Les critiques faites à l’encontre de l’islam provoquent un réflexe pavlovien : le « ouimélézôtres ». Or, les « zôtres » ont déjà fait leur autocritique depuis bien longtemps…
« C’est vrai, Madame la juge, mon client a tué et opprimé des millions de personnes et appelé à en tourmenter encore bien plus, mais il faut l’acquitter puisque d’autres ont fait pareil. » Étrange plaidoirie, que même l’inénarrable Jacques Vergès ou notre audacieux Garde des Sceaux n’ont, je crois, jamais osée.
Non seulement les zôtres ont fait et font leur autocritique, mais on constate quotidiennement qu’il est possible de critiquer ces zôtres sans être immédiatement accusé de zôtrophobie, sans être injurié, harcelé, menacé, agressé
Et pourtant ! Combien de fois n’ai-je pas entendu cette parodie d’argument venant de ceux qui tentent de défendre l’islam. « Ouimélézôtres »: oui mais l’Inquisition, oui mais les Croisades, oui mais la colonisation, oui mais l’esclavage, oui mais les Territoires Occupés, oui mais les bombardements par les États-Unis et leurs alliés, oui mais, oui mais, oui mais. Et bien sûr, tour à tour lamentation geignarde ou accusation rageuse, « pourquoi ne critiquez-vous toujours que l’islam ? » Peut-être parce que de nos jours l’islam est la seule idéologie présente sur notre sol (avec ses alliés « woke ») à remettre sérieusement en cause l’égalité des droits civiques entre les sexes, la liberté de conscience, et le droit de rechercher la vérité?
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Mais reprenons. Ceux qui, à mes critiques de l’islam, répondent « ouimélézôtres » seraient-ils prêts à aller jusqu’au bout de leur propre logique ? Accepteraient-ils d’être volés ou tués sous prétexte qu’il y a ailleurs dans le monde des voleurs et des meurtriers? Qu’il y a, même, des voleurs et des meurtriers impunis? Je crois raisonnable d’affirmer qu’ils refuseraient….
« Rien à voir avec l’islam ! » disent-ils…
Les crimes des autres ne sont pas une excuse, et ils le sont encore moins lorsque l’on prétend être « la meilleure communauté » (je sais, l’humilité n’est pas la caractéristique première de certains). L’argument a même un degré d’absurdité supplémentaire lorsqu’il est évoqué pour justifier une loi prétendument révélée par un dieu, dictée, éternelle et incréée. Allah ne saurait se prévaloir des crimes commis par des mortels livrés à eux-mêmes, pour justifier le fait qu’il prescrive à ses adeptes de commettre les mêmes crimes, voire pire – ou alors, il faudrait qu’il renonce à bon nombre des attributs que lui donnent généralement ses fidèles.
Il est très révélateur que, pratiquement comme un réflexe, les critiques faites à l’islam et/ou aux musulmans suscitent en réponse ce « ouimélézôtres », surtout lorsque ces autres sont déjà tout autant critiqués, voire – et c’est le plus intéressant – lorsqu’ils font déjà leur autocritique.
À titre d’exemple, on se souvient trop peu des mots de Jean-Paul II confessant en mars 2000 les fautes commises par l’Église pendant ses vingt siècles d’histoire, ou encore implorant en 2003 « le Seigneur tout-puissant pour sa miséricorde envers les fautes commises contre l’Homme, sa dignité et sa liberté, y compris par les fils de l’Église catholique. » À quand l’un des plus hauts dignitaires musulmans implorant le pardon pour tous les crimes commis par l’islam, ou par des musulmans, contre l’Homme, sa dignité et sa liberté? Il faudrait d’abord qu’il commence par admettre que les crimes commis au nom de l’islam est en parfaite conformité avec les enseignements de textes sacrés.
Le refus de l’autocritique
« Ouimélézôtres »: les zôtres sont capables de se préoccuper d’éthique et de morale, ils sont capables de se préoccuper du Bien et du Mal, et d’en débattre. Tant qu’il ne raisonnera qu’en termes de conformité aux prescriptions autoréférentes de ses textes, de permis et d’interdit, licite et illicite, halal et haram, l’islam ne pourra pas être à la hauteur de tous ces autres, et restera désespérément prisonnier de ce qu’il y a de pire en lui. Et ce pire, ces versets et ces « beaux exemples » jamais vraiment rejetés, jamais vraiment désavoués, ce pire est un crachat au visage de la dignité humaine, et une déclaration de guerre au monde entier.
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« Ouimélézôtres »: parce qu’ils n’ont pas étouffé le sens moral au nom de l’obéissance, les zôtres ont pu apprendre et grandir. En d’autres temps, sans doute, Charlie Hebdo et Mila auraient été brûlés vifs ou embastillés, au nom du Christ ou au nom du Roi, mais plus aujourd’hui. Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule religion au nom de laquelle on massacre pour des dessins. Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul dieu au nom duquel des dizaines de milliers d’adeptes appellent à violer et tuer une adolescente. Aujourd’hui, les seuls peuples à vouloir ces horreurs ne sont pas les peuples qui ont fait l’Occident.
« Ouimélézôtres »: les zôtres, voyez-vous, ont encore autre chose qui manque cruellement à l’islam et à trop de musulmans. Non seulement les zôtres ont fait et font leur autocritique, mais on constate quotidiennement qu’il est possible de critiquer ces zôtres sans être immédiatement accusé de zôtrophobie, sans être injurié, harcelé, menacé, agressé. Or, il y a un principe général que confirme l’observation de tous les totalitarismes, toutes les dictatures, et qui doit nous guider: la critique la plus urgente est toujours celle de ceux qui refusent d’être critiqués.
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