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Taxe sur la fast fashion, le streaming musical et les livres d’occasion: une dissolution qui a du bon?

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Personne n’aime les impôts, à part peut-être les fonctionnaires publics, mais que dire des nouveaux impôts punitifs imaginés par nos gouvernants ? Dans leurs cartons, une taxe sur les livres d’occasion, le streaming musical ou encore la « fast fashion ». Censés entraver l’essor de plateformes étrangères (Amazon, Spotify, Shein, etc.), ces taxes ont surtout pour effet d’entrainer une augmentation des prix, tout en se révélant nocives pour l’environnement. Et si la nouvelle Assemblée avait le bon goût d’enterrer ces projets?


Le premier économiste à avoir inventé un impôt punitif est un Anglais, Arthur Cecil Pigou. Professeur de l’école d’économie de l’Université de Cambridge, Pigou s’intéresse à l’économie du « bien-être » et aux effets que peut en tirer la société. En 1920, dans une étude restée célèbre, The Economics of Welfare, il développe le concept d’« externalité », qui décrit l’effet indirect, positif ou non, d’une transaction privée ou d’une législation, comme la qualité de l’air ou de l’eau polluée par une usine. Pigou a une idée pour ces externalités négatives : les soumettre à un impôt. Dans l’histoire de l’économie, il porte le nom d’impôt Pigouvien.

Impôts et taxes : une passion française

Celui-ci enchante les socialistes français quand ils arrivent au pouvoir, en 1981. Sous le règne de François Mitterrand est conçu le premier impôt Pigouvien super turbo, l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune. Jamais, pourtant, il n’avait été prévu que l’impôt devienne « une punition » pour les riches, pas davantage pour les gros mangeurs, les buveurs de sodas sucrés, les fumeurs ou les conducteurs de véhicules diesel. L’usage punitif de la taxation est une dérive aussi condamnable que dangereuse. Taxer les paquets de cigarettes car elles nuisent à la santé, ou le diesel car il pollue l’atmosphère, sont deux exemples qui ont entraîné, le premier un marché noir du tabac, le second la révolte des gilets jaunes. 

Dérives punitives

Mais le refus d’admettre cette vérité continue à régner sur les esprits de nos élites bureaucratiques. Au prétexte de freiner le déferlement d’acteurs étrangers surpuissants, le législateur a imaginé une série de nouvelles taxes qui devraient surtout avoir pour effet de grever davantage encore le budget des ménages. Il souhaite ainsi s’attaquer aux vêtements bon marché qu’achètent en ligne les ménages les plus modestes : un malus de 50% pourrait être imposé, dans la limite de 10 euros par article, sur les ventes des entreprises de la « fast fashion » qui produisent à bas prix des modèles fabriqués à un rythme accéléré. Objectif assumé : infléchir les ventes des géants du prêt à porter que sont Shein et Temu en France.

Mauvais calculs

Si chacun conviendra qu’il est important de réduire l’impact d’un secteur responsable, à lui seul, de 10% des émissions globales, la méthode qui consiste à matraquer les classes populaires est-elle la bonne ? Le précédent gilets jaunes n’a-t-il pas vacciné nos caciques ? Surtout, s’en prendre simultanément à Temu et Shein participe d’une méconnaissance des modèles de ces deux sociétés. Si la première produit énormément dans l’espoir d’écouler un maximum d’articles, elle génère de fait des quantités colossales d’invendus, qui seront envoyés au pilon et donc gaspillés, entrainant une pollution évitable.

Shein pour sa part ne produit que de petites salves d’articles pour en tester l’accueil, puis, s’ils s’écoulent, en réinjecte la bonne quantité sur le marché pour répondre à la demande. Un modèle à la demande de rupture sur un marché où la logique de l’offre a longtemps dominé qui, s’il n’est pas exempt de défauts, permet en tout cas de réduire à la portion congrue les invendus, et donc les émissions. En réalité, ce n’est pas d’une taxe sur la « fast fashion » dont le secteur a besoin, la rapidité de production ou de livraison des vêtements ne constituant pas le cœur du problème, mais d’une taxe sur la mode peu scurpuleuse, indifférente à son impact sur l’environnement.

Il en va de même pour le livre d’occasion, un marché de 350 millions d’euros, en croissance depuis plusieurs années, soudain dans le collimateur d’Emmanuel Macron qui a annoncé en avril une taxe à la vente de 3%. On se demande pourquoi. Voilà un secteur dynamique et des revendeurs indépendants « punis » sans raison. Ces derniers ne font aucune concurrence déloyale aux libraires, ils écoulent surtout sur le marché les invendus des éditeurs. Coïncidence ? Un sondage Ipsos du 12 avril annonçait que le décrochage de la lecture chez les 15 -25 ans s’accentue.

Le marché du livre d’occasion, en valorisant la seconde main, permet en outre de limiter l’impact du secteur de l’édition qui, de l’aveu même du CNL, « possède une empreinte environnementale forte ». Tant qu’on y est, pourquoi ne pas taxer également les vêtements de seconde main, histoire d’alimenter davantage encore le problème que l’on prétend combattre ? Idem pour le streaming musical, plébiscité car pratique et économique, et qui a l’avantage de moins polluer que les formats analogiques. Si une microtaxe risque de détourner les plus jeunes et les classes populaires de la musique, les Français aisés s’en acquitteront sans problème, et auront même le loisir de s’en remettre aux CDs et vinyls. En définitive, ces taxes punitives, en plus de frapper durement les pauvres, s’avèrent délétères pour l’environnement. L’occasion est belle de les dissoudre elles-aussi.

Portrait d’un journaliste aux abois

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Dans les rédactions, conscient que beaucoup trop de téléspectateurs ou d’auditeurs ont voté RN, et qu’il ne peut pas indéfiniment leur cracher au visage, l’éditorialiste politique type désespère de ne pas voir advenir un « front républicain » plus franc, comme d’habitude…


Il était déjà journaliste sur une grande chaîne du service public quand Jordan Bardella adhérait au Front national. C’était en 2012. Il orchestrait alors une campagne médiatique féroce contre le Nicolas Sarkozy de Patrick Buisson, celui qui faisait l’éloge de la nation. Il avait pointé publiquement, dans un édito demeuré célèbre, les similitudes inquiétantes entre son discours et celui de l’extrême-droite ; puis, il avait interrogé des historiens, des politologues et des analystes, d’une neutralité d’acier, qui tous avaient diagnostiqué chez le président-candidat une poussée de pétainisme, maladie habituelle des courses électorales ; enfin, il s’était demandé si ce candidat était toujours dans le champ républicain. Il avait conclu sa chronique par une question ouverte aux auditeurs, posée d’une voix grave et théâtrale : fallait-il interdire à cet homme de se présenter à l’élection présidentielle ?

Quelle époque !… François Hollande avait triomphé. En cinq ans, l’insécurité avait explosé ; l’immigration était devenue incontrôlable ; le peuple se divisait, la dette s’envolait, l’école s’effondrait. Mais lui vivait sur un nuage doré… Tantôt à la télé, tantôt à la radio, il prêchait la moraline, applaudissant aux grandes décisions d’un chef de l’État qui avait depuis longtemps abandonné le socialisme pour le sociétal, conspuant sans relâche, avec la meute, la « droite », et surtout « l’extrême-droite » qui montait dangereusement — mais toujours dans le strict respect de la neutralité du service public.

L’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron avait été la première ombre portée à son existence radieuse. Il s’en était vite accommodé, cependant ; car ce bon bourgeois fort bien engoncé dans un monde à son image, dont la vie paraissait devoir s’écouler jusqu’à son terme dans une sécurité relative, trouvait la social-démocratie merveilleuse. Jusqu’alors le système, par une complexité d’horloge, s’était maintenu grâce à l’illusion démocratique de l’alternance ; les mêmes élites parvenaient au pouvoir ; et lorsque leurs faux débats entraînaient une division trop importante favorable aux extrêmes, — comme en 2002 —, ils instituaient entre eux le « cordon sanitaire », et au nom de la démocratie, protégeaient ainsi leurs privilèges : cela s’appelait le théâtre antifasciste (L. Jospin). Seulement, ce théâtre, pour fonctionner, devait demeurer caché ; c’était comme un tour de magie dont il ne fallait pas dévoiler les ficelles ; aussi notre brave journaliste en voulait-il à Macron d’avoir levé le rideau sur la grande arnaque : c’était ouvrir la porte aux oppositions véritables !

A lire aussi, Gilles-William Goldnadel: Un jour dans « Le Monde »

Depuis 2017, en vérité, son moral était en berne. Lui qui pensait d’ordinaire par manichéisme — les résistants et les collabos, la gauche humaniste et la droite autoritaire, la République et le fascisme —, ne savait plus comment résoudre ce paradoxe, que la démocratie qu’il adulait (c’est-à-dire le vote majoritaire) menait le Rassemblement national « aux portes du pouvoir ». Démocrate, il commençait à douter de la démocratie ; et en même temps qu’il appelait furieusement à l’interdiction de ce parti qu’il jugeait contraire aux « valeurs républicaines » (sans trop savoir pourquoi, ni à quoi correspondaient ces valeurs), il se demandait si le peuple était si sage… Fallait-il vraiment accorder le droit de vote à la France périphérique ? Au fond, il n’était pas contre un permis de voter distribué aux habitants des centres villes, — propriétaires d’une trottinette électrique.

Il aimait rappeler à ses invités les propos polémiques de Jean-Marie Le Pen, et le petit frisson qu’il sentait courir dans son dos, à chaque fois qu’il les réécoutait ; mais il le faisait avec moins de conviction qu’avant, reconnaissant bien que l’argument fonctionnait mal… même ses auditeurs de gauche n’y croyaient plus !

Parfois le soir, seul dans son lit, les heures de grande angoisse, il pensait que la dédiabolisation du Rassemblement national n’était peut-être pas un mythe, et même que ce parti disait des choses vraies… Il frémissait ! Le lendemain, comme pour se racheter, il relayait frénétiquement les poncifs les plus éculés, rappelant l’origine de ses fondateurs, l’accusant pêle-mêle de racisme et de transphobie, d’antisémitisme et d’alliance avec la Russie : no pasarán ! Évidemment, il ne connaissait ni Holeindre, ni Déat, ni Doriot ; ou du moins, il ne voulait pas trop les connaître : la neutralité du service public a ses limites.

Ces derniers temps, il est triste. La dissolution l’inquiète, il ne comprend pas son président, il a peur pour sa place. Il contemple avec horreur le RN parvenir en voie finale de normalisation, il se sent dépassé par la jeunesse qui se polarise. Où sont passés les humanistes et les démocrates ? Même la gauche parfois le terrifie — et lui qui croyait que l’antisémitisme était d’extrême-droite !… Il sent bien que sa voix tremblotte à la radio ; il perd ses auditeurs : même ceux de gauche, qui l’accusent de complaisance avec le camp du « libéralisme autoritaire ». À force d’opposer les mêmes reproches à ses invités, sur la binationalité, sur le voile, d’entendre les mêmes réponses, il se fatigue lui-même ; ses prêches, qu’il répète comme un mantra, ne convainquent plus personne… et il se désespère, jour après jour, de ne pas voir advenir le front républicain habituel, celui qu’il avait toujours connu… Serait-ce le retour prochain des heures les plus sombres de notre histoire ? Ah ! Comme il regrette le temps de François Hollande !

Entrons en économie de guerre

Le passage à l’économie de guerre n’est pas qu’un effort demandé à nos compatriotes mais une opportunité stratégique pour notre pays. Il s’agit de bâtir un nouveau modèle industriel cohérent avec la volonté de retrouver une place centrale dans le concert des nations.


Depuis le retour du tragique sur notre continent, les capitales européennes tentent de tourner la page des deux grandes erreurs commises depuis la chute du Mur de Berlin : la démilitarisation et la désindustrialisation. À contrecourant des choix effectués depuis 1991, le thème du passage à une économie de guerre est devenu récurrent sur le plan médiatique et politique. Seulement, pour passer à une économie de guerre, nous avons besoin d’une industrie productive, ce qui ne se décrète pas. Un activisme fort et un cap clair sont nécessaires pour soutenir notre économie en ruine et l’effort de guerre ukrainien.

Besoin stratégique et économique

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie tourne en faveur de Vladimir Poutine. Sans aide occidentale supplémentaire, l’Ukraine se dirige vers une défaite cuisante malgré l’héroïsme de ses soldats. Depuis le début de la guerre, seuls les États-Unis ont été capables de lui fournir les armes nécessaires. Cependant, le dernier paquet d’aide de 61 milliards de dollars adopté en avril devrait être le dernier accordé par Washington avant janvier 2025. Et actuellement, les Européens ne peuvent se substituer à l’aide américaine. La seule solution pour soutenir l’Ukraine serait que nous passions à une économie de guerre afin de prioriser et d’intensifier notre production.

L’industrie française souffre des mauvais choix faits depuis des décennies alors que c’est un secteur clé de la prospérité. L’industrie est la clé pour répondre efficacement aux crises en tout genre, d’une guerre à une pandémie mondiale. Nous avons vu lors du coronavirus que notre désarmement industriel nous avait empêchés d’offrir une réponse cohérente et rapide à la crise, à la différence d’autres pays qui n’avaient pas sacrifié leur industrie. Ce n’est pas seulement notre base industrielle de défense qui bénéficierait d’un soutien massif, mais l’ensemble de notre économie. En effet, le soutien à l’effort de guerre suppose une implication de l’industrie textile, des industries de raffinage ou encore des industries automobiles ; autant de secteurs qui souffrent en France depuis trop d’années. De plus, les innovations réalisées dans l’industrie de défense ont toujours des débouchés dans le civil.

Un moment propice

Depuis la chute du Mur de Berlin, les Européens ont cru pouvoir s’appuyer sur les dividendes de la paix et la protection offerte par les États-Unis. Pourtant, le monde n’a jamais connu autant de crises et de conflits, et le regard américain s’est détourné de l’Europe au profit de la zone indopacifique. Nous avons changé d’époque et les Européens doivent se réveiller. En nous berçant d’illusions, nous nous sommes progressivement désarmés et nous n’avons plus la capacité d’assurer notre défense et de promouvoir notre indépendance stratégique. Ainsi, nos dépenses militaires sont passées de 3,2% du PIB en 1980, à 1,8% en 2019. Basculer en économie de guerre permettrait de retourner ce cycle négatif pour nous adapter à cette nouvelle ère : celle d’un monde reposant sur la souveraineté d’empires en concurrence pour assoir leur domination.

Alors que notre économie est dans un état déplorable, le passage à l’économie de guerre permettrait de mettre l’accent sur l’industrie de défense qui demeure un des points forts de notre économie. Depuis l’année dernière, la France est le deuxième exportateur mondial d’armes, jouissant de belles réussites comme le Rafale ou le canon CAESAR. Investir dans notre complexe militaro-industriel nous permettrait de sécuriser notre position dominante en Europe, d’autant que dans ce contexte, d’autres pays vont augmenter leurs dépenses militaires.

Une stratégie claire, des actes forts

À la différence des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, nous devons bâtir une économie de guerre à la française, en phase avec notre époque et nos enjeux. Avec le départ des Britanniques de l’Union européenne, la France doit retrouver un rôle central sur les volets diplomatiques et militaires. D’une part, nous sommes le seul pays européen capable de passer rapidement en économie de guerre grâce à nos atouts comme le nucléaire et notre complexe militaro-industriel exportateur. D’autre part, notre puissance diplomatique, avec notamment notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU, et notre armée, nous permettraient de jouer un rôle majeur dans cette nouvelle stratégie.

Mais une économie de guerre ne se contente pas de belles paroles, elle doit s’accompagner d’un activisme politique fort qui doit se traduire par des investissements conséquents. Plus que de faire peser la responsabilité de cette économie sur les seuls industriels, il est nécessaire de créer les conditions favorables à une montée en gamme et permettre une production plus importante. Cela suppose un effort supplémentaire des dépenses militaires pour atteindre au moins 3% du PIB. De plus, nous devons faire sauter au moins trois verrous – et non des moindres : une fiscalité moins importante, une augmentation du temps de travail, opérer un choc de simplification avec moins de normes contraignantes.

Le passage à l’économie de guerre n’est pas qu’un effort demandé à nos compatriotes mais une opportunité stratégique et économique pour notre pays. Il s’agit de bâtir un nouveau modèle industriel cohérent avec la volonté de retrouver une place centrale dans le concert des nations. Comme le rappelait Bismarck, la diplomatie sans les armes, c’est comme la musique sans les instruments. Charge à nous de construire nos armes pour rejouer notre partition dans cette nouvelle ère géopolitique.

Tour: Cavendish le cabochard joyau de la couronne cycliste

Et encore « une nouvelle fois » de plus sur cette 111ème édition du Tour de France…


Très probablement, un de ses ancêtres ne peut qu’être le célèbre corsaire homonyme[1]… En filou flibustier des lignes d’arrivée, le cabochard mais sympathique Mark Cavendish, natif de l’île de Man, située en mer d’Irlande à égale distance de la Grande Bretagne et de l’Irlande, d’à peine 572 km2, que rien ne prédisposait dans son enfance à devenir coureur cycliste, s’est imposé  pour la 35ème fois sur le Tour, mercredi, à Saint Vulbas (Ain), bien entendu au sprint puisque c’est sa spécialité. Il bat du même coup le record des victoires d’étapes qu’il partageait avec Eddy Merckx (voir notre encadré en fin d’article), dit le Cannibale tellement celui-ci était insatiable de podium et surtout de la première marche.

De plus ce succès, qui semblait pour la plupart des chroniqueurs de la geste vélocipédique inatteignable, a pour lui une douce saveur de revanche. Il a devancé le Belge Jasper Philipsen de 13 ans son cadet, sans doute le sprinteur contemporain le plus affûté, qui, l’an dernier, à Bordeaux, l’avait privé justement de ce record. Cavendish avait fait second derrière lui. Le lendemain, de cette déception, le 8 juillet, il chutait lourdement à 60 km de l’arrivée de l’étape Libourne-Limoges dont la victoire était à sa portée.

Touché à la clavicule, il abandonnait les larmes aux yeux. Son rêve d’être l’unique détenteur de ce record, joyau de la couronne cycliste ;  le monde du vélo a bien des parentés avec l’Ancien régime avec ses rois de la Montagne, du Contre-la-montre, des Sprints, ses ducs, les capitaines de route, ses barons, les protecteurs du leader, et ses valets, les porteurs d’eau (dits les « gregario » en italien – les grégaires en français), qui descendent à la voiture du directeur sportif s’approvisionner en bidons pour étancher la pépie du reste de l’équipe.

La retraite attendra

Le 23 mai 2023 alors qu’il participait au Giro, à l’issue de la deuxième étape, il avait annoncé son intention de prendre sa retraite à la fin de la saison. Donc ce 110ème Tour auquel il allait s’aligner serait son dernier. Mais, au terme de celle-ci, au lieu de confirmer son retrait, il se ravisait : à la surprise générale, il révélait qu’il allait revenir sur la Grande boucle avec la ferme détermination de monter à l’abordage du record des victoires d’étapes.

Pourtant ce retour sur le Tour, sa 15ème participation (trois de moins que le record des 18 détenu par le Français Sylvain Chavanel), avait commencé pour lui sous les pires auspices. Dès l’entame de la première étape dont le départ a été donné à Florence, à la première bosse, il décrochait et terminait à l’agonie, entouré de ses équipiers, à près de 40 mn de Bardet, le vainqueur à Rimini ; rebelote le lendemain, avec 25 mn de retard, il évitait de justesse l’élimination ; à l’arrivée à Turin, il ne participait même pas au sprint massif remporté par l’Erythréen Girmay, le premier Africain noir à gagner une étape[2] ; pour les commentateurs, il ne faisait plus le moindre doute : la « boule de nerf » ainsi que L’Equipe l’avait qualifié était émoussée, le record n’était plus à sa portée ; à la 4ème étape, celle du col du Galibier, il franchit la ligne avec 36 bonnes minutes de débours, échappant de peu au couperet des délais.

Bilan, en quatre jours, il accuse un retard de 1h37’50’’, et se retrouve 170ème au général, devançant de quatre places la « lanterne rouge » (dernier), son dévoué serviteur, son chien de garde, le Danois Michael Morkov.

Il se faufile parmi les grosses cuisses

Puis, miracle à la relative courte 5ème étape, 177,4 km entre Saint-Jean-de Maurienne Saint-Vulbas, à 39 ans et 41 jours, ce qui fait de lui le second plus âgé du peloton, et celui qui cumule le plus de participations, le bougon et inusable « Cav », comme il est surnommé dans le milieu, recouvre l’explosivité de ses jeunes années, au point même de faire sauter sa chaîne et son dérailleur juste en franchissant la ligne avec une bonne longueur d’avance sur le second. Dès lors, on peut se demander si sa galère du début n’a pas été à la fois un cirque pour leurrer ses rivaux et une tactique pour s’économiser. Le vélo, comme la guerre, c’est l’art de la roublardise.

Il a mené son sprint en main de maître. Son équipe a monté son train à une bonne dizaine de kilomètres de l’arrivée et s’est maintenue aux avants postes pour l’amener aux 300 mètres. Le train consiste à se mettre tous les coureurs de l’équipe en ligne pour lancer le sprinteur en s’écartant les uns après les autres. Le dernier à s’écarter est appelé le poisson pilote dont la tâche est de propulser son sprinteur à l’approche des 100/150 m. Or, d’après les vues d’hélicoptères, Cavendish avait perdu le sien aux 300/400 mètres, se retrouvant enfermé dans la meute des « grosses cuisses » (nom donné aux sprinteurs). Logiquement, il était piégé mais, en habile héritier de ses débuts en course de vitesse sur la piste, avec une audace téméraire, il a su se faufiler entre les roues de ses adversaires à l’instar d’une souris qui fuit, se rabattre de la droite de la chaussée sur la gauche pour fermer la porte le long des balustrades et mettre une, deux, trois longueurs à ses suivants. Un cas d’école, ce sprint…

Cavendish a débuté sa carrière sur les vélodromes. Le cyclisme sur route était peu pratiqué à cette époque en Grande Bretagne. Il sera même deux fois champion du monde en Américaine (2005 et 2008 en équipe notamment avec Bradey Wiggins, premier Anglais à gagner le Tour de France en 2012). En 2005, il s’essaie à la route. Il remporte dès cette première année 11 victoires, un record pour un débutant professionnel.

Sa première étape sur le Tour, il l’a gagnée le 9 juillet 2008 à Châteauroux. En tout, il en capitalise 55 sur les trois Grands tours (France, Italie et Espagne), probablement un record aussi. Il fait aussi partie de ce club très fermé des 25 coureurs qui ont revêtu le maillot de leader dans les trois Grands tours. Il cumule en tout 168 victoires, toutes au sprint ce qui fait de lui le meilleur de cette spécialité qui allie subtilité et brutalité. Les grands sprinteurs sont des trompe-la-mort. À plus de 70km/h, ils foncent sans protection hormis celle du casque coude-à-coude vers une victoire qui leur échappe souvent. Gagner un sprint, c’est un orgasme…

Le record de Cavendish a éclipsé deux événements de cette 5ème étape. Pour la première fois, un coureur Africain noir, Biniam Girmay, vainqueur déjà pour une première fois d’une étape du Tour à Turin, lundi, a revêtu mercredi le maillot vert du classement aux points grâce à une 9ème place. Son ambition est de rallier Nice, arrivée du Tour, avec… Ce qui serait une première fois historique : un Noir en vert… L’autre événement, c’est Pogacar, détenteur du jaune et grand favori, qui a évité de justesse une chute qui aurait pu avoir de lourdes conséquences pour lui, voire provoquer son abandon. Dû à un moment d’inattention, il a failli de très peu heurter un panneau de signalisation placé en l’entrée d’un plot situé au milieu de chaussée. Pour l’esquiver, il a fait un écart qui a entraîné la chute, sans gravité, de cinq coureurs qui étaient dans son sillage… Est-ce le signe prémonitoire que la chance est avec lui, que le mauvais sort l’épargnera ?… 


Le record des victoires d’étapes sur le Tour de France qu’a établi mercredi Mark Cavendish a une particularité : il les a toutes gagnées
au sprint à la différence de tous autres coureurs qui figurent au palmarès. Ce qui fait de lui l’incontestable meilleur sprinteur de tous les temps. Son record risque fort de tenir très longtemps. Il paraît même la durée des carrières de plus en plus courtes éternel.

Voici la liste des plus nombreux vainqueurs d’étape.
1- Marck Cavendish : 35
2- Eddy Merckx : 34
3- Bernard Hinault : 28
4- André Leducq (vainqueur du Tour en 1930 et 32) : 25
5- André Darrigade (le Cavendish des années 50/60) :22
(…)
9 – Jacques Anquetil : 16
(…)
12 – Tajed Pogacar : 12 (pour le moment)

    


[1] Thomas Cavendish (1560-1592), intrépide corsaire anglais, surnommé Le Navigateur, le troisième marin avoir réalisé une circumnavigation autour du monde après celles, la deuxième de Francis Drake (1540-1596), et de la première de Magellan-Elcano. Il est aussi le premier corsaire à avoir arraisonné le prétendu imprenable Galion de Manille qui ramenait de fabuleuses richesses de toutes sortes des Philippines au Mexique, deux possessions espagnoles.

[2] https://www.causeur.fr/tour-de-france-biniam-girmay-richard-carapaz-286753

Le front républicain anti-RN a trouvé son hymne!

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Les rappeurs entrent dans le jeu politique, en apportant leur soutien au front républicain avec un hymne enlevé: No Pasarán. Fulgurante créativité ! Reste que quand vos « punchlines » sont plus partagées par Bardella, Le Pen et Ciotti que par ceux que vous soutenez, c’est que vous avez peut-être raté quelque chose… Complotisme, insultes misogynes, glorification de l’ultra-violence et couplets à la limite de l’antisémitisme: les artistes des «quartiers populaires» ont fait très fort.


Proclamé le 30 juin à 20h01, le « Front Républicain contre le RN » ne cesse d’inspirer des réalisations artistiques à sa mesure ! Ainsi, le soir même de son instauration, ses militants mettaient à jour la statue de la République (voir photos ci-dessous), place du même nom, l’entourant de drapeaux algériens et palestiniens (Pardon ? Ah, non, pas de drapeaux français. Pour quoi faire ? Il est ici question de République, pas de France) et l’ornant d’inscriptions à la gloire de l’Idéal Républicain : « ACAB, PALESTINE, FUCK ISRAEL, NIK LE RN, A bas l’état et les partis, Pays de fachos pays de la honte, FREE GAZA, BRULER TOUS, NFP, ANTIFA, Mort aux Faf, NIQUE BARDELLA, NIQUE LA BAC, HERE IS PALESTINE. »

Parfaite représentation de la République telle que la veut le Front Républicain ! Cette merveilleuse alliance, allant de Raphaël Arnault, qui au soir du 7 octobre fit l’éloge du Hamas, jusqu’à Emmanuel Macron, qui fit chasser Israël du salon Eurosatory et autorisa l’ambassadeur de France à l’ONU à rendre hommage au Boucher de Téhéran – en passant par Nicole Belloubet, qui voulut rétablir le délit de blasphème et condamner Mila, Nassira El Moaddem, qui qualifie la France de « pays de racistes dégénérés », Eric Dupond-Moretti, qui déclara que défendre Abdelkader Merah était « un honneur », et Rima Hassan, qui affirme que « Israël a des chiens entraînés pour violer des Palestiniens dans les centres de détention. »

Mais les arts visuels ne suffisent pas. Dès l’origine, cette allégorie sublime de la République idéale, réunissant dans ses bras aimants Jean-Luc Mélenchon (ancien du PS), Emmanuel Macron (ancien du PS) et Gabriel Attal (ancien du PS), sous la sage égide du Conseil Constitutionnel de Laurent Fabius (du PS) et l’œil vigilant de la Cour des Comptes de Pierre Moscovici (du PS), fut accompagnée de mélopées telles que : « Qui sème la haagrah récolte l’intifada » ou encore « Israël casse-toi, la Palestine n’est pas à toi ». S’y ajoute désormais un chant qui mérite de devenir l’hymne du Front Républicain, un chant d’audace, de non-conformisme, de révolte engagée, d’esprit de résistance, un chant qui restera la mise en mots et en musique ultime des Valeurs de la République, à l’évocation enchanteresse et salvifique desquelles quiconque n’est pas un populiste, complotiste, nostalgique du bruit des bottes du ventre toujours fécond des heures les plus sombres, ne peut que se mobiliser pour s’opposer aux hordes démoniaques du RN.

Un chant, disais-je, ou plutôt un immortel cantique, composé par vingt rappeurs et nommé : No Pasarán. Fulgurante créativité.

A lire aussi: Jordan Bardella: «Je suis l’enfant de la génération 2005-2015»

La presse (subventionnée) ne s’y est pas trompée : « Bourré de punchlines incisives » pour Le Parisien, « Une variété d’angles assez enthousiasmante » nous dit Libé« Incisif dans ses paroles » d’après France Info, « Pari risqué mais au moins tenté » aux yeux du Monde, et cette analyse des Inrocks « Si l’on a pu parfois reprocher au rap français son mutisme politique, ayant tendance à centrer dorénavant son propos sur la quête de fric, tout en l’émaillant d’insultes graveleuses et misogynes à souhait, il semble que la scène actuelle se soit ressaisie. »

Et avouons que ce ressaisissement est… saisissant. Jugez-en, lecteurs, à ce florilège de citations tirées de l’œuvre (pardon, de l’Œuvre) :

« Pour les p’tits frères on s’inquiète » sur fond d’images de la mort de Nahel.

« Ferme les frontières mais la dope remontera de Marbella. »

« Si les fachos passent, je vais sortir avec big calibre. »

« J’recharge le kalachnikov en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov », les gardiens du temple de tout ce qui est républicain (front, arc, champ, valeurs, printemps), qui voient des complots russes partout mais de l’ingérence qatarie nulle part, apprécieront à sa juste valeur cette référence de leurs nouveaux alliés…

« Nique l’imam Chalgoumi et ceux qui suivent le Sheitan à tout prix. »

« Marine et Marion les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut. »

« Espèce de franc-maçon tu te nourris du sang que tu consommes », sans doute un hommage (républicain, bien sûr) au grand maître du Grand Orient de France qui a écrit que « Tout doit être fait pour empêcher que l’extrême droite ne devienne majoritaire dimanche prochain à l’Assemblée nationale », et fait donc partie du même Front Républicain que les 20 rappeurs.

« Dans leurs ambassades c’est le sheytan qui les passionne » : référence religieuse normale, c’est de l’Église que l’État républicain du Front Républicain est séparé, pas de la mosquée (surtout quand cette mosquée banalise auprès des enfants les conversions forcées et la violence contre les apostats, mais bref).

« Normal que Sheythanyahou soit le blanc qui assure leur contact » avec la photo de Benyamin Netanyahou pour ceux qui n’auraient pas compris.

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« Les bavures tous ces policiers adorent ça. »

« Et mon cœur est en Palestine. »

« J’récite ma haine contre leur électorat » : le Front Républicain, c’est connu, lutte contre la haine sauf quand il s’agit de haïr les douze millions d’électeurs du RN, là c’est différent, parce que c’est pas pareil.

« Vive la Palestine de la Seine au Jourdain. »

« Sa mère faut pas qu’ils passent, y’a mon pote sous OQTF. »

Parmi les auteurs, on citera Alkpote qualifiant Laurent Ruquier de « monstruosité qui pue le sperme » et de « pute homosexuelle » et rappant « allons brûler les locaux de Charlie Hebdo »« j’encule les sionistes »« j’repense à Mostefaï et Coulibaly », ou Fianso « j’repasse avec le pompe devant la mezouza ». Mais ils sont engagés contre le RN, donc tout va bien, et puis vous n’avez pas les codes, il serait absurde de surinterpréter ce qui n’est que licence poétique, tout ça.

On me dira que je fais du mauvais esprit. Que ce clip de rap n’est qu’un clip de rap, qui n’engage que ses auteurs (et encore). Que tous ceux qui appellent à « faire barrage » n’en partagent pas forcément tout le message (même si… le fait qu’ils tentent tous de faire croire à leurs électeurs que la sauvegarde de la République impose de soutenir le parti de Rima Hassan, David Guiraud et Louis Boyard contre celui de Malika Sorel, Guillaume Bigot et Charles Prats en dit très long sur eux). Certes, certes.

Alors je vais être sérieux.

Le 7 octobre a été une abomination sans nom. Au cri de « Allah akbar », une horreur comparable aux sacrifices humains que les carthaginois offraient à Moloch. Le jour même, le Hamas en a diffusé les images. Le jour même, la surenchère dans le sadisme était évidente : ce groupe terroriste islamiste venait d’assassiner, de torturer, de violer des femmes et des hommes sous les yeux de leurs conjoints, des parents sous les yeux de leurs enfants, des enfants sous les yeux de leurs parents, encore et encore, avant de tous les enlever ou les massacrer. Et de s’en vanter à la face du monde.

Eh bien. Le Front Républicain contre le RN, c’est quand le président de la République et le Premier ministre font alliance avec un homme, Raphaël Arnault, qui le 7 octobre a écrit : « 75 ans de colonialisme, de racisme et d’attaques meurtrières de l’État israélien. À tout instant : solidarité avec le peuple palestinien. Aujourd’hui, la résistance palestinienne a lancé une offensive sans précédent sur l’État colonial d’Israël. Les représailles ne se sont pas fait attendre (….) Cette violence n’a qu’une seule racine : le projet colonial israélien. (etc) » Voilà ce qu’est le Front Républicain. Pensez-y, dimanche. Le 7 juillet, souvenez-vous du 7 octobre.

La France doit affronter son antisémitisme croissant

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Le témoignage poignant de Mme Sharren Haskel, membre de la Knesset en Israël, dont la grand-mère de 88 ans vient d’être victime d’une agression dans le Val-d’Oise. La vieille dame dit avoir été rouée de coups, et traitée de « sale juive », à Saint-Brice-sous-Forêt la semaine dernière. Une enquête a été ouverte par le parquet de Pontoise et des investigations sont en cours, rapporte Le Figaro.


Alors qu’une grand-mère de 88 ans gisait sur le sol froid de Saint-Brice en région parisienne, brutalement battue pour la simple raison qu’elle était juive, nous sommes rappelés à une sombre réalité. La France, pays renommé pour ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, échoue à protéger ses citoyens juifs. L’attaque violente contre ma grand-mère n’est pas un incident isolé mais fait partie d’une tendance omniprésente et croissante de violences antisémites qui a saisi le pays.

Après avoir quitté le Maroc, ma famille a trouvé refuge en France, espérant y trouver sécurité et acceptation. Depuis un certain temps, ma grand-mère, comme de nombreux autres juifs en France, a fait face à un harcèlement et une violence constants. Les rues, les métros et même les déplacements ordinaires à la Poste sont parfois devenus dangereux, marqués par des agressions, des crachats et des injures haineuses.

Cette agression continue découle d’un problème plus profond : la montée des idéologies islamistes radicales qui ont pris racine dans certaines parties de l’Europe, en particulier en France. Les gouvernements français successifs ont fermé les yeux sur cette menace croissante, échouant à protéger les communautés des attaques terroristes, de la violence quotidienne et du racisme systémique. Cette négligence a enhardi les groupes extrémistes, faisant de la France un point focal pour leurs agendas haineux.

Mon parcours personnel souligne cette triste réalité. À seulement neuf ans, je me suis retrouvée dans une bagarre à la gare de Sarcelles, défendant mon cousin d’une attaque. En tant que membre de la Knesset en Israël aujourd’hui, combattre l’antisémitisme n’est pas seulement un devoir ; c’est une mission née de l’expérience personnelle. En Israël, les enfants juifs sont à l’abri de la haine que j’ai rencontrée pour la première fois à Paris à l’âge de sept ans, lorsqu’un enfant m’a traité de « sale juive » et m’a craché dessus dans un terrain de jeu.

Le massacre du 7 octobre, marqué par une brutalité inimaginable, est un appel au réveil pour chaque citoyen français. Ces actes odieux font partie d’un agenda plus large de l’islamisme radical dirigé par l’Iran, visant la domination mondiale. Les images horribles du 7 octobre devraient servir de rappel frappant des conséquences lorsque de telles idéologies sont laissées sans contrôle.

Il est temps que les institutions juives françaises se fassent respecter et fassent respecter la population juive française. Il est temps d’exiger l’arrêt de la propagande anti-israélienne d’État – l’Agence France Presse et les médias publics français en tête – qui a nourri cet antisémitisme croissant. L’acte antisémite qui a frappé ma grand-mère a été dissimulé pour éviter de faire monter le Rassemblement national au moment des élections et faire le jeu du gouvernement actuel qui s’allie maintenant avec les pires antisémites de la LFI. Ce silence sur ces actes antisémites doit cesser.

La France doit reconnaître que bien qu’Israël soit en première ligne, la menace plane également sur l’Europe. L’histoire a montré que la violence antisémite précède souvent des troubles sociétaux plus larges. Les juifs sont fréquemment les premières cibles, mais ils ne sont jamais les derniers. Si la France ne peut pas protéger sa population juive, la communauté française au sens large est maintenant en danger.

Mon appel aux habitants de la France est sans équivoque : défendez la diversité, protégez les minorités et soyez ferme contre l’intolérance. L’avenir de votre nation dépend de votre capacité à maintenir ces valeurs. Si la France échoue à protéger ses citoyens juifs, elle échouera inévitablement à protéger sa propre identité et son intégrité.

Je vais exhorter ma grand-mère à nous rejoindre en Israël, pays dans lequel elle aurait dû venir depuis bien longtemps. Mais que ceci serve d’avertissement : lorsque les juifs seront partis, les Français autochtones seront les prochains à devoir partir ou se soumettre. La France doit agir de manière décisive, en veillant à ce que ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité ne soient pas seulement des mots, mais une réalité vécue pour tous ses citoyens, quelle que soit leur foi ou leur origine. Il est temps pour la France d’affronter son antisémitisme croissant avec la force et la détermination que son histoire et sa culture exigent.

Nicolas Conquer: l’union nationale «made in Normandy»

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Moustachu, trumpiste de choc, Franco-américain, proche d’Éric Ciotti, Nicolas Conquer se présente dans la 4e circonscription de la Manche. Dans le Cotentin, fief historique de la gauche et de Bernard Cazeneuve, il a déjà obtenu plus de 30% au premier tour. De quoi attiser la fébrilité et même la violence de ses adversaires. 


« Voir les sites de la bataille du 6 juin me fait toujours quelque chose, certains de mes ancêtres ont été parachutés pour participer à la liberation de la Normandie. C’est comme ça, certains parachutages apportent la liberté » développe, en « parachuté » assumé, le candidat RN-LR dans la 4e circonscription de la Manche Nicolas Conquer. Membre des LR, il fait partie des 62 candidats investis au bénéfice de l’accord entre le RN et les partisans d’Éric Ciotti.

« Républicain » de service sur nos chaînes info

C’est un habitué des grands médias, où ce responsable des Republicans Overseas (organisation rassemblant les citoyens américains membres du parti républicain et expatriés) et admirateur déclaré de Donald Trump, fait office de républicain de service lors des élections américaines. Son profil dénote un peu sur place. Trentenaire, cadre dans les cosmétiques, tignasse blonde… impossible de manquer sa moustache qui lui donne un air de sergent-chef pendant la guerre de Sécession !

A lire aussi, Vincent Coussedière: «Le RN a des candidats qui ne correspondent pas à la caricature qu’on en fait depuis des années»

Alors que son arrivée a fait grogner quelques cadres locaux du RN[1], ses liens avec le Cotentin où il se présente sont assez ténus : « J’ai pris pour un clin d’œil du destin qu’Alexis de Tocqueville, l’auteur de la Démocratie en Amérique, ait ses attaches dans la circonscription », assure-t-il. On pourrait aussi rappeler que Cherbourg, jadis port transatlantique, fut la dernière escale du Titanic… Malgré son petit côté Stone et Charden découvrant les vaches blanches et noires sur lesquelles tombent la pluie, Nicolas Conquer est vite revenu à des enjeux locaux. Dans cette circonscription, les angles d’attaque ne manquent pas. Le nucléaire : « C’est une filière d’excellence qui fait la fierté du territoire du Nord Cotentin. Mon adversaire fait des déclarations favorables au nucléaire sur place, mais à l’Assemblée ne vote pas en faveur de cette industrie ». Avec l’usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague, l’EPR de Flamanville et même l’Arsenal de Cherbourg, la 4e circonscription de la Manche est une des plus nucléarisées de France. Aussi, les élus socialistes doivent sans cesse se justifier des tiédeurs de leurs dirigeants nationaux sur le sujet, comme de leur alliance avec les écologistes et les Insoumis notoirement hostiles au nucléaire.

Cherbourg Orange mécanique

En expert des campagnes électorales à l’américaine, le candidat doit aujourd’hui mener la sienne. À la fois méthodique et enthousiaste, il mitraille, localise les bureaux de vote, occupe et quadrille le terrain : « On sent un véritable enthousiasme, une véritable adhésion. C’est très porteur pour la suite des évènements ». Un enthousiasme d’autant plus remarquable qu’il est assez neuf : Cherbourg était encore il  y a peu une terre de mission pour le RN. Dans l’ancien fief de Bernard Cazeneuve, l’investiture PS a longtemps été une garantie d’élection. Le socialisme cherbourgeois a toujours été hésitant, petit bourgeois à la Normande ; au diapason d’un emploi industriel atomique et militaire où les ouvriers d’Etat bien payés et qualifiés bénéficient d’un statut qui les met à l’abri de la mondialisation.

Au premier tour des législatives, Nicolas Conquer a réalisé une percée inattendue, se qualifiant pour le second tour avec 30% des voix contre 34.23% pour son adversaire socialiste, la députée sortante Anna Pic. Le politologue Christophe Boutin, résidant cherbourgeois, commentateur de la politique régionale et co-auteur des dictionnaires du conservatisme et du progressisme, analyse les résultats dans sa circonscription : « Anna Pic augmente ses voix mais passe de 13 300 à 20 000 voix. Ce n’est pas mal, mais ce n’est pas phénoménal. Elle a fait le plein de voix à gauche et ne bénéficie d’aucune réserve. Surtout, les droites progressent. Les LR passent de 4700 à 8000 voix. Et le RN gagne près de 10 000 voix, de 7 100 à 17 400 ». Comment l’expliquer ? « Il y a la vague nationale du RN qui touche Cherbourg. Plusieurs éléments locaux qui tiennent à des faits divers ont mis l’accent sur une immigration pourtant peu visible à Cherbourg. Les troubles que l’on a eu à Octeville ont pu jouer, notamment ». La mort du Sullivan Sauvey, jeune homme de 19 ans tué par le tir d’une policière, a déclenché des émeutes et dégradations dans une ville pourtant longtemps épargnée par l’insécurité ; lesquelles s’ajoutent à plusieurs coups de feu et bagarres au couteau dans le cœur de ville qui avaient été relevées par la presse locale ces derniers temps[2]. Il y eut aussi l’étrange meurtre de Jean Dussine, président de l’association humanitaire Itinérance Sud-Manche par un migrant afghan qu’il avait hébergé et qui a été déclaré depuis « irresponsable » évitant du même coup la médiatisation d’un procès[3]. Le viol barbare, l’été dernier, d’une jeune femme de 29 ans par un certain Oumar N’Niaye, 18 ans, avait horrifié la France et les résidents locaux.

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Si le candidat RN évite la surenchère, la crainte que Cherbourg s’enfonce dans l’insécurité ou ne devienne un point de fixage pour les migrants en direction pour l’Angleterre comme le sont devenues Calais ou Ouistreham donne de l’audience aux options sécuritaires de son parti.

« Madame Pic représente la nouvelle génération socialiste qui a succédé à la vieille garde issue du milieu syndical de l’Arsenal. Le système local n’a pas fait émerger de personnalité. Si l’on oublie Bernard Cazeneuve… aucune élite ne s’est imposée » ajoute M Boutin. Détachés du monde syndical et industriel, les nouveaux tenanciers du socialisme municipal ont un profil plus militant, idéologue, fonctionnaire et petits-bourgeois.

La campagne marquée par l’agression de M. Conquer

Aujourd’hui menacée, la gauche s’énerve. Les élus socialistes admonestent la droite locale qui refuse d’appeler au barrage. Le maire socialiste de Cherbourg-en-Cotentin ; Benoit Arrivé, qui a toujours entretenu un rapport délicat avec la rhétorique et la cordialité, lâche des phrases sentencieuses aux tournures emphatiques étranges. « Je combattrai jusqu’à mon dernier souffle les idées de Monsieur Conquer et de ses amis mais je condamne fermement cette agression », lâche-t-il dans un tweet acrimonieux qui visait pourtant à condamner l’agression dont a été victime M Conquer lundi.

Ce fut une scène soudaine et violente. À 19 heures, les terrasses place du théâtre de Cherbourg étaient remplies pour le match France-Belgique. Nicolas Conquer saluait ses militants après un tractage quand un groupe d’une dizaine de jeunes a bondi, jetant pierres et autres objets ramassés sur la chaussée aux cris de « Sales racistes… enculés ». Un mineur aurait été touché dans la bousculade. Le centre-ville, en perpétuels travaux de réfection, offre aux malandrins de quoi se fournir en pavés. Et il faudra attendre le milieu de la matinée le lendemain pour que ses adversaires condamnent l’agression. En attendant, une plainte a été déposée par le candidat. Signe de fébrilité et inquiétude du camp d’en face ? « L’agression de Nicolas Conquer est bien politique : elle est bien le fait non de militants réels mais de jeunes qui ont perdu leurs repères politiques » ; observe Christophe Boutin ; symptôme aussi d’un port Orange mécanique où la racaille, les marginaux et les désœuvrés du vaste monde ont pignon sur quai… Signe aussi que dans une ville où le vote RN a longtemps été un tabou, la libération de la parole devra braver quelques intimidations.

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[1] https://www.lamanchelibre.fr/actualite-1120701-cherbourg-en-cotentin-ils-ne-sont-finalement-pas-candidats-aux-legislatives-anticipees

[2] https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/mort-de-sulivan-j-ai-eu-la-peur-de-ma-vie-les-habitants-choques-par-les-violences-urbaines-cette-nuit-a-cherbourg-3463114

[3] https://www.causeur.fr/jean-dussine-tragedie-normandie-aide-aux-migrants-meurtre-177857

Avec Jankélévitch, sur les habits pas si nouveaux de l’antisémitisme

La haine a besoin de se nourrir d’un ennemi aussi faible ou peu nombreux que possible, qu’elle présentera pourtant comme redoutable. S’il se défend, il prouve de plus fort qu’il est détestable…


Il en est de certains préjugés, d’idéologies et de haines irrationnels comme d’infections récurrentes : on les croit disparus ou en voie d’extinction mais, progressant de façon plus ou moins souterraine, les voilà qui réapparaissent au grand jour. Traditionnellement plus florissant à droite et à l’extrême droite, l’antisémitisme n’est pas leur monopole, allant et venant à l’extrême gauche depuis le XIXème siècle[1]. Il n’a certes jamais été complètement éradiqué mais depuis la révélation du génocide nazi, on n’en faisait plus un drapeau – sauf dans des milieux d’extrême droite marginaux, chez quelques négationnistes aberrants ou à travers des préjugés diffus – et l’opinion le tenait généralement pour honteux.

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Cheminant sous le masque de l’antisionisme depuis les années soixante, de plus en plus exacerbé à partir de la guerre des six jours et les intifada[2], il resurgit sans complexe. Comme l’écrit A. Finkielkraut[3] : « Dès sa naissance, ou presque, le mot « sioniste » «échappe à ses promoteurs et poursuit deux carrières divergentes et cloisonnées, l’une dans la communauté juive, l’autre dans le discours antisémite. […] L’initiative qui aurait dû, en toute logique, désamorcer la propagande antijuive l’alimente, au contraire, et la rend plus furieuse »

Le phénomène n’est pas nouveau. Il y a déjà des décennies que, tandis que l’intelligentsia portait aux nues, par exemple, un Jean Genet non pas pour ses qualités de styliste mais pour sa personnalité et ses positions, en cherchant toutes sortes de justifications fumeuses à son antisémitisme et sa fascination pour le nazisme[4], Vladimir Jankélévitch écrivait : « Depuis ces années qui nous séparent de l’enfer, bien des choses ont changé […]. L’ « antisionisme » offre enfin à l’ensemble de nos concitoyens la possibilité d’être antisémite tout en restant démocrate. Quelle aubaine ! Ce plaisir-là ne sera plus un privilège réservé à la droite. […] je crois, entre nous, que les néo-antisémites sont un peu jaloux de nos persécutions, nos souffrances leur font un peu envie. […] Les Israéliens ont tort d’être victorieux, mais les juifs ont tort d’avoir été malheureux… » (Ces citations de Jankélévitch sont extraites du recueil L’imprescriptible, éditions du Seuil). On rapprochera ces textes brefs d’autres développements  de cet auteur dans : Le pardon et Le mal. Il y aurait d’ailleurs une étude à faire sur l’antisionisme de certains médias de gauche dès les années 70 et de l’antisémitisme sous-jacent.

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Les atrocités commises par les fanatiques du Hamas le 7 octobre 2023 auraient dû ouvrir les yeux des plus indifférents. Ce ne sont ni des crimes de guerre ni même des actes de terrorisme mais des actions génocidaires, qui, par leur nature, rappellent les monstruosités commises par les nazis et tendent à faire un exemple de néantisation de l’autre, comme – pour citer à nouveau Jankélévitch, « Auschwitz n’est pas une “atrocité de guerre” mais une œuvre de haine ». Mais les mauvaises habitudes reprennent vite le dessus, si bien que les victimes se trouvent accusées à leur tour pour avoir voulu se défendre (P.-A. Taguieff, « Aux origines du slogan : “Sionistes assassins !”, le mythe du meurtre rituel et le stéréotype du Juif sanguinaire », in Les Études du CRIF, no 20, mars 2011). La dialectique qui exonère le bourreau en le transformant en victime et fait de la victime un coupable est bien rôdée. Le slogan « De la mer au Jourdain » n’apparaît pas tellement comme l’expression d’une revendication territoriale mais exprime surtout la volonté d’éliminer les juifs qui habitent la Palestine ou, du moins, de les en chasser. Les opérations militaires israéliennes ne visent pas à détruire un peuple, une ethnie ou une race mais à mettre fin à un groupe armé qui menace l’existence non seulement d’un pays mais d’un peuple. Leur appliquer le terme de « génocide » est faux et honteux, puisque c’est faire de la victime, le bourreau. Comme le disait encore Jankélévitch, « l’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »

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Aujourd’hui, la parole antisémite s’est libérée : on ne craint plus d’afficher ce qui ne ressortit pas à des idées ou des convictions mais à la haine, raisonneuse certes, démonstrative, péremptoire surtout mais pas rationnelle. Elle a pignon sur rue : des groupes politiques en font un argument électoral à seule fin de dresser les hommes les uns contre les autres. L’antisémitisme se manifeste au jour le jour et dans tous les milieux : les parents juifs fuient des écoles et des quartiers pour assurer une scolarité paisible à leurs enfants ; on défenestre une vieille femme, parce qu’elle est juive ; on assassine clients et employés d’un supermarché casher ; on massacre des enfants juifs dans une école à Toulouse ; on viole une enfant de douze ans… On assigne même des non-juifs à ce statut au prétexte d’un métier, d’un prénom, d’un visage pour assouvir ce besoin de détester. L’humanité s’assoupit ou s’efface dans l’homme, qui ne réagit plus vraiment à de tels « détails »… L’antisémitisme refuse son humanité à l’autre, l’objective, le réduisant à une chose néfaste, à utiliser éventuellement comme un instrument et surtout à éliminer. Le mal est à l’œuvre. La haine a besoin de se nourrir d’un ennemi aussi faible ou peu nombreux que possible, qu’elle présentera pourtant comme redoutable. S’il se défend, il prouve de plus fort qu’il est détestable.

Dans un autre contexte, Jankélévitch concluait sa belle réflexion sur le pardon en ces termes[5] : « […] où la grâce surabonde, le mal surabonde à l’envi, et submerge cette surabondance elle-même, de par une infinie et mystérieuse surenchère. Le mystère de l’irréductible et inconcevable méchanceté est à la fois plus fort et plus faible, plus faible et plus fort que l’amour ».

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[1] cf : M. Dreyfus, L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours, éd. de La Découverte, 2011

[2] M. Dreyfus, précité, chap. 9 ; A. Lacroix, Le socialisme des imbéciles. Quand l’antisémitisme redevient de gauche, éd. La Table Ronde 2005 ; P.-A. Taguieff, La Nouvelle Judéophobie, éd. Mille et une nuits, 2002

[3] Le juif imaginaire, éd. du Seuil 1980

[4] I. Jablonka, Les vérités inavouables de Jean Genet, éditions du Seuil. A comparer avec : J.-P. Sartre, Jean Genet, comédien et martyr, éditions Gallimard « Tel »

[5] Le Pardon 1967, éd. Aubier-Montaigne

Premier tour des élections législatives: le chant du cygne du moment macroniste

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Jusqu’où le RN peut-il monter ? La question inquiète les sortants au point que des rumeurs de tractations secrètes circulent concernant une éventuelle et inédite coalition. Au lendemain du premier tour, Emmanuel Macron n’est même pas parvenu à imposer une position claire sur la question des désistements à son propre camp. Analyses.


En dépit d’une résistance partielle en nombre de voix, nous avons assisté à l’écrasement du bloc présidentiel qui a été pris entre l’impitoyable marteau de la droite incarnée par le Rassemblement national et l’enclume de la gauche. Confus et déconnecté, le macronisme finit recroquevillé sur ses bases les plus réduites, concentré dans la France du granite chère au politologue André Siegfried. Cette dissolution précipitée voulue par Emmanuel Macron aura réduit son action à un septennat, forme de retour à la normale historique de la Vème République, car le président ne peut plus l’emporter. Tout juste peut-il encore essayer d’empêcher son adversaire du Rassemblement national d’obtenir une majorité absolue, qui, si elle ne lui est pas encore acquise, lui tend plus que jamais les bras… Les enseignements d’un scrutin historique.

Le Rassemblement National et la gauche LFIsée : les seuls à avoir encore des baronnies locales

Dans un contexte de polarisation de la vie politique, le scrutin majoritaire à deux tours favorise les offres politiques les plus marquées au premier tour. On a pu le constater avec les élections de 38 députés du Rassemblement national le 30 juin au soir, parmi lesquels se trouvaient de nombreux cadres connus du parti bénéficiant de la mention « vus à la télé ». Citons notamment des personnalités médiatiques comme Marine Le Pen elle-même, Sébastien Chenu, Laure Lavalette ou encore Julien Odoul. Le Rassemblement national dispose désormais d’une série de fiefs d’où il est indéboulonnable. Majoritairement situés dans le nord, le nord-est et le sud-est du pays, ils sont aussi présents en Gironde avec Edwige Diaz, en Occitanie avec Nicolas Meizonnet ou Aurélien Lopez-Liguori. Ces baronnies sont autant de points d’ancrage et de progression pour la formation menée par Jordan Bardella, irradiant sur les territoires limitrophes.

Une même réflexion peut être formulée à l’égard de La France Insoumise qui dispose de circonscriptions extrêmement fidèles, quasiment toutes comprises dans les banlieues parisiennes dites « rouges ». Les cadors de La France Insoumise, proches de Jean-Luc Mélenchon, ont pour la plupart déjà validé leur ticket pour le Palais Bourbon, à l’image de Sébastien Delogu, Clémence Guetté, Danièle Obono, Carlos Bilongo ou Bastien Lachaud. Ce fut bien plus difficile pour les sbires candidats à leur réélection dans des circonscriptions rurales ou périurbaines. Une personnalité importante telle que celle de Fabien Roussel, actuel dirigeant du Parti communiste, en a fait les frais. Gagnant in extremis en 2022 dans une circonscription du Nord qui place Le Pen en tête à tous les scrutins nationaux depuis 2012, le communiste a été sèchement éliminé dès le premier tour par Guillaume Florquin du Rassemblement national. Dans une enquête publiée par Libération[1], le témoignage d’un habitant indique bien ce qui a présidé au choix des électeurs de la 20ème circonscription du Nord : « J’aurais bien voté Roussel, c’est communiste depuis 60 ans ici. Mais je n’aime pas les gens de LFI quand ils parlent, ils sont agressifs et vulgaires, à la limite du manque d’éducation ».

Dans la première circonscription de la Somme, François Ruffin a pareillement fait les frais de la stratégie communautariste et agressive de La France Insoumise. En ballotage défavorable derrière Nathalie Ribeiro-Billet, le porte-parole de Picardie Debout est une de ces victimes collatérales de la fuite en avant mélenchoniste qui continue de profiter au Rassemblement national, bien installé dans les anciennes circonscriptions ouvrières de la gauche en rassemblant d’anciens électeurs de la gauche modérée, du Parti communiste, mais aussi du centre et de la droite. Un tour de force qui a commencé entre 2007 et 2012 et qui atteint aujourd’hui son plein potentiel, dans le nord comme dans certains départements du sud (Hérault, Gard et Vaucluse).

Des revers de fortune du scrutin majoritaire à deux tours : un « front républicain » inefficace et anachronique ?

Longtemps cruel pour le Rassemblement national, le scrutin majoritaire à deux tours pourrait devenir son principal atout. En 2022, déjà, le parti de Marine Le Pen avait surpris en faisant élire 88 députés sous ses couleurs, bénéficiant notamment d’importants reports de voix des électeurs centristes dans les duels l’opposant à des candidats de LFI, mais aussi du découragement d’une partie des électeurs de gauche quand il leur était sommé de voter pour des candidats sortants de la majorité honnie. Cette énorme progression avait d’ailleurs empêché Emmanuel Macron d’obtenir une majorité absolue, conduisant deux ans plus tard à la situation que nous connaissons présentement. Avec la participation en hausse, le Rassemblement national est passé de 4.248.626 voix en 2022 au premier tour des élections législatives à 10.628.312 voix – en incluant les candidats présentés par Éric Ciotti – en 2024. En regardant dans le détail des circonscriptions, il n’est pas rare de trouver des candidats qui ont littéralement triplé leur score de 2022, passant par exemple de 7 000 électeurs en leur faveur à 21 000 dès le premier tour. C’est une performance colossale qui indique la mobilisation fervente des électeurs de ce bloc, mais aussi l’arrivée d’anciens abstentionnistes et d’électeurs du centre et de la droite. Le Rassemblement national est donc un vote porteur d’espoir pour un tiers du corps électoral, considérant par ailleurs qu’il a encore des réserves puisque Marine Le Pen avait enregistré plus de 13 millions de voix au deuxième tour de l’élection présidentielle 2022.

De l’autre côté, la gauche a aussi progressé du fait de la participation accrue. Elle passe ainsi de 5.826.202 suffrages exprimés à 8.974.463 sous son incarnation actuelle du Nouveau Front Populaire, et ce en dépit d’immenses dissensions qu’elle exhibe constamment au public depuis trois semaines.

Emmanuel Macron à Paris, le 20 juin 2024. © Dylan Martinez/AP/SIPA

Quant à la majorité dite présidentielle, elle « gagne » quelques électeurs, ou disons plutôt qu’elle en perd moins que prévu avec une participation en hausse, puisqu’elle compte 6.425.525 voix contre 5.857.561 en  2022. Dominé par la gauche, le bloc présidentiel se retrouve donc en fâcheuse posture dans de nombreuses circonscriptions, régulièrement troisième des triangulaires avec le Rassemblement national en tête et le Nouveau Front Populaire en seconde position – par ailleurs souvent représenté par un candidat insoumis, ce qui complexifie encore grandement leur tâche.

Reste que le « danger » de la situation, qui voit le Rassemblement national très près d’obtenir une majorité absolue, a fait réviser les plans d’un camp présidentiel écrasé dans un étau. Ainsi, la doctrine du « ni-ni » qui aurait très sûrement prévalu avec un bloc de droite moins puissant est désormais remplacée par une stratégie de désistement généralisée afin de diminuer le futur contingent de députés du Rassemblement national. Quasiment tous les candidats du bloc présidentiel arrivés en troisième position se désisteront si le Rassemblement national est en mesure de gagner, sans même un regard pour l’identité et les idées des candidats du Rassemblement national auxquels la gauche sera confrontée. Il faut bien dire qu’Emmanuel Macron avait très mal calculé son coup. Il est fort à parier que lui et ses conseillers ont jugé que la gauche partirait désunie sans La France Insoumise avant de dissoudre, ce qui aurait mécaniquement augmenté le nombre de ballotages favorables au camp présidentiel qui avait en 2022 plus de chances de l’emporter contre le Rassemblement national que n’en avait la gauche. Dans des départements comme l’Isère, par exemple, on constate que la majorité augmente en voix par rapport à 2022 (bien moins que le RN qui dans ce type de circonscriptions double ou triple) et se retrouve troisième de peu derrière la gauche, avec souvent des Républicains à 6 ou 7 points. En fait, le pari d’Emmanuel Macron aurait pu réussir si le NFP n’avait pas été jusqu’à La France Insoumise et s’il avait mieux négocié son coup avec Gérard Larcher. Le niveau d’impréparation des « stratèges » élyséens est, à dire vrai, assez comique.

Car, rien n’indique que leurs électeurs se reporteront sur la gauche dans le cadre de duels avec le Rassemblement national. Au contraire, dans certains territoires où le centre est sociologiquement de droite, le rejet d’une gauche extrémiste qui a, selon les propres mots des proches du président de la République, « bordélisé » la France durant deux ans, est immense. Comment expliquer à un électeur lambda du centre que Madame Laure Lavalette est plus « dangereuse » pour ses intérêts bien pensés que Monsieur Louis Boyard ? C’est totalement absurde. Si à gauche, les électeurs suivent généralement les consignes, en dehors d’une partie de l’électorat insoumis et trotskiste qui en toute logique marxiste ou complotiste ne fera pas de différences entre les partis soumis selon eux à la « bourgeoisie », les électeurs dépolitisés de l’astre mort macroniste n’auront sûrement pas ce type de préventions dans toutes les circonscriptions qui n’ont pas une culture politique foncièrement hostile au parti de Jordan Bardella.

Et ce d’autant plus que le facteur local a très peu joué dans ce scrutin du 30 juin. Les électeurs s’étant en moyenne déterminé à 75 % selon des critères de politique nationale, comme l’indique un sondage Harris. De quoi mettre en danger d’éminentes personnalités politiques comme Charles de Courson, Laurent Wauquiez ou Emmanuelle Ménard.

Le Rassemblement national aura-t-il une majorité absolue ?

« Aucune voix ne doit aller au Rassemblement National ! », a indiqué Loïc Signor, ancien journaliste de CNews et candidat malheureux aux législatives face à Louis Boyard, dans une vidéo. Est-ce là le fond d’une pensée ou un mouvement tactique ? Possiblement les deux. Mais surtout de la tactique. Le macronisme joue ici sa survie politique. Tous aux abris est en réalité le maître-mot, et quoi de mieux que d’agiter une menace fasciste théâtrale pour sauver quelques dizaines de sièges capitaux pour ne pas perdre la main sur Matignon, quitte à défaire les promesses d’hier et les accusations formulées contre La France Insoumise ? Ce n’est donc pas que la « peur » qui aura motivé 208 candidats (127 du NFP et 75 d’Ensemble) à se désister, mais bien l’idée qu’il ne faut pas donner les clés du pouvoir à l’union de la droite menée par le Rassemblement national, de peur qu’il ne les rende pas…

L’outrance est telle que des rappeurs ont diffusé un morceau dévoilant leur fond de pensée où, entre hommages appuyés à Kadyrov et Poutine, dénonciation des « Francs-maçons » derrière le Rassemblement national, et autres insultes lancées à Marine Le Pen, ils appellent au « barrage » contre les « racistes ». Comment des gens du centre droit et même de la gauche modérée, parfois appartenant à des loges du reste, font-ils pour assumer sans suer pareils soutiens conspirationnistes et rétrogrades ? Se rendent-ils compte qu’ils représentent les véritables idées des électeurs qui ont fait élire au premier tour quelqu’un comme Monsieur Delogu ? Quand on dîne avec le diable, il faut se munir d’une longue cuillère. La France Insoumise sera pour très longtemps le boulet du camp qui se prétend celui de la « raison », effrayant à juste titre les honnêtes gens. Même ceux qui sont peu enclins au soutien envers le Rassemblement national feront un choix, et le plus souvent au détriment de cette gauche extrême.

Il s’agit, concernant le centre, d’une vision à très courte vue. De fait, il n’est absolument pas garanti que les électeurs suivent ces injonctions qui les agacent de plus en plus fortement. Ensuite, si tant est que la manœuvre fonctionne, en dépit de son caractère outrancier, il est aussi possible qu’elle ne fasse que courroucer encore plus fortement les Français à long terme. Les électeurs du Rassemblement national auront la légitime impression d’avoir été bernés et pourront considérer que leur vote leur aura été confisqué. Cela aura pour conséquence de renforcer leur détermination mais aussi peut-être demain de leur agréger de nouveaux électeurs sortis de l’abstention, surtout si le gouvernement issu de ce « Front populaire » improvisé et plus opportuniste que jamais se désagrège rapidement du fait de ses contradictions internes et n’agit pas sur les problèmes qu’a relevés la formation de Jordan Bardella. Puisqu’il sera sûrement de centre-gauche, dans une telle hypothèse, il y a fort à parier que ce soit le cas. En outre, les électeurs les plus sensiblement politisés du centre et de la gauche pourraient être dégoûtés et eux-mêmes finir par plonger dans l’abstention de longue durée. La suite au prochain épisode ! On peut en tout cas d’ores et déjà tirer notre chapeau à Emmanuel Macron.


[1] https://www.liberation.fr/politique/a-saint-amand-les-eaux-fabien-roussel-et-le-dernier-bastion-communiste-du-nord-emportes-par-la-vague-du-rn-20240701_FD22ZESKMBHHLI2NIHNNLYNUVI/

Tous fous à lier… sauf le peuple!

Que de fous à lier, aux côtés de cette multitude qui probablement va demeurer indifférente à tous ces désistements contre-nature…


Mon titre n’est pas si provocateur que cela. Il me semble résumer le sentiment qu’on éprouve d’une apocalypse tellement évoquée et fantasmée qu’elle paraît désirée. Comme si la France, au niveau de ses élites de toutes sortes qui se sont accordées le droit, notamment à notre place, de penser, de parler, d’écrire, de choisir et d’exclure, avait besoin d’une effervescence délirante conjuguant des périls en chambre avec des résistances en toc. Quand je fais référence au peuple, je songe à tous les citoyens de droite, de gauche, d’extrême gauche et d’extrême droite qui se sont contentés de voter le 30 juin en attendant le 7 juillet, en prenant une parole dont ils ont fait l’usage que leur liberté et leurs convictions leur dictaient. Ce peuple divers, contrasté, riche de son pluralisme démocratique, est à respecter quelles qu’aient été ses choix et ses options. Pour lui, la République n’a pas été un mot creux à force d’être ressassé mais une pratique, une exigence. Mais que de fous à lier aux côtés de cette multitude qui probablement va demeurer heureusement indifférente aux injonctions politiques, sportives, artistiques, présidentielles, gouvernementales, universitaires, judiciaires, culturelles ou médiatiques ! À ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second.

Directeurs de conscience autoproclamés

Je découvre dans cette France qui prescrit comme si elle se croyait vraiment d’en haut davantage qu’un grain de folie mais des comportements et des positions tellement absurdes, des extravagances et des partialités assumées avec tant de bonne conscience qu’ils contraignent à réfléchir sur l’état mental de tous ces directeurs de conscience autoproclamés, de cette minorité prenant ses préjugés et ses opinions pour des vérités révélées.

La psychologie me semble être la clé essentielle, aujourd’hui, et depuis quelques années, pour comprendre la politique et le pouvoir. C’est un bonheur intellectuel pour moi qui ai toujours considéré que derrière l’apparence des conduites et des décisions rationnelles et objectives, il y avait l’humus des caractères et la subjectivité souvent débridée et perturbée des personnalités.

A lire aussi, du même auteur: La Macronie: sauver sa vie ou être digne

On ne peut en douter quand on lit le remarquable numéro du Point consacré à « ce que les psys disent d’eux » et notamment à une analyse fouillée et pluraliste d’Emmanuel Macron et de son tempérament sous le titre de « Macron, président sans limites »[1]. Si la perception des psychologues et des psychiatres offre plusieurs pistes, elle révèle cependant, pour rester convenable, des anomalies, des déséquilibres et des blessures qui ne sont pas loin d’expliquer ses coups de dés erratiques et une étrange et solitaire manière de présider. Il est impossible d’appréhender Emmanuel Macron sans rechercher l’influence de ses obscurités et le poids de son histoire personnelle.

Tous ensemble, ouais !

Qui peut contester le fait qu’une approche similaire serait nécessaire pour Jean-Luc Mélenchon et que derrière la foudre et la violence de cette personnalité brillante et vindicative, se glisse un récit d’offenses intimes et de frustrations personnelles ?

La particularité du climat exacerbé et désordonné de ces dernières semaines est qu’il paraît avoir fait perdre leur boussole à des citoyens connus et médiatisés ainsi qu’à des institutions saisies par la débauche d’un engagement partisan. Les grandes écoles et les universités se dévergondent en appelant à voter contre le RN. Comme si c’était leur rôle. Des syndicats de professeurs tremblent et nous alertent sur un péril que nous ne serions pas assez adultes pour deviner tout seuls. Des footballeurs et des sportifs se piquent de monter au front contre le RN et ils ne se questionnent pas une seconde sur leur prétendue légitimité non pas à penser pour eux-mêmes mais à se croire suffisamment pertinents et lucides pour oser nous enjoindre de voter comme eux. Des rappeurs s’imaginent en pleine guerre d’Espagne et nous assènent un « No pasaran » grotesque, feignant de craindre un bouleversement révolutionnaire alors qu’il ne s’agira, dans tous les cas, que d’un changement inédit, peut-être radical mais démocratique. Les paroles de cet immonde morceau sont haineuses, insultantes, complotistes, sexistes et menacent de mort Jordan Bardella. Qu’on ne nous oppose pas qu’il s’agit de propos au figuré quand ils ne sont que trop plausibles dans la tête de ceux qui les crachent.

Des journalistes de 20 minutes – j’en suis resté stupéfié – ont exigé que cette publication cesse de traiter avec objectivité et impartialité le RN mais s’engage contre lui. Je ne parle pas des tribunes, des collectifs, des groupuscules, des cénacles inconnus mais ne gagnant pas à être connus, des associations et des clans militants se ruant dans l’espace médiatique pour exprimer – c’est original ! – leur hostilité à l’encontre du RN. Je n’aurai garde d’oublier les artistes qui ont toujours estimé qu’ils étaient programmés pour n’être pas seulement sur la scène ou sur les écrans mais dans nos têtes trop futiles pour comprendre.

À considérer l’ensemble de ces folies à lier – ces minorités sortant de leur rôle et nous dictant avec arrogance notre conduite civique -, on ne peut qu’être effrayé par une démocratie qui se délite et demeure pourtant, dans ses hautes sphères, fière d’elle. Des millions d’électeurs par ce matraquage hémiplégique sont rejetés dans les coulisses de la République. Tous ces citoyens auxquels j’ai rendu hommage vont voter le 7 juillet et je parie qu’ils feront comme bon leur semble et ce sera tant mieux. Pour la France.


[1] https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-macron-sur-le-divan-qu-en-disent-les-psys-et-ses-proches-27-06-2024-2564106_20.php

Taxe sur la fast fashion, le streaming musical et les livres d’occasion: une dissolution qui a du bon?

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© Jonathan Raa/Sipa USA/SIPA

Personne n’aime les impôts, à part peut-être les fonctionnaires publics, mais que dire des nouveaux impôts punitifs imaginés par nos gouvernants ? Dans leurs cartons, une taxe sur les livres d’occasion, le streaming musical ou encore la « fast fashion ». Censés entraver l’essor de plateformes étrangères (Amazon, Spotify, Shein, etc.), ces taxes ont surtout pour effet d’entrainer une augmentation des prix, tout en se révélant nocives pour l’environnement. Et si la nouvelle Assemblée avait le bon goût d’enterrer ces projets?


Le premier économiste à avoir inventé un impôt punitif est un Anglais, Arthur Cecil Pigou. Professeur de l’école d’économie de l’Université de Cambridge, Pigou s’intéresse à l’économie du « bien-être » et aux effets que peut en tirer la société. En 1920, dans une étude restée célèbre, The Economics of Welfare, il développe le concept d’« externalité », qui décrit l’effet indirect, positif ou non, d’une transaction privée ou d’une législation, comme la qualité de l’air ou de l’eau polluée par une usine. Pigou a une idée pour ces externalités négatives : les soumettre à un impôt. Dans l’histoire de l’économie, il porte le nom d’impôt Pigouvien.

Impôts et taxes : une passion française

Celui-ci enchante les socialistes français quand ils arrivent au pouvoir, en 1981. Sous le règne de François Mitterrand est conçu le premier impôt Pigouvien super turbo, l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune. Jamais, pourtant, il n’avait été prévu que l’impôt devienne « une punition » pour les riches, pas davantage pour les gros mangeurs, les buveurs de sodas sucrés, les fumeurs ou les conducteurs de véhicules diesel. L’usage punitif de la taxation est une dérive aussi condamnable que dangereuse. Taxer les paquets de cigarettes car elles nuisent à la santé, ou le diesel car il pollue l’atmosphère, sont deux exemples qui ont entraîné, le premier un marché noir du tabac, le second la révolte des gilets jaunes. 

Dérives punitives

Mais le refus d’admettre cette vérité continue à régner sur les esprits de nos élites bureaucratiques. Au prétexte de freiner le déferlement d’acteurs étrangers surpuissants, le législateur a imaginé une série de nouvelles taxes qui devraient surtout avoir pour effet de grever davantage encore le budget des ménages. Il souhaite ainsi s’attaquer aux vêtements bon marché qu’achètent en ligne les ménages les plus modestes : un malus de 50% pourrait être imposé, dans la limite de 10 euros par article, sur les ventes des entreprises de la « fast fashion » qui produisent à bas prix des modèles fabriqués à un rythme accéléré. Objectif assumé : infléchir les ventes des géants du prêt à porter que sont Shein et Temu en France.

Mauvais calculs

Si chacun conviendra qu’il est important de réduire l’impact d’un secteur responsable, à lui seul, de 10% des émissions globales, la méthode qui consiste à matraquer les classes populaires est-elle la bonne ? Le précédent gilets jaunes n’a-t-il pas vacciné nos caciques ? Surtout, s’en prendre simultanément à Temu et Shein participe d’une méconnaissance des modèles de ces deux sociétés. Si la première produit énormément dans l’espoir d’écouler un maximum d’articles, elle génère de fait des quantités colossales d’invendus, qui seront envoyés au pilon et donc gaspillés, entrainant une pollution évitable.

Shein pour sa part ne produit que de petites salves d’articles pour en tester l’accueil, puis, s’ils s’écoulent, en réinjecte la bonne quantité sur le marché pour répondre à la demande. Un modèle à la demande de rupture sur un marché où la logique de l’offre a longtemps dominé qui, s’il n’est pas exempt de défauts, permet en tout cas de réduire à la portion congrue les invendus, et donc les émissions. En réalité, ce n’est pas d’une taxe sur la « fast fashion » dont le secteur a besoin, la rapidité de production ou de livraison des vêtements ne constituant pas le cœur du problème, mais d’une taxe sur la mode peu scurpuleuse, indifférente à son impact sur l’environnement.

Il en va de même pour le livre d’occasion, un marché de 350 millions d’euros, en croissance depuis plusieurs années, soudain dans le collimateur d’Emmanuel Macron qui a annoncé en avril une taxe à la vente de 3%. On se demande pourquoi. Voilà un secteur dynamique et des revendeurs indépendants « punis » sans raison. Ces derniers ne font aucune concurrence déloyale aux libraires, ils écoulent surtout sur le marché les invendus des éditeurs. Coïncidence ? Un sondage Ipsos du 12 avril annonçait que le décrochage de la lecture chez les 15 -25 ans s’accentue.

Le marché du livre d’occasion, en valorisant la seconde main, permet en outre de limiter l’impact du secteur de l’édition qui, de l’aveu même du CNL, « possède une empreinte environnementale forte ». Tant qu’on y est, pourquoi ne pas taxer également les vêtements de seconde main, histoire d’alimenter davantage encore le problème que l’on prétend combattre ? Idem pour le streaming musical, plébiscité car pratique et économique, et qui a l’avantage de moins polluer que les formats analogiques. Si une microtaxe risque de détourner les plus jeunes et les classes populaires de la musique, les Français aisés s’en acquitteront sans problème, et auront même le loisir de s’en remettre aux CDs et vinyls. En définitive, ces taxes punitives, en plus de frapper durement les pauvres, s’avèrent délétères pour l’environnement. L’occasion est belle de les dissoudre elles-aussi.

Portrait d’un journaliste aux abois

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Régie de LCI, 2012 © IBO/SIPA

Dans les rédactions, conscient que beaucoup trop de téléspectateurs ou d’auditeurs ont voté RN, et qu’il ne peut pas indéfiniment leur cracher au visage, l’éditorialiste politique type désespère de ne pas voir advenir un « front républicain » plus franc, comme d’habitude…


Il était déjà journaliste sur une grande chaîne du service public quand Jordan Bardella adhérait au Front national. C’était en 2012. Il orchestrait alors une campagne médiatique féroce contre le Nicolas Sarkozy de Patrick Buisson, celui qui faisait l’éloge de la nation. Il avait pointé publiquement, dans un édito demeuré célèbre, les similitudes inquiétantes entre son discours et celui de l’extrême-droite ; puis, il avait interrogé des historiens, des politologues et des analystes, d’une neutralité d’acier, qui tous avaient diagnostiqué chez le président-candidat une poussée de pétainisme, maladie habituelle des courses électorales ; enfin, il s’était demandé si ce candidat était toujours dans le champ républicain. Il avait conclu sa chronique par une question ouverte aux auditeurs, posée d’une voix grave et théâtrale : fallait-il interdire à cet homme de se présenter à l’élection présidentielle ?

Quelle époque !… François Hollande avait triomphé. En cinq ans, l’insécurité avait explosé ; l’immigration était devenue incontrôlable ; le peuple se divisait, la dette s’envolait, l’école s’effondrait. Mais lui vivait sur un nuage doré… Tantôt à la télé, tantôt à la radio, il prêchait la moraline, applaudissant aux grandes décisions d’un chef de l’État qui avait depuis longtemps abandonné le socialisme pour le sociétal, conspuant sans relâche, avec la meute, la « droite », et surtout « l’extrême-droite » qui montait dangereusement — mais toujours dans le strict respect de la neutralité du service public.

L’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron avait été la première ombre portée à son existence radieuse. Il s’en était vite accommodé, cependant ; car ce bon bourgeois fort bien engoncé dans un monde à son image, dont la vie paraissait devoir s’écouler jusqu’à son terme dans une sécurité relative, trouvait la social-démocratie merveilleuse. Jusqu’alors le système, par une complexité d’horloge, s’était maintenu grâce à l’illusion démocratique de l’alternance ; les mêmes élites parvenaient au pouvoir ; et lorsque leurs faux débats entraînaient une division trop importante favorable aux extrêmes, — comme en 2002 —, ils instituaient entre eux le « cordon sanitaire », et au nom de la démocratie, protégeaient ainsi leurs privilèges : cela s’appelait le théâtre antifasciste (L. Jospin). Seulement, ce théâtre, pour fonctionner, devait demeurer caché ; c’était comme un tour de magie dont il ne fallait pas dévoiler les ficelles ; aussi notre brave journaliste en voulait-il à Macron d’avoir levé le rideau sur la grande arnaque : c’était ouvrir la porte aux oppositions véritables !

A lire aussi, Gilles-William Goldnadel: Un jour dans « Le Monde »

Depuis 2017, en vérité, son moral était en berne. Lui qui pensait d’ordinaire par manichéisme — les résistants et les collabos, la gauche humaniste et la droite autoritaire, la République et le fascisme —, ne savait plus comment résoudre ce paradoxe, que la démocratie qu’il adulait (c’est-à-dire le vote majoritaire) menait le Rassemblement national « aux portes du pouvoir ». Démocrate, il commençait à douter de la démocratie ; et en même temps qu’il appelait furieusement à l’interdiction de ce parti qu’il jugeait contraire aux « valeurs républicaines » (sans trop savoir pourquoi, ni à quoi correspondaient ces valeurs), il se demandait si le peuple était si sage… Fallait-il vraiment accorder le droit de vote à la France périphérique ? Au fond, il n’était pas contre un permis de voter distribué aux habitants des centres villes, — propriétaires d’une trottinette électrique.

Il aimait rappeler à ses invités les propos polémiques de Jean-Marie Le Pen, et le petit frisson qu’il sentait courir dans son dos, à chaque fois qu’il les réécoutait ; mais il le faisait avec moins de conviction qu’avant, reconnaissant bien que l’argument fonctionnait mal… même ses auditeurs de gauche n’y croyaient plus !

Parfois le soir, seul dans son lit, les heures de grande angoisse, il pensait que la dédiabolisation du Rassemblement national n’était peut-être pas un mythe, et même que ce parti disait des choses vraies… Il frémissait ! Le lendemain, comme pour se racheter, il relayait frénétiquement les poncifs les plus éculés, rappelant l’origine de ses fondateurs, l’accusant pêle-mêle de racisme et de transphobie, d’antisémitisme et d’alliance avec la Russie : no pasarán ! Évidemment, il ne connaissait ni Holeindre, ni Déat, ni Doriot ; ou du moins, il ne voulait pas trop les connaître : la neutralité du service public a ses limites.

Ces derniers temps, il est triste. La dissolution l’inquiète, il ne comprend pas son président, il a peur pour sa place. Il contemple avec horreur le RN parvenir en voie finale de normalisation, il se sent dépassé par la jeunesse qui se polarise. Où sont passés les humanistes et les démocrates ? Même la gauche parfois le terrifie — et lui qui croyait que l’antisémitisme était d’extrême-droite !… Il sent bien que sa voix tremblotte à la radio ; il perd ses auditeurs : même ceux de gauche, qui l’accusent de complaisance avec le camp du « libéralisme autoritaire ». À force d’opposer les mêmes reproches à ses invités, sur la binationalité, sur le voile, d’entendre les mêmes réponses, il se fatigue lui-même ; ses prêches, qu’il répète comme un mantra, ne convainquent plus personne… et il se désespère, jour après jour, de ne pas voir advenir le front républicain habituel, celui qu’il avait toujours connu… Serait-ce le retour prochain des heures les plus sombres de notre histoire ? Ah ! Comme il regrette le temps de François Hollande !

Entrons en économie de guerre

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Un drône exposé sur le stand du ministère des Armées, lors du salon Eurosatory, Villepinte, 17 juin 2024 © Tom Nicholson/Shutterstock/SIPA

Le passage à l’économie de guerre n’est pas qu’un effort demandé à nos compatriotes mais une opportunité stratégique pour notre pays. Il s’agit de bâtir un nouveau modèle industriel cohérent avec la volonté de retrouver une place centrale dans le concert des nations.


Depuis le retour du tragique sur notre continent, les capitales européennes tentent de tourner la page des deux grandes erreurs commises depuis la chute du Mur de Berlin : la démilitarisation et la désindustrialisation. À contrecourant des choix effectués depuis 1991, le thème du passage à une économie de guerre est devenu récurrent sur le plan médiatique et politique. Seulement, pour passer à une économie de guerre, nous avons besoin d’une industrie productive, ce qui ne se décrète pas. Un activisme fort et un cap clair sont nécessaires pour soutenir notre économie en ruine et l’effort de guerre ukrainien.

Besoin stratégique et économique

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie tourne en faveur de Vladimir Poutine. Sans aide occidentale supplémentaire, l’Ukraine se dirige vers une défaite cuisante malgré l’héroïsme de ses soldats. Depuis le début de la guerre, seuls les États-Unis ont été capables de lui fournir les armes nécessaires. Cependant, le dernier paquet d’aide de 61 milliards de dollars adopté en avril devrait être le dernier accordé par Washington avant janvier 2025. Et actuellement, les Européens ne peuvent se substituer à l’aide américaine. La seule solution pour soutenir l’Ukraine serait que nous passions à une économie de guerre afin de prioriser et d’intensifier notre production.

L’industrie française souffre des mauvais choix faits depuis des décennies alors que c’est un secteur clé de la prospérité. L’industrie est la clé pour répondre efficacement aux crises en tout genre, d’une guerre à une pandémie mondiale. Nous avons vu lors du coronavirus que notre désarmement industriel nous avait empêchés d’offrir une réponse cohérente et rapide à la crise, à la différence d’autres pays qui n’avaient pas sacrifié leur industrie. Ce n’est pas seulement notre base industrielle de défense qui bénéficierait d’un soutien massif, mais l’ensemble de notre économie. En effet, le soutien à l’effort de guerre suppose une implication de l’industrie textile, des industries de raffinage ou encore des industries automobiles ; autant de secteurs qui souffrent en France depuis trop d’années. De plus, les innovations réalisées dans l’industrie de défense ont toujours des débouchés dans le civil.

Un moment propice

Depuis la chute du Mur de Berlin, les Européens ont cru pouvoir s’appuyer sur les dividendes de la paix et la protection offerte par les États-Unis. Pourtant, le monde n’a jamais connu autant de crises et de conflits, et le regard américain s’est détourné de l’Europe au profit de la zone indopacifique. Nous avons changé d’époque et les Européens doivent se réveiller. En nous berçant d’illusions, nous nous sommes progressivement désarmés et nous n’avons plus la capacité d’assurer notre défense et de promouvoir notre indépendance stratégique. Ainsi, nos dépenses militaires sont passées de 3,2% du PIB en 1980, à 1,8% en 2019. Basculer en économie de guerre permettrait de retourner ce cycle négatif pour nous adapter à cette nouvelle ère : celle d’un monde reposant sur la souveraineté d’empires en concurrence pour assoir leur domination.

Alors que notre économie est dans un état déplorable, le passage à l’économie de guerre permettrait de mettre l’accent sur l’industrie de défense qui demeure un des points forts de notre économie. Depuis l’année dernière, la France est le deuxième exportateur mondial d’armes, jouissant de belles réussites comme le Rafale ou le canon CAESAR. Investir dans notre complexe militaro-industriel nous permettrait de sécuriser notre position dominante en Europe, d’autant que dans ce contexte, d’autres pays vont augmenter leurs dépenses militaires.

Une stratégie claire, des actes forts

À la différence des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, nous devons bâtir une économie de guerre à la française, en phase avec notre époque et nos enjeux. Avec le départ des Britanniques de l’Union européenne, la France doit retrouver un rôle central sur les volets diplomatiques et militaires. D’une part, nous sommes le seul pays européen capable de passer rapidement en économie de guerre grâce à nos atouts comme le nucléaire et notre complexe militaro-industriel exportateur. D’autre part, notre puissance diplomatique, avec notamment notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU, et notre armée, nous permettraient de jouer un rôle majeur dans cette nouvelle stratégie.

Mais une économie de guerre ne se contente pas de belles paroles, elle doit s’accompagner d’un activisme politique fort qui doit se traduire par des investissements conséquents. Plus que de faire peser la responsabilité de cette économie sur les seuls industriels, il est nécessaire de créer les conditions favorables à une montée en gamme et permettre une production plus importante. Cela suppose un effort supplémentaire des dépenses militaires pour atteindre au moins 3% du PIB. De plus, nous devons faire sauter au moins trois verrous – et non des moindres : une fiscalité moins importante, une augmentation du temps de travail, opérer un choc de simplification avec moins de normes contraignantes.

Le passage à l’économie de guerre n’est pas qu’un effort demandé à nos compatriotes mais une opportunité stratégique et économique pour notre pays. Il s’agit de bâtir un nouveau modèle industriel cohérent avec la volonté de retrouver une place centrale dans le concert des nations. Comme le rappelait Bismarck, la diplomatie sans les armes, c’est comme la musique sans les instruments. Charge à nous de construire nos armes pour rejouer notre partition dans cette nouvelle ère géopolitique.

Tour: Cavendish le cabochard joyau de la couronne cycliste

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Mark Cavendish vainqueur à Saint-Vulbas (01), 3 juillet 2024 © jeep.vidon/SIPA

Et encore « une nouvelle fois » de plus sur cette 111ème édition du Tour de France…


Très probablement, un de ses ancêtres ne peut qu’être le célèbre corsaire homonyme[1]… En filou flibustier des lignes d’arrivée, le cabochard mais sympathique Mark Cavendish, natif de l’île de Man, située en mer d’Irlande à égale distance de la Grande Bretagne et de l’Irlande, d’à peine 572 km2, que rien ne prédisposait dans son enfance à devenir coureur cycliste, s’est imposé  pour la 35ème fois sur le Tour, mercredi, à Saint Vulbas (Ain), bien entendu au sprint puisque c’est sa spécialité. Il bat du même coup le record des victoires d’étapes qu’il partageait avec Eddy Merckx (voir notre encadré en fin d’article), dit le Cannibale tellement celui-ci était insatiable de podium et surtout de la première marche.

De plus ce succès, qui semblait pour la plupart des chroniqueurs de la geste vélocipédique inatteignable, a pour lui une douce saveur de revanche. Il a devancé le Belge Jasper Philipsen de 13 ans son cadet, sans doute le sprinteur contemporain le plus affûté, qui, l’an dernier, à Bordeaux, l’avait privé justement de ce record. Cavendish avait fait second derrière lui. Le lendemain, de cette déception, le 8 juillet, il chutait lourdement à 60 km de l’arrivée de l’étape Libourne-Limoges dont la victoire était à sa portée.

Touché à la clavicule, il abandonnait les larmes aux yeux. Son rêve d’être l’unique détenteur de ce record, joyau de la couronne cycliste ;  le monde du vélo a bien des parentés avec l’Ancien régime avec ses rois de la Montagne, du Contre-la-montre, des Sprints, ses ducs, les capitaines de route, ses barons, les protecteurs du leader, et ses valets, les porteurs d’eau (dits les « gregario » en italien – les grégaires en français), qui descendent à la voiture du directeur sportif s’approvisionner en bidons pour étancher la pépie du reste de l’équipe.

La retraite attendra

Le 23 mai 2023 alors qu’il participait au Giro, à l’issue de la deuxième étape, il avait annoncé son intention de prendre sa retraite à la fin de la saison. Donc ce 110ème Tour auquel il allait s’aligner serait son dernier. Mais, au terme de celle-ci, au lieu de confirmer son retrait, il se ravisait : à la surprise générale, il révélait qu’il allait revenir sur la Grande boucle avec la ferme détermination de monter à l’abordage du record des victoires d’étapes.

Pourtant ce retour sur le Tour, sa 15ème participation (trois de moins que le record des 18 détenu par le Français Sylvain Chavanel), avait commencé pour lui sous les pires auspices. Dès l’entame de la première étape dont le départ a été donné à Florence, à la première bosse, il décrochait et terminait à l’agonie, entouré de ses équipiers, à près de 40 mn de Bardet, le vainqueur à Rimini ; rebelote le lendemain, avec 25 mn de retard, il évitait de justesse l’élimination ; à l’arrivée à Turin, il ne participait même pas au sprint massif remporté par l’Erythréen Girmay, le premier Africain noir à gagner une étape[2] ; pour les commentateurs, il ne faisait plus le moindre doute : la « boule de nerf » ainsi que L’Equipe l’avait qualifié était émoussée, le record n’était plus à sa portée ; à la 4ème étape, celle du col du Galibier, il franchit la ligne avec 36 bonnes minutes de débours, échappant de peu au couperet des délais.

Bilan, en quatre jours, il accuse un retard de 1h37’50’’, et se retrouve 170ème au général, devançant de quatre places la « lanterne rouge » (dernier), son dévoué serviteur, son chien de garde, le Danois Michael Morkov.

Il se faufile parmi les grosses cuisses

Puis, miracle à la relative courte 5ème étape, 177,4 km entre Saint-Jean-de Maurienne Saint-Vulbas, à 39 ans et 41 jours, ce qui fait de lui le second plus âgé du peloton, et celui qui cumule le plus de participations, le bougon et inusable « Cav », comme il est surnommé dans le milieu, recouvre l’explosivité de ses jeunes années, au point même de faire sauter sa chaîne et son dérailleur juste en franchissant la ligne avec une bonne longueur d’avance sur le second. Dès lors, on peut se demander si sa galère du début n’a pas été à la fois un cirque pour leurrer ses rivaux et une tactique pour s’économiser. Le vélo, comme la guerre, c’est l’art de la roublardise.

Il a mené son sprint en main de maître. Son équipe a monté son train à une bonne dizaine de kilomètres de l’arrivée et s’est maintenue aux avants postes pour l’amener aux 300 mètres. Le train consiste à se mettre tous les coureurs de l’équipe en ligne pour lancer le sprinteur en s’écartant les uns après les autres. Le dernier à s’écarter est appelé le poisson pilote dont la tâche est de propulser son sprinteur à l’approche des 100/150 m. Or, d’après les vues d’hélicoptères, Cavendish avait perdu le sien aux 300/400 mètres, se retrouvant enfermé dans la meute des « grosses cuisses » (nom donné aux sprinteurs). Logiquement, il était piégé mais, en habile héritier de ses débuts en course de vitesse sur la piste, avec une audace téméraire, il a su se faufiler entre les roues de ses adversaires à l’instar d’une souris qui fuit, se rabattre de la droite de la chaussée sur la gauche pour fermer la porte le long des balustrades et mettre une, deux, trois longueurs à ses suivants. Un cas d’école, ce sprint…

Cavendish a débuté sa carrière sur les vélodromes. Le cyclisme sur route était peu pratiqué à cette époque en Grande Bretagne. Il sera même deux fois champion du monde en Américaine (2005 et 2008 en équipe notamment avec Bradey Wiggins, premier Anglais à gagner le Tour de France en 2012). En 2005, il s’essaie à la route. Il remporte dès cette première année 11 victoires, un record pour un débutant professionnel.

Sa première étape sur le Tour, il l’a gagnée le 9 juillet 2008 à Châteauroux. En tout, il en capitalise 55 sur les trois Grands tours (France, Italie et Espagne), probablement un record aussi. Il fait aussi partie de ce club très fermé des 25 coureurs qui ont revêtu le maillot de leader dans les trois Grands tours. Il cumule en tout 168 victoires, toutes au sprint ce qui fait de lui le meilleur de cette spécialité qui allie subtilité et brutalité. Les grands sprinteurs sont des trompe-la-mort. À plus de 70km/h, ils foncent sans protection hormis celle du casque coude-à-coude vers une victoire qui leur échappe souvent. Gagner un sprint, c’est un orgasme…

Le record de Cavendish a éclipsé deux événements de cette 5ème étape. Pour la première fois, un coureur Africain noir, Biniam Girmay, vainqueur déjà pour une première fois d’une étape du Tour à Turin, lundi, a revêtu mercredi le maillot vert du classement aux points grâce à une 9ème place. Son ambition est de rallier Nice, arrivée du Tour, avec… Ce qui serait une première fois historique : un Noir en vert… L’autre événement, c’est Pogacar, détenteur du jaune et grand favori, qui a évité de justesse une chute qui aurait pu avoir de lourdes conséquences pour lui, voire provoquer son abandon. Dû à un moment d’inattention, il a failli de très peu heurter un panneau de signalisation placé en l’entrée d’un plot situé au milieu de chaussée. Pour l’esquiver, il a fait un écart qui a entraîné la chute, sans gravité, de cinq coureurs qui étaient dans son sillage… Est-ce le signe prémonitoire que la chance est avec lui, que le mauvais sort l’épargnera ?… 


Le record des victoires d’étapes sur le Tour de France qu’a établi mercredi Mark Cavendish a une particularité : il les a toutes gagnées
au sprint à la différence de tous autres coureurs qui figurent au palmarès. Ce qui fait de lui l’incontestable meilleur sprinteur de tous les temps. Son record risque fort de tenir très longtemps. Il paraît même la durée des carrières de plus en plus courtes éternel.

Voici la liste des plus nombreux vainqueurs d’étape.
1- Marck Cavendish : 35
2- Eddy Merckx : 34
3- Bernard Hinault : 28
4- André Leducq (vainqueur du Tour en 1930 et 32) : 25
5- André Darrigade (le Cavendish des années 50/60) :22
(…)
9 – Jacques Anquetil : 16
(…)
12 – Tajed Pogacar : 12 (pour le moment)

    


[1] Thomas Cavendish (1560-1592), intrépide corsaire anglais, surnommé Le Navigateur, le troisième marin avoir réalisé une circumnavigation autour du monde après celles, la deuxième de Francis Drake (1540-1596), et de la première de Magellan-Elcano. Il est aussi le premier corsaire à avoir arraisonné le prétendu imprenable Galion de Manille qui ramenait de fabuleuses richesses de toutes sortes des Philippines au Mexique, deux possessions espagnoles.

[2] https://www.causeur.fr/tour-de-france-biniam-girmay-richard-carapaz-286753

Le front républicain anti-RN a trouvé son hymne!

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Le rappeur Sofiane Zermani dit "Fianeso" en 2017 dans le studio de la radio Skyrock. Capture YouTube.

Les rappeurs entrent dans le jeu politique, en apportant leur soutien au front républicain avec un hymne enlevé: No Pasarán. Fulgurante créativité ! Reste que quand vos « punchlines » sont plus partagées par Bardella, Le Pen et Ciotti que par ceux que vous soutenez, c’est que vous avez peut-être raté quelque chose… Complotisme, insultes misogynes, glorification de l’ultra-violence et couplets à la limite de l’antisémitisme: les artistes des «quartiers populaires» ont fait très fort.


Proclamé le 30 juin à 20h01, le « Front Républicain contre le RN » ne cesse d’inspirer des réalisations artistiques à sa mesure ! Ainsi, le soir même de son instauration, ses militants mettaient à jour la statue de la République (voir photos ci-dessous), place du même nom, l’entourant de drapeaux algériens et palestiniens (Pardon ? Ah, non, pas de drapeaux français. Pour quoi faire ? Il est ici question de République, pas de France) et l’ornant d’inscriptions à la gloire de l’Idéal Républicain : « ACAB, PALESTINE, FUCK ISRAEL, NIK LE RN, A bas l’état et les partis, Pays de fachos pays de la honte, FREE GAZA, BRULER TOUS, NFP, ANTIFA, Mort aux Faf, NIQUE BARDELLA, NIQUE LA BAC, HERE IS PALESTINE. »

Parfaite représentation de la République telle que la veut le Front Républicain ! Cette merveilleuse alliance, allant de Raphaël Arnault, qui au soir du 7 octobre fit l’éloge du Hamas, jusqu’à Emmanuel Macron, qui fit chasser Israël du salon Eurosatory et autorisa l’ambassadeur de France à l’ONU à rendre hommage au Boucher de Téhéran – en passant par Nicole Belloubet, qui voulut rétablir le délit de blasphème et condamner Mila, Nassira El Moaddem, qui qualifie la France de « pays de racistes dégénérés », Eric Dupond-Moretti, qui déclara que défendre Abdelkader Merah était « un honneur », et Rima Hassan, qui affirme que « Israël a des chiens entraînés pour violer des Palestiniens dans les centres de détention. »

Mais les arts visuels ne suffisent pas. Dès l’origine, cette allégorie sublime de la République idéale, réunissant dans ses bras aimants Jean-Luc Mélenchon (ancien du PS), Emmanuel Macron (ancien du PS) et Gabriel Attal (ancien du PS), sous la sage égide du Conseil Constitutionnel de Laurent Fabius (du PS) et l’œil vigilant de la Cour des Comptes de Pierre Moscovici (du PS), fut accompagnée de mélopées telles que : « Qui sème la haagrah récolte l’intifada » ou encore « Israël casse-toi, la Palestine n’est pas à toi ». S’y ajoute désormais un chant qui mérite de devenir l’hymne du Front Républicain, un chant d’audace, de non-conformisme, de révolte engagée, d’esprit de résistance, un chant qui restera la mise en mots et en musique ultime des Valeurs de la République, à l’évocation enchanteresse et salvifique desquelles quiconque n’est pas un populiste, complotiste, nostalgique du bruit des bottes du ventre toujours fécond des heures les plus sombres, ne peut que se mobiliser pour s’opposer aux hordes démoniaques du RN.

Un chant, disais-je, ou plutôt un immortel cantique, composé par vingt rappeurs et nommé : No Pasarán. Fulgurante créativité.

A lire aussi: Jordan Bardella: «Je suis l’enfant de la génération 2005-2015»

La presse (subventionnée) ne s’y est pas trompée : « Bourré de punchlines incisives » pour Le Parisien, « Une variété d’angles assez enthousiasmante » nous dit Libé« Incisif dans ses paroles » d’après France Info, « Pari risqué mais au moins tenté » aux yeux du Monde, et cette analyse des Inrocks « Si l’on a pu parfois reprocher au rap français son mutisme politique, ayant tendance à centrer dorénavant son propos sur la quête de fric, tout en l’émaillant d’insultes graveleuses et misogynes à souhait, il semble que la scène actuelle se soit ressaisie. »

Et avouons que ce ressaisissement est… saisissant. Jugez-en, lecteurs, à ce florilège de citations tirées de l’œuvre (pardon, de l’Œuvre) :

« Pour les p’tits frères on s’inquiète » sur fond d’images de la mort de Nahel.

« Ferme les frontières mais la dope remontera de Marbella. »

« Si les fachos passent, je vais sortir avec big calibre. »

« J’recharge le kalachnikov en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov », les gardiens du temple de tout ce qui est républicain (front, arc, champ, valeurs, printemps), qui voient des complots russes partout mais de l’ingérence qatarie nulle part, apprécieront à sa juste valeur cette référence de leurs nouveaux alliés…

« Nique l’imam Chalgoumi et ceux qui suivent le Sheitan à tout prix. »

« Marine et Marion les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut. »

« Espèce de franc-maçon tu te nourris du sang que tu consommes », sans doute un hommage (républicain, bien sûr) au grand maître du Grand Orient de France qui a écrit que « Tout doit être fait pour empêcher que l’extrême droite ne devienne majoritaire dimanche prochain à l’Assemblée nationale », et fait donc partie du même Front Républicain que les 20 rappeurs.

« Dans leurs ambassades c’est le sheytan qui les passionne » : référence religieuse normale, c’est de l’Église que l’État républicain du Front Républicain est séparé, pas de la mosquée (surtout quand cette mosquée banalise auprès des enfants les conversions forcées et la violence contre les apostats, mais bref).

« Normal que Sheythanyahou soit le blanc qui assure leur contact » avec la photo de Benyamin Netanyahou pour ceux qui n’auraient pas compris.

A lire aussi, Didier Desrimais: Petit tour d’horizon des inquiétudes du «monde de la Culture»

« Les bavures tous ces policiers adorent ça. »

« Et mon cœur est en Palestine. »

« J’récite ma haine contre leur électorat » : le Front Républicain, c’est connu, lutte contre la haine sauf quand il s’agit de haïr les douze millions d’électeurs du RN, là c’est différent, parce que c’est pas pareil.

« Vive la Palestine de la Seine au Jourdain. »

« Sa mère faut pas qu’ils passent, y’a mon pote sous OQTF. »

Parmi les auteurs, on citera Alkpote qualifiant Laurent Ruquier de « monstruosité qui pue le sperme » et de « pute homosexuelle » et rappant « allons brûler les locaux de Charlie Hebdo »« j’encule les sionistes »« j’repense à Mostefaï et Coulibaly », ou Fianso « j’repasse avec le pompe devant la mezouza ». Mais ils sont engagés contre le RN, donc tout va bien, et puis vous n’avez pas les codes, il serait absurde de surinterpréter ce qui n’est que licence poétique, tout ça.

On me dira que je fais du mauvais esprit. Que ce clip de rap n’est qu’un clip de rap, qui n’engage que ses auteurs (et encore). Que tous ceux qui appellent à « faire barrage » n’en partagent pas forcément tout le message (même si… le fait qu’ils tentent tous de faire croire à leurs électeurs que la sauvegarde de la République impose de soutenir le parti de Rima Hassan, David Guiraud et Louis Boyard contre celui de Malika Sorel, Guillaume Bigot et Charles Prats en dit très long sur eux). Certes, certes.

Alors je vais être sérieux.

Le 7 octobre a été une abomination sans nom. Au cri de « Allah akbar », une horreur comparable aux sacrifices humains que les carthaginois offraient à Moloch. Le jour même, le Hamas en a diffusé les images. Le jour même, la surenchère dans le sadisme était évidente : ce groupe terroriste islamiste venait d’assassiner, de torturer, de violer des femmes et des hommes sous les yeux de leurs conjoints, des parents sous les yeux de leurs enfants, des enfants sous les yeux de leurs parents, encore et encore, avant de tous les enlever ou les massacrer. Et de s’en vanter à la face du monde.

Eh bien. Le Front Républicain contre le RN, c’est quand le président de la République et le Premier ministre font alliance avec un homme, Raphaël Arnault, qui le 7 octobre a écrit : « 75 ans de colonialisme, de racisme et d’attaques meurtrières de l’État israélien. À tout instant : solidarité avec le peuple palestinien. Aujourd’hui, la résistance palestinienne a lancé une offensive sans précédent sur l’État colonial d’Israël. Les représailles ne se sont pas fait attendre (….) Cette violence n’a qu’une seule racine : le projet colonial israélien. (etc) » Voilà ce qu’est le Front Républicain. Pensez-y, dimanche. Le 7 juillet, souvenez-vous du 7 octobre.

La France doit affronter son antisémitisme croissant

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Paris, 12 novembre 2023 © LIONEL GUERICOLAS / MPP/SIPA

Le témoignage poignant de Mme Sharren Haskel, membre de la Knesset en Israël, dont la grand-mère de 88 ans vient d’être victime d’une agression dans le Val-d’Oise. La vieille dame dit avoir été rouée de coups, et traitée de « sale juive », à Saint-Brice-sous-Forêt la semaine dernière. Une enquête a été ouverte par le parquet de Pontoise et des investigations sont en cours, rapporte Le Figaro.


Alors qu’une grand-mère de 88 ans gisait sur le sol froid de Saint-Brice en région parisienne, brutalement battue pour la simple raison qu’elle était juive, nous sommes rappelés à une sombre réalité. La France, pays renommé pour ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, échoue à protéger ses citoyens juifs. L’attaque violente contre ma grand-mère n’est pas un incident isolé mais fait partie d’une tendance omniprésente et croissante de violences antisémites qui a saisi le pays.

Après avoir quitté le Maroc, ma famille a trouvé refuge en France, espérant y trouver sécurité et acceptation. Depuis un certain temps, ma grand-mère, comme de nombreux autres juifs en France, a fait face à un harcèlement et une violence constants. Les rues, les métros et même les déplacements ordinaires à la Poste sont parfois devenus dangereux, marqués par des agressions, des crachats et des injures haineuses.

Cette agression continue découle d’un problème plus profond : la montée des idéologies islamistes radicales qui ont pris racine dans certaines parties de l’Europe, en particulier en France. Les gouvernements français successifs ont fermé les yeux sur cette menace croissante, échouant à protéger les communautés des attaques terroristes, de la violence quotidienne et du racisme systémique. Cette négligence a enhardi les groupes extrémistes, faisant de la France un point focal pour leurs agendas haineux.

Mon parcours personnel souligne cette triste réalité. À seulement neuf ans, je me suis retrouvée dans une bagarre à la gare de Sarcelles, défendant mon cousin d’une attaque. En tant que membre de la Knesset en Israël aujourd’hui, combattre l’antisémitisme n’est pas seulement un devoir ; c’est une mission née de l’expérience personnelle. En Israël, les enfants juifs sont à l’abri de la haine que j’ai rencontrée pour la première fois à Paris à l’âge de sept ans, lorsqu’un enfant m’a traité de « sale juive » et m’a craché dessus dans un terrain de jeu.

Le massacre du 7 octobre, marqué par une brutalité inimaginable, est un appel au réveil pour chaque citoyen français. Ces actes odieux font partie d’un agenda plus large de l’islamisme radical dirigé par l’Iran, visant la domination mondiale. Les images horribles du 7 octobre devraient servir de rappel frappant des conséquences lorsque de telles idéologies sont laissées sans contrôle.

Il est temps que les institutions juives françaises se fassent respecter et fassent respecter la population juive française. Il est temps d’exiger l’arrêt de la propagande anti-israélienne d’État – l’Agence France Presse et les médias publics français en tête – qui a nourri cet antisémitisme croissant. L’acte antisémite qui a frappé ma grand-mère a été dissimulé pour éviter de faire monter le Rassemblement national au moment des élections et faire le jeu du gouvernement actuel qui s’allie maintenant avec les pires antisémites de la LFI. Ce silence sur ces actes antisémites doit cesser.

La France doit reconnaître que bien qu’Israël soit en première ligne, la menace plane également sur l’Europe. L’histoire a montré que la violence antisémite précède souvent des troubles sociétaux plus larges. Les juifs sont fréquemment les premières cibles, mais ils ne sont jamais les derniers. Si la France ne peut pas protéger sa population juive, la communauté française au sens large est maintenant en danger.

Mon appel aux habitants de la France est sans équivoque : défendez la diversité, protégez les minorités et soyez ferme contre l’intolérance. L’avenir de votre nation dépend de votre capacité à maintenir ces valeurs. Si la France échoue à protéger ses citoyens juifs, elle échouera inévitablement à protéger sa propre identité et son intégrité.

Je vais exhorter ma grand-mère à nous rejoindre en Israël, pays dans lequel elle aurait dû venir depuis bien longtemps. Mais que ceci serve d’avertissement : lorsque les juifs seront partis, les Français autochtones seront les prochains à devoir partir ou se soumettre. La France doit agir de manière décisive, en veillant à ce que ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité ne soient pas seulement des mots, mais une réalité vécue pour tous ses citoyens, quelle que soit leur foi ou leur origine. Il est temps pour la France d’affronter son antisémitisme croissant avec la force et la détermination que son histoire et sa culture exigent.

Nicolas Conquer: l’union nationale «made in Normandy»

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Nicolas Conquer, 37 ans, connu pour commenter l'actualité politique américaine, mène une campagne électorale éclair à Cherbourg où il cherche à chasser la gauche. Image: capture YouTube.

Moustachu, trumpiste de choc, Franco-américain, proche d’Éric Ciotti, Nicolas Conquer se présente dans la 4e circonscription de la Manche. Dans le Cotentin, fief historique de la gauche et de Bernard Cazeneuve, il a déjà obtenu plus de 30% au premier tour. De quoi attiser la fébrilité et même la violence de ses adversaires. 


« Voir les sites de la bataille du 6 juin me fait toujours quelque chose, certains de mes ancêtres ont été parachutés pour participer à la liberation de la Normandie. C’est comme ça, certains parachutages apportent la liberté » développe, en « parachuté » assumé, le candidat RN-LR dans la 4e circonscription de la Manche Nicolas Conquer. Membre des LR, il fait partie des 62 candidats investis au bénéfice de l’accord entre le RN et les partisans d’Éric Ciotti.

« Républicain » de service sur nos chaînes info

C’est un habitué des grands médias, où ce responsable des Republicans Overseas (organisation rassemblant les citoyens américains membres du parti républicain et expatriés) et admirateur déclaré de Donald Trump, fait office de républicain de service lors des élections américaines. Son profil dénote un peu sur place. Trentenaire, cadre dans les cosmétiques, tignasse blonde… impossible de manquer sa moustache qui lui donne un air de sergent-chef pendant la guerre de Sécession !

A lire aussi, Vincent Coussedière: «Le RN a des candidats qui ne correspondent pas à la caricature qu’on en fait depuis des années»

Alors que son arrivée a fait grogner quelques cadres locaux du RN[1], ses liens avec le Cotentin où il se présente sont assez ténus : « J’ai pris pour un clin d’œil du destin qu’Alexis de Tocqueville, l’auteur de la Démocratie en Amérique, ait ses attaches dans la circonscription », assure-t-il. On pourrait aussi rappeler que Cherbourg, jadis port transatlantique, fut la dernière escale du Titanic… Malgré son petit côté Stone et Charden découvrant les vaches blanches et noires sur lesquelles tombent la pluie, Nicolas Conquer est vite revenu à des enjeux locaux. Dans cette circonscription, les angles d’attaque ne manquent pas. Le nucléaire : « C’est une filière d’excellence qui fait la fierté du territoire du Nord Cotentin. Mon adversaire fait des déclarations favorables au nucléaire sur place, mais à l’Assemblée ne vote pas en faveur de cette industrie ». Avec l’usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague, l’EPR de Flamanville et même l’Arsenal de Cherbourg, la 4e circonscription de la Manche est une des plus nucléarisées de France. Aussi, les élus socialistes doivent sans cesse se justifier des tiédeurs de leurs dirigeants nationaux sur le sujet, comme de leur alliance avec les écologistes et les Insoumis notoirement hostiles au nucléaire.

Cherbourg Orange mécanique

En expert des campagnes électorales à l’américaine, le candidat doit aujourd’hui mener la sienne. À la fois méthodique et enthousiaste, il mitraille, localise les bureaux de vote, occupe et quadrille le terrain : « On sent un véritable enthousiasme, une véritable adhésion. C’est très porteur pour la suite des évènements ». Un enthousiasme d’autant plus remarquable qu’il est assez neuf : Cherbourg était encore il  y a peu une terre de mission pour le RN. Dans l’ancien fief de Bernard Cazeneuve, l’investiture PS a longtemps été une garantie d’élection. Le socialisme cherbourgeois a toujours été hésitant, petit bourgeois à la Normande ; au diapason d’un emploi industriel atomique et militaire où les ouvriers d’Etat bien payés et qualifiés bénéficient d’un statut qui les met à l’abri de la mondialisation.

Au premier tour des législatives, Nicolas Conquer a réalisé une percée inattendue, se qualifiant pour le second tour avec 30% des voix contre 34.23% pour son adversaire socialiste, la députée sortante Anna Pic. Le politologue Christophe Boutin, résidant cherbourgeois, commentateur de la politique régionale et co-auteur des dictionnaires du conservatisme et du progressisme, analyse les résultats dans sa circonscription : « Anna Pic augmente ses voix mais passe de 13 300 à 20 000 voix. Ce n’est pas mal, mais ce n’est pas phénoménal. Elle a fait le plein de voix à gauche et ne bénéficie d’aucune réserve. Surtout, les droites progressent. Les LR passent de 4700 à 8000 voix. Et le RN gagne près de 10 000 voix, de 7 100 à 17 400 ». Comment l’expliquer ? « Il y a la vague nationale du RN qui touche Cherbourg. Plusieurs éléments locaux qui tiennent à des faits divers ont mis l’accent sur une immigration pourtant peu visible à Cherbourg. Les troubles que l’on a eu à Octeville ont pu jouer, notamment ». La mort du Sullivan Sauvey, jeune homme de 19 ans tué par le tir d’une policière, a déclenché des émeutes et dégradations dans une ville pourtant longtemps épargnée par l’insécurité ; lesquelles s’ajoutent à plusieurs coups de feu et bagarres au couteau dans le cœur de ville qui avaient été relevées par la presse locale ces derniers temps[2]. Il y eut aussi l’étrange meurtre de Jean Dussine, président de l’association humanitaire Itinérance Sud-Manche par un migrant afghan qu’il avait hébergé et qui a été déclaré depuis « irresponsable » évitant du même coup la médiatisation d’un procès[3]. Le viol barbare, l’été dernier, d’une jeune femme de 29 ans par un certain Oumar N’Niaye, 18 ans, avait horrifié la France et les résidents locaux.

A lire aussi: Pierre Gentillet en campagne: de CNews aux routes du Cher

Si le candidat RN évite la surenchère, la crainte que Cherbourg s’enfonce dans l’insécurité ou ne devienne un point de fixage pour les migrants en direction pour l’Angleterre comme le sont devenues Calais ou Ouistreham donne de l’audience aux options sécuritaires de son parti.

« Madame Pic représente la nouvelle génération socialiste qui a succédé à la vieille garde issue du milieu syndical de l’Arsenal. Le système local n’a pas fait émerger de personnalité. Si l’on oublie Bernard Cazeneuve… aucune élite ne s’est imposée » ajoute M Boutin. Détachés du monde syndical et industriel, les nouveaux tenanciers du socialisme municipal ont un profil plus militant, idéologue, fonctionnaire et petits-bourgeois.

La campagne marquée par l’agression de M. Conquer

Aujourd’hui menacée, la gauche s’énerve. Les élus socialistes admonestent la droite locale qui refuse d’appeler au barrage. Le maire socialiste de Cherbourg-en-Cotentin ; Benoit Arrivé, qui a toujours entretenu un rapport délicat avec la rhétorique et la cordialité, lâche des phrases sentencieuses aux tournures emphatiques étranges. « Je combattrai jusqu’à mon dernier souffle les idées de Monsieur Conquer et de ses amis mais je condamne fermement cette agression », lâche-t-il dans un tweet acrimonieux qui visait pourtant à condamner l’agression dont a été victime M Conquer lundi.

Ce fut une scène soudaine et violente. À 19 heures, les terrasses place du théâtre de Cherbourg étaient remplies pour le match France-Belgique. Nicolas Conquer saluait ses militants après un tractage quand un groupe d’une dizaine de jeunes a bondi, jetant pierres et autres objets ramassés sur la chaussée aux cris de « Sales racistes… enculés ». Un mineur aurait été touché dans la bousculade. Le centre-ville, en perpétuels travaux de réfection, offre aux malandrins de quoi se fournir en pavés. Et il faudra attendre le milieu de la matinée le lendemain pour que ses adversaires condamnent l’agression. En attendant, une plainte a été déposée par le candidat. Signe de fébrilité et inquiétude du camp d’en face ? « L’agression de Nicolas Conquer est bien politique : elle est bien le fait non de militants réels mais de jeunes qui ont perdu leurs repères politiques » ; observe Christophe Boutin ; symptôme aussi d’un port Orange mécanique où la racaille, les marginaux et les désœuvrés du vaste monde ont pignon sur quai… Signe aussi que dans une ville où le vote RN a longtemps été un tabou, la libération de la parole devra braver quelques intimidations.

Le dictionnaire des populismes

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[1] https://www.lamanchelibre.fr/actualite-1120701-cherbourg-en-cotentin-ils-ne-sont-finalement-pas-candidats-aux-legislatives-anticipees

[2] https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/mort-de-sulivan-j-ai-eu-la-peur-de-ma-vie-les-habitants-choques-par-les-violences-urbaines-cette-nuit-a-cherbourg-3463114

[3] https://www.causeur.fr/jean-dussine-tragedie-normandie-aide-aux-migrants-meurtre-177857

Avec Jankélévitch, sur les habits pas si nouveaux de l’antisémitisme

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À Paris, une manifestante pour la Palestine montre sa main rouge, une symbolique controversée, 4 novembre 2023 © Aurelien Morissard/AP/SIPA

La haine a besoin de se nourrir d’un ennemi aussi faible ou peu nombreux que possible, qu’elle présentera pourtant comme redoutable. S’il se défend, il prouve de plus fort qu’il est détestable…


Il en est de certains préjugés, d’idéologies et de haines irrationnels comme d’infections récurrentes : on les croit disparus ou en voie d’extinction mais, progressant de façon plus ou moins souterraine, les voilà qui réapparaissent au grand jour. Traditionnellement plus florissant à droite et à l’extrême droite, l’antisémitisme n’est pas leur monopole, allant et venant à l’extrême gauche depuis le XIXème siècle[1]. Il n’a certes jamais été complètement éradiqué mais depuis la révélation du génocide nazi, on n’en faisait plus un drapeau – sauf dans des milieux d’extrême droite marginaux, chez quelques négationnistes aberrants ou à travers des préjugés diffus – et l’opinion le tenait généralement pour honteux.

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Cheminant sous le masque de l’antisionisme depuis les années soixante, de plus en plus exacerbé à partir de la guerre des six jours et les intifada[2], il resurgit sans complexe. Comme l’écrit A. Finkielkraut[3] : « Dès sa naissance, ou presque, le mot « sioniste » «échappe à ses promoteurs et poursuit deux carrières divergentes et cloisonnées, l’une dans la communauté juive, l’autre dans le discours antisémite. […] L’initiative qui aurait dû, en toute logique, désamorcer la propagande antijuive l’alimente, au contraire, et la rend plus furieuse »

Le phénomène n’est pas nouveau. Il y a déjà des décennies que, tandis que l’intelligentsia portait aux nues, par exemple, un Jean Genet non pas pour ses qualités de styliste mais pour sa personnalité et ses positions, en cherchant toutes sortes de justifications fumeuses à son antisémitisme et sa fascination pour le nazisme[4], Vladimir Jankélévitch écrivait : « Depuis ces années qui nous séparent de l’enfer, bien des choses ont changé […]. L’ « antisionisme » offre enfin à l’ensemble de nos concitoyens la possibilité d’être antisémite tout en restant démocrate. Quelle aubaine ! Ce plaisir-là ne sera plus un privilège réservé à la droite. […] je crois, entre nous, que les néo-antisémites sont un peu jaloux de nos persécutions, nos souffrances leur font un peu envie. […] Les Israéliens ont tort d’être victorieux, mais les juifs ont tort d’avoir été malheureux… » (Ces citations de Jankélévitch sont extraites du recueil L’imprescriptible, éditions du Seuil). On rapprochera ces textes brefs d’autres développements  de cet auteur dans : Le pardon et Le mal. Il y aurait d’ailleurs une étude à faire sur l’antisionisme de certains médias de gauche dès les années 70 et de l’antisémitisme sous-jacent.

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Les atrocités commises par les fanatiques du Hamas le 7 octobre 2023 auraient dû ouvrir les yeux des plus indifférents. Ce ne sont ni des crimes de guerre ni même des actes de terrorisme mais des actions génocidaires, qui, par leur nature, rappellent les monstruosités commises par les nazis et tendent à faire un exemple de néantisation de l’autre, comme – pour citer à nouveau Jankélévitch, « Auschwitz n’est pas une “atrocité de guerre” mais une œuvre de haine ». Mais les mauvaises habitudes reprennent vite le dessus, si bien que les victimes se trouvent accusées à leur tour pour avoir voulu se défendre (P.-A. Taguieff, « Aux origines du slogan : “Sionistes assassins !”, le mythe du meurtre rituel et le stéréotype du Juif sanguinaire », in Les Études du CRIF, no 20, mars 2011). La dialectique qui exonère le bourreau en le transformant en victime et fait de la victime un coupable est bien rôdée. Le slogan « De la mer au Jourdain » n’apparaît pas tellement comme l’expression d’une revendication territoriale mais exprime surtout la volonté d’éliminer les juifs qui habitent la Palestine ou, du moins, de les en chasser. Les opérations militaires israéliennes ne visent pas à détruire un peuple, une ethnie ou une race mais à mettre fin à un groupe armé qui menace l’existence non seulement d’un pays mais d’un peuple. Leur appliquer le terme de « génocide » est faux et honteux, puisque c’est faire de la victime, le bourreau. Comme le disait encore Jankélévitch, « l’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »

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Aujourd’hui, la parole antisémite s’est libérée : on ne craint plus d’afficher ce qui ne ressortit pas à des idées ou des convictions mais à la haine, raisonneuse certes, démonstrative, péremptoire surtout mais pas rationnelle. Elle a pignon sur rue : des groupes politiques en font un argument électoral à seule fin de dresser les hommes les uns contre les autres. L’antisémitisme se manifeste au jour le jour et dans tous les milieux : les parents juifs fuient des écoles et des quartiers pour assurer une scolarité paisible à leurs enfants ; on défenestre une vieille femme, parce qu’elle est juive ; on assassine clients et employés d’un supermarché casher ; on massacre des enfants juifs dans une école à Toulouse ; on viole une enfant de douze ans… On assigne même des non-juifs à ce statut au prétexte d’un métier, d’un prénom, d’un visage pour assouvir ce besoin de détester. L’humanité s’assoupit ou s’efface dans l’homme, qui ne réagit plus vraiment à de tels « détails »… L’antisémitisme refuse son humanité à l’autre, l’objective, le réduisant à une chose néfaste, à utiliser éventuellement comme un instrument et surtout à éliminer. Le mal est à l’œuvre. La haine a besoin de se nourrir d’un ennemi aussi faible ou peu nombreux que possible, qu’elle présentera pourtant comme redoutable. S’il se défend, il prouve de plus fort qu’il est détestable.

Dans un autre contexte, Jankélévitch concluait sa belle réflexion sur le pardon en ces termes[5] : « […] où la grâce surabonde, le mal surabonde à l’envi, et submerge cette surabondance elle-même, de par une infinie et mystérieuse surenchère. Le mystère de l’irréductible et inconcevable méchanceté est à la fois plus fort et plus faible, plus faible et plus fort que l’amour ».

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[1] cf : M. Dreyfus, L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours, éd. de La Découverte, 2011

[2] M. Dreyfus, précité, chap. 9 ; A. Lacroix, Le socialisme des imbéciles. Quand l’antisémitisme redevient de gauche, éd. La Table Ronde 2005 ; P.-A. Taguieff, La Nouvelle Judéophobie, éd. Mille et une nuits, 2002

[3] Le juif imaginaire, éd. du Seuil 1980

[4] I. Jablonka, Les vérités inavouables de Jean Genet, éditions du Seuil. A comparer avec : J.-P. Sartre, Jean Genet, comédien et martyr, éditions Gallimard « Tel »

[5] Le Pardon 1967, éd. Aubier-Montaigne

Premier tour des élections législatives: le chant du cygne du moment macroniste

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© Adrien Fillon/ZUMA Press Wire/Sh/SIPA

Jusqu’où le RN peut-il monter ? La question inquiète les sortants au point que des rumeurs de tractations secrètes circulent concernant une éventuelle et inédite coalition. Au lendemain du premier tour, Emmanuel Macron n’est même pas parvenu à imposer une position claire sur la question des désistements à son propre camp. Analyses.


En dépit d’une résistance partielle en nombre de voix, nous avons assisté à l’écrasement du bloc présidentiel qui a été pris entre l’impitoyable marteau de la droite incarnée par le Rassemblement national et l’enclume de la gauche. Confus et déconnecté, le macronisme finit recroquevillé sur ses bases les plus réduites, concentré dans la France du granite chère au politologue André Siegfried. Cette dissolution précipitée voulue par Emmanuel Macron aura réduit son action à un septennat, forme de retour à la normale historique de la Vème République, car le président ne peut plus l’emporter. Tout juste peut-il encore essayer d’empêcher son adversaire du Rassemblement national d’obtenir une majorité absolue, qui, si elle ne lui est pas encore acquise, lui tend plus que jamais les bras… Les enseignements d’un scrutin historique.

Le Rassemblement National et la gauche LFIsée : les seuls à avoir encore des baronnies locales

Dans un contexte de polarisation de la vie politique, le scrutin majoritaire à deux tours favorise les offres politiques les plus marquées au premier tour. On a pu le constater avec les élections de 38 députés du Rassemblement national le 30 juin au soir, parmi lesquels se trouvaient de nombreux cadres connus du parti bénéficiant de la mention « vus à la télé ». Citons notamment des personnalités médiatiques comme Marine Le Pen elle-même, Sébastien Chenu, Laure Lavalette ou encore Julien Odoul. Le Rassemblement national dispose désormais d’une série de fiefs d’où il est indéboulonnable. Majoritairement situés dans le nord, le nord-est et le sud-est du pays, ils sont aussi présents en Gironde avec Edwige Diaz, en Occitanie avec Nicolas Meizonnet ou Aurélien Lopez-Liguori. Ces baronnies sont autant de points d’ancrage et de progression pour la formation menée par Jordan Bardella, irradiant sur les territoires limitrophes.

Une même réflexion peut être formulée à l’égard de La France Insoumise qui dispose de circonscriptions extrêmement fidèles, quasiment toutes comprises dans les banlieues parisiennes dites « rouges ». Les cadors de La France Insoumise, proches de Jean-Luc Mélenchon, ont pour la plupart déjà validé leur ticket pour le Palais Bourbon, à l’image de Sébastien Delogu, Clémence Guetté, Danièle Obono, Carlos Bilongo ou Bastien Lachaud. Ce fut bien plus difficile pour les sbires candidats à leur réélection dans des circonscriptions rurales ou périurbaines. Une personnalité importante telle que celle de Fabien Roussel, actuel dirigeant du Parti communiste, en a fait les frais. Gagnant in extremis en 2022 dans une circonscription du Nord qui place Le Pen en tête à tous les scrutins nationaux depuis 2012, le communiste a été sèchement éliminé dès le premier tour par Guillaume Florquin du Rassemblement national. Dans une enquête publiée par Libération[1], le témoignage d’un habitant indique bien ce qui a présidé au choix des électeurs de la 20ème circonscription du Nord : « J’aurais bien voté Roussel, c’est communiste depuis 60 ans ici. Mais je n’aime pas les gens de LFI quand ils parlent, ils sont agressifs et vulgaires, à la limite du manque d’éducation ».

Dans la première circonscription de la Somme, François Ruffin a pareillement fait les frais de la stratégie communautariste et agressive de La France Insoumise. En ballotage défavorable derrière Nathalie Ribeiro-Billet, le porte-parole de Picardie Debout est une de ces victimes collatérales de la fuite en avant mélenchoniste qui continue de profiter au Rassemblement national, bien installé dans les anciennes circonscriptions ouvrières de la gauche en rassemblant d’anciens électeurs de la gauche modérée, du Parti communiste, mais aussi du centre et de la droite. Un tour de force qui a commencé entre 2007 et 2012 et qui atteint aujourd’hui son plein potentiel, dans le nord comme dans certains départements du sud (Hérault, Gard et Vaucluse).

Des revers de fortune du scrutin majoritaire à deux tours : un « front républicain » inefficace et anachronique ?

Longtemps cruel pour le Rassemblement national, le scrutin majoritaire à deux tours pourrait devenir son principal atout. En 2022, déjà, le parti de Marine Le Pen avait surpris en faisant élire 88 députés sous ses couleurs, bénéficiant notamment d’importants reports de voix des électeurs centristes dans les duels l’opposant à des candidats de LFI, mais aussi du découragement d’une partie des électeurs de gauche quand il leur était sommé de voter pour des candidats sortants de la majorité honnie. Cette énorme progression avait d’ailleurs empêché Emmanuel Macron d’obtenir une majorité absolue, conduisant deux ans plus tard à la situation que nous connaissons présentement. Avec la participation en hausse, le Rassemblement national est passé de 4.248.626 voix en 2022 au premier tour des élections législatives à 10.628.312 voix – en incluant les candidats présentés par Éric Ciotti – en 2024. En regardant dans le détail des circonscriptions, il n’est pas rare de trouver des candidats qui ont littéralement triplé leur score de 2022, passant par exemple de 7 000 électeurs en leur faveur à 21 000 dès le premier tour. C’est une performance colossale qui indique la mobilisation fervente des électeurs de ce bloc, mais aussi l’arrivée d’anciens abstentionnistes et d’électeurs du centre et de la droite. Le Rassemblement national est donc un vote porteur d’espoir pour un tiers du corps électoral, considérant par ailleurs qu’il a encore des réserves puisque Marine Le Pen avait enregistré plus de 13 millions de voix au deuxième tour de l’élection présidentielle 2022.

De l’autre côté, la gauche a aussi progressé du fait de la participation accrue. Elle passe ainsi de 5.826.202 suffrages exprimés à 8.974.463 sous son incarnation actuelle du Nouveau Front Populaire, et ce en dépit d’immenses dissensions qu’elle exhibe constamment au public depuis trois semaines.

Emmanuel Macron à Paris, le 20 juin 2024. © Dylan Martinez/AP/SIPA

Quant à la majorité dite présidentielle, elle « gagne » quelques électeurs, ou disons plutôt qu’elle en perd moins que prévu avec une participation en hausse, puisqu’elle compte 6.425.525 voix contre 5.857.561 en  2022. Dominé par la gauche, le bloc présidentiel se retrouve donc en fâcheuse posture dans de nombreuses circonscriptions, régulièrement troisième des triangulaires avec le Rassemblement national en tête et le Nouveau Front Populaire en seconde position – par ailleurs souvent représenté par un candidat insoumis, ce qui complexifie encore grandement leur tâche.

Reste que le « danger » de la situation, qui voit le Rassemblement national très près d’obtenir une majorité absolue, a fait réviser les plans d’un camp présidentiel écrasé dans un étau. Ainsi, la doctrine du « ni-ni » qui aurait très sûrement prévalu avec un bloc de droite moins puissant est désormais remplacée par une stratégie de désistement généralisée afin de diminuer le futur contingent de députés du Rassemblement national. Quasiment tous les candidats du bloc présidentiel arrivés en troisième position se désisteront si le Rassemblement national est en mesure de gagner, sans même un regard pour l’identité et les idées des candidats du Rassemblement national auxquels la gauche sera confrontée. Il faut bien dire qu’Emmanuel Macron avait très mal calculé son coup. Il est fort à parier que lui et ses conseillers ont jugé que la gauche partirait désunie sans La France Insoumise avant de dissoudre, ce qui aurait mécaniquement augmenté le nombre de ballotages favorables au camp présidentiel qui avait en 2022 plus de chances de l’emporter contre le Rassemblement national que n’en avait la gauche. Dans des départements comme l’Isère, par exemple, on constate que la majorité augmente en voix par rapport à 2022 (bien moins que le RN qui dans ce type de circonscriptions double ou triple) et se retrouve troisième de peu derrière la gauche, avec souvent des Républicains à 6 ou 7 points. En fait, le pari d’Emmanuel Macron aurait pu réussir si le NFP n’avait pas été jusqu’à La France Insoumise et s’il avait mieux négocié son coup avec Gérard Larcher. Le niveau d’impréparation des « stratèges » élyséens est, à dire vrai, assez comique.

Car, rien n’indique que leurs électeurs se reporteront sur la gauche dans le cadre de duels avec le Rassemblement national. Au contraire, dans certains territoires où le centre est sociologiquement de droite, le rejet d’une gauche extrémiste qui a, selon les propres mots des proches du président de la République, « bordélisé » la France durant deux ans, est immense. Comment expliquer à un électeur lambda du centre que Madame Laure Lavalette est plus « dangereuse » pour ses intérêts bien pensés que Monsieur Louis Boyard ? C’est totalement absurde. Si à gauche, les électeurs suivent généralement les consignes, en dehors d’une partie de l’électorat insoumis et trotskiste qui en toute logique marxiste ou complotiste ne fera pas de différences entre les partis soumis selon eux à la « bourgeoisie », les électeurs dépolitisés de l’astre mort macroniste n’auront sûrement pas ce type de préventions dans toutes les circonscriptions qui n’ont pas une culture politique foncièrement hostile au parti de Jordan Bardella.

Et ce d’autant plus que le facteur local a très peu joué dans ce scrutin du 30 juin. Les électeurs s’étant en moyenne déterminé à 75 % selon des critères de politique nationale, comme l’indique un sondage Harris. De quoi mettre en danger d’éminentes personnalités politiques comme Charles de Courson, Laurent Wauquiez ou Emmanuelle Ménard.

Le Rassemblement national aura-t-il une majorité absolue ?

« Aucune voix ne doit aller au Rassemblement National ! », a indiqué Loïc Signor, ancien journaliste de CNews et candidat malheureux aux législatives face à Louis Boyard, dans une vidéo. Est-ce là le fond d’une pensée ou un mouvement tactique ? Possiblement les deux. Mais surtout de la tactique. Le macronisme joue ici sa survie politique. Tous aux abris est en réalité le maître-mot, et quoi de mieux que d’agiter une menace fasciste théâtrale pour sauver quelques dizaines de sièges capitaux pour ne pas perdre la main sur Matignon, quitte à défaire les promesses d’hier et les accusations formulées contre La France Insoumise ? Ce n’est donc pas que la « peur » qui aura motivé 208 candidats (127 du NFP et 75 d’Ensemble) à se désister, mais bien l’idée qu’il ne faut pas donner les clés du pouvoir à l’union de la droite menée par le Rassemblement national, de peur qu’il ne les rende pas…

L’outrance est telle que des rappeurs ont diffusé un morceau dévoilant leur fond de pensée où, entre hommages appuyés à Kadyrov et Poutine, dénonciation des « Francs-maçons » derrière le Rassemblement national, et autres insultes lancées à Marine Le Pen, ils appellent au « barrage » contre les « racistes ». Comment des gens du centre droit et même de la gauche modérée, parfois appartenant à des loges du reste, font-ils pour assumer sans suer pareils soutiens conspirationnistes et rétrogrades ? Se rendent-ils compte qu’ils représentent les véritables idées des électeurs qui ont fait élire au premier tour quelqu’un comme Monsieur Delogu ? Quand on dîne avec le diable, il faut se munir d’une longue cuillère. La France Insoumise sera pour très longtemps le boulet du camp qui se prétend celui de la « raison », effrayant à juste titre les honnêtes gens. Même ceux qui sont peu enclins au soutien envers le Rassemblement national feront un choix, et le plus souvent au détriment de cette gauche extrême.

Il s’agit, concernant le centre, d’une vision à très courte vue. De fait, il n’est absolument pas garanti que les électeurs suivent ces injonctions qui les agacent de plus en plus fortement. Ensuite, si tant est que la manœuvre fonctionne, en dépit de son caractère outrancier, il est aussi possible qu’elle ne fasse que courroucer encore plus fortement les Français à long terme. Les électeurs du Rassemblement national auront la légitime impression d’avoir été bernés et pourront considérer que leur vote leur aura été confisqué. Cela aura pour conséquence de renforcer leur détermination mais aussi peut-être demain de leur agréger de nouveaux électeurs sortis de l’abstention, surtout si le gouvernement issu de ce « Front populaire » improvisé et plus opportuniste que jamais se désagrège rapidement du fait de ses contradictions internes et n’agit pas sur les problèmes qu’a relevés la formation de Jordan Bardella. Puisqu’il sera sûrement de centre-gauche, dans une telle hypothèse, il y a fort à parier que ce soit le cas. En outre, les électeurs les plus sensiblement politisés du centre et de la gauche pourraient être dégoûtés et eux-mêmes finir par plonger dans l’abstention de longue durée. La suite au prochain épisode ! On peut en tout cas d’ores et déjà tirer notre chapeau à Emmanuel Macron.


[1] https://www.liberation.fr/politique/a-saint-amand-les-eaux-fabien-roussel-et-le-dernier-bastion-communiste-du-nord-emportes-par-la-vague-du-rn-20240701_FD22ZESKMBHHLI2NIHNNLYNUVI/

Tous fous à lier… sauf le peuple!

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82 candidats du camp Macron engagés dans une triangulaire se sont finalement désisté, ce que souhaitait Jean-Luc Mélenchon (photographié ici à Paris le 1 juillet 2024), qui chapeaute le Nouveau Front populaire © ISA HARSIN/SIPA

Que de fous à lier, aux côtés de cette multitude qui probablement va demeurer indifférente à tous ces désistements contre-nature…


Mon titre n’est pas si provocateur que cela. Il me semble résumer le sentiment qu’on éprouve d’une apocalypse tellement évoquée et fantasmée qu’elle paraît désirée. Comme si la France, au niveau de ses élites de toutes sortes qui se sont accordées le droit, notamment à notre place, de penser, de parler, d’écrire, de choisir et d’exclure, avait besoin d’une effervescence délirante conjuguant des périls en chambre avec des résistances en toc. Quand je fais référence au peuple, je songe à tous les citoyens de droite, de gauche, d’extrême gauche et d’extrême droite qui se sont contentés de voter le 30 juin en attendant le 7 juillet, en prenant une parole dont ils ont fait l’usage que leur liberté et leurs convictions leur dictaient. Ce peuple divers, contrasté, riche de son pluralisme démocratique, est à respecter quelles qu’aient été ses choix et ses options. Pour lui, la République n’a pas été un mot creux à force d’être ressassé mais une pratique, une exigence. Mais que de fous à lier aux côtés de cette multitude qui probablement va demeurer heureusement indifférente aux injonctions politiques, sportives, artistiques, présidentielles, gouvernementales, universitaires, judiciaires, culturelles ou médiatiques ! À ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second.

Directeurs de conscience autoproclamés

Je découvre dans cette France qui prescrit comme si elle se croyait vraiment d’en haut davantage qu’un grain de folie mais des comportements et des positions tellement absurdes, des extravagances et des partialités assumées avec tant de bonne conscience qu’ils contraignent à réfléchir sur l’état mental de tous ces directeurs de conscience autoproclamés, de cette minorité prenant ses préjugés et ses opinions pour des vérités révélées.

La psychologie me semble être la clé essentielle, aujourd’hui, et depuis quelques années, pour comprendre la politique et le pouvoir. C’est un bonheur intellectuel pour moi qui ai toujours considéré que derrière l’apparence des conduites et des décisions rationnelles et objectives, il y avait l’humus des caractères et la subjectivité souvent débridée et perturbée des personnalités.

A lire aussi, du même auteur: La Macronie: sauver sa vie ou être digne

On ne peut en douter quand on lit le remarquable numéro du Point consacré à « ce que les psys disent d’eux » et notamment à une analyse fouillée et pluraliste d’Emmanuel Macron et de son tempérament sous le titre de « Macron, président sans limites »[1]. Si la perception des psychologues et des psychiatres offre plusieurs pistes, elle révèle cependant, pour rester convenable, des anomalies, des déséquilibres et des blessures qui ne sont pas loin d’expliquer ses coups de dés erratiques et une étrange et solitaire manière de présider. Il est impossible d’appréhender Emmanuel Macron sans rechercher l’influence de ses obscurités et le poids de son histoire personnelle.

Tous ensemble, ouais !

Qui peut contester le fait qu’une approche similaire serait nécessaire pour Jean-Luc Mélenchon et que derrière la foudre et la violence de cette personnalité brillante et vindicative, se glisse un récit d’offenses intimes et de frustrations personnelles ?

La particularité du climat exacerbé et désordonné de ces dernières semaines est qu’il paraît avoir fait perdre leur boussole à des citoyens connus et médiatisés ainsi qu’à des institutions saisies par la débauche d’un engagement partisan. Les grandes écoles et les universités se dévergondent en appelant à voter contre le RN. Comme si c’était leur rôle. Des syndicats de professeurs tremblent et nous alertent sur un péril que nous ne serions pas assez adultes pour deviner tout seuls. Des footballeurs et des sportifs se piquent de monter au front contre le RN et ils ne se questionnent pas une seconde sur leur prétendue légitimité non pas à penser pour eux-mêmes mais à se croire suffisamment pertinents et lucides pour oser nous enjoindre de voter comme eux. Des rappeurs s’imaginent en pleine guerre d’Espagne et nous assènent un « No pasaran » grotesque, feignant de craindre un bouleversement révolutionnaire alors qu’il ne s’agira, dans tous les cas, que d’un changement inédit, peut-être radical mais démocratique. Les paroles de cet immonde morceau sont haineuses, insultantes, complotistes, sexistes et menacent de mort Jordan Bardella. Qu’on ne nous oppose pas qu’il s’agit de propos au figuré quand ils ne sont que trop plausibles dans la tête de ceux qui les crachent.

Des journalistes de 20 minutes – j’en suis resté stupéfié – ont exigé que cette publication cesse de traiter avec objectivité et impartialité le RN mais s’engage contre lui. Je ne parle pas des tribunes, des collectifs, des groupuscules, des cénacles inconnus mais ne gagnant pas à être connus, des associations et des clans militants se ruant dans l’espace médiatique pour exprimer – c’est original ! – leur hostilité à l’encontre du RN. Je n’aurai garde d’oublier les artistes qui ont toujours estimé qu’ils étaient programmés pour n’être pas seulement sur la scène ou sur les écrans mais dans nos têtes trop futiles pour comprendre.

À considérer l’ensemble de ces folies à lier – ces minorités sortant de leur rôle et nous dictant avec arrogance notre conduite civique -, on ne peut qu’être effrayé par une démocratie qui se délite et demeure pourtant, dans ses hautes sphères, fière d’elle. Des millions d’électeurs par ce matraquage hémiplégique sont rejetés dans les coulisses de la République. Tous ces citoyens auxquels j’ai rendu hommage vont voter le 7 juillet et je parie qu’ils feront comme bon leur semble et ce sera tant mieux. Pour la France.


[1] https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-macron-sur-le-divan-qu-en-disent-les-psys-et-ses-proches-27-06-2024-2564106_20.php