Dans l’émission « L’Esprit de l’escalier », Alain Finkielkraut note qu’à la suite de l’attentat d’Orlando, Barack Obama a « rechigné à incriminer l’islamisme ». Il constate qu’ils sont quelques-uns en France à vouloir, selon cette même logique, « effacer l’ennemi au seul profit de la haine dont il est porteur », c’est-à-dire l’homophobie. Pourtant, rappelle-t-il, islamisme et homophobie sont « consubstantiels » selon le mot que lui souffle Elisabeth Lévy : « Dans l’islamisme, précise Finkielkraut, la persécution des “sodomites” va de pair avec la haine des juifs et la relégation des femmes ».
En revanche, dans le cas de Magnanville, note-t-il, « impossible de noyer le poisson, il s’agit d’un attentat islamiste ». Cependant, Alain Finkielkraut constate que « le train-train politique et social n’a pas été bousculé. Tout a continué comme si de rien n’était, à la différence des massacres des 7-8-9 janvier et de celui du 13 novembre. Ce double assassinat n’a pas fait effraction, il n’a pas perturbé le cours des choses. » « Le lendemain, poursuit-il, les manifestants violents contre la loi travail étaient plus déterminés que jamais à en découdre avec la police comme s’ils étaient engagés dans un tournoi de haine et de violence avec le tueur de Magnanville. L’islamo-gauchisme est alors apparu en pleine lumière : non seulement, pour les gauchistes, les islamistes ne sont pas les ennemis, mais ils partagent les mêmes cibles et la police est la première de ces cibles. »
Et pour Alain Finkielkraut de faire le parallèle avec l’attitude des syndicats en 1940 telle que l’a décrite Marc Bloch dans son livre L’Etrange défaite. Pour ce dernier, à la veille de la deuxième guerre mondiale, les responsables syndicaux « ne s’entretenaient que de gros sous et même de petits sous » et « ces œillères, cet engoncement administratif, ces rivalités de personnes, ce manque de souffle enfin, expliquent le mol affaissement des syndicats dans toute l’Europe et jusque chez nous, devant les premiers coups des pouvoirs dictatoriaux. (…) On ne leur avait pas appris, comme c’eût été le devoir de véritables chefs, à voir plus loin, plus haut et plus large que les soucis du pain quotidien, par où peut être compromis le pain même du lendemain. » Pour Finkielkraut, il est clair qu’aujourd’hui « nous vivons dans une ambiance du même type… »
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