Orlando: dépasser la séquence émotion


Orlando: dépasser la séquence émotion
Sipa. Numéro de reportage : AP21910857_000013.
orlando eric fessin islam
Sipa. Numéro de reportage : AP21910857_000013.

Sitôt la tuerie d’Orlando revendiquée par Daech, la séquence médiatique émotion “spéciale gay” a submergé les ondes et s’est répandu sur la toile. Nous avons assisté à une floraison de drapeaux homosexuels barrés de la mention “Je suis Orlando”, en attendant que l’imagination et le sens marketing de certains ne customisent le logo qui taguera l’événement. Notre réaction fera la part belle à l’intention de nos ennemis, en soulignant le caractère anti-homosexuel de leur crime.

Que cette émotion soit particulièrement vive dans les milieux gays et lesbiens, on peut le comprendre. Les homosexuels éprouvent la détestable sensation de se retrouver dans la ligne de mire des djihadistes parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Compréhensible, cette réaction instinctive n’est pas pour autant adaptée.

Certes, le tueur a agi par haine des gays et il ne s’agit nullement de le nier mais de faire montre d’un minimum de discernement dans nos réactions.

Ce ne sont pas seulement des “homos” qui ont été tués mais surtout des civils qui ont été abattus afin de punir la politique étrangère de leurs pays. La seule solidarité à afficher est donc celle que nous devons manifester vis-à-vis des États-Unis, frappés en Floride et dont les troupes sont engagés aux côtés des nôtres dans cette lutte à mort face à l’islamisme armé.

Les porte-paroles des associations gays et autres figures du mouvement arc en ciel qui vont défiler sur les plateaux télés pour nous expliquer que les homos sont les boucs émissaires de leur époque risquent de rendre service aux islamistes.

De grâce, rangez vos drapeaux homos, ne tombez pas dans le piège tendu par l’ennemi ! Sommes-nous des nations unies par le respect de la dignité humaine ou des communautés juxtaposées qui rivalisent les unes avec les autres en exhibant leur fierté et leurs plaies ?

Nous sommes perdus si nous cédons au droit de choisir une allégeance différentialiste contre celle qui doit nous rassembler.

Nous sommes perdus face car nous nous affublons nous-mêmes des étiquettes que l’ennemi nous appose : nos Républiques seraient des nations de “koufars”, “d’invertis”, aux mains des “sionistes”, des nations “croisées” animées par la haine de l’Islam.

Gageons d’ailleurs que le monde musulman va difficilement se retenir d’équilibrer sa condamnation du crime djihadiste d’une condamnation de l’homosexualité puisque le Coran punit de mort cette pratique. Beaucoup de pieux musulmans vont ainsi être déchirés entre leur foi et leur empathie face aux victimes.

Le seul parti à prendre face à l’islamisme, c’est celui du bien commun. En République, ce que nous faisons de nos organes génitaux dans notre vie intime, la manière dont nous prions Dieu ou encore nos arbres généalogiques ne sauraient définir notre identité collective, particulièrement au moment où nous sommes menacés de mort par une idéologie ennemie.

Les États-Unis partagent avec la France le fait d’être une République universaliste et messianique. Des deux côtés de l’Atlantique, un drapeau incarne le caractère sacré de la liberté. Le communautarisme transforme cette fin absolue en moyen relatif.

Le communautarisme est une hérésie démocratique. Le communautarisme est un parjure et un reniement mais aussi une capitulation. C’est ce même sein flétrit, c’est ce même lait amer que tètent les islamistes qui se disent “musulmans” et exigent qu’on leur reconnaisse des droits en tant que tels.

L’affirmation de la fierté homosexuelle est une erreur car si ce sont des gays, des juifs, des musulmans, des chrétiens, des adeptes de heavy metal ou des fêtards qui sont visés, ce sont les fondements de notre civilisation –et de toute humanité – qui sont ciblés.

 



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