Une manipulation insidieuse au service d’une idéologie biaisée. Samedi dernier, la chaîne France info a laissé passer un titre choquant qui évoquait des « otages palestiniens » pour qualifier les prisonniers libérés par Israël. Pour nombre de journalistes, les torts des « dominés » sont systématiquement minimisés, et ceux des « dominants » grossis jusqu’à l’absurde. Pourquoi ?
« Échange d’otages du Hamas contre otages palestiniens des prisons d’Israël »… « Attaque d’envergure de l’armée israélienne contre les palestiniens de Cisjordanie »… Ce genre de titres mensongers qui reprennent la pire propagande des ennemis d’Israël sont habituels au Monde, à Libération, sur France Info, dans Télérama…
Cette simplification outrancière écrase les nuances, redessine les faits pour les insérer dans des narrations prédigérées, confortables à adopter et à défendre.
Les grands médias, propriétés de conglomérats tentaculaires, sont peuplés de journalistes majoritairement conformes à une pensée unique. Les exceptions, rares et stigmatisées, sont aussitôt rejetées comme appartenant à cette fameuse « fachosphère ». Ces journalistes sont les héritiers d’un universalisme humaniste hérité des traumatismes du XXᵉ siècle, un idéalisme naïf fondé sur un mirage : une humanité unie dans un amour universel béat. Ce rêve puéril s’accompagne d’une exclusion subtile mais catégorique : tout ce qui ressemble, de près ou de loin, aux figures de « méchants » que l’histoire a désignées – racistes, nationalistes, colonialistes – est voué aux gémonies.
Homogénéité intellectuelle mortifère
Ces professionnels de l’information évoluent dans un milieu culturel et social où règne une homogénéité intellectuelle mortifère. Fils et filles d’une ère contraceptive, éduqués dans des familles restreintes et surprotégées, ils ont grandi bercés par une injonction paradoxale : « Fais ce que tu veux, mais sois moralement irréprochable. » Cette tyrannie de la vertu, déguisée en permissivité, leur a appris que l’amour et l’acceptation dépendent de leur conformité à une image idéalisée de la bonté. Incapables de se rebeller contre leurs propres figures d’autorité, ils ont déplacé leur colère sur des symboles : l’Amérique impérialiste, Israël, le sionisme, les forces de l’ordre, et tous les archétypes d’un pouvoir qu’ils jugent oppresseur.
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Cette haine sublimée trouve un exutoire dans une adoration quasi religieuse des opprimés. En sacralisant les faibles et les rebelles, ces journalistes s’offrent un double cadeau : un exutoire pour leur frustration et une autojustification morale. Leur vision du monde, profondément manichéenne, érige les dominés en héros et les dominants en bourreaux. Cette simplification outrancière n’est rien d’autre qu’une échappatoire psychologique et un refuge idéologique, leur permettant de transformer une révolte stérile en une posture valorisante.
Le palestinisme : l’aveuglement idéologique à son apogée
Dans cet univers mental biaisé, le conflit israélo-palestinien devient le terrain de jeu idéal. Le palestinisme – cette fascination émotionnelle et dogmatique pour la cause palestinienne – en est la quintessence. Il ne s’agit pas d’une simple sympathie envers un peuple souffrant, mais d’une idéalisation outrancière qui nie la réalité du terrain. Les complexités du conflit sont écrasées sous le poids d’un récit caricatural : les Palestiniens, éternelles victimes angéliques ; les Israéliens, bourreaux diaboliques.
Ce prisme idéologique engendre des biais insupportables : les divisions internes des mouvements palestiniens, leurs méthodes violentes, ou encore leurs atteintes aux droits humains, sont balayées d’un revers de main. L’indignation devient sélective : les torts des dominés sont minimisés, ceux des dominants sont grossis jusqu’à l’absurde. Cette manipulation narrative est une trahison des faits, une négation des nuances indispensables à la compréhension.
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Pour ces journalistes, soutenir la cause palestinienne dépasse la simple posture politique. C’est une quête identitaire, un miroir flatteur où ils peuvent projeter leur propre vertu. En dénonçant Israël, assimilé à une extension de l’Occident « impérialiste », ils réconcilient leur besoin de rébellion et leur volonté d’incarner la bonté universelle. Leur soutien n’est donc ni neutre, ni rationnel : il est un exutoire à leur propre malaise existentiel.
Une rébellion hypocrite au service du système
Ironiquement, cette pseudo-rébellion est parfaitement conforme à l’idéologie dominante des élites médiatiques. En attaquant des cibles convenues – l’impérialisme américain, le sionisme, le capitalisme – ces journalistes se contentent de reproduire un consensus confortable. Leur posture, en apparence subversive, est en réalité un acte de soumission : un alignement servile sur les dogmes d’un système qu’ils prétendent critiquer.
Le palestinisme dépasse alors le cadre du conflit israélo-palestinien. Il devient le symbole d’une révolte factice, une quête identitaire déguisée en engagement moral. Cette posture, bien qu’enveloppée dans une rhétorique de justice, est une trahison de la vérité. En sacrifiant la complexité des faits sur l’autel de l’idéologie, ces journalistes participent à l’écrasement du réel.
Le prix de cette mascarade ? L’abandon de la nuance et de la vérité, la réduction du monde à une série de récits simplifiés qui flattent les égos mais détruisent la compréhension. Un prix exorbitant pour un mensonge collectif.