Nicolas Sarkozy, l’homme de la rupture, n’est finalement pas si novateur qu’il ne veut bien le dire. J’avais, il y a longtemps, pointé les points communs qu’il avait avec Giscard. Il aime aussi recycler dans la célèbre et rieuse « ouverture » les symboles de la Mitterrandie.
Trois hommes. Trois symboles. Ils se connaissent. Ils ont partie liée. Deux d’entre eux aimaient profiter du yacht du troisième. L’un faisait la réclame des deux autres. Enfin le troisième, qui n’avait rien d’autre à donner, devait animer les soirées de ses deux amis avec le talent qui le caractérise[1. François Miclo nous a expliqué à quel point ce « farfelu » pouvait être de bonne compagnie.]. Dans le désordre, donc, vous avez reconnu Bernard Kouchner, Jacques Séguéla et Bernard Tapie, trois hommes ralliés très peu de temps soit avant soit après le 7 mai 2007.
Je passe sur Monsieur K. de peur d’être qualifié illico d’antisémite[2. Je précise néanmoins que je porte fièrement un prénom d’origine hébraïque et que je n’ai jamais songé à en changer – cela dit, je n’ai aucun mérite : le second, c’est Gérard – ; j’ajoute qu’il m’arrive d’écouter Mike Brant dans ma voiture.]. Tout a déjà été dit sur le titulaire du Quai d’Orsay et je renvoie donc à tous les excellents et nombreux articles publiés sur Causeur. Jacques Séguéla demeure un des symboles vivants du remplacement de la Politique par la com’, la pub’, le strass et les paillettes. Sa vision politique a atteint des sommets lors d’un débat au début des années 1990 où il fit cette prédiction magnifique en direction de François Léotard : « Vous serez Président mais pas tout de suite. D’abord, ce sera Rocard. » En 2007, il vote pour une candidate au premier tour laquelle se qualifie pour le second au cours duquel il finit par choisir son adversaire. Séguéla, la conviction tranquille ! Il finit tout de même par rendre un fier service à son nouveau Guide suprême en lui présentant sa future femme[3. Certains assurent que cette union n’est qu’un coup de pub’ et qu’il n’y a aucun Amour dans ce mariage. Pour le coup, je rendrais hommage à notre Président qui abandonnerait ce modernisme ridicule pour un retour au mariage de raison – le plus souvent arrangé – lequel, s’il n’était pas très romantique, permettait au moins de durer.].
Gardons le meilleur pour la fin : Bernard Tapie. Sans doute est-ce le côté bling-bling qui les a rapprochés[4. Notons au passage que la gauche bling-bling fait l’objet de toutes les attentions de l’Elysée puisque Julien Dray fut un objectif et Jack Lang le demeure.]. Le ralliement de l’ancienne gloire mitterrandienne a déjà été remboursé largement par la honteuse capitulation du ministère des finances qui avait pourtant les faveurs de la justice ordinaire. Ira t-on plus loin encore dans la réhabilitation de cet homme qui partage avec le Président un dangereux ennemi commun, François Bayrou ? La fameuse affaire VA / OM vient de connaître un rebondissement[5. On ne rit pas, au fond de la salle !] ces derniers jours : un livre blanchirait Tapie à propos de cette triste affaire de corruption. L’auteur ne peut être soupçonné de parti pris, c’est son ancien attaché parlementaire[6. On ne rit pas, au fond de la salle… euh si ! Là vous pouvez vous lâcher.]. Et un collectif d’anciens joueurs marseillais s’est constitué dans le but de récupérer le titre de Champion de France de 1993. On n’entend pas Monsieur Laporte sur le sujet. Et puisque c’est à l’Elysée que tout se décide, une telle réhabilitation ne pourrait se faire sans l’onction du Président. L’ouverture tontonlâtre ira t-elle jusque là ? Pour le coup, cela en deviendrait presque distrayant.
Retrouvez David Desgouilles sur son carnet Antidote.
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