La tribune d’une poignée de militaires à la retraite exposant au grand jour le programme du Rassemblement national, à défaut d’être un réel danger, est un très mauvais signe pour la République, selon Jérôme Leroy. Selon lui les militaires doivent rester silencieux même lorsqu’ils ne sont plus en activité.
Des militaires ont-ils le droit de dire qu’il s’inquiètent pour la France, demande Aurélien Marq. Eh bien, la réponse est claire. Non, ils n’en ont pas le droit. Le préfet Prouteau, ce gauchiste ancien chef du GIGN, rappelait sur CNews, que non seulement ils ont un devoir de réserve mais aussi une obligation de réserve. La Grand Muette, comme son nom l’indique, n’a pas de près ou de loin à se mêler de la vie politique. L’obligation de réserve s’impose au soldat comme s’impose au médecin le secret médical ou au curé celui de la confession.
Agents électoraux du RN
Pour une fois qu’Agnès Pannier-Runacher, la libérale macroniste, a eu un bon mot, empruntons-lui, il ne s’agit certes que d’un « quarteron de généraux en charentaises ». Mais dans le climat actuel qui règne en France, ou comme par hasard, parce qu’on est à quelques mois des élections, la surenchère sécuritaire revient comme à chaque fois, accompagnée de lois de circonstance prises dans la dictature de l’émotion (on en est à la vingtième loi antiterroriste en vingt-cinq ans), ce n’est certainement pas le rôle de l’armée, ou plus exactement d’une infime partie factieuse de l’armée de se transformer en agents électoraux du RN.
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Non, ils n’ont pas le droit de tenir un langage de guerre civile en disant la craindre alors qu’ils l’appellent de leurs vœux avec une joie mauvaise quand ils souhaitent voir leurs « camarades d’active » entrer dans la danse macabre pour rétablir l’ordre. Quel ordre, d’ailleurs ? Celui des bonnes vieilles dictatures militaires qui ont sévi dans le sud de l’Europe jusqu’au mitan des années 70. Inutile de se demander d’ailleurs, pourquoi l’extrême-droite a été inexistante et demeure marginale au Portugal, en Grèce, en Espagne : ils ont déjà donné. Et il y en a encore un grand nombre pour se souvenir de ce que ça voulait dire de vivre sous Salazar et Caetano, sous Franco ou sous les colonels grecs qui avaient même cru bon d’interdire Platon pour homosexualité. La tribune de ces généraux mettant en avant des arguments « civilisationnels » comme ils disent sont les mêmes que ceux des dictateurs cités ci-dessus. Même discours sur la décadence, même discours contre l’ennemi intérieur (hier le communiste, aujourd’hui l’immigré terroriste, forcément terroriste).
Vite, rétablissons le service militaire !
On va dire que je vois le mal partout, qu’après tout ce n’est pas si grave, que ce n’est pas pour ça qu’il y a une intention clairement putschiste. Il faudrait tout de même éviter de nous prendre pour des billes quand on choisit pour la publication la date anniversaire du putsch d’Alger, soixante ans après jour pour jour. Ce n’est d’ailleurs pas très malin.
Si vraiment ces généraux de papiers aimaient la patrie, ils auraient mieux fait de choisir le 13 mai, comme date anniversaire, comme le 13 mai 1958 qui vit De Gaulle revenir aux affaires sans tirer un coup de feu mais en expliquant tout de même à la Représentation Nationale que c’était lui ou les chars qui entraient dans Paris. Mais non, De Gaulle, c’est encore trop républicain pour cette demi-brigade de préretraités.
Au-delà du scandale que représente cette insulte à la République par quelques éléments qui ont pourtant, plus jeunes, fait le serment de la défendre au prix du sacrifice suprême, on se retrouve confronté à cette immense bêtise qui a été la disparition programmée du service militaire, pour des raisons budgétaires, comme d’habitude.
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L’armée, c’est l’armée de la nation, celle des soldats de l’An II. Une nation coupée de son armée et une armée livrée à l’entre soi, ce n’est pas très sain. Si demain on rétablissait le service national, ce que nous souhaitons, ce genre de chose n’arriverait plus. On rappellera pour mémoire que ce sont les appelés en Algérie, précisément, qui ont fait échouer le putsch d’Alger en refusant de suivre les régiments de paras. On rappellera aussi à tous ceux qui craignent les « banlieues islamisées » que la liste des noms des soldats engagés dans l’opération Barkhane et sur d’autres théâtres d’opération montrent bien que ceux qui meurent sous l’uniforme viennent aussi de ces quartiers que d’autres galonnés rêvent de voir soumis à la loi martiale.
Bref, ne leur demandons pas de rentrer dans leurs casernes, ils n’y sont plus. Mais on peut leur demander de se taire, voire l’exiger. C’est ce que semble avoir compris, après un temps de sidération, ce gouvernement qui a oublié que l’histoire peut être tragique même si pour l’instant, il s’agit encore d’une farce de bien mauvais goût.
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