Après les OGM, les nanotechnologies et autres avancées de la science permettant à l’humanité de surmonter quelques fléaux naturels et d’entrevoir des solutions nouvelles pour mieux manger et vivre plus longtemps, les écolos ont pris pour cible l’enneigement artificiel dans nos stations de ski.
Selon eux, la neige de culture produite par des enneigeurs fonctionnant à l’électricité et utilisant l’eau de retenues collinaires creusées à cet effet constituerait une atteinte intolérable à l’environnement et un nouveau péché mortel contre l’intégrité de Gaïa, la Terre-mère, dont ils sont les idolâtres patentés.
Leurs arguments sont repris en détail dans un article du Canard enchaîné du 20 janvier, à l’occasion d’une action des Verts de Haute-Savoie contre la municipalité de Mieussy. Cette dernière, qui gère la station de Sommand-Praz-de-Lys avec la commune voisine Taninges souhaite installer sur son territoire une unité touristique nouvelle de 1200 lits, pour rentabiliser des installations qui ne fonctionnent à plein que pendant les week-ends et les vacances scolaires. Comme je fréquente régulièrement cette charmante station bénéficiant d’un ensoleillement remarquable et d’une vue magnifique sur la chaine du Mont-Blanc, je n’ai qu’à me féliciter de voir, certains jours, les pistes ouvertes au seul usage de quelques vaillants retraités dans mon genre.
Mais, faisant fi de mes intérêts égoïstes, je peux aussi comprendre que la municipalité de Mieussy, comptable des deniers publics investis dans une station gérée par elle en direct, soit soucieuse d’optimiser le rendement de ses remontées mécaniques et activités annexes (restauration, location de ski, etc.)
Or, aujourd’hui, le marché du ski s’est considérablement modifié : il s’est démocratisé après des décennies d’apprentissages de la glisse dans les classes de neige. L’arrivée du TGV et des lignes aériennes low cost a transformé les départs aux sports d’hiver, permettant les courts séjours genre week-end prolongé par des RTT. Enfin, il s’est internationalisé et de nouvelles clientèles, comme les Russes, sont courtisées par des pays alpins concurrents.
Cela suppose que l’aléa climatique doit être réduit au minimum, pour que l’offre soit toujours à la mesure de la demande du public.
Imaginons, par exemple, que la route conduisant au château de Versailles soit, de temps à autres, coupée par des inondations sur 20 % de la distance reliant Paris au château du Roi-Soleil. Ne trouverait-on pas normal que des pompes de drainage soient installées aux endroits critiques pour permettre au flux des touristes de visiter le monument ?
Il en est ainsi des enneigeurs : ils maintiennent le manteau neigeux à des endroits critiques (bas de la station, passages rocheux etc…) augmentant ainsi le nombre de jours skiables.
Pour nous faire bien peur, comme d’habitude, les écolos nous dressent un tableau apocalyptique des dégâts provoqués par les enneigeurs : captation des ressources en eau au risque d’assoiffer les populations, consommation effrayante d’énergie (l’équivalent d’une ville de 500.000 habitants pour tous les enneigeurs fonctionnant en France), caractère inesthétique des retenues collinaires, etc.
Ces canons à neige leur paraissent aussi redoutable pour l’avenir de l’humanité que le furent jadis ceux produits par Krupp ou Schneider.
Ce que nos amis Verts omettent de nous dire, c’est que depuis les années 1990, où les enneigeurs ont été installés, dans les grandes stations d’abord, puis vers les moyennes, on n’a jamais vu l’une d’entre elles manquer d’eau. L’enneigement, en général se pratique la nuit, quand la température et la plus basse, et la consommation d’eau des ménages réduite. Les chiffres d’équivalent énergétique d’une ville de 500.000 habitants est encore une baliverne propagandiste, puisqu’elle concerne la puissance potentielle de tous les canons installés. Or, ceux-ci ne fonctionnent que quelques heures par jour, pas tous les jours et pas tous en même temps. Quant aux retenues collinaires assurant leur alimentation en eau, il en existe certes, de peu esthétiques, mais d’autres, comme le lac biotope de Combloux méritent le détour en été…
Par ailleurs, il y a dans cette charge des Verts contre les enneigeurs un petit fumet qui rappelle la taxe carbone et son caractère antisocial : comme les grandes stations se sont équipées depuis belle lurette dans ce domaine, ce sont aujourd’hui les plus petites, stations de proximité de moyenne altitude tournées vers une clientèle locale à des prix doux qui veulent assurer leur pérennité. Si on leur interdit d’assurer une continuité saisonnière, elles fermeront. Les bling-bling, oligarques et people continueront de fréquenter Courchevel, Megève ou Val d’Isère. Les familles modestes pourvues d’enfants n’auront qu’à regarder le ski à la télé.
Les derniers résultats du commerce extérieur français sont totalement déprimants, à l’exception du tourisme, activité non-délocalisable et grande pourvoyeuse d’emplois. Il fallait bien que nos « décroissants » viennent y semer leurs graines pourries.
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