexions dépassant le seul septième art pour aborder à d’autres rivages, ceux de la réflexion historique et philosophique.

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L’auteur avait sept ans lorsqu’il vit avec son père son premier western, Rio Bravo. Un classique du genre. Emblématique. Incontournable – ne serait-ce que pour la performance de John Wayne. Le sort en était jeté. Le gamin était tombé sous le charme de ce qui apparaîtra plus tard comme « l’équivalent moderne des romans de chevalerie ». Définitivement conquis. Les moments d’enthousiasme liés à des souvenirs d’enfance, l’auteur les fait revivre avec précision. Ou plutôt, il les revit lui-même avec une nostalgie accrue par l’évolution du genre jusqu’à son état actuel. Une nostalgie traversée de bouffées de rage devant la dégénérescence de cet art dont les codes semblaient immuables.

« Aujourd’hui, kaput. Le western n’est plus dans les salles. On préfère le psychologique. Le pathos. L’effet spécieux. Les sottises volantes non identifiées. (…). Ou  le cinéma d’ailleurs. Le truc emmerdant en version originale. (…) On ne raconte plus, on pense ». Tout Cérésa est là. Sa vision acérée de notre époque. Son humour caustique. Son goût pour les pirouettes langagières.

Une passion partagée

Depuis 1959, bien des westerns ont été tournés, tant au Far-West qu’ailleurs dans le monde, singulièrement en Italie où le western spaghetti s’est imposé. Dans l’intervalle, ayant revêtu sa tenue de cowboy – aussi seyante, en l’occurrence, que l’uniforme de mousquetaire dont il usa en d’autres temps -, l’écrivain rembobine le film de sa vie : son enfance, son adolescence  quelque peu chaotique, ses copains, sa rencontre avec Ariane, aussi experte, assure-t-il, dans le maniement du lasso que dans les chevauchées fantastiques pour rassembler les troupeaux. Folle de Burt Lancaster, elle partage, bien sûr, son goût pour le western. Une passion qu’ils ne manqueront pas de transmettre à leurs deux garçons.

Toute la vie de François Cérésa, tant personnelle que professionnelle, est ainsi revisitée. Sans complaisance. La vie mouvementée d’un westerner, « chevalier en quête de son graal ». On en suit le déroulement avec un intérêt qui ne faiblit à aucun moment. Point n’est besoin, en effet, d’être un fervent cinéphile pour apprécier ce récit haut en couleur, persillé de cet humour à l’emporte-pièce qui est la marque de fabrique de l’auteur.

Pour finir, une sélection de dix westerns américains et de dix westerns spaghettis. Cérésa, on le sait, a le goût des nomenclatures et on se gardera de commenter ses choix. Ce qui est sûr, c’est que ce nouveau volume s’inscrit sans hiatus dans la continuité de l’œuvre tout en lui apportant une coloration particulière. Autant dire qu’il la perpétue en la renouvelant. Voilà qui témoigne de son originalité.

François Cérésa, Total Western, « Just my rifle, my pony and me ». Séguier, 142 pages.

Total Western - une chevauchée fantastique à travers un siècle de cinéma

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[1] https://www.servicelitteraire.fr/

Un jour dans « Le Monde »

Le président d’Avocats sans frontières montre comment le grand quotidien du soir nous désinforme sur la guerre entre Israël et le Hamas.


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne suis pas monomaniaque. De mauvaises langues, des mal embouchés, des aigris pourraient trouver à mon insistance à railler l’odieux visuel de sévices publics comme une manière de manie unique. Eh bien je prouve par cet article que cette pathologie n’a rien de chronique. Car je pourrais consacrer ce billet au rapport documenté de l’Institut Thomas More, publié ce vendredi 24 mai 2024 dans Le Figaro Magazine et qui prouve, ce que je n’ai cessé de clamer, que l’audiovisuel public est par la gauche colonisé. Mais je n’en ferai rien, c’est juré. C’est craché. Je n’écrirai donc pas que Meurice Guillaume, syndicaliste SUD, n’ironisait pas quand il plastronnait, au sujet de l’humour sur France Inter : « On équilibre. On essaye de faire une vanne de gauche, une vanne d’extrême gauche, une vanne d’ultragauche, pour avoir tout le panel du spectre politique. »

Eh bien non, je ne l’écrirai pas, n’insistez pas. Je décrirai ce vendredi 24 mai 2024 vu par Le Monde. Concernant la querelle d’Orient. Ne serait-ce que parce que France Inter était en grève.

Je commence. 10 heures : le quotidien vespéral met en titre que « l’armée de l’État hébreu annonce avoir récupéré les corps de trois otages dans la bande de Gaza. » Il n’indique pas que l’un d’eux était français. Soit qu’il s’en moque, soit qu’il ne voudrait pas susciter un réflexe d’empathie excessive ou d’antipathie pour ses ravisseurs. Soit les deux.

Je ne suis pas monomaniaque, c’est le monde qui l’est

12 heures : On apprend dans de nombreux médias que deux membres du Hamas, un père et un fils, ont avoué sans gêne à l’armée israélienne (qui les a capturés) avoir violé une jeune otage israélienne, avec l’aide d’un cousin, avant que de l’assassiner. Le Monde l’ignore encore. Il est vrai que dans l’inconscient tourmenté du féminisme de gauche, violer collectivement une Blanche n’est pas vraiment violer. Violer collectivement une Israélienne blanche devient presque un acte de résistance.

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18 heures : Le Monde et l’AFP annoncent que « la Cour internationale de justice ordonne à Israël d’arrêter immédiatement son offensive à Rafah ». En réalité, ce n’est pas cela. La Cour ordonne de cesser immédiatement « tout acte susceptible de conduire à la destruction de la population civile palestinienne ». Ce qui est différent. Le Monde omet également de préciser que le président de la Cour est un haut fonctionnaire libanais, pays en guerre avec Israël, et que son épouse, ambassadrice du Liban à l’Unesco, a applaudi le 7 octobre. Un peu comme Muzna, qui est l’épouse palestinienne de Benjamin Barthe, rédacteur adjoint au Monde chargé du Proche-Orient, et qui est poursuivie en justice pour la même cause. Surtout, Le Monde ne dit pas que, par une décision parallèle, la Cour a ordonné la libération immédiate et sans conditions de tous les otages. De là à penser que Le Monde s’en fout, des otages…

Vous voyez bien que je ne suis pas monomaniaque. Je n’ai même pas signalé cet interview de Jean-François Achilli par Judith Waintraub, dans le Figaro Magazine du même jour. Le journaliste a été viré comme un malpropre de France Info pour avoir envisagé d’écrire un livre avec Jordan Bardella. Les mêmes syndicats qui font grève pour le prépuce de Meurice se foutent presque autant d’Achilli qu’un journaliste du Monde d’un otage du Hamas. Eh bien Achilli explique que le traitement du 7 octobre par l’odieux visuel public, qui l’employait alors, a constitué à ses yeux une nouvelle dérive.

Je ne suis pas monomaniaque, c’est le monde qui l’est.

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De renoncement en renoncement

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie révèlent une nouvelle fois le décrochement français. Par faiblesse et lâcheté, la République cède sur tous les plans et jusque dans ses territoires, de métropole aux antipodes. Elle ne propose rien pour créer un imaginaire commun à son peuple en proie à la division.


Cela fait 80 ans que la France ne cesse de décrocher, c’est-à-dire de capituler et de fuir devant des adversaires violents qui lui arrachent territoires et zones d’influence. Le renoncement avec son lot d’alliés abandonnés et d’honneurs bafoués est devenu un sport national, très en vogue dans les cabinets ministériels et les assemblées.

Diên Biên Phu, 1954. Canal de Suez, 1956. Algérie, 1962. Sahel 2023-2024. Que de décrochages à l’extérieur !

Quartiers nord de Marseille. Seine-Saint-Denis. Zones de non-droit aux quatre coins de la métropole. Que de décrochages à l’intérieur ! 

Et maintenant la Nouvelle-Calédonie ? Les émeutes récentes à Nouméa vont-elles donner à la France une occasion de plus de décrocher ?

Il y a de quoi s’inquiéter lorsque l’on mesure l’appétit de la classe politique pour le rapetissement du pays. Nos chefs détestent tellement la grandeur, ils lui préfèrent l’insignifiance et l’incantation stérile. Ils sont comme un mari cocu qui, après avoir découvert qu’il est cocufié, décrète que tous les hommes de la terre doivent vivre cocus pour éviter un bain de sang. Peu avant l’explosion de la violence à Nouméa, Macron proposait de partager le bouton nucléaire avec l’Union européenne, ce qui revient à y renoncer. Perspective bien plus dramatique que l’idée de perdre des cailloux, certes verts et gorgés de nickel, à 17 000 km de Paris.

Nous nous y sommes habitués. À force de renoncements, nous ne faisons plus attention aux chutes d’objets en hauteur que l’on croyait éternels et gravés dans le marbre. La morale publique est par terre, on admet désormais que dockers, maires, greffiers, douaniers et directeurs de prison soient touchés par la corruption. Comme on admet que les finances publiques soient en ruine ainsi que l’éducation et la culture. Alors de là à perdre des poussières de l’ex-empire que l’on croyait pacifiées et francisées à jamais comme Mayotte ou la nouvelle Calédonie…

Le moteur est éteint

Convenons d’une chose. Si la France rend la Nouvelle-Calédonie aux Kanaks, alors les États-Unis doivent rendre Hawaï et la Californie à leurs peuples premiers, et dans la même foulée, les Anglais doivent rendre l’Angleterre aux Celtes dont quelques résidus subsistent au Pays de Galles.

Des peuples qui ne veulent pas s’assimiler à leurs vainqueurs, on en trouve même au cœur de l’Europe : les Catalans, les Basques, les Corses, les Gitans. Ce qui se joue véritablement en Nouvelle-Calédonie est la capacité d’une patrie à faire patrie au-delà du périphérique, à rayonner au-delà de sa capitale. La crise kanake est un cri strident dans l’obscurité : la lumière émise depuis Paris n’atteint plus le lointain archipel, elle ne réchauffe plus les cœurs et ne brûle plus les mains grossières qui veulent s’élever contre le drapeau tricolore.

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Mettons-nous à la place d’un jeune Kanak, doté d’un smartphone et connecté au wifi. Que voit-il de la France ? Que représente-t-elle pour lui ? 

Il voit des « enfants » à la tête du pays : Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Il voit Sandrine Rousseau qui se vante d’avoir déconstruit son mari et qui propose un délit de non-partage des tâches ménagères. Il voit Aymeric Caron qui disserte sur le droit à la vie des moustiques. Il voit l’Eurovision avec ses drag-queens et ses artistes ratés. Il voit des commissariats attaqués au mortier, il voit un pays qui ne rêve que de se dissoudre dans l’Union européenne.

Eh bien, je serais kanak, je rêverais de Pékin plutôt que de Paris ! De Xi Jinping plus que du mari de Sandrine Rousseau ! À quoi bon se fondre dans une procession funèbre qui n’en finit pas ! On s’assimile à la vie, pas à la mort.

Nous serions fous d’exiger d’un peuple vivant qu’il lève les yeux vers un astre mort.

La diversité = la discorde

Autre vérité dérangeante que cette crise kanake jette à notre figure comme un crachat : la bonne santé du racisme antiblanc. Quiconque doté d’yeux et d’oreilles le savait déjà, mais les grands témoins de l’époque qui officient sur BFM TV ne le savent pas, eux qui se disent ouverts sur le monde, mais le parcourent tel un cheval portant œillères. Ils sont sans doute ouverts sur leur Airbnb de Barcelone ou de Manille, certainement pas sur la nature humaine avec ses zones d’ombre et de lumière. Ils vont à Pretoria et ils ratent l’évidence du racisme antiblanc, ils descendent à Kingston et ils passent à côté, ils se font fusiller du regard à Harlem et ils ne se sentent pas concernés. Ils se font courser à Paris au cri de « sale blanc » et ils accusent l’extrême droite.

À Nouméa se joue crûment ce qui s’est joué à Crépol quelques mois plus tôt. On tue des Blancs parce qu’ils sont blancs. La diversité provoque le conflit plutôt que l’harmonie. Au premier abord, elle excite l’instinct de domination des uns et la peur de la subjugation des autres. Vais-je dominer ou être dominé ? C’est la première question que provoque le surgissement de l’Autre, la plus importante. La collaboration, l’empathie et la solidarité viennent beaucoup plus tard, quand la hiérarchie a été établie.

En Nouvelle-Calédonie, un groupe, le kanak, se sent dominé depuis cent soixante-dix ans. Il n’a jamais pardonné aux Blancs les crimes de la conquête et les rigueurs de la colonisation. On se pardonne volontiers au sein de son peuple, mais difficilement en dehors. La diversité ne connaît pas le pardon. Il suffit d’un rien (le dégel du corps électoral) pour que le volcan qui couve depuis des décennies entre en éruption.

La race n’est pas la seule source de discorde en Nouvelle-Calédonie. En réalité, trois légitimités se font face. La légitimité kanake (40 % de la population) est pleine et entière : même si les Kanaks ont perdu la guerre, personne ne peut leur enlever leur antériorité et leur droit d’« aînesse ». La légitimité caldoche (29 %) est tout à fait fondée. Les Caldoches ont créé une identité (que dis-je, une « race ») parfaitement acclimatée aux conditions locales, rustique, résiliente et dynamique. La légitimité asiatique et polynésienne (26 %) est défendable aussi, mais elle n’a pas de revendication politique, pour le moment. Arrivés les derniers, les travailleurs indonésiens, indochinois, tahitiens, wallisiens et futuniens, entre autres, n’ont pas formé d’identité commune, les communautés ne se mélangeant pas ou pas suffisamment.

Barrage indépendantiste dans le quartier de Magenta à Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 22 mai 2024. © Theo Rouby / AFP

Deux thèses se font face et elles se valent toutes. Que faire ?

L’Histoire a vu un règlement définitif à ce genre de problème par le génocide.

Les Anglo-Saxons ont effacé la légitimité amérindienne de la surface de l’Amérique du Nord par le massacre systémique. Dans leur histoire coloniale, les Français ont heureusement renoncé à cette voie, n’en déplaise aux marchands de repentance. Une autre « solution » réside dans le métissage. Le Brésil en est l’emblème absolu, il ne connaît aucun mouvement indépendantiste alors que son territoire est immense et très mal contrôlé par les autorités. Cela dit, le Français n’est pas le Portugais, fasciné par la femme noire ou exotique. Il veut bien la « connaître », mais point la prendre comme épouse légitime. En cela, il est plus proche de l’Anglo-Saxon que du Lusophone. Et pour être fidèle à la vérité historique, aucun métissage de masse n’a eu lieu par génération spontanée. Au Brésil, le viol a métissé probablement autant que l’union libre entre adultes consentants.

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Des métis sont recensés en Nouvelle-Calédonie, mais ils ne sont pas assez nombreux pour créer une identité calédonienne nouvelle qui supplante les autres ou du moins brise leur monopole de l’authenticité. Qu’y a-t-il de plus authentique qu’un métis issu du mélange du sang de peuples qui se sont donné rendez-vous en Nouvelle-Calédonie et nulle part ailleurs ?

Il ne reste plus que la Politique pour faire fonctionner la Diversité. Dubaï et Singapour offrent le modèle d’un vivre-ensemble paisible et prospère où des races et des cultures qui se trucident habituellement vivent en parfaite harmonie sous le joug d’un État dictatorial. Dans l’Histoire, les empires ont admirablement géré la Diversité en s’interposant entre ses composants. L’Empire ottoman a fait vivre ensemble juifs, catholiques, orthodoxes, yézidis, Druzes, chiites et sunnites. L’Empire chérifien a fait cohabiter juifs et musulmans, à une condition cependant : que le statut des juifs soit inférieur à celui des musulmans. Du moment que la hiérarchie est établie et acceptée par tous, le vivre-ensemble devient possible, car les dominateurs ne craignent plus d’être renversés et les dominés reçoivent les avantages qui découlent de leur loyauté.

Que faire dans un cadre mental et légal fondé sur l’égalité, une douce illusion certes, mais qui demeure la pierre angulaire de l’univers mental français ?

Recréer la fraternité

Pour continuer à être sincères, disons qu’il n’y a rien à faire de définitif. Il faut vivre avec les conséquences de la diversité comme l’on vit avec l’herpès. On n’en guérit jamais. Ça va, ça vient. Entre deux crises, on a une vie normale. Et pour éviter de souffrir en excès lors des rechutes, l’on prend un traitement qui aplanit la courbe lorsque l’inflammation se présente. Cette thérapeutique consiste à divertir la Diversité. Il y a plusieurs manières de le faire, les bonnes et les mauvaises du point de vue moral.

Je serais machiavélique, j’inonderais le monde kanak d’idéologie LGBTQIA+, de #MeToo, de rap et de sucre, entre autres fléaux qui affaiblissent les hommes de 15 à 25 ans, la seule ressource révolutionnaire que le monde ait connue. Au lieu de fermer TikTok, je le rendrais obligatoire comme obligatoire est le port de la carte d’identité nationale : aucun cerveau ne peut tenir le coup à base de soixante minutes de TikTok chaque jour. À l’inverse et si l’on veut garder les mains propres, on divertira la Diversité en lui donnant un objet sur lequel se défouler. Au lieu de maintenir le huis clos insulaire, on ouvrira les fenêtres vers l’extérieur pour écouler le surplus de haine et de ressentiment. On scrutera l’horizon pour se trouver un adversaire commun, au loin. Car il vaut mieux se défouler sur un Afghan ou un Somalien que sur son voisin de palier.

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La France l’a fait, il n’y a pas si longtemps, elle pourrait le refaire. Durant la Seconde Guerre mondiale, goumiers musulmans et tirailleurs africains se sont battus à ses côtés en toute sincérité et en toute fidélité. Un ennemi commun et des bons chefs ont permis de forger l’union là où il n’y avait que la discorde. Il faudrait donner à la France entière, pas seulement à la Nouvelle-Calédonie, un projet impérial, un projet de grandeur, où chaque communauté projette sa part d’ombre à l’extérieur de la maison commune. Un projet ambitieux et « universel » où les individus mettent en commun leur pulsion de mort et leur instinct belliqueux pour fonder une fraternité nouvelle, insensible aux frontières ethniques et religieuses. Peut-être que la seule fraternité possible est celle des armes. Peut-être que le seul moyen d’éviter que Caïn et Abel ne s’entretuent consiste à leur donner un ennemi commun. Un ennemi à tuer, à déconstruire, à punir d’avoir envahi l’Ukraine ou l’Arménie, à sauver malgré lui de la crise climatique… 

Au-delà de la métaphore guerrière, il est grand temps que la France ne se résume plus au recyclage et au compostage. Le pays crève du manque d’ambition. Il a besoin de renouveler son sang, de le tremper à nouveau au contact de défis à la mesure de sa grandeur. Au lieu de faire l’Europe des scribes à Bruxelles, nous ferions mieux de faire une Europe des centurions, aux services de nos intérêts et gouvernée depuis Strasbourg. Une Europe où « nos » Calédoniens, nos DOMIENS, nos Arabes et nos Gaulois auraient le dernier mot face aux Germains et aux Anglo-Saxons.

En attendant, le régime va probablement faire un chèque aux violents pour les amadouer et aux victimes de pillage pour les aider à réenclencher la machine économique. Et la vérité nous redonnera rendez-vous dans dix ou vingt ans…

Un « Cosi fan tutte » miné par l’abstraction

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Mais notre contributeur nous invite tout de même à aller voir ce testament intemporel de Mozart!


En 1790, Mozart, à 34 ans, très affaibli, n’a plus qu’un an à vivre. Il a fêté la Saint-Sylestre chez lui, dans son petit appartement viennois, avec Haydn et son très fortuné protecteur, le « frère » en Maçonnerie Puchberg, lequel lui dispute âprement, gagés sur ses futurs honoraires, les florins que lui quémande régulièrement le compositeur aux abois.  Commande de Joseph II, empereur lui-même malade au point que celui-ci n’assistera à aucune représentation de l’opéra, et meurt d’ailleurs dès le mois de février de cette même année, Cosi fan tutte ne naît pas sous les meilleurs auspices. Lorenzo da Ponte en a écrit le livret : après les Noces de Figaro et Don Giovanni, son ultime opus mozartien.

Peu plausible dans la réalité, l’intrigue n’en est pas moins, selon les conventions du temps, parfaitement vraisemblable sur scène: deux amis, Ferrando et Guglielmo, pour tester la fidélité de leurs fiancées Dorabella et Fiordiligi, font mine d’être mobilisés et de devoir partir à la guerre. Alors que la soubrette Despina invite les demoiselles à prendre du bon temps en leur absence, les deux gusses se déguisent en « Albanais », chacun draguant la promise de l’autre… Morale de l’histoire : la libido étant ce qu’elle est, « Ainsi font-elles toutes ! ». Opéra buffa composite, Cosi…, sous ses dehors de comédie burlesque, a les mêmes accents sacrés qui, en 1791, caractériseront La Flûte enchantée, le sublime testament lyrique de Mozart.

Le 10 juin dernier, en assistant à la première à l’Opéra-Bastille dans la régie de la chorégraphe Anne Teresa De Keermaeker millésimée 2017 et dont c’est à présent la troisième reprise (en 2020, les représentations avaient été annulées pour cause de Covid), nous revenait en mémoire, par comparaison, la vibrante mise en scène de Patrice Chéreau, au Palais Garnier, sur des décors de Richard Peduzzi.  Ou encore celle, tellement inventive, de Dmitri Tcherniakov, l’an passé, à Aix-en-Provence.

« Cosi fan tutte » à l’Opéra Garnier à Paris, le 7 juin 2024. © Benoîte Fanton / Opéra national de Paris

Il faut donner chair à la thématique échangiste qui préside à l’intrigue. Sinon ça ne colle pas. Or l’abstraction géométrique dans laquelle la présente mise en scène enferme les protagonistes– le quadrilatère de arrière-scène entièrement ripoliné de blanc, sous une lumière glaciale (qui colorera transitoirement –  pour figurer l’éréthisme orgasmique, qui sait ?) se double d’une chorégraphie qui voit les chanteurs, de bout en bout, flanqués de danseurs virevoltant autour d’eux et qui leur impriment, comme par contagion, d’inquiétantes flexions corporelles… Le résultat, c’est que l’attention du spectateur, au lieu de se concentrer sur les protagonistes, est constamment distraite par ces doublons grotesques, mal attifés et pas spécialement beaux. Sans que n’advienne l’osmose entre le chant et le corps que d’un tel parti pris l’on serait en droit d’attendre…

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Bref, comme souvent à l’opéra, il faut donc s’en remettre à la partition pour savourer ce chef-d’œuvre inégalable. Sous la baguette de Pablo Heras-Casado, l’Orchestre de l’Opéra de Paris en restitue toute la délicatesse et la suavité. Ferrando, sous les traits du ténor canadien Josh Lovell, est aussi convainquant vocalement que son compatriote le baryton-basse Gordon Bintner, qui campe un Guglielmo de bonne facture. La toute jeune soprano coréenne Hera Hyesang Park fait une Despina espiègle, à la ligne de chant limpide. Si Vannina Santoni, dans le rôle de Fiordiligi, n’était pas dans sa meilleure forme lors de la première, c’est une de nos meilleures sopranos. Quant aux arias de l’Américaine Angela Brower en Dorabella, ils vous enchaînent si puissamment qu’on se prend d’impatience à la retrouver dans ce même emploi, le 24 septembre prochain, au Théâtre des Champs Élysées, mais cette fois dans un Cosi en version concert : l’assurance que le spectacle ne vous gâche pas la musique…


Cosi fan tutte, Opéra buffa en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart. Direction : Pablo-Heras-Casado. Mise en scène et chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Avec Vannina Santoni (Fiordiligi), Angela Brower (Dorabella), Hera Hyesang Park (Despina), Josh Lovell (Ferrando), Gordon Bintner (Guglielmo), Paulo Szot (Don Alfonso). Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris. Et les danseurs de la Compagnie Rosas.

Palais Garnier, les 15, 18, 21, 24, 26 juin et 1, 3, 5, 9 juillet à 19h30. Le 7 juillet à 14h30.
Durée : 3h25
Cosi fan tutte en version concertµ
Direction : Marc Minkowski. Les Musiciens du Louvre. Avec Ana Maria Labin, Angela Brower, James Ley, Leon Kosavic, Miriam Albano, Alexandre Duhamel.
Théâtre des Champs-Elysées, le 24 septembre à 19h30.
Durée : 3h.

La droite la plus lâche du monde ?

Si pour Elisabeth Lévy la France a la droite la plus bête du monde, pour Philippe Bilger c’est encore plus grave… 


Éric Ciotti est-il toujours président de LR ? La décision judiciaire du débat sur son sort sera connue ce soir, après que le bureau politique l’a à nouveau exclu. Il faut en tout cas le remercier de permettre à beaucoup de médias et de citoyens de faire des gorges chaudes sur la tonalité vaudevillesque de ces derniers jours et de le tourner en dérision, lui qui le 11 juin a annoncé un rapprochement électoral avec le RN. Chacun y va de sa moquerie, de son mot d’esprit, de ses attaques sur sa personne.

De telle sorte que s’abandonner à cette drôlerie collective – est-elle si réjouissante ? – a fait totalement oublier le fond du débat et l’intérêt ou non de la solution qu’il a proposée, sans en parler à quiconque auparavant. En réalité, son énorme faute réside dans cette solitude. Sa trahison, à mon sens, est moins dans la substance de son initiative que dans ses modalités médiatiques. On peut tout à fait lui imputer des ambitions électorales ou ministérielles sans que son pavé dans la mare du politiquement et médiatiquement correct soit moins passionnant à analyser.

La droite la plus lâche du monde ?

En tout cas j’éprouve la plus profonde admiration pour la gauche socialiste, pour les écologistes de Marine Tondelier toujours au premier plan, pour les communistes, et, d’une certaine manière aussi pour LFI et le NPA ! Quel courage ont eu ces partis, quelle superbe indifférence au jugement d’autrui, ils n’ont pas eu besoin de la permission de la droite pour, en quatre jours, oublier ce qui les avait séparés et se préparer à livrer de concert la bataille des élections législatives !

L’histoire de la gauche et de l’extrême gauche est au fond le récit d’un réalisme tellement dominant qu’on pourrait le qualifier de cynisme. Elles se fabriquent, à intervalles réguliers, un ennemi dont elles surestiment délibérément le danger et qui les rassemble. Comme le « fascisme » est à nos portes, il est urgent d’occulter tout ce qui est moral et de mener la lutte qui ne sera jamais finale puisque la démocratie a beau exister, elle compte peu face aux prurits révolutionnaires qui n’attendaient par exemple que la déroute du macronisme et le triomphe du RN pour reprendre toute leur vigueur.

Le pragmatisme sans s’encombrer de morale pour les alliances est donc à gauche ; et la moraline exigée de la droite. Une inégalité qui loin de s’atténuer s’amplifie.

François Mitterrand n’était pas communiste et il a fait l’union avec le parti communiste sans barguigner, en dépit du passé et du présent d’alors de ce dernier.

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François Hollande qui avait dénoncé vigoureusement LFI et Jean-Luc Mélenchon, n’a rien trouvé à redire à la miraculeuse coalition de la gauche socialiste avec l’extrême gauche. L’indécence serait pour lui la nomination de Jean-Luc Mélanchon comme Premier ministre mais non cette union tirée par les cheveux et dénuée de toute éthique.

NPA est dans le Front populaire, pourtant Philippe Poutou a proféré des horreurs après le pogrom du 7 octobre.

Il n’y a que des détails vite réglés qui auraient pu interdire la réconciliation enthousiaste avec LFI et un JLM qui avec habileté a su faire le modeste. Ce parti, globalement ou par l’entremise de certains de ses députés ou de la bouche même de JLM, entre autres est antisémite, hait Israël, défend le Hamas qui n’est pas « terroriste » mais « résiste », pourfend la police qui « tue », brandit des drapeaux palestiniens et suscite un désordre et une vulgarité parlementaires guère éloignés d’un antiparlementarisme.

Broutilles donc qui n’ont pas fait hésiter une seconde les forces de gauche pour se dresser, avec ce parti hier honni, contre le RN qui a eu l’énorme tort républicain d’avoir été placé en tête par une multitude de citoyens, ceci quasiment dans toute la France. Comment ne pas être estomaqué par une telle audace, un tel mépris des convenances, un tel sens de l’efficacité, une volonté si affichée de victoire, une telle certitude d’avoir raison et de devoir tout faire pour éviter à la France le sort funeste d’une droite républicaine et d’une droite extrême réunies ? Même Raphaël Glucksmann, avec mille scrupules, s’est plié à cette chape de plomb !

Je me moque mais il n’y a pas de quoi.

Triste droite…

En face on a une droite qui depuis l’intervention d’Éric Ciotti se couvre la tête de cendres, invoque de Gaulle (celui-ci tout au long de sa vie, notamment sur le plan international et dans certains de ses choix à la Libération, a pourtant été un pragmatique indifférent au qu’en dira-t-on), Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy comme si ceux-ci avaient été des exemples et demeuraient, morts ou vivants, des guides moraux, délire dans des dénonciations ridicules par leur outrance, se pose en juge alors que les principales personnalités qui se sont exprimées ont largement mis la main dans le déclin de leur camp – Valérie Pécresse notamment – et dans la totale éradication de la fierté intelligente et argumentée d’être de droite.

La droite de LR est aux antipodes d’une domestication par le RN mais au moins la ferait échapper à la peur de son ombre et à celle de s’allier pour des motifs électoraux. Sur le plan régalien, LR et RN sont proches. Le comble est que ceux qui ont tout fait pour tirer de la réalité des leçons lucides en matière de sécurité, d’autorité et de justice feignent aujourd’hui de jouer les vierges effarouchées.

Je ne demande pas à la droite d’avoir une témérité sans morale comme la gauche de ces derniers jours mais au moins de ne pas se camper dans une faiblesse qui la soumet au diktat que ses adversaires lui imposent, lui interdit de prendre acte des évolutions du RN sous l’égide de Marine Le Pen et surtout, en contestant la réalité d’une dédiabolisation comme la gauche, la prive de toute analyse politique au profit d’un confortable opprobre moralisateur.

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Si on examine le cours de l’Histoire, on est obligé de constater que l’extrême gauche, désaccordée d’une conception équilibrée, pacifique et civilisée de la République, suscite de plus en plus de suffrages, médiatiquement et politiquement, tandis que le RN qui n’a cessé d’opérer une authentique normalisation continue à être traité comme s’il était demeuré fidèle à ses origines sulfureuses et à l’ère de Jean-Marie Le Pen.

Que je sache, nous sommes en démocratie et, si la droite est vraiment indépendante, elle a précisément la faculté, sans peur ni lâcheté, de s’allier avec qui elle veut. De grâce, que le discours sur les valeurs soit autre chose qu’un cache-misère politique et électoral !

La droite la plus lâche du monde ?

Un signe de plus. Qu’il faille estimer François-Xavier Bellamy parce qu’il énonce cette évidence que faute de candidat LR il voterait pour le RN plus que pour l’extrême gauche, montre à quel degré de pusillanimité le parti est tombé. Le président du Sénat ose affirmer « qu’il irait à la pêche » s’il avait ce choix à effectuer ! Une honte!

Triste droite.

Une exigence et un regret pour finir.

Le débat sur les alliances de LR est trop important pour être laissé au seul bureau politique. Les militants doivent se prononcer.

Le seul grave reproche à imputer au président Ciotti est de n’avoir pas eu l’honnêteté de livrer, de manière transparente, cette réflexion capitale à tous ceux qui croient plus que jamais, contre le macronisme mou et l’extrême gauche dangereuse – on le voit chaque soir et le 7 juillet au soir puis les jours suivants probablement davantage encore -, à une droite assurée d’elle-même.

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Néoféminisme: les «allumeuses» au bucher !

Dans un bouquin, Christine Van Geen entend « déconstruire » le stéréotype de l’allumeuse, « figure culturelle et littéraire de la misogynie ». Original…


Femmes, la lutte que nous menons de toute éternité contre le patriarcat connaît depuis #MeToo des avancées fulgurantes ; nous voici sur le point de tordre le cou à la bête immonde. Nos intellectuelles, femmes puissantes s’il en est, entrent enfin dans la danse aux côtés des artistes ; leur ambition : débusquer le porc de toute soie, où qu’il fouisse. 

Un terme bâillon apparu en 1850

En 2023, on avait salué le brillant essai de l’universitaire Jennifer Tamas intitulé Au non des femmes, cet ouvrage de qualité invitait à poser sur nos textes classiques un œil neuf et libéré de siècles d’interprétation patriarcale pour y déceler la discrète révolte des héroïnes du Grand Siècle contre la mâle sujétion. Dans Allumeuse, opus éclairant, Christine Van Geen, normalienne, docteur et agrégée de philosophie « déconstruit » maintenant le stéréotype de l’allumeuse : « figure culturelle, littéraire et mythologique structurante de la misogynie ».

Quand un viril prédateur traite une femme d’allumeuse, explique-t-elle, cela sonne d’une manière légère et en apparence exempte de la violence que recèlent les épithètes « pute » ou « salope ». Pourtant celles que l’intempérant frustré qualifie ainsi sans qu’on ne s’en émeuve seraient souvent victimes de « violences sexistes », les allumés prétendant qu’elles auraient délibérément aguiché pour mieux se refuser. « Allumeuse » serait, d’après notre lumineuse philosophe, « un terme bâillon » employé par les hommes et qui sous-entend : « tu l’as bien cherché et tu ne peux pas dire le contraire. » Il n’y aurait donc pas d’allumeuse sans une frustration couplée à une lâcheté masculines. Forte de cette découverte (Majeure pour la cause féminine, on en convient), notre femme-lumière se propose d’installer enfin l’électricité dans la caverne de ses sœurs pour attiser la flamme de leur résistance contre l’oppression patriarcale ; son but : éveiller la gent féminine à l’asymétrie qui existe en matière de consentement entre elle et les mâles. Soit.

Notre femme savante commence et ça n’est pas pour le coup inintéressant, par exposer l’origine du terme allumeuse : « Le mot est apparu vers 1850, notamment dans l’argot des policiers, qui appellent « allumeuse » une prostituée qui ne devait apparaître dans les rues qu’au moment de l’allumage des réverbères. » L’allumeuse, d’abord fille des rues, devient dans le langage cru de la fin d’un XIXe siècle misogyne celle qui attise le désir sans le contenter. On trouve la première occurrence de ce terme sous la plume de Joris-Karl Huysmans, dans son roman, Là-Bas. Le héros se dérobe au moment d’étreindre la femme mariée qu’il avait séduite, terrorisé par l’appétit charnel de la dame : « Se rend-elle compte combien les soubresauts charnels sont grotesques. Ou bien est-elle, ce que je crois, une mélancolique et terrible allumeuse qui ne songe qu’à elle (…) » Las ! Après cet intéressant préambule, Christine Van Geen surfe ensuite sur l’air corrompu du temps et enivre ses lecteurs des vapeurs délétères de l’idéologie néo-féministe, formatant ainsi leur pensée. Notre Bélise plaque tout d’abord sa doctrine sur la mythologie, la littérature et les arts puis élargit sa démonstration au rap et à la représentation des femmes dans notre culture actuelle. 

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Embarquons : au commencement est Ève : première tentatrice face au premier couard, certainement émasculé : « La Genèse n’est pas le récit de la première tentatrice. C’est l’histoire du premier lâche. » Suivent Salomé, Cassandre, Galatée, la Lorelei ou les Sirènes d’Ulysse. Puis, on écornifle au passage ces salauds de bourgeois occidentaux décadents qui fantasment depuis le XIXe siècle sur un Orient dévolu au seul assouvissement des désirs dominants et dépravés de la race colonisatrice. « L’Orient vu par les Occidentaux est le lieu par excellence de la projection des fantasmes sur un « autre » imaginaire. Les bourgeois occidentaux se prennent de passion pour les images de caravanes de chameaux, d’odalisques voluptueuses en leurs harems (…) Cet Orient fantasmatique n’a rien de réel. Il est le miroir de désirs de domination violente et de sensualité débridée (…) Il construit le regard du colon, fasciné par cet objet à la fois inférieur et infiniment désirable. » 

Des pistes pour se soustraire à l’emprise

La philosophe s’appuie ensuite, sans surprise, sur une figure plus contemporaine, Marilyn Monroe, afin de décrire le malheur des femmes contraintes à sur-jouer leur féminité pour tirer leur épingle du jeu dans un monde fait pour les hommes. Entrer ainsi dans le jeu masculin ne sert qu’à diviser les femmes entre elles et par là même à les inféoder davantage à la mâle férule : « Les femmes sont perdantes sur tous les tableaux lorsqu’elles croient à la fable de leur pouvoir censément « magique » de séduction : elles perdent l’accès aux moyens de production en voulant être perçues comme féminines et désirables (…) « Le marché à la bonne meuf », comme l’appelle Virginie Despentes dans King Kong Théorie, est bien le seul champ qu’on laisse à l’exercice d’un pouvoir féminin, si on définit cette « féminité » comme une capacité magique d’allumer le désir. Dans ce marché, seule les belles et les jeunes sont en lice. Les autres, les « moches », les « mal baisées », les « imbaisables », sont déféminisées parce que non conformes aux canons de la beauté en vigueur. » On est d’accord, c’est dégueulasse tout comme la réussite à l’École Normale Supérieure et à l’agrégation de notre penseuse (panseuse), concours qui exclut, à ce qu’on en sait, les atrophié.e.s. du bulbe.

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Comment échapper alors au redoutable piège tendu ? Il difficile de dire aux femmes soumises à l’injonction de plaire depuis toujours pour survivre : « Écoutez-vous et cessez de plaire » concède Christine Van Geen. Néanmoins, elle n’est pas sans proposer des pistes pour se soustraire à l’emprise masculine. Aussi, mesdames, sachez que : « Une femme qui cesse volontairement de séduire sort du domaine des jugements (…) Elle vole un corps, le sien au patriarcat » ; adoptez la « moche attitude ». Autre façon de procéder : performer l’archétype proposé ; « forcer le trait », jouer avec dans le « drag », « hommes, femmes, homos, hétéros, trans, faisant exploser les codes de la séduction. » Mes ami.e.s,  à vos plateformes ; que la fête du slip commence ! Et surtout, que les femmes reprennent au langage ce qu’il a fait au féminin parce que : « La langue est raptée, comme l’est leur désir. Se réapproprier les corps, c’est aussi réinvestir les mots. Utiliser le féminin pour les noms d’activité et de métiers, comme on impose son corps, sans chercher, à plaire ». Un seul credo, donc : « Déplaisez-vous les uns les autres. » 

De la menace que constituent les nouveaux « allumés » (de tout poil, si j’ose dire) issus d’autres racines que les détestables racines judéo-chrétiennes, qu’on se rassure, il ne sera jamais question dans cet essai. Entre érudition assenée et injonctions servies par une écriture sans grâce, on tient là un texte qui marquera, on n’en doute pas une seconde, l’histoire du féminisme. 

Rien de bien novateur dans cet écrit, donc. Il sert scolairement l’idéologie néo- féministe mâtinée de wokisme en vogue. En réac, on s’accorde à penser avec Flaubert (Lettre à Louise Colet du 11 septembre 1846) que décidément : « Le Philosophe est d’ordinaire une espèce d’être bâtard entre le Savant et le Poète et qui porte envie à l’un et à l’autre. La métaphysique vous met beaucoup d’âcreté dans le sang. »

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La morale des planqués

Auteur de best-sellers, Marc Lévy a livré le 21 avril son analyse politique de la situation dans laquelle nous nous trouvons, sur le plateau de Laurent Delahousse. Un peu hors sol.


Invité de Laurent Delahousse sur France 2, Marc Lévy, auteur de best-sellers planétaires, a délivré aux téléspectateurs une émouvante leçon de politique. De façon extrêmement originale, il a dénoncé les populismes qui sapent les démocraties occidentales. Prenant des risques inouïs, il a dénoncé les fake news des réseaux sociaux et la culture de post-vérité qui anime l’extrême droite. Quitte à choquer, il a séparé l’échiquier politique occidental entre les forces du bien et celles du mal. Audacieux, il a reproché à ces dernières de « créer des peurs » (infondées) ou « d’inventer des ennemis » (imaginaires).

On peut donc conclure qu’il ne faut pas craindre les changements culturels qu’induit l’immigration massive, et que les islamistes ne pourraient constituer des ennemis réels. En revanche, l’apocalypse climatique ne figure pas au catalogue des peurs irrationnelles du romancier, alors que les thuriféraires du programme gaullo-chiraquien de Marine Le Pen constituent les vrais ennemis de nos démocraties. L’auteur aux 50 millions de livres vendus ne pense certainement pas qu’on puisse qualifier de fake news des assertions comme « à l’école, le niveau monte », ou « aucun lien entre immigration et insécurité ». S’il s’inquiète (légitimement) des livres brûlés dans certains États américains républicains, il ne souffle mot des autodafés organisés par les progressistes d’Amérique du Nord.

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Marc Lévy ne voit pas la différence flagrante qui existe entre les deux principales composantes occidentales. Les États-Unis d’un côté, puissance économique et militaire éclatante, assise sur les Gafam et une immigration chrétienne intégrable. De l’autre, une Europe bureaucratique largement désarmée, menacée par une Afrique musulmane revancharde et une Russie à laquelle la progressiste Angela Merkel a vendu son pays.

Surtout, ce multimillionnaire dispense ses lénifiantes leçons de morale depuis… Manhattan, où il vit depuis 2008 ! À l’instar d’Omar Sy – lui, depuis la Californie –, est-il envisageable que les donneurs de leçons, exilés sous des cieux plus cléments, envisagent une pudique mise en veilleuse de leur irritante moraline ?

À la soupe !


Décidément, tous les égouts et les couleuvres sont dans la nature profonde de la social-médiocratie française. Que ne feraient-ils pas pour une gamelle bien remplie, jusqu’où n’iraient-ils pas dans la compromission, le déshonneur, l’indécence pour conquérir ou garder un bout de banquette cramoisie dans les palais de la République ?
En deux nuits de marchandages de très bas étage, voilà bien que Place publique se mue en fille publique, se vendant corps et âme (quelle âme, me direz-vous ?) à la gloutonnerie mélenchonienne. Voilà bien que le PS en miettes se prostitue pour d’autres miettes, celles que consentiront à lui laisser ceux, les aboyeurs de l’Assemblée, les thuriféraires du Hamas, les nostalgiques de la terreur robespierriste, les promoteurs de cette nouvelle « solution finale » que serait la disparition pure et simple de l’État d’Israël, ceux, donc, qui dans la fange de cette partouze politicarde seront les véritables maîtres tout simplement parce qu’ils sont les plus violents. Les autres se coucheront. Ils ont un talent tout naturel pour cet exercice, semble-t-il.
Le label Nupes n’étant plus aussi vendeur qu’il le fut voilà à peine deux ans et demi, on ravale la façade en Front Populaire. Pourquoi se gêner ?
Pillage et saccage seraient donc bien aussi les deux mamelles de cette France-là, la France à la Rose. Pillage de l’enseigne, saccage de l’héritage. On ne meurt que deux fois, dit-on. Pour Léon Blum, la seconde fois c’était à l’heure même où les tristes pitres qui se prétendent ses continuateurs signaient l’accord de la honte.

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Quand De Gaulle, Giscard et Chirac étaient (bien) plus à droite que «l’extrême droite»

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Si Jordan Bardella est d’extrême droite, en raison notamment des positions du RN sur l’immigration, où classer du coup le général de Gaulle et ses pâles épigones ? Les pudeurs de gazelle des dirigeants LR vis-à-vis de toute alliance électorale sont-elles vraiment justifiées ?


« Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très intelligents. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » Ainsi s’exprime le général de Gaulle auprès d’Alain Peyrefitte en 1959, durant la guerre d’Algérie1.

Les gaullistes sont devenus conformistes

Pour le président de la République, qui considère que « nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture gréco-latine et de religion chrétienne », l’intégration est une « entourloupe » vouée à l’échec. « Avez-vous songé que les musulmans se multiplieront par deux, puis par cinq, pendant que la population française restera presque stationnaire ? C’est un tour de passe-passe puéril ! », martèle-t-il à son interlocuteur, avant de conclure : « Vous voyez un président arabe à l’Élysée ? » Le général préférera donc accorder l’indépendance à l’Algérie. Après la signature des accords d’Évian en mars 1962, près de 70 000 anciens supplétifs de l’armée française et leur famille (selon les dernières estimations des historiens) sont torturés et massacrés par la population locale sans que la France n’intervienne. « Nous ne devons pas nous laisser envahir par la main-d’œuvre algérienne, qu’elle se fasse ou non passer pour des harkis ! Si nous n’y prenions pas garde, tous les Algériens viendraient s’installer en France », déclare le chef de l’État en Conseil des ministres, quelques mois plus tard2. Alors Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Renaud Muselier, Laurent Wauquiez, Jean-François Copé et consorts, toujours gaullistes ?

Il y a quelque chose de loufoque à voir certaines grandes figures de la droite autoproclamée « républicaine » évoquer pompeusement le général de Gaulle, la croix de Lorraine, l’esprit de la Résistance ou Munich pour vilipender une éventuelle alliance électorale avec « l’extrême droite ».

Nos si conformistes « gaullistes » du XXIe siècle, visiblement fort soucieux de leur image dans les médias, refusent donc de se livrer à une telle « infamie », pour reprendre les termes de Renaud Muselier. La France est en train de couler mais leur vertu elle, reste à flot, c’est l’essentiel. Pendant ce temps, la gauche est prête à se regrouper sans barguigner autour d’un parti de plus en plus antisémite et de moins en moins républicain (avec la complaisance ahurissante de ces mêmes médias)… On serait d’ailleurs très curieux de connaître la définition précise de ce qu’est « l’extrême droite » aux yeux de nos « gaullistes » du dimanche. Ignorent-ils que les premiers à rallier l’homme du 18 juin à Londres en 1940 viennent pour la plupart de l’extrême droite, la vraie ?  

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Sur le plan historique, un parti d’extrême droite qui accepte le jeu démocratique, refuse la violence, défend la laïcité, combat l’antisémitisme, ne remet pas en cause le mariage homosexuel et va même jusqu’à voter la constitutionnalisation du droit à l’IVG serait une grande première. Signe que les temps ont décidément bien changé, c’est la simple critique de l’immigration et de ses effets pervers, la défense des frontières ou des positions fermes sur la sécurité qui vous extrême-droitise automatiquement de nos jours, alors même que ces idées étaient partagées et considérées comme le bon sens le plus élémentaire par la plupart des partis politiques de droite comme de gauche sous la IIIe, IVe et Ve République, jusqu’au Parti communiste de Georges Marchais à la fin des années 1970. Dans les années 1980 le RPR de Jacques Chirac, qui se veut l’héritier du gaullisme, préconise en sus de la restriction de l’accès aux allocations familiales, la suppression du droit du sol et l’expulsion des immigrés au chômage depuis plus de deux ans. Soit le programme de « l’extrême droite » aujourd’hui.

Quand Valéry Giscard d’Estaing plaidait pour le droit du sang dans Le Figaro

C’est une époque où le RPR s’allie avec le FN à Dreux, lors des élections municipales de 1983, avec l’assentiment de la plupart des têtes d’affiche de la droite républicaine dont Alain Juppé et Jean-Claude Gaudin, pour qui l’essentiel est de « battre l’adversaire socialo-communiste ». Jean-Claude Gaudin, dont le fils spirituel et bras droit à Marseille sera un certain Renaud Muselier. C’est une époque où le chef de l’opposition de droite, Jacques Chirac, vote à l’Assemblée contre la dépénalisation de l’homosexualité (en 1982) et fait lors d’un meeting à Marseille (en 1988) un éloge décomplexé de ce qui est devenu depuis un crime contre l’humanité : « Je suis fier du passé, de l’œuvre coloniale de la France. Il n’y a que les intello-gaucho-masochistes pour critiquer cela. C’est pourtant une image superbe de la France. Quand Jacques Médecin inaugure à Nice une place de l’Indochine, je dis qu’il a raison. » Sans oublier l’envolée lyrique sur « le bruit et les odeurs » entre deux verres de pinard, lors d’un dîner-débat à Orléans (en 1991) devant 1 300 militants hilares3

L’année précédente, les états généraux de la droite (RPR et UDF) réunis à Villepinte prônent une politique d’assimilation stricte, la fermeture des frontières, l’expulsion rapide des clandestins, la limitation du droit d’asile et du regroupement familial, tout en proclamant l’incompatibilité entre l’islam et nos lois. « L’islam n’apparaît pas conforme à nos fondements sociaux et semble incompatible avec le droit français », affirment en cœur les signataires du texte final parmi lesquels Chirac, Giscard, mais aussi Sarkozy, Bayrou ou Juppé. Même le RN n’ose plus défendre en 2024 une telle position, tenue désormais par le seul Éric Zemmour. Dans un article publié en septembre 1991 dans Le Figaro, intitulé « Immigration ou invasion », le crypto-fasciste Valéry Giscard d’Estaing préconise l’abandon du droit du sol au profit du droit du sang et écrit notamment, parenthèses incluses : « Le type de problème actuel auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l’immigration (arrivée d’étrangers désireux de s’installer dans le pays) vers celui de l’invasion (action d’entrer, de se répandre soudainement, selon la définition donnée par Littré). »

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Ironie de l’histoire et nonobstant l’anachronisme, Jordan Bardella et Marine le Pen feraient aisément figure de gauchistes face aux radicaux-socialistes d’il y a même pas un siècle, preuve que la « fascisation » du Rassemblement national – ce que le peu flatteur terme d’« extrême droite » insinue en creux est pour le moins vaseuse. En 1938, un vrai « munichois », pour le coup, le président du Conseil Édouard Daladier, partisan de la préférence nationale en matière d’emploi, promulgue un décret-loi sur la police des étrangers qui prévoit l’internement de tous les « indésirables étrangers », puis « de tout individu considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les propriétaires ont l’obligation de déclarer l’hébergement de toute personne non française. À l’époque, ce sont essentiellement les Juifs venus d’Europe centrale qui sont visés. L’ancien ministre des Colonies du Cartel des gauches fait de la lutte contre l’avortement son autre cheval de bataille et se félicite de mener une politique favorisant « la répression des vices et la lutte contre les fléaux sociaux qui constituent autant de dangers pour l’avenir de la race ». En 1939, le nombre des affaires d’avortement instruites devant les tribunaux explosera, passant de 90 procès au premier trimestre à 277 au deuxième et 509 au troisième.

Chaque parti politique a un placard à cadavres

Au-delà de ses positions sur l’immigration, la diabolisation du Rassemblement national malgré son évolution politique depuis 2011, son changement de nom et la volonté de Marine Le Pen de le « respectabiliser », vient essentiellement des dérapages antisémites de son père et de l’origine du parti. Ses nombreux contempteurs rappellent régulièrement que le Front national, fondé en 1972, compte à ses débuts cinq ex-collabos notoires4, oubliant au passage de préciser que les anciens résistants (33 au total) sont bien plus nombreux encore, ce qui n’excuse d’ailleurs rien. Sauf qu’au petit jeu de la reductio ad Hitlerum, chaque parti politique cache des cadavres dans son placard. Il suffit de l’ouvrir. L’histoire du Parti socialiste et de son ancêtre la SFIO n’a, par exemple, rien de glorieux non plus à l’aune de la morale du XXIe siècle (on occultera pudiquement le Parti communiste pour ne pas allonger inutilement la lecture de cet article). Au-delà des diatribes antisémites de Jean Jaurès et de nombreux socialistes d’un autre siècle, ou des discours colonialistes de Léon Blum sur les « races supérieures » censées « attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation »5, souvenons-nous qu’une grande majorité  des parlementaires socialistes votent les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940 et que 12 des 17 ministres socialistes de la IIIe République encore en vie à la Libération sont exclus du parti en raison de leur compromission sous l’Occupation.

Pendant la guerre d’Algérie, c’est sous le socialiste Guy Mollet (1956-1957) que les « pouvoirs spéciaux » sont accordés aux militaires et que certains officiers ne se gênent pas pour manier la gégène sur les terroristes du FLN, pendant que le ministre de la Justice, un certain François Mitterrand, avalise la condamnation à mort de 45 d’entre eux. Le procureur général d’Alger Jean Reliquet ne tardera pas à accuser trois ministres du gouvernement (les socialistes Max Lejeune et Robert Lacoste, ainsi que le radical-socialiste Maurice Bourgès-Maunoury) d’avoir autorisé la torture6. Souvenons-nous enfin que le PS prend les rênes de l’État en 1981 grâce à un homme décoré de la Francisque, qui fleurira pendant plusieurs années la tombe du maréchal Pétain. Une francisque remise en main propre par le vainqueur de Verdun en mars 1943 (on oublie trop souvent de préciser la date), soit tout de même huit mois après la rafle du Vél D’Hiv, organisée par son ami René Bousquet… À ce petit jeu enfin, De Gaulle en personne, mais aussi Giscard et Chirac méritent eux aussi leur point Godwin, c’est pour dire. Le général n’a-t-il pas nommé préfet Maurice Papon et Premier ministre un autre décoré de la Francisque, Maurice Couve de Murville7 ? Soupçonné par les barons du gaullisme d’être une taupe de l’OAS8 (le colonel Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat du Petit-Clamart, et son avocat maître Isorni prétendent même qu’il en est membre), Valéry Giscard d’Estaing n’a-t-il pas fait de Maurice Papon son ministre du budget entre 1978 et 1981 ? Très Algérie française lui aussi, le jeune Jacques Chirac n’est-il pas patronné en politique par Charles Spinasse, un ancien ministre du Front Populaire emprisonné à la Libération et exclu de la SFIO pour « félonie » ? En attendant qu’un jour peut-être on nomme bien les choses pour ne pas ajouter au malheur du monde, citons pour conclure ces quelques vers écrits en 1943 par Louis Aragon, qui n’était pas non plus d’extrême droite : « Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat. »9


1/ C’était De Gaulle, Alain Peyrefitte.

2/ « La tragédie des harkis : qui est responsable ? », Guy Pervillé dans L’Histoire de mai 2002.

3/ « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs (…) Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte-d’or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales sans naturellement travailler… (applaudissements nourris dans la salle) Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur (rires), eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou ! Il devient fou ! C’est comme ça. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. »

4/ Les anciens de la division SS Charlemagne Pierre Bousquet, André Dufraisse et Léon Gaultier, l’ex-milicien François Brigneau, ainsi que Roland Gaucher, président de la Ligue des lycéens antifascistes avant la guerre, condamné à la Libération pour son appartenance au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat (« FN, les ex-résistants de Le Pen », Nicolas Gauthier dans le hors-série Valeurs Actuelles : l’histoire interdite, vol. 2).

5/ « Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation », déclare Léon Blum le 9 juillet 1925, à la Chambre des députés.

6/ La raison d’État, Pierre Vidal-Naquet.

7/ Nommé par le régime de Vichy directeur des  finances extérieures et des changes en septembre 1940, Maurice Couve de Murville est chargé de superviser les transferts de fonds entre la France et le Troisième Reich, mais aussi de « réduire l’influence juive dans l’économie française ». Cet ancien inspecteur des finances siège parallèlement sous l’autorité du haut commandement allemand à la Commission de Wiesbaden, qui doit appliquer la convention d’armistice. Couve de Murville ralliera le général Giraud, puis le général de Gaulle à Alger en 1943.

8/ Dans C’était de Gaulle, Alain Peyrefitte raconte un petit-déjeuner au ministère de l’Intérieur, le 1er janvier 1963, qui voit les barons du gaullisme fustiger à tour de rôle VGE, alors ministre des Finances (et absent de la réunion), avant que le Premier ministre Georges Pompidou, passablement irrité, ne mette un terme à ce « déballage ».

9/ La Rose et le Réséda.

Impayable et surtout dangereux François Hollande

Et si c’était l’extrème gauche qui était aux portes du pouvoir ? Sur TF1, l’ancien président de la République a appelé à voter pour le nouveau « Front populaire » dominé par les mélenchonistes


On le voyait de temps en temps dans tel ou tel média, ressassant plus ou moins tacitement son amertume contre son poulain, Emmanuel Macron, qui, emporté sans doute par son destin, l’avait trahi sans états d’âme aucun lors de l’élection présidentielle de 2017. « Monsieur petites blagues », joli sobriquet aux consonances sympas, ne plaisante pourtant pas avec l’affront qu’il a subi et qu’il remâche encore.

Ne vous fiez pas à son allure débonnaire, à son profil arrondi, à ses jeux de mots faciles et autres calembours dont il raffole : François Hollande, s’il n’est pas un fin politique dans le sens noble du terme, dispose cependant de tous les attributs du politicien chevronné. La rancune fait partie de la panoplie. Ennemi intime de longue date de Laurent Fabius, autre orfèvre patenté dans le maniement du surin et un temps poulain préféré donc jalousé de François Mitterrand, il avait trouvé éminemment jouissif de le nommer au Quai d’Orsay dès son élection. Et ce pour une seule raison : le voir placé derrière lui lors des cérémonies officielles ou autres déplacements du chef de l’Etat qu’il était devenu, par un malheureux hasard…

A lire aussi, Dominique Labarrière: Il a poussé le bouchon un peu loin, Meurice

L’autre soir, au JT de TF1 du très gouleyant Gilles Bouleau, en engageant les Français, la mine grave et le regard farouchement plissé, à faire front au Rassemblement national qui porte de mieux en mieux son nom aujourd’hui, l’ancien président rubicond a franchi le Rubicon. Exhorter, haranguer presque, le peuple de France à voter pour une coalition hétéroclite, bancale, contre nature et surtout infiniment dangereuse, relève de la forfaiture. Il y a quelques jours encore, les plus agités de cette phalange aux sombres desseins n’avait pas de mots assez durs envers Israël, « bourreau » d’un peuple palestinien asservi, tout en justifiant le terrorisme du Hamas, à qui ne manque plus désormais que le Nobel de la Paix. Qui ne dit mot consent et ce ne sont pas les circonvolutions sémantiques de cette nouvelle bande des quatre qui changeront quelque chose…

On sait que le séducteur au scooter, qui a poussé la caricature jusqu’à authentifier l’engin motorisé de ses célèbres exploits nocturnes, rêve de renouer avec les ors de l’Elysée, en cédant à l’irrépressible appel du peuple. Se placer dans la posture d’un éventuel Premier ministre, si cette singulière nouvelle gauche plurielle l’emportait, aurait aussi de l’allure. Notamment celle de régenter un pays sous le regard contrit d’un président dévolu aux chrysanthèmes, que lui-même, dans un grand accès de lucidité dont il a le secret, avait « offert » à la France. Sans doute le syndrome Fabius évoqué plus haut…

Un cow-boy se penche sur son passé

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John Wayne dans "Rio Bravo", film de Howard Hawks (1959) © MARY EVANS/SIPA

Plutôt qu’énumérer les genres abordés par François Cérésa, il serait plus simple de répertorier ceux qu’il n’a pas encore explorés. Bien peu, à vrai dire, tant est large la palette du romancier doublé d’un essayiste.


Une œuvre copieuse, forte d’une trentaine d’ouvrages. Un écrivain doublé d’un journaliste, fondateur et directeur du mensuel Service Littéraire[1]. Brandissant à la fois, à l’instar de Shiva, la plume du romancier, celle de l’essayiste, de l’éditorialiste, sans compter la fourchette du critique gastronomique dont l’argot truculent, savoureux, se révèle capable de mettre l’eau à la bouche de l’ascète le plus austère. Ces performances supposent une capacité peu commune à changer de style. De ton. D’époque et de registre. À marier le fond et la forme, si bien que chaque nouvel ouvrage est différent du précédent et réserve au lecteur son lot de surprises.

Le film d’une existence

Total Western ne fait pas exception. Certes, les lecteurs assidus des romans de François Cérésa connaissaient déjà son goût pour le septième art et sa connaissance précise de nombre de films. Autant dire qu’il reprend ici un de ses thèmes favoris, mais en se concentrant sur un genre bien précis qu’il connaît à fond et apprécie depuis son jeune âge. Ou, plutôt, appréciait, car, à l’instar de nombre de manifestations artistiques, les canons et critères régissant ces films devenus cultes ont dégénéré, périclité, victimes de la déconstruction dont les ravages s’exercent de nos jours dans tous les domaines. Ainsi s’explique la nostalgie diffuse qui baigne ces pages. La sourde colère qui en émane. Les éléments biographiques y sont étroitement mêlés à l’évocation de films découverts, vus et maintes fois revus. Ceux-ci donnent lieu à des analyses et à des réflexions dépassant le seul septième art pour aborder à d’autres rivages, ceux de la réflexion historique et philosophique.

A lire aussi: Tant qu’il y aura des films

L’auteur avait sept ans lorsqu’il vit avec son père son premier western, Rio Bravo. Un classique du genre. Emblématique. Incontournable – ne serait-ce que pour la performance de John Wayne. Le sort en était jeté. Le gamin était tombé sous le charme de ce qui apparaîtra plus tard comme « l’équivalent moderne des romans de chevalerie ». Définitivement conquis. Les moments d’enthousiasme liés à des souvenirs d’enfance, l’auteur les fait revivre avec précision. Ou plutôt, il les revit lui-même avec une nostalgie accrue par l’évolution du genre jusqu’à son état actuel. Une nostalgie traversée de bouffées de rage devant la dégénérescence de cet art dont les codes semblaient immuables.

« Aujourd’hui, kaput. Le western n’est plus dans les salles. On préfère le psychologique. Le pathos. L’effet spécieux. Les sottises volantes non identifiées. (…). Ou  le cinéma d’ailleurs. Le truc emmerdant en version originale. (…) On ne raconte plus, on pense ». Tout Cérésa est là. Sa vision acérée de notre époque. Son humour caustique. Son goût pour les pirouettes langagières.

Une passion partagée

Depuis 1959, bien des westerns ont été tournés, tant au Far-West qu’ailleurs dans le monde, singulièrement en Italie où le western spaghetti s’est imposé. Dans l’intervalle, ayant revêtu sa tenue de cowboy – aussi seyante, en l’occurrence, que l’uniforme de mousquetaire dont il usa en d’autres temps -, l’écrivain rembobine le film de sa vie : son enfance, son adolescence  quelque peu chaotique, ses copains, sa rencontre avec Ariane, aussi experte, assure-t-il, dans le maniement du lasso que dans les chevauchées fantastiques pour rassembler les troupeaux. Folle de Burt Lancaster, elle partage, bien sûr, son goût pour le western. Une passion qu’ils ne manqueront pas de transmettre à leurs deux garçons.

Toute la vie de François Cérésa, tant personnelle que professionnelle, est ainsi revisitée. Sans complaisance. La vie mouvementée d’un westerner, « chevalier en quête de son graal ». On en suit le déroulement avec un intérêt qui ne faiblit à aucun moment. Point n’est besoin, en effet, d’être un fervent cinéphile pour apprécier ce récit haut en couleur, persillé de cet humour à l’emporte-pièce qui est la marque de fabrique de l’auteur.

Pour finir, une sélection de dix westerns américains et de dix westerns spaghettis. Cérésa, on le sait, a le goût des nomenclatures et on se gardera de commenter ses choix. Ce qui est sûr, c’est que ce nouveau volume s’inscrit sans hiatus dans la continuité de l’œuvre tout en lui apportant une coloration particulière. Autant dire qu’il la perpétue en la renouvelant. Voilà qui témoigne de son originalité.

François Cérésa, Total Western, « Just my rifle, my pony and me ». Séguier, 142 pages.

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[1] https://www.servicelitteraire.fr/

Un jour dans « Le Monde »

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L'avocat Gilles-William Goldnadel. © NIVIERE/SIPA

Le président d’Avocats sans frontières montre comment le grand quotidien du soir nous désinforme sur la guerre entre Israël et le Hamas.


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne suis pas monomaniaque. De mauvaises langues, des mal embouchés, des aigris pourraient trouver à mon insistance à railler l’odieux visuel de sévices publics comme une manière de manie unique. Eh bien je prouve par cet article que cette pathologie n’a rien de chronique. Car je pourrais consacrer ce billet au rapport documenté de l’Institut Thomas More, publié ce vendredi 24 mai 2024 dans Le Figaro Magazine et qui prouve, ce que je n’ai cessé de clamer, que l’audiovisuel public est par la gauche colonisé. Mais je n’en ferai rien, c’est juré. C’est craché. Je n’écrirai donc pas que Meurice Guillaume, syndicaliste SUD, n’ironisait pas quand il plastronnait, au sujet de l’humour sur France Inter : « On équilibre. On essaye de faire une vanne de gauche, une vanne d’extrême gauche, une vanne d’ultragauche, pour avoir tout le panel du spectre politique. »

Eh bien non, je ne l’écrirai pas, n’insistez pas. Je décrirai ce vendredi 24 mai 2024 vu par Le Monde. Concernant la querelle d’Orient. Ne serait-ce que parce que France Inter était en grève.

Je commence. 10 heures : le quotidien vespéral met en titre que « l’armée de l’État hébreu annonce avoir récupéré les corps de trois otages dans la bande de Gaza. » Il n’indique pas que l’un d’eux était français. Soit qu’il s’en moque, soit qu’il ne voudrait pas susciter un réflexe d’empathie excessive ou d’antipathie pour ses ravisseurs. Soit les deux.

Je ne suis pas monomaniaque, c’est le monde qui l’est

12 heures : On apprend dans de nombreux médias que deux membres du Hamas, un père et un fils, ont avoué sans gêne à l’armée israélienne (qui les a capturés) avoir violé une jeune otage israélienne, avec l’aide d’un cousin, avant que de l’assassiner. Le Monde l’ignore encore. Il est vrai que dans l’inconscient tourmenté du féminisme de gauche, violer collectivement une Blanche n’est pas vraiment violer. Violer collectivement une Israélienne blanche devient presque un acte de résistance.

A lire aussi : L’énigme Salazar

18 heures : Le Monde et l’AFP annoncent que « la Cour internationale de justice ordonne à Israël d’arrêter immédiatement son offensive à Rafah ». En réalité, ce n’est pas cela. La Cour ordonne de cesser immédiatement « tout acte susceptible de conduire à la destruction de la population civile palestinienne ». Ce qui est différent. Le Monde omet également de préciser que le président de la Cour est un haut fonctionnaire libanais, pays en guerre avec Israël, et que son épouse, ambassadrice du Liban à l’Unesco, a applaudi le 7 octobre. Un peu comme Muzna, qui est l’épouse palestinienne de Benjamin Barthe, rédacteur adjoint au Monde chargé du Proche-Orient, et qui est poursuivie en justice pour la même cause. Surtout, Le Monde ne dit pas que, par une décision parallèle, la Cour a ordonné la libération immédiate et sans conditions de tous les otages. De là à penser que Le Monde s’en fout, des otages…

Vous voyez bien que je ne suis pas monomaniaque. Je n’ai même pas signalé cet interview de Jean-François Achilli par Judith Waintraub, dans le Figaro Magazine du même jour. Le journaliste a été viré comme un malpropre de France Info pour avoir envisagé d’écrire un livre avec Jordan Bardella. Les mêmes syndicats qui font grève pour le prépuce de Meurice se foutent presque autant d’Achilli qu’un journaliste du Monde d’un otage du Hamas. Eh bien Achilli explique que le traitement du 7 octobre par l’odieux visuel public, qui l’employait alors, a constitué à ses yeux une nouvelle dérive.

Je ne suis pas monomaniaque, c’est le monde qui l’est.

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De renoncement en renoncement

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Emmanuel Macron rencontre les élus et des représentants locaux à la résidence du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 23 mai 2024. © Ludovic Marin/SIPA.

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie révèlent une nouvelle fois le décrochement français. Par faiblesse et lâcheté, la République cède sur tous les plans et jusque dans ses territoires, de métropole aux antipodes. Elle ne propose rien pour créer un imaginaire commun à son peuple en proie à la division.


Cela fait 80 ans que la France ne cesse de décrocher, c’est-à-dire de capituler et de fuir devant des adversaires violents qui lui arrachent territoires et zones d’influence. Le renoncement avec son lot d’alliés abandonnés et d’honneurs bafoués est devenu un sport national, très en vogue dans les cabinets ministériels et les assemblées.

Diên Biên Phu, 1954. Canal de Suez, 1956. Algérie, 1962. Sahel 2023-2024. Que de décrochages à l’extérieur !

Quartiers nord de Marseille. Seine-Saint-Denis. Zones de non-droit aux quatre coins de la métropole. Que de décrochages à l’intérieur ! 

Et maintenant la Nouvelle-Calédonie ? Les émeutes récentes à Nouméa vont-elles donner à la France une occasion de plus de décrocher ?

Il y a de quoi s’inquiéter lorsque l’on mesure l’appétit de la classe politique pour le rapetissement du pays. Nos chefs détestent tellement la grandeur, ils lui préfèrent l’insignifiance et l’incantation stérile. Ils sont comme un mari cocu qui, après avoir découvert qu’il est cocufié, décrète que tous les hommes de la terre doivent vivre cocus pour éviter un bain de sang. Peu avant l’explosion de la violence à Nouméa, Macron proposait de partager le bouton nucléaire avec l’Union européenne, ce qui revient à y renoncer. Perspective bien plus dramatique que l’idée de perdre des cailloux, certes verts et gorgés de nickel, à 17 000 km de Paris.

Nous nous y sommes habitués. À force de renoncements, nous ne faisons plus attention aux chutes d’objets en hauteur que l’on croyait éternels et gravés dans le marbre. La morale publique est par terre, on admet désormais que dockers, maires, greffiers, douaniers et directeurs de prison soient touchés par la corruption. Comme on admet que les finances publiques soient en ruine ainsi que l’éducation et la culture. Alors de là à perdre des poussières de l’ex-empire que l’on croyait pacifiées et francisées à jamais comme Mayotte ou la nouvelle Calédonie…

Le moteur est éteint

Convenons d’une chose. Si la France rend la Nouvelle-Calédonie aux Kanaks, alors les États-Unis doivent rendre Hawaï et la Californie à leurs peuples premiers, et dans la même foulée, les Anglais doivent rendre l’Angleterre aux Celtes dont quelques résidus subsistent au Pays de Galles.

Des peuples qui ne veulent pas s’assimiler à leurs vainqueurs, on en trouve même au cœur de l’Europe : les Catalans, les Basques, les Corses, les Gitans. Ce qui se joue véritablement en Nouvelle-Calédonie est la capacité d’une patrie à faire patrie au-delà du périphérique, à rayonner au-delà de sa capitale. La crise kanake est un cri strident dans l’obscurité : la lumière émise depuis Paris n’atteint plus le lointain archipel, elle ne réchauffe plus les cœurs et ne brûle plus les mains grossières qui veulent s’élever contre le drapeau tricolore.

A lire aussi : Double bind et win-win sont en bateau…

Mettons-nous à la place d’un jeune Kanak, doté d’un smartphone et connecté au wifi. Que voit-il de la France ? Que représente-t-elle pour lui ? 

Il voit des « enfants » à la tête du pays : Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Il voit Sandrine Rousseau qui se vante d’avoir déconstruit son mari et qui propose un délit de non-partage des tâches ménagères. Il voit Aymeric Caron qui disserte sur le droit à la vie des moustiques. Il voit l’Eurovision avec ses drag-queens et ses artistes ratés. Il voit des commissariats attaqués au mortier, il voit un pays qui ne rêve que de se dissoudre dans l’Union européenne.

Eh bien, je serais kanak, je rêverais de Pékin plutôt que de Paris ! De Xi Jinping plus que du mari de Sandrine Rousseau ! À quoi bon se fondre dans une procession funèbre qui n’en finit pas ! On s’assimile à la vie, pas à la mort.

Nous serions fous d’exiger d’un peuple vivant qu’il lève les yeux vers un astre mort.

La diversité = la discorde

Autre vérité dérangeante que cette crise kanake jette à notre figure comme un crachat : la bonne santé du racisme antiblanc. Quiconque doté d’yeux et d’oreilles le savait déjà, mais les grands témoins de l’époque qui officient sur BFM TV ne le savent pas, eux qui se disent ouverts sur le monde, mais le parcourent tel un cheval portant œillères. Ils sont sans doute ouverts sur leur Airbnb de Barcelone ou de Manille, certainement pas sur la nature humaine avec ses zones d’ombre et de lumière. Ils vont à Pretoria et ils ratent l’évidence du racisme antiblanc, ils descendent à Kingston et ils passent à côté, ils se font fusiller du regard à Harlem et ils ne se sentent pas concernés. Ils se font courser à Paris au cri de « sale blanc » et ils accusent l’extrême droite.

À Nouméa se joue crûment ce qui s’est joué à Crépol quelques mois plus tôt. On tue des Blancs parce qu’ils sont blancs. La diversité provoque le conflit plutôt que l’harmonie. Au premier abord, elle excite l’instinct de domination des uns et la peur de la subjugation des autres. Vais-je dominer ou être dominé ? C’est la première question que provoque le surgissement de l’Autre, la plus importante. La collaboration, l’empathie et la solidarité viennent beaucoup plus tard, quand la hiérarchie a été établie.

En Nouvelle-Calédonie, un groupe, le kanak, se sent dominé depuis cent soixante-dix ans. Il n’a jamais pardonné aux Blancs les crimes de la conquête et les rigueurs de la colonisation. On se pardonne volontiers au sein de son peuple, mais difficilement en dehors. La diversité ne connaît pas le pardon. Il suffit d’un rien (le dégel du corps électoral) pour que le volcan qui couve depuis des décennies entre en éruption.

La race n’est pas la seule source de discorde en Nouvelle-Calédonie. En réalité, trois légitimités se font face. La légitimité kanake (40 % de la population) est pleine et entière : même si les Kanaks ont perdu la guerre, personne ne peut leur enlever leur antériorité et leur droit d’« aînesse ». La légitimité caldoche (29 %) est tout à fait fondée. Les Caldoches ont créé une identité (que dis-je, une « race ») parfaitement acclimatée aux conditions locales, rustique, résiliente et dynamique. La légitimité asiatique et polynésienne (26 %) est défendable aussi, mais elle n’a pas de revendication politique, pour le moment. Arrivés les derniers, les travailleurs indonésiens, indochinois, tahitiens, wallisiens et futuniens, entre autres, n’ont pas formé d’identité commune, les communautés ne se mélangeant pas ou pas suffisamment.

Barrage indépendantiste dans le quartier de Magenta à Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 22 mai 2024. © Theo Rouby / AFP

Deux thèses se font face et elles se valent toutes. Que faire ?

L’Histoire a vu un règlement définitif à ce genre de problème par le génocide.

Les Anglo-Saxons ont effacé la légitimité amérindienne de la surface de l’Amérique du Nord par le massacre systémique. Dans leur histoire coloniale, les Français ont heureusement renoncé à cette voie, n’en déplaise aux marchands de repentance. Une autre « solution » réside dans le métissage. Le Brésil en est l’emblème absolu, il ne connaît aucun mouvement indépendantiste alors que son territoire est immense et très mal contrôlé par les autorités. Cela dit, le Français n’est pas le Portugais, fasciné par la femme noire ou exotique. Il veut bien la « connaître », mais point la prendre comme épouse légitime. En cela, il est plus proche de l’Anglo-Saxon que du Lusophone. Et pour être fidèle à la vérité historique, aucun métissage de masse n’a eu lieu par génération spontanée. Au Brésil, le viol a métissé probablement autant que l’union libre entre adultes consentants.

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Des métis sont recensés en Nouvelle-Calédonie, mais ils ne sont pas assez nombreux pour créer une identité calédonienne nouvelle qui supplante les autres ou du moins brise leur monopole de l’authenticité. Qu’y a-t-il de plus authentique qu’un métis issu du mélange du sang de peuples qui se sont donné rendez-vous en Nouvelle-Calédonie et nulle part ailleurs ?

Il ne reste plus que la Politique pour faire fonctionner la Diversité. Dubaï et Singapour offrent le modèle d’un vivre-ensemble paisible et prospère où des races et des cultures qui se trucident habituellement vivent en parfaite harmonie sous le joug d’un État dictatorial. Dans l’Histoire, les empires ont admirablement géré la Diversité en s’interposant entre ses composants. L’Empire ottoman a fait vivre ensemble juifs, catholiques, orthodoxes, yézidis, Druzes, chiites et sunnites. L’Empire chérifien a fait cohabiter juifs et musulmans, à une condition cependant : que le statut des juifs soit inférieur à celui des musulmans. Du moment que la hiérarchie est établie et acceptée par tous, le vivre-ensemble devient possible, car les dominateurs ne craignent plus d’être renversés et les dominés reçoivent les avantages qui découlent de leur loyauté.

Que faire dans un cadre mental et légal fondé sur l’égalité, une douce illusion certes, mais qui demeure la pierre angulaire de l’univers mental français ?

Recréer la fraternité

Pour continuer à être sincères, disons qu’il n’y a rien à faire de définitif. Il faut vivre avec les conséquences de la diversité comme l’on vit avec l’herpès. On n’en guérit jamais. Ça va, ça vient. Entre deux crises, on a une vie normale. Et pour éviter de souffrir en excès lors des rechutes, l’on prend un traitement qui aplanit la courbe lorsque l’inflammation se présente. Cette thérapeutique consiste à divertir la Diversité. Il y a plusieurs manières de le faire, les bonnes et les mauvaises du point de vue moral.

Je serais machiavélique, j’inonderais le monde kanak d’idéologie LGBTQIA+, de #MeToo, de rap et de sucre, entre autres fléaux qui affaiblissent les hommes de 15 à 25 ans, la seule ressource révolutionnaire que le monde ait connue. Au lieu de fermer TikTok, je le rendrais obligatoire comme obligatoire est le port de la carte d’identité nationale : aucun cerveau ne peut tenir le coup à base de soixante minutes de TikTok chaque jour. À l’inverse et si l’on veut garder les mains propres, on divertira la Diversité en lui donnant un objet sur lequel se défouler. Au lieu de maintenir le huis clos insulaire, on ouvrira les fenêtres vers l’extérieur pour écouler le surplus de haine et de ressentiment. On scrutera l’horizon pour se trouver un adversaire commun, au loin. Car il vaut mieux se défouler sur un Afghan ou un Somalien que sur son voisin de palier.

A lire aussi : Nouvelle-Calédonie: une impossible réconciliation?

La France l’a fait, il n’y a pas si longtemps, elle pourrait le refaire. Durant la Seconde Guerre mondiale, goumiers musulmans et tirailleurs africains se sont battus à ses côtés en toute sincérité et en toute fidélité. Un ennemi commun et des bons chefs ont permis de forger l’union là où il n’y avait que la discorde. Il faudrait donner à la France entière, pas seulement à la Nouvelle-Calédonie, un projet impérial, un projet de grandeur, où chaque communauté projette sa part d’ombre à l’extérieur de la maison commune. Un projet ambitieux et « universel » où les individus mettent en commun leur pulsion de mort et leur instinct belliqueux pour fonder une fraternité nouvelle, insensible aux frontières ethniques et religieuses. Peut-être que la seule fraternité possible est celle des armes. Peut-être que le seul moyen d’éviter que Caïn et Abel ne s’entretuent consiste à leur donner un ennemi commun. Un ennemi à tuer, à déconstruire, à punir d’avoir envahi l’Ukraine ou l’Arménie, à sauver malgré lui de la crise climatique… 

Au-delà de la métaphore guerrière, il est grand temps que la France ne se résume plus au recyclage et au compostage. Le pays crève du manque d’ambition. Il a besoin de renouveler son sang, de le tremper à nouveau au contact de défis à la mesure de sa grandeur. Au lieu de faire l’Europe des scribes à Bruxelles, nous ferions mieux de faire une Europe des centurions, aux services de nos intérêts et gouvernée depuis Strasbourg. Une Europe où « nos » Calédoniens, nos DOMIENS, nos Arabes et nos Gaulois auraient le dernier mot face aux Germains et aux Anglo-Saxons.

En attendant, le régime va probablement faire un chèque aux violents pour les amadouer et aux victimes de pillage pour les aider à réenclencher la machine économique. Et la vérité nous redonnera rendez-vous dans dix ou vingt ans…

Un « Cosi fan tutte » miné par l’abstraction

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Représentation de « Cosi fan tutte » à l'Opéra Garnier, le 7 juin 2024. © Benoîte Fanton / Opéra national de Paris

Mais notre contributeur nous invite tout de même à aller voir ce testament intemporel de Mozart!


En 1790, Mozart, à 34 ans, très affaibli, n’a plus qu’un an à vivre. Il a fêté la Saint-Sylestre chez lui, dans son petit appartement viennois, avec Haydn et son très fortuné protecteur, le « frère » en Maçonnerie Puchberg, lequel lui dispute âprement, gagés sur ses futurs honoraires, les florins que lui quémande régulièrement le compositeur aux abois.  Commande de Joseph II, empereur lui-même malade au point que celui-ci n’assistera à aucune représentation de l’opéra, et meurt d’ailleurs dès le mois de février de cette même année, Cosi fan tutte ne naît pas sous les meilleurs auspices. Lorenzo da Ponte en a écrit le livret : après les Noces de Figaro et Don Giovanni, son ultime opus mozartien.

Peu plausible dans la réalité, l’intrigue n’en est pas moins, selon les conventions du temps, parfaitement vraisemblable sur scène: deux amis, Ferrando et Guglielmo, pour tester la fidélité de leurs fiancées Dorabella et Fiordiligi, font mine d’être mobilisés et de devoir partir à la guerre. Alors que la soubrette Despina invite les demoiselles à prendre du bon temps en leur absence, les deux gusses se déguisent en « Albanais », chacun draguant la promise de l’autre… Morale de l’histoire : la libido étant ce qu’elle est, « Ainsi font-elles toutes ! ». Opéra buffa composite, Cosi…, sous ses dehors de comédie burlesque, a les mêmes accents sacrés qui, en 1791, caractériseront La Flûte enchantée, le sublime testament lyrique de Mozart.

Le 10 juin dernier, en assistant à la première à l’Opéra-Bastille dans la régie de la chorégraphe Anne Teresa De Keermaeker millésimée 2017 et dont c’est à présent la troisième reprise (en 2020, les représentations avaient été annulées pour cause de Covid), nous revenait en mémoire, par comparaison, la vibrante mise en scène de Patrice Chéreau, au Palais Garnier, sur des décors de Richard Peduzzi.  Ou encore celle, tellement inventive, de Dmitri Tcherniakov, l’an passé, à Aix-en-Provence.

« Cosi fan tutte » à l’Opéra Garnier à Paris, le 7 juin 2024. © Benoîte Fanton / Opéra national de Paris

Il faut donner chair à la thématique échangiste qui préside à l’intrigue. Sinon ça ne colle pas. Or l’abstraction géométrique dans laquelle la présente mise en scène enferme les protagonistes– le quadrilatère de arrière-scène entièrement ripoliné de blanc, sous une lumière glaciale (qui colorera transitoirement –  pour figurer l’éréthisme orgasmique, qui sait ?) se double d’une chorégraphie qui voit les chanteurs, de bout en bout, flanqués de danseurs virevoltant autour d’eux et qui leur impriment, comme par contagion, d’inquiétantes flexions corporelles… Le résultat, c’est que l’attention du spectateur, au lieu de se concentrer sur les protagonistes, est constamment distraite par ces doublons grotesques, mal attifés et pas spécialement beaux. Sans que n’advienne l’osmose entre le chant et le corps que d’un tel parti pris l’on serait en droit d’attendre…

A lire aussi : Elle est partie quand même

Bref, comme souvent à l’opéra, il faut donc s’en remettre à la partition pour savourer ce chef-d’œuvre inégalable. Sous la baguette de Pablo Heras-Casado, l’Orchestre de l’Opéra de Paris en restitue toute la délicatesse et la suavité. Ferrando, sous les traits du ténor canadien Josh Lovell, est aussi convainquant vocalement que son compatriote le baryton-basse Gordon Bintner, qui campe un Guglielmo de bonne facture. La toute jeune soprano coréenne Hera Hyesang Park fait une Despina espiègle, à la ligne de chant limpide. Si Vannina Santoni, dans le rôle de Fiordiligi, n’était pas dans sa meilleure forme lors de la première, c’est une de nos meilleures sopranos. Quant aux arias de l’Américaine Angela Brower en Dorabella, ils vous enchaînent si puissamment qu’on se prend d’impatience à la retrouver dans ce même emploi, le 24 septembre prochain, au Théâtre des Champs Élysées, mais cette fois dans un Cosi en version concert : l’assurance que le spectacle ne vous gâche pas la musique…


Cosi fan tutte, Opéra buffa en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart. Direction : Pablo-Heras-Casado. Mise en scène et chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Avec Vannina Santoni (Fiordiligi), Angela Brower (Dorabella), Hera Hyesang Park (Despina), Josh Lovell (Ferrando), Gordon Bintner (Guglielmo), Paulo Szot (Don Alfonso). Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris. Et les danseurs de la Compagnie Rosas.

Palais Garnier, les 15, 18, 21, 24, 26 juin et 1, 3, 5, 9 juillet à 19h30. Le 7 juillet à 14h30.
Durée : 3h25
Cosi fan tutte en version concertµ
Direction : Marc Minkowski. Les Musiciens du Louvre. Avec Ana Maria Labin, Angela Brower, James Ley, Leon Kosavic, Miriam Albano, Alexandre Duhamel.
Théâtre des Champs-Elysées, le 24 septembre à 19h30.
Durée : 3h.

La droite la plus lâche du monde ?

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Bruno Retailleau, Michel Barnier, Michelle Tabarot, Annie Genevard, Valerie Pecresse et Laurent Wauquiez à Versailles, le 12 juin 2024. © Jacques Witt/SIPA

Si pour Elisabeth Lévy la France a la droite la plus bête du monde, pour Philippe Bilger c’est encore plus grave… 


Éric Ciotti est-il toujours président de LR ? La décision judiciaire du débat sur son sort sera connue ce soir, après que le bureau politique l’a à nouveau exclu. Il faut en tout cas le remercier de permettre à beaucoup de médias et de citoyens de faire des gorges chaudes sur la tonalité vaudevillesque de ces derniers jours et de le tourner en dérision, lui qui le 11 juin a annoncé un rapprochement électoral avec le RN. Chacun y va de sa moquerie, de son mot d’esprit, de ses attaques sur sa personne.

De telle sorte que s’abandonner à cette drôlerie collective – est-elle si réjouissante ? – a fait totalement oublier le fond du débat et l’intérêt ou non de la solution qu’il a proposée, sans en parler à quiconque auparavant. En réalité, son énorme faute réside dans cette solitude. Sa trahison, à mon sens, est moins dans la substance de son initiative que dans ses modalités médiatiques. On peut tout à fait lui imputer des ambitions électorales ou ministérielles sans que son pavé dans la mare du politiquement et médiatiquement correct soit moins passionnant à analyser.

La droite la plus lâche du monde ?

En tout cas j’éprouve la plus profonde admiration pour la gauche socialiste, pour les écologistes de Marine Tondelier toujours au premier plan, pour les communistes, et, d’une certaine manière aussi pour LFI et le NPA ! Quel courage ont eu ces partis, quelle superbe indifférence au jugement d’autrui, ils n’ont pas eu besoin de la permission de la droite pour, en quatre jours, oublier ce qui les avait séparés et se préparer à livrer de concert la bataille des élections législatives !

L’histoire de la gauche et de l’extrême gauche est au fond le récit d’un réalisme tellement dominant qu’on pourrait le qualifier de cynisme. Elles se fabriquent, à intervalles réguliers, un ennemi dont elles surestiment délibérément le danger et qui les rassemble. Comme le « fascisme » est à nos portes, il est urgent d’occulter tout ce qui est moral et de mener la lutte qui ne sera jamais finale puisque la démocratie a beau exister, elle compte peu face aux prurits révolutionnaires qui n’attendaient par exemple que la déroute du macronisme et le triomphe du RN pour reprendre toute leur vigueur.

Le pragmatisme sans s’encombrer de morale pour les alliances est donc à gauche ; et la moraline exigée de la droite. Une inégalité qui loin de s’atténuer s’amplifie.

François Mitterrand n’était pas communiste et il a fait l’union avec le parti communiste sans barguigner, en dépit du passé et du présent d’alors de ce dernier.

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François Hollande qui avait dénoncé vigoureusement LFI et Jean-Luc Mélenchon, n’a rien trouvé à redire à la miraculeuse coalition de la gauche socialiste avec l’extrême gauche. L’indécence serait pour lui la nomination de Jean-Luc Mélanchon comme Premier ministre mais non cette union tirée par les cheveux et dénuée de toute éthique.

NPA est dans le Front populaire, pourtant Philippe Poutou a proféré des horreurs après le pogrom du 7 octobre.

Il n’y a que des détails vite réglés qui auraient pu interdire la réconciliation enthousiaste avec LFI et un JLM qui avec habileté a su faire le modeste. Ce parti, globalement ou par l’entremise de certains de ses députés ou de la bouche même de JLM, entre autres est antisémite, hait Israël, défend le Hamas qui n’est pas « terroriste » mais « résiste », pourfend la police qui « tue », brandit des drapeaux palestiniens et suscite un désordre et une vulgarité parlementaires guère éloignés d’un antiparlementarisme.

Broutilles donc qui n’ont pas fait hésiter une seconde les forces de gauche pour se dresser, avec ce parti hier honni, contre le RN qui a eu l’énorme tort républicain d’avoir été placé en tête par une multitude de citoyens, ceci quasiment dans toute la France. Comment ne pas être estomaqué par une telle audace, un tel mépris des convenances, un tel sens de l’efficacité, une volonté si affichée de victoire, une telle certitude d’avoir raison et de devoir tout faire pour éviter à la France le sort funeste d’une droite républicaine et d’une droite extrême réunies ? Même Raphaël Glucksmann, avec mille scrupules, s’est plié à cette chape de plomb !

Je me moque mais il n’y a pas de quoi.

Triste droite…

En face on a une droite qui depuis l’intervention d’Éric Ciotti se couvre la tête de cendres, invoque de Gaulle (celui-ci tout au long de sa vie, notamment sur le plan international et dans certains de ses choix à la Libération, a pourtant été un pragmatique indifférent au qu’en dira-t-on), Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy comme si ceux-ci avaient été des exemples et demeuraient, morts ou vivants, des guides moraux, délire dans des dénonciations ridicules par leur outrance, se pose en juge alors que les principales personnalités qui se sont exprimées ont largement mis la main dans le déclin de leur camp – Valérie Pécresse notamment – et dans la totale éradication de la fierté intelligente et argumentée d’être de droite.

La droite de LR est aux antipodes d’une domestication par le RN mais au moins la ferait échapper à la peur de son ombre et à celle de s’allier pour des motifs électoraux. Sur le plan régalien, LR et RN sont proches. Le comble est que ceux qui ont tout fait pour tirer de la réalité des leçons lucides en matière de sécurité, d’autorité et de justice feignent aujourd’hui de jouer les vierges effarouchées.

Je ne demande pas à la droite d’avoir une témérité sans morale comme la gauche de ces derniers jours mais au moins de ne pas se camper dans une faiblesse qui la soumet au diktat que ses adversaires lui imposent, lui interdit de prendre acte des évolutions du RN sous l’égide de Marine Le Pen et surtout, en contestant la réalité d’une dédiabolisation comme la gauche, la prive de toute analyse politique au profit d’un confortable opprobre moralisateur.

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Si on examine le cours de l’Histoire, on est obligé de constater que l’extrême gauche, désaccordée d’une conception équilibrée, pacifique et civilisée de la République, suscite de plus en plus de suffrages, médiatiquement et politiquement, tandis que le RN qui n’a cessé d’opérer une authentique normalisation continue à être traité comme s’il était demeuré fidèle à ses origines sulfureuses et à l’ère de Jean-Marie Le Pen.

Que je sache, nous sommes en démocratie et, si la droite est vraiment indépendante, elle a précisément la faculté, sans peur ni lâcheté, de s’allier avec qui elle veut. De grâce, que le discours sur les valeurs soit autre chose qu’un cache-misère politique et électoral !

La droite la plus lâche du monde ?

Un signe de plus. Qu’il faille estimer François-Xavier Bellamy parce qu’il énonce cette évidence que faute de candidat LR il voterait pour le RN plus que pour l’extrême gauche, montre à quel degré de pusillanimité le parti est tombé. Le président du Sénat ose affirmer « qu’il irait à la pêche » s’il avait ce choix à effectuer ! Une honte!

Triste droite.

Une exigence et un regret pour finir.

Le débat sur les alliances de LR est trop important pour être laissé au seul bureau politique. Les militants doivent se prononcer.

Le seul grave reproche à imputer au président Ciotti est de n’avoir pas eu l’honnêteté de livrer, de manière transparente, cette réflexion capitale à tous ceux qui croient plus que jamais, contre le macronisme mou et l’extrême gauche dangereuse – on le voit chaque soir et le 7 juillet au soir puis les jours suivants probablement davantage encore -, à une droite assurée d’elle-même.

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Néoféminisme: les «allumeuses» au bucher !

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Marilyn Monroe, 1957. © SIPA

Dans un bouquin, Christine Van Geen entend « déconstruire » le stéréotype de l’allumeuse, « figure culturelle et littéraire de la misogynie ». Original…


Femmes, la lutte que nous menons de toute éternité contre le patriarcat connaît depuis #MeToo des avancées fulgurantes ; nous voici sur le point de tordre le cou à la bête immonde. Nos intellectuelles, femmes puissantes s’il en est, entrent enfin dans la danse aux côtés des artistes ; leur ambition : débusquer le porc de toute soie, où qu’il fouisse. 

Un terme bâillon apparu en 1850

En 2023, on avait salué le brillant essai de l’universitaire Jennifer Tamas intitulé Au non des femmes, cet ouvrage de qualité invitait à poser sur nos textes classiques un œil neuf et libéré de siècles d’interprétation patriarcale pour y déceler la discrète révolte des héroïnes du Grand Siècle contre la mâle sujétion. Dans Allumeuse, opus éclairant, Christine Van Geen, normalienne, docteur et agrégée de philosophie « déconstruit » maintenant le stéréotype de l’allumeuse : « figure culturelle, littéraire et mythologique structurante de la misogynie ».

Quand un viril prédateur traite une femme d’allumeuse, explique-t-elle, cela sonne d’une manière légère et en apparence exempte de la violence que recèlent les épithètes « pute » ou « salope ». Pourtant celles que l’intempérant frustré qualifie ainsi sans qu’on ne s’en émeuve seraient souvent victimes de « violences sexistes », les allumés prétendant qu’elles auraient délibérément aguiché pour mieux se refuser. « Allumeuse » serait, d’après notre lumineuse philosophe, « un terme bâillon » employé par les hommes et qui sous-entend : « tu l’as bien cherché et tu ne peux pas dire le contraire. » Il n’y aurait donc pas d’allumeuse sans une frustration couplée à une lâcheté masculines. Forte de cette découverte (Majeure pour la cause féminine, on en convient), notre femme-lumière se propose d’installer enfin l’électricité dans la caverne de ses sœurs pour attiser la flamme de leur résistance contre l’oppression patriarcale ; son but : éveiller la gent féminine à l’asymétrie qui existe en matière de consentement entre elle et les mâles. Soit.

Notre femme savante commence et ça n’est pas pour le coup inintéressant, par exposer l’origine du terme allumeuse : « Le mot est apparu vers 1850, notamment dans l’argot des policiers, qui appellent « allumeuse » une prostituée qui ne devait apparaître dans les rues qu’au moment de l’allumage des réverbères. » L’allumeuse, d’abord fille des rues, devient dans le langage cru de la fin d’un XIXe siècle misogyne celle qui attise le désir sans le contenter. On trouve la première occurrence de ce terme sous la plume de Joris-Karl Huysmans, dans son roman, Là-Bas. Le héros se dérobe au moment d’étreindre la femme mariée qu’il avait séduite, terrorisé par l’appétit charnel de la dame : « Se rend-elle compte combien les soubresauts charnels sont grotesques. Ou bien est-elle, ce que je crois, une mélancolique et terrible allumeuse qui ne songe qu’à elle (…) » Las ! Après cet intéressant préambule, Christine Van Geen surfe ensuite sur l’air corrompu du temps et enivre ses lecteurs des vapeurs délétères de l’idéologie néo-féministe, formatant ainsi leur pensée. Notre Bélise plaque tout d’abord sa doctrine sur la mythologie, la littérature et les arts puis élargit sa démonstration au rap et à la représentation des femmes dans notre culture actuelle. 

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Embarquons : au commencement est Ève : première tentatrice face au premier couard, certainement émasculé : « La Genèse n’est pas le récit de la première tentatrice. C’est l’histoire du premier lâche. » Suivent Salomé, Cassandre, Galatée, la Lorelei ou les Sirènes d’Ulysse. Puis, on écornifle au passage ces salauds de bourgeois occidentaux décadents qui fantasment depuis le XIXe siècle sur un Orient dévolu au seul assouvissement des désirs dominants et dépravés de la race colonisatrice. « L’Orient vu par les Occidentaux est le lieu par excellence de la projection des fantasmes sur un « autre » imaginaire. Les bourgeois occidentaux se prennent de passion pour les images de caravanes de chameaux, d’odalisques voluptueuses en leurs harems (…) Cet Orient fantasmatique n’a rien de réel. Il est le miroir de désirs de domination violente et de sensualité débridée (…) Il construit le regard du colon, fasciné par cet objet à la fois inférieur et infiniment désirable. » 

Des pistes pour se soustraire à l’emprise

La philosophe s’appuie ensuite, sans surprise, sur une figure plus contemporaine, Marilyn Monroe, afin de décrire le malheur des femmes contraintes à sur-jouer leur féminité pour tirer leur épingle du jeu dans un monde fait pour les hommes. Entrer ainsi dans le jeu masculin ne sert qu’à diviser les femmes entre elles et par là même à les inféoder davantage à la mâle férule : « Les femmes sont perdantes sur tous les tableaux lorsqu’elles croient à la fable de leur pouvoir censément « magique » de séduction : elles perdent l’accès aux moyens de production en voulant être perçues comme féminines et désirables (…) « Le marché à la bonne meuf », comme l’appelle Virginie Despentes dans King Kong Théorie, est bien le seul champ qu’on laisse à l’exercice d’un pouvoir féminin, si on définit cette « féminité » comme une capacité magique d’allumer le désir. Dans ce marché, seule les belles et les jeunes sont en lice. Les autres, les « moches », les « mal baisées », les « imbaisables », sont déféminisées parce que non conformes aux canons de la beauté en vigueur. » On est d’accord, c’est dégueulasse tout comme la réussite à l’École Normale Supérieure et à l’agrégation de notre penseuse (panseuse), concours qui exclut, à ce qu’on en sait, les atrophié.e.s. du bulbe.

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Comment échapper alors au redoutable piège tendu ? Il difficile de dire aux femmes soumises à l’injonction de plaire depuis toujours pour survivre : « Écoutez-vous et cessez de plaire » concède Christine Van Geen. Néanmoins, elle n’est pas sans proposer des pistes pour se soustraire à l’emprise masculine. Aussi, mesdames, sachez que : « Une femme qui cesse volontairement de séduire sort du domaine des jugements (…) Elle vole un corps, le sien au patriarcat » ; adoptez la « moche attitude ». Autre façon de procéder : performer l’archétype proposé ; « forcer le trait », jouer avec dans le « drag », « hommes, femmes, homos, hétéros, trans, faisant exploser les codes de la séduction. » Mes ami.e.s,  à vos plateformes ; que la fête du slip commence ! Et surtout, que les femmes reprennent au langage ce qu’il a fait au féminin parce que : « La langue est raptée, comme l’est leur désir. Se réapproprier les corps, c’est aussi réinvestir les mots. Utiliser le féminin pour les noms d’activité et de métiers, comme on impose son corps, sans chercher, à plaire ». Un seul credo, donc : « Déplaisez-vous les uns les autres. » 

De la menace que constituent les nouveaux « allumés » (de tout poil, si j’ose dire) issus d’autres racines que les détestables racines judéo-chrétiennes, qu’on se rassure, il ne sera jamais question dans cet essai. Entre érudition assenée et injonctions servies par une écriture sans grâce, on tient là un texte qui marquera, on n’en doute pas une seconde, l’histoire du féminisme. 

Rien de bien novateur dans cet écrit, donc. Il sert scolairement l’idéologie néo- féministe mâtinée de wokisme en vogue. En réac, on s’accorde à penser avec Flaubert (Lettre à Louise Colet du 11 septembre 1846) que décidément : « Le Philosophe est d’ordinaire une espèce d’être bâtard entre le Savant et le Poète et qui porte envie à l’un et à l’autre. La métaphysique vous met beaucoup d’âcreté dans le sang. »

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La morale des planqués

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D.R

Auteur de best-sellers, Marc Lévy a livré le 21 avril son analyse politique de la situation dans laquelle nous nous trouvons, sur le plateau de Laurent Delahousse. Un peu hors sol.


Invité de Laurent Delahousse sur France 2, Marc Lévy, auteur de best-sellers planétaires, a délivré aux téléspectateurs une émouvante leçon de politique. De façon extrêmement originale, il a dénoncé les populismes qui sapent les démocraties occidentales. Prenant des risques inouïs, il a dénoncé les fake news des réseaux sociaux et la culture de post-vérité qui anime l’extrême droite. Quitte à choquer, il a séparé l’échiquier politique occidental entre les forces du bien et celles du mal. Audacieux, il a reproché à ces dernières de « créer des peurs » (infondées) ou « d’inventer des ennemis » (imaginaires).

On peut donc conclure qu’il ne faut pas craindre les changements culturels qu’induit l’immigration massive, et que les islamistes ne pourraient constituer des ennemis réels. En revanche, l’apocalypse climatique ne figure pas au catalogue des peurs irrationnelles du romancier, alors que les thuriféraires du programme gaullo-chiraquien de Marine Le Pen constituent les vrais ennemis de nos démocraties. L’auteur aux 50 millions de livres vendus ne pense certainement pas qu’on puisse qualifier de fake news des assertions comme « à l’école, le niveau monte », ou « aucun lien entre immigration et insécurité ». S’il s’inquiète (légitimement) des livres brûlés dans certains États américains républicains, il ne souffle mot des autodafés organisés par les progressistes d’Amérique du Nord.

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Marc Lévy ne voit pas la différence flagrante qui existe entre les deux principales composantes occidentales. Les États-Unis d’un côté, puissance économique et militaire éclatante, assise sur les Gafam et une immigration chrétienne intégrable. De l’autre, une Europe bureaucratique largement désarmée, menacée par une Afrique musulmane revancharde et une Russie à laquelle la progressiste Angela Merkel a vendu son pays.

Surtout, ce multimillionnaire dispense ses lénifiantes leçons de morale depuis… Manhattan, où il vit depuis 2008 ! À l’instar d’Omar Sy – lui, depuis la Californie –, est-il envisageable que les donneurs de leçons, exilés sous des cieux plus cléments, envisagent une pudique mise en veilleuse de leur irritante moraline ?

À la soupe !

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L'eurodéputé Raphaël Glucksmann (ici sur France 2 le 10 juin 2024) s'alliera avec LFI pour les élections législatives © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Décidément, tous les égouts et les couleuvres sont dans la nature profonde de la social-médiocratie française. Que ne feraient-ils pas pour une gamelle bien remplie, jusqu’où n’iraient-ils pas dans la compromission, le déshonneur, l’indécence pour conquérir ou garder un bout de banquette cramoisie dans les palais de la République ?
En deux nuits de marchandages de très bas étage, voilà bien que Place publique se mue en fille publique, se vendant corps et âme (quelle âme, me direz-vous ?) à la gloutonnerie mélenchonienne. Voilà bien que le PS en miettes se prostitue pour d’autres miettes, celles que consentiront à lui laisser ceux, les aboyeurs de l’Assemblée, les thuriféraires du Hamas, les nostalgiques de la terreur robespierriste, les promoteurs de cette nouvelle « solution finale » que serait la disparition pure et simple de l’État d’Israël, ceux, donc, qui dans la fange de cette partouze politicarde seront les véritables maîtres tout simplement parce qu’ils sont les plus violents. Les autres se coucheront. Ils ont un talent tout naturel pour cet exercice, semble-t-il.
Le label Nupes n’étant plus aussi vendeur qu’il le fut voilà à peine deux ans et demi, on ravale la façade en Front Populaire. Pourquoi se gêner ?
Pillage et saccage seraient donc bien aussi les deux mamelles de cette France-là, la France à la Rose. Pillage de l’enseigne, saccage de l’héritage. On ne meurt que deux fois, dit-on. Pour Léon Blum, la seconde fois c’était à l’heure même où les tristes pitres qui se prétendent ses continuateurs signaient l’accord de la honte.

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Quand De Gaulle, Giscard et Chirac étaient (bien) plus à droite que «l’extrême droite»

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Les LR Renaud Muselier et Eric Ciotti (ici photographiés à Paris en 2017) ne sont pas d'accord sur la stratégie d'alliance avec le Rassemblement national de Jordan Bardella et Marine Le Pen © WITT/SIPA

Si Jordan Bardella est d’extrême droite, en raison notamment des positions du RN sur l’immigration, où classer du coup le général de Gaulle et ses pâles épigones ? Les pudeurs de gazelle des dirigeants LR vis-à-vis de toute alliance électorale sont-elles vraiment justifiées ?


« Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très intelligents. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » Ainsi s’exprime le général de Gaulle auprès d’Alain Peyrefitte en 1959, durant la guerre d’Algérie1.

Les gaullistes sont devenus conformistes

Pour le président de la République, qui considère que « nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture gréco-latine et de religion chrétienne », l’intégration est une « entourloupe » vouée à l’échec. « Avez-vous songé que les musulmans se multiplieront par deux, puis par cinq, pendant que la population française restera presque stationnaire ? C’est un tour de passe-passe puéril ! », martèle-t-il à son interlocuteur, avant de conclure : « Vous voyez un président arabe à l’Élysée ? » Le général préférera donc accorder l’indépendance à l’Algérie. Après la signature des accords d’Évian en mars 1962, près de 70 000 anciens supplétifs de l’armée française et leur famille (selon les dernières estimations des historiens) sont torturés et massacrés par la population locale sans que la France n’intervienne. « Nous ne devons pas nous laisser envahir par la main-d’œuvre algérienne, qu’elle se fasse ou non passer pour des harkis ! Si nous n’y prenions pas garde, tous les Algériens viendraient s’installer en France », déclare le chef de l’État en Conseil des ministres, quelques mois plus tard2. Alors Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Renaud Muselier, Laurent Wauquiez, Jean-François Copé et consorts, toujours gaullistes ?

Il y a quelque chose de loufoque à voir certaines grandes figures de la droite autoproclamée « républicaine » évoquer pompeusement le général de Gaulle, la croix de Lorraine, l’esprit de la Résistance ou Munich pour vilipender une éventuelle alliance électorale avec « l’extrême droite ».

Nos si conformistes « gaullistes » du XXIe siècle, visiblement fort soucieux de leur image dans les médias, refusent donc de se livrer à une telle « infamie », pour reprendre les termes de Renaud Muselier. La France est en train de couler mais leur vertu elle, reste à flot, c’est l’essentiel. Pendant ce temps, la gauche est prête à se regrouper sans barguigner autour d’un parti de plus en plus antisémite et de moins en moins républicain (avec la complaisance ahurissante de ces mêmes médias)… On serait d’ailleurs très curieux de connaître la définition précise de ce qu’est « l’extrême droite » aux yeux de nos « gaullistes » du dimanche. Ignorent-ils que les premiers à rallier l’homme du 18 juin à Londres en 1940 viennent pour la plupart de l’extrême droite, la vraie ?  

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Sur le plan historique, un parti d’extrême droite qui accepte le jeu démocratique, refuse la violence, défend la laïcité, combat l’antisémitisme, ne remet pas en cause le mariage homosexuel et va même jusqu’à voter la constitutionnalisation du droit à l’IVG serait une grande première. Signe que les temps ont décidément bien changé, c’est la simple critique de l’immigration et de ses effets pervers, la défense des frontières ou des positions fermes sur la sécurité qui vous extrême-droitise automatiquement de nos jours, alors même que ces idées étaient partagées et considérées comme le bon sens le plus élémentaire par la plupart des partis politiques de droite comme de gauche sous la IIIe, IVe et Ve République, jusqu’au Parti communiste de Georges Marchais à la fin des années 1970. Dans les années 1980 le RPR de Jacques Chirac, qui se veut l’héritier du gaullisme, préconise en sus de la restriction de l’accès aux allocations familiales, la suppression du droit du sol et l’expulsion des immigrés au chômage depuis plus de deux ans. Soit le programme de « l’extrême droite » aujourd’hui.

Quand Valéry Giscard d’Estaing plaidait pour le droit du sang dans Le Figaro

C’est une époque où le RPR s’allie avec le FN à Dreux, lors des élections municipales de 1983, avec l’assentiment de la plupart des têtes d’affiche de la droite républicaine dont Alain Juppé et Jean-Claude Gaudin, pour qui l’essentiel est de « battre l’adversaire socialo-communiste ». Jean-Claude Gaudin, dont le fils spirituel et bras droit à Marseille sera un certain Renaud Muselier. C’est une époque où le chef de l’opposition de droite, Jacques Chirac, vote à l’Assemblée contre la dépénalisation de l’homosexualité (en 1982) et fait lors d’un meeting à Marseille (en 1988) un éloge décomplexé de ce qui est devenu depuis un crime contre l’humanité : « Je suis fier du passé, de l’œuvre coloniale de la France. Il n’y a que les intello-gaucho-masochistes pour critiquer cela. C’est pourtant une image superbe de la France. Quand Jacques Médecin inaugure à Nice une place de l’Indochine, je dis qu’il a raison. » Sans oublier l’envolée lyrique sur « le bruit et les odeurs » entre deux verres de pinard, lors d’un dîner-débat à Orléans (en 1991) devant 1 300 militants hilares3

L’année précédente, les états généraux de la droite (RPR et UDF) réunis à Villepinte prônent une politique d’assimilation stricte, la fermeture des frontières, l’expulsion rapide des clandestins, la limitation du droit d’asile et du regroupement familial, tout en proclamant l’incompatibilité entre l’islam et nos lois. « L’islam n’apparaît pas conforme à nos fondements sociaux et semble incompatible avec le droit français », affirment en cœur les signataires du texte final parmi lesquels Chirac, Giscard, mais aussi Sarkozy, Bayrou ou Juppé. Même le RN n’ose plus défendre en 2024 une telle position, tenue désormais par le seul Éric Zemmour. Dans un article publié en septembre 1991 dans Le Figaro, intitulé « Immigration ou invasion », le crypto-fasciste Valéry Giscard d’Estaing préconise l’abandon du droit du sol au profit du droit du sang et écrit notamment, parenthèses incluses : « Le type de problème actuel auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l’immigration (arrivée d’étrangers désireux de s’installer dans le pays) vers celui de l’invasion (action d’entrer, de se répandre soudainement, selon la définition donnée par Littré). »

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Ironie de l’histoire et nonobstant l’anachronisme, Jordan Bardella et Marine le Pen feraient aisément figure de gauchistes face aux radicaux-socialistes d’il y a même pas un siècle, preuve que la « fascisation » du Rassemblement national – ce que le peu flatteur terme d’« extrême droite » insinue en creux est pour le moins vaseuse. En 1938, un vrai « munichois », pour le coup, le président du Conseil Édouard Daladier, partisan de la préférence nationale en matière d’emploi, promulgue un décret-loi sur la police des étrangers qui prévoit l’internement de tous les « indésirables étrangers », puis « de tout individu considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les propriétaires ont l’obligation de déclarer l’hébergement de toute personne non française. À l’époque, ce sont essentiellement les Juifs venus d’Europe centrale qui sont visés. L’ancien ministre des Colonies du Cartel des gauches fait de la lutte contre l’avortement son autre cheval de bataille et se félicite de mener une politique favorisant « la répression des vices et la lutte contre les fléaux sociaux qui constituent autant de dangers pour l’avenir de la race ». En 1939, le nombre des affaires d’avortement instruites devant les tribunaux explosera, passant de 90 procès au premier trimestre à 277 au deuxième et 509 au troisième.

Chaque parti politique a un placard à cadavres

Au-delà de ses positions sur l’immigration, la diabolisation du Rassemblement national malgré son évolution politique depuis 2011, son changement de nom et la volonté de Marine Le Pen de le « respectabiliser », vient essentiellement des dérapages antisémites de son père et de l’origine du parti. Ses nombreux contempteurs rappellent régulièrement que le Front national, fondé en 1972, compte à ses débuts cinq ex-collabos notoires4, oubliant au passage de préciser que les anciens résistants (33 au total) sont bien plus nombreux encore, ce qui n’excuse d’ailleurs rien. Sauf qu’au petit jeu de la reductio ad Hitlerum, chaque parti politique cache des cadavres dans son placard. Il suffit de l’ouvrir. L’histoire du Parti socialiste et de son ancêtre la SFIO n’a, par exemple, rien de glorieux non plus à l’aune de la morale du XXIe siècle (on occultera pudiquement le Parti communiste pour ne pas allonger inutilement la lecture de cet article). Au-delà des diatribes antisémites de Jean Jaurès et de nombreux socialistes d’un autre siècle, ou des discours colonialistes de Léon Blum sur les « races supérieures » censées « attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation »5, souvenons-nous qu’une grande majorité  des parlementaires socialistes votent les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940 et que 12 des 17 ministres socialistes de la IIIe République encore en vie à la Libération sont exclus du parti en raison de leur compromission sous l’Occupation.

Pendant la guerre d’Algérie, c’est sous le socialiste Guy Mollet (1956-1957) que les « pouvoirs spéciaux » sont accordés aux militaires et que certains officiers ne se gênent pas pour manier la gégène sur les terroristes du FLN, pendant que le ministre de la Justice, un certain François Mitterrand, avalise la condamnation à mort de 45 d’entre eux. Le procureur général d’Alger Jean Reliquet ne tardera pas à accuser trois ministres du gouvernement (les socialistes Max Lejeune et Robert Lacoste, ainsi que le radical-socialiste Maurice Bourgès-Maunoury) d’avoir autorisé la torture6. Souvenons-nous enfin que le PS prend les rênes de l’État en 1981 grâce à un homme décoré de la Francisque, qui fleurira pendant plusieurs années la tombe du maréchal Pétain. Une francisque remise en main propre par le vainqueur de Verdun en mars 1943 (on oublie trop souvent de préciser la date), soit tout de même huit mois après la rafle du Vél D’Hiv, organisée par son ami René Bousquet… À ce petit jeu enfin, De Gaulle en personne, mais aussi Giscard et Chirac méritent eux aussi leur point Godwin, c’est pour dire. Le général n’a-t-il pas nommé préfet Maurice Papon et Premier ministre un autre décoré de la Francisque, Maurice Couve de Murville7 ? Soupçonné par les barons du gaullisme d’être une taupe de l’OAS8 (le colonel Bastien-Thiry, organisateur de l’attentat du Petit-Clamart, et son avocat maître Isorni prétendent même qu’il en est membre), Valéry Giscard d’Estaing n’a-t-il pas fait de Maurice Papon son ministre du budget entre 1978 et 1981 ? Très Algérie française lui aussi, le jeune Jacques Chirac n’est-il pas patronné en politique par Charles Spinasse, un ancien ministre du Front Populaire emprisonné à la Libération et exclu de la SFIO pour « félonie » ? En attendant qu’un jour peut-être on nomme bien les choses pour ne pas ajouter au malheur du monde, citons pour conclure ces quelques vers écrits en 1943 par Louis Aragon, qui n’était pas non plus d’extrême droite : « Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat. »9


1/ C’était De Gaulle, Alain Peyrefitte.

2/ « La tragédie des harkis : qui est responsable ? », Guy Pervillé dans L’Histoire de mai 2002.

3/ « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs (…) Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte-d’or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales sans naturellement travailler… (applaudissements nourris dans la salle) Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur (rires), eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou ! Il devient fou ! C’est comme ça. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. »

4/ Les anciens de la division SS Charlemagne Pierre Bousquet, André Dufraisse et Léon Gaultier, l’ex-milicien François Brigneau, ainsi que Roland Gaucher, président de la Ligue des lycéens antifascistes avant la guerre, condamné à la Libération pour son appartenance au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat (« FN, les ex-résistants de Le Pen », Nicolas Gauthier dans le hors-série Valeurs Actuelles : l’histoire interdite, vol. 2).

5/ « Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation », déclare Léon Blum le 9 juillet 1925, à la Chambre des députés.

6/ La raison d’État, Pierre Vidal-Naquet.

7/ Nommé par le régime de Vichy directeur des  finances extérieures et des changes en septembre 1940, Maurice Couve de Murville est chargé de superviser les transferts de fonds entre la France et le Troisième Reich, mais aussi de « réduire l’influence juive dans l’économie française ». Cet ancien inspecteur des finances siège parallèlement sous l’autorité du haut commandement allemand à la Commission de Wiesbaden, qui doit appliquer la convention d’armistice. Couve de Murville ralliera le général Giraud, puis le général de Gaulle à Alger en 1943.

8/ Dans C’était de Gaulle, Alain Peyrefitte raconte un petit-déjeuner au ministère de l’Intérieur, le 1er janvier 1963, qui voit les barons du gaullisme fustiger à tour de rôle VGE, alors ministre des Finances (et absent de la réunion), avant que le Premier ministre Georges Pompidou, passablement irrité, ne mette un terme à ce « déballage ».

9/ La Rose et le Réséda.

Impayable et surtout dangereux François Hollande

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L'ancien président socialiste François Hollande, JT de TF1, 13 juin 2024 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Et si c’était l’extrème gauche qui était aux portes du pouvoir ? Sur TF1, l’ancien président de la République a appelé à voter pour le nouveau « Front populaire » dominé par les mélenchonistes


On le voyait de temps en temps dans tel ou tel média, ressassant plus ou moins tacitement son amertume contre son poulain, Emmanuel Macron, qui, emporté sans doute par son destin, l’avait trahi sans états d’âme aucun lors de l’élection présidentielle de 2017. « Monsieur petites blagues », joli sobriquet aux consonances sympas, ne plaisante pourtant pas avec l’affront qu’il a subi et qu’il remâche encore.

Ne vous fiez pas à son allure débonnaire, à son profil arrondi, à ses jeux de mots faciles et autres calembours dont il raffole : François Hollande, s’il n’est pas un fin politique dans le sens noble du terme, dispose cependant de tous les attributs du politicien chevronné. La rancune fait partie de la panoplie. Ennemi intime de longue date de Laurent Fabius, autre orfèvre patenté dans le maniement du surin et un temps poulain préféré donc jalousé de François Mitterrand, il avait trouvé éminemment jouissif de le nommer au Quai d’Orsay dès son élection. Et ce pour une seule raison : le voir placé derrière lui lors des cérémonies officielles ou autres déplacements du chef de l’Etat qu’il était devenu, par un malheureux hasard…

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L’autre soir, au JT de TF1 du très gouleyant Gilles Bouleau, en engageant les Français, la mine grave et le regard farouchement plissé, à faire front au Rassemblement national qui porte de mieux en mieux son nom aujourd’hui, l’ancien président rubicond a franchi le Rubicon. Exhorter, haranguer presque, le peuple de France à voter pour une coalition hétéroclite, bancale, contre nature et surtout infiniment dangereuse, relève de la forfaiture. Il y a quelques jours encore, les plus agités de cette phalange aux sombres desseins n’avait pas de mots assez durs envers Israël, « bourreau » d’un peuple palestinien asservi, tout en justifiant le terrorisme du Hamas, à qui ne manque plus désormais que le Nobel de la Paix. Qui ne dit mot consent et ce ne sont pas les circonvolutions sémantiques de cette nouvelle bande des quatre qui changeront quelque chose…

On sait que le séducteur au scooter, qui a poussé la caricature jusqu’à authentifier l’engin motorisé de ses célèbres exploits nocturnes, rêve de renouer avec les ors de l’Elysée, en cédant à l’irrépressible appel du peuple. Se placer dans la posture d’un éventuel Premier ministre, si cette singulière nouvelle gauche plurielle l’emportait, aurait aussi de l’allure. Notamment celle de régenter un pays sous le regard contrit d’un président dévolu aux chrysanthèmes, que lui-même, dans un grand accès de lucidité dont il a le secret, avait « offert » à la France. Sans doute le syndrome Fabius évoqué plus haut…