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Au Maroc, Emmanuel Macron ne veut voir que du positif dans l’immigration musulmane

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Quand Macron fait l’éloge de la colonisation musulmane…


Bruno Retailleau ne peut pas compter sur Emmanuel Macron. Le ministre de l’Intérieur veut s’attaquer à l’immigration de masse (plus de 500 000 entrées légales par an) et à l’islamisation du pays par les Frères musulmans. Or le chef de l’État ne partage pas ces deux priorités. Il est même prêt à y faire obstacle, tant ces sujets lui paraissent médiocrement populistes.

Hier, lors de son voyage d’Etat au Maroc, le président n’a voulu aborder, prudemment, que l’immigration illégale, en insistant sur la « nécessité d’une coopération naturelle et fluide en matière consulaire ». « Nous avons besoin de davantage de résultats », a-t-il plaidé. Il a aussi évoqué la « lutte contre les trafics de toute nature », dont le « narcotrafic » qui « gangrène nos territoires [et] nécessite une coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide ». Au-delà de ces mots vagues, Macron, qui avait qualifié en 2017 de « crime contre l’humanité » la colonisation française en Algérie, s’est aussi fait le chantre de l’ancienne colonisation musulmane en Espagne et en France.

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S’adressant au roi Mohammed VI, il a dit : « Les années d’Al-Andalus ont fait de l’Espagne et du sud de la France un terreau d’échange avec votre culture ». Déjà, en 2006, Jack Lang, qui accompagne l’importante délégation française (122 personnalités), avait commis un livre (Immigration positive, Odile Jacob) dans lequel, sur la même page, l’actuel président de l’Institut du monde arabe qualifiait d’ « ignominieuse » la valorisation de la colonisation française, tout en tressant des lauriers à la longue occupation maure en Espagne (711-1492) qui imposa aux juifs et aux chrétiens leur condition inférieure de dhimmis. « J’appelle à des Andalousies toujours recommencées ! », pouvait-on lire sous la plume de Lang citant l’orientaliste Jacques Berque. Cette reconquête d’Al-Andalous, et de la France par-dessus le marché, reste le rêve des islamistes.

La présence de l’ « humoriste » batailleur Yassine Belattar dans la délégation française peut être interprétée comme un désaveu public lancé par Macron à Retailleau, qui participe au voyage officiel. Belattar, qui a l’oreille du président de la République, représente tout ce que combat politiquement le ministre de l’Intérieur. Proche du CCIF (collectif contre l’islamophobie en France), aujourd’hui dissous, et des Frères musulmans, Belattar est l’expression quérulente de la contre-société islamique qui entend faire sécession. Il est le porte-voix d’un communautarisme musulman qui s’érige en victime permanente d’un racisme français et qui refuse tout processus d’assimilation. Belattar, qui défend notamment le port du voile, avait participé à la manifestation de novembre 2019 « contre l’islamophobie », qui allait réunir publiquement, pour la première fois, l’extrême gauche aux mouvements islamistes et anti-israéliens.

Invité de dernière minute, l’artiste-militant n’a pu être admis dans la délégation française, en jogging et baskets dans un premier temps, qu’après un feu vert présidentiel. Une manière, pour le chef de l’État, adepte des provocations capricieuses, de dire à nouveau : « Je vous emmerde », à ceux qu’il cherche à indigner. Retailleau est resté silencieux. Pour l’instant.

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Les non-dits du 7-Octobre

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Le titre du petit essai du philosophe Daniel Sibony nous dit bien que quelque chose – voire plusieurs choses – ne veut pas apparaître au grand jour, et qu’on préfère s’en tenir à l’aspect strictement politique, concernant le conflit actuel au Moyen-Orient…


Comment expliquer la monstruosité du 7-Octobre ? Daniel Sibony s’appuie sur l’histoire et sur les textes bibliques et coraniques, sans compter la charte du Hamas, pour montrer que ce qui se joue, et que l’Occident en particulier ne veut pas voir, concerne une haine vieille de 13 siècles. N’hésitant pas à parler de plagiat pour qualifier le Coran, il dévoile ce qu’on pourrait appeler le complexe du cadet qui veut prendre la place du premier. Ainsi, Isamaël prend celle d’Isaac dans le texte sacré de l’islam, oubliant, par ailleurs, qu’à celui-ci, dans la Bible, est dévolu un grand destin qui fera de lui également le père d’une grande nation. De la même façon, les deux mosquées de l’esplanade du même nom furent construites à l’emplacement exact du premier temple des juifs. Recouvrir l’origine, se substituer à elle jusqu’à effacer le texte premier et ceux qui vont avec. Car il ne suffit pas que les juifs n’existent plus, il faut, de surcroît, qu’ils n’aient jamais existé. Ils ne sont pas le peuple élu, Dieu les a maudits (Allah, peut-être, Yahvé, non, malgré toutes les remontrances). Les juifs ont falsifié leur texte, se seraient donné le beau rôle, alors que le vrai peuple de Dieu était encore à venir… Daniel Sibony souligne les problèmes logiques, voire les aberrations de tels procédés : « L’inversion chronologique et le déni qui l’accompagne sont cautionnés par assez de fidèles pour imposer cette croyance qu’un texte écrit au VIIème siècle de notre ère précède un texte écrit au VIIème siècle avant notre ère. »

Cause et conséquences

C’est cette haine qui empêche, selon l’auteur, la résolution du conflit israélo-palestinien. La cause palestinienne est recouverte depuis longtemps par la guerre sainte, dite encore djihad islamique : «  La cause palestinienne s’exporte au dehors comme un effort de libération nationale ou contre le colonialisme, et se pratique au dedans comme le djihad contre les juifs. » Il faut bien observer que le Hamas n’a pas réclamé un instant, lors du 7-Octobre ou après, le retrait des « colons » de Cisjordanie. Et, à propos de la supposée colonisation, l’auteur pose par ailleurs la question suivante : «  Mais Israël serait la colonie de quel État ? » Les Palestiniens lui semblent pris dans un étau ; comme s’ils devaient, étant géographiquement à l’avant-garde, endosser le rôle de l’éradicateur d’un peuple qui n’aurait aucune raison d’être là. Ce serait-là leur malédiction, laquelle renverrait aux calendes grecques toute espérance d’un État où ils pourraient enfin vivre en paix. Quant à l’argument selon lequel les juifs n’auraient rien à faire dans cette partie du monde, Daniel Sibony rappelle l’histoire qui les y a trouvés depuis des millénaires et la dimension symbolique véhiculée par leur texte. Et, à propos de texte justement, il interroge la situation des musulmans qui disent sincèrement que « ces violences n’ont rien à voir avec l’islam, alors que leur texte regorge d’attaques contre les gens du Livre. Cette contradiction condamne au clivage ou encore au double discours ». Il dénonce également les propos des belles âmes quand il rapporte les propos d’Annie Ernaux : « Ce que je veux [Annie Ernaux], c’est qu’on laisse tranquille la religion musulmane. » Daniel Sibony lui fait remarquer qu’« elle ignore que la religion musulmane ne laisse pas tranquilles les autres puisqu’elle ne cesse de parler d’eux pour les maudire »… Le 7-Octobre apparaît comme l’acmé d’un processus vieux de 13 siècles, le moment où la haine s’est exprimée de manière paroxystique. Les inversions accusatoires, déjà à l’œuvre depuis un bon moment, ont été reprises en chœur à partir de la riposte israélienne, en Occident en particulier : les juifs devenus les nouveaux nazis, les Palestiniens, exposés par le Hamas, les nouveaux juifs, le génocide invoqué pour parfaire la donne… Ce sont toutes ces inversions et distorsions que le philosophe et psychanalyste analyse. Depuis le temps qu’il dit et répète que : « l’origine de la haine, c’est la haine de l’origine »,il serait temps de l’entendre lorsqu’il pose cette question essentielle : comment faire pour « cesser de transmettre la violence envers les autres quand elle est inscrite dans un texte sacré ? »

Les non-dits d’un conflit de Daniel Sibony (Éditions Intervalles, 2024), 203 pages

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Bloqueurs de puberté: une étude américaine cachée par militantisme

Johanna Olson-Kennedy est un médecin spécialiste en médecine pédiatrique à Los Angeles. Elle est surtout une militante très engagée dans la médecine de genre. Le genre de militante qui cache les résultats d’une étude si elle ne va pas dans son sens…


DR.

Or c’est justement ce qui vient d’arriver !

À Los Angeles, le docteur Johanna Olson-Kennedy, médecin influent et défenseur des traitements de genre pour les adolescents, a reporté la publication d’une étude sur les bloqueurs de puberté, en raison du climat politique actuel aux États-Unis. Cette recherche, commencée en 2015, financée au niveau fédéral, a impliqué 95 jeunes à qui des bloqueurs de puberté ont été administrés. Les résultats de l’étude n’ont pas révélé d’amélioration de la santé mentale chez les participants. « Je ne voulais pas que notre travail soit utilisé comme une arme », s’est justifiée Mme Johanna Olson-Kennedy, interrogée sur les raisons de sa décision de ne pas publier les résultats.

Le militantisme trans s’appuie sur un dogme qui vise à faire des bloqueurs de puberté et de la mastectomie (ablation des seins), la réponse aux problèmes des enfants qui se pensent nés dans le mauvais corps. Une réponse qui doit être mise en œuvre le plus tôt possible, tant la dysphorie de genre est selon les militants de la cause un problème existentiel. Il s’agirait littéralement d’une question de vie ou de mort, puisque certains médecins mettent en avant leur connaissance de cette pathologie pour prétendre que les interventions précoces empêchent les suicides des adolescents. C’est ainsi qu’ils convainquent des parents souvent dépassés et qui craignent pour la vie de leur enfant d’entrer dans des processus thérapeutiques qui peuvent le rendre stérile ou conduire à la mutilation.

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

La théorie de ces médecins militants, c’est qu’en remettant les enfants et les ados dans le « bon corps », ils retrouveraient leur équilibre. C’est pourquoi l’étude se focalise sur des enfants de 8 à 15 ans. Le problème, c’est que l’étude ne confirme pas cette théorie. Alors pourquoi ne pas avoir regardé cela en face ? Après tout, ce qui devrait toujours guider les recherches c’est l’intérêt du patient et non l’idéologie du médecin. Il faut croire que non, selon Mme Olson-Kennedy. Il faut aussi dire que, s’il est agréable de passer pour la papesse de la dysphorie quand la médecine de genre est à la mode et vue comme une discipline progressiste, cela devient plus compliqué quand par manque de discernement ou absence de rigueur scientifique, on a mutilé et abimé des enfants qui devront toute leur vie vivre avec des effets secondaires ou un corps incomplet.

Deuxième problème pour le docteur Olson-Kennedy, c’est aussi en présentant la médecine de genre comme une façon de prévenir les suicides chez les enfants et adolescents atteints ou croyant être atteint de dysphorie de genre, que les cliniques spécialisées et la discipline en elle-même ont obtenu des financements. Pour cette étude, dont la médecin-star de la mastectomie a donc dissimulé les résultats, son équipe a touché 9,7 millions de dollars du National Institute of Health (NIH), organisme de santé publique fédéral. En cacher les résultats s’apparente aussi à escroquer les citoyens qui l’ont financée. Dernier point, c’est aussi grâce à cette affirmation que les militants trans ont infusé idéologiquement nombre de responsables politiques et ont influencé les organismes chargés de santé publique (Planning familial en France, notamment) ou luttant contre les discriminations (Dilcrah, par exemple chez nous).

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Pourquoi avoir investi le champ de la lutte contre les discriminations ? Parce que si lutter contre une impossibilité biologique est absurde, transformer cette impossibilité en injustice sociale permet aux militants trans de nier le caractère pathologique de la dysphorie et de se présenter en victimes d’une société intolérante. Et c’est notamment par ce biais-là qu’ils partent à l’assaut des politiques, lesquels doivent prouver qu’ils sont à la fois éclairés, vertueux et épris de justice, en autorisant bloqueurs de puberté et opérations mutilantes. Soutenir la cause trans devient ainsi valorisant.

Le problème est que ces militants ont imposé jusqu’à présent leurs croyances en l’absence de toute étude scientifique valable. Et en laissant faire, politiques et hauts fonctionnaires ont exposé des enfants à des interventions sur leur corps dont ils ne peuvent mesurer les conséquences et qui sont souvent irréversibles. On cautionne le fantasme de pouvoir changer de corps, alors que l’on ne peut que prendre l’apparence de celui du sexe opposé. Et cela au prix d’un traitement médicamenteux à vie.

Dogmatisme trans

Seulement voilà, au fur et à mesure que des études rigoureuses sont menées, le discours et les dogmes des militants trans s’avèrent non seulement faux mais dangereux. Ils nient le fait que la nouvelle mode trans amène en consultation de plus en plus d’enfants et d’adolescents mal dans leur peau et en grande souffrance. Ils peuvent présenter des traits autistiques, dépressifs, présenter des traumatismes importants, de l’anxiété, avoir déjà des tendances suicidaires. Or, le moment de la puberté, par les perturbations qu’il génère, est très déstabilisant pour les enfants : la découverte de la sexualité peut faire peur et il a été noté que parmi les candidats au changement de sexe, certains font ce choix car ils n’assument pas, pour des raisons culturelles, personnelles, sociales ou religieuses, leur homosexualité. Enfin, la transidentité est devenue aussi un moyen pour une certaine jeunesse d’affirmer sa révolte en frappant de ses petits poings serrés les réalités qui la dérangent et auxquelles elle n’échappera pas. Ce n’est souvent qu’une passade, le changement de genre est à la mode, et pour la plupart des jeunes cela passe en grandissant. Sauf si on est allé très loin… Or, il y a chez les médecins comme Johanna Olson-Kennedy, une conviction militante qui les pousse à dissimuler aux enfants la réalité de ce dans quoi ils s’engagent. D’ailleurs si on montre beaucoup de mastectomies réussies, on montre moins de reconstructions de pénis, et pour cause. On ne peut revenir sur certains gestes: une fois le pénis ou les seins tranchés, on ne peut les remettre en place. Ou alors dans le cas des seins, l’allaitement n’est plus possible. Quant aux bloqueurs de puberté et aux hormones, ils peuvent rendre stérile.

Des jeunes en souffrance cherchent dans le geste radical qu’est le changement de sexe, la résolution de tous leurs problèmes mentaux. Or ce type de démarche est voué à l’échec. Que des adultes les poussent alors à prendre une décision sur laquelle ils ne pourront revenir et dont ils n’ont pas les moyens d’évaluer les conséquences est dramatique.

D’ailleurs la réaction de la praticienne mise en cause est édifiante. Interrogée sur les raisons de sa dissimulation, elle explique qu’elle craignait que les mauvais résultats ne soient instrumentalisés politiquement. Or non seulement les résultats de cette étude peuvent réduire à néant les revenus très lucratifs que génère la médecine de genre, mais surtout ils finiront à terme par abîmer l’image de ces médecins démiurges qui préfèrent ignorer la réalité quand elle les dérange dans leurs convictions, que protéger leurs patients. Et c’est cette dimension qui dit qui sont réellement ces profils de thérapeutes. Leurs réactions face aux démentis que leur inflige la réalité dévoile le véritable moteur de leur militantisme : une haine de soi et une volonté de détruire tellement forte qu’elle s’en prend à ce qu’il est impossible de changer, la réalité biologique. Cette rage idéologique les rend imperméables à la multiplication des études qui alertent sur la dangerosité de leurs pratiques et leurs conséquences. Le mal qu’ils font, ont fait ou feront à beaucoup de leurs patients est nié ; plus leurs théories se révèlent fausses, plus leur violence s’accroit. Il y a une dimension totalitaire et folle dans la démarche trans qui ne pouvait qu’aboutir à cet échec scientifique et moral. Il est posé, reste à savoir quand les politiques le regarderont en face.

Dresde: le Maestrobot

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Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Dresde ont été dirigés par trois bras de robot. Une première mondiale diversement appréciée.


Véritable réalité postmoderne, ou gadget futile pour faire le buzz ? Pour fêter son 25ème anniversaire, l’Orchestre Symphonique de Dresde (à na pas confondre avec la mythique Staatskapelle de la même ville, vénérable institution fondée au XVIème siècle) a confié la direction du concert à… un robot. Et pas n’importe lequel : un étonnant appareil très large, à trois bras ressemblant à des sabres laser, chacun dirigeant un petit groupe séparé de l’orchestre.

Argument des expérimentateurs : la pièce, composée spécialement pour l’occasion, n’est « pas dirigeable par un humain ». Si l’œuvre en question, de l’Allemand Andreas Gundlach, n’est pas inintéressante en soi, le procédé laisse néanmoins dubitatif – et nous replonge tout droit dans l’éternel sujet « l’homme contre la machine ». Sauf qu’il s’agit ici d’un domaine artistique dont on peut raisonnablement douter qu’il puisse être abordé de cette manière.

Mais, selon le compositeur, l’idée du robot a été inspirée par des scientifiques de l’Université technique de Dresde (pôle d’excellence CeTI – Centre for Tactile Internet with Human-in-the-Loop) qui développent des « cobots », c’est-à-dire « des robots collaboratifs qui ne sont pas destinés à remplacer les êtres humains, mais à travailler avec eux ». Assistance et non remplacement, donc. Dont acte. Qu’il soit toutefois permis à votre serviteur de préférer un Herbert Blomstedt, un Valery Gergiev ou encore un Christian Thielemann « non assisté », pour la beauté de l’art. Réflexe réactionnaire, quand tu nous tiens !

Rabat-joie: comment Macron a basculé en faveur de Mohammed VI

Le président Macron termine une visite d’État historique au Maroc. Analyse.


La visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc est un véritable succès diplomatique pour la France. Alors que les relations avec le royaume chérifien semblaient distendues depuis 2019, ce déplacement marque une nouvelle étape dans les relations franco-marocaines avec la signature d’accords économiques d’envergure.

Le 30 juillet, Emmanuel Macron décidait de reconnaître la souveraineté marocaine au Sahara. La date choisie était symbolique puisqu’elle coïncidait avec le 25ème anniversaire de la Fête du Trône, célébrant l’accession au pouvoir de Mohammed VI. Emmanuel Macron prenait alors un risque calculé vis-à-vis d’Alger, dont l’exécutif, en dépit de mains régulièrement tendues, se montre depuis plusieurs années rétif à un dialogue sain et apaisé. Le risque s’est avéré payant, comme en témoigne cette visite réussie qui a enthousiasmé un peuple marocain visiblement ravi de renouer une relation de bonne intelligence avec Paris. Ainsi, Emmanuel Macron a eu droit à une réception royale sur le tarmac de l’aéroport puis à une parade assez grandiose dans les rues de Rabat. Il s’est aussi exprimé devant le Parlement marocain où il a réaffirmé mardi que « le présent et l’avenir » du Sahara « s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », précisant en outre que cette position n’était « hostile à personne ».

Nous aurions néanmoins tort de voir dans cette visite le signe d’une « réconciliation », puisqu’il s’agit plutôt d’un retour à la normale historique des deux pays depuis deux décennies déjà. Au cours des années 2000 puis 2010, le Maroc s’est transformé en profondeur, tant sur les plans économiques et sociaux qu’institutionnels. C’est du reste la réforme constitutionnelle de 2011 qui a permis au royaume de se protéger de la vague des « printemps arabes ». Reste que la période plus récente fut marquée par la tiédeur et une forme d’incompréhension mutuelle que ce voyage clôt. 

La plus importante délégation officielle sous l’ère Macron

Le président de la République a amené 130 personnes dans son sillage, dont dix ministres parmi lesquels Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Antoine Armand (économie), Rachida Dati (Culture), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Défense). Le monde des affaires n’était évidemment pas en reste, avec un contingent pléthorique dont on retiendra les noms de Patrick Martin (patron du Medef), Frédéric Arnault (LVMH), Hervé Derrey (Thalès), Rodolphe Saadé (CMA-CGM), Wouter Van Wersch (Airbus), Benoit Piètrement (Intercéréales), Henri Poupart-Lafarge (Alstom) ou encore Patrick Pouyanné (TotalEnergies)… De quoi balayer l’essentiel des sujets chauds entre les deux pays. Un nom a néanmoins fait polémique, celui de Yassine Belattar qui est arrivé en jogging et baskets devant le monarque chérifien. Et ce d’autant plus qu’il n’était pas annoncé sur la liste officielle… Ce détail fâcheux n’aura toutefois pas gâché une visite d’Etat extrêmement productive.

Après la présentation d’une déclaration franco-marocaine portant sur un « partenariat d’exception renforcé », vingt-deux contrats ont été signés dans la résidence des Hôtes Royaux pour un montant total évalué à un peu plus de 10 milliards d’euros. Occasion était donnée aux grand groupes français de pavoiser et de faire la démonstration de leur savoir-faire dans des domaines de pointe. Un contrat était particulièrement attendu des deux côtés : la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de train à grande vitesse Tanger-Marrakech par Alstom et Elgis qui étaient jusqu’à présents soumis à une rude concurrence asiatique. Le groupe fournira aussi plus d’une dizaine de rames de TGV. Citons aussi EDF, TotalEnergies et Engie qui ont tous signé d’ambitieux contrats dans le domaine des énergies vertes. Veolia a annoncé de son côté la construction de la plus grande centrale de désalinisation d’eau de mer au monde. Elle aura une capacité de 300 millions de mètres cubes et sera alimentée en électricité issue d’énergies renouvelables.

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Se voulant nouvelle puissance maritime dans l’océan Atlantique, Rabat nourrit aussi de grands projets pour ses ports de marchandise. C’est ainsi que le transporteur CMA CGM s’est associé avec Marsa Maroc pour « équiper et exploiter » pendant 25 ans la moitié du terminal à conteneurs de « Nador West Med », dans le nord du Maroc. Cette entreprise équipera 35 hectares du terminal à conteneurs ainsi que 750 mètres de quai pour un investissement total de 280 millions d’euros. Les Toulousains seront aussi heureux de savoir que le domaine aéronautique n’était pas en reste avec la création d’un site de maintenance du moteur LEAP de Safran à Casablanca. Un moteur extrêmement performant qui équipe 3500 avions monocouloirs de dernière génération de l’avionneur Airbus.

Si la notion de « guerre économique » est souvent évoquée en ce moment, à raison concernant la Chine ou les Etats-Unis, nous sommes ici dans le cadre d’une pax economica profitable aux deux pays. Dans un monde en crise, où de grands Empires adoptent des comportements prédateurs, la puissance française offre une alternative intéressante à de nombreux pays. Par son histoire et son présent, elle est membre du Conseil permanent de l’ONU et dotée de l’arme nucléaire, écoutée en Europe et ailleurs, mais elle ne cherche pas à dominer ou asservir. Evidemment, les relations historiques que nous entretenons avec le Maroc et sa population sont d’une grande aide dans ce qui s’apparente au premier grand succès diplomatique d’Emmanuel Macron, mais ces accords sont rendus d’abord et avant tout possibles par les intérêts communs qui unissent les deux pays. La modernisation du Maroc offre un environnement des affaires extrêmement compétitif pour nos entreprises. Surtout, les relations ne sont entachées d’aucune rancœur historique…

Des questions géostratégiques en filigrane

Par son positionnement géopolitique, le Maroc peut incarner un trait d’union et un espace de dialogue entre les pays dits du « Sud » et l’Occident, ce que la signature des accords d’Abraham avait manifesté. On l’a encore constaté avec la déclaration commune d’Emmanuel Macron et Mohammed VI sur le Proche-Orient qui est un appel lancé pour trouver une paix juste et l’arrêt des combats qui ensanglantent la zone. Plus encore, le Maroc est un partenaire indispensable pour la France en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, Rabat a fait de l’intégration panafricaine un de ses piliers stratégiques avec la création du Casablanca Finance City, hub d’investissement et de gestion des flux financiers aux orientations continentales.

L’Afrique de l’ouest est un enjeu majeur en matière de défense, d’économie et évidemment d’immigration. C’est aussi la raison pour laquelle Bruno Retailleau était du voyage, au-delà de la question des OQTF. Le président de la République a pu rappeler au cours de son discours que la lutte contre l’immigration illégale constituait une « attente forte en France » et a appelé à l’obtention de « davantage » de résultats dans le cadre d’une « coopération naturelle et fluide ». Trouver des voies de co-développement est un moyen essentiel pour répondre à cette attente et c’est en partie pour cette raison qu’une telle visite était espérée.

Paradoxalement, il faut aussi croire et espérer que l’apaisement avec l’Algérie passe par une position tranchée en faveur du Maroc. À terme, Alger n’a aucun intérêt à s’exclure des grands partenariats transcontinentaux qui se nouent présentement. La France a eu raison de sortir de l’ambiguïté stratégique et d’assumer de prendre une décision qui va accroitre son influence dans cette région du monde. Nous devons reprendre pied dans un monde chaotique en proie aux guerres par l’affirmation de nos atouts et l’officialisation d’alliances au cas par cas. La politique arabe et africaine d’Emmanuel Macron, longtemps critiquée, semble enfin aller de l’avant. Pourvu que ça dure.

Jordan Bardella: à la gare comme à la guerre

En censurant une affiche pour son livre dans les gares avec des arguments spécieux, la régie de la SNCF offre une incroyable et inespérée campagne de publicité au président du RN.


Alors là, Mesdames et Messieurs, chapeau bas ! Sans contestation possible, le prix Nobel 2024 de la stratégie éditoriale ne peut être décerné – à l’unanimité – qu’à l’équipe des éditions Fayard, éditeur du livre de Jordan Bardella, Ce que je cherche. Quel coup de maître ! On n’a jamais fait mieux pour assurer la promotion d’un bouquin à sa sortie. Et quasiment sans mettre un kopeck dans la machine. Bravo ! Bravissimo !

Un coup magistral

Bien sûr, je ne suis pas dans les secrets de l’affaire et je ne fais ici que tenter de m’insinuer dans le cerveau des concepteurs de ce coup absolument magistral. Je pense qu’ils sont partis du constat extrêmement simple, maintes fois vérifié, que la bêtise est toujours prévisible. Elle avance avec de gros sabots et un nez très rouge, si bien qu’on l’entend et la voit venir de loin. Forts de cette certitude, ils se sont dit, puisqu’il s’agit pour nous de publier ce qui est selon les ayatollahs aux petits pieds du syndicalisme à la papa de la SNCF et de la RATP quelque chose qui s’apparente aux œuvres du Diable, faisons mine de convoiter une vaste campagne d’affichage dans les gares de France avec en grand le portrait du Lucifer en question assorti du titre de cette œuvre vouée aux flammes de l’enfer.Rien que de très sobre en fait. Et doncd’autant plus efficace.

Les réactions horrifiées n’ont pas tardé tant il est vrai que la manifestation de la bêtise, contrairement aux trains en gare, ne se fait jamais attendre bien longtemps. Levée de boucliers, protestations furibardes. No pasaran Bardella et son opus ! La régie publicitaire de la SNCF retoque le projet de campagne d’affichage. Conséquence immédiate, un tapage médiatique XXL. Le tour est joué. Chez Fayard, subodoré-je, plus ou moins en catimini on débouche le champagne. L’affaire est dans le sac.

Les arguments avancés pour ce rejet sont eux aussi une assez belle illustration de la sottise à l’œuvre. M. Bardella, figurez-vous, est un personnage politique en activité. Président de parti et député européen. En activité, là est la première raison du refus. S’il avait attendu d’avoir échoué, d’avoir bien baladé ses électeurs et les Français dans son parcours de quinze ou vingt-cinq ans de vie publique, tels celles et ceux qui, bien que personnages politiques très affirmés eux-mêmes, ont eu droit précédemment à de semblables campagnes, le rideau de fer se serait peut-être entrouvert. Ou bien aurait-on déniché une autre baliverne, du genre « ne contribuons pas à réveiller la Bête immonde, faisons barrage au retour des fantômes sur pattes des obscures légions de l’Adolph ». La bêtise, en effet, est non seulement prévisible mais le ridicule lui va comme un gant.

Arguments spécieux

Autre argument pour l’interdiction, le titre. Une merveille d’intelligence, cet argument ! Derrière ces simples mots, Ce que je cherche, se profilerait un programme politique. Enfer et damnation ! En fait, une proposition, une réflexion, un état des lieux. Ce qu’on appelle un contenu. Or, ce serait au nom de la neutralité qu’on censurerait – il s’agit bien de censure en effet – le contenu d’un ouvrage ! Où est la neutralité ? Émettre un avis et mieux encore prononcer un interdit sur la base des idées, du contenu d’un texte ne peut en aucun cas être effectué sans, par le fait même, s’extraire du principe de neutralité. Cela implique évidemment de prendre parti. Prendre parti, tout l’opposé de la neutralité. Et au nom de quoi ? Selon quels critères, quelles normes objectives définies par qui et selon quelle méthode (méthodologie, comme on dit dans les très inutiles séminaires de cadres exténués)?

Qu’importe au fond. La bêtise ne s’arrête pas à ces considérations. Elle fait la guerre. La guerre aux idées qui la défient et la défrisent. Sauf que la guerre aux idées ne peut se faire qu’idées contre idées. Encore faut-il en avoir. Là est le problème. Alors il reste l’arme dérisoire et pitoyable qu’inspire la panique – car ils sont en panique – l’interdit, l’anathème, l’absurdité inquisitoriale.

La CGT, par la voix d’un de ses brillantissimes chefs, a commenté ce projet de campagne : «  C’était une véritable provocation (…) Tout le monde est remis à sa place et on peut toujours affirmer que le RN n’est pas un parti comme les autres. » Tout le monde remis à sa place, comme les onze millions d’électeurs du second tour des législatives refoulés sur le quai de la gare tandis que la carpe et le lapin embarquaient  allègrement dans le TGV fourre-tout du Barrage dit Républicain. Or, c’est bien cette même guerre qui aujourd’hui se prolonge. Usant de moyens et de procédés de plus en plus médiocres, imbéciles, mesquins. Moyens et procédés qui ne sont, pour tout dire, que l’acceptation inconsciente et refoulée de la victoire des idées que ces épouvantés en carte prétendent combattre.

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Résistez à la culpabilisation avec Mona Chollet: adoptez la féline attitude!

Il y a beaucoup de questions qui trottent dans la tête de la féministe Mona Chollet. Normal: c’est une intellectuelle confirmée! Comme Donald Trump, l’auteuse à succès sait comment livrer bataille contre les «ennemis de l’intérieur»…


Journaliste de formation, Mona Chollet est devenue une « auteuse » incontournable, engagée corps et âme pour les femmes et contre le patriarcat, une militante de choc connue et révérée pour ses essais successful.  Dans ceux-ci, sans concession aucune, elle épingle et c’est pour mieux les rendre inopérantes, les fourbes manœuvres ourdies de toute éternité par le mâle blanc cis-genre retors et vicieux.

Elle vend ses productions comme des petits pains

Elle identifie et propose des solutions pour contrer la figure patriarcale maligne, mue par une seule volonté, atavique, celle d’assujettir, de dominer, d’exploiter et d’humilier la gent féminine. On se souvient avec émotion des précédents opus de la dame : Beauté Fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Chez soi, une odyssée de l’espace intérieur ou Réinventer l’amour, comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles.

En 2018, paraît Sorcières : la puissance invaincue des femmes. C’est pour Chollet le succès, grisant, fulgurant. Michelet avait magnifié la sorcière, Mona l’a réveillée pour en faire un modèle inspirant à destination de ses sœurs, victimes séculaires de la masculinité toxique. Sorcières s’est vendu comme des petits pains ; toutes les bourgeoises diplômées l’ont acheté et ont crânement enfourché leur balais ou leur aspirateur pour entrer en résistance contre le prédateur quinquagénaire et blanc.  L’heureuse Mona, forte du matelas que lui a assuré la vente de son ouvrage majeur, a pu quitter la mine, à savoir son job de « cheffe d’édition » dans un grand journal, s’affranchissant ainsi du joug du travail et des contraintes. On la pensait sur le point de pouvoir goûter, tout en continuant à servir la cause des femmes de sa plume alerte, la liberté intellectuelle et culturelle méritée par l’excellence de son être. Héraut.e, porte-voix et défenderesse de ses sœurs opprimées mais également devenue libre de s’adonner à l’otium, elle allait pouvoir le vivre pleinement, son droit à la paresse, notre vertueuse, rendue là où son chemin de vie, juste, la menait. On l’espérait heureuse, accomplie et fière.

Ici, la voix

Las ! Sans horaires ni impératifs autres que ceux qu’elle s’impose, Mona s’emmerde et peine à organiser son temps. Comment choisir entre tous les possibles qui s’offrent à elle ? Écrire, œuvrer pour la cause féminine, lire, mater des séries, c’est vertigineux ! Le choix est cornélien. Si la situation est dramatique, elle n’est pourtant pas désespérée. Voyez plutôt. C’est encore une épreuve que la vie envoie à Mona, certes. D’autant plus que LA VOIX, celle qu’elle avait réussi tant bien que mal à tenir à distance jusque-là, profite lâchement de cette situation de faiblesse de notre femme puissante pour tenter une nouvelle offensive visant à l’envoyer au tapis. « J’ai commencé à entendre la voix dans ma tête il y a environ huit ans (…) désormais à chacune de mes maladresses, la voix se déchaînait, elle tonnait (…) Aujourd’hui (…), quand par exemple, je me plonge dans l’écriture pour une longue période, en délaissant des piles de livres en attente de lecture, ou les films et les séries à voir, elle persifle : ce serait peut-être bien de te tenir au courant et de nourrir tes travaux des autres, comme le font toutes les autrices autour de toi, non ? » Et la persécutée de poursuivre : « Et quand je m’installe dans mon fauteuil pour disparaître derrière les piles en question, la voix s’impatiente : c’est bien joli de lire à l’infini, mais il faudrait peut-être penser à produire quelque chose, toi aussi. Ce nouveau livre ne va pas s’écrire tout seul ! » Mona est victime d’une attaque en règle de la bien connue peur du bonheur. Mona ne se sent pas digne de recevoir les bienfaits dont la gratifie l’existence et elle culpabilise. L’affaire devient vite infernale puisqu’elle en a conscience : elle « culpabilise de culpabiliser ». La vie est cruelle, n’en doutons plus.

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Mona se ressaisit, heureusement. Confrontée à l’adversité, elle relève la tête et choisit le combat ; c’est une résiliente, Mona. C’est décidé, elle triomphera de l’état d’esprit délétère où la plonge la culpabilisation et œuvrera en faveur de toustes celzéceux qui le subissent. Alors, elle étudie, étudie, jusqu’au vertige et parvient à identifier l’origine du malaise subi. De ce sursaut, est né un nouvel essai, indispensable, incontournable, riche en révélations. Il va aider iels à ne plus culpabiliser quand la vie donne, quand le bonheur échoit. Cette œuvre, nécessaire, a pour titre : Résister à la culpabilisation, sur quelques empêchements d’exister. 

Sentiment de culpabilité injustifié

L’essayiste y identifie avec talent l’origine de « l’ennemi intérieur », ce « sentiment de culpabilité injustifié » qui hante « les dominés » dans la société occidentale. Tenez-vous bien, les responsables sont la culture chrétienne, parce qu’elle a inventé « le péché originel » et ses tenants parce que sous prétexte de les éduquer, ils n’ont cessé, depuis toujours, de culpabiliser les femmes, les enfants et tous les fragiles. Louée soit cette révélation fracassante. Interrogée dans Libé, en date du 20 septembre 2024, Mona (à ses heures psychanalyste également) précise : « Quand les parents voient l’exubérance et la nature désirante de leur enfant, ils sont confrontés inconsciemment à ce qui a été refoulé chez eux-mêmes, enfants. La représentation se reproduit, d’une génération à l’autre. »

Et puis le patriarcat, prêt à tout pour asseoir sa domination, n’a eu de cesse, à partir du Moyen-Âge, que de rabaisser et de minoriser la femme, cette sorcière, en raison de sa supériorité flagrante, écrasante, dangereuse et dument constatée sur les mâles ; supériorité d’autant plus redoutable que la bougresse donne la vie. Ajoutez à ça toutes les dérives comportementales qu’engendrent le militantisme écologique et le féminisme, c’est sûr, on aura du mal à s’en sortir vivant.es. Dans Libé, toujours, la question est posée à Chollet : « Le militantisme féministe ou écologique peut aussi provoquer un sentiment de culpabilité. Pour vous, l’ethos militant s’apparente à celui de la religion ? » Notre Bélise, qui maîtrise son sujet, en convient mais se montre rassurante : « Toute cette énergie pourrait être utilisée à combattre les oppressions et les systèmes de domination (…) » L’essayiste entend ici défendre (on s’en doute) et en écriture inclusive (cela va de soi) « les catégories de population dominées, sur lesquelles circulent beaucoup de stéréotypes négatifs – les enfants, les femmes, les minorités sexuelles et raciales ». Des juifs, elle ne pipe mot. Chollet pointe également – on comprend qu’elle a dû en faire les frais – une société hantée « par la culture du surmenage » et marquée par « l’interdiction de s’écouter ». « Il faudrait imaginer une société où les besoins de repos et de plaisir pourraient être satisfaits de façon indépendante, gratuite (…) » Le paradis, peut-être ?

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Dans cet ouvrage remarquable consacré à la culpabilité, il est amusant enfin de relever que Mona ne cesse de s’excuser, comme si elle avait un peu conscience de l’indécence du son sujet et de la puérilité de ses chouineries : « Je suis un peu embarrassée de consacrer un livre à l’ennemi intérieur à l’époque où les ennemi.e. s extérieur.e.s sont en si grande forme. » Notre astucieuse ne se borne pas, toutefois, à pointer l’origine de la toxique culpabilisation ni à en constater simplement les ravages. Elle propose quelques astuces habiles pour lutter contre le mal. On a retenu la plus plaisante, la voici : adoptez toustes la féline attitude ! Prenez-vous pour votre chat ! Mona déclare à Libé : « Si on aime tellement les chats (…), c’est parce qu’ils ont un côté tellement détendu. Jamais un chat ne va se demander s’il a été assez productif. Ce qu’on projette sur eux est comme un exutoire imaginatif. On leur demande de porter finalement toutes les manières de vivre qu’on n’ose pas adopter. » Dans cet essai, aussi puéril que geignard, Chollet ne semble préoccupée que de son seul bien-être. En son nom, elle prône un individualisme forcené sans qu’il ne soit jamais question de supporter quelque contrainte. Quant aux seuls responsables de tous les malheurs du monde, ce sont bien sûr les mâles blancs de plus de cinquante issus de la civilisation judéo-chrétienne et thuriféraires, on s’en doute, du capitalisme. On aurait bien aimé, pour notre part, qu’elle eût songé à les remercier, au passage, eux et leur civilisation moisie, de lui avoir donné la possibilité de faire commerce, comme elle le fait ici, de l’auscultation un brin obscène de son malaise intérieur.

272 pages.

Résister à la culpabilisation: Sur quelques empêchements d'exister

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Quand j’entends le mot culture…

La culture européenne existe-t-elle encore ? La question, qui divise aujourd’hui les intellectuels, est ignorée par nos élites. Cette culture a pourtant forgé notre regard et un « esprit européen » que le monde entier a admiré. Mais de renoncements en reniements, notre civilisation semble admettre son effacement.


Il n’a guère été question, lors des dernières élections européennes, de l’Europe culturelle dont la préservation mobilisa les plus grands esprits du XXe siècle, qui jetèrent leurs forces dans ce combat délaissé par les nouvelles « élites », mais pas par les peuples. La culture, que le monde entier enviait jadis à l’Europe, n’est pas seulement conservée dans les musées ou les édifices publics et privés. C’est aussi « une certaine manière de considérer le monde, assimilable à un pli de la pensée ou à un regard », foncièrement irrévérencieux selon Chantal Delsol[1]. On ne relira donc jamais assez Stefan Zweig[2] (1881-1942) dont les articles combatifs, publiés entre 1909 et 1941 dans la presse germanophone, viennent d’être édités en français sous un titre évocateur (Mélancolie de l’Europe, Plon, 2024). Mais l’Europe en proie au reniement de soi et tentée par un « étrange suicide » (Douglas Murray[3]) est-elle encore capable d’être mélancolique en se souvenant de ce qu’elle fut ? Or, c’est justement la culture qui permettrait à cette remémoration d’être un tremplin vers le futur.

Un colloque à Genève en 1946

Stephan Zweig ne fut pas le seul à alerter les Européens dont les deux guerres mondiales avaient ébranlé les certitudes, au point qu’il leur fallut, après la catastrophe, réfléchir ensemble sur ce qu’est l’« esprit européen ». Cela se passa dans un colloque qui se tint en 1946 à Genève, et réunit des penseurs aussi différents que Georges Bernanos, Denis de Rougemont et Georg Lukács. Qui imaginerait pareille rencontre aujourd’hui ? Le défi était à l’époque de mobiliser les forces de l’esprit contre une possible rechute dans la barbarie, et de promouvoir un « idéal de fraternité transnationale » (Zweig) qui écarterait le péril nucléaire omniprésent dans les esprits après Hiroshima et Nagasaki. Et c’est pour avoir été le théâtre d’une « déchéance incroyable de la culture » (Thomas Mann) que l’Europe était appelée à être le foyer de son renouveau. Car une faiblesse assumée peut devenir le meilleur remède contre la déchéance, comme l’a montré Edgar Morin dans un essai incontournable et plus que jamais d’actualité (Penser l’Europe, 1987). Mais une Europe qui renonce à sa culture peut-elle encore avoir conscience qu’une « communauté de destin » unit pour le meilleur et pour le pire les peuples européens ?

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Or de Nietzsche à Peter Sloterdijk rappelant que l’Europe est « le continent-mère de la modernité » (Si l’Europe s’éveille, 2003), le spectre de la décadence, fruit du nihilisme lui aussi européen, hanta les meilleurs esprits qui savaient cependant encore nommer l’ennemi, extérieur ou intérieur, que la culture avait pour vocation de civiliser ou de repousser : le nazisme, le bolchevisme, la démagogie, le défaitisme. C’est dans cet esprit que Thomas Mann lança en 1937 son Avertissement à l’Europe, que María Zambrano rédigea durant son exil L’Agonie de l’Europe (1945), et que Jan Patočka écrivit les textes réunis dans L’Europe après l’Europe (traduction française en 2007). À supposer que le « soin de l’âme » ait été depuis Platon la préoccupation majeure de l’Europe culturelle et spirituelle – nourrie au moins autant que déstabilisée par son inquiétude –, qui désormais s’en soucie alors que la gestion du « soin » est devenue une industrie ?

On peut, il est vrai, réfuter l’idée même de « culture européenne » au nom des cultures nationales et régionales, seules existantes en fait, ou parce qu’on la suspecte de reproduire à grande échelle les réflexes identitaires dont on déplore les effets pervers quand ils sont ceux des individus ou des peuples. Aussi l’unité culturelle de l’Europe ne serait-elle envisageable qu’en tant que complexité « dont le propre est d’assembler sans les confondre les plus grandes diversités et d’associer les contraires de façon non séparable » (Edgar Morin). Méfiant à l’endroit d’une « identité culturelle » européenne difficilement identifiable et de surcroît « terriblement réductrice et paresseuse », François Jullien l’évince habilement au profit des « ressources » mises par chaque culture à la disposition de qui veut les faire fructifier[4] ; l’Europe, individualiste mais éprise d’universalité, étant à cet égard particulièrement riche en possibilités offertes à l’humanité. C’est un peu vite oublier que le risque n’est plus alors le « repli sur soi » identitaire, mais la transformation de l’Europe culturelle en grenier à blé où tout le monde a le droit de puiser, sans respect ni égards obligés pour ceux qui ont contribué à créer et préserver ces ressources.

Dynamique

On ne conjurera donc les menaces bien réelles qui pèsent aujourd’hui sur l’Europe culturelle – affaiblissement, ensauvagement, asservissement – sans remonter aux sources de son malaise qui ne date pas d’hier, et qui est partie prenante de l’« esprit européen » dont Jean-François Mattéi écrivait : « L’originalité du regard de l’Europe tient à ce combat qui la dresse contre elle-même dans une volonté irrésistible de dépassement[5]. » Dépassement de quoi si on a perdu le sens de l’orientation qui permet d’entrevoir un horizon ? Et si l’Europe ne cesse en ce sens d’agoniser (du grec agon, compétition, lutte), ce peut être aussi bien parce qu’elle s’inflige des épreuves inutiles qui ne peuvent la grandir, ou parce qu’elle est malgré tout encore capable d’intégrer et de transformer ce qui menaçait de la détruire. Aussi les Européens ne peuvent-ils plus se contenter de faire appel à « l’éternelle solidarité de l’esprit créateur », comme le fit en son temps Stefan Zweig, sans remettre en marche cette dynamique créatrice qu’est la culture.

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[1] L’Irrévérence : essai sur l’esprit européen, La Table Ronde, 2013.

[2] On pense en particulier au Monde d’hier : souvenirs d’un Européen.  (1943), traduit en français en 1948, Appels aux Européens et à L’Esprit européen en exil (1933-1942).

[3] L’Étrange suicide de l’Europe, L’Artilleur, 2018.

[4] Il n’y a pas d’identité culturelle, L’Herne, 2016.

[5] Le Regard vide : essai sur l’épuisement de la culture européenne, Fayard, 2007, p. 28.

Un saint beur à Barbès

Depuis que la justice lui a fait comprendre qu’il ne fallait pas bloquer l’autoroute sans autorisation pour les besoins de ses clips, le rappeur d’origine algérienne Sofiane Zermani est devenu la coqueluche de la presse culturelle. Il est actuellement à l’affiche du film Barbès, Little Algérie. Critique.


Dans le milieu, François Guerrar, devenu Hassan Guerrar, est connu depuis des lustres comme attaché de presse de cinéma. Le quartier parisien de Barbès lui est d’autant plus familier qu’il y vit de très longue date. Pour son premier « long », lui qui auparavant n’a jamais réalisé aucun court-métrage ni fait la moindre école de cinéma, le « débutant » a su s’entourer : pas moins de trois coscénaristes, des techniciens avertis, un casting intelligent – et beaucoup de bonne volonté. Cela se sent : dans Barbès, Little Algérie, Hassan Guerrar a mis énormément de lui-même. En cela, c’est vraiment ce qu’il est convenu d’appeler un film d’auteur.

Aux bons soins de l’oncle Malek

Malek (Sofiane Zermani, étonnant de justesse dans ce difficile contre-emploi), Algérien de souche et mal-aimé d’une fratrie, en rupture avec sa parentèle du bled, mais en deuil de sa vieille mère, vient de s’installer à l’étroit dans un studio, au cœur de Barbès, où il fait de l’assistance informatique comme autoentrepreneur. Débarque d’Algérie, surprise, le tout jeune Ryad, son neveu, que Malek n’a pas revu depuis l’enfance (l’acteur franco-marocain Khalil Ben Gharbia au sourire d’ange). D’abord réticent, Malek l’héberge, et prend bientôt le garçon sous son aile.

On est alors en plein confinement du Covid : masque obligatoire, déplacements contraints. Les vols Paris-Alger sont annulés. Ryad prend son parti de rester à Paris, aux bons soins de l’oncle Malek. Avec l’intention de s’inscrire en Sorbonne, pour y poursuivre ses études : l’entretien préalable a lieu « en distanciel ».

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Tout baignerait, n’était le contexte épidermique du quartier. Tandis que le charitable et doux Malek a intégré un groupe de bénévoles distribuant, derrière les grilles de l’église (catholique) Saint-Bernard – et non une mosquée, relevons-le ! –, le pain quotidien aux nécessiteux sous le diligent patronage de Laure (Clotilde Courau, au civil duchesse de Savoie et princesse de Venise comme l’on sait, est impayable au sens propre dans cet emploi de cheftaine d’association caritative), la bulle arabe de Barbès demeure en ébullition.

Ramadan et pugilat

À l’approche du ramadan, les mâles impulsifs et célibataires – dealers, sans-papiers, vendeurs de cigarettes, fournisseurs de faux laissez-passer, petits trafiquants au chômage, tous musulmans – s’interpellent, voire s’insultent ou s’affrontent jusqu’au pugilat sur la chaussée, dûment gardés à l’œil, de loin, par les bienveillantes patrouilles de policiers. Autant dire que la rue n’est pas vraiment une partie de plaisir. Au point que Malek dissuadera, non sans véhémence, son candide protégé de frayer avec cette engeance malsaine… Dans ce réduit urbain, les femmes du film s’arrogent le beau rôle : ce sont les déesses lares, les cantinières, les bienfaitrices –, en bref la main pacificatrice qui s’interpose entre cette colonie d’hommes belliqueux et frustes, pris dans les turbulences de la zone survoltée. S’en échappe même, sur fond de frustration libidinale, d’idiotie et de férocité, l’éclair de jalousie homosexuelle qui va cristalliser la tragédie où se dénoue l’intrigue…

Jour2Fête

Portrait de ville en creux, Barbès, Little Algérie force la sympathie aux dépens de ses intentions iréniques, pourrait-on dire. Car avec une sorte d’ingénuité (dont on se prend à douter si elle est réelle ou composée), le film dépeint avec une grande véracité une réalité confondante, consternante : l’un des plus vénérables quartiers populaires de Paris se trouve en état de siège, bien moins par les effets conjoncturels de la crise sanitaire, que par la fracture qui coupe ses locaux de la capitale de la France : Barbès, justement, ne devrait pas être – exclusivement – une « petite Algérie » ! En ouverture du film, un personnage lâche : « Le 13e, c’est la Chine, Barbès, c’est l’Algérie. » Mais dans une séquence ultérieure, un « ancien », Arabe né dans la défunte Algérie française, s’insurge : « Les Français ont bien rendu l’Algérie aux Algériens, il faut rendre Barbès aux Français. » Ce clivage immémorial, encore et toujours chargé de périls, entre autochtones de confession musulmane, migrants clandestins, natifs d’Afrique du Nord établis en France… et Français de souche, comme on n’ose plus dire, loin de se voir évacué par Hassan Guerrar, est bel et bien le pivot de son film. Double quelque peu idéalisé du cinéaste en herbe, Malek le généreux, Malek le brave incarne, dans ce microcosme assez cruel, une forme de sainteté œcuménique qui passe par la foi en Dieu et la prière. Et sous les espèces d’une communion autour des plats indigènes, telle la chorba, infect semble-t-il en boîte, mais délicieux s’il est bien cuisiné : transparent, le symbole met, au passage, un peu de baume sur les plaies. Au générique de fin, sur une composition inédite du chanteur franco-algérien Slimane, Hassan Guerrar dédie son film « aux binationaux ».


Barbès, little Algérie. Film de Hassan Guerrar. Avec Sofiane Zermani, Khalil Ben Charbia, Clotilde Courau, Khaled Benaïssa, Eye Haïdara, Soolking…  France, 2024.

Durée: 1h33
En salles, le 16 octobre 2024

En 2027, tout ce qu’il ne faudra pas faire et être…

Avant même l’échéance de 2027, il convient de remercier Emmanuel Macron pour les enseignements qu’il prodigue, souvent contre son gré, depuis 2017. Grâce à lui on sait précisément ce que les futurs candidats à l’élection phare de notre vie démocratique devront ne pas faire, ne pas être.


Je parie – et j’espère – que la gauche et l’extrême gauche seront hors-jeu au second tour. Je rejoins Alexis Corbière qui a déclaré sur Sud radio que Jean-Luc Mélenchon, s’il était qualifié pour la joute finale, serait nettement battu par Marine Le Pen[1].

Le casting pour 2027 se précise

Je m’en tiendrai, même si la liste n’est pas exhaustive, à la « bataille qui vient » pour l’après-Macron, selon le titre du JDD (voir ci-dessous), et qui pourrait mettre aux prises Gabriel Attal, Édouard Philippe, Michel Barnier, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Il convient d’y ajouter au moins Xavier Bertrand, David Lisnard et Laurent Wauquiez, le Rassemblement national étant assuré, autant qu’on peut l’être dans notre démocratie déboussolée, d’être présent lors de l’emballage terminal.

Aussi bien, tant lors de la campagne que du mandat présidentiel, il y a un certain nombre de commandements et de principes qui devront être respectés, la plupart à rebours de ce que le météore Macron, si décevant ensuite, aura diffusé depuis 2017.

Ras-le-bol des « révolutionnaires »

D’abord ne pas promettre la révolution. On n’en veut pas et elle tombe vite en quenouille si on y croit le temps d’une illusion.

Ensuite ne pas s’imaginer que président, on est devenu le roi du monde et qu’on doit traiter de haut tous ceux qui vous entourent, classe politique comprise dans toute sa palette d’opinions.

Préférer aussi les actes aux mots et ne pas multiplier les discours alternatifs, contradictoires ou flatteurs par démagogie ou par manque de convictions stables.

Admettre que la vertu essentielle est le courage. Si on l’a, la développer, l’amplifier, si elle manque, tenter d’en faire preuve, en souhaitant que la fonction vous transcende.

Ne pas flatter au-delà de toute mesure les dirigeants étrangers en traitant avec causticité son propre pays.

Ne pas compter sur sa seule séduction pour l’emporter dans les multiples rapports de force mondiaux que la France doit affronter. Elle ne sert à rien. Pendant que l’un fait le beau, les autres avec réalisme voire brutalité, sauvegardent leurs intérêts et gagnent leurs arbitrages.

Moins un pouvoir est ostentatoire, plus il est respecté

Ne pas prendre des décisions, nommer des proches ou choisir des ministres sous l’unique inspiration d’un désir de se distinguer même absurdement au lieu de, tout simplement, faire fond sur le bon sens, l’assentiment populaire, la compétence et l’honnêteté.

Refuser la vulgarité et privilégier l’allure, qui n’est ni repli sur soi et son pré carré ni surabondance narcissique et médiatique. Se rappeler que moins un pouvoir est ostentatoire, plus il est respecté. Que les Français aspirent à un président à la fois comme eux et le contraire d’eux : une personnalité digne d’estime pour tous même si sa politique ne plaît pas à tous.

Tenir ses engagements et ne pas considérer que les trahir relève seulement d’un pragmatisme intelligent : ce peut être l’effet d’un caractère défaillant, d’une personnalité peu fiable.

Honorer l’institution judiciaire même quand elle s’attache à vous-même, à l’un de vos proches, l’un de vos affidés. Accepter l’idée qu’exercer le pouvoir ne rend pas forcément la morale superfétatoire. La placer au centre de tout.

Ne pas attendre la fin de son mandat pour se réveiller sur le plan régalien. La France en péril n’est pas une expression toute faite : une réalité qui impose des armes autres que les hommages, les bougies, les marches blanches et les cérémonies post-mortem.

Ne pas confondre, dans la vie internationale, ses amis avec ses ennemis. Il y a des pays avec des défauts qui valent pourtant bien mieux que d’autres. On ne doit pas mélanger les boucliers avec les glaives.

Ne pas s’illusionner et se vanter d’avoir toujours raison, même en cherchant désespérément à justifier des choix politiques aberrants. Réfléchir d’abord pour ne pas risquer de les effectuer.

Ne pas être jaloux des personnalités qu’on a voulues auprès de soi et qui prennent trop la lumière, ne pas faire peser sur les ministres une responsabilité qui est la sienne. Ne jamais se laver les mains des fiascos qu’on a créés.

Ne pas songer dès le premier jour de son mandat au suivant : méthode redoutable pour faire échouer le premier et éventuellement le second.

Ne pas se laisser influencer par une épouse, un ami, des réseaux, des considérations délétères, ne pas avoir peur de ne compter que sur soi puisque la légitimité présidentielle n’a été dévolue qu’à vous.

À partir de tout ce dont Emmanuel Macron devra nous détourner, qui mériterait de l’emporter ? Il y a ceux clairement à laisser de côté, les faux durs, les vrais mous, ceux qui portent encore trop de leur passé dans le présent d’un côté. Et de l’autre ceux qu’on néglige, qu’on prend de haut, ceux qui ne sont pas obsédés par 2027 parce que l’état de la France est leur angoisse maintenant, tous les jours, ceux qui sont sincères quand ils affirment ne pas ressentir cette ambition pour le futur. Je vous laisse deviner.

Merci à Emmanuel Macron qui se voyait comme un modèle et finit comme un contre-exemple.


[1] https://x.com/SudRadio/status/1847172079759548881

Au Maroc, Emmanuel Macron ne veut voir que du positif dans l’immigration musulmane

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L'humoriste franco-marocain controversé Yassine Belattar à Rabat, Maroc, dîner d'Etat officiel, 29 octobre 2024 © LUDOVIC MARIN-POOL/SIPA

Quand Macron fait l’éloge de la colonisation musulmane…


Bruno Retailleau ne peut pas compter sur Emmanuel Macron. Le ministre de l’Intérieur veut s’attaquer à l’immigration de masse (plus de 500 000 entrées légales par an) et à l’islamisation du pays par les Frères musulmans. Or le chef de l’État ne partage pas ces deux priorités. Il est même prêt à y faire obstacle, tant ces sujets lui paraissent médiocrement populistes.

Hier, lors de son voyage d’Etat au Maroc, le président n’a voulu aborder, prudemment, que l’immigration illégale, en insistant sur la « nécessité d’une coopération naturelle et fluide en matière consulaire ». « Nous avons besoin de davantage de résultats », a-t-il plaidé. Il a aussi évoqué la « lutte contre les trafics de toute nature », dont le « narcotrafic » qui « gangrène nos territoires [et] nécessite une coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide ». Au-delà de ces mots vagues, Macron, qui avait qualifié en 2017 de « crime contre l’humanité » la colonisation française en Algérie, s’est aussi fait le chantre de l’ancienne colonisation musulmane en Espagne et en France.

A lire aussi, Michèle Tribalat: Du passé, l’Occident fait table rase

S’adressant au roi Mohammed VI, il a dit : « Les années d’Al-Andalus ont fait de l’Espagne et du sud de la France un terreau d’échange avec votre culture ». Déjà, en 2006, Jack Lang, qui accompagne l’importante délégation française (122 personnalités), avait commis un livre (Immigration positive, Odile Jacob) dans lequel, sur la même page, l’actuel président de l’Institut du monde arabe qualifiait d’ « ignominieuse » la valorisation de la colonisation française, tout en tressant des lauriers à la longue occupation maure en Espagne (711-1492) qui imposa aux juifs et aux chrétiens leur condition inférieure de dhimmis. « J’appelle à des Andalousies toujours recommencées ! », pouvait-on lire sous la plume de Lang citant l’orientaliste Jacques Berque. Cette reconquête d’Al-Andalous, et de la France par-dessus le marché, reste le rêve des islamistes.

La présence de l’ « humoriste » batailleur Yassine Belattar dans la délégation française peut être interprétée comme un désaveu public lancé par Macron à Retailleau, qui participe au voyage officiel. Belattar, qui a l’oreille du président de la République, représente tout ce que combat politiquement le ministre de l’Intérieur. Proche du CCIF (collectif contre l’islamophobie en France), aujourd’hui dissous, et des Frères musulmans, Belattar est l’expression quérulente de la contre-société islamique qui entend faire sécession. Il est le porte-voix d’un communautarisme musulman qui s’érige en victime permanente d’un racisme français et qui refuse tout processus d’assimilation. Belattar, qui défend notamment le port du voile, avait participé à la manifestation de novembre 2019 « contre l’islamophobie », qui allait réunir publiquement, pour la première fois, l’extrême gauche aux mouvements islamistes et anti-israéliens.

Invité de dernière minute, l’artiste-militant n’a pu être admis dans la délégation française, en jogging et baskets dans un premier temps, qu’après un feu vert présidentiel. Une manière, pour le chef de l’État, adepte des provocations capricieuses, de dire à nouveau : « Je vous emmerde », à ceux qu’il cherche à indigner. Retailleau est resté silencieux. Pour l’instant.

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Les non-dits du 7-Octobre

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Le titre du petit essai du philosophe Daniel Sibony nous dit bien que quelque chose – voire plusieurs choses – ne veut pas apparaître au grand jour, et qu’on préfère s’en tenir à l’aspect strictement politique, concernant le conflit actuel au Moyen-Orient…


Comment expliquer la monstruosité du 7-Octobre ? Daniel Sibony s’appuie sur l’histoire et sur les textes bibliques et coraniques, sans compter la charte du Hamas, pour montrer que ce qui se joue, et que l’Occident en particulier ne veut pas voir, concerne une haine vieille de 13 siècles. N’hésitant pas à parler de plagiat pour qualifier le Coran, il dévoile ce qu’on pourrait appeler le complexe du cadet qui veut prendre la place du premier. Ainsi, Isamaël prend celle d’Isaac dans le texte sacré de l’islam, oubliant, par ailleurs, qu’à celui-ci, dans la Bible, est dévolu un grand destin qui fera de lui également le père d’une grande nation. De la même façon, les deux mosquées de l’esplanade du même nom furent construites à l’emplacement exact du premier temple des juifs. Recouvrir l’origine, se substituer à elle jusqu’à effacer le texte premier et ceux qui vont avec. Car il ne suffit pas que les juifs n’existent plus, il faut, de surcroît, qu’ils n’aient jamais existé. Ils ne sont pas le peuple élu, Dieu les a maudits (Allah, peut-être, Yahvé, non, malgré toutes les remontrances). Les juifs ont falsifié leur texte, se seraient donné le beau rôle, alors que le vrai peuple de Dieu était encore à venir… Daniel Sibony souligne les problèmes logiques, voire les aberrations de tels procédés : « L’inversion chronologique et le déni qui l’accompagne sont cautionnés par assez de fidèles pour imposer cette croyance qu’un texte écrit au VIIème siècle de notre ère précède un texte écrit au VIIème siècle avant notre ère. »

Cause et conséquences

C’est cette haine qui empêche, selon l’auteur, la résolution du conflit israélo-palestinien. La cause palestinienne est recouverte depuis longtemps par la guerre sainte, dite encore djihad islamique : «  La cause palestinienne s’exporte au dehors comme un effort de libération nationale ou contre le colonialisme, et se pratique au dedans comme le djihad contre les juifs. » Il faut bien observer que le Hamas n’a pas réclamé un instant, lors du 7-Octobre ou après, le retrait des « colons » de Cisjordanie. Et, à propos de la supposée colonisation, l’auteur pose par ailleurs la question suivante : «  Mais Israël serait la colonie de quel État ? » Les Palestiniens lui semblent pris dans un étau ; comme s’ils devaient, étant géographiquement à l’avant-garde, endosser le rôle de l’éradicateur d’un peuple qui n’aurait aucune raison d’être là. Ce serait-là leur malédiction, laquelle renverrait aux calendes grecques toute espérance d’un État où ils pourraient enfin vivre en paix. Quant à l’argument selon lequel les juifs n’auraient rien à faire dans cette partie du monde, Daniel Sibony rappelle l’histoire qui les y a trouvés depuis des millénaires et la dimension symbolique véhiculée par leur texte. Et, à propos de texte justement, il interroge la situation des musulmans qui disent sincèrement que « ces violences n’ont rien à voir avec l’islam, alors que leur texte regorge d’attaques contre les gens du Livre. Cette contradiction condamne au clivage ou encore au double discours ». Il dénonce également les propos des belles âmes quand il rapporte les propos d’Annie Ernaux : « Ce que je veux [Annie Ernaux], c’est qu’on laisse tranquille la religion musulmane. » Daniel Sibony lui fait remarquer qu’« elle ignore que la religion musulmane ne laisse pas tranquilles les autres puisqu’elle ne cesse de parler d’eux pour les maudire »… Le 7-Octobre apparaît comme l’acmé d’un processus vieux de 13 siècles, le moment où la haine s’est exprimée de manière paroxystique. Les inversions accusatoires, déjà à l’œuvre depuis un bon moment, ont été reprises en chœur à partir de la riposte israélienne, en Occident en particulier : les juifs devenus les nouveaux nazis, les Palestiniens, exposés par le Hamas, les nouveaux juifs, le génocide invoqué pour parfaire la donne… Ce sont toutes ces inversions et distorsions que le philosophe et psychanalyste analyse. Depuis le temps qu’il dit et répète que : « l’origine de la haine, c’est la haine de l’origine »,il serait temps de l’entendre lorsqu’il pose cette question essentielle : comment faire pour « cesser de transmettre la violence envers les autres quand elle est inscrite dans un texte sacré ? »

Les non-dits d’un conflit de Daniel Sibony (Éditions Intervalles, 2024), 203 pages

Les non-dits d'un conflit: Le Proche-Orient après le 7 octobre

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Bloqueurs de puberté: une étude américaine cachée par militantisme

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Des militants déploient une bannière avec le message "Laissez les enfants trans grandir", protestation contre le projet de loi SB14 au Texas. Le SB14 interdirait les soins médicaux d'affirmation de genre pour les enfants transgenres. Austin, Capitole du Texas, 2 mai 2023 Austin © American-Statesman-USA TODAY NETWORK/Sipa USA/SIPA

Johanna Olson-Kennedy est un médecin spécialiste en médecine pédiatrique à Los Angeles. Elle est surtout une militante très engagée dans la médecine de genre. Le genre de militante qui cache les résultats d’une étude si elle ne va pas dans son sens…


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Or c’est justement ce qui vient d’arriver !

À Los Angeles, le docteur Johanna Olson-Kennedy, médecin influent et défenseur des traitements de genre pour les adolescents, a reporté la publication d’une étude sur les bloqueurs de puberté, en raison du climat politique actuel aux États-Unis. Cette recherche, commencée en 2015, financée au niveau fédéral, a impliqué 95 jeunes à qui des bloqueurs de puberté ont été administrés. Les résultats de l’étude n’ont pas révélé d’amélioration de la santé mentale chez les participants. « Je ne voulais pas que notre travail soit utilisé comme une arme », s’est justifiée Mme Johanna Olson-Kennedy, interrogée sur les raisons de sa décision de ne pas publier les résultats.

Le militantisme trans s’appuie sur un dogme qui vise à faire des bloqueurs de puberté et de la mastectomie (ablation des seins), la réponse aux problèmes des enfants qui se pensent nés dans le mauvais corps. Une réponse qui doit être mise en œuvre le plus tôt possible, tant la dysphorie de genre est selon les militants de la cause un problème existentiel. Il s’agirait littéralement d’une question de vie ou de mort, puisque certains médecins mettent en avant leur connaissance de cette pathologie pour prétendre que les interventions précoces empêchent les suicides des adolescents. C’est ainsi qu’ils convainquent des parents souvent dépassés et qui craignent pour la vie de leur enfant d’entrer dans des processus thérapeutiques qui peuvent le rendre stérile ou conduire à la mutilation.

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

La théorie de ces médecins militants, c’est qu’en remettant les enfants et les ados dans le « bon corps », ils retrouveraient leur équilibre. C’est pourquoi l’étude se focalise sur des enfants de 8 à 15 ans. Le problème, c’est que l’étude ne confirme pas cette théorie. Alors pourquoi ne pas avoir regardé cela en face ? Après tout, ce qui devrait toujours guider les recherches c’est l’intérêt du patient et non l’idéologie du médecin. Il faut croire que non, selon Mme Olson-Kennedy. Il faut aussi dire que, s’il est agréable de passer pour la papesse de la dysphorie quand la médecine de genre est à la mode et vue comme une discipline progressiste, cela devient plus compliqué quand par manque de discernement ou absence de rigueur scientifique, on a mutilé et abimé des enfants qui devront toute leur vie vivre avec des effets secondaires ou un corps incomplet.

Deuxième problème pour le docteur Olson-Kennedy, c’est aussi en présentant la médecine de genre comme une façon de prévenir les suicides chez les enfants et adolescents atteints ou croyant être atteint de dysphorie de genre, que les cliniques spécialisées et la discipline en elle-même ont obtenu des financements. Pour cette étude, dont la médecin-star de la mastectomie a donc dissimulé les résultats, son équipe a touché 9,7 millions de dollars du National Institute of Health (NIH), organisme de santé publique fédéral. En cacher les résultats s’apparente aussi à escroquer les citoyens qui l’ont financée. Dernier point, c’est aussi grâce à cette affirmation que les militants trans ont infusé idéologiquement nombre de responsables politiques et ont influencé les organismes chargés de santé publique (Planning familial en France, notamment) ou luttant contre les discriminations (Dilcrah, par exemple chez nous).

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Pourquoi avoir investi le champ de la lutte contre les discriminations ? Parce que si lutter contre une impossibilité biologique est absurde, transformer cette impossibilité en injustice sociale permet aux militants trans de nier le caractère pathologique de la dysphorie et de se présenter en victimes d’une société intolérante. Et c’est notamment par ce biais-là qu’ils partent à l’assaut des politiques, lesquels doivent prouver qu’ils sont à la fois éclairés, vertueux et épris de justice, en autorisant bloqueurs de puberté et opérations mutilantes. Soutenir la cause trans devient ainsi valorisant.

Le problème est que ces militants ont imposé jusqu’à présent leurs croyances en l’absence de toute étude scientifique valable. Et en laissant faire, politiques et hauts fonctionnaires ont exposé des enfants à des interventions sur leur corps dont ils ne peuvent mesurer les conséquences et qui sont souvent irréversibles. On cautionne le fantasme de pouvoir changer de corps, alors que l’on ne peut que prendre l’apparence de celui du sexe opposé. Et cela au prix d’un traitement médicamenteux à vie.

Dogmatisme trans

Seulement voilà, au fur et à mesure que des études rigoureuses sont menées, le discours et les dogmes des militants trans s’avèrent non seulement faux mais dangereux. Ils nient le fait que la nouvelle mode trans amène en consultation de plus en plus d’enfants et d’adolescents mal dans leur peau et en grande souffrance. Ils peuvent présenter des traits autistiques, dépressifs, présenter des traumatismes importants, de l’anxiété, avoir déjà des tendances suicidaires. Or, le moment de la puberté, par les perturbations qu’il génère, est très déstabilisant pour les enfants : la découverte de la sexualité peut faire peur et il a été noté que parmi les candidats au changement de sexe, certains font ce choix car ils n’assument pas, pour des raisons culturelles, personnelles, sociales ou religieuses, leur homosexualité. Enfin, la transidentité est devenue aussi un moyen pour une certaine jeunesse d’affirmer sa révolte en frappant de ses petits poings serrés les réalités qui la dérangent et auxquelles elle n’échappera pas. Ce n’est souvent qu’une passade, le changement de genre est à la mode, et pour la plupart des jeunes cela passe en grandissant. Sauf si on est allé très loin… Or, il y a chez les médecins comme Johanna Olson-Kennedy, une conviction militante qui les pousse à dissimuler aux enfants la réalité de ce dans quoi ils s’engagent. D’ailleurs si on montre beaucoup de mastectomies réussies, on montre moins de reconstructions de pénis, et pour cause. On ne peut revenir sur certains gestes: une fois le pénis ou les seins tranchés, on ne peut les remettre en place. Ou alors dans le cas des seins, l’allaitement n’est plus possible. Quant aux bloqueurs de puberté et aux hormones, ils peuvent rendre stérile.

Des jeunes en souffrance cherchent dans le geste radical qu’est le changement de sexe, la résolution de tous leurs problèmes mentaux. Or ce type de démarche est voué à l’échec. Que des adultes les poussent alors à prendre une décision sur laquelle ils ne pourront revenir et dont ils n’ont pas les moyens d’évaluer les conséquences est dramatique.

D’ailleurs la réaction de la praticienne mise en cause est édifiante. Interrogée sur les raisons de sa dissimulation, elle explique qu’elle craignait que les mauvais résultats ne soient instrumentalisés politiquement. Or non seulement les résultats de cette étude peuvent réduire à néant les revenus très lucratifs que génère la médecine de genre, mais surtout ils finiront à terme par abîmer l’image de ces médecins démiurges qui préfèrent ignorer la réalité quand elle les dérange dans leurs convictions, que protéger leurs patients. Et c’est cette dimension qui dit qui sont réellement ces profils de thérapeutes. Leurs réactions face aux démentis que leur inflige la réalité dévoile le véritable moteur de leur militantisme : une haine de soi et une volonté de détruire tellement forte qu’elle s’en prend à ce qu’il est impossible de changer, la réalité biologique. Cette rage idéologique les rend imperméables à la multiplication des études qui alertent sur la dangerosité de leurs pratiques et leurs conséquences. Le mal qu’ils font, ont fait ou feront à beaucoup de leurs patients est nié ; plus leurs théories se révèlent fausses, plus leur violence s’accroit. Il y a une dimension totalitaire et folle dans la démarche trans qui ne pouvait qu’aboutir à cet échec scientifique et moral. Il est posé, reste à savoir quand les politiques le regarderont en face.

Dresde: le Maestrobot

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Capture Deutsche Welle.

Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Dresde ont été dirigés par trois bras de robot. Une première mondiale diversement appréciée.


Véritable réalité postmoderne, ou gadget futile pour faire le buzz ? Pour fêter son 25ème anniversaire, l’Orchestre Symphonique de Dresde (à na pas confondre avec la mythique Staatskapelle de la même ville, vénérable institution fondée au XVIème siècle) a confié la direction du concert à… un robot. Et pas n’importe lequel : un étonnant appareil très large, à trois bras ressemblant à des sabres laser, chacun dirigeant un petit groupe séparé de l’orchestre.

Argument des expérimentateurs : la pièce, composée spécialement pour l’occasion, n’est « pas dirigeable par un humain ». Si l’œuvre en question, de l’Allemand Andreas Gundlach, n’est pas inintéressante en soi, le procédé laisse néanmoins dubitatif – et nous replonge tout droit dans l’éternel sujet « l’homme contre la machine ». Sauf qu’il s’agit ici d’un domaine artistique dont on peut raisonnablement douter qu’il puisse être abordé de cette manière.

Mais, selon le compositeur, l’idée du robot a été inspirée par des scientifiques de l’Université technique de Dresde (pôle d’excellence CeTI – Centre for Tactile Internet with Human-in-the-Loop) qui développent des « cobots », c’est-à-dire « des robots collaboratifs qui ne sont pas destinés à remplacer les êtres humains, mais à travailler avec eux ». Assistance et non remplacement, donc. Dont acte. Qu’il soit toutefois permis à votre serviteur de préférer un Herbert Blomstedt, un Valery Gergiev ou encore un Christian Thielemann « non assisté », pour la beauté de l’art. Réflexe réactionnaire, quand tu nous tiens !

Rabat-joie: comment Macron a basculé en faveur de Mohammed VI

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Rabat, 28 octobre 2024 © Mosa'ab Elshamy/AP/SIPA

Le président Macron termine une visite d’État historique au Maroc. Analyse.


La visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc est un véritable succès diplomatique pour la France. Alors que les relations avec le royaume chérifien semblaient distendues depuis 2019, ce déplacement marque une nouvelle étape dans les relations franco-marocaines avec la signature d’accords économiques d’envergure.

Le 30 juillet, Emmanuel Macron décidait de reconnaître la souveraineté marocaine au Sahara. La date choisie était symbolique puisqu’elle coïncidait avec le 25ème anniversaire de la Fête du Trône, célébrant l’accession au pouvoir de Mohammed VI. Emmanuel Macron prenait alors un risque calculé vis-à-vis d’Alger, dont l’exécutif, en dépit de mains régulièrement tendues, se montre depuis plusieurs années rétif à un dialogue sain et apaisé. Le risque s’est avéré payant, comme en témoigne cette visite réussie qui a enthousiasmé un peuple marocain visiblement ravi de renouer une relation de bonne intelligence avec Paris. Ainsi, Emmanuel Macron a eu droit à une réception royale sur le tarmac de l’aéroport puis à une parade assez grandiose dans les rues de Rabat. Il s’est aussi exprimé devant le Parlement marocain où il a réaffirmé mardi que « le présent et l’avenir » du Sahara « s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », précisant en outre que cette position n’était « hostile à personne ».

Nous aurions néanmoins tort de voir dans cette visite le signe d’une « réconciliation », puisqu’il s’agit plutôt d’un retour à la normale historique des deux pays depuis deux décennies déjà. Au cours des années 2000 puis 2010, le Maroc s’est transformé en profondeur, tant sur les plans économiques et sociaux qu’institutionnels. C’est du reste la réforme constitutionnelle de 2011 qui a permis au royaume de se protéger de la vague des « printemps arabes ». Reste que la période plus récente fut marquée par la tiédeur et une forme d’incompréhension mutuelle que ce voyage clôt. 

La plus importante délégation officielle sous l’ère Macron

Le président de la République a amené 130 personnes dans son sillage, dont dix ministres parmi lesquels Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Antoine Armand (économie), Rachida Dati (Culture), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Défense). Le monde des affaires n’était évidemment pas en reste, avec un contingent pléthorique dont on retiendra les noms de Patrick Martin (patron du Medef), Frédéric Arnault (LVMH), Hervé Derrey (Thalès), Rodolphe Saadé (CMA-CGM), Wouter Van Wersch (Airbus), Benoit Piètrement (Intercéréales), Henri Poupart-Lafarge (Alstom) ou encore Patrick Pouyanné (TotalEnergies)… De quoi balayer l’essentiel des sujets chauds entre les deux pays. Un nom a néanmoins fait polémique, celui de Yassine Belattar qui est arrivé en jogging et baskets devant le monarque chérifien. Et ce d’autant plus qu’il n’était pas annoncé sur la liste officielle… Ce détail fâcheux n’aura toutefois pas gâché une visite d’Etat extrêmement productive.

Après la présentation d’une déclaration franco-marocaine portant sur un « partenariat d’exception renforcé », vingt-deux contrats ont été signés dans la résidence des Hôtes Royaux pour un montant total évalué à un peu plus de 10 milliards d’euros. Occasion était donnée aux grand groupes français de pavoiser et de faire la démonstration de leur savoir-faire dans des domaines de pointe. Un contrat était particulièrement attendu des deux côtés : la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de train à grande vitesse Tanger-Marrakech par Alstom et Elgis qui étaient jusqu’à présents soumis à une rude concurrence asiatique. Le groupe fournira aussi plus d’une dizaine de rames de TGV. Citons aussi EDF, TotalEnergies et Engie qui ont tous signé d’ambitieux contrats dans le domaine des énergies vertes. Veolia a annoncé de son côté la construction de la plus grande centrale de désalinisation d’eau de mer au monde. Elle aura une capacité de 300 millions de mètres cubes et sera alimentée en électricité issue d’énergies renouvelables.

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Se voulant nouvelle puissance maritime dans l’océan Atlantique, Rabat nourrit aussi de grands projets pour ses ports de marchandise. C’est ainsi que le transporteur CMA CGM s’est associé avec Marsa Maroc pour « équiper et exploiter » pendant 25 ans la moitié du terminal à conteneurs de « Nador West Med », dans le nord du Maroc. Cette entreprise équipera 35 hectares du terminal à conteneurs ainsi que 750 mètres de quai pour un investissement total de 280 millions d’euros. Les Toulousains seront aussi heureux de savoir que le domaine aéronautique n’était pas en reste avec la création d’un site de maintenance du moteur LEAP de Safran à Casablanca. Un moteur extrêmement performant qui équipe 3500 avions monocouloirs de dernière génération de l’avionneur Airbus.

Si la notion de « guerre économique » est souvent évoquée en ce moment, à raison concernant la Chine ou les Etats-Unis, nous sommes ici dans le cadre d’une pax economica profitable aux deux pays. Dans un monde en crise, où de grands Empires adoptent des comportements prédateurs, la puissance française offre une alternative intéressante à de nombreux pays. Par son histoire et son présent, elle est membre du Conseil permanent de l’ONU et dotée de l’arme nucléaire, écoutée en Europe et ailleurs, mais elle ne cherche pas à dominer ou asservir. Evidemment, les relations historiques que nous entretenons avec le Maroc et sa population sont d’une grande aide dans ce qui s’apparente au premier grand succès diplomatique d’Emmanuel Macron, mais ces accords sont rendus d’abord et avant tout possibles par les intérêts communs qui unissent les deux pays. La modernisation du Maroc offre un environnement des affaires extrêmement compétitif pour nos entreprises. Surtout, les relations ne sont entachées d’aucune rancœur historique…

Des questions géostratégiques en filigrane

Par son positionnement géopolitique, le Maroc peut incarner un trait d’union et un espace de dialogue entre les pays dits du « Sud » et l’Occident, ce que la signature des accords d’Abraham avait manifesté. On l’a encore constaté avec la déclaration commune d’Emmanuel Macron et Mohammed VI sur le Proche-Orient qui est un appel lancé pour trouver une paix juste et l’arrêt des combats qui ensanglantent la zone. Plus encore, le Maroc est un partenaire indispensable pour la France en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, Rabat a fait de l’intégration panafricaine un de ses piliers stratégiques avec la création du Casablanca Finance City, hub d’investissement et de gestion des flux financiers aux orientations continentales.

L’Afrique de l’ouest est un enjeu majeur en matière de défense, d’économie et évidemment d’immigration. C’est aussi la raison pour laquelle Bruno Retailleau était du voyage, au-delà de la question des OQTF. Le président de la République a pu rappeler au cours de son discours que la lutte contre l’immigration illégale constituait une « attente forte en France » et a appelé à l’obtention de « davantage » de résultats dans le cadre d’une « coopération naturelle et fluide ». Trouver des voies de co-développement est un moyen essentiel pour répondre à cette attente et c’est en partie pour cette raison qu’une telle visite était espérée.

Paradoxalement, il faut aussi croire et espérer que l’apaisement avec l’Algérie passe par une position tranchée en faveur du Maroc. À terme, Alger n’a aucun intérêt à s’exclure des grands partenariats transcontinentaux qui se nouent présentement. La France a eu raison de sortir de l’ambiguïté stratégique et d’assumer de prendre une décision qui va accroitre son influence dans cette région du monde. Nous devons reprendre pied dans un monde chaotique en proie aux guerres par l’affirmation de nos atouts et l’officialisation d’alliances au cas par cas. La politique arabe et africaine d’Emmanuel Macron, longtemps critiquée, semble enfin aller de l’avant. Pourvu que ça dure.

Jordan Bardella: à la gare comme à la guerre

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© BERTRAND GUAY-POOL/SIPA

En censurant une affiche pour son livre dans les gares avec des arguments spécieux, la régie de la SNCF offre une incroyable et inespérée campagne de publicité au président du RN.


Alors là, Mesdames et Messieurs, chapeau bas ! Sans contestation possible, le prix Nobel 2024 de la stratégie éditoriale ne peut être décerné – à l’unanimité – qu’à l’équipe des éditions Fayard, éditeur du livre de Jordan Bardella, Ce que je cherche. Quel coup de maître ! On n’a jamais fait mieux pour assurer la promotion d’un bouquin à sa sortie. Et quasiment sans mettre un kopeck dans la machine. Bravo ! Bravissimo !

Un coup magistral

Bien sûr, je ne suis pas dans les secrets de l’affaire et je ne fais ici que tenter de m’insinuer dans le cerveau des concepteurs de ce coup absolument magistral. Je pense qu’ils sont partis du constat extrêmement simple, maintes fois vérifié, que la bêtise est toujours prévisible. Elle avance avec de gros sabots et un nez très rouge, si bien qu’on l’entend et la voit venir de loin. Forts de cette certitude, ils se sont dit, puisqu’il s’agit pour nous de publier ce qui est selon les ayatollahs aux petits pieds du syndicalisme à la papa de la SNCF et de la RATP quelque chose qui s’apparente aux œuvres du Diable, faisons mine de convoiter une vaste campagne d’affichage dans les gares de France avec en grand le portrait du Lucifer en question assorti du titre de cette œuvre vouée aux flammes de l’enfer.Rien que de très sobre en fait. Et doncd’autant plus efficace.

Les réactions horrifiées n’ont pas tardé tant il est vrai que la manifestation de la bêtise, contrairement aux trains en gare, ne se fait jamais attendre bien longtemps. Levée de boucliers, protestations furibardes. No pasaran Bardella et son opus ! La régie publicitaire de la SNCF retoque le projet de campagne d’affichage. Conséquence immédiate, un tapage médiatique XXL. Le tour est joué. Chez Fayard, subodoré-je, plus ou moins en catimini on débouche le champagne. L’affaire est dans le sac.

Les arguments avancés pour ce rejet sont eux aussi une assez belle illustration de la sottise à l’œuvre. M. Bardella, figurez-vous, est un personnage politique en activité. Président de parti et député européen. En activité, là est la première raison du refus. S’il avait attendu d’avoir échoué, d’avoir bien baladé ses électeurs et les Français dans son parcours de quinze ou vingt-cinq ans de vie publique, tels celles et ceux qui, bien que personnages politiques très affirmés eux-mêmes, ont eu droit précédemment à de semblables campagnes, le rideau de fer se serait peut-être entrouvert. Ou bien aurait-on déniché une autre baliverne, du genre « ne contribuons pas à réveiller la Bête immonde, faisons barrage au retour des fantômes sur pattes des obscures légions de l’Adolph ». La bêtise, en effet, est non seulement prévisible mais le ridicule lui va comme un gant.

Arguments spécieux

Autre argument pour l’interdiction, le titre. Une merveille d’intelligence, cet argument ! Derrière ces simples mots, Ce que je cherche, se profilerait un programme politique. Enfer et damnation ! En fait, une proposition, une réflexion, un état des lieux. Ce qu’on appelle un contenu. Or, ce serait au nom de la neutralité qu’on censurerait – il s’agit bien de censure en effet – le contenu d’un ouvrage ! Où est la neutralité ? Émettre un avis et mieux encore prononcer un interdit sur la base des idées, du contenu d’un texte ne peut en aucun cas être effectué sans, par le fait même, s’extraire du principe de neutralité. Cela implique évidemment de prendre parti. Prendre parti, tout l’opposé de la neutralité. Et au nom de quoi ? Selon quels critères, quelles normes objectives définies par qui et selon quelle méthode (méthodologie, comme on dit dans les très inutiles séminaires de cadres exténués)?

Qu’importe au fond. La bêtise ne s’arrête pas à ces considérations. Elle fait la guerre. La guerre aux idées qui la défient et la défrisent. Sauf que la guerre aux idées ne peut se faire qu’idées contre idées. Encore faut-il en avoir. Là est le problème. Alors il reste l’arme dérisoire et pitoyable qu’inspire la panique – car ils sont en panique – l’interdit, l’anathème, l’absurdité inquisitoriale.

La CGT, par la voix d’un de ses brillantissimes chefs, a commenté ce projet de campagne : «  C’était une véritable provocation (…) Tout le monde est remis à sa place et on peut toujours affirmer que le RN n’est pas un parti comme les autres. » Tout le monde remis à sa place, comme les onze millions d’électeurs du second tour des législatives refoulés sur le quai de la gare tandis que la carpe et le lapin embarquaient  allègrement dans le TGV fourre-tout du Barrage dit Républicain. Or, c’est bien cette même guerre qui aujourd’hui se prolonge. Usant de moyens et de procédés de plus en plus médiocres, imbéciles, mesquins. Moyens et procédés qui ne sont, pour tout dire, que l’acceptation inconsciente et refoulée de la victoire des idées que ces épouvantés en carte prétendent combattre.

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Résistez à la culpabilisation avec Mona Chollet: adoptez la féline attitude!

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Mona Chollet invitée sur la chaîne YouTube de "Blast". Capture d'écran.

Il y a beaucoup de questions qui trottent dans la tête de la féministe Mona Chollet. Normal: c’est une intellectuelle confirmée! Comme Donald Trump, l’auteuse à succès sait comment livrer bataille contre les «ennemis de l’intérieur»…


Journaliste de formation, Mona Chollet est devenue une « auteuse » incontournable, engagée corps et âme pour les femmes et contre le patriarcat, une militante de choc connue et révérée pour ses essais successful.  Dans ceux-ci, sans concession aucune, elle épingle et c’est pour mieux les rendre inopérantes, les fourbes manœuvres ourdies de toute éternité par le mâle blanc cis-genre retors et vicieux.

Elle vend ses productions comme des petits pains

Elle identifie et propose des solutions pour contrer la figure patriarcale maligne, mue par une seule volonté, atavique, celle d’assujettir, de dominer, d’exploiter et d’humilier la gent féminine. On se souvient avec émotion des précédents opus de la dame : Beauté Fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Chez soi, une odyssée de l’espace intérieur ou Réinventer l’amour, comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles.

En 2018, paraît Sorcières : la puissance invaincue des femmes. C’est pour Chollet le succès, grisant, fulgurant. Michelet avait magnifié la sorcière, Mona l’a réveillée pour en faire un modèle inspirant à destination de ses sœurs, victimes séculaires de la masculinité toxique. Sorcières s’est vendu comme des petits pains ; toutes les bourgeoises diplômées l’ont acheté et ont crânement enfourché leur balais ou leur aspirateur pour entrer en résistance contre le prédateur quinquagénaire et blanc.  L’heureuse Mona, forte du matelas que lui a assuré la vente de son ouvrage majeur, a pu quitter la mine, à savoir son job de « cheffe d’édition » dans un grand journal, s’affranchissant ainsi du joug du travail et des contraintes. On la pensait sur le point de pouvoir goûter, tout en continuant à servir la cause des femmes de sa plume alerte, la liberté intellectuelle et culturelle méritée par l’excellence de son être. Héraut.e, porte-voix et défenderesse de ses sœurs opprimées mais également devenue libre de s’adonner à l’otium, elle allait pouvoir le vivre pleinement, son droit à la paresse, notre vertueuse, rendue là où son chemin de vie, juste, la menait. On l’espérait heureuse, accomplie et fière.

Ici, la voix

Las ! Sans horaires ni impératifs autres que ceux qu’elle s’impose, Mona s’emmerde et peine à organiser son temps. Comment choisir entre tous les possibles qui s’offrent à elle ? Écrire, œuvrer pour la cause féminine, lire, mater des séries, c’est vertigineux ! Le choix est cornélien. Si la situation est dramatique, elle n’est pourtant pas désespérée. Voyez plutôt. C’est encore une épreuve que la vie envoie à Mona, certes. D’autant plus que LA VOIX, celle qu’elle avait réussi tant bien que mal à tenir à distance jusque-là, profite lâchement de cette situation de faiblesse de notre femme puissante pour tenter une nouvelle offensive visant à l’envoyer au tapis. « J’ai commencé à entendre la voix dans ma tête il y a environ huit ans (…) désormais à chacune de mes maladresses, la voix se déchaînait, elle tonnait (…) Aujourd’hui (…), quand par exemple, je me plonge dans l’écriture pour une longue période, en délaissant des piles de livres en attente de lecture, ou les films et les séries à voir, elle persifle : ce serait peut-être bien de te tenir au courant et de nourrir tes travaux des autres, comme le font toutes les autrices autour de toi, non ? » Et la persécutée de poursuivre : « Et quand je m’installe dans mon fauteuil pour disparaître derrière les piles en question, la voix s’impatiente : c’est bien joli de lire à l’infini, mais il faudrait peut-être penser à produire quelque chose, toi aussi. Ce nouveau livre ne va pas s’écrire tout seul ! » Mona est victime d’une attaque en règle de la bien connue peur du bonheur. Mona ne se sent pas digne de recevoir les bienfaits dont la gratifie l’existence et elle culpabilise. L’affaire devient vite infernale puisqu’elle en a conscience : elle « culpabilise de culpabiliser ». La vie est cruelle, n’en doutons plus.

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Mona se ressaisit, heureusement. Confrontée à l’adversité, elle relève la tête et choisit le combat ; c’est une résiliente, Mona. C’est décidé, elle triomphera de l’état d’esprit délétère où la plonge la culpabilisation et œuvrera en faveur de toustes celzéceux qui le subissent. Alors, elle étudie, étudie, jusqu’au vertige et parvient à identifier l’origine du malaise subi. De ce sursaut, est né un nouvel essai, indispensable, incontournable, riche en révélations. Il va aider iels à ne plus culpabiliser quand la vie donne, quand le bonheur échoit. Cette œuvre, nécessaire, a pour titre : Résister à la culpabilisation, sur quelques empêchements d’exister. 

Sentiment de culpabilité injustifié

L’essayiste y identifie avec talent l’origine de « l’ennemi intérieur », ce « sentiment de culpabilité injustifié » qui hante « les dominés » dans la société occidentale. Tenez-vous bien, les responsables sont la culture chrétienne, parce qu’elle a inventé « le péché originel » et ses tenants parce que sous prétexte de les éduquer, ils n’ont cessé, depuis toujours, de culpabiliser les femmes, les enfants et tous les fragiles. Louée soit cette révélation fracassante. Interrogée dans Libé, en date du 20 septembre 2024, Mona (à ses heures psychanalyste également) précise : « Quand les parents voient l’exubérance et la nature désirante de leur enfant, ils sont confrontés inconsciemment à ce qui a été refoulé chez eux-mêmes, enfants. La représentation se reproduit, d’une génération à l’autre. »

Et puis le patriarcat, prêt à tout pour asseoir sa domination, n’a eu de cesse, à partir du Moyen-Âge, que de rabaisser et de minoriser la femme, cette sorcière, en raison de sa supériorité flagrante, écrasante, dangereuse et dument constatée sur les mâles ; supériorité d’autant plus redoutable que la bougresse donne la vie. Ajoutez à ça toutes les dérives comportementales qu’engendrent le militantisme écologique et le féminisme, c’est sûr, on aura du mal à s’en sortir vivant.es. Dans Libé, toujours, la question est posée à Chollet : « Le militantisme féministe ou écologique peut aussi provoquer un sentiment de culpabilité. Pour vous, l’ethos militant s’apparente à celui de la religion ? » Notre Bélise, qui maîtrise son sujet, en convient mais se montre rassurante : « Toute cette énergie pourrait être utilisée à combattre les oppressions et les systèmes de domination (…) » L’essayiste entend ici défendre (on s’en doute) et en écriture inclusive (cela va de soi) « les catégories de population dominées, sur lesquelles circulent beaucoup de stéréotypes négatifs – les enfants, les femmes, les minorités sexuelles et raciales ». Des juifs, elle ne pipe mot. Chollet pointe également – on comprend qu’elle a dû en faire les frais – une société hantée « par la culture du surmenage » et marquée par « l’interdiction de s’écouter ». « Il faudrait imaginer une société où les besoins de repos et de plaisir pourraient être satisfaits de façon indépendante, gratuite (…) » Le paradis, peut-être ?

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Dans cet ouvrage remarquable consacré à la culpabilité, il est amusant enfin de relever que Mona ne cesse de s’excuser, comme si elle avait un peu conscience de l’indécence du son sujet et de la puérilité de ses chouineries : « Je suis un peu embarrassée de consacrer un livre à l’ennemi intérieur à l’époque où les ennemi.e. s extérieur.e.s sont en si grande forme. » Notre astucieuse ne se borne pas, toutefois, à pointer l’origine de la toxique culpabilisation ni à en constater simplement les ravages. Elle propose quelques astuces habiles pour lutter contre le mal. On a retenu la plus plaisante, la voici : adoptez toustes la féline attitude ! Prenez-vous pour votre chat ! Mona déclare à Libé : « Si on aime tellement les chats (…), c’est parce qu’ils ont un côté tellement détendu. Jamais un chat ne va se demander s’il a été assez productif. Ce qu’on projette sur eux est comme un exutoire imaginatif. On leur demande de porter finalement toutes les manières de vivre qu’on n’ose pas adopter. » Dans cet essai, aussi puéril que geignard, Chollet ne semble préoccupée que de son seul bien-être. En son nom, elle prône un individualisme forcené sans qu’il ne soit jamais question de supporter quelque contrainte. Quant aux seuls responsables de tous les malheurs du monde, ce sont bien sûr les mâles blancs de plus de cinquante issus de la civilisation judéo-chrétienne et thuriféraires, on s’en doute, du capitalisme. On aurait bien aimé, pour notre part, qu’elle eût songé à les remercier, au passage, eux et leur civilisation moisie, de lui avoir donné la possibilité de faire commerce, comme elle le fait ici, de l’auscultation un brin obscène de son malaise intérieur.

272 pages.

Résister à la culpabilisation: Sur quelques empêchements d'exister

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Quand j’entends le mot culture…

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Stefan Zweig (1881-1942), porte-parole de l’héritage culturel européen © SZ Photo / Bridgeman Images

La culture européenne existe-t-elle encore ? La question, qui divise aujourd’hui les intellectuels, est ignorée par nos élites. Cette culture a pourtant forgé notre regard et un « esprit européen » que le monde entier a admiré. Mais de renoncements en reniements, notre civilisation semble admettre son effacement.


Il n’a guère été question, lors des dernières élections européennes, de l’Europe culturelle dont la préservation mobilisa les plus grands esprits du XXe siècle, qui jetèrent leurs forces dans ce combat délaissé par les nouvelles « élites », mais pas par les peuples. La culture, que le monde entier enviait jadis à l’Europe, n’est pas seulement conservée dans les musées ou les édifices publics et privés. C’est aussi « une certaine manière de considérer le monde, assimilable à un pli de la pensée ou à un regard », foncièrement irrévérencieux selon Chantal Delsol[1]. On ne relira donc jamais assez Stefan Zweig[2] (1881-1942) dont les articles combatifs, publiés entre 1909 et 1941 dans la presse germanophone, viennent d’être édités en français sous un titre évocateur (Mélancolie de l’Europe, Plon, 2024). Mais l’Europe en proie au reniement de soi et tentée par un « étrange suicide » (Douglas Murray[3]) est-elle encore capable d’être mélancolique en se souvenant de ce qu’elle fut ? Or, c’est justement la culture qui permettrait à cette remémoration d’être un tremplin vers le futur.

Un colloque à Genève en 1946

Stephan Zweig ne fut pas le seul à alerter les Européens dont les deux guerres mondiales avaient ébranlé les certitudes, au point qu’il leur fallut, après la catastrophe, réfléchir ensemble sur ce qu’est l’« esprit européen ». Cela se passa dans un colloque qui se tint en 1946 à Genève, et réunit des penseurs aussi différents que Georges Bernanos, Denis de Rougemont et Georg Lukács. Qui imaginerait pareille rencontre aujourd’hui ? Le défi était à l’époque de mobiliser les forces de l’esprit contre une possible rechute dans la barbarie, et de promouvoir un « idéal de fraternité transnationale » (Zweig) qui écarterait le péril nucléaire omniprésent dans les esprits après Hiroshima et Nagasaki. Et c’est pour avoir été le théâtre d’une « déchéance incroyable de la culture » (Thomas Mann) que l’Europe était appelée à être le foyer de son renouveau. Car une faiblesse assumée peut devenir le meilleur remède contre la déchéance, comme l’a montré Edgar Morin dans un essai incontournable et plus que jamais d’actualité (Penser l’Europe, 1987). Mais une Europe qui renonce à sa culture peut-elle encore avoir conscience qu’une « communauté de destin » unit pour le meilleur et pour le pire les peuples européens ?

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Or de Nietzsche à Peter Sloterdijk rappelant que l’Europe est « le continent-mère de la modernité » (Si l’Europe s’éveille, 2003), le spectre de la décadence, fruit du nihilisme lui aussi européen, hanta les meilleurs esprits qui savaient cependant encore nommer l’ennemi, extérieur ou intérieur, que la culture avait pour vocation de civiliser ou de repousser : le nazisme, le bolchevisme, la démagogie, le défaitisme. C’est dans cet esprit que Thomas Mann lança en 1937 son Avertissement à l’Europe, que María Zambrano rédigea durant son exil L’Agonie de l’Europe (1945), et que Jan Patočka écrivit les textes réunis dans L’Europe après l’Europe (traduction française en 2007). À supposer que le « soin de l’âme » ait été depuis Platon la préoccupation majeure de l’Europe culturelle et spirituelle – nourrie au moins autant que déstabilisée par son inquiétude –, qui désormais s’en soucie alors que la gestion du « soin » est devenue une industrie ?

On peut, il est vrai, réfuter l’idée même de « culture européenne » au nom des cultures nationales et régionales, seules existantes en fait, ou parce qu’on la suspecte de reproduire à grande échelle les réflexes identitaires dont on déplore les effets pervers quand ils sont ceux des individus ou des peuples. Aussi l’unité culturelle de l’Europe ne serait-elle envisageable qu’en tant que complexité « dont le propre est d’assembler sans les confondre les plus grandes diversités et d’associer les contraires de façon non séparable » (Edgar Morin). Méfiant à l’endroit d’une « identité culturelle » européenne difficilement identifiable et de surcroît « terriblement réductrice et paresseuse », François Jullien l’évince habilement au profit des « ressources » mises par chaque culture à la disposition de qui veut les faire fructifier[4] ; l’Europe, individualiste mais éprise d’universalité, étant à cet égard particulièrement riche en possibilités offertes à l’humanité. C’est un peu vite oublier que le risque n’est plus alors le « repli sur soi » identitaire, mais la transformation de l’Europe culturelle en grenier à blé où tout le monde a le droit de puiser, sans respect ni égards obligés pour ceux qui ont contribué à créer et préserver ces ressources.

Dynamique

On ne conjurera donc les menaces bien réelles qui pèsent aujourd’hui sur l’Europe culturelle – affaiblissement, ensauvagement, asservissement – sans remonter aux sources de son malaise qui ne date pas d’hier, et qui est partie prenante de l’« esprit européen » dont Jean-François Mattéi écrivait : « L’originalité du regard de l’Europe tient à ce combat qui la dresse contre elle-même dans une volonté irrésistible de dépassement[5]. » Dépassement de quoi si on a perdu le sens de l’orientation qui permet d’entrevoir un horizon ? Et si l’Europe ne cesse en ce sens d’agoniser (du grec agon, compétition, lutte), ce peut être aussi bien parce qu’elle s’inflige des épreuves inutiles qui ne peuvent la grandir, ou parce qu’elle est malgré tout encore capable d’intégrer et de transformer ce qui menaçait de la détruire. Aussi les Européens ne peuvent-ils plus se contenter de faire appel à « l’éternelle solidarité de l’esprit créateur », comme le fit en son temps Stefan Zweig, sans remettre en marche cette dynamique créatrice qu’est la culture.

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[1] L’Irrévérence : essai sur l’esprit européen, La Table Ronde, 2013.

[2] On pense en particulier au Monde d’hier : souvenirs d’un Européen.  (1943), traduit en français en 1948, Appels aux Européens et à L’Esprit européen en exil (1933-1942).

[3] L’Étrange suicide de l’Europe, L’Artilleur, 2018.

[4] Il n’y a pas d’identité culturelle, L’Herne, 2016.

[5] Le Regard vide : essai sur l’épuisement de la culture européenne, Fayard, 2007, p. 28.

Un saint beur à Barbès

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Sofiane Zermani et Khalil Gharbia © EAST FILMS 2425FILMS CHELIFILMS

Depuis que la justice lui a fait comprendre qu’il ne fallait pas bloquer l’autoroute sans autorisation pour les besoins de ses clips, le rappeur d’origine algérienne Sofiane Zermani est devenu la coqueluche de la presse culturelle. Il est actuellement à l’affiche du film Barbès, Little Algérie. Critique.


Dans le milieu, François Guerrar, devenu Hassan Guerrar, est connu depuis des lustres comme attaché de presse de cinéma. Le quartier parisien de Barbès lui est d’autant plus familier qu’il y vit de très longue date. Pour son premier « long », lui qui auparavant n’a jamais réalisé aucun court-métrage ni fait la moindre école de cinéma, le « débutant » a su s’entourer : pas moins de trois coscénaristes, des techniciens avertis, un casting intelligent – et beaucoup de bonne volonté. Cela se sent : dans Barbès, Little Algérie, Hassan Guerrar a mis énormément de lui-même. En cela, c’est vraiment ce qu’il est convenu d’appeler un film d’auteur.

Aux bons soins de l’oncle Malek

Malek (Sofiane Zermani, étonnant de justesse dans ce difficile contre-emploi), Algérien de souche et mal-aimé d’une fratrie, en rupture avec sa parentèle du bled, mais en deuil de sa vieille mère, vient de s’installer à l’étroit dans un studio, au cœur de Barbès, où il fait de l’assistance informatique comme autoentrepreneur. Débarque d’Algérie, surprise, le tout jeune Ryad, son neveu, que Malek n’a pas revu depuis l’enfance (l’acteur franco-marocain Khalil Ben Gharbia au sourire d’ange). D’abord réticent, Malek l’héberge, et prend bientôt le garçon sous son aile.

On est alors en plein confinement du Covid : masque obligatoire, déplacements contraints. Les vols Paris-Alger sont annulés. Ryad prend son parti de rester à Paris, aux bons soins de l’oncle Malek. Avec l’intention de s’inscrire en Sorbonne, pour y poursuivre ses études : l’entretien préalable a lieu « en distanciel ».

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Tout baignerait, n’était le contexte épidermique du quartier. Tandis que le charitable et doux Malek a intégré un groupe de bénévoles distribuant, derrière les grilles de l’église (catholique) Saint-Bernard – et non une mosquée, relevons-le ! –, le pain quotidien aux nécessiteux sous le diligent patronage de Laure (Clotilde Courau, au civil duchesse de Savoie et princesse de Venise comme l’on sait, est impayable au sens propre dans cet emploi de cheftaine d’association caritative), la bulle arabe de Barbès demeure en ébullition.

Ramadan et pugilat

À l’approche du ramadan, les mâles impulsifs et célibataires – dealers, sans-papiers, vendeurs de cigarettes, fournisseurs de faux laissez-passer, petits trafiquants au chômage, tous musulmans – s’interpellent, voire s’insultent ou s’affrontent jusqu’au pugilat sur la chaussée, dûment gardés à l’œil, de loin, par les bienveillantes patrouilles de policiers. Autant dire que la rue n’est pas vraiment une partie de plaisir. Au point que Malek dissuadera, non sans véhémence, son candide protégé de frayer avec cette engeance malsaine… Dans ce réduit urbain, les femmes du film s’arrogent le beau rôle : ce sont les déesses lares, les cantinières, les bienfaitrices –, en bref la main pacificatrice qui s’interpose entre cette colonie d’hommes belliqueux et frustes, pris dans les turbulences de la zone survoltée. S’en échappe même, sur fond de frustration libidinale, d’idiotie et de férocité, l’éclair de jalousie homosexuelle qui va cristalliser la tragédie où se dénoue l’intrigue…

Jour2Fête

Portrait de ville en creux, Barbès, Little Algérie force la sympathie aux dépens de ses intentions iréniques, pourrait-on dire. Car avec une sorte d’ingénuité (dont on se prend à douter si elle est réelle ou composée), le film dépeint avec une grande véracité une réalité confondante, consternante : l’un des plus vénérables quartiers populaires de Paris se trouve en état de siège, bien moins par les effets conjoncturels de la crise sanitaire, que par la fracture qui coupe ses locaux de la capitale de la France : Barbès, justement, ne devrait pas être – exclusivement – une « petite Algérie » ! En ouverture du film, un personnage lâche : « Le 13e, c’est la Chine, Barbès, c’est l’Algérie. » Mais dans une séquence ultérieure, un « ancien », Arabe né dans la défunte Algérie française, s’insurge : « Les Français ont bien rendu l’Algérie aux Algériens, il faut rendre Barbès aux Français. » Ce clivage immémorial, encore et toujours chargé de périls, entre autochtones de confession musulmane, migrants clandestins, natifs d’Afrique du Nord établis en France… et Français de souche, comme on n’ose plus dire, loin de se voir évacué par Hassan Guerrar, est bel et bien le pivot de son film. Double quelque peu idéalisé du cinéaste en herbe, Malek le généreux, Malek le brave incarne, dans ce microcosme assez cruel, une forme de sainteté œcuménique qui passe par la foi en Dieu et la prière. Et sous les espèces d’une communion autour des plats indigènes, telle la chorba, infect semble-t-il en boîte, mais délicieux s’il est bien cuisiné : transparent, le symbole met, au passage, un peu de baume sur les plaies. Au générique de fin, sur une composition inédite du chanteur franco-algérien Slimane, Hassan Guerrar dédie son film « aux binationaux ».


Barbès, little Algérie. Film de Hassan Guerrar. Avec Sofiane Zermani, Khalil Ben Charbia, Clotilde Courau, Khaled Benaïssa, Eye Haïdara, Soolking…  France, 2024.

Durée: 1h33
En salles, le 16 octobre 2024

En 2027, tout ce qu’il ne faudra pas faire et être…

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Emmanuel Macron le soir de son élection, au Louvre, le 7 mai 2017 © DAVID NIVIERE/SIPA

Avant même l’échéance de 2027, il convient de remercier Emmanuel Macron pour les enseignements qu’il prodigue, souvent contre son gré, depuis 2017. Grâce à lui on sait précisément ce que les futurs candidats à l’élection phare de notre vie démocratique devront ne pas faire, ne pas être.


Je parie – et j’espère – que la gauche et l’extrême gauche seront hors-jeu au second tour. Je rejoins Alexis Corbière qui a déclaré sur Sud radio que Jean-Luc Mélenchon, s’il était qualifié pour la joute finale, serait nettement battu par Marine Le Pen[1].

Le casting pour 2027 se précise

Je m’en tiendrai, même si la liste n’est pas exhaustive, à la « bataille qui vient » pour l’après-Macron, selon le titre du JDD (voir ci-dessous), et qui pourrait mettre aux prises Gabriel Attal, Édouard Philippe, Michel Barnier, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Il convient d’y ajouter au moins Xavier Bertrand, David Lisnard et Laurent Wauquiez, le Rassemblement national étant assuré, autant qu’on peut l’être dans notre démocratie déboussolée, d’être présent lors de l’emballage terminal.

Aussi bien, tant lors de la campagne que du mandat présidentiel, il y a un certain nombre de commandements et de principes qui devront être respectés, la plupart à rebours de ce que le météore Macron, si décevant ensuite, aura diffusé depuis 2017.

Ras-le-bol des « révolutionnaires »

D’abord ne pas promettre la révolution. On n’en veut pas et elle tombe vite en quenouille si on y croit le temps d’une illusion.

Ensuite ne pas s’imaginer que président, on est devenu le roi du monde et qu’on doit traiter de haut tous ceux qui vous entourent, classe politique comprise dans toute sa palette d’opinions.

Préférer aussi les actes aux mots et ne pas multiplier les discours alternatifs, contradictoires ou flatteurs par démagogie ou par manque de convictions stables.

Admettre que la vertu essentielle est le courage. Si on l’a, la développer, l’amplifier, si elle manque, tenter d’en faire preuve, en souhaitant que la fonction vous transcende.

Ne pas flatter au-delà de toute mesure les dirigeants étrangers en traitant avec causticité son propre pays.

Ne pas compter sur sa seule séduction pour l’emporter dans les multiples rapports de force mondiaux que la France doit affronter. Elle ne sert à rien. Pendant que l’un fait le beau, les autres avec réalisme voire brutalité, sauvegardent leurs intérêts et gagnent leurs arbitrages.

Moins un pouvoir est ostentatoire, plus il est respecté

Ne pas prendre des décisions, nommer des proches ou choisir des ministres sous l’unique inspiration d’un désir de se distinguer même absurdement au lieu de, tout simplement, faire fond sur le bon sens, l’assentiment populaire, la compétence et l’honnêteté.

Refuser la vulgarité et privilégier l’allure, qui n’est ni repli sur soi et son pré carré ni surabondance narcissique et médiatique. Se rappeler que moins un pouvoir est ostentatoire, plus il est respecté. Que les Français aspirent à un président à la fois comme eux et le contraire d’eux : une personnalité digne d’estime pour tous même si sa politique ne plaît pas à tous.

Tenir ses engagements et ne pas considérer que les trahir relève seulement d’un pragmatisme intelligent : ce peut être l’effet d’un caractère défaillant, d’une personnalité peu fiable.

Honorer l’institution judiciaire même quand elle s’attache à vous-même, à l’un de vos proches, l’un de vos affidés. Accepter l’idée qu’exercer le pouvoir ne rend pas forcément la morale superfétatoire. La placer au centre de tout.

Ne pas attendre la fin de son mandat pour se réveiller sur le plan régalien. La France en péril n’est pas une expression toute faite : une réalité qui impose des armes autres que les hommages, les bougies, les marches blanches et les cérémonies post-mortem.

Ne pas confondre, dans la vie internationale, ses amis avec ses ennemis. Il y a des pays avec des défauts qui valent pourtant bien mieux que d’autres. On ne doit pas mélanger les boucliers avec les glaives.

Ne pas s’illusionner et se vanter d’avoir toujours raison, même en cherchant désespérément à justifier des choix politiques aberrants. Réfléchir d’abord pour ne pas risquer de les effectuer.

Ne pas être jaloux des personnalités qu’on a voulues auprès de soi et qui prennent trop la lumière, ne pas faire peser sur les ministres une responsabilité qui est la sienne. Ne jamais se laver les mains des fiascos qu’on a créés.

Ne pas songer dès le premier jour de son mandat au suivant : méthode redoutable pour faire échouer le premier et éventuellement le second.

Ne pas se laisser influencer par une épouse, un ami, des réseaux, des considérations délétères, ne pas avoir peur de ne compter que sur soi puisque la légitimité présidentielle n’a été dévolue qu’à vous.

À partir de tout ce dont Emmanuel Macron devra nous détourner, qui mériterait de l’emporter ? Il y a ceux clairement à laisser de côté, les faux durs, les vrais mous, ceux qui portent encore trop de leur passé dans le présent d’un côté. Et de l’autre ceux qu’on néglige, qu’on prend de haut, ceux qui ne sont pas obsédés par 2027 parce que l’état de la France est leur angoisse maintenant, tous les jours, ceux qui sont sincères quand ils affirment ne pas ressentir cette ambition pour le futur. Je vous laisse deviner.

Merci à Emmanuel Macron qui se voyait comme un modèle et finit comme un contre-exemple.


[1] https://x.com/SudRadio/status/1847172079759548881