Accueil Site Page 10

Quadraversitaire et pigeon à une patte

0

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


Une personne proche de ma Sauvageonne nous a invités, il y a peu, au concert qu’a donné l’Orchestre universitaire de Picardie, à l’occasion de son quarantième anniversaire sur la place Gambetta, à Amiens. Il y avait beaucoup de monde ; des gens avaient sorti les transats, les sièges ; d’autres étaient assis dans l’herbe urbaine produite par notre grasse terre picarde. La personne proche avait réservé une table entière, Au Forum, l’un des bars les plus connus de l’endroit. C’était le soir ; la canicule avait baissé d’un ton son assommant caquet. Nous étions bien. Avant que le concert ne commençât, mon attention fut attirée par un pigeon qui s’était posé sur le gazon à quelques mètres de notre table ; la pauvre bestiole n’avait qu’une patte. Accident ? Malformation ? Je n’eus pas la présence d’esprit de lui poser la question. Ma Sauvageonne l’observa aussi, encore plus attendrie que moi. « Tu penses que ça l’empêche de voler ? » lui demandai-je, plus idiot qu’à mon habitude. Sa réponse ne se fit pas attendre : « Il ne vole pas avec ses pattes, mais avec ses ailes, Vieux Yak », sourit-elle, surprise par tant de bêtise de ma part. L’oiseau continuait de nous observer avec ses petits yeux sombres qui me faisaient penser à ceux de Daniel Auteuil. M’avait-il entendu ? M’avait-il compris ? Il prit soudain son envol comme pour me rassurer. Ce fut à ce moment-là que le concert commença. Il y avait longtemps que je n’avais pas assisté au concert d’un grand orchestre, moi qui suis plus habitué aux riffs du bon vieux rock’n’roll. Je ne fus pas déçu. Nappes liquides de violons, cuivres rougeoyants… avec sa baguette, le chef semblait écrire sur le tableau sombre du ciel des paroles sur la délicieuse musique qui – au début tout au moins – n’en possédait pourtant point. La formation universitaire interpréta notamment la « Valse des Fleurs », de Piotr Ilitch Tchaïkovski, « Sicilienne », de Gabriel Fauré, « Uptown Funk », de Bruno Mars et Mark Ronson. On nous donna également à entendre « September », de Earth Wind & Fire, et le sublime « Summertime », de George Gershwin, sans oublier « Shéhérazade IV », de Nikolaï Rimski-Korsakov. Il y en avait donc pour tous les goûts. En quittant les lieux, je ne cessais de penser au pigeon à une patte. Accident ? Malformation ? Je regrettai déjà de ne pas lui avoir posé la question.

Étincelles de guerre civile?

À Saint-Just en Chaussée (60), l’influenceuse arabo-musulmane raciste s’en prend à la boulangerie. À Paris, Rima Hassan n’aime pas les « sionistes » – des agents immobiliers aussi haineux qu’elle le lui rendent bien dans le 10e arrondissement. Pendant ce temps, les jeunes deviennent incontrôlables dans les parcs aquatiques.


Elle voulait un sandwich au thon, il était au poulet. Le drame absolu ! La catastrophe des catastrophes. Elle exigeait qu’on le lui change, rapport à sa religion et à ses tabous alimentaires, n’est-ce pas.

La scène se passe dans une boulangerie de France. Non halal, précisons-le. Il y a encore en France des débits d’alimentation non totalement halalisés. Comment est-ce possible ? C’est ce que la jeune femme au sandwich ne peut probablement pas accepter. Devant le refus des commerçants d’accéder à son exigence – on ignore sur quel ton le thon aura été réclamé, encore qu’on puisse le deviner au vu de celui qui a été employé par la suite – la voilà qui se rue sur TikTok, cette chambre d’écho de la haine et de la bêtise (voir vidéo en bas de page). « Je vais dire quelque chose de raciste », tient-elle à préciser, au cas où on imputerait sa démarche à la simple sottise. Non, elle tient à ce qu’on n’ignore pas qu’elle est bien consciente de la connotation raciste des mots qu’elle va lâcher. « C’est toujours comme ça dans les boulangeries de blancs. » Et de nous exposer que, ailleurs, là où une échoppe est tenue par un « rebeu » (sic), ça ne se serait pas passé comme ça, qu’elle aurait eu droit non seulement à l’échange mais aussi à de plates excuses. Du genre, ma sœur, ceci, cela, et patati et patata.

Face à face

Un conseil à cette jeune personne dont on sait à présent qu’un de ses passe-temps est de nous cracher à la gueule, à nous autres Français de France, sur les réseaux dits sociaux (Il faut bien qu’une jeunesse à l’utilité sociale des plus incertaines trouve à s’occuper). Oui, un conseil tout de même à cette pétulante croisée de l’anti-France et du racisme anti blanc : pour ne pas avoir à subir les boulangeries et autres commerces de blancs, aller planter ses pénates à Ouagadougou, Alger, Téhéran, Islamabad ou Kaboul serait un excellent moyen. TikTok étant mis en alerte, c’est le déferlement de haine, de menaces habituelles qui s’abat sur les commerçants de la boulangerie. Messages de soutien, aussi, heureusement. Deux camps, donc, s’affrontent. Une sorte d’esquisse de guerre civile sur fond de sandwich au poulet. On croit rêver ! Ah, la belle France d’aujourd’hui…

A lire aussi, Philippe Bilger: Le maire de Nanterre nous donne le coup de grâce!

Rima Hassan n’aime pas les « sionistes » qui le lui rendent bien

Mêmes réjouissances avec la star des médias de ces temps-ci Rima Hassan, toute surprise de se voir invectivée, assez rudement ma foi, par des personnels d’une agence immobilière Orpi quelque peu horripilés de son antisémitisme maquillé en antisionisme, de son soutien exalté au projet palestinien d’éradiquer l’État d’Israël, car dans ce que défend l’intéressée, c’est évidemment cela qui est au programme. Là, dessus, bien entendu, l’enseigne Orpi devient la cible des aimables contingents embrigadés sous la bannière du keffieh de la dame. On vandalise, on incendie. On fait payer. Il faut que le blanc paie. Paie, quoi, tout. La colonisation, la décolonisation, l’esclavage et son abolition, le tout et son contraire. Là-dessus, peut-être un peu gênée tout de même aux entournures, Mme Hassan tente d’expliquer qu’un de ces incendies serait le fait de l’intelligence artificielle. La bêtise en majesté, vous dis-je ! (Encore un truc de blanc, ça, l’intelligence artificielle, non?)

La bêtise, la haine et en face, quoi ? Rien ou si peu. Un président de pacotille, un Premier ministre qui dort debout, des ministres de l’Intérieur et de la Justice réduits au ministère de la parole, congelés en une impuissance glaçante. On en est, en haut lieu, à considérer ces évidentes prémices de guerre civile comme de simples faits divers. Circulez, dormez bonnes gens, il ne se passe rien.  Nous sommes là et nous employons les bons moyens. La preuve, lorsque des sauvageons livrés à eux-mêmes, élevés dans l’idée que casser la France est le meilleur des divertissements estivaux qu’ils puissent trouver, saccagent la piscine et les installations afférentes qui les accueillent, que fait-on ? Sanctionne-t-on ? Botte-ton le cul de ces futurs insurgés ? Que non pas. On ferme boutique. Lâchement. Victoire éclatante pour les petits merdeux. Une honte de plus pour la France, le pays, pour nous. Avec celle, ô combien brûlante, que nous vaut l’incapacité tragique de l’État à sortir Boualem Sansal de l’enfer où Tebboune et sa clique le tiennent reclus. Eux tous, Tebboune, la fille au poulet, les ensauvagés de la piscine doivent bien rigoler. Eh oui !

Finalement, on en arriverait presque à se demander si ce ne serait pas la France entière qu’il conviendrait de fermer. Puisqu’on en est là.

LES TÊTES MOLLES - HONTE ET RUINE DE LA FRANCE

Price: 14,77 €

3 used & new available from 13,29 €

Je suis solognot mais je me soigne

Price: 12,00 €

4 used & new available from 12,00 €

Thriller glauque dans une Chine abolie


La première partie nous ramène en 1997, dans la ville de Fentum, au nord-est de l’Empire du Milieu : grisaille, misère, laideur, c’est encore la Chine héritée de la Révolution culturelle ; y perdure un sous-développement qui paraît suinter des murs, s’imprimer jusque sur les visages. L’image assez cradoque du film, d’un bout à l’autre, semble y faire curieusement écho, d’ailleurs. C’est un autre monde, à des années-lumière de l’actuelle puissance économique faramineuse qu’on connaît – commerçante, numérisée, dominatrice, aux métropoles hérissées de tours dupliquées sans fin à l’identique…  

Au milieu de cette crasse d’un autre temps et dans cette déprime gluante, une noria de taxis, boîtes à savons peintes en rouge, attendent le client. Il advient que des chauffeurs sont assassinés, leurs véhicules incendiés – meurtres inexpliqués ; l’enquête piétine, tandis que Li Fei rêve de quitter Fentum pour le Sud du continent, alors perçu comme un eldorado… Dans une seconde partie, Des feux dans la plaine se transporte en 2005, à l’époque où le Parti communiste décrète en quelque sorte la loi de la jungle, sous le slogan « Réforme & Ouverture ». Un jeune policier décide de rouvrir le dossier enterré huit ans plus tôt…

A lire aussi: Tournez manège!

Sous l’alibi d’un thriller qui finit par prendre un tour de violence incendiaire, horrifique, à la limite du gore, le cinéaste s’attache surtout, semble-t-il, à porter un regard rétrospectif sur la métamorphose radicale de son pays au tournant du millénaire. Assez confuse, laborieuse et touffue, l’intrigue laisse dubitatif, même si le portrait reste saisissant dans son extrême cruauté.       


Des feux dans la plaine. Film de Zhong Ji. Chine, couleur, 2024. Durée : 1h41.

En salles le 9 juillet 2025.

Écriture thérapeutique

0

Alors que fait rage la guerre en Ukraine, que se poursuit le conflit au Proche- Orient, une femme se bat sur d’autres fronts. Son nom Nayla Chidiac. Docteur en psychopathologie, psychologue clinicienne spécialiste du trauma, elle est aussi poète et écrivaine. Dans son cabinet du 7ème arrondissement de Paris, elle reçoit des patients pas comme les autres. Certains reviennent de théâtres de guerre, d’autres de captivité, tous ont en commun d’avoir vu la mort de près et d’en être revenus profondément traumatisés. C’est là que Nayla Chidiac entre en scène « l’un des désastres majeurs de la guerre est la destruction de la pensée -explique-t-elle. La pensée est trouée, gelée, parasitée ». L’écriture thérapeutique va donc permettre de la restaurer.

A lire aussi: Manuel Ostermann: le cri d’un flic dans une Allemagne à la dérive

Dans L’écriture qui guérit, livre aussi poignant qu’érudit, celle qui a fondé les ateliers d’écriture thérapeutique à l’Hôpital Sainte Anne à Paris il y a trente ans s’interroge sur le lien entre l’écriture et la guerre à partir de son expérience mais aussi de celle de vingt-six écrivains majeurs dont Blaise Cendrars, Tolstoï ou Marguerite Yourcenar. Son incroyable odyssée débute dans les années 1990. Nayla Chidiac souhaite alors faire une thèse sur les traumas de guerre. Mais le Général Louis Crocq, psychiatre des armées qu’elle considère comme son maître, l’en dissuade. Jusqu’en 1995 où, suite à une série d’attentats, il crée avec Xavier Emmanuelli, sur instruction du Président Jacques Chirac, les CUMP, Cellules d’urgence médico-psychologique, et fait appel à ses services. Dès lors elle ne cessera d’intervenir sur les lieux de catastrophe. Lorsqu’on aborde son parcours personnel la psychologue se rétracte. Tout juste concède t’elle qu’elle est née en 1966 au Liban puis a suivi une scolarité très « hachurée » entre Beyrouth et Londres. « La guerre, je la connais, -écrit-elle-j ’ai passé ma vie à faire comme si elle et moi étions étrangères affectivement mais intimes intellectuellement ». Alors oui, elle finit par l’admettre : elle était en quelque sorte prédestinée à travailler sur les traumas. « Je viens d’un pays constamment en guerre– souligne- t-elle- j’avais une pulsion de vie immense et un désir profond de soigner. » Elle pense un temps devenir psychologue pour enfants mais comprend dès son premier stage qu’elle est trop touchée émotionnellement pour en faire un métier. Elle sait en revanche qu’elle est qualifiée « pour tout ce qui est grave, urgent, rapide, or le trauma c’est ça. Une discipline passionnante qui vous confronte chaque fois à des vies différentes ». En 1984 elle arrive à Paris après de longs moments passés dans les abris d’un Beyrouth bombardé et fait une rencontre d’importance : le théâtre d’Eugène Ionesco. Pour la jeune Libanaise élevée dans une famille assez traditionnelle qu’elle reconnaît avoir été « la découverte de l’Absurde fut déterminante. Car qui y a-t-il de plus absurde que la guerre ? ». À partir de là, confesse-t-elle, « les écrits de Ionesco (ont été) des clignotants dans les différentes tempêtes de ma vie ». Jorge Semprun sera l’autre rendez vous marquant de son existence. Elle se souvient de l’avoir croisé lors d’une séance de dédicace : « Son regard était celui que j’imaginais, un regard pareil à celui de ces patients qui ont « vu ». Son livre L’écriture ou la vie est à la source de mon désir d’écrire cet ouvrage », confie-t-elle avant de préciser l’essentiel : « Semprun explique qu’il lui a fallu quinze ans. Quinze ans pour comprendre que s’il écrivait sur le sujet il mourrait et s’il n’écrivait pas, il mourrait aussi. Ce n’est pas qu’il avait peur, c’est qu’il ne savait pas comment faire. Alors pendant toutes ces années, il a écrit d’abord sur « avant le camp » puis sur « après le camp » mais le camp en lui-même, il ne pouvait pas. Il était dans ce que nous les psys nous appelons dans notre jargon une impasse psychique. Il a finalement pu écrire et a été libéré. Pour moi c’est donc l’écriture ET la vie et non L’écriture OU la vie. » Si elle est souvent intervenue sur des lieux de guerre, Nayla Chidiac exerce désormais son activité à Paris, ce qui ne l’empêche pas d’accompagner des patients toujours sur le front. Le suivi se fait alors par visio ou par Whatsapp parfois même par textos. À ces femmes et ces hommes en plein chaos, elle donne un cadre. « Je leur propose d’écrire, de préférence à la main soit une nouvelle soit un poème soit un haïku et pendant trente minutes ils oublient tout. Y compris les bombes ». Un travail dont elle rappelle qu’il n’a pas de visée esthétique. « Seul compte le processus de création. C’est lui qui assouplit le psychisme. C’est lui qui guérit ». Écrire est donc possible en temps de guerre, même essentiel, pour pouvoir continuer à penser. Tenir un Journal en est la preuve. « Si j’écris je suis vivant, explique la psychologue. Dans l’idée du Journal il y a celle de la temporalité. J’espère être là demain et après-demain. Il y a quelque chose de l’ordre de l’espérance. » Celui d’Anne Franck en est un bel exemple ainsi que celui, plus proche de nous, de la jeune Ukrainienne Yeva Skalietska. « Se projeter étant difficile en temps de guerre, écrire de la fiction s’avère quasiment impossible » précise la thérapeute. Pour preuve le retour au Journal du romancier Ukrainien Andreï Kourkov. Reste la poésie, genre souvent pratiqué comme le fit avec maestria Guillaume Apollinaire depuis les tranchées. Et Nayla Chidiac de rappeler « Quand vous avez vécu un traumatisme vous êtes victime. Donc passif. Dès que vous prenez la plume vous redevenez actif et maître de votre histoire. Cela change considérablement la donne. » L’écrivain Salman Rushdie, sauvagement poignardé lors d’une conférence en 2022, l’a admirablement prouvé publiant, deux ans après son agression, un récit salvateur intitulé Le couteau. « L’écriture guérit et permet de se rétablir » écrit le romancier japonais Kenzaburô Oé dont l’enfance fut marquée par la Seconde Guerre. Une conviction qui anime Nayla Chidiac depuis plus de trente ans et qu’elle nous fait partager avec une passion peu commune.

L’écriture qui guérit, Nayla Chidiac, Odile Jacob, 2025. 288 pages.

L'Ecriture qui guérit: Traumatismes de guerre et littérature

Price: 23,90 €

12 used & new available from 2,10 €


[1] https://www.causeur.fr/salman-rushdie-la-traversee-282657

Hemingway, sudiste de cœur

0

Les cartes postales de l’été de Pascal Louvrier (1)


La table de travail est protégée du soleil par le feuillage du tilleul en fleurs. Les glaçons fondent lentement dans le Campari. La boisson me ramène en 1999, à Venise. Je suis avec Sollers. On dine léger. Mais un peu trop d’alcool. Soudain, il me parle du plus grand livre selon lui d’Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres. Je ne l’ai pas lu. Sollers : « C’est une erreur. Demain, vous irez l’acheter. » Il me raconte la dernière scène du roman qui explique le titre. Il ajoute : « On n’invente pas ça, et on écrit ça, ici. » Sa main baguée, dans un mouvement ample, désigne le canal de la Giudecca, la Salute bulbeuse, le ciel encre de seiche.

On résume : il a cinquante balais, elle en a dix-neuf. Lui, c’est un colonel en retraite, couturé, tenant des propos à l’opposé des idéaux virilistes, proche du détachement absolu, même s’il n’en a pas fini avec le bas-ventre. Ce qui compte, c’est le temps qui ne compte plus. Elle, c’est Renata, très belle, surtout ses yeux qui « vous regardent bien en face, sans coquetterie. » Une histoire d’amour qui se dit platonique. Personne n’y croit. Le désir sexuel est trop puissant, il annonce la mise à mort du colonel Richard Cantwell. Leur baiser, du reste, a le « goût du désespoir. » Le militaire va mourir lors d’une chasse aux canards.

A lire aussi: Sâdeq Hedâyat: cauchemar persan

Hemingway n’avait rien écrit depuis plus de dix ans quand il rencontra Adriana Ivancich, une comtesse de la région de Trieste – clin d’œil du destin à Joyce – dont il tomba amoureux. Il dit : « Tu m’as rendu la possibilité d’écrire ». Il précise : « J’ai pu finir mon livre et j’ai donné ton visage à l’héroïne ». Un écrivain ne peut pas faire de plus bel aveu à une femme. Hemingway, à peine dissimulé sous les traits de Cantwell, signe son roman le plus personnel, qui tourne le dos à Chicago, le gris du ciel, son enfance, le protestantisme en affirmant son désir du Sud. C’est le cœur de l’Espagne qui bat dans ce roman dont l’intrigue avance par petites touches de courts dialogues ciselés. Hemingway est au sommet de son art. Comme le résume Sollers : « C’est l’apparence des choses qui a raison. Pas le fond. C’est un renversement absolu. » La critique, unanime, descendit le roman. Hemingway révélait sa vraie nature, brouillait les cartes, et ça n’était pas supportable. Jubilation, pourtant, de Cantwell/Hemingway : « Cela me donne la sensation d’être exposé sur une colline dénudée, trop rocheuse pour qu’on y creuse un trou et c’est du roc lisse, sans une saillie, sans une bosse, mais tout à coup, au lieu d’être perché, là, nu, je suis blindé. » Hemingway, avec cette histoire crépusculaire, rendait les armes et disait adieu à ses lecteurs, avant d’armer l’un de ses fusils de chasse et de se faire sauter la boite crânienne, le 2 juillet 1961.

Adriana, quant à elle, finit par se pendre dans le jardin de sa propriété à Trieste, après avoir brûlé toute sa correspondance avec Hemingway.

Ernest Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres, Folio. 352 pages

Au-delà du fleuve et sous les arbres

Price: 10,50 €

29 used & new available from 1,80 €

Timothée Gaget, en plein dans le mille

Quel est le point commun entre l’image d’entreprise, la souveraineté alimentaire ou la protection des paysages et de la chasse a courre ? La communication ! Avec son agence Artcher, Timothée Gaget bataille sur la scène médiatique pour défendre ceux qui font le « made in France ».


Le garçon présente bien. Foulard en pochette de veston bleu nuit, cheveux mi-longs, pompes cirées… Et l’aisance à l’oral des gens bien éduqués – il en reste. Timothée Gaget, quarante ans, a créé Artcher en 2019 : « Artcher, comme art de convaincre, comme artisanat… et comme précision du tir à l’arc ». Nichée dans la paix d’une cour pavée qu’arpenta Barbey d’Aurevilly – ô charme préservé du 9e arrondissement ! –, l’agence parisienne compte une dizaine de consultants venus de différents univers, plus quelques free-lances.

Artcher se connaît une double spécialité : la communication « corporate » – l’image des entreprises et la réputation des dirigeants – ; et les affaires publiques – les intérêts entrepreneuriaux devant les pouvoirs publics. « Avec des flèches bien placées, on peut anéantir une cavalerie lourde », assure le fringant « archer ». Face à l’évidence que « les débats, fracturations et aspirations de la société impactent les entreprises », l’agence investit le champ sociétal sur la base de saines convictions : « Notre métier ? Transformer un enjeu économique – développement d’une entreprise, lancement de produit, renouvellement d’une gouvernance, contrainte réglementaire ou directive européenne contraire aux intérêts français…  en un sujet médiatique ou politique au service de cet enjeu. » Le business seulement ? « Tout autant, la souveraineté alimentaire, industrielle, énergétique française et européenne, ou la défense des paysages et du patrimoine. »

À 25 ans, achevées ses études de droit, Timothée entre comme avocat dans un cabinet d’affaires parisien, en même temps qu’il consacre ses nuits à écrire Les Bonnes Mœurs (Intervalles), un roman acide et désopilant. À travers le récit de la chute d’un banquier d’affaires, il y questionne les mutations de la ruralité et la financiarisation du monde… Élevé en Touraine dans un milieu de « bonne bourgeoisie », comme on dit, l’auteur en herbe se cherche en « honnête homme ». Vivant désormais entre Paris et Bordeaux, il aime se promener à La Brède, sur les pas de Montesquieu, « magistrat voyageur, philosophe féru de sciences, qui pensait la séparation des pouvoirs et la tolérance religieuse tout en gérant ses domaines ».

De bonne heure, Gaget veut « s’intéresser à tout ». Au cours d’un dîner, des lobbystes l’en persuadent : « Tu devrais faire de l’influence ! » Ça tombe bien, Havas lance alors un département « gestion de crise et communication judiciaire ». Le lendemain, il intègre l’agence[1]. Puis il se spécialise dans l’industrie de la défense et l’aéronautique – Airbus, Safran, Arianespace… Le jeune homme se souvient avoir alors « pris conscience de la désindustrialisation dramatique du pays et de nos partenaires européens qui achètent “américain”, et non Français ». Fort de son expérience, Gaget dirige ensuite le département stratégie de l’agence Comfluence (sic) avant de voler de ses propres ailes. 

A lire aussi, Julien San Frax Bond revival

Sanglés dans des costumes bien coupés, une cohorte de hussards l’accompagne à présent dans la défense du « made in France » dont ce passionné par la nature – chasseur, yachtman, photographe paysagiste – se veut le héraut. Des exemples ? Artcher s’implique dans les affaires publiques du Cerafel, dont la marque Prince de Bretagne commercialise des tomates françaises face à la concurrence espagnole et marocaine. Ou encore dans l’AOP Porc, élevages bretons plus soucieux du bien-être animal que leurs concurrents ibériques. « La France, ancienne puissance exportatrice agricole, importe désormais 50 % de ce qu’elle consomme », s’insurge le communicant. Et d’évoquer l’association L214 « qui lutte officiellement pour le bien-être animal mais est en réalité financée par les Foodtech américaines, via l’ONG Open Philanthropy, à seule fin de dézinguer l’élevage français pour créer un cadre propice à l’arrivée de la viande végétale et cellulaire ».

Artcher attaque de la même façon des projets prétendument écolos, tel ce champ d’éoliennes en Dordogne. Une plaque signalant à bon escient que le jeune Charles de Gaulle hanta de son auguste pas la gentilhommière périgourdine de la Ligerie est l’argument patrimonial décisif qui empêche le massacre de son paysage par une batterie de hachoirs à volatiles !

Suscitant l’exploit d’une alliance entre zadistes et châtelains de Beynac, Castelnaud, Fayrac et Marqueyssac, Artcher fait aussi venir la presse et s’agite dans les ministères pour torpiller un projet porté par Germinal Peiro, le tout-puissant président socialiste du conseil départemental de Dordogne : dans le département le plus endetté de France, une déviation routière s’apprêtait à ruiner la biodiversité et la beauté du site. Double page dans Le Figaro… et dans Libé : c’est cuit pour Germinal.

Ainsi le travail – et non le trafic – d’influence d’Artcher se joue-t-il sur une variété de registres : depuis la défense de la chasse à courre (en lien avec l’affaire Elisa Pilarski, fausse victime d’une meute, en réalité mangée par son molosse) et des chasses traditionnelles, jusqu’à celle de la pêche à la ligne, dans un contexte où l’association Zoopolis prétend que ficher un hameçon sur une tanche relève de la torture. 

À une autre échelle, batailler pour les entreprises françaises (Bonux, La Rosée, Bompard, Emmaüs Habitat…), c’est aussi, pour Timothée Gaget, accompagner les patrons à être des leaders d’opinion et non des victimes passives du bruit médiatique ou de politiques publiques déconnectées de la réalité économique. Très investi dans le secteur automobile, il déplore ainsi que « l’UE, impuissante à rattraper son retard dans les batteries, ait quand même imposé aux constructeurs de passer à l’électrique en 2035 », le dogmatisme l’emportant sur la défense de la souveraineté industrielle.

Artcher résiste enfin à un fléau plus sournois : la tyrannie de la minorité. Aidant, par exemple, à révéler les accointances de certains élus avec des associations noyautées par l’islamisme. Défendant des bailleurs sociaux en prise avec le trafic de drogue, ou accompagnant telle grosse PME dont les « dirigeants sont lâchés en pâture dans les médias ou sur Instagram » pour harcèlement, discrimination ou sexisme « sans le moindre début de preuve, d’enquête ou d’instruction ». Timothée Gaget se voit en « avocat de la défense médiatique », dans un pays « à la merci de la justice TikTok – instantanée, populaire, vindicative » ; et rêve d’une société où l’on vous laisserait vivre en paix, « sans qu’un fonctionnaire de Bruxelles t’explique comment curer ton fossé ».


[1] C’est, en 2011, le temps de l’affaire Ioukos, soit le démantèlement du géant pétrolier russe ; entre la Fédération de Russie et l’oligarque Khodorkovski, le plus gros arbitrage financier de l’histoire de l’humanité : 50 milliards de dollars !

Les bonnes mœurs: Un roman iniatique mordant

Price: 9,99 €

1 used & new available from 9,99 €

Sébastien Delogu – notre décadence!

0

Sébastien Delogu, député de la nation depuis le 22 juin 2022, élu triomphalement avec près de 65% des voix, réélu en 2024 avec 60% des votes de sa circonscription, mérite la plus grande de nos attentions: parce qu’il est à la fois l’incarnation du recul contemporain de la gauche sur le front intellectuel, de la chute abyssale du niveau scolaire, et de la régression de nos élites — en somme, la vivante allégorie de notre décadence.


Vas-y LFI, c’est bon !

On a bien les députés que l’on mérite : le porte-parole des 60% de Français du sud qui ont voté pour lui, en déplacement en Algérie, encense le peuple algérien, critique notre ministre de l’Intérieur, oublie Boualem Sansal et Christophe Gleizes. Trahison ou bêtise ? on hésite. Il faut dire que l’élu éprouve des difficultés de lecture et ne connaît pas le maréchal Pétain ; on apprend la lecture au cours préparatoire, Pétain au CM2 : un grand bravo à l’Éducation nationale. À ce propos, ce n’est pas du « mépris de classe » de relever l’inculture choquante du député ; je ne crois pas qu’un seul journaliste, polémiste ou critique ait jamais fait état de la situation personnelle de Monsieur Delogu en matière pécuniaire, et d’ailleurs l’électorat mélenchoniste appartient plus volontiers à la bourgeoisie endoctrinée d’école publique de centre-ville (« Pétain, je sais juste que c’est un raciste »), qu’au peuple au sens de Marx, celui qui justement reproche à la gauche de l’avoir abandonné au profit des wokistes et des islamistes…mais passons. Eh bien, cet homme qui ne connaît pas Pétain (!), et ânonne, parle au nom de plus de vingt et un mille Français, et détient 1/577ème du pouvoir législatif. En cette République où le président s’exprime dans les colonnes de Pif Gadget, où Francky Vincent reçoit la médaille de l’ordre des Arts et des Lettres, sa carrière est prometteuse.

Élève Ducobu de la chambre basse

Donc, ce député de la nation, qui ne cache plus son mépris pour la nation, juge plus urgent d’attaquer Retailleau sur le sol algérien, que de réclamer la libération d’un intellectuel condamné à cinq ans de prison ferme pour avoir écrit des livres et s’être exprimé librement : la gauche terroriste a de beaux jours devant elle — mais celle-ci ne sera pas patriote. Après les propos que notre député a tenu à la télévision publique, heureusement pour lui que la France n’est pas l’Algérie.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Sébastien chez les soviets

Je disais que le député Delogu, élève Ducobu de la chambre basse, est comme la quinte-essence de notre époque ; avec l’ignorance, il en a la violence. La violence des idées, d’abord : on ne se pavane pas dans un pays autoritaire, quand on veut dénoncer l’autoritarisme de son propre pays. À moins de préférer à la défense de la liberté le parti de l’étranger ?… Mais non, décidément, la thèse du manque de discernement reste la plus convaincante. Faut-il le rappeler ? dans une interview donnée sur la chaîne YouTube de Sam Zirah le 6 septembre 2024, l’élu, que la cause palestinienne tient à cœur autant que celle de l’Algérie, rappelait à ses ouailles quelques vérités utiles que ne renieront pas les géopoliticiens de quartiers : Netanyahou, vous l’ignoriez ? a financé le Hamas pour récupérer des terres en Palestine, et retrouver « la vache en or » perdue… ce qui a malheureusement « déstabilisé » les fameux « accords de 1948 » (sic). Vous n’avez rien compris ? c’est normal. Et dire que pour se moquer des Insoumis, on les accusait de ne pas savoir placer l’État d’Israël sur une carte du monde : on était encore loin du compte.

Devoirs de vacances

La violence des propos, ensuite ; de ce parlementaire tout mielleux sous le soleil algérien, on dresserait une litanie sans fin des invectives, des haines, des vulgarités. En septembre 2024, il traitait de « pourritures » les représentants du syndicat majoritaire de la Police nationale.

A lire aussi, Gregory Vanden Bruel: Quand le vote communautaire commence à se retourner contre les partis traditionnels à Bruxelles

La violence des gestes, enfin. Heureusement c’est la moins redoutable : car les Insoumis, qui se prennent pour des Communards de la grande Révolution, s’en tiennent généralement aux provocations de gamins, quand ils ne pleurnichent pas à la barre des tribunaux. Ainsi, la suprême rébellion de Delogu aura été de brandir dans l’hémicycle le drapeau d’un pays étranger dont il ne connaît rien, avant de prendre quinze jours de vacances : Robespierre en aurait pleuré de honte.

Monsieur Delogu l’avoue lui-même, il manque de culture. C’est une carence dont le remède est connu : il suffit de lire des livres. Je suggère Victor Hugo, Lamartine et Césaire, tous les trois députés de la nation. Et puis Sartre, Bourdieu, Foucault, Barthes et Camus — le député apprendra qu’il fut un temps où la gauche avait de la culture. Et pourquoi pas Sansal ?…

Écrits sur la littérature: 14 février 2021 - 29 juin 2023

Price: 13,00 €

1 used & new available from 13,00 €

La gauche, le beauf et la baston

0

La gauche culturelle – qui en avait fait le porte-parole officiel de la France multiculturelle apaisée – est embarrassée par la condamnation judiciaire de l’influenceur Ragnar le Breton.


Récemment, sont morts nombre de héros personnels. Brian Wilson, Sly, Nicole Croisille… Et même Frankie Jordan.

Et je n’ai rien écrit.

Non. Pleurer encore sur le monde qui s’en va ? Pas envie.

Et voilà que se fait remarquer un insupportable et que mon sang bout. De trop de bêtise, de démagogie, d’air du temps délétère.

Qui?

Un viriliste fan de MMA, de SUV polluantes, de bœuf à peine cuit et de baffes XXL dans ta tronche.

Papacito ? Baptiste Marchais ? Même si des « gens de droite » qui se baladent en baffant tout le monde, j’en connais fort peu.

Non. Raté. 

Ragnar le Breton.

De gauche, et pas qu’un peu, invité récurrent chez Quotidien, France Inter, Skyrock, C à vous, comme chez Léa Salamé, Konbini  ou Brut et, donc, plus que bien en cour. Aimé, chouchouté, soutenu et coaché par Hélène Zidi et son laboratoire de l’Acteur, par Josiane Balasko, et la ligue d’improvisation. Vite ami avec Benoît Magimel qui le fait tourner, comme avec les affreux GMK et Alban Ivanov, influenceurs, acteurs, et « comiques » quasi-analphabètes, mais omniprésents, eux aussi.

L’homme, un géant blond et de souche (tout est là, vous allez comprendre – il se hait pour cela), quitte l’école à 14 ans, se vante-t-il, et à 17 ans, selon ses propres dires (on n’est pas sérieux quand… etc etc.) se lance parallèlement dans le basket, la délinquance, la revente de montres de luxe (du bling bling, Richard Mille et Rolex, vraies ou fausses), épouse dans la foulée l’aide-soignante musulmane et noire (c’est lui qui le radote) qui le « remet dans le droit chemin » et puis se lance enfin sur TikTok. Tout ça en même temps, ou quasiment.

Mazette.

TikTok, donc. 

De courts sketchs où, invariablement, Matthias Quiviger (son vrai nom), après une courte altercation, envoie valdinguer le fâcheux d’une gifle magistrale. Toujours le même scénario. Copié, de plus, sur une déplorable mode ricaine. Là-bas, le face slapping ou power slap, ça fait florès sur les réseaux sociaux depuis lurette. Des concours de baffes, oui ! Jusqu’au coma. Ragnar n’est pas allé chercher bien loin son inspiration.

Bientôt, il lance les personnages de Rémi le converti à l’islam, et de Michel Venum le gardien du bloc et patron de salle de muscu à Évreux. C’est nul, mal joué, mal écrit et sonne abominablement faux.  Mais c’est le carton. Ou presque. Le cinéma le flatte et le recrute, il est partout, tenant toujours un même discours.

La France plurielle, je l’aime et si je moque des musulmans (enfin, les blancs convertis, les autres, il n’ose pas trop…), c’est par fraternité, parce que moi… cette France des banlieues et des cités, je la connais. Ce pays où tout le monde se mélange, il est formidable…

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Sébastien chez les soviets

Voilà le baratin inlassablement resservi. Ragnar joue sur les deux tableaux. Caricature de beauf, il est à la fois racialiste dans ses sketchs, que vivre-ensembliste et bien-pensant dans ses interviews. Du vrai en même temps ! D’une gifle, il vous renverrait un gilet jaune dans le droit chemin…

Chez Mélenchon, donc. Ragnar joue les prolos avec un père RH dans l’industrie de luxe et un grand-père célèbre journaliste sportif. Platini interviewé par Marguerite Duras pour Libération… c’était lui. Jean-Pierre Delacroix. Pas très France Profonde.

Un faux pauvre, un faux crevard, oui. Comme Louis Boyard, tiens.

On s’étonne que certains médias de droite, rares il est vrai, s’y soient trompés. Valeurs Actuelles, par exemple, qui appelle cela de l’humour noir.

C’est ça… Du Edgar Poe mâtiné de Desproges pendant qu’on y est!

Violence, virilisme, tous ces péchés que la gauche aimerait prêter à la droite ont emmené le Ragnar au palais de Justice. Un an ferme, sans oublier les frais de justice et dédommagements à la victime. Il ne s’est pas présenté et compte faire appel.

Les faits ? Il se serait adossé à une voiture, en marge d’un stade de football où ses enfants s’entraînaient. Le propriétaire du véhicule tapait un somme le temps que l’entraînement finisse.

Il aurait demandé au Ragnar de ne plus s’appuyer. Le ton monte…

Bientôt, comme en ses shorts YouTube, Ragnar sort le type, et selon ses termes, lui « vrille une golden » (sic). 40 jours d’ITT à la clef pour l’endormi.

Ragnar se défend: « C’était une bagarre d’hommes ! Des choses qui arrivent! »

Euh, non.

L’affaire fait grand bruit. La gauche est ennuyée. Les baffes, c’est quand même une récurrence chez eux, depuis Bertrand Cantat le chantre tiers-mondiste auto-prétendu et Adrien Quatennens…

En face ? Baptiste Marchais qui gifle Alice Cordier ? Bon d’accord. On ne le félicite pas non plus. Mais sinon ?

Et de quoi Ragnar est-il le signe ? À l’heure où se fait remarquer un autre cogneur notoire, Mustapha El Atrassi, star de l’humour communautaire, à l’heure du stand up anti-gwer, va-t-on lyncher le camarade Ragnar aux millions de followers, ou le défendre ? Caillou dans la chaussure ou idiot utile, finalement, le viking ? On brûle d’impatience de le savoir. Ou pas.

Perdu pour la France

Price: 13,99 €

1 used & new available from 13,99 €

IA dégénératives «en éducation»

Alors que les résultats du baccalauréat sont dévoilés ce matin, de plus en plus de candidats préfèrent les consulter en ligne, depuis chez eux, plutôt que de se rendre dans leur lycée pour découvrir les listes affichées. Dans le même temps, tandis que les alertes se multiplient sur le risque de délégation des capacités cognitives à des outils comme ChatGPT, l’Éducation nationale vient d’adopter une position résolument enthousiaste en définissant le « cadre d’usage » des intelligences artificielles génératives.


Dans une newsletter destinée à son personnel, le 13 juin 2025[1], le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse propose « un cadre d’usage éthique et juridique de l’IA, garantissant la protection des données personnelles et une utilisation responsable de ces outils par les agents comme par les élèves ».

La menace ChatGPT

Ce dispositif [2] « a pour objectif d’apporter des réponses claires aux interrogations légitimes de l’ensemble de la communauté éducative et des agents sur l’usage de l’IA en éducation ». À la question « Pourquoi un cadre d’usage de l’IA en éducation ? », il répond par un constat : « le développement rapide et continu des IA, et notamment des IA génératives», souligne qu’elles peuvent être des « outils au service de l’enseignement et des apprentissages », parle d’ « enjeu », d’ « apport ». Propos modalisé, mots-clés en gras, on se soumet l’air de rien aux lois de la tech, on élude les questions qui fâchent, quelque peu déviantes, peut-être illégitimes. Comment former l’intelligence de ses élèves à l’heure des IA génératives ? Comment leur apprendre à réfléchir, raisonner, tirer parti de leurs erreurs, leur donner sens et goût de l’effort, quand les agents conversationnels « travaillent » à leur place? Quelles mesures énergiques et contraignantes faut-il prendre pour protéger la jeunesse de l’IA?

A lire aussi: «La Chute de la maison Sciences-Po», de Caroline Beyer: la fabrique des élites auto-proclamées

Sylvain Bourmeau dissipe tous les doutes

Afin « d’accompagner élèves et professeurs dans cette transition », selon les mots d’Anne Bisagni-Faure, rectrice de l’académie de Lyon, et de « développer une culture commune de l’IA », le Réseau Canopé[3] a organisé le 25 juin une « journée de formation et d’échanges sur le thème des IA génératives en éducation ». Il s’agissait d’enrôler les profs, de diffuser ce « cadre d’usage » et d’en dissiper les quelques ambiguïtés. Audran Le Baron, directeur du numérique pour l’éducation, a guidé la lecture et la compréhension du document élaboré par ses services : rappelant qu’il parlait au nom de l’Institution, il a précisé qu’il ne s’adressait pas aux « sceptiques » mais aux « enthousiastes » et aux   « indécis ». Tant pis pour les pyrrhoniens[4] qui avaient fait le déplacement. Trop polluants. On échangerait  sans eux. Les « enthousiastes », nous dit M. Audran, sont ceux qui « expérimentent », les esprits  audacieux, éclairés. Évidemment, les participants aux tables rondes de la journée en sont : chargés de projets à la DRANE[5], chercheur  postdoctorant en neuroinformatique, enseignant chercheur en sciences de l’éducation… Avec eux, les « indécis » peuvent « réinterroger leurs gestes professionnels », « pratiquer le reset » (ou « quitter leurs  présupposés »), « repenser collectivement l’IA » dans le « respect du bien-être numérique ». C’est commode les tables rondes, ça permet d’échanger entre soi ; c’est bien, aussi, parce qu’on parle valeurs, principes, éthique, déontologie : aux données personnelles de tes élèves tu veilleras, ton coût énergétique tu mesureras, à la transparence tu éduqueras… Enfin, il y a le « grand témoin », Sylvain Bourmeau, directeur du journal AOC et professeur associé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il intervient le matin : « l’IA est une chance épistémologique », « l’Éducation nationale doit comprendre qu’elle n’est plus là pour donner du contenu mais pour mettre à distance le savoir, pour s’interroger sur celui-ci » et l’après-midi : « l’IA est une chance historique pour l’Éducation nationale de se débarrasser des notes », « il faut arrêter de penser triche, réfléchir plus largement sur la productivité dans l’Éducation nationale ».

A lire aussi: Une Pléiade pour entrer dans l’atelier d’Aragon

Transition d’un nouveau genre

Accélérons le mouvement vers cet univers radieux : l’élève, ayant appris à « prompter » en 4e avec Pix[6], mettra à distance le savoir et arguera, en toute transparence, de sa collaboration avec OpenAI auprès du logiciel de correction, lequel distribuera les pictogrammes de différenciation pédagogique. Plus de notes, ni triche, erreurs, profs, savoir. Plus d’éducation. Plus d’hommes ?

D’après une étude du mois dernier[7], 95% des jeunes utilisent désormais les LLM, modèles d’apprentissage automatique capables de comprendre et générer les textes, dans « leur quotidien académique ». Ils vont au plus pressé, au résultat, déléguant à la machine leurs capacités cognitives. Leur intelligence se désagrège et la fraude est massive : les IA génératives ayant progressé de manière fulgurante ces derniers mois, les élèves grugent dans toutes les disciplines et exercices, jusqu’en dissertation, portables ou montres connectées sur les genoux, dans les interstices du pantalon, au lycée, aux toilettes, pendant les examens…

Dans le monde extra-Canopé, au pays des « sceptiques » et des ringards, on a des solutions : ouvrir les collèges et lycées le mercredi après-midi et le samedi matin afin de multiplier (souvent même de rétablir) les devoirs surveillés ; surveiller (effectivement) les devoirs ; sanctionner les tricheurs ; contrôler les connaissances ; exiger du français et non du codage ou du créole dans les copies. Plutôt qu’« accompagner les élèves dans la transition IA », les tenir à l’abri de celle-ci le temps de l’école, et mettre en place un « cadre d’usage » qui préserve l’intelligence humaine de la dégénérescence.


[1] https://www.education.gouv.fr/en-perspective-415048

[2] L’IA en éducation, cadre d’usage.

[3] Sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, le Réseau Canopé participe à la mise en œuvre du plan national et des plans académiques et départementaux de formation et du numérique éducatif.

[4] « Car non moins que savoir,  douter m’est agréable » Dante, cité par Montaigne,« De l’Éducation », Essais.

[5] Délégation régionale académique au numérique éducatif.

[6] « L’utilisation pédagogique des IA génératives par les élèves, encadrée, expliquée et accompagnée par l’enseignant, est autorisée en classe à partir de la 4e  en lien avec les objectifs des programmes scolaires et du CRCN. », L’IA en éducation, cadre d’usage.

[7] Rapportée par Tayeb Hamidi, enseignant en informatique et fondateur de Skillbeam, intervenant dans une des tables rondes de la « journée de formation et d’échanges sur le thème des IA génératives en éducation ».

Vivre en sang

Les faits divers sanglants impliquant l’immigration qui se sont multipliés ces dernières années mettent à mal notre fameux « vivre ensemble », et rendent peu désirable la fameuse « créolisation » vantée par l’extrême gauche.


Il est des mots qui résonnent comme des programmes, des prophéties ou des menaces. « Créolisation », voilà le dernier totem agité par ceux qui rêvent de dissoudre la France dans un grand bain de diversité heureuse. Un mot doux pour une réalité brutale. Une idéologie de substitution, où l’identité doit se fondre, s’abolir, s’oublier — dans le brassage des cultures, dans l’abandon des frontières, dans la repentance sans fin.

On vous dit : « Créolisation, c’est l’avenir ! »
Mais l’avenir qu’on nous promet ressemble de plus en plus à Crépol. Ce petit village paisible de la Drôme, où un adolescent de seize ans, Thomas, a été poignardé à mort, un soir de fête. Une rixe, dit-on. Une bagarre qui tourne mal. Mais la vérité suinte à travers les silences officiels : des jeunes venus de la ville, extérieurs à la commune, reviennent armés pour “reprendre la fierté”. Une vengeance importée. Une brutalité gratuite. Un coup de couteau dans le flanc d’une France qu’on croyait encore un peu protégée.

Et Thomas n’est pas un cas isolé.

A lire aussi: Crépol: une cécité judiciaire

Souvenez-vous de Lola, cette fillette de douze ans, retrouvée dans une malle, violée, torturée, massacrée par une clandestine déjà sous obligation de quitter le territoire. Un crime d’une sauvagerie indicible, qui n’a suscité qu’un malaise gêné chez les défenseurs de l’“ouverture”.
Souvenez-vous d’Axelle Dorier, traînée sur 800 mètres à Lyon après avoir tenté de rappeler à l’ordre deux hommes au volant d’une voiture. Tuée pour un regard, pour un mot, pour une réprimande de trop.
Souvenez-vous de Mathis, poignardé à Châteauroux. Ou de Samuel, qui a fini décapité pour avoir voulu enseigner la liberté d’expression.
Souvenez-vous enfin d’Adrien, à Grenoble, 19 ans, poignardé a mort, pour rien. Pour le malheur d’avoir croisé la mauvaise personne, au mauvais moment.

Dans tous ces cas, toujours le même cérémonial : le silence médiatique, la minimisation, la sociologisation, l’oubli organisé. Et surtout : pas de récupération ! Surtout ne pas voir ce qui crève les yeux. Surtout ne pas tirer de leçons. Ne pas faire de lien entre l’effondrement des frontières, la perte du contrôle migratoire, l’ensauvagement du quotidien et ces drames répétés.

La créolisation, nous dit-on, c’est la richesse du mélange. Mais le peuple ne goûte guère aux promesses de cette gastronomie idéologique. Ce qu’il vit, ce qu’il endure, ce qu’il enterre chaque semaine, c’est la crépolisation.
Un nouveau mot pour un nouveau fléau : l’irruption de la violence gratuite, la haine du “Français”, le racisme inversé qu’on n’a pas le droit de nommer. Crépolisation, c’est la mort de Thomas, mais aussi la mise en accusation de son village, de ses amis, de sa communauté, coupables d’être trop blancs, trop enracinés, trop français.

La créolisation sans consentement, sans réciprocité, sans amour véritable de la France, devient une arme. Une arme douce en apparence — culturelle, médiatique, administrative. Une arme dure dans ses effets — exclusion, inversion des normes, humiliation des hôtes. Et parfois, l’arme devient arme tout court. Couteau, barre de fer, véhicule bélier.

On efface les noms, on floute les visages, on étouffe les mots. On transforme les victimes en agresseurs, les alertes en fantasmes, les faits en amalgames. Tout est inversé, tout est nié. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

A lire aussi: La gauche, le beauf et la baston

Mais le peuple commence à comprendre. Il devine que derrière les mots doux se cache une entreprise d’effacement. Effacement des frontières, des appartenances, des héritages. Effacement des prénoms, des visages, des mémoires. Effacement jusqu’au meurtre.

Et ceux qui voient clair — ces maires menacés, ces familles brisées, ces professeurs insultés, ces adolescents poignardés — n’en peuvent plus d’attendre qu’on les écoute. Ils refusent de mourir en silence, de disparaître dans l’indifférence. Ils refusent que leur pays soit livré au chaos sous couvert de modernité.

La créolisation heureuse est un slogan de tribune. La Crépolisation réelle est un cimetière. L’histoire jugera ceux qui ont préféré les mots aux vies.

Mais avant cela, le peuple pourrait bien les juger lui-même. Le vivre ensemble promis ressemble de plus en plus à un vivre en sang.

Ne fais pas ton Français !: Itinéraire d'un bâtard de la République

Price: 20,00 €

14 used & new available from 10,54 €

Quadraversitaire et pigeon à une patte

23
© Photo : Philippe Lacoche

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


Une personne proche de ma Sauvageonne nous a invités, il y a peu, au concert qu’a donné l’Orchestre universitaire de Picardie, à l’occasion de son quarantième anniversaire sur la place Gambetta, à Amiens. Il y avait beaucoup de monde ; des gens avaient sorti les transats, les sièges ; d’autres étaient assis dans l’herbe urbaine produite par notre grasse terre picarde. La personne proche avait réservé une table entière, Au Forum, l’un des bars les plus connus de l’endroit. C’était le soir ; la canicule avait baissé d’un ton son assommant caquet. Nous étions bien. Avant que le concert ne commençât, mon attention fut attirée par un pigeon qui s’était posé sur le gazon à quelques mètres de notre table ; la pauvre bestiole n’avait qu’une patte. Accident ? Malformation ? Je n’eus pas la présence d’esprit de lui poser la question. Ma Sauvageonne l’observa aussi, encore plus attendrie que moi. « Tu penses que ça l’empêche de voler ? » lui demandai-je, plus idiot qu’à mon habitude. Sa réponse ne se fit pas attendre : « Il ne vole pas avec ses pattes, mais avec ses ailes, Vieux Yak », sourit-elle, surprise par tant de bêtise de ma part. L’oiseau continuait de nous observer avec ses petits yeux sombres qui me faisaient penser à ceux de Daniel Auteuil. M’avait-il entendu ? M’avait-il compris ? Il prit soudain son envol comme pour me rassurer. Ce fut à ce moment-là que le concert commença. Il y avait longtemps que je n’avais pas assisté au concert d’un grand orchestre, moi qui suis plus habitué aux riffs du bon vieux rock’n’roll. Je ne fus pas déçu. Nappes liquides de violons, cuivres rougeoyants… avec sa baguette, le chef semblait écrire sur le tableau sombre du ciel des paroles sur la délicieuse musique qui – au début tout au moins – n’en possédait pourtant point. La formation universitaire interpréta notamment la « Valse des Fleurs », de Piotr Ilitch Tchaïkovski, « Sicilienne », de Gabriel Fauré, « Uptown Funk », de Bruno Mars et Mark Ronson. On nous donna également à entendre « September », de Earth Wind & Fire, et le sublime « Summertime », de George Gershwin, sans oublier « Shéhérazade IV », de Nikolaï Rimski-Korsakov. Il y en avait donc pour tous les goûts. En quittant les lieux, je ne cessais de penser au pigeon à une patte. Accident ? Malformation ? Je regrettai déjà de ne pas lui avoir posé la question.

Étincelles de guerre civile?

326
TikTok

À Saint-Just en Chaussée (60), l’influenceuse arabo-musulmane raciste s’en prend à la boulangerie. À Paris, Rima Hassan n’aime pas les « sionistes » – des agents immobiliers aussi haineux qu’elle le lui rendent bien dans le 10e arrondissement. Pendant ce temps, les jeunes deviennent incontrôlables dans les parcs aquatiques.


Elle voulait un sandwich au thon, il était au poulet. Le drame absolu ! La catastrophe des catastrophes. Elle exigeait qu’on le lui change, rapport à sa religion et à ses tabous alimentaires, n’est-ce pas.

La scène se passe dans une boulangerie de France. Non halal, précisons-le. Il y a encore en France des débits d’alimentation non totalement halalisés. Comment est-ce possible ? C’est ce que la jeune femme au sandwich ne peut probablement pas accepter. Devant le refus des commerçants d’accéder à son exigence – on ignore sur quel ton le thon aura été réclamé, encore qu’on puisse le deviner au vu de celui qui a été employé par la suite – la voilà qui se rue sur TikTok, cette chambre d’écho de la haine et de la bêtise (voir vidéo en bas de page). « Je vais dire quelque chose de raciste », tient-elle à préciser, au cas où on imputerait sa démarche à la simple sottise. Non, elle tient à ce qu’on n’ignore pas qu’elle est bien consciente de la connotation raciste des mots qu’elle va lâcher. « C’est toujours comme ça dans les boulangeries de blancs. » Et de nous exposer que, ailleurs, là où une échoppe est tenue par un « rebeu » (sic), ça ne se serait pas passé comme ça, qu’elle aurait eu droit non seulement à l’échange mais aussi à de plates excuses. Du genre, ma sœur, ceci, cela, et patati et patata.

Face à face

Un conseil à cette jeune personne dont on sait à présent qu’un de ses passe-temps est de nous cracher à la gueule, à nous autres Français de France, sur les réseaux dits sociaux (Il faut bien qu’une jeunesse à l’utilité sociale des plus incertaines trouve à s’occuper). Oui, un conseil tout de même à cette pétulante croisée de l’anti-France et du racisme anti blanc : pour ne pas avoir à subir les boulangeries et autres commerces de blancs, aller planter ses pénates à Ouagadougou, Alger, Téhéran, Islamabad ou Kaboul serait un excellent moyen. TikTok étant mis en alerte, c’est le déferlement de haine, de menaces habituelles qui s’abat sur les commerçants de la boulangerie. Messages de soutien, aussi, heureusement. Deux camps, donc, s’affrontent. Une sorte d’esquisse de guerre civile sur fond de sandwich au poulet. On croit rêver ! Ah, la belle France d’aujourd’hui…

A lire aussi, Philippe Bilger: Le maire de Nanterre nous donne le coup de grâce!

Rima Hassan n’aime pas les « sionistes » qui le lui rendent bien

Mêmes réjouissances avec la star des médias de ces temps-ci Rima Hassan, toute surprise de se voir invectivée, assez rudement ma foi, par des personnels d’une agence immobilière Orpi quelque peu horripilés de son antisémitisme maquillé en antisionisme, de son soutien exalté au projet palestinien d’éradiquer l’État d’Israël, car dans ce que défend l’intéressée, c’est évidemment cela qui est au programme. Là, dessus, bien entendu, l’enseigne Orpi devient la cible des aimables contingents embrigadés sous la bannière du keffieh de la dame. On vandalise, on incendie. On fait payer. Il faut que le blanc paie. Paie, quoi, tout. La colonisation, la décolonisation, l’esclavage et son abolition, le tout et son contraire. Là-dessus, peut-être un peu gênée tout de même aux entournures, Mme Hassan tente d’expliquer qu’un de ces incendies serait le fait de l’intelligence artificielle. La bêtise en majesté, vous dis-je ! (Encore un truc de blanc, ça, l’intelligence artificielle, non?)

La bêtise, la haine et en face, quoi ? Rien ou si peu. Un président de pacotille, un Premier ministre qui dort debout, des ministres de l’Intérieur et de la Justice réduits au ministère de la parole, congelés en une impuissance glaçante. On en est, en haut lieu, à considérer ces évidentes prémices de guerre civile comme de simples faits divers. Circulez, dormez bonnes gens, il ne se passe rien.  Nous sommes là et nous employons les bons moyens. La preuve, lorsque des sauvageons livrés à eux-mêmes, élevés dans l’idée que casser la France est le meilleur des divertissements estivaux qu’ils puissent trouver, saccagent la piscine et les installations afférentes qui les accueillent, que fait-on ? Sanctionne-t-on ? Botte-ton le cul de ces futurs insurgés ? Que non pas. On ferme boutique. Lâchement. Victoire éclatante pour les petits merdeux. Une honte de plus pour la France, le pays, pour nous. Avec celle, ô combien brûlante, que nous vaut l’incapacité tragique de l’État à sortir Boualem Sansal de l’enfer où Tebboune et sa clique le tiennent reclus. Eux tous, Tebboune, la fille au poulet, les ensauvagés de la piscine doivent bien rigoler. Eh oui !

Finalement, on en arriverait presque à se demander si ce ne serait pas la France entière qu’il conviendrait de fermer. Puisqu’on en est là.

LES TÊTES MOLLES - HONTE ET RUINE DE LA FRANCE

Price: 14,77 €

3 used & new available from 13,29 €

Je suis solognot mais je me soigne

Price: 12,00 €

4 used & new available from 12,00 €

Thriller glauque dans une Chine abolie

7
© Liao Chia Chi / Memento films

La première partie nous ramène en 1997, dans la ville de Fentum, au nord-est de l’Empire du Milieu : grisaille, misère, laideur, c’est encore la Chine héritée de la Révolution culturelle ; y perdure un sous-développement qui paraît suinter des murs, s’imprimer jusque sur les visages. L’image assez cradoque du film, d’un bout à l’autre, semble y faire curieusement écho, d’ailleurs. C’est un autre monde, à des années-lumière de l’actuelle puissance économique faramineuse qu’on connaît – commerçante, numérisée, dominatrice, aux métropoles hérissées de tours dupliquées sans fin à l’identique…  

Au milieu de cette crasse d’un autre temps et dans cette déprime gluante, une noria de taxis, boîtes à savons peintes en rouge, attendent le client. Il advient que des chauffeurs sont assassinés, leurs véhicules incendiés – meurtres inexpliqués ; l’enquête piétine, tandis que Li Fei rêve de quitter Fentum pour le Sud du continent, alors perçu comme un eldorado… Dans une seconde partie, Des feux dans la plaine se transporte en 2005, à l’époque où le Parti communiste décrète en quelque sorte la loi de la jungle, sous le slogan « Réforme & Ouverture ». Un jeune policier décide de rouvrir le dossier enterré huit ans plus tôt…

A lire aussi: Tournez manège!

Sous l’alibi d’un thriller qui finit par prendre un tour de violence incendiaire, horrifique, à la limite du gore, le cinéaste s’attache surtout, semble-t-il, à porter un regard rétrospectif sur la métamorphose radicale de son pays au tournant du millénaire. Assez confuse, laborieuse et touffue, l’intrigue laisse dubitatif, même si le portrait reste saisissant dans son extrême cruauté.       


Des feux dans la plaine. Film de Zhong Ji. Chine, couleur, 2024. Durée : 1h41.

En salles le 9 juillet 2025.

Écriture thérapeutique

9
Nayla Chidiac publie "L'Ecriture qui guérit: Traumatismes de guerre et littérature". DR.

Alors que fait rage la guerre en Ukraine, que se poursuit le conflit au Proche- Orient, une femme se bat sur d’autres fronts. Son nom Nayla Chidiac. Docteur en psychopathologie, psychologue clinicienne spécialiste du trauma, elle est aussi poète et écrivaine. Dans son cabinet du 7ème arrondissement de Paris, elle reçoit des patients pas comme les autres. Certains reviennent de théâtres de guerre, d’autres de captivité, tous ont en commun d’avoir vu la mort de près et d’en être revenus profondément traumatisés. C’est là que Nayla Chidiac entre en scène « l’un des désastres majeurs de la guerre est la destruction de la pensée -explique-t-elle. La pensée est trouée, gelée, parasitée ». L’écriture thérapeutique va donc permettre de la restaurer.

A lire aussi: Manuel Ostermann: le cri d’un flic dans une Allemagne à la dérive

Dans L’écriture qui guérit, livre aussi poignant qu’érudit, celle qui a fondé les ateliers d’écriture thérapeutique à l’Hôpital Sainte Anne à Paris il y a trente ans s’interroge sur le lien entre l’écriture et la guerre à partir de son expérience mais aussi de celle de vingt-six écrivains majeurs dont Blaise Cendrars, Tolstoï ou Marguerite Yourcenar. Son incroyable odyssée débute dans les années 1990. Nayla Chidiac souhaite alors faire une thèse sur les traumas de guerre. Mais le Général Louis Crocq, psychiatre des armées qu’elle considère comme son maître, l’en dissuade. Jusqu’en 1995 où, suite à une série d’attentats, il crée avec Xavier Emmanuelli, sur instruction du Président Jacques Chirac, les CUMP, Cellules d’urgence médico-psychologique, et fait appel à ses services. Dès lors elle ne cessera d’intervenir sur les lieux de catastrophe. Lorsqu’on aborde son parcours personnel la psychologue se rétracte. Tout juste concède t’elle qu’elle est née en 1966 au Liban puis a suivi une scolarité très « hachurée » entre Beyrouth et Londres. « La guerre, je la connais, -écrit-elle-j ’ai passé ma vie à faire comme si elle et moi étions étrangères affectivement mais intimes intellectuellement ». Alors oui, elle finit par l’admettre : elle était en quelque sorte prédestinée à travailler sur les traumas. « Je viens d’un pays constamment en guerre– souligne- t-elle- j’avais une pulsion de vie immense et un désir profond de soigner. » Elle pense un temps devenir psychologue pour enfants mais comprend dès son premier stage qu’elle est trop touchée émotionnellement pour en faire un métier. Elle sait en revanche qu’elle est qualifiée « pour tout ce qui est grave, urgent, rapide, or le trauma c’est ça. Une discipline passionnante qui vous confronte chaque fois à des vies différentes ». En 1984 elle arrive à Paris après de longs moments passés dans les abris d’un Beyrouth bombardé et fait une rencontre d’importance : le théâtre d’Eugène Ionesco. Pour la jeune Libanaise élevée dans une famille assez traditionnelle qu’elle reconnaît avoir été « la découverte de l’Absurde fut déterminante. Car qui y a-t-il de plus absurde que la guerre ? ». À partir de là, confesse-t-elle, « les écrits de Ionesco (ont été) des clignotants dans les différentes tempêtes de ma vie ». Jorge Semprun sera l’autre rendez vous marquant de son existence. Elle se souvient de l’avoir croisé lors d’une séance de dédicace : « Son regard était celui que j’imaginais, un regard pareil à celui de ces patients qui ont « vu ». Son livre L’écriture ou la vie est à la source de mon désir d’écrire cet ouvrage », confie-t-elle avant de préciser l’essentiel : « Semprun explique qu’il lui a fallu quinze ans. Quinze ans pour comprendre que s’il écrivait sur le sujet il mourrait et s’il n’écrivait pas, il mourrait aussi. Ce n’est pas qu’il avait peur, c’est qu’il ne savait pas comment faire. Alors pendant toutes ces années, il a écrit d’abord sur « avant le camp » puis sur « après le camp » mais le camp en lui-même, il ne pouvait pas. Il était dans ce que nous les psys nous appelons dans notre jargon une impasse psychique. Il a finalement pu écrire et a été libéré. Pour moi c’est donc l’écriture ET la vie et non L’écriture OU la vie. » Si elle est souvent intervenue sur des lieux de guerre, Nayla Chidiac exerce désormais son activité à Paris, ce qui ne l’empêche pas d’accompagner des patients toujours sur le front. Le suivi se fait alors par visio ou par Whatsapp parfois même par textos. À ces femmes et ces hommes en plein chaos, elle donne un cadre. « Je leur propose d’écrire, de préférence à la main soit une nouvelle soit un poème soit un haïku et pendant trente minutes ils oublient tout. Y compris les bombes ». Un travail dont elle rappelle qu’il n’a pas de visée esthétique. « Seul compte le processus de création. C’est lui qui assouplit le psychisme. C’est lui qui guérit ». Écrire est donc possible en temps de guerre, même essentiel, pour pouvoir continuer à penser. Tenir un Journal en est la preuve. « Si j’écris je suis vivant, explique la psychologue. Dans l’idée du Journal il y a celle de la temporalité. J’espère être là demain et après-demain. Il y a quelque chose de l’ordre de l’espérance. » Celui d’Anne Franck en est un bel exemple ainsi que celui, plus proche de nous, de la jeune Ukrainienne Yeva Skalietska. « Se projeter étant difficile en temps de guerre, écrire de la fiction s’avère quasiment impossible » précise la thérapeute. Pour preuve le retour au Journal du romancier Ukrainien Andreï Kourkov. Reste la poésie, genre souvent pratiqué comme le fit avec maestria Guillaume Apollinaire depuis les tranchées. Et Nayla Chidiac de rappeler « Quand vous avez vécu un traumatisme vous êtes victime. Donc passif. Dès que vous prenez la plume vous redevenez actif et maître de votre histoire. Cela change considérablement la donne. » L’écrivain Salman Rushdie, sauvagement poignardé lors d’une conférence en 2022, l’a admirablement prouvé publiant, deux ans après son agression, un récit salvateur intitulé Le couteau. « L’écriture guérit et permet de se rétablir » écrit le romancier japonais Kenzaburô Oé dont l’enfance fut marquée par la Seconde Guerre. Une conviction qui anime Nayla Chidiac depuis plus de trente ans et qu’elle nous fait partager avec une passion peu commune.

L’écriture qui guérit, Nayla Chidiac, Odile Jacob, 2025. 288 pages.

L'Ecriture qui guérit: Traumatismes de guerre et littérature

Price: 23,90 €

12 used & new available from 2,10 €


[1] https://www.causeur.fr/salman-rushdie-la-traversee-282657

Hemingway, sudiste de cœur

16
Ernest Hemingway, mai 1958 © MARY EVANS/SIPA

Les cartes postales de l’été de Pascal Louvrier (1)


La table de travail est protégée du soleil par le feuillage du tilleul en fleurs. Les glaçons fondent lentement dans le Campari. La boisson me ramène en 1999, à Venise. Je suis avec Sollers. On dine léger. Mais un peu trop d’alcool. Soudain, il me parle du plus grand livre selon lui d’Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres. Je ne l’ai pas lu. Sollers : « C’est une erreur. Demain, vous irez l’acheter. » Il me raconte la dernière scène du roman qui explique le titre. Il ajoute : « On n’invente pas ça, et on écrit ça, ici. » Sa main baguée, dans un mouvement ample, désigne le canal de la Giudecca, la Salute bulbeuse, le ciel encre de seiche.

On résume : il a cinquante balais, elle en a dix-neuf. Lui, c’est un colonel en retraite, couturé, tenant des propos à l’opposé des idéaux virilistes, proche du détachement absolu, même s’il n’en a pas fini avec le bas-ventre. Ce qui compte, c’est le temps qui ne compte plus. Elle, c’est Renata, très belle, surtout ses yeux qui « vous regardent bien en face, sans coquetterie. » Une histoire d’amour qui se dit platonique. Personne n’y croit. Le désir sexuel est trop puissant, il annonce la mise à mort du colonel Richard Cantwell. Leur baiser, du reste, a le « goût du désespoir. » Le militaire va mourir lors d’une chasse aux canards.

A lire aussi: Sâdeq Hedâyat: cauchemar persan

Hemingway n’avait rien écrit depuis plus de dix ans quand il rencontra Adriana Ivancich, une comtesse de la région de Trieste – clin d’œil du destin à Joyce – dont il tomba amoureux. Il dit : « Tu m’as rendu la possibilité d’écrire ». Il précise : « J’ai pu finir mon livre et j’ai donné ton visage à l’héroïne ». Un écrivain ne peut pas faire de plus bel aveu à une femme. Hemingway, à peine dissimulé sous les traits de Cantwell, signe son roman le plus personnel, qui tourne le dos à Chicago, le gris du ciel, son enfance, le protestantisme en affirmant son désir du Sud. C’est le cœur de l’Espagne qui bat dans ce roman dont l’intrigue avance par petites touches de courts dialogues ciselés. Hemingway est au sommet de son art. Comme le résume Sollers : « C’est l’apparence des choses qui a raison. Pas le fond. C’est un renversement absolu. » La critique, unanime, descendit le roman. Hemingway révélait sa vraie nature, brouillait les cartes, et ça n’était pas supportable. Jubilation, pourtant, de Cantwell/Hemingway : « Cela me donne la sensation d’être exposé sur une colline dénudée, trop rocheuse pour qu’on y creuse un trou et c’est du roc lisse, sans une saillie, sans une bosse, mais tout à coup, au lieu d’être perché, là, nu, je suis blindé. » Hemingway, avec cette histoire crépusculaire, rendait les armes et disait adieu à ses lecteurs, avant d’armer l’un de ses fusils de chasse et de se faire sauter la boite crânienne, le 2 juillet 1961.

Adriana, quant à elle, finit par se pendre dans le jardin de sa propriété à Trieste, après avoir brûlé toute sa correspondance avec Hemingway.

Ernest Hemingway, Au-delà du fleuve et sous les arbres, Folio. 352 pages

Au-delà du fleuve et sous les arbres

Price: 10,50 €

29 used & new available from 1,80 €

Timothée Gaget, en plein dans le mille

59
Timothée Gaget © Astrid Lagougine

Quel est le point commun entre l’image d’entreprise, la souveraineté alimentaire ou la protection des paysages et de la chasse a courre ? La communication ! Avec son agence Artcher, Timothée Gaget bataille sur la scène médiatique pour défendre ceux qui font le « made in France ».


Le garçon présente bien. Foulard en pochette de veston bleu nuit, cheveux mi-longs, pompes cirées… Et l’aisance à l’oral des gens bien éduqués – il en reste. Timothée Gaget, quarante ans, a créé Artcher en 2019 : « Artcher, comme art de convaincre, comme artisanat… et comme précision du tir à l’arc ». Nichée dans la paix d’une cour pavée qu’arpenta Barbey d’Aurevilly – ô charme préservé du 9e arrondissement ! –, l’agence parisienne compte une dizaine de consultants venus de différents univers, plus quelques free-lances.

Artcher se connaît une double spécialité : la communication « corporate » – l’image des entreprises et la réputation des dirigeants – ; et les affaires publiques – les intérêts entrepreneuriaux devant les pouvoirs publics. « Avec des flèches bien placées, on peut anéantir une cavalerie lourde », assure le fringant « archer ». Face à l’évidence que « les débats, fracturations et aspirations de la société impactent les entreprises », l’agence investit le champ sociétal sur la base de saines convictions : « Notre métier ? Transformer un enjeu économique – développement d’une entreprise, lancement de produit, renouvellement d’une gouvernance, contrainte réglementaire ou directive européenne contraire aux intérêts français…  en un sujet médiatique ou politique au service de cet enjeu. » Le business seulement ? « Tout autant, la souveraineté alimentaire, industrielle, énergétique française et européenne, ou la défense des paysages et du patrimoine. »

À 25 ans, achevées ses études de droit, Timothée entre comme avocat dans un cabinet d’affaires parisien, en même temps qu’il consacre ses nuits à écrire Les Bonnes Mœurs (Intervalles), un roman acide et désopilant. À travers le récit de la chute d’un banquier d’affaires, il y questionne les mutations de la ruralité et la financiarisation du monde… Élevé en Touraine dans un milieu de « bonne bourgeoisie », comme on dit, l’auteur en herbe se cherche en « honnête homme ». Vivant désormais entre Paris et Bordeaux, il aime se promener à La Brède, sur les pas de Montesquieu, « magistrat voyageur, philosophe féru de sciences, qui pensait la séparation des pouvoirs et la tolérance religieuse tout en gérant ses domaines ».

De bonne heure, Gaget veut « s’intéresser à tout ». Au cours d’un dîner, des lobbystes l’en persuadent : « Tu devrais faire de l’influence ! » Ça tombe bien, Havas lance alors un département « gestion de crise et communication judiciaire ». Le lendemain, il intègre l’agence[1]. Puis il se spécialise dans l’industrie de la défense et l’aéronautique – Airbus, Safran, Arianespace… Le jeune homme se souvient avoir alors « pris conscience de la désindustrialisation dramatique du pays et de nos partenaires européens qui achètent “américain”, et non Français ». Fort de son expérience, Gaget dirige ensuite le département stratégie de l’agence Comfluence (sic) avant de voler de ses propres ailes. 

A lire aussi, Julien San Frax Bond revival

Sanglés dans des costumes bien coupés, une cohorte de hussards l’accompagne à présent dans la défense du « made in France » dont ce passionné par la nature – chasseur, yachtman, photographe paysagiste – se veut le héraut. Des exemples ? Artcher s’implique dans les affaires publiques du Cerafel, dont la marque Prince de Bretagne commercialise des tomates françaises face à la concurrence espagnole et marocaine. Ou encore dans l’AOP Porc, élevages bretons plus soucieux du bien-être animal que leurs concurrents ibériques. « La France, ancienne puissance exportatrice agricole, importe désormais 50 % de ce qu’elle consomme », s’insurge le communicant. Et d’évoquer l’association L214 « qui lutte officiellement pour le bien-être animal mais est en réalité financée par les Foodtech américaines, via l’ONG Open Philanthropy, à seule fin de dézinguer l’élevage français pour créer un cadre propice à l’arrivée de la viande végétale et cellulaire ».

Artcher attaque de la même façon des projets prétendument écolos, tel ce champ d’éoliennes en Dordogne. Une plaque signalant à bon escient que le jeune Charles de Gaulle hanta de son auguste pas la gentilhommière périgourdine de la Ligerie est l’argument patrimonial décisif qui empêche le massacre de son paysage par une batterie de hachoirs à volatiles !

Suscitant l’exploit d’une alliance entre zadistes et châtelains de Beynac, Castelnaud, Fayrac et Marqueyssac, Artcher fait aussi venir la presse et s’agite dans les ministères pour torpiller un projet porté par Germinal Peiro, le tout-puissant président socialiste du conseil départemental de Dordogne : dans le département le plus endetté de France, une déviation routière s’apprêtait à ruiner la biodiversité et la beauté du site. Double page dans Le Figaro… et dans Libé : c’est cuit pour Germinal.

Ainsi le travail – et non le trafic – d’influence d’Artcher se joue-t-il sur une variété de registres : depuis la défense de la chasse à courre (en lien avec l’affaire Elisa Pilarski, fausse victime d’une meute, en réalité mangée par son molosse) et des chasses traditionnelles, jusqu’à celle de la pêche à la ligne, dans un contexte où l’association Zoopolis prétend que ficher un hameçon sur une tanche relève de la torture. 

À une autre échelle, batailler pour les entreprises françaises (Bonux, La Rosée, Bompard, Emmaüs Habitat…), c’est aussi, pour Timothée Gaget, accompagner les patrons à être des leaders d’opinion et non des victimes passives du bruit médiatique ou de politiques publiques déconnectées de la réalité économique. Très investi dans le secteur automobile, il déplore ainsi que « l’UE, impuissante à rattraper son retard dans les batteries, ait quand même imposé aux constructeurs de passer à l’électrique en 2035 », le dogmatisme l’emportant sur la défense de la souveraineté industrielle.

Artcher résiste enfin à un fléau plus sournois : la tyrannie de la minorité. Aidant, par exemple, à révéler les accointances de certains élus avec des associations noyautées par l’islamisme. Défendant des bailleurs sociaux en prise avec le trafic de drogue, ou accompagnant telle grosse PME dont les « dirigeants sont lâchés en pâture dans les médias ou sur Instagram » pour harcèlement, discrimination ou sexisme « sans le moindre début de preuve, d’enquête ou d’instruction ». Timothée Gaget se voit en « avocat de la défense médiatique », dans un pays « à la merci de la justice TikTok – instantanée, populaire, vindicative » ; et rêve d’une société où l’on vous laisserait vivre en paix, « sans qu’un fonctionnaire de Bruxelles t’explique comment curer ton fossé ».


[1] C’est, en 2011, le temps de l’affaire Ioukos, soit le démantèlement du géant pétrolier russe ; entre la Fédération de Russie et l’oligarque Khodorkovski, le plus gros arbitrage financier de l’histoire de l’humanité : 50 milliards de dollars !

Les bonnes mœurs: Un roman iniatique mordant

Price: 9,99 €

1 used & new available from 9,99 €

Sébastien Delogu – notre décadence!

290
Le député Sébastien Delogu à Marseille, 19 juin 2025 © Alain ROBERT/SIPA

Sébastien Delogu, député de la nation depuis le 22 juin 2022, élu triomphalement avec près de 65% des voix, réélu en 2024 avec 60% des votes de sa circonscription, mérite la plus grande de nos attentions: parce qu’il est à la fois l’incarnation du recul contemporain de la gauche sur le front intellectuel, de la chute abyssale du niveau scolaire, et de la régression de nos élites — en somme, la vivante allégorie de notre décadence.


Vas-y LFI, c’est bon !

On a bien les députés que l’on mérite : le porte-parole des 60% de Français du sud qui ont voté pour lui, en déplacement en Algérie, encense le peuple algérien, critique notre ministre de l’Intérieur, oublie Boualem Sansal et Christophe Gleizes. Trahison ou bêtise ? on hésite. Il faut dire que l’élu éprouve des difficultés de lecture et ne connaît pas le maréchal Pétain ; on apprend la lecture au cours préparatoire, Pétain au CM2 : un grand bravo à l’Éducation nationale. À ce propos, ce n’est pas du « mépris de classe » de relever l’inculture choquante du député ; je ne crois pas qu’un seul journaliste, polémiste ou critique ait jamais fait état de la situation personnelle de Monsieur Delogu en matière pécuniaire, et d’ailleurs l’électorat mélenchoniste appartient plus volontiers à la bourgeoisie endoctrinée d’école publique de centre-ville (« Pétain, je sais juste que c’est un raciste »), qu’au peuple au sens de Marx, celui qui justement reproche à la gauche de l’avoir abandonné au profit des wokistes et des islamistes…mais passons. Eh bien, cet homme qui ne connaît pas Pétain (!), et ânonne, parle au nom de plus de vingt et un mille Français, et détient 1/577ème du pouvoir législatif. En cette République où le président s’exprime dans les colonnes de Pif Gadget, où Francky Vincent reçoit la médaille de l’ordre des Arts et des Lettres, sa carrière est prometteuse.

Élève Ducobu de la chambre basse

Donc, ce député de la nation, qui ne cache plus son mépris pour la nation, juge plus urgent d’attaquer Retailleau sur le sol algérien, que de réclamer la libération d’un intellectuel condamné à cinq ans de prison ferme pour avoir écrit des livres et s’être exprimé librement : la gauche terroriste a de beaux jours devant elle — mais celle-ci ne sera pas patriote. Après les propos que notre député a tenu à la télévision publique, heureusement pour lui que la France n’est pas l’Algérie.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Sébastien chez les soviets

Je disais que le député Delogu, élève Ducobu de la chambre basse, est comme la quinte-essence de notre époque ; avec l’ignorance, il en a la violence. La violence des idées, d’abord : on ne se pavane pas dans un pays autoritaire, quand on veut dénoncer l’autoritarisme de son propre pays. À moins de préférer à la défense de la liberté le parti de l’étranger ?… Mais non, décidément, la thèse du manque de discernement reste la plus convaincante. Faut-il le rappeler ? dans une interview donnée sur la chaîne YouTube de Sam Zirah le 6 septembre 2024, l’élu, que la cause palestinienne tient à cœur autant que celle de l’Algérie, rappelait à ses ouailles quelques vérités utiles que ne renieront pas les géopoliticiens de quartiers : Netanyahou, vous l’ignoriez ? a financé le Hamas pour récupérer des terres en Palestine, et retrouver « la vache en or » perdue… ce qui a malheureusement « déstabilisé » les fameux « accords de 1948 » (sic). Vous n’avez rien compris ? c’est normal. Et dire que pour se moquer des Insoumis, on les accusait de ne pas savoir placer l’État d’Israël sur une carte du monde : on était encore loin du compte.

Devoirs de vacances

La violence des propos, ensuite ; de ce parlementaire tout mielleux sous le soleil algérien, on dresserait une litanie sans fin des invectives, des haines, des vulgarités. En septembre 2024, il traitait de « pourritures » les représentants du syndicat majoritaire de la Police nationale.

A lire aussi, Gregory Vanden Bruel: Quand le vote communautaire commence à se retourner contre les partis traditionnels à Bruxelles

La violence des gestes, enfin. Heureusement c’est la moins redoutable : car les Insoumis, qui se prennent pour des Communards de la grande Révolution, s’en tiennent généralement aux provocations de gamins, quand ils ne pleurnichent pas à la barre des tribunaux. Ainsi, la suprême rébellion de Delogu aura été de brandir dans l’hémicycle le drapeau d’un pays étranger dont il ne connaît rien, avant de prendre quinze jours de vacances : Robespierre en aurait pleuré de honte.

Monsieur Delogu l’avoue lui-même, il manque de culture. C’est une carence dont le remède est connu : il suffit de lire des livres. Je suggère Victor Hugo, Lamartine et Césaire, tous les trois députés de la nation. Et puis Sartre, Bourdieu, Foucault, Barthes et Camus — le député apprendra qu’il fut un temps où la gauche avait de la culture. Et pourquoi pas Sansal ?…

Écrits sur la littérature: 14 février 2021 - 29 juin 2023

Price: 13,00 €

1 used & new available from 13,00 €

La gauche, le beauf et la baston

162
L'humoriste Ragnar le Breton photographié dans un cinéma à Paris le 24 janvier 2024 © Thierry Le Fouille/SIPA

La gauche culturelle – qui en avait fait le porte-parole officiel de la France multiculturelle apaisée – est embarrassée par la condamnation judiciaire de l’influenceur Ragnar le Breton.


Récemment, sont morts nombre de héros personnels. Brian Wilson, Sly, Nicole Croisille… Et même Frankie Jordan.

Et je n’ai rien écrit.

Non. Pleurer encore sur le monde qui s’en va ? Pas envie.

Et voilà que se fait remarquer un insupportable et que mon sang bout. De trop de bêtise, de démagogie, d’air du temps délétère.

Qui?

Un viriliste fan de MMA, de SUV polluantes, de bœuf à peine cuit et de baffes XXL dans ta tronche.

Papacito ? Baptiste Marchais ? Même si des « gens de droite » qui se baladent en baffant tout le monde, j’en connais fort peu.

Non. Raté. 

Ragnar le Breton.

De gauche, et pas qu’un peu, invité récurrent chez Quotidien, France Inter, Skyrock, C à vous, comme chez Léa Salamé, Konbini  ou Brut et, donc, plus que bien en cour. Aimé, chouchouté, soutenu et coaché par Hélène Zidi et son laboratoire de l’Acteur, par Josiane Balasko, et la ligue d’improvisation. Vite ami avec Benoît Magimel qui le fait tourner, comme avec les affreux GMK et Alban Ivanov, influenceurs, acteurs, et « comiques » quasi-analphabètes, mais omniprésents, eux aussi.

L’homme, un géant blond et de souche (tout est là, vous allez comprendre – il se hait pour cela), quitte l’école à 14 ans, se vante-t-il, et à 17 ans, selon ses propres dires (on n’est pas sérieux quand… etc etc.) se lance parallèlement dans le basket, la délinquance, la revente de montres de luxe (du bling bling, Richard Mille et Rolex, vraies ou fausses), épouse dans la foulée l’aide-soignante musulmane et noire (c’est lui qui le radote) qui le « remet dans le droit chemin » et puis se lance enfin sur TikTok. Tout ça en même temps, ou quasiment.

Mazette.

TikTok, donc. 

De courts sketchs où, invariablement, Matthias Quiviger (son vrai nom), après une courte altercation, envoie valdinguer le fâcheux d’une gifle magistrale. Toujours le même scénario. Copié, de plus, sur une déplorable mode ricaine. Là-bas, le face slapping ou power slap, ça fait florès sur les réseaux sociaux depuis lurette. Des concours de baffes, oui ! Jusqu’au coma. Ragnar n’est pas allé chercher bien loin son inspiration.

Bientôt, il lance les personnages de Rémi le converti à l’islam, et de Michel Venum le gardien du bloc et patron de salle de muscu à Évreux. C’est nul, mal joué, mal écrit et sonne abominablement faux.  Mais c’est le carton. Ou presque. Le cinéma le flatte et le recrute, il est partout, tenant toujours un même discours.

La France plurielle, je l’aime et si je moque des musulmans (enfin, les blancs convertis, les autres, il n’ose pas trop…), c’est par fraternité, parce que moi… cette France des banlieues et des cités, je la connais. Ce pays où tout le monde se mélange, il est formidable…

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Sébastien chez les soviets

Voilà le baratin inlassablement resservi. Ragnar joue sur les deux tableaux. Caricature de beauf, il est à la fois racialiste dans ses sketchs, que vivre-ensembliste et bien-pensant dans ses interviews. Du vrai en même temps ! D’une gifle, il vous renverrait un gilet jaune dans le droit chemin…

Chez Mélenchon, donc. Ragnar joue les prolos avec un père RH dans l’industrie de luxe et un grand-père célèbre journaliste sportif. Platini interviewé par Marguerite Duras pour Libération… c’était lui. Jean-Pierre Delacroix. Pas très France Profonde.

Un faux pauvre, un faux crevard, oui. Comme Louis Boyard, tiens.

On s’étonne que certains médias de droite, rares il est vrai, s’y soient trompés. Valeurs Actuelles, par exemple, qui appelle cela de l’humour noir.

C’est ça… Du Edgar Poe mâtiné de Desproges pendant qu’on y est!

Violence, virilisme, tous ces péchés que la gauche aimerait prêter à la droite ont emmené le Ragnar au palais de Justice. Un an ferme, sans oublier les frais de justice et dédommagements à la victime. Il ne s’est pas présenté et compte faire appel.

Les faits ? Il se serait adossé à une voiture, en marge d’un stade de football où ses enfants s’entraînaient. Le propriétaire du véhicule tapait un somme le temps que l’entraînement finisse.

Il aurait demandé au Ragnar de ne plus s’appuyer. Le ton monte…

Bientôt, comme en ses shorts YouTube, Ragnar sort le type, et selon ses termes, lui « vrille une golden » (sic). 40 jours d’ITT à la clef pour l’endormi.

Ragnar se défend: « C’était une bagarre d’hommes ! Des choses qui arrivent! »

Euh, non.

L’affaire fait grand bruit. La gauche est ennuyée. Les baffes, c’est quand même une récurrence chez eux, depuis Bertrand Cantat le chantre tiers-mondiste auto-prétendu et Adrien Quatennens…

En face ? Baptiste Marchais qui gifle Alice Cordier ? Bon d’accord. On ne le félicite pas non plus. Mais sinon ?

Et de quoi Ragnar est-il le signe ? À l’heure où se fait remarquer un autre cogneur notoire, Mustapha El Atrassi, star de l’humour communautaire, à l’heure du stand up anti-gwer, va-t-on lyncher le camarade Ragnar aux millions de followers, ou le défendre ? Caillou dans la chaussure ou idiot utile, finalement, le viking ? On brûle d’impatience de le savoir. Ou pas.

Perdu pour la France

Price: 13,99 €

1 used & new available from 13,99 €

IA dégénératives «en éducation»

84
Lycée Camille Jullian, Bordeaux, épreuve de philosophie du bac, 16 juin 2025 © UGO AMEZ/SIPA

Alors que les résultats du baccalauréat sont dévoilés ce matin, de plus en plus de candidats préfèrent les consulter en ligne, depuis chez eux, plutôt que de se rendre dans leur lycée pour découvrir les listes affichées. Dans le même temps, tandis que les alertes se multiplient sur le risque de délégation des capacités cognitives à des outils comme ChatGPT, l’Éducation nationale vient d’adopter une position résolument enthousiaste en définissant le « cadre d’usage » des intelligences artificielles génératives.


Dans une newsletter destinée à son personnel, le 13 juin 2025[1], le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse propose « un cadre d’usage éthique et juridique de l’IA, garantissant la protection des données personnelles et une utilisation responsable de ces outils par les agents comme par les élèves ».

La menace ChatGPT

Ce dispositif [2] « a pour objectif d’apporter des réponses claires aux interrogations légitimes de l’ensemble de la communauté éducative et des agents sur l’usage de l’IA en éducation ». À la question « Pourquoi un cadre d’usage de l’IA en éducation ? », il répond par un constat : « le développement rapide et continu des IA, et notamment des IA génératives», souligne qu’elles peuvent être des « outils au service de l’enseignement et des apprentissages », parle d’ « enjeu », d’ « apport ». Propos modalisé, mots-clés en gras, on se soumet l’air de rien aux lois de la tech, on élude les questions qui fâchent, quelque peu déviantes, peut-être illégitimes. Comment former l’intelligence de ses élèves à l’heure des IA génératives ? Comment leur apprendre à réfléchir, raisonner, tirer parti de leurs erreurs, leur donner sens et goût de l’effort, quand les agents conversationnels « travaillent » à leur place? Quelles mesures énergiques et contraignantes faut-il prendre pour protéger la jeunesse de l’IA?

A lire aussi: «La Chute de la maison Sciences-Po», de Caroline Beyer: la fabrique des élites auto-proclamées

Sylvain Bourmeau dissipe tous les doutes

Afin « d’accompagner élèves et professeurs dans cette transition », selon les mots d’Anne Bisagni-Faure, rectrice de l’académie de Lyon, et de « développer une culture commune de l’IA », le Réseau Canopé[3] a organisé le 25 juin une « journée de formation et d’échanges sur le thème des IA génératives en éducation ». Il s’agissait d’enrôler les profs, de diffuser ce « cadre d’usage » et d’en dissiper les quelques ambiguïtés. Audran Le Baron, directeur du numérique pour l’éducation, a guidé la lecture et la compréhension du document élaboré par ses services : rappelant qu’il parlait au nom de l’Institution, il a précisé qu’il ne s’adressait pas aux « sceptiques » mais aux « enthousiastes » et aux   « indécis ». Tant pis pour les pyrrhoniens[4] qui avaient fait le déplacement. Trop polluants. On échangerait  sans eux. Les « enthousiastes », nous dit M. Audran, sont ceux qui « expérimentent », les esprits  audacieux, éclairés. Évidemment, les participants aux tables rondes de la journée en sont : chargés de projets à la DRANE[5], chercheur  postdoctorant en neuroinformatique, enseignant chercheur en sciences de l’éducation… Avec eux, les « indécis » peuvent « réinterroger leurs gestes professionnels », « pratiquer le reset » (ou « quitter leurs  présupposés »), « repenser collectivement l’IA » dans le « respect du bien-être numérique ». C’est commode les tables rondes, ça permet d’échanger entre soi ; c’est bien, aussi, parce qu’on parle valeurs, principes, éthique, déontologie : aux données personnelles de tes élèves tu veilleras, ton coût énergétique tu mesureras, à la transparence tu éduqueras… Enfin, il y a le « grand témoin », Sylvain Bourmeau, directeur du journal AOC et professeur associé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il intervient le matin : « l’IA est une chance épistémologique », « l’Éducation nationale doit comprendre qu’elle n’est plus là pour donner du contenu mais pour mettre à distance le savoir, pour s’interroger sur celui-ci » et l’après-midi : « l’IA est une chance historique pour l’Éducation nationale de se débarrasser des notes », « il faut arrêter de penser triche, réfléchir plus largement sur la productivité dans l’Éducation nationale ».

A lire aussi: Une Pléiade pour entrer dans l’atelier d’Aragon

Transition d’un nouveau genre

Accélérons le mouvement vers cet univers radieux : l’élève, ayant appris à « prompter » en 4e avec Pix[6], mettra à distance le savoir et arguera, en toute transparence, de sa collaboration avec OpenAI auprès du logiciel de correction, lequel distribuera les pictogrammes de différenciation pédagogique. Plus de notes, ni triche, erreurs, profs, savoir. Plus d’éducation. Plus d’hommes ?

D’après une étude du mois dernier[7], 95% des jeunes utilisent désormais les LLM, modèles d’apprentissage automatique capables de comprendre et générer les textes, dans « leur quotidien académique ». Ils vont au plus pressé, au résultat, déléguant à la machine leurs capacités cognitives. Leur intelligence se désagrège et la fraude est massive : les IA génératives ayant progressé de manière fulgurante ces derniers mois, les élèves grugent dans toutes les disciplines et exercices, jusqu’en dissertation, portables ou montres connectées sur les genoux, dans les interstices du pantalon, au lycée, aux toilettes, pendant les examens…

Dans le monde extra-Canopé, au pays des « sceptiques » et des ringards, on a des solutions : ouvrir les collèges et lycées le mercredi après-midi et le samedi matin afin de multiplier (souvent même de rétablir) les devoirs surveillés ; surveiller (effectivement) les devoirs ; sanctionner les tricheurs ; contrôler les connaissances ; exiger du français et non du codage ou du créole dans les copies. Plutôt qu’« accompagner les élèves dans la transition IA », les tenir à l’abri de celle-ci le temps de l’école, et mettre en place un « cadre d’usage » qui préserve l’intelligence humaine de la dégénérescence.


[1] https://www.education.gouv.fr/en-perspective-415048

[2] L’IA en éducation, cadre d’usage.

[3] Sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, le Réseau Canopé participe à la mise en œuvre du plan national et des plans académiques et départementaux de formation et du numérique éducatif.

[4] « Car non moins que savoir,  douter m’est agréable » Dante, cité par Montaigne,« De l’Éducation », Essais.

[5] Délégation régionale académique au numérique éducatif.

[6] « L’utilisation pédagogique des IA génératives par les élèves, encadrée, expliquée et accompagnée par l’enseignant, est autorisée en classe à partir de la 4e  en lien avec les objectifs des programmes scolaires et du CRCN. », L’IA en éducation, cadre d’usage.

[7] Rapportée par Tayeb Hamidi, enseignant en informatique et fondateur de Skillbeam, intervenant dans une des tables rondes de la « journée de formation et d’échanges sur le thème des IA génératives en éducation ».

Vivre en sang

62
Romans-sur-Isère, novembre 2023 © MOURAD ALLILI/SIPA

Les faits divers sanglants impliquant l’immigration qui se sont multipliés ces dernières années mettent à mal notre fameux « vivre ensemble », et rendent peu désirable la fameuse « créolisation » vantée par l’extrême gauche.


Il est des mots qui résonnent comme des programmes, des prophéties ou des menaces. « Créolisation », voilà le dernier totem agité par ceux qui rêvent de dissoudre la France dans un grand bain de diversité heureuse. Un mot doux pour une réalité brutale. Une idéologie de substitution, où l’identité doit se fondre, s’abolir, s’oublier — dans le brassage des cultures, dans l’abandon des frontières, dans la repentance sans fin.

On vous dit : « Créolisation, c’est l’avenir ! »
Mais l’avenir qu’on nous promet ressemble de plus en plus à Crépol. Ce petit village paisible de la Drôme, où un adolescent de seize ans, Thomas, a été poignardé à mort, un soir de fête. Une rixe, dit-on. Une bagarre qui tourne mal. Mais la vérité suinte à travers les silences officiels : des jeunes venus de la ville, extérieurs à la commune, reviennent armés pour “reprendre la fierté”. Une vengeance importée. Une brutalité gratuite. Un coup de couteau dans le flanc d’une France qu’on croyait encore un peu protégée.

Et Thomas n’est pas un cas isolé.

A lire aussi: Crépol: une cécité judiciaire

Souvenez-vous de Lola, cette fillette de douze ans, retrouvée dans une malle, violée, torturée, massacrée par une clandestine déjà sous obligation de quitter le territoire. Un crime d’une sauvagerie indicible, qui n’a suscité qu’un malaise gêné chez les défenseurs de l’“ouverture”.
Souvenez-vous d’Axelle Dorier, traînée sur 800 mètres à Lyon après avoir tenté de rappeler à l’ordre deux hommes au volant d’une voiture. Tuée pour un regard, pour un mot, pour une réprimande de trop.
Souvenez-vous de Mathis, poignardé à Châteauroux. Ou de Samuel, qui a fini décapité pour avoir voulu enseigner la liberté d’expression.
Souvenez-vous enfin d’Adrien, à Grenoble, 19 ans, poignardé a mort, pour rien. Pour le malheur d’avoir croisé la mauvaise personne, au mauvais moment.

Dans tous ces cas, toujours le même cérémonial : le silence médiatique, la minimisation, la sociologisation, l’oubli organisé. Et surtout : pas de récupération ! Surtout ne pas voir ce qui crève les yeux. Surtout ne pas tirer de leçons. Ne pas faire de lien entre l’effondrement des frontières, la perte du contrôle migratoire, l’ensauvagement du quotidien et ces drames répétés.

La créolisation, nous dit-on, c’est la richesse du mélange. Mais le peuple ne goûte guère aux promesses de cette gastronomie idéologique. Ce qu’il vit, ce qu’il endure, ce qu’il enterre chaque semaine, c’est la crépolisation.
Un nouveau mot pour un nouveau fléau : l’irruption de la violence gratuite, la haine du “Français”, le racisme inversé qu’on n’a pas le droit de nommer. Crépolisation, c’est la mort de Thomas, mais aussi la mise en accusation de son village, de ses amis, de sa communauté, coupables d’être trop blancs, trop enracinés, trop français.

La créolisation sans consentement, sans réciprocité, sans amour véritable de la France, devient une arme. Une arme douce en apparence — culturelle, médiatique, administrative. Une arme dure dans ses effets — exclusion, inversion des normes, humiliation des hôtes. Et parfois, l’arme devient arme tout court. Couteau, barre de fer, véhicule bélier.

On efface les noms, on floute les visages, on étouffe les mots. On transforme les victimes en agresseurs, les alertes en fantasmes, les faits en amalgames. Tout est inversé, tout est nié. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

A lire aussi: La gauche, le beauf et la baston

Mais le peuple commence à comprendre. Il devine que derrière les mots doux se cache une entreprise d’effacement. Effacement des frontières, des appartenances, des héritages. Effacement des prénoms, des visages, des mémoires. Effacement jusqu’au meurtre.

Et ceux qui voient clair — ces maires menacés, ces familles brisées, ces professeurs insultés, ces adolescents poignardés — n’en peuvent plus d’attendre qu’on les écoute. Ils refusent de mourir en silence, de disparaître dans l’indifférence. Ils refusent que leur pays soit livré au chaos sous couvert de modernité.

La créolisation heureuse est un slogan de tribune. La Crépolisation réelle est un cimetière. L’histoire jugera ceux qui ont préféré les mots aux vies.

Mais avant cela, le peuple pourrait bien les juger lui-même. Le vivre ensemble promis ressemble de plus en plus à un vivre en sang.

Ne fais pas ton Français !: Itinéraire d'un bâtard de la République

Price: 20,00 €

14 used & new available from 10,54 €